Constitution dogmatique De Fide Catholica

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Si vis pacem
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Constitution dogmatique De Fide Catholica

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Constitutio dogmatica De Fide Catholica
Edita in sessione tertia
Sacrosancti œcumenici
Concilii Vaticani


PIUS EPISCOPUS
SERVUS SERVORUM DEI
SACRO APPROBANTE CONCILIO
Ad perpetuam rei memoriam



Dei Filius et generis humani Redemptor Dominus Noster Iesus Christus, ad Patrem caelestem rediturus, cum Ecclesia sua in terris militante, omnibus diebus usque ad consummationem saeculi futurum se esse promisit. Quare dilectae sponsae praesto esse, adsistere docenti, operanti benedicere, periclitanti opem ferre nullo unquam tempore destitit. Haec vero salutaris eius providentia, cum ex aliis beneficiis innumeris continenter apparuit, tum iis manifestissime comperta est fructibus, qui orbi christiano e Conciliis oecumenicis ac nominatim e Tridentino, iniquis licet temporibus celebrato, amplissimi provenerunt. Hinc enim sanctissima religionis dogmata pressius definita uberiusque exposita, errores damnati atque cohibiti; hinc ecclesiastica disciplina restituta firmiusque sancita, promotum in clero scientiae et pietatis studium, parata adolescentibus ad sacram militiam educandis collegia, christiani denique populi mores et accuratiore fidelium eruditione et frequentiore sacramentorum usu instaurati. Hinc praeterea arctior membrorum cum visibili capite communio, universoque corpori Christi mystico additus vigor; hinc religiosae multiplicatae familiae, aliaque christianae pietatis instituta; hinc ille etiam assiduus et usque ad sanguinis effusionem constans ardor in Christi regno late per orbem propagando.

Verumtamen haec aliaque insignia emolumenta, quae per ultimam maxime oecumenicam Synodum divina clementia Ecclesiae largita est, dum grato, quo par est, animo recolimus; acerbum compescere haud possumus dolorem ob mala gravissima, inde potissimum orta, quod eiusdem sacrosanctae Synodi apud permultos vel auctoritas contempta, vel sapientissima neglecta fuere Decreta.

Nemo enim ignorat, haereses, quas Tridentini Patres proscripserunt, dum, reiecto divino Ecclesiae magisterio, res ad religionem spectantes privati cuiusvis iudicio permitterentur, in sectas paullatim dissolutas esse multiplices, quibus inter se dissentientibus et concertantibus, omnis tandem in Christum fides apud non paucos labefactata est. Itaque ipsa sacra Biblia, quae antea christianae doctrinae unicus fons et iudex asserebantur, iam non pro divinis haberi, imo mythicis commentis accenseri coeperunt.

Tum nata est et late nimis per orbem vagata illa rationalismi seu naturalismi doctrina, quae religioni christianae utpote supernaturali instituto per omnia adversans, summo studio molitur, ut Christo, qui solus Dominus et Salvator noster est, a mentibus humanis, a vita et moribus populorum excluso, merae quod vocant rationis vel naturae regnum stabiliatur. Relicta autem proiectaque christiana religione, negato vero Deo et Christo eius, prolapsa tandem est multorum mens in pantheismi, materialismi, atheismi barathrum, ut iam ipsam rationalem naturam, omnemque iusti rectique normam negantes, ima humanae societatis fundamenta diruere connitantur.

Hac porro impietate circum quaque grassante, infeliciter contigit, ut plures etiam e catholicae Ecclesiae filiis a via verae pietatis aberrarent, in iisque, diminutis paullatim veritatibus, sensus catholicus attenuaretur. Variis enim ac peregrinis doctrinis abducti, naturam et gratiam, scientiam humanam et fidem divinam perperam commiscentes, genuinum sensum dogmatum, quem tenet ac docet Sancta Mater Ecclesia, depravare, integritatemque et sinceritatem fidei in periculum adducere comperiuntur.

Quibus omnibus perspectis, fieri qui potest, ut non commoveantur intima Ecclesiae viscera ? Quemadmodum enim Deus vult omnes homines salvos fieri, et ad agnitionem veritatis venire; quemadmodum Christus venit, ut salvum faceret, quod perierat, et filios Dei, qui erant dispersi, congregaret in unum: ita Ecclesia, a Deo populorum mater et magistra constituta, omnibus debitricem se novit, ac lapsos erigere, labantes sustinere, revertentes amplecti, confirmare bonos et ad meliora provehere parata semper et intenta est. Quapropter nullo tempore a Dei veritate, quae sanat omnia, testanda et praedicanda quiescere potest, sibi dictum esse non ignorans : Spiritus meus, qui est in te, et verba mea, quae posui in ore tuo, non recedent de ore tuo amodo et usque in sempiternum (Is. LIX, 21).

Nos itaque, inhaerentes Praedecessorum Nostrorum vestigiis, pro supremo Nostro Apostolico munere veritatem catholicam docere ac tueri, perversasque doctrinas reprobare numquam intermisimus. Nunc autem sedentibus Nobiscum et iudicantibus universi orbis Episcopis, in hanc oecumenicam Synodum auctoritate Nostra in Spiritu sancto congregatis, innixi Dei verbo scripto et tradito, prout ab Ecclesia catholica sancte custoditum et genuine expositum accepimus, ex hac Petri Cathedra in conspectu omnium salutarem Christi doctrinam profiteri et declarare constituimus, adversis erroribus potestate nobis a Deo tradita proscriptis atque dammatis. 

PIE, ÉVÊQUE,
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,
AVEC L'APPROBATION DU SAINT CONCILE,
En perpétuel souvenir.


