Les merveilles divines dans les àmes du purgatoire

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Monique
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XXXIII MERVEILLE.


Sainte usure de ceux qui appliquent leurs bonnes oeuvres au soulagement des défunts.

Faites du bien au juste, et vous aurez une grande récompense. (Eccli. XII, 2.)

Je veux seulement rappeler ici combien de mérites, de prières, et de grâces peut acquérir celui qui offre ses bonnes œuvres pour racheter les âmes du purgatoire; et les envoyer au ciel. On peut dire qu'il travaille à peupler le paradis; qu'il s'y prépare des avocats, de puissants intercesseurs qui, en reconnaissante du bien qu'ils ont reçu, lui obtiendront du bonheur ici-bas, et les félicités de l'éternelle vie.

Les anges gardiens de ces âmes se trouvent obligés de le favoriser, parce qu'il ouvre vite les portes du ciel à leurs protégées; les bienheureux le regardent avec des yeux pleins d'affection, parce qu'il a augmenté leur nombre.

Et la Mère de Dieu, avec quelle tendresse elle l'abrite sous son manteau pour avoir travaillé à la glorification de ces âmes qui ont coûté tout le sang de son divin Fils. Jésus-Christ lui-même, quelles bénédictions que les récompenses ne versera-t-il pas sur celui qui aura coopéré à son œuvre de Rédempteur !

Si vous voulez le comprendre, lisez: Denis-le-Chartreux raconte dans un de ses ouvrages qu'une très-pieuse vierge nommée Gertrude, faisait donation chaque matin aux âmes du purgatoire, du bénéfice spirituel qu'elle devait retirer de toutes ses bonnes œuvres de la journée. Bien plus, afin d'en mieux faire l'application selon le bon plaisir de Dieu, elle suppliait le Seigneur de lui faire connaître les âmes les plus souffrantes, les plus délaissées, et le Sauveur les lui révélait ordinairement. Alors elle redoublait pour elles, d'oraisons, de jeûnes, de veilles, de mortifications, et ne cessait point qu'elle ne crût les avoir toutes délivrées. Souvent, ces âmes glorieuses lui apparaissaient pour la remercier et lui promettre leur reconnaissante protection.

Gertrude, arrivée à la vieillesse, encore plus chargée de mérites que d'années, et couchée sur son lit de mort, fut assaillie de tentations. Le démon voyait avec rage qu'une pauvre fille avait délivré une multitude d'âmes dont les souffrances le réjouissaient: aussi, cet esprit de mensonge lui représentait les horribles et longs supplices que la Justice divine lui réservait dans l'autre monde, en expiation même de ses moindres fautes, attendu qu'elle avait prodigué inconsidérément aux âmes du purgatoire, la satisfaction de toutes les bonnes œuvres de sa vie.
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Monique
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Sainte Gertrude commença donc à gémir: « Oh! que je suis malheureuse! disait-elle, dans peu d'instants je dois mourir et rendre un compte exact de toute ma vie. Comment pourrai-je échapper aux graves supplices, dus à mes fautes, alors que j'ai appliqué aux défunts toutes mes bonnes œuvres ? Oh ! quels tourments longs et affreux m'attendent et je n'ai plus rien à offrir à Dieu pour apaiser sa justice!»

Pendant qu'elle était en proie à cette angoisse, elle vit paraître devant elle, Jésus son époux céleste, qui lui dit: « Quel est donc, ô Gertrude, le sujet de ta profonde tristesse? Elle répondit: « Seigneur, je m'afflige parce que je vais mourir, sans aucun capital de bonnes œuvres pour acquitter ma dette, car je me suis dépouillée en faveur des âmes souffrantes. »

Alors le Sauveur lui souriant avec amour, la consola: « Ma fille Gertrude, lui dit-il, afin que tu saches combien m'a été agréable ta grande charité envers ces âmes, je te remets en ce moment même, sans exception, toutes les peines que tu aurais pu avoir à souffrir; de plus, moi qui ai promis cent pour un à ceux qui auront accompli la loi de la charité, je veux te récompenser en augmentant ta gloire dans l'éternelle béatitude; je veux encore que toutes les âmes délivrées par tes prières, viennent à ta rencontre et t'accompagnent avec de joyeuses actions de grâces, jusqu'au pied de mon trône. «

