Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 16) Je te supplie de comprendre Mère que dans tout ce que je fais et j'écris, j'ai choisi la vérité plutôt qu'une fausse obéissance. Je ne défends pas mon droit d'aller à la Messe de toujours au nom d'une quelconque "liberté de conscience". Ce serait une idée protestante, qui impliquerait un droit égal pour le Novus Ordo ou même pour les messes noires. L'idée que l'homme doit "suivre son propre jugement" en matière religieuse est une nouveauté introduite par Vatican II. Ce n'est pas ma position. Je ne dis pas que nous avons un droit de suivre chacun notre propre conscience sur ce point, mais je dis que nous avons une obligation en conscience de rejeter la nouvelle "messe" et de toutes les erreurs qui viennent de Vatican II. La nouvelle Église restreint notre liberté de remplir l'obligation qu'une conscience bien formée nous impose, une obligation qui découle tout simplement de notre catholicité.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 17) Souviens-toi Mère de ta position et ta rénommée extraordinaire dans le monde d'aujourd'hui. C'est une partie de la Croix que Jésus a mis sur tes épaules. Beaucoup de gens acceptent ces changements uniquement par ce qu'ils voient des gens comme toi le faire. Comme tu ne protestes pas, ils en concluent que c'est bien. Moi-même, je dois reconnaître que c'est ton attitude qui a retardé de beaucoup mon arrivée à ma position d'aujourd'hui. Tu es une de ces rares personnes qui, si elles exigaient du Pape ce qui est juste et vrai, pourrait peut-être l'obtenir pour nous tous. Le Pape refuse de tenir compte de pétitions à cet effet avec des millions de signatures. Il t'écoutera peut-être, toi. Tu sais combien les fidèles sont désamparés. Fais savoir au Pape que les fidèles veulent la Messe de toujours. Est-ce un péché ? Dis-lui que nous voulons qu'il dise la vérité, qu'il condamne les hérétiques et vire les franc-maçons de l'Église même s'ils sont cardinaux. Alors nous serons très heureux de le suivre même si nous ne sommes qu'un petit nombre, nous irons même jusqu'à mourir pour lui. Mais s'il te plaît, ne me demandes pas d'aller à la nouvelle "messe". S'il te plaît, ne me demandes pas d'accepter tout ce qui se fait aujourd'hui au nom de l'"obéissance". Je n'ai tout simplement pas le droit de faire ça. Je ne veux suivre l'hérésie de personne ni sortir de la vérité. Comme tu le disais dans ta lettre, j'ai été "créé" pour de "plus grandes choses".
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 18) Et pour finir Mère, si dans trois mois tu n'as trouvé personne qui veuille bien, pour l'amour de Dieu et par charité, corriger mes erreurs, et me montrer où moi et le cardinal Ottaviani nous séparons de l'enseignement de l'Église de toujours, je ferai publier cette correspondance. Si au contraire tu trouves quelqu'un qui me réfute, je demanderai aussi en suppliant le droit de publier ses corrections, par ce qu'elles feront un bien incalculable à beaucoup d'âmes - toutes celles qui sont déchirées comme moi par les mêmes problèmes. Cela me semble juste : soit j'admets publiquement mes erreurs et j'aide à corriger ceux qui font les mêmes erreurs, soit j'ajoute ma petite contribution à la liste toujours grandissante des preuves que l'Église "post-conciliaire" n'a pas la charité du Christ, et qu'elle est même schismatique, et qu'elle tente de détruire l'Église de toujours en même temps que la Messe de toujours.

En attendant, je confie toute cette affaire à la très-sainte Vierge. Elle qui hait toute erreur, qu'elle nous protège et nous guide tous les deux. Que notre médiatrice s'occupe de nous spirituellement comme elle s'est occupée de S. Bernard et de S. Dominique.

Bien à toi, en les noms sacrés de Jésus et Marie.

Très amicalement et très respectueusement,

Rama P. Coomaraswamy, M.D.