Le Fils de Dieu et rédempteur du genre humain. N. S. J.-C., sur le point de retourner à son Père céleste, promit d'être avec son Église militante sur la terre tous les jours jusqu'à la fin des siècles. C'est pourquoi, en aucun temps, il n'a jamais cessé d'être à côté de son épouse bien-aimée, de l'assister dans son enseignement de bénir ses œuvres, et de lui porter secours dans les périls. Or, cette Providence salutaire, qui s'est constamment manifestée par d'autres bienfaits innombrables, s'est montrée principalement par les fruits abondants que l'univers chrétien a retirés des Conciles œcuméniques et nommément, bien qu'il ait été célébré en des temps mauvais, du Concile de Trente. Grâce à lui, en effet, les dogmes très saints de la religion ont, été définis plus nettement et plus largement exposés, les erreurs ont été condamnées et arrêtées, la discipline ecclésiastique rétablie et raffermie, le clergé excité à l'amour de la science et de la piété, des collèges établis pour élever les jeunes gens en vue du sacerdoce, les mœurs enfin du peuple chrétien restaurées par un enseignement plus diligent des fidèles et par un plus fréquent usage des sacrements. De là est venue, en outre, une union plus étroite des membres avec le chef visible et un accroissement de vigueur dans tout le corps mystique du Christ; de là, la multiplication des familles religieuses et autres institutions de la piété chrétienne; de là. enfin, un zèle constant et poussé jusqu'à l'effusion du sang pour propager dans tout l'univers le règne de J.-C.

Toutefois, en rappelant dans la joie de notre âme ces insignes bienfaits et d'autres encore, que la Providence a accordés à l’Église par le dernier Concile surtout, nous ne pouvons taire notre grande douleur à la vue des maux très graves venus principalement de ce que beaucoup ont méprisé l'autorité de ce saint synode et négligé ses sages décrets.

Personne n'ignore, en effet, qu'après avoir rejeté le divin magistère de l’Église et abandonné au jugement privé les choses de la religion, les hérésies proscrites par le Concile de Trente se sont divisées peu à peu en sectes multiples dont les dissentiments et les rivalités ont fini par ruiner chez beaucoup la foi au Christ : les livres sacrés eux-mêmes qu'on affirmait autrefois être la source unique et le juge de la doctrine chrétienne ont cesse d'être considérés comme divins, ou même ont été assimilés à des inventions fabuleuses.

C'est alors qu'a pris naissance et que s'est répandue par le monde cette doctrine du rationalisme ou du naturalisme qui, s'attaquant par tous les moyens à la religion chrétienne parce qu'elle est surnaturelle, s'efforce avec une extrême ardeur d'établir le règne de ce qu'on appelle la raison pure et la nature, après avoir arraché le Christ, notre seul Seigneur et Sauveur, de l’âme humaine, de la vie et des mœurs des peuples. Or, cet abandon et ce rejet du christianisme, cette négation de Dieu et de son Christ ont fait que beaucoup se sont précipités dans l'abîme du panthéisme, du matérialisme et de l'athéisme, si bien que, niant la nature rationnelle elle-même et toute règle du droit et du juste, ils s'efforcent de détruire les fondements de la société humaine.

Cette impiété portant partout ses ravages, plusieurs des fils de l’Église catholique s'écartaient eux aussi, du chemin de la vraie piété, et en eux le sens catholique s'était émoussé par l'amoindrissement insensible de la vérité. Séduits, en effet, par la variété et la nouveauté des doctrines, et confondant à tort la nature et la grâce, la science humaine et la foi divine, ils se trouvent donner aux dogmes un sens détourné de celui que tient et enseigne la Sainte Église, leur mère, et mettre en péril l'intégrité et la pureté de la foi.

Devant un pareil spectacle, comment se pourrait-il faire que l’Église ne fût pas profondément émue ? Car, comme Dieu veut le salut de tous les hommes, et l'arrivée de tous à la connaissance de la vérité; comme J.-C. est venu pour sauver ce qui avait péri et rassembler dans l'unité les fils de Dieu dispersés ; de même, l’Église, établie par Dieu mère et maîtresse des peuples, sait qu'elle se doit à tous, et elle est toujours disposée et attentive à relever ceux qui sont tombés, à soutenir ceux qui défaillent, à embrasser ceux qui lui reviennent, à confirmer les bons et à les pousser à la perfection. Aussi, ne peut-elle jamais s'abstenir d'attester et de prêcher la vérité divine qui guérit toutes choses; car elle n'ignore pas qu'il lui a été dit : Mon esprit qui est en toi, et mes paroles que j'ai posées sur tes lèvres, ne s'éloigneront jamais de tes lèvres.

Aussi, suivant Nos prédécesseurs, et selon le devoir de Notre charge apostolique. Nous n'avons jamais cessé d'enseigner et de défendre la vérité catholique et de réprouver les doctrines dangereuses. Mais, à présent, au milieu des évêques du monde entier siégeant et jugeant avec Nous, réunis dans le Saint-Esprit par Notre autorité en ce saint Synode œcuménique, et appuyés sur la parole de Dieu écrite et transmise par la tradition telle que nous l'avons reçue, saintement conservée et fidèlement exposée par l’Église catholique. Nous avons résolu, du haut de cette chaire de Pierre, de professer et de déclarer à la face de tous la doctrine salutaire de J.-C, en proscrivant et condamnant des erreurs contraires, au nom de l'autorité qui Nous a été confiée par Dieu.
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Caput I
De Deo rerum omnium Creatore


Sancta Catholica Apostolica Romana Ecclesia credit et confitetur, unum esse Deum verum et vivum, Creatorem ac Dominum caeli et terrae, omnipotentem, aeternum, immensum, in comprehensibilem, intellectu ac voluntate omnique perfectione infinitum: qui cum sit una singularis, simplex omnino et incommutabilis substantia spiritualis, praedicandus est re et essentia a mundo distinctus, in se et ex se beatissimus, et super omnia quae praeter ipsum sunt et concipi possunt, ineffabiliter excelsus.

Hic solus verus Deus bonitate sua et omnipotenti virtute non ad augendam suam beatitudinem, nec ad acquirendam, sed ad manifestandam perfectionem suam per bona, quae creaturis impertitur, liberrimo consilio simul ab initio temporis utramque de nihilo condidit creaturam, spiritualem et corporalem, angelicam videlicet et mundanam, ac deinde humanam quasi communem ex spiritu et corpore constitutam (Conc. Later. IV c. 1 Firmiter).

Universa vero, quae condidit, Deus providentia sua tuetur atque gubernat, attingens a fine usque ad finem fortiter, et disponens omnia suaviter (Sap. VIII, 1). Omnia enim nuda et aperta sunt oculis eius (Hebr. IV, 13), ea etiam, quae libera creaturarum actione futura sunt.

Chapitre I.
De Dieu, Créateur de toutes choses.