Qui pourrait dépeindre la joie de la sainte, en entendant de la bouche même du souverain Juge, de si magnifiques promesses! Je vous laisse à penser avec quelle ferveur cette charitable vierge offrit à Dieu jusqu'à son dernier soupir, tous les actes de sa vie mourante, en faveur des pauvres âmes.
(V. Denis-le-Chartreux, cité par P. Martin de Roa dans son livre De statu ammarum, 20. )
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XXXIV MERVEILLE.


Le sang de Jésus-Christ dans le saint sacrifice purifie et délivre les âmes.

Il nous a purifiés dans son sang. (Apocal, I, 5.)

Nous avons démontré que parmi tous les suffrages qu'on peut offrir à Dieu en faveur des âmes du purgatoire, il n'en est point d'aussi précieux que l'immolation du Rédempteur dans le saint sacrifice de la messe. Outre que c'est la doctrine de l'Eglise, manifestée dans ses conciles, des faits miraculeux et authentiques prouvent cette vérité d'une manière admirable.

Il y avait dans l'université de Cologne, parmi les étudiants des hautes sciences, deux religieux Dominicains d'un talent distingué, dont l'un était le bienheureux Henri Suzon. La ressemblance des études, et plus encore, le même attrait pour la piété, les avait si étroitement unis, qu'ils se faisaient confidentiellement part des faveurs spirituelles qu'ils recevaient du ciel. C'est ainsi que le bienheureux dévoila à son ami un secret qu'il avait tenu caché jusqu'alors. Un jour, qu'ils s'entretenaient ensemble des mystères de la vie du Sauveur, il lui fit voir le nom de Jésus qu'avec un stylet de fer, il s'était gravé au vif sur la poitrine, afin que ce nom sacré fût plus profondément imprimé dans son cœur. Son ami en fut si étonné, si ému, qu'il toucha de ses mains ces glorieux caractères de chair, y appliqua ses lèvres, et les mouilla de ses larmes.

Quand ils eurent terminé leurs études, se voyant à la veille de se séparer pour retourner chacun à leur couvent, ils se promirent mutuellement, qu'à la mort de l'un deux, le survivant serait obligé de célébrer pour le défunt, pendant un an, deux messes chaque Semaine: le lundi, une messe de Requiem, selon l'usage, et le vendredi, celle de la passion, autant que le permettraient les rubriques. Après cette promesse, ils se donnèrent le doux baiser de paix et se séparèrent.
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Pendant plusieurs années, les deux religieux continuèrent à servir le Seigneur avec la plus édifiante piété. Ce fut le bon Père qui mourut le premier. Henri fut fort affligé de cette nouvelle. Quand à l'engagement qu'ils avaient pris ensemble, le temps le lui avait fait oublier; néanmoins, il priait beaucoup, s'imposait des pénitences et d'autres bonnes œuvres pour cet ami dont le souvenir lui était toujours bien cher.

Un matin, qu'il méditait dans une chapelle, il vit tout-à-coup paraître devant lui son cher défunt qui, le regardant d'un air triste, lui reproche d'avoir été infidèle à sa parole, à la promesse sacrée d'un ami! Le bienheureux cherche à s'excuser de son oubli involontaire, alléguant les prières, les pénitences qu'il offrait continuellement à Dieu en sa faveur: « Oh! non mon frère ! oh ! non, reprit l'âme souffrante, tout cela ne me suffit pas, c'est le sang de Jésus-Christ, offert dans le saint sacrifice à la Justice divine, qu'il faut pour éteindre les flammes dont je suis consumé. Je vous demande les messes, toutes les messes promises; me refuseriez-vous cette justice? » Henri se hâta de répondre qu'il dirait les messes, qu'il en dirait encore plus qu'il n'en avait promis. Sans délai, et pendant plusieurs jours, tous les religieux s'unirent a lui et offrirent le précieux sang du Sauveur pour la délivrance de cette chère âme.