Documents joints (en photocopie) : ta lettre - ma réponse - le bref examen d'Ottaviani

P. S. : en qui concerne ton genou, je ne suis pas surpris qu'il te fasse encore mal. C'est un problème assez courant dans l'Église, qui arrive parfois aux personnes qui s'agenouillent fréquemment en priant. Aujourd'hui, on trouve ton type de lésion surtout chez les surfeurs. Moi qui suis ton chirurgien, je te demande (et tu dois m'obéir en ce domaine) de mettre un tout petit tapis sous tes genoux quand tu pries. Je sais que ce sera une humiliation pour toi et tu peux bien sûr t'arranger pour que ça soit le moins visible possible (bien que le tapis doit être suffisamment épais pour protéger tes genoux). J'espère aussi que ce tapis te fera penser à prier pour moi, pour que je puisse me maintenir dans la vérité.

J'apprécierais que tu me confirmes personnellement la bonne réception de cette lettre, que je sois bien sûr qu'elle t'est parvenue.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Deuxième lettre de Mère Teresa (3 avril 1977)
Mère Teresa traduite par le chartreux a écrit : Mon cher Rama :

J'ai obtenu d'un ami qu'il réponde à tes questions - tu sais bien que je n'aurais pas pu le faire aussi bien et aussi justement que lui.
Je prie Notre Dame pour qu'elle soit avec toi au moment où tu liras cette réponse. J'espère que tout va bien avec ta famille.

Dieu te bénisse.

Teresa, MC
Représentant de Mère Teresa, traduit par le chartreux a écrit :
Le polémiste récuse l'idée de "loyauté totale". Cette expression ne se veut pas un jugement théologique sur les situations où on est obligé ou pas devant Dieu d'obéir aux directives du Saint Père, mais désigne plutôt l'esprit d'obéissance confiante que toute vraie amitié présuppose. Une telle loyauté exclut de croire sans preuves à des accusations portant sur la personne à laquelle on est loyal. Ce qui est dit dans les cinq premières pages de cette lettre datée du dimanche de la Passion ne s'applique donc pas. On peut en dire autant des autres références à l'"obéissance absolue" plus loin dans le texte.

Le polémiste revendique le droit qu'on lui montre sur quels points il est dans l'erreur ; mais pour être légitime cette demande suppose qu'il ait lui aussi fait de son côté tout ce qui est raisonnablement possible. Il n'est pas raisonnable de présenter comme factuelles des accusations sans preuve, pour ensuite mettre quelqu'un d'autre au défi de les réfuter.

Il y a dans cette lettre beaucoup d'accusations sans preuves (dont certaines sont évidemment fausses), ainsi que d'autres inexactitudes grossières. Par exemple :

-au 8) et ailleurs, on parle de "Messe de toujours". Cette expression douteuse ne correspond en tout cas à aucun rituel complet précis. Il y a toujours eu dans l'Église une variété de rites exprimant la "messe de toujours" si tant est que cette expression ait un sens ; cela désignerait peut-être la célébration qui renouvelle le sacrifice du Golgotha via le pouvoir du prêtre. Il y a eu une grande variété de rites en Occident, jusqu'à ce que Pie V fasse une normalisation (qui prévoyait d'ailleurs quelques exceptions comme par exemple à Lyon et à Milan). En Orient cette variété est restée, et personne n'a sérieusement contesté la validité de ces rites. Certains conciles ont même expressément reconnu la validité des rites orientaux - ainsi le concile de Florence.

-Au 6) : il n'est pas vrai que S. Pie V ait tellement fixé le rite de la messe qu'il a retiré à ses successeurs le droit et l'autorité de la changer. Un tel pouvoir excéderait ses pouvoirs de pape. Et les mots "à perpétuité" ne signifient pas ce qu'ils sembleraient signifier au profane : ils disent simplement que la loi continuera après la mort du législateur, mais n'excluent pas qu'elle soit révoquée plus tard par l'autorité compétente, comme toutes les lois qui n'expriment pas un enseignement infaillible.

- Au 6) et 7) : il n'est pas vrai que la révision de l'Ordo Missae ait été faite par six non-catholiques.

- Au 6) et 7) : il n'est pas vrai que les écrits de Mgr Bugnini aient été mis à l'Index (même avant qu'il soit archevêque), ou qu'il ait été condamné par Jean XXIII. De même aussi, l'accusation fausse qu'il ait été franc-maçon en dit plus sur les accusateurs que sur l'accusé.

-Au 6) : le canon 30 parle de lois évoluant et s'adaptant à la coutume au sens défini dans le même code. Cela n'a rien à voir avec des lois qui tirent leur force juridique de leur promulgation par un législateur.