La sainte Église catholique, apostolique et romaine croit et confesse qu'il y a un seul Dieu vrai et vivant, Créateur et Seigneur du ciel et de la terre, tout-puissant, éternel, immense, incompréhensible, infini en intelligence, en volonté et en toute perfection; qui, étant une substance unique, absolument simple et immuable, doit être affirmé distinct du monde, réellement et par essence, très heureux en soi et par soi. et indiciblement élevé au-dessus de tout ce qui est et peut être conçu hors de lui.

Ce seul vrai Dieu, par sa bonté et sa vertu toute-puissante, non point en vue d’accroître sa béatitude, non pour acquérir, mais pour manifester sa perfection, par les biens qu'il distribue aux créatures, a créé de rien, par un dessein pleinement libre de sa volonté, dès le commencement du temps, l'une et l'autre créature, la spirituelle et la corporelle, les anges et le monde, et ensuite l'homme participant pour ainsi dire des précédents, puisqu'il est formé d'un esprit et d'un corps.

Or, tout ce qu il a créé, Dieu le protège et le gouverne par sa Providence « atteignant avec force d'une extrémité à l'autre et disposant toutes choses avec suavité », car « toutes choses sont nues et ouvertes pour ses yeux », même ce qui doit arriver par la libre action des créatures.
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Caput II
 De Revelatione


Eadem Sancta Mater Ecclesia tenet et docet, Deum, rerum omnium principium et finem, naturali humanae rationis lumine e rebus creatis certo cognosci posse; invisibilia enim ipsius, a creatura mundi, per ea quae facta sunt, intellecta, conspiciuntur (Rom. I, 20): attamen placuisse eius sapientiae et bonitati, alia, eaque  supernaturali via se ipsum ac aeterna voluntatis suae decreta humano generi revelare, dicente Apostolo: Multifariam, multisque modis olim Deus loquens patribus in Prophetis: novissime, diebus istis locutus est nobis in Filio (Hebr. I, 1-2).

Huic divinae revelationi tribuendum quidem est, ut ea, quae in rebus divinis humanae rationi per se impervia non sunt, in praesenti quoque generis humani conditione ab omnibus expedite, firma certitudine et nullo admisto errore cognosci possint. Non hac tamen de causa revelatio absolute necessaria dicenda est, sed quia Deus ex infinita bonitate sua ordinavit hominem ad finem supernaturalem, ad participanda scilicet bona divina, quae humanae mentis intelligentiam omnino superant; siquidem oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit, quae praeparavit Deus iis, qui diligunt illum (1 Cor. II, 9).

Haec porro supernaturalis revelatio, secundum universalis Ecclesiae fidem, a sancta Tridentina Synodo declaratam, continetur in libris scriptis et sine scripto traditionibus, quae ipsius Christi ore ab Apostolis acceptae, aut ab ipsis Apostolis Spiritu sancto dictante quasi per manus traditae, ad nos usque pervenerunt (Conc. Trid. sess. IV Decr. de Can. Script. ). Qui quidem veteris et novi Testamenti libri integri cum omnibus suis partibus, prout in eiusdem Concilii Decreto recensentur, et in veteri vulgata latina editione habentur, pro sacris et canonicis suscipiendi sunt. Eos vero Ecclesia pro sacris et canonicis habet, non ideo quod sola humana industria concinnati, sua deinde auctoritate sint approbati; nec ideo dumtaxat, quod revelationem sine errore contineant; sed propterea quod Spiritu Sancto inspirante conscripti Deum habent auctorem, atque ut tales ipsi Ecclesiae traditi sunt.

Quoniam vero, quae sancta Tridentina Synodus de interpretatione divinae Scripturae ad coercenda petulantia ingenia salubriter decrevit, a quibusdam hominibus prave exponuntur, Nos, idem Decretum renovantes, hanc illius mentem esse declaramus, ut in rebus fidei et morum, ad aedificationem doctrinae Christianae pertinentium, is pro vero sensu sacrae Scripturae habendus sit, quem tenuit ac tenet Sancta Mater Ecclesia, cuius est iudicare de vero sensu et interpretatione Scripturarum sanctarum; atque ideo nemini licere contra hunc sensum, aut etiam contra unanimem consensum Patrum ipsam Scripturam sacram interpretari.

Chapitre II.
De la Révélation.


La même sainte Église notre Mère tient et enseigne que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par les lumières naturelles de la raison humaine, au moyen des choses créées; « car ce qu'il y a en lui d'invisible, depuis la création du monde, est devenu visible par les choses créées qui le manifestent à l'intelligence ». Cependant il a plu à sa sagesse et à sa bonté de se révéler lui-même à nous, ainsi que les décrets éternels de sa volonté par une autre voie, voie surnaturelle, selon la parole de l'Apôtre : « Dieu, qui autrefois parlait à nos pères par les prophètes en toute espèce de manières, nous a parlé en ces derniers temps et de nos jours par son Fils. »

C'est à cette révélation divine qu'il faut attribuer la possibilité pour tous les hommes, même dans la condition présente du genre humain, de connaître aisément, avec une ferme certitude et sans aucun mélange d'erreur, ce qui, dans les choses divines, n'est pas de soi inaccessible à la raison humaine. Il n'en faut pas cependant conclure à la nécessité absolue de la révélation : cette nécessité vient de ce que Dieu dans sa bonté infinie a destiné l'homme à une fin surnaturelle, pour le faire participer aux biens divins, qui surpassent absolument l'intelligence de l'esprit humain; « l'œil, en effet, n'a point vu, l'oreille n'a pas entendu et le cœur de l'homme n'a pas pu s'élever à comprendre ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment ».

Or, cette révélation surnaturelle, selon la foi de l’Église universelle proclamée par le saint Concile de Trente, est contenue dans les livres écrits et dans les traditions non écrites qui, reçues de la bouche de J.-C. même par les Apôtres ou bien transmises comme de la main à la main par les Apôtres sous l'inspiration du Saint-Esprit, sont parvenues jusqu'à nous. Et ces livres de l'Ancien et du Nouveau Testament tout entiers avec toutes leurs parties, tels qu'ils sont énumérés dans le décret du susdit Concile et qu'ils se trouvent dans la vieille édition vulgate latine, doivent être tenus pour sacrés et canoniques. L’Église les tient pour tels, non pas à cause d'une approbation qu'elle leur aurait donnée après qu'ils auraient été composés par la seule habileté humaine, ni même simplement parce qu'ils contiennent la révélation sans erreurs ; mais parce que, écrits sous l'inspiration du Saint-Esprit, ils ont Dieu pour auteur et ont été livrés comme tels à l’Église elle-même.