Le défunt revint bientôt après, mais cette fois, le front brillant de joie et environné d'une vive et pure lumière. Il rendit d'affectueuses actions de grâces à son bienfaiteur, baisa une dernière fois cette poitrine marquée du nom de Jésus, et s'éleva triomphalement dans le ciel pour y contempler à jamais celui qu'il avait adoré sous les voiles eucharistiques, et dont le sang venait de lui ouvrir les portes éternelles.
(V. Ferdinand de Castille, Histor. S. Dominici. 2e p., 1. 2, c. 1.)
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XXXV MERVEILLE.


II vaut mieux mourir avec la certitude d'aller en purgatoire que de vivre en danger de pécher.

Ils ont mieux aimé mourir que de violer la loi de Dieu, (I Mach. I, 65.)
Le fait que nous allons rapporter démontrera combien il est préférable de souffrir dans le purgatoire, plutôt que de vivre ici-bas en danger d'offenser Dieu.

Il confirmera de plus l'admirable doctrine catholique sur des flammes expiatoires et sur l'efficacité des prières pour les morts, car le miracle a eu pour témoin une ville tout entière.

Saint Stanislas, évêque de Cracovie, avait acheté, une terre pour agrandir les possessions de son église, il l'avait payée intégralement en présence de témoins, mais sans exiger de reçu. Le vendeur était mort depuis trois ans, lorsque ses héritiers, voyant que le roi Boleslas, prince injuste et cruel, était fort irrité contre l'évêque qui le reprenait de sa conduite scandaleuse, résolurent de profiter de cette occasion. Ils intentèrent un procès au saint, l'accusant de s'être emparé injustement d'une propriété qui leur appartenait. Le roi admit très-volontiers la cause, et comme le saint n'avait aucune preuve écrite, et que les témoins n'osaient pas parler, dans la crainte de déplaire au roi, il fut condamné à restituer la propriété.

Alors, Stanislas déclara que, ne pouvant obtenir justice des vivants, il s'adresserait aux morts. Il demanda un délai de trois jours afin de produire comme témoin, le vendeur lui-même qu'on savait mort depuis longtemps. Les juges se moquèrent d'une pareille réclamation qui leur parut l'acte d'un fou ; cependant ils y firent droit, dans le malin espoir de faire passer le saint aux yeux de tous comme un fanfaron et de le voir ensuite accablé de huées et de sarcasme.
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L'évêque rentré dans son palais, rassemble tous ses prêtres et passe avec eux trois jours et trois nuits dans le jeune, les veilles et la prière, afin d'obtenir de Dieu le triomphe de sa cause. Le troisième jour il célèbrera solennellement le saint sacrifice à cette intention, ensuite revêtu des habits pontificaux, accompagné de son clergé et d'une foule de peuple, il se rendit processionnellement au cimetière.

Arrivé près de la tombe où Pierre était enseveli depuis si longtemps, le saint ordonna d'ôter la pierre sépulcrale, et de creuser jusqu'au cadavre; ce n'était plus que des ossements arides. Alors l'évêque s'agenouille, lève au ciel des yeux remplis de larmes, prie pour l'âme du défunts et supplie le Seigneur de confondre l'imposture et l'iniquité; puis, touchant de son bâton pastoral ces restes inanimés, il leur dit comme autrefois le prophète Ezéchiel: « Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur. » Et il commanda à ce mort, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit de se lever et de venir avec lui rendre témoignage à la vérité. O miracle ! aussitôt les os s'agitent, la poussière se change en chair, le mort se dresse sur ses pieds sort du sépulcre, s'avance au-devant du saint évêque qui le conduit d'abord à l'église pour remercier Dieu ensuite au tribunal pour rendre témoignage à la vérité.

Le roi s'y trouve précisément environné des grands et de tous les magistrats. On lui annonce que Stanislas vient processionnellement avec son clergé et Pierre ressuscité. Le prince n'en veut rien croire. Mais voici que le prélat entre dans la salle, s'avance en face du trône et parle au roi en ces termes: « Sire, voilà l'homme qui m'a vendu cette propriété, le voilà plein de vie, interrogez-le, il vous dira lui-même si j'ai réellement payé le bien qu'il m'a vendu pour mon église; l'homme est connu, son sépulcre est ouvert, Dieu l'a ressuscité pour confirmer la vérité; sa déposition vaudra donc plus que la négation des autres témoins, et que toutes les écritures possibles.