-Au 6) : le serment mentionne spécifiquement toutes les "observances et régulations" de l'Église ... ce qui inclut les nouveaux rites. Les traditions sont ces traditions théologiques que l'Église nous transmet comme révélées par Dieu, et qui doivent être acceptées de foi. Les autres enseignements des conciles doivent être acceptés avec obéissance. Cela vaut aussi pour le deuxième concile Oecuménique du Vatican, puisque c'est le même Esprit-Saint qui agit dans l'Église par le Magistère (cf. le discours du Pape Jean XXIII au début du concile).

-Au 6) : il est exact que le Saint-Siège a interdit le rituel de S. Pie V, sauf en certains cas rares et bien précisés.

-Au 7) : si l'innovation est toujours mauvaise, alors il faudrait condamner aussi la messe en latin, qui est une innovation datant du IIIème siècle ? Et que dire des lois de S. Pie V qui proscrivent certains rites immémoriaux dans l'Église Occidentale ?

-Au 7) : en fait, cette "innovation" n'est rien d'autre qu'un retour à la vénérable discipline ancienne antérieure aux réformes de Trente.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Représentant de Mère Teresa, traduit par le chartreux a écrit : -Au 8) : la deuxième prière eucharistique est essentiellement basée sur la prière eucharistique du début du IIIème siècle attribuée à Hippolyte.

-Au 8) : C'est Jésus lui-même qui a associé l'idée d'action de grâces à la Cène ; le mot "eucharistie" ne signifie rien d'autre qu'"action de grâces", et est utilisé depuis des siècles par l'Église dans le contexte de la messe.

-Au 8) : chacune des prières eucharistiques mentionne clairement le sacrifice du Christ, lorsqu'elles disent : "le sang versé pour vous (...) la nouvelle alliance"

-Au 8) : l'auteur conteste que les changements n'aient été qu'extérieurs et n'aient pas touché l'essentiel de la messe, mais ce qu'il dit juste après montre le contraire. On peut être "choqué" par ce qui peut appraître comme un manque de beauté ou de poésie dans la langue vernaculaire, mais cela ne doit pas faire perdre de vue le sens profond des paroles et actes et la réalité derrière.

-Au 8) : Il n'est tout simplement pas vrai que les luthériens et les autres ne trouvent rien à redire théologiquement au Novus Ordo. (Je connais des Anglicans qui ne trouvent rien à redire à l'ancien rite, que pourtant le critique approuve, à juste titre cette fois).

-Au 9) : il n'y a pas trace dans l'Écriture ou la tradition que Notre Seigneur ait jamais dit mysterium fidei. Cette expression est omise dans beaucoup de rites orientaux. Dans le rite renouvelé, cette expression est dite juste après les prières consécratoires. Une des normes générales exprimées par le concile était un retour aux traditions anciennes et à l'Écriture-Sainte (faudrait-il interdire cela uniquement par ce que Luther l'a fait ?)

-Au 9) : concernant "pour tous" et "pour plusieurs". C'est une doctrine condamnée par l'Église de dire que Notre Seigneur n'est pas mort pour tous les hommes ; cf. Denzinger, Enchiridion Symbolorum, 1952, numéros 160, 318, 480, 794, 795, le concile de Trente sur la justification, et aussi plusieurs passages de l'Écriture disant la même chose.

-Au 9) : concernant l'aspect "narratif" : les prières consécratoires sont déja "narratives" dans le rite de S. Pie V. Dans les quatre prières eucharistiques actuelles disponibles pour le rite renouvelé, à chaque fois l'épiclèse n'est pas narrative mais invocatoire.

-Au 9) : ce que le critique appelle "définition" n'est bien sûr qu'une description. Les premiers chrétiens parlaient de la même façon de la "fractio panis".

-Au 10) : concernant le deuxième Concile du Vatican. Si l'Esprit-Saint a validé les Conciles précédents, il ne faut pas faire exception du dernier en date. Aucun autre concile, sauf peut-être celui de Jérusalem, n'a été si parfaitement oecuménique. Ne pas accepter l'enseignement de ce concile en particulier, c'est rendre arbitraire l'acceptation des autres. L'enseignement de l'Église peut changer et évoluer sur les choses qui ne sont pas "de foi", c'est-à-dire relevant de l'infaillibilité. Les citations que l'auteur donne du premier Concile du Vatican sont justement dans cette catégorie-là. Le Syllabus par contre n'est pas infaillible (bien que comme tout autre document, il peut contenir ou répéter des déclarations infaillibles pour d'autres raisons), cf. la note de bas de page en Denzinger, 1699.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Représentant de Mère Teresa, traduit par le chartreux a écrit : -Au 11) : quand le concile a promulgué certains changements dans les relations avec nos frères séparés, cela a automatiquement révoqué toute disposition contraire dans le droit canon. Le droit canon a d'ailleurs été changé souvent durant son histoire. Le code actuel ne date que de 1917 (cf. l'introduction de ce code).