Or, parce que certains interprètent mal ce que le saint Concile de Trente, afin de contenir les divagations des esprits, a salutairement décrété touchant l'interprétation de la divine Écriture, Nous, renouvelant le même décret, déclarons que l'esprit en est que, dans les choses de la foi et des mœurs touchant à l'édifice de la doctrine chrétienne, il faut tenir pour le vrai sens de la Sainte-Écriture celui qu'a tenu et que tient la Sainte Église notre Mère, à qui il appartient de juger du vrai sens et de l'interprétation des Saintes-Écritures; en sorte qu'il n'est permis à personne d'interpréter la Sainte-Écriture contrairement à ce sens, ou même contrairement au sentiment unanime des Pères.
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Caput III
De Fide


Quum homo a Deo tamquam Creatore et Domino suo totus dependeat, et ratio creata increatae Veritati penitus subiecta sit, plenum revelanti Deo intellectus et voluntatis obsequium fide praestare tenemur. Hanc vero fidem, quae humanae salutis initium est, Ecclesia catholica profitetur, virtutem esse supernaturalem, qua, Dei aspirante et adiuvante gratia, ab eo revelata vera esse credimus, non propter intrinsecam rerum veritatem naturali rationis lumine perspectam, sed propter auctoritatem psius Dei revelantis, qui nec falli nec fallere potest. Est enim fides, testante Apostolo, sperandarum substantia rerum, argumentum non apparentium (Hebr. XI, 1).

Ut nihilominus fidei nostrae obsequium rationi consentaneum esset, voluit Deus cum internis Spiritus Sancti auxiliis externa iungi revelationis suae argumenta, facta scilicet divina, atque imprimis miracula et prophetias, quae cum Dei omnipotentiam et infinitam scientiam luculenter commonstrent, divinae revelationis signa sunt certissima et omnium intelligentiae accommodata. Quare tum Moyses et Prophetae, tum ipse maxime Christus Dominus multa et manifestissima miracula et prophetias ediderunt; et de Apostolis legimus: Illi autem profecti praedicaverunt ubique, domino cooperante, et sermonem confirmante, sequentibus signis (Marc. XVI, 20). Et rursum scriptum est: Habemus firmiorem propheticum sermonem, cui bene facitis attendentes quasi lucernae lucenti in caliginoso loco (2 Petr. I, 19).

Licet autem fidei assensus nequaquam sit motus animi caecus: nemo tamen evangelicae praedicationi consentire potest, sicut oportet ad salutem consequendam, absque illuminatione et inspiratione Spiritus sancti, qui dat omnibus suavitatem in consentiendo et credendo veritati (Syn. Araus. I pag. 7). Quare fides ipsa in se, etiamsi per charitatem non operetur, donum Dei est, et actus eius est opus ad salutem pertinens, quo homo liberam praestat ipsi Deo obedientiam, gratiae eius, cui resistere posset, consentiendo et cooperando.

Porro fide divina et catholica ea omnia credenda sunt, quae in verbo Dei scripto vel tradito continentur, et ab Ecclesia sive solemni iudicio sive ordinario et universali magisterio tamquam divinitus revelata credenda proponuntur.

Quoniam vero sine fide impossibile est placere Deo, et ad filiorum eius consortium pervenire; ideo nemini umquam sine illa contigit iustificatio, nec ullus, nisi in ea perseveraverit usque in finem, vitam aeternam assequetur. Ut autem officium veram fidem amplectendi, in eaque constanter perseverandi satisfacere possemus, Deus per Filium suum unigenitum Ecclesiam instituit, suaeque institutionis manifestis notis instruxit, ut ea tamquam custos et magistra verbi revelati ab omnibus posset agnosci. Ad solam enim catholicam Ecclesiam ea pertinent omnia, quae ad evidentem fidei christianae credibilitatem tam multa et tam mira divinitus sunt disposita. Quin etiam Ecclesia per se ipsa, ob suam nempe admirabilem propagationem, eximiam sanctitatem et inexhaustam in omnibus bonis fecunditatem, ob catholicam unitatem, invictamque stabilitatem, magnum quoddam et perpetuum est motivum credibilitatis et divinae suae legationis testimonium irrefragabile.

Quo fit, ut ipsa veluti signum levatum in nationes (Is. XI, 12), et ad se invitet, qui nondum crediderunt, et filios suos certiores faciat, firmissimo niti fundamento fidem, quam profitentur. Cui quidem testimonio efficax subsidium accedit ex superna virtute. Etenim benignissimus Dominus et errantes gratia sua excitat atque adiuvat, ut ad agnitionem veritatis venire possint; et eos, quos de tenebris transtulit in admirabile lumen suum, in hoc eodem lumine ut perseverent, gratia sua confirmat, non deserens, nisi deseratur. Quocirca minime par est conditio eorum, qui per caeleste fidei donum catholicae veritati adhaeserunt, atque eorum, qui ducti opinionibus humanis, falsam religionem sectantur; illi enim, qui fidem sub Ecclesiae magisterio susceperunt,  nullam umquam habere possunt iustam causam mutandi, aut in dubium idem eandem revocandi. Quae cum ita sint, gratias agentes Deo Patri, qui dignos nos fecit in partem sortis sanctorum in lumine, tantam ne negligamus salutem, sed aspicientes in auctorem fidei et consummatorem Iesum, teneamus spei nostrae confessionem indeclinabilem.

Chapitre III.
De la Foi.


Puisque l'homme dépend tout entier de Dieu comme de son créateur et seigneur, et que la raison créée est absolument soumise à la Vérité incréée, nous sommes tenus de rendre à Dieu, par la foi, quand il révèle, le plein hommage de notre intelligence et de notre volonté. Or, cette foi, qui est le commencement du salut de l'homme, l’Église catholique professe que c'est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l'inspiration et le secours de la grâce de Dieu, nous croyons vrai ce qu'il nous a révélé, non pas à cause de la vérité intrinsèque des choses perçues par la lumière naturelle de la raison, mais à cause de l'autorité de Dieu lui-même qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper. La foi est, en effet, au témoignage de l'Apôtre, « la substance des choses qui font l'objet de l'espérance, la raison des choses qui ne se voient pas ».

