Le Bréviaire Romain a écrit :
En l’an 1931, aux applaudissements de tout l’univers catholique, on célébrait le quinzième centenaire du concile d’Éphèse, au cours duquel la bienheureuse Vierge Marie, de qui est né Jésus, fut proclamée, contre l’hérésie de Nestorius, Mère de Dieu par les Pères en union avec le Pape Célestin [...] le Souverain Pontife Pie XI [...] décréta que la fête de la Maternité divine de la bienheureuse Vierge Marie serait célébrée chaque année le 11 octobre par l’Église universelle, sous le rite double de deuxième classe, avec une Messe et un office propres.
Le Concile d'Ephèse
L'abbé Joseph Lémann, dans son ouvrage "La Vierge Marie dans l'Histoire de l'Orient Chrétien" a écrit :
Chapitre VIII - Le plus beau jour de l'Orient au Concile d'Ephèse. Pacte avec une mère.
I -Choix providentiel, pour la tenue du concile, de la ville d’Éphèse et d'une église élevée par saint Jean en l'honneur de Marie.
II - Deux adversaires, à propos de la Vierge Mère de Dieu. Portrait de Nestorius : évêque sans miséricorde. Son hérésie. Saint Cyrille d'Alexandrie, avocat de la cause universelle.
III - Majesté du concile. Nestorius refuse de comparaître. On oppose, à son erreur, la Tradition. Saint Cyrille venge la gloire de Marie dans des accents de flamme. L'hérésie est foudroyée.
IV - Allégresse touchante du peuple d’Éphèse. Journée monumentale pour l'Orient. LA prière de l'Ave Maria, incomplète jusqu'alors, reçoit son addition la plus douce.
V - Par quel moyen la vérité se fait jour auprès de l'empereur Théodose ; fin misérable de Nestorius.
- I -
Ainsi qu'une sève abondante qui travaille, la reconnaissance de l'Orient pour Marie allait faire explosion au concile d'Éphèse.
On peut dire, en effet, qu'il y eut une journée à Éphèse qui fut pour tout l'Orient ce que la nuit de Noël à Bethléem et le jour des Rameaux à Jérusalem avaient été pour le peuple d'Israël. La joie, la félicité, l'honneur y ont débordé..
Rallume-toi devant nos regards, ô journée mémorable ; rallume-toi, journée de Marie, avec tes moindres détails !
Et d'abord qu'y avait-il de providentiel dans le choix d'Éphèse et dans celui de ces monuments qui allait être témoin de la grande scène historique ?
Éphèse était la ville de la contrée d'Ionie où Jean, le disciple bien-aimé de Jésus et l'ange du veuvage de Marie, avait exercé son sublime apostolat. Sur les pas de saint Paul qui y était entré le premier et avait ouvert la brèche à l'Évangile, Jean avait pris possession de cette ville voluptueuse et artistique, surnommé l'Athènes du Levant, et célèbre dans le monde entier par son temple de Diane, presque égal en splendeur à celui de Salomon. La Vierge Marie y avait fait un séjour : il n'est pas possible d'en déterminer la durée ; mais là où Marie passe, l'odeur de ses vertus ne s'en va pas, et sa protection demeure. Une chrétienté florissante avait donc répondu aux soins de l'Apôtre et à la visite de la Vierge ; et le Saint des saints lui-même décernait ce témoignage à l'Eglise d'Éphèse quand fut dicté l'Apocalypse : Je sais vos œuvres, je sais vos luttes et votre patience (1) ...Puis Jean était mort, à un âge très avancé.
Son saint corps avait été inhumé à Éphèse même, et son tombeau avait acquis une réputation universelle. « Saint Augustin mentionne la tradition répandue de son temps, d'après laquelle la terre semblait y bouillonner sous le souffle de celui qui y était couché. Éphrem, patriarche d'Antioche, parle d'un parfum qu'on allait y recueillir comme à une source, et Grégoire de Tours appelle cette poussière miraculeuse qui sortait du tombeau une sorte de manne qui, transportée au loin dans les communautés chrétiennes, y faisait de nombreux miracles. (2) »
Coïncidence touchante ! C'est dans l’Église même élevée par saint Jean à la louange de la Mère de Dieu qu'allait être gagné le grand procès suscité par l'hérésie. Primitivement, il n'y avait eu là qu'un modeste oratoire où Jean priait, racontait la vie de l'Homme-Dieu, et avait coutume de régénérer les fidèles d’Éphèse dans la fraction du pain.
Plus de deux cents ans après, on s'en souvenait encore, et dans une lettre adressée au Pape saint Victor, Polycrate, un des évêques de cette Église d’Éphèse, rappelait la lame d'or que Jean portait sur son front pendant les saints mystères, à l'exemple des pontifes de l'ancienne Loi (3). Avant de mourir, Jean avait eu la consolation de transformer le modeste oratoire en monument digne de la Mère de Dieu. Les évêques, ses successeurs, l'avaient achevé ; les tremblements de terre qui secouaient parfois ces rivages l'avaient respecté ; et trois siècles plus tard, quand dut s'engager le débat où allait éclater la gloire de Marie, il était là, pour accueillir dans son enceinte les deux cents évêques qui venaient se réunir en concile général.
Les cendres de saint Jean durent tressaillir.
(1) Apocal., II, 2.
(2) Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, au mot Éphèse.
(3) Joannes qui in sinu Domini recubuit, qui étiam sacerdos fuit et laminam gestavit. (Polycrat. In Epist. Ad Victorem Pap.)