-Au 11) : concernant la citation du cardinal Suenens. Les "thèses rejeteés" ne sont pas de foi, l'Église peut donc les changer et les a effectivement changées.

-Au 11) : Le concile de Trente a très clairement et explicitement condamné certains enseignements de Luther, mais pas tous. Devons-nous condamner l'idée que Dieu a créé le monde ou que Jésus est Dieu sous prétexte que Luther soutenait cela ?

-Au 11) : rejeter le deuxième concile du Vatican, c'est clairement s'opposer au Saint-Esprit (cf. Denzinger, op. cit. numéros 768, 769 qui condamnent les propositions de Luther qui refusaient l'autorité des conciles).

-Au 11) : concernant les "abus". Il y a ici diverses accusations sans preuve. En tout état de cause, les abus désobéissent aux consignes explicites du magistère et doivent être combattus. Ces abus expliquent quelque peu la mauvaise voie choisie par Mgr Lefebvre, sans la justifier.

- Au 13) : On repète ici certaines accusations faites un peu plus haut, toujours sans apporter de preuve. Quo Primum, par exemple, comme toute norme disciplinaire, cesse d'obliger lorsque l'autorité compétente légifère une loi contraire.

- Au 13) : il y a un point sur lequel Mgr Lefebvre a certainement changé. Naguère il aurait défendu mordicus l'autorité d'un concile oecuménique. Aujourd'hui il rejette l'autorité du deuxième concile oecuménique du Vatican. Concernant l'enseignement de l'Église sur l'autorité des conciles oecuméniques : Denzinger op. cit, numéros 768, 769, 1723 et aussi les canons 222, 227ff.

- Au 13) : il est faux de dire que l'Église ne peut changer en aucune façon. Il faudrait alors condamnner S. Pie V, qui a lui aussi promulgué de grands changements dans la liturgie de l'Église d'Occident.

- Au 13) : il n'est pas vrai, comme le polémiste le laisse entendre, que l'unité cherchée par l'Église aujourd'hui nous oblige à accepter les enseignements des Protestants ou autres. Le décret sur l'oecuménisme est sans ambiguité sur ce point, comme les publications suivantes du magistère : le fondement de notre travail vers l'unité est d'une part la prière de Jésus qu'ils soient tous un comme Lui et Son Père sont un, et d'autre part la volonté de Dieu que nous soyons unis, tels que révélés par Jésus et son Église.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Représentant de Mère Teresa, traduit par le chartreux a écrit : - Au 15) : il n'est pas vrai que le Pape n'ait pas condamné l'hérésie ou le communisme. Jésus a parlé a la femme à la fontaine, mais cela ne veut pas dire qu'il approuvait l'adultère.

- Au 15) : il n'est pas vrai que le mouvement charismatique soit globalement hérétique (certains de ses éléments le sont peut-être, comme d'ailleurs certains qui se disent catholiques).

- Au 15) : il n'est pas vrai que Hans Kung soit approuvé par le Pape (il semblerait même que l'université concernée ne soit même pas une université catholique, dans la mesure ou ses membres y ont un contrat avec une autorité civile indépendante de l'Église). Il suffit de lire ne serait-ce qu'occasionnellement l'Osservatore Romano (dont il existe une version traduite anglaise) pour voir combien la correction des erreurs théologiques ou autres est encore très-active aujourd'hui.

- Au 15) : il n'est pas vrai que Bernard Haring ait été directeur spirituel du Pape.

- Au 15) : il n'est pas vrai que Mgr Bugnini ait été viré pour cause d'hérésie.