Néanmoins, afin que l'hommage de notre loi fût d'accord avec la raison, Dieu a voulu aux secours intérieurs de l'Esprit-Saint ajouter les preuves extérieures de sa révélation, c'est-à-dire des faits divins, surtout miracles et prophéties, qui, en montrant excellemment la toute-puissance de Dieu et sa science infinie, servent à la révélation divine de signes très certains et appropriés à toutes les intelligences. C'est pour cela que Moïse et les prophètes et surtout N. S. J.-C. ont fait tant de miracles et de prophéties d'un si grand éclat, et pour cela qu'il est dit des apôtres : « Ils s'en allèrent et prêchèrent partout, le Seigneur coopérant et confirmant leur parole par les miracles qui suivaient. » Il est écrit ailleurs également : « Nous trouvons plus de force à la parole prophétique à laquelle vous faites bien de prendre garde comme à une lumière qui luit dans un endroit ténébreux. »

Mais bien que l'assentiment de la foi ne soit nullement un mouvement aveugle de l'esprit, personne cependant ne peut adhérer à la prédication évangélique, de la manière qu'il faut pour obtenir le salut, sans une illumination et une inspiration du Saint-Esprit qui donne à tous la suavité du consentement et de la croyance à la vérité. C'est pourquoi la foi en elle-même, alors même qu'elle n'opère pas parla charité, est un don de Dieu et son acte est une œuvre qui se rapporte au salut, par laquelle l'homme rend librement obéissance à Dieu lui-même en consentant et coopérant à sa grâce à laquelle il pourrait résister.

Or, on doit croire d'une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et proposé par l’Église comme vérité divinement révélée à croire, soit en vertu d'un jugement solennel, soit dans l'exercice de son magistère ordinaire et universel.

Mais parce qu'il est impossible sans la foi de plaire à Dieu, et d'être admis au rang de ses enfants, personne n'a jamais obtenu sans elle la justification, et personne n'obtiendra la vie éternelle, à moins d'y persévérer jusqu'à la fin. Et pour que nous puissions satisfaire au devoir d'embrasser la vraie foi et d'y persévérer constamment, Dieu, par son Fils unique, a institué l’Église, et l'a pourvue des marques visibles de son institution, afin qu'elle puisse être reconnue de tous comme la gardienne et la maîtresse de la révélation. Car à l’Église catholique seule appartiennent tous ces caractères, si nombreux et si admirables, établis par Dieu, pour rendre évidente la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, par elle-même, c'est-à-dire a cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en toute sorte de biens, par son unité catholique et son invincible stabilité, l’Église est un grand et perpétuel argument de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa mission divine.

De là vient que, semblable à un signe dressé au milieu des nations, elle invite à elle ceux qui n'ont pas encore cru et elle certifie a ses enfants que la foi qu'ils professent repose sur un très solide fondement. A ce témoignage s'ajoute le secours efficace de la vertu d'en-haut. Car le Seigneur très miséricordieux excite et aide par sa grâce les errants afin qu'ils puissent arriver à la connaissance de la vérité, et ceux qu'il a fait passer des ténèbres à son admirable lumière, pour qu'ils y persévèrent, il les confirme par sa grâce, n'abandonnant personne qui ne l'ait d'abord abandonné. Aussi tout autre est la condition de ceux qui par le don divin de la grâce ont adhéré à la vérité catholique, et de ceux qui, conduits par les opinions humaines, suivent une fausse religion; ceux, en effet, qui ont embrassé la loi sous le magistère de l’Église, ne peuvent jamais avoir une cause légitime d'en changer ou de révoquer en doute cette foi. C'est pourquoi, rendant grâce à Dieu le Père qui nous a faits dignes de participer au sort des saints dans la lumière, ne négligeons pas un avantage si considérable, mais, les yeux fixés sur l'auteur et le consommateur de notre foi, Jésus, gardons la profession inébranlable de notre espérance.
Si vis pacem
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Caput IV
De fide et ratione


Hoc quoque perpetuus Ecclesiae catholicae consensus tenuit et tenet, duplicem esse ordinem cognitionis, non solum principio, sed obiecto etiam distinctum : principio quidem, quia in altero naturali ratione, in altero fide divina cognoscimus; obiecto autem, quia praeter ea, ad quae naturalis ratio pertingere potest, credenda nobis proponuntur mysteria in Deo abscondita, quae nisi revelata divinitus, innotescere non possunt.

Quocirca Apostolus, qui a gentibus Deum per ea, quae facta sunt, cognitum esse testatur, disserens tamen de gratia et veritate, quae per Iesum Christum facta est (Ioan. I, 17), pronuntiat: Loquimur Dei sapientiam in mysterio, quae abscondita est, quam praedestinavit Deus ante saecula in gloriam nostram, quam meno principum huius saeculi cognovit: nobis autem revelavit Deus per Spiritum suum: Spiritus enim omnia scrutatur, etiam profunda Dei (1 Cor. II, 7-9). Et ipse Unigenitus confitetur Patri, quia abscondit haec a sapientibus, et prudentibus, et revelavit ea parvulis (Matth. XI, 25).

Ac ratio quidem, fide illustrata, cum sedulo, pie et sobrie quaerit, aliquam, Deo dante, mysteriorum intelligentiam eamque fructuosissimam assequitur, tum ex eorum, quae naturaliter cognoscit, analogia, tum e mysteriorum ipsorum nexu inter se et cum fine hominis ultimo, numquam tamen idonea redditur ad ea perspicienda instar veritatum, quae proprium ipsius obiectum constituunt. Divina enim mysteria suapte natura intellectum creatum sic excedunt, ut etiam revelatione tradita et fide suscepta ipsius tamen fidei velamine contecta et quadam quasi caligine obvoluta maneant, quamdiu in hac mortali vita peregrinamur a Domino : per fidem enim ambulamus, et non per speciem (2 Cor. V, 7).

