PREMIER SERMON POUR LE QUINZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.
1° Explication de l'Évangile ; 2° de La préparation à la mort.
Ecce defunctus efferebatur, filius unicus matris suæ.
Voici qu'on portait en terre un mort, fils unique de sa mère. Luc. VII, 12.
Puisque l'évangile de ce jour nous met sous les yeux le spectacle d'un jeune homme ravi par la mort à la fleur de l'âge, il ne sera pas, je pense, hors de propos, que, nous adressant à des hommes mortels, nous disions quelque chose de la mort, condition et terme inévitable de notre vie. Aucun sujet n'est plus capable de nous inspirer la crainte de Dieu, la haine du péché et le mépris du monde. Et quelle méditation convient mieux à des mortels que la méditation de la mort ? La mort est tellement une condition de notre nature, que les philosophes ont fait entrer cet élément dans la notion de l'homme, qu'ils définissent « un animal raisonnable et mortel, » voulant sans doute, par l'addition de ce dernier mot, le distinguer des esprits bienheureux. Disons toutefois que cette condition n'est pas essentielle à notre nature ; introduite dans le genre humain par le péché, la mort nous serait restée inconnue si nous avions persévéré dans l'état d'innocence où Dieu nous avait constitués.
Certes, je sais bien que le souvenir de la mort n'est pas agréable à tous. Si les pauvres et les malheureux y pensent volontiers comme au terme désiré de leurs souffrances, son souvenir, dit l’Ecclésiastique, « est amer à un homme qui vit en paix au milieu de ses biens. » O mors, quam amara est memoria tua homini pacem habenti in substantiis suis ! Eccli. XLI, 1. Mais cette pensée, agréable ou non, est utile à tous : elle tire les hommes du sommeil d'une sécurité perfide ; elle leur inspire une tristesse salutaire, le regret de leurs fautes et de graves préoccupations ; surtout elle les pénètre de la crainte du Seigneur, et contraint les plus lâches et les plus négligents à se préparer au jugement de Dieu. Or, comme notre salut et notre bonheur éternels dépendent de cette préparation, il s'ensuit qu'aucun sujet d'instruction n'est plus convenable et plus nécessaire au chrétien. Nous commencerons toutefois par expliquer le récit évangélique. Afin de traiter utilement et pieusement ce grave sujet, implorons l'assistance céleste par l'intercession de la très-sainte Vierge. Ave, Maria.
(à suivre)