(à suivre)Les Petits Bollandistes, au 17 janvier a écrit :
C'était le 17 janvier 1871 ! La France était bien malheureuse ; son impiété, ses infidélités, ses crimes avaient irrité la colère de Dieu. Tous les maux s'étaient déchaînés sur nous. Les hordes prussiennes, pleines de haine et de cupidité, ravageant un grand nombre de nos contrées. De Strasbourg à Paris, os murailles s'écroulaient sous le choc de bombes rugissantes comme un troupeau de bêtes fauves. Malheur aux paysans qui se levaient pour défendre la patrie ! Ils voyaient aussitôt leurs maisons incendiées, et leurs femmes et leurs pauvres enfants jetés dans le brasier et si les ministres de Jésus-Christ, émus jusqu'au fond de leurs entrailles paternelles, osaient pousser un cri de miséricorde et de pitié, ils ne tardaient pas à subir le sort de leurs infortunés paroissiens.
Le froid, un froid terrible, la faim s'unissaient aux Prussiens et concouraient à leur œuvre dévastatrice. La mort et le deuil étaient partout. Puis de temps en temps, du sein de plusieurs grandes villes, de Paris en particulier, des voix sinistres pleines de haine et chargées de blasphèmes, proféraient des menaces terribles contre la société tout entière. Ces vois infernales demandaient la mort des prêtres et le pillage des riches. Des hommes sur le vidage desquels les plus hideuses passions et les plus abjects appétits avaient laissé leurs honteux stigmates, traversaient nos cités, et la menace à la bouche et le révolver au point, guettaient l'heure où ils pourraient se ruer sur la France surprise, et achever par l'assassinat et le pillage l'ouvrage des Prussiens, leurs pères intellectuels, et peut-être aussi leurs complices.
Mais derrière ce lugubre tableau, s'en présentait un autre que les grands politiques et les prétendus savants ne voyaient pas. Il était formé de toutes les âmes pures et simples, de tous les cœurs droits, de toutes les consciences sans tache. De ce petit groupe, caché dans les sanctuaires et dans les foyers de nos hameaux, s'élevaient sans cesse des prières attendries vers Dieu, vers Notre-Seigneur, vers la sainte Vierge. Et la sainte Vierge, qui connaît tout le prix et toute la force de l'humilité, puisque c'est à l'humilité surtout qu'elle doit d'être la mère de Dieu, la sainte Vierge, dis-je, doucement sollicitée par ces prières des humbles et des petits, ne tarda pas à se rendre visible aux plus humbles et aux plus petits d'entre les serviteurs de son Fils, et à leur annoncer l'aube de la délivrance.
Cette apparition de la sainte Vierge a eu lieu à Pontmain, à la date que nous avons inscrite en tête de notre récit, c'est-à-dire le 17 janvier 1871.