Verum etsi fides sit supra rationem, nulla tamen umquam inter fidem et rationem vera dissensio esse potest: cum idem Deus, qui mysteria revelat et fidem infundit, animo humano rationis lumen indiderit; Deus autem negare seipsum non possit, nec verum vero umquam contradicere. Inanis autem huius contraditionis species inde potissimum oritur, quod vel fidei dogmata ad mentem Ecclesiae intellecta et exposita non fuerint, vel opinionum commenta pro rationis effatis habeantur. Omnem igitur assertionem veritati iiluminatae fidei contrariam ommino falsam esse definimus (Conc. Lat. V, Bulla Apostolici regimis). Porro Ecclesia, quae una cum apostolico munere docendi, mandatum accepit, fidei depositum custodiendi, ius etiam et officium divinitus habet falsi nominis scientiam proscribendi, ne quis decipiatur per philosophiam, et inanem fallaciam (Coloss. II, 8). Quapropter omnes christiani fideles huiusmodi opiniones, quae fidei doctrinae contrariae esse cognoscuntur, maxime si ab Ecclesia reprobatae fuerint, non solum prohibentur tamquam legitimas scientiae conclusiones defendere, sed pro erroribus potius, qui fallacem veritatis speciem prae se ferant, habere tenentur omnino.

Neque solum fides et ratio inter se dissidere nunquam possunt, sed opem quoque sibi mutuam ferunt, cum recta ratio fidei fundamenta demonstret, eiusque lumine illustrata rerum divinarum scientiam excolat; fides vero rationem ab erroribus liberet ac tueatur, eamque multiplici cognitione instruat. Quapropter tantum abest, ut Ecclesia humanarum artium et disciplinarum culturae obsistat, ut hanc multis modis iuvet atque promoveat. Non enim commoda ab iis ad hominum vitam dimanantia aut ignorat aut despicit; fatetur imo, eas, quemadmodum a Deo scientiarum Domino profectae sunt, ita si rite pertractentur, ad Deum, iuvante eius gratia, perducere. Nec sane ipsa vetat, ne huiusmodi disciplinae in suo quaeque ambitu propriis utantur principiis et propria methodo; sed iustam hanc libertatem agnoscens, id sedulo cavet, ne divinae doctrinae repugnando errores in se suscipiant, aut fines proprios transgressae, ea, quae sunt fidei, occupent et perturbent.

Neque enim fidei doctrina, quam Deus revelavit, velut philosophicum inventum proposita est humanis ingeniis perficienda, sed tamquam divinum depositum Christi Sponsae tradita, fideliter custodienda et infallibiliter declaranda. Hinc sacrorum quoque dogmatum is sensus perpetuo est retinendus, quem semel declaravit Sancta Mater Ecclesia, nec umquam ab eo sensu, altior intelligentiae specie et nomine, recedendum.

Crescat igitur et multum vehementerque proficiat, tam singulorum, quam omnium, tam unius hominis, quam totius Ecclesiae, aetatum ac saeculorum gradibus, intelligentia, scientia, sapientia; sed in suo dumtaxat genere, in eodem scilicet dogmate, eodem sensu, eademque sententia (Vinc. Lir., Common, n. 28).

Chapitre IV.
De la Foi et de la Raison.


L’Église catholique a toujours tenu aussi et tient qu'il existe deux ordres de connaissance, distincts non seulement dans leur principe, mais aussi dans leur objet : dans leur principe parce que dans l'un nous connaissons par la raison naturelle, et dans l'autre par la foi divine; dans leur objet parce que, en dehors des choses auxquelles la raison naturelle peut atteindre, il y a, proposés à notre croyance, des mystères cachés en Dieu qui, sans la révélation, ne peuvent pas nous être connus. Voilà pourquoi l'Apôtre, qui atteste que Dieu est connu des payens par les choses créées, dit cependant à propos de la grâce et de la vérité qui a été faite par Jésus-Christ : « Nous prêchons une sagesse de Dieu mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait déterminée, pour notre glorification. Cette sagesse, nul des princes de ce siècle ne l'a jamais connue. C'est à nous que Dieu l'a révélée par son Esprit ; car l'Esprit pénètre tout, même les profondeurs de Dieu. » Et le Fils unique lui-même rend témoignage au Père qu'il a caché ces choses aux sages et aux prudents et les a révélées aux petits.

La raison, de son côté, éclairée par la foi, si elle cherche soigneusement, pieusement et prudemment, obtient par le don de Dieu quelque intelligence très fructueuse des mystères, soit par l'analogie des choses qu'elle connaît naturellement, soit par le rapport que les mystères eux-mêmes ont entre eux et avec la fin dernière de l'homme ; jamais, toutefois, elle n'est rendue apte à les percevoir à la manière des vérités qui constituent son objet propre ; car les mystères divins surpassent tellement par leur nature l'intelligence créée que, même transmis par la révélation et reçus par la foi, ils demeurent encore couverts du voile de cette foi, enveloppés comme dans un nuage tant que nous sommes loin du Seigneur dans le voyage de cette vie mortelle : car nous marchons guidés par la foi et non par la vue.

Mais, quoique la foi soit au-dessus de la raison, il ne peut jamais y avoir de véritable désaccord entre la foi et la raison ; le même Dieu, en effet, qui révèle les mystères et infuse la foi, a répandu dans l'esprit humain la lumière de la raison, et Dieu ne peut se nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai. Cette vaine apparence de contradiction vient principalement, ou de ce que les dogmes de la foi n'ont pas été compris et exposés suivant l'esprit de l’Église, ou de ce que des opinions systématiques sont prises pour les décisions de la raison. Nous définissons donc que toute proposition contraire à la vérité de la foi éclairée est absolument fausse. Or, l’Église, qui a reçu, avec la mission apostolique d'enseigner, le mandat de conserver le dépôt de la foi, a aussi de par Dieu le droit et le devoir de proscrire la fausse science afin que personne ne soit trompé « par la philosophie et des enseignements trompeurs ». C'est pourquoi pour tous les chrétiens fidèles il y a non seulement interdiction de défendre comme conclusions légitimes de la science les opinions qu'ils savent être contraires à la doctrine de la foi, surtout lorsqu'elles ont été réprouvées par l’Église, mais encore obligation absolue de les considérer comme des erreurs qui se couvrent de l'apparence trompeuse de la vérité.