- Au 15) : il n'est pas vrai que certains cardinaux soient franc-maçons. Ils sont accusés de l'être, par les mêmes personnes sans aucune crédibilité qui rejettent le deuxième concile du Vatican.
Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Cette réponse sans signature était accompagnée d'une copie de l'article The Tridentine Mass Today (la messe tridentine aujourd'ui) par le p. Humphry O'Leary (C. SS. R., D.C.I., M.A.., M.A.Ps.S.. professeur de droit canon à la faculté de théologie de Yarta, à Melbourne en Australie).
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : LA MESSE DE SAINT PIE V AUJOURD'HUI

Dans son discours du 24 mai 1976 au consistoire pour la nomination de 20 nouveaux cardinaux publié dans l'Osservatore Romano du 3 juin 1976, le Pape Paul VI a dérogé à ses habitudes en condamnant nommément un prélat, Mgr Marcel Lefebvre. Il a dit de celui-ci et de ses disciples que leur attitude avait pour conséquence de "les placer en dehors de l'obéissance et de la communion d'avec le successeur de Pierre et partant d'avec l'Église". [Note de Rama C. : il est clair que Jean-Paul II est entièrement d'accord avec ce qui est dit dans cet article. À plusieurs reprises, il a affirmé son intention de continuer les réformes introduites par Paul VI].

Cette attitude, explique le Pape, consiste au nom d'une prétendue fidélité à l'Église et au magistère, à refuser systématiquement d'accepter les enseignements du deuxième concile du Vatican ainsi que les réformes qui en découlent. "On discrédite l'autorité de l'Église au nom de la Tradition, qu'on ne respecte que verbalement et matériellement. Les fidèles sont éloignés des justes limites de l'obéissance au Siège de Pierre et à leurs évêques légitimes, l'autorité d'aujourd'hui est rejetée au nom de celle d'hier ... on ose même dire que le deuxième concile du Vatican n'oblige pas les consciences ; que la foi serait mise en danger par les réformes et directives post-conciliaires". Et, demande la Pape, "de quelle tradition parle-t-on ? Est-ce au groupe de Mgr Lefebvre, ou bien au Pape, au collège des évêques, au concile oecuménique, de décider quelles sont parmi la multitude innombrable des traditions celles qui doivent être considérées comme la norme de la foi."

Le Pape Paul remarque que ce mépris de l'orientation de l'Église depuis Vatican II se note particulièrement dans le refus de la réforme liturgique. Tout en compatissant à un certain attachement sentimental aux formes rituelles particulières auxquelles on est habitué, et tout en admettant la valeur spirituelle que ces formes ont eu dans le passé, le Pape a néanmoins clairement dit que l'adoption de la nouvelle messe n'est pas laissée au libre choix des prêtres ou des fidèles. Exception faites des prêtres agés ou infirmes qui avec l'autorisation de l'ordinaire peuvent célébrer la messe sous l'ancienne forme mais sans public, le nouveau rite est bien promulgué pour remplacer l'ancien. Si une initiative tente de faire obstruction à cette réforme où à d'autres réformes pastorales, liturgiques ou disciplinaires, réformes qui viennent de l'application réflechie des décrets du concile, une telle initiative ne peut rendre de services à l'Église ; elle nuit même beaucoup à l'Église.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Avec ces déclarations si claires du Pape, on pourrait s'arrêter là. Il est dit très-clairement qu'il n'est plus licite aujourd'hui de célébrer publiquement suivant les rites en usage avant Vatican II.

Mais comme le remarque le Pape Paul, il y a beaucoup de fidèles qui se sont laissés tromper par les partisans de ce qu'ils appellent la messe de Saint Pie V. Ceux-ci ont indondé maints endroits de tracts et autres disant qu'il faut garder l'ancien rite. Malgré ce que le Pape appelle "leur incohérence doctrinale et même, souvent, leurs erreurs", ils ont réussi à faire douter nombre de fidèles de la légitimité des réformes liturgiques de notre époque.

Dans cette étude je ne prétends pas traiter toute la question de la réforme liturgique actuelle ni de toute la question de la nécéssité d'aller de l'avant et même en fait de renouveler toute la vie spirituelle de l'Église. Il semble plus urgent par contre de contrer certains des arguments de ceux qui militent pour la messe de Saint Pie V. Je pense particulièrement à certains arguments qui ont été largement propagés parmi les catholiques d'Australie. Il est vrai sans doute que le Pape a parlé. Mais il importe de montrer que ses paroles correspondent à une politique cohérente et logique déja mise en pratique depuis plus de dix ans aujourd'hui.

Cet article va donc expliciter en détail pourquoi la loi ne permet pas aujourd'hui de célébrer publiquement suivant le rite tridentin.