» Pierre alors, d'une voix forte et distincte, atteste qu'il a reçu le prix entier de la terre vendue, et que ses trois neveux, Pierre, Jacques et Stanislas, n'ont aucun droit de la réclamer; puis se tournant vers ceux-ci, il les menace d'une mort malheureuse, et leur annonce qu'ils comparaîtront bientôt devant le tribunal de l'éternel Juge, s'ils ne se désistent de leur inique prétention. » Toute l'assistance, les héritiers, les juges et le roi restèrent atterrés et confondus à ces paroles; ils n'osèrent répliquer un seul mot, et le monarque fut forcé de rendre une nouvelle sentence en faveur de l'évêque.
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Après ce glorieux triomphe de la justice, Stanislas dit au ressuscité que, s'il désirait vivre encore quelques années, il lui obtiendrait cette grâce; mais celui-ci répondit qu'il préférait rentrer dans son sépulcre, et mourir une seconde fois plutôt que de rester dans une vie si misérable et si périlleuse; il assura néanmoins qu'il était encore dans le purgatoire, et qu'il lui restait quelque temps à souffrir pour se purifier de ses fautes; mais que dans l'assurance où il était de son salut, il aimait mieux endurer les cruels supplices auxquels il allait être rendu, que de s'exposer ici-bas à offenser Dieu et a perdre son âme. Il ajouta que l'unique grâce qu'il désirait de lui, c'était qu'il suppliât la divine Miséricorde d'abréger le temps de son triste exil, et de le recevoir bientôt au nombre des élus.

L'évêque le lui promit, puis l'accompagna au cimetière avec son clergé et une foule innombrable. Arrivé près de la tombe, il récite pour lui les prières de la recommandation de l'âme et des funérailles. Ensuite Pierre se recommande aux prières de tous les assistants, descend dans son sépulcre, et s'y couche pour ne se relever qu'au grand jour de la résurrection. A l'instant, ses os se séparent, sa chair redevient poussière; il était mort pour vivre éternellement avec Dieu. C'est une pieuse croyance dans le pays, que saint Stanislas obtint promptement la délivrance de cette âme.

Puissent ces dernières paroles du ressuscité, nous inspirer une sainte défiance de nous-mêmes. Ah ! si une âme qui a déjà comparu devant le Tribunal suprême, à qui Dieu a donné une connaissance parfaite de l'horreur de l'enfer, de la félicité des cieux, et que le purgatoire a purifié durant trois années, redoute encore les séductions de la vie, que ne devons-nous pas craindre, nous, pauvres passagers, sans expérience, au milieu de tous les dangers qui nous environnent. Armons-nous donc du bouclier de la prière et de la vigilance, et ne disons pas: « Le ciel est à nous », avant de l'avoir conquis.

( Laurent Surius, Vies des saints et de plus les Acta Sanctorum des Bollandistes, 7 mai, Vie de saint Stanislas. )
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Monique
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XXXVI MERVEILLE.


Les justes eux-mêmes ne sont pas irrépréhensibles devant la justice de Dieu.

Aucun homme n'est juste devant vous (Ps. CXLII, 2.)



Le livre de l'Ecclésiastique compare le juste au soleil : « Il brille comme le soleil, » dit-il. Mais dans cet astre si radieux on découvre des taches, et dans les plus grands saints, Dieu découvre des imperfections. Quel est l'homme si parfait, qui, ayant toujours les yeux élevés vers le ciel, ne touche en même temps la terre de ses pieds? Et de même que l'or est jeté dans le creuset pour être purifié, de même, le juste sera jeté dans les flammes du purgatoire afin de devenir parfaitement pur.

Dans le couvent des Frères-Mineurs de Paris, mourut un religieux que son éminente piété avait fait surnommer l'Angélique; et c'était vraiment un ange de perfection dans une chair mortelle.