Et non seulement la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais elles se prêtent un mutuel concours, la droite raison démontrant les fondements de la foi, et s' appliquant à sa lumière, à la science des choses divines, la foi délivrant de son côté et garantissant la raison des erreurs et l'enrichissant de connaissances multiples. Bien loin donc que l’Église soit opposée à la culture des arts et des sciences humaines, elle la favorise et la propage de mille manières. Elle n'ignore pas, en effet, ni ne méprise les avantages qui en résultent pour la vie des hommes; bien plus, elle reconnaît que, comme ils ont leur origine en Dieu, le maître des sciences, les arts et les sciences, s'ils sont cultivés convenablement. conduisent à Dieu avec l'appui de sa grâce. Et elle ne défend certes pas que ces sciences, chacune dans sa sphère, se servent de leurs principes et de leur méthode propres: mais, en reconnaissant cette juste liberté, elle veille avec soin à ce que leur opposition à la doctrine divine ne leur fasse pas admettre d'erreurs, ou que, dépassant leurs limites respectives, elles n'envahissent et ne troublent pas ce qui est du domaine de la foi.

Car la doctrine de la foi que Dieu a révélée n'a pas été présentée aux hommes comme une invention philosophique à perfectionner, mais elle a été confiée comme un dépôt divin à l’Épouse du Christ, pour qu'elle la garde fidèlement et l'expose infailliblement. Aussi faut-il garder toujours aux dogmes sacrés le sens que la sainte Église a une fois déclaré, et il n'est jamais permis, sous prétexte ou couleur d'une intelligence plus profonde, de s'en écarter.

Croisse donc et progresse vigoureusement en chacun comme en tous, chez tout homme en particulier aussi bien que dans toute l’Église, au cours des âges et des siècles, l'intelligence, la science et la sagesse, mais seulement dans son domaine, c'est-à-dire de telle sorte que le dogme, le sens et la pensée ne soient pas altérés.
Si vis pacem
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Re: Constitution dogmatique De Fide Catholica

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Canones

I.
De Deo rerum omnium Creatore


1. Si quis unum verum Deum visibilium et invisibilium Creatorem et Dominum negaverit; anathema sit.

2. Si quis praeter materiam nihil esse affirmare non erubuerit; anathema sit.

3. Si quis dixerit, unam eandemque esse Dei et rerum omnium substantiam vel essentiam; anathema sit.

4. Si quis dixerit, res finitas, tum corporeas tum spirituales, aut saltem spirituales, e divina substantia emanasse; aut divinam essentiam sui manifestatione vel evolutione fieri omnia; aut denique Deum esse ens universale seu indefinitum, quod sese determinando constituat rerum universitatem in genera, species et individua distinctam; anathema sit.

5. Si quis non confiteatur, mundum, resque omnes, quae in eo continentur, et spirituales et materiales, secundum totam suam substantiam a Deo ex nihilo esse productas; aut Deum dixerit non voluntate ab omni necessitate libera, sed tam necessario creasse, quam necessario amat seipsum; aut mundum ad Dei gloriam conditum esse negaverit anathema sit.

Canons

I.
De Dieu Créateur de toutes choses


1. Si quelqu’un nie un seul vrai Dieu Créateur et Seigneur des choses visibles et invisibles ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu’un ose affirmer qu'il n’existe rien en dehors de la matière ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu'un dit qu'il n'y a qu'une seule et même substance ou essence pour Dieu et pour toutes les choses ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu'un dit que les choses finies, tant les spirituelles que les corporelles, ou du moins les spirituelles, sont émanées de la substance divine ; — ou que l'essence divine en se manifestant ou en évoluant devient toutes choses ; — ou enfin, que Dieu est l'être universel ou indéfini, qui, par ses déterminations, constitue l'universalité des choses avec leur distinction en genres, espèces et individus ; qu’il soit anathème.

5.  Si quelqu'un ne confesse pas que le monde et toutes les choses qu'il contient, matérielles et spirituelles, ont été produites de rien par Dieu selon toute leur substance ; — ou s'il dit que Dieu n'a pas créé avec une volonté libre de toute nécessité, mais aussi nécessairement qu'il s'aime lui-même : — ou s'il nie que le monde ait été fait pour la gloire de Dieu ; qu’il soit anathème.
Si vis pacem
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Re: Constitution dogmatique De Fide Catholica

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II.
De Revelatione


1. Si quis dixerit, Deum unum et verum, Creatorem et Dominum nostrum, per ea, quae facta sunt, naturali rationis humanae lumine certo cognosci non posse; anathema sit.

2. Si quis dixerit, fieri non posse, aut non expedire, ut per revelationem divinam homo de Deo, cultuque ei exhibendo edoceatur; anathema sit.

3. Si quis dixerit, hominem ad cognitionem et perfectionem, quae naturalem superet, divinitus evelli non posse, sed ex seipso ad omnis tandem veri et boni possessionem iugi profectu pertingere posse et debere; anathema sit.

4. Si quis sacrae Scripturae libros integros cum omnibus suis partibus, prout illos sancta Tridentina Synodus recensuit, pro sacris et canonicis non susceperit, aut eos divinitus inspíralos esse negaverit; anathema sit.

II.
De la Révélation


1. Si quelqu'un dit que le Dieu unique et véritable, notre Créateur et Seigneur, ne peut pas au moyen des choses qui ont été créées, être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu'un dit qu'il est impossible ou qu'il n'est pas à propos que l'homme soit instruit par révélation divine sur Dieu et sur le culte à lui rendre ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu'un dit que l'homme ne peut pas être élevé par Dieu à une connaissance et à une perfection qui dépasse sa connaissance et sa perfection naturelles, mais qu'il peut et doit par un progrès continu arriver un jour de lui-même à la possession de toute vérité et de tout bien ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu'un n'admet pas comme sacrés et canoniques les livres de la Sainte-Écriture tout entiers, avec toutes leurs parties, suivant le catalogue qu'en a dressé le saint Concile de Trente ; ou s'il nie qu'ils soient divinement inspirés ; qu’il soit anathème.
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Re: Constitution dogmatique De Fide Catholica

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III.
De Fide


1. Si quis dixerit, rationem humanam ita independentem esse, ut fides ei a Deo imperari non possit; anathema sit.

2. Si quis dixerit, fidem divinam a naturali de Deo et rebus moralibus scientia non distingui, ac propterea ad fidem divinam non requiri, ut revelata veritas propter auctoritatem Dei revelantis credatur; anathema sit.

3. Si quis dixerit, revelationem divinam externis signis credibilem fieri non posse, ideoque sola interna cuiusque experientia aut inspiratione privata homines ad fidem moveri debere; anathema sit.

