HOMÉLIES SUR LES ÉVANGILES DE TOUS LES DIMANCHES DE L'ANNÉE
par M. GRANET Curé archiprêtre de Séderon
Avec approbation de Mgr l'Évêque de Valence.
1860
TROISIÈME DIMANCHE DE L'AVENT.
ÉVANGILE.
Témoignage que Jean rend à Jésus-Christ.
« Voici le témoignage que rendit Jean, lorsque les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : Qui êtes-vous ? Car il confessa, et il ne le nia pas ; il confessa qu'il n'était point le Christ. Quoi donc ? lui demandèrent-ils : êtes-vous Élie ? Et il leur dit : Je ne le suis point. Êtes-vous prophète ? Et il leur répondit : Non. Qui êtes-vous donc ? lui dirent-ils, afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dites-vous de vous-même ? Je suis, leur dit-il, la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez au Seigneur un chemin droit, comme a dit le prophète Isaïe. Or ceux qu'on lui avait envoyés étaient des pharisiens. Ils lui firent encore cette demande, et lui dirent : Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n'êtes ni le Christ, ni Élie, ni prophète ? Jean leur répondit : Pour moi, je baptise dans l'eau ; mais il y en a un au milieu de vous, que vous ne connaissez pas. C'est lui qui doit venir après moi, qui m'a été préféré, et je ne suis pas digne de délier les cordons de ses souliers. Ceci se passa en Béthanie, au delà du Jourdain, où Jean baptisait. » (Joan., 1, 19–28. )
HOMÉLIE.
Vous vous rappelez, sans doute, mes frères, l'éloge si pompeux et si vrai que Jésus-Christ faisait de saint Jean-Baptiste, dans l'évangile que nous avons expliqué dimanche dernier, lorsque, après le départ des envoyés de Jean, il disait au peuple que le fils de Zacharie était prophète, et plus que prophète (Matth., XI, 9), et que parmi les enfants, nés de la femme, il n'y en avait jamais eu de plus grand que lui. (Ibid., 11. ) Et, il ajoutait à cela, pour votre consolation, comme pour la mienne, que celui qui était le plus petit dans le royaume de Dieu, était encore plus grand que lui : Qui autem minor est in regno cœlorum, major est illo. (Ibid. )
L'éloge donc que Notre-Seigneur avait fait de Jean- Baptiste, joint à l'éclat des vertus du saint Précurseur, et peut-être aussi le baptême d'eau qu'il administrait, l'avaient fait regarder, par plusieurs Juifs, comme le Messie promis à leurs pères. Ils savaient de plus, et ils étaient convaincus que les temps prédits par les prophètes étaient accomplis, et que les semaines d'années de Daniel touchaient à leur terme. (Dan., IX, 24-27.)
Toutes choses, à ne consulter que l'histoire, se disposaient tellement, du temps de Notre-Seigneur, à la manifestation du Messie, que les Juifs soupçonnèrent que Jean -Baptiste le pourrait bien être. Sa manière de vivre austère, étonnante, extraordinaire, les frappa : et au défaut des grandeurs du monde, ils parurent d'abord vouloir se contenter de l'éclat d'une vie si prodigieuse. La vie simple et commune de Jésus-Christ rebuta ces esprits grossiers, autant que superbes, qui ne pouvaient être pris que par les sens, et qui d'ailleurs éloignés d'une conversion sincère, ne voulaient rien admirer que ce qu'ils regardaient comme inimitable. De cette sorte, Jean-Baptiste qu'on jugea digne d'être le Christ, ne fut pas cru quand il montra le Christ véritable, et Jésus-Christ, qu'il fallait imiter quand on y croyait, parut trop humble aux Juifs pour être suivi. (Boss. ) Aussi les Juifs cherchèrent-ils Jean-Baptiste avec beaucoup de respect, ce qu'ils ne firent point envers Jésus-Christ, tandis que Jean leur montrait l'exemple qu'ils auraient dû suivre lorsqu'il lui envoya deux de ses disciples, pour savoir si c'était lui qui devait venir ou s'il fallait en attendre un autre. (Orig. ) Et cela avec d'autant plus de raison qu'ils regardaient Jean, comme un homme digne de confiance au point qu'ils le crurent quand il leur parlait de sa personne ; tant ils étaient persuadés de son excellence, de son pouvoir, puisqu'il baptisait. (S. J. Chrys. )
(à suivre)