Il y avait parmi ses confrères, un professeur de Théologie, lequel n'avait pas rempli à son égard, la règle commune de dire trois messes pour chaque religieux qui mourait dans le couvent. Ce n'était pas qu'il ignorât cette obligation, mais il lui semblait inutile d'intercéder pour une âme dont la vie avait été si édifiante, et qu'il croyait déjà élevée au plus haut degré de la gloire. Mais un matin, qu'il se promenait dans les allées du jardin, tout absorbé dans ses méditations théologiques, il vit apparaître le défunt qui lui dit d'un ton attendrissant:

« Bon maître, de grâce, ayez pitié de moi. » Surpris de cette apparition et de cette demande, il répondit: « Âme sainte, quel besoin avez-vous de mon secours? — Je suis retenu dans les flammes du purgatoire, reprit le défunt, parce que vous avez négligé de célébrer les trois messes de règle: si vous remplissez votre obligation, immédiatement, je serai délivré et introduit dans la Jérusalem céleste. Ah! répondit le religieux, je l'aurais fait avec bonheur, si j'avais pu penser que ces messes vous fussent nécessaires mais en songeant à la vie si sainte que vous avez menée au milieu de nous, je croyais que vous étiez depuis votre mort en possession de la gloire éternelle. N'avez-vous pas observé toutes les rigueurs de la règle? les jeûnes fréquents, la pauvreté parfaite, l'exactitude à assister au chœur le jour et la nuit? y avait-il un seul point auquel vous ne fussiez scrupuleusement fidèle? à tout cela, n'avez vous pas ajouté de nouveaux jeûnes, de nouvelles veilles, et plusieurs autres mortifications? Comment aurais-je pu me persuader que toutes ces saintes œuvres n'étaient pas plus que suffisantes pour effacer les tâches de votre âme, si toutefois il lui en restait encore !

« Hélas! dit le défunt, personne ne croit, personne ne comprend avec quelle sévérité Dieu juge et punit sa créature. Les deux mêmes ne sont pas exempts d'imperfections devant lui. (Job XV, 15.) L'inexorable Justice veut que la plus petite faute soit expiée dans le purgatoire; elle veut qu'on lui rende compte jusqu'au dernier denier. (Math. V.) Si avec toute votre science vous aviez compris la sainteté de Dieu et sa justice vous n'auriez jamais pensé que je n'avais pas besoin de secours. »

Dès que l'âme eût disparu, le théologien courut à la sacristie pour revêtir les ornements sacerdotaux, et célébra pendant trois jours le saint sacrifice avec une ferveur extraordinaire pour la délivrance du défunt. Le troisième jour, il lui fut révélé que cette âme sainte s'envolait au ciel. Cette vision fit sur le religieux une impression profonde: dès lors il mit plus de soin à perfectionner chacune de ses actions, et demeura convaincu que la pratique de la perfection est plus nécessaire au salut que les hautes spéculations de la science.

( V. Fr. Marc, Chroniques des Frères-Mineurs, 2e part. liv. IV, ch. 7. )
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Monique
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XXXVII MERVEILLE.


Ou ne sort du purgatoire qu'après une expiation complète.

Vous ne sortirez point de là sans avoir acquitté jusqu'à la dernière obole. (Matth. v. 26. )
Il ne faut pas croire qu'il n'y ait que les grandes fautes déjà remises par la pénitence qui méritent les peines du purgatoire, car les moindres imperfections seront purifiées par le feu, selon la parole de Malachie: « Le Seigneur purifiera les enfants de Lévi, c'est-à-dire les justes, et il les passera au creuset comme l'or. »

Nous en lisons un exemple dans la vie de saint Séverin, archevêque de Cologne. Ce prélat était parvenu à une sainteté éminente, et le don des miracles dont il fut investi, l'avait rendu l'objet de l'admiration des peuples.

