PREMIER SERMON POUR LE QUATORZIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.
Explication de l'Évangile.
Quærite primum regnum Dei et justitiam ejus, et hæc omnia adjicientur
vobis.
Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous
sera donné par surcroît. Matth. VI, 33.
Parmi tous les noms que le prophète Isaïe donne au Sauveur du monde pour faire comprendre aux hommes sa dignité et sa gloire, un des plus célèbres est celui de conseiller, parce que Jésus-Christ, lors de sa venue en ce monde, devait apporter aux hommes les conseils les plus salutaires. Et c'est un admirable conseil, en effet, que celui que nous trouvons dans les paroles de mon texte et dans tout l'évangile de ce dimanche ; l'homme qui l'embrassera de toute son âme avec une foi entière, qu'il sache qu'il a acquis toutes les richesses des rois, et plus encore. Car les richesses et les biens de la terre, quelque grands qu'ils soient, laissent l'âme en proie à beaucoup de soucis, de troubles et d'angoisses, la vie agitée de toutes sortes d'inquiétudes et de craintes chimériques ; mais l'Ange du grand conseil s'efforce, dans l'évangile d'aujourd'hui, de nous délivrer de ces maux, c'est-à-dire de nous rendre heureux et semblables à Dieu même, qui vit dans une souveraine béatitude, au sein d'une paix et d'une tranquillité inaltérables. Aussi n'est-ce pas seulement l'amour de Dieu, mais encore l'amour de nous-mêmes ; n'est-ce pas seulement la grâce, mais aussi la nature ; n'est-ce pas seulement l'espérance des biens futurs, mais la jouissance présente des avantages les plus considérables, qui nous presse d'embrasser cette leçon de la divine Sagesse. Et parce que l'avarice est la source de nos soucis et de nos inquiétudes, le Maître céleste, dans notre évangile, nous détourne aussi de ce vice, afin de frapper du même coup et la mère et la fille. Comme toutes ses paroles respirent je ne sais quelle douceur et quelle suavité, en même temps qu'elles mettent sous nos yeux le soin paternel que Dieu prend, non-seulement de ses créatures les plus élevées, mais encore des plus petites et des plus humbles, je veux vous rapporter le passage en entier par une simple lecture, avant de l'expliquer dans la suite de mon discours. Cet évangile est un fragment détaché du sermon sur la montagne, où l'on trouve les règles de la perfection chrétienne tracées avec une justesse, une clarté qui révèle une main divine.
« Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon, » et le reste jusqu'à la fin. Ave, Maria.
(à suivre)