Dans sa constitution liturgique du 4 décembre 1963, le deuxième concile du Vatican a demandé la révision du rite de la messe, et que les rites soient simplifiés tout en préservant la substance (numéro 50). En conséquence, on commença par quelques changements temporaires et mineurs pendant que la travail de préparation du nouveau missel et du nouveau lectionnaire, etc avançait.
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Père H. O' Leary, traduit par le chartreux a écrit : Le 3 avril 1969, le Pape Paul VI a promulgué l'essentiel du texte de la nouvelle messe dans sa constitution Missale Romanum. Le saint Père y dit clairement, marchant dans les pas de S. Pie V, qu'il voulait que ce nouveau rite devienne général pour l'Église latine :
En promulguant l'édition officielle du Missel romain, Notre prédécesseur saint Pie V présentait celui-ci au peuple chrétien comme un instrument de l'unité liturgique et un témoin du culte authentique dans l'Église. Tout en laissant place dans le nouveau Missel « à des différences légitimes et à des adaptations », selon la prescription du IIe concile du Vatican, Nous espérons cependant que ce Missel sera reçu, lui aussi, par les chrétiens comme un signe et un instrument d'unité : dans la diversité des langues une même prière montera ainsi vers le Père par notre Grand Prêtre Jésus Christ dans l'Esprit Saint.
On voit que le Pape Paul VI était fidèle à la voie tracée par S. Pie V, qui avait écrit dans la bulle Quo Primum de 1570, de même qu'il est tout-à-fait juste d'avoir une seule façon de chanter les psaumes dans l'Église de Dieu, de même il est tout-à-fait juste d'avoir un seul rite pour célébrer la messe.

Dans son instruction du 20 octobre 1969, approuvée d'avance par le Saint-Père le 18 octobre, la Congrégation pour le Culte Divin a prescrit comment le nouveau missel Romain devait être introduit, étape par étape. L'instruction dit clairement que le nouveau missel doit devenir la norme pour tous les chrétiens de l'Église latine. En ce qui concerne la continuation des célébrations suivant l'ancien rite, il est dit au §19 :
Les prêtres agés qui célèbrent la messe sans congrégation, ou qui éprouvent des difficultés particulières à célébrer le nouvel Ordo sans congrégation, à utiliser le nouveau missel Romain ou le nouveau lectionnaire, peuvent, avec le consentement de leur ordinaire, continuer d'utiliser les rites et textes en usage actuellement.
(...)
Les cas particuliers commes les prêtres souffrants ou subissant d'autres difficultés devraient être soumis à cette Congrégation Sacrée.
En Angleterre et au Pays de Galles, par exemple, les évêques ont reçu l'autorisation de permettre à certains groupes d'utiliser l'ancien rite dans la version de 1967 à certaines dates précises de l'année.

Que la permission d'user de rites antérieurs au missel de 1969 soit strictement délimitée, cela se voit dans la note publiée par la même Congrégation pour le Culte Divin, datant du 28 octobre 1974 et signée par le cardinal Knox ; voici ce que dit le passage qui nous concerne ici :
En ce qui concerne les régulations promulguées par cette Congrégation en faveur des prêtres qui en raison de leur âge avancé ou de leur santé défaillante ont des difficultés à utiliser le nouveau missel Romain ou le lectionnaire latin : il est clair que l'ordinaire peut donner la permission d'utiliser, en tout ou en partie, l'édition de 1962 du Missel Romain, avec les changements introduits par les décrets de 1965 et 1967. Mais cette permission ne concerne que les messes célébrées sans congrégation. Les ordinaires n'ont pas le droit de la concéder pour des messes célébrées avec une congrégation.
Ainsi, pour le rite romain, cette politique d'un seul et même rite pour tous est commune à S. Pie V et à Paul VI. De plus, Paul VI a été plus loin que S. Pie V dans cette intention de retrouver la pureté originelle, en suivant la directive de la Constitution sur la Liturgie de Vatican II : "on omettra ce qui, au cours des âges, a été redoublé ou a été ajouté sans grande utilité" (§50).

On peut toutefois se demander si le missel de S. Pie V subsiste en quelque façon comme alternative licite après l'entrée en usage du missel de Paul VI. Certains partisans du rite tridentin prétendent qu'il n'y a aucun acte législatif du Saint-Père d'aujourd'hui qui révoque explicitement le missel du XVIème siècle.
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