Peu de temps après sa mort, il apparut à un chanoine de sa cathédrale, un jour que ce prêtre traversait un petit bras du Rhin. Étonné de voir le saint archevêque sous l'aspect de la souffrance, il lui demanda ce qu'il faisait dans ce lieu, et pourquoi la couronne de gloire ne ceignait pas encore son front: « Si vous désirez le savoir, répondit le défunt, donnez-moi votre main. » Et, lui prenant la main droite, il la plongea légèrement dans l'élément mystérieux qui le consumait, O prodige! cette main quoique retirée aussitôt, fut brûlée si profondément, que les chairs s'en allaient en lambeaux et les articulations étaient presque disjointes.

Le chanoine, dont l'étonnement égalait la souffrance, s'écria: « O Père saint, vous dont les vertus furent si parfaites, vous dont le nom glorieux est l'objet de notre vénération, comment êtes-vous condamné à une aussi horrible peine? « Je souffre, répondit l'évêque, pour avoir récité trop à la hâte, et d'une manière distraite, les heures canoniales. Les affaires dont je m'étais laissé surcharger à la cour de l'empereur ont été la cause de ces manquements. Oui, c'est pour ces fautes que j'endure cette ardeur dévorante dont je vous ai donné une faible idée. Mais je compatis à votre souffrance; prions humblement tous les deux la divine Clémence de rétablir votre main dans son premier état. »

La prière était à peine achevée, que le chanoine fut parfaitement guéri. « Maintenant que vous êtes libre, ajouta l'évêque, songez à ma délivrance; allez trouver les prêtres de mon Eglise de Cologne et les autres personnes connues par leur piété sincère; suppliez-les de présenter à Dieu pour moi de ferventes supplications, de distribuer des aumônes, ah! surtout qu'on célèbre le saint sacrifice! Si l'on exerce envers moi ces œuvres de charité, je serai délié de mes chaînes, et j'irai rejoindre les bienheureux du ciel. »
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Une peine non moins rigoureuse fut infligée à Durand, abbé d'un monastère, puis évêque de Toulouse.
Alors qu'il n'était que simple moine, il lui arrivait souvent, bien qu'il fut sincèrement vertueux, de dire des paroles trop facétieuses et trop mondaines, qui répandaient l'esprit de dissipation dans le monastère. Hugues, son abbé, lui fit à ce sujet de justes admonitions, lui rappelant que les lèvres d'un prêtre doivent être prudentes selon ces paroles de l'Ecriture: « Les lèvres du prêtre seront les dépositaires de la science; et c'est de sa bouche que l'on recherchera la connaissance de la loi.» Il l'avertit même que Dieu le châtierait sévèrement dans le purgatoire, s'il ne se corrigeait pas. Mais Durand ne sut pas triompher de ce défaut, et lorsqu'il fut élevé a l'épiscopat, bien des fais encore, on lui entendit faire des plaisanteries burlesques, et d'autant plus déplacées qu'elles sortaient de la bouche d'un évêque.

Ce prélat étant venu à mourir, se fit voir au Père Séguin, son intime ami. Il avait la bouche tout ulcérée et la langue tout en feu. D'une voix gémissante, il le conjura d'aller supplier l'abbé dont il avait négligé les sages avis, de vouloir bien le secourir par ses suffrages. Au récit de cette apparition, Hugues, ému d'une pitié toute paternelle, convoque ses religieux, raconte la vision et leur enjoint de garder pendant toute une semaine un silence perpétuel, afin d'apporter un remède aux cuisantes douleurs que le défunt endurait pour son excès de loquacité, guérissant ainsi les contraires par les contraires.

Mais il arriva qu'un des moines parla un peu, et le prélat apparut de nouveau, se plaignant avec amertume de cette infraction. Il fallut donc recommencer une autre semaine de silence et de prières. Au bout de ce temps, le défunt apparut encore à l'abbé; mais cette fois revêtu des vêtements pontificaux et tout rayonnant de joie et de splendeur. Il rendit d'affectueuses actions de grâces au monastère qui l'avait si charitablement secouru, puis il s'éleva vers les cieux pour glorifier à jamais la divine Miséricorde.

(V. Vincent de Beauvais, Specul. hist., liv. XXVI. ch. 5; Alexandre Ségala, Triumph. animarum, 2e part. ch. 17. )
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