4. Si quis dixerit, miracula nulla fieri posse, proindeque omnes de iis narrationes, etiam in sacra Scriptura contentas, inter fabulas vel mythos ablegandas esse: aut miracula certo cognosci numquam posse, nec iis divinam religionis christianae originem rite probari; anathema sit.

5. Si quis dixerit, assensum fidei christianae non esse liberum, sed argumentis humanae rationis necessario produci; aut ad solam fidem vivam, quae per charitatem operatur, gratiam Dei necessariam esse; anathema sit.

6. Si quis dixerit, parem esse conditionem fidelium atque eorum, qui ad fidem unice veram nondum pervenerunt, ita ut catholici iustam causam habere possint, fidem, quam sub Ecclesiae magisterio iam susceperunt, assensu suspenso in dubium vocandi, donec demonstrationem scientificam credibilitatis et veritatis fidei suae absolverint; anathema sit.

III.
De la Foi


1. Si quelqu'un dit que la raison humaine est indépendante au point que Dieu ne puisse pas lui imposer la foi ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu'un dit que la foi divine n'est pas distincte de la connaissance naturelle de Dieu et des choses morales et que, par conséquent, il n'est pas nécessaire pour la foi divine de croire à la vérité révélée, à cause de l'autorité de Dieu qui révèle ; qu’il soit anathème.

3. Si quelqu'un dit qu'il n'est pas possible à la révélation divine d'être rendue croyable par des signes extérieurs et que, par conséquent, l'expérience intime de chacun ou l'inspiration doivent seules porter les hommes à croire ; qu’il soit anathème.

4. Si quelqu'un dit qu'aucun miracle n'est possible et que, par conséquent, tout les récits qu'en contient la Sainte-Écriture elle-même sont à reléguer parmi les fables ou les mythes : ou qu'il n'est jamais possible de connaître les miracles avec certitude ni d'en tirer une preuve légitime de l'origine divine de la religion chrétienne ; qu il soit anathème.

5. Si quelqu'un dit que l'assentiment à la foi chrétienne n'est pas libre, mais est produit nécessairement par les arguments de la raison humaine, ou que la grâce de Dieu est nécessaire seulement pour la foi vive qui opère par la charité ; qu’il soit anathème.

6. Si quelqu'un dit que les fidèles et ceux que ne sont pas encore arrivés à la seule foi véritable se trouvent dans la même condition, en sorte que des catholiques puissent avoir une cause légitime de mettre en doute par une suspension de leur jugement la foi qu'ils ont déjà reçue sous le magistère de l'Église, jusqu'à ce qu'ils aient, achevé la démonstration scientifique de la crédibilité et de la vérité de leur foi ; qu’il soit anathème.
Si vis pacem
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Re: Constitution dogmatique De Fide Catholica

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IV.
De Fide et Ratione


1. Si quis dixerit, in revelatione divina nulla vera et proprie dicta mysteria contineri, sed universa fidei dogmata posse per rationem rite excultam e naturalibus principiis intelligi et demonstrari; anathema sit.

2. Si quis dixerit, disciplinas humanas ea cum libertate tractandas esse, ut earum assertiones, etsi doctrinae revelatae adversentur tamquam verae retineri, neque ab Ecclesia proscribi possint; anathema sit.

3. Si quis dixerit, fieri posse, ut dogmatibus ab Ecclesia propositis, aliquando secundum progressum scientiae sensus tribuendus sit alius ab eo, quem intellexit et intelligit Ecclesia; anathema sit.

IV.
De la Foi et de la Raison


1. Si quelqu'un dit que la révélation divine ne contient aucun mystère proprement dit, mais qu'une raison convenablement cultivée peut comprendre et démontrer par les principes naturels tous les dogmes de la foi ; qu’il soit anathème.

2. Si quelqu'un dit que les sciences humaines. doivent être traitées avec une telle liberté que leurs assertions, bien que contraires à la doctrine révélée, doivent être admises connue vraies et ne peuvent pas être proscrites par l’Église ; qu’il soit anathème.

3.Si quelqu'un dit qu'avec le progrès de la science il peut arriver qu'il faille donner aux dogmes proposés par l’Église un sens différent de celui que l’Église a compris et comprend ; qu’il soit anathème.
Si vis pacem
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Re: Constitution dogmatique De Fide Catholica

Message par Si vis pacem »


                 Itaque supremi pastoralis Nostri officii debitum exsequentes, omnes Christi fideles, maxime vero eos, qui praesunt vel docendi munere funguntur, per viscera Iesu Christi obtestamur, nec non eiusdem Dei et Salvatoris nostri auctoritate iubemus, ut ad hos errores a Sancta Ecclesia arcendos et eliminandos, atque purissimae fidei lucem pandendam studium et operam conferant.

                 Quoniam vero satis non est, haereticam pravitatem devitare, nisi ii quoque errores diligenter fugiantur, qui ad illam plus minusve accedunt; omnes officii monemus, servandi etiam Constitutiones et Decreta, quibus pravae eiusmodi opiniones, quae isthic diserte non enumerantur, ab hac Sancta Sede proscriptae et prohibitae sunt.

                 Datum Romae in publica Sessione in Vaticana Basilica sollemniter celebrata, anno Incarnationis Dominicae MDCCCLXX die vigesimaquarta Aprilis.
Pontificatus Nostri anno vigesimoquarto.


                C'est pourquoi, remplissant le devoir de notre suprême charge pastorale, nous supplions par les entrailles de Jésus-Christ tous les fidèles du Christ et ceux surtout qui gouvernent ou ont l'office d'enseigner, nous leur ordonnons par l'autorité de notre Dieu et Sauveur de mettre tout leur zèle et tout leur soin à écarter et à faire disparaître ces erreurs de la Sainte Église, et à répandre la lumière de la foi la plus pure.

Mais il ne suffit pas d'éviter la perversité de l'hérésie ; il faut encore fuir soigneusement les erreurs qui s'en rapprochent plus ou moins ; c'est pour cela que nous avertissons tous les fidèles du devoir d'observer aussi les constitutions et décrets par lesquels le Saint-Siège a proscrit et condamné des opinions perverses de cette nature, qui ne sont pas énumérées ici en détail.

 Donné à Rome, en la séance publique solennellement célébrée dans la Basilique Vaticane, l'an de l'Incarnation de Notre-Seigneur 1870, le 24 avril.
 De notre Pontificat l'an XXIV.
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