(1) L'abbaye de Saint-Hubert était alors déjà très-célèbre par l'affluence des fidèles qui s'y rendaient de toutes parts pour révérer les reliques duLa carrière qu'il devait parcourir avec tant d'honneur s'éclaira pour lui par une victoire. Sa valeur mûre et son sang-froid intrépide avaient contribué à la bataille qui se livra près de Leyde, et qui vit la défaite de Robert le Frison. Le duc Godefroid, ce duc que Yoigt représente comme le modérateur des Pays-Bas au onzième siècle, ravi de son noble neveu et n'ayant point d'enfants, le désigna pour l'héritier de tout ce dont il pouvait disposer, c'est-à-dire des fiefs féminins, car les autres domaines rentraient sous la main de l'empereur.
Ce bon duc, ayant été assassiné à Anvers par un scélérat qui échappa à toutes les recherches, Godefroid, âgé alors de seize ans, fut mis en possession du duché de Bouillon et de tous les biens que son oncle lui avait légués. L'empereur Henri IV, pour récompenser en lui les services qui lui avaient été rendus par sa famille, l'investit en même temps du marquisat d'Anvers, et s'allia à lui, de plus près encore, en épousant sa sœur Praxède, comme déjà nous l'avons dit.
La comtesse Mathilde, cette femme héroïque, appelée dans l'histoire la grande Italienne, était la veuve du duc Godefroid V. Elle conçut alors contre son neveu une prévention qui s'explique par l'attachement que le jeune chevalier vouait à l'empereur, dont il ne soupçonnait pas les crimes, et dont la pieuse Mathilde, si fidèlement dévouée au Saint-Siège, était justement l'ennemie. Le comte Albert de Namur fut, dit-on, encouragé par elle à revendiquer les domaines légués à Godefroid. A la tête de ses troupes, Albert marcha sur le château de Bouillon; cette forteresse, presque imprenable, eût servi de clef à ses États. Il ne se dissimulait pas les difficultés de l'entreprise. Mais il comptait sur la jeunesse et le peu d'expérience de Godefroid. Voyant pourtant que le jeune prince s'était renfermé en hâte dans le château, avec une petite escorte, il le fit sommer de le lui livrer, sous peine de voir tout mettre à feu et à sang. Sur le refus net de Godefroid, il se disposa à tenter l'assaut. Mais tout à coup il fut averti que des troupes arrivaient, amenées par Pierre, le vaillant et prévoyant gouverneur de Godefroid. Il comprit le danger de sa position et leva le siège. Peu d'instants après, la garnison sortit pour s'unir à la petite armée qui s'approchait en hâte, et les deux troupes firent la chasse au comte Albert. Ce dernier dut rendre grâces à la modération du prince qui, après l'avoir battu, s'arrêta sans entrer dans ses domaines et lui accorda la paix.
Nous devons passer d'autres petits faits d'armes. L'empereur Henri IV cependant gouvernait si mal et avec tant de tyrannie, qu'il était obligé de soutenir des guerres continuelles contre ses vassaux. A la fin ses odieuses atteintes aux droits les plus sacrés de l'Église le firent excommunier. Ses nombreux ennemis élurent alors pour leur empereur Rodolphe, comte de Rheinsfeld, duc de Souabe et beau-frère de Henri IV, dont il avait épousé la sœur. C'était en l'an 1077; et une guerre civile s'ouvrit dans l'empire d'Allemagne pour le désoler pendant trois longues années, avec des succès et des revers des deux parts.
Le tyran déchu avait appelé autour de lui tous ceux qui lui étaient dévoués. Le jeune Godefroid se crut obligé, par son serment envers son suzerain, qui était aussi son beau-frère. Il ignorait, dit-on, que l'excommunication le dégageait; car avant de partir, il fit acte de piété en mettant l'église de Bouillon sous la juridiction de l'abbaye de Saint-Hubert (1); après quoi il rassembla tout ce qu'il put réunir de troupes dans ses États, et se mit en marche, ne songeant pas qu'il allait soutenir la bannière d'un ennemi de Dieu et de l'Église. Il traversa l'Allemagne bouleversée; il rejoignit Henri IV, qui le reçut avec joie et lui confia l'étendard de l'empire.
premier évêque de Liège et obtenir par son intercession la guérison de la plus effroyable des maladies, la rage, qui ne s'est jamais guérie que là.
A suivre...