Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le IXe dimanche après la Pentecôte

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Laetitia
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Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le IXe dimanche après la Pentecôte

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PREMIER SERMON POUR LE IXe DIMANCHE APRÈS LA PENTECÔTE.


Explication de l’Évangile.


Videns Jesus civitatem, flevit super illam, dicens : Quia si cognovisses et tu, et quidem in hac die tua, quæ ad pacem tibi. Jésus, voyant la ville, pleura sur elle, disant : Oh ! si tu connaissais, toi aussi, du moins en ce jour qui t'est encore donné, ce qui serait ta paix ! Luc. XIX, 41, 42.

L'évangile de ce jour,mes très-chers frères, nous met sous les yeux une preuve éclatante de la miséricorde et de la tendresse de Jésus-Christ, versant de pieuses larmes sur la ruine prochaine de Jérusalem, qui déjà avait comploté sa mort. Il n'est pas inutile de rappeler en quelle circonstance le Sauveur fit entendre cette plainte.

Le temps s'approchait où il avait résolu de s'immoler lui-même sur l'autel de la croix pour le salut du genre humain, afin d'offrir à Dieu son père une mort imméritée pour délivrer de la mort les hommes coupables ; et le voilà qui s'avance librement vers les lieux où il doit souffrir. Or, afin de montrer à tous avec quelle allégresse il se présentait au supplice, c'est au milieu des transports de joie de toute la ville, par une foule qui tient à la main des branches de palmier et d'olivier, par des enfants qui acclament son règne glorieux, qu'il veut être reçu, comme s'il venait non pour être crucifié, mais pour recevoir une couronne, non pour mourir, mais pour s'asseoir à un banquet de noces. Et vraiment sur la croix furent célébrées ses noces avec l’Église, sur la croix fut fondé le royaume de Jésus-Christ. Car « Dieu a régné par le bois, » regnavit a ligno Deus.

Quelles étaient donc, au milieu de cette pompe triomphale, au milieu de ces cris de joie, de ces acclamations, de cette allégresse générale, quelles étaient les pensées du Sauveur ? Ah ! ne croyons pas que son cœur s'y soit arrêté un seul instant; c'est précisément alors qu'il répand des larmes amères, non sur la mort ignominieuse qui l'attend, mais sur la ruine prochaine de l'ingrate Jérusalem.
« Et comme il approchait, voyant la ville, il pleura sur elle en disant : Oh ! si tu avais connu, toi aussi, et même en ce jour qui t'est encore donné, ce qui ferait ta paix ! Mais maintenant ces choses sont cachées à tes yeux. » La conjonction si exprime le désir, comme dans cette phrase d'un psaume: « Si vous faites périr, Ô Dieu, les pécheurs ! » Si occideris, Deus, peccatores. Ps. CXXXVIII, 19. Car le doux Sauveur, qui veut le salut de tous les hommes, désirait que les Juifs, comprenant le bonheur que le Père céleste leur envoyait par son fils, le reçussent avec respect et amour, et méritassent ainsi d'avoir part à ses bienfaits et à ses grâces. Cette plénitude de bienfaits divins, il la désigne sous le nom de paix. On sait que ce mot, chez les Hébreux, signifie non un bien particulier, mais la réunion de tous les biens, c'est-à-dire toutes les grâces que le Fils de Dieu a apportées avec lui dans le monde. Lorsqu'il vint sur la terre, « les sources du grand abîme des eaux furent rompues, et les cataractes du ciel furent ouvertes. » Gen. VII, 11, et une immense pluie de grâces tomba sur les hommes, sur le peuple juif d'abord, auquel il avait été promis avant les autres. L'éclairer par ses enseignements, l'affermir dans la foi par ses miracles, lui faire espérer la bienheureuse immortalité par ses mérites, le gagner à son amour par ses bienfaits, à son imitation par l'exemple de ses vertus, l'honorer de sa divine présence, le conduire enfin à la céleste félicité, tels étaient les désirs de Jésus-Christ.

Tels sont les desseins miséricordieux que ce peuple aurait dû comprendre, et qui cependant, au grand regret du Sauveur, étaient cachées à ses yeux. Sans doute beaucoup de Juifs, du vivant même de Jésus, reçurent ce bienfait avec amour et reconnaissance, et, après sa glorieuse résurrection, un plus grand nombre encore embrassèrent la foi en lui, ainsi naquit, grandit et se fortifia par le soin des apôtres la pieuse et sainte église de Jérusalem ; mais combien d'autres, aveuglés par l'éclat d'une si grande lumière, loin d'accueillir comme ils le devaient l'auteur de leur salut, semblables à des insensés et à des furieux qui se jetteraient sur leur médecin, le condamnèrent au supplice le plus atroce !
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Ces larmes et ces plaintes de Jésus nous disent assez que Dieu ne se réjouit pas, mais qu'il s'attriste au contraire de la mort des impies. « Hélas ! hélas ! dit-il dans Isaïe, je punirai mes ennemis et je tirerai vengeance de ceux qui sont contre moi, » Heu, heu, consolabor super hostibus meis, et vindicabor de inimicis meis. Chap. 1, 24. Ce langage, imité de celui des hommes, nous montre combien la perte des méchants afflige le Seigneur. C'est lui qui dit encore par la bouche d'Ezéchiel : « Je ne veux point la mort de l'impie, mais plutôt qu'il se convertisse et qu'il vive. » Nolo mortem impii, sed ut convertatur impius a via sua et vivat. Chap. XXXIII, 11. Et il ajoute comme un cri déchirant : « Convertissez-vous, convertissez-vous, quittez vos voies corrompues. Pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? » Convertimini, convertimini a viis vestris pessimis, et quare moriemini, domus Israel ? Enfin, il nous apprend dans Jérémie avec quelle ardeur il désire que les pécheurs fassent pénitence : « Quand on est tombé, ne se relève-t-on pas ? Et quand on s'est détourné du droit chemin, n'y revient-on plus ? » Numquid qui cadit, non resurget, et qui aversus est, non revertetur ? Chap. VIII, 4.

Bel exemple de la tristesse et de l'affliction que doivent nous inspirer les malheurs et les fautes de nos frères, puisque nous sommes tous les membres d'un seul corps dont Jésus-Christ est le chef. C'est une loi de notre corps, que si un membre se réjouit, tous les autres partagent sa joie ; si un membre souffre, tous les autres prennent part à sa souffrance. Ainsi le Prophète, voyant dans l'avenir la dévastation de son peuple : « Mes entrailles sont émues, s'écrie-t-il, mes entrailles sont émues; mon cœur est saisi de trouble au dedans de moi; je ne puis demeurer dans le silence, parce que j'ai entendu le son des trompettes et le cri de la mêlée. » Ventrem meum, ventrem meum doleo ; sensus cordis mei turbati sunt in me : non tacebo, quoniam vocem buccinæ audivit anima mea, clamorem prælii. Jerem. iv, 19. Et un peu plus bas il attribue la cause de cette calamité à l'aveuglement et la folie du peuple rebelle : « Tous ces maux viendront, parce que mon peuple est insensé, et qu'il ne m'a point connu. Ce sont des enfants qui n'ont point de sens ni de raison ; ils sont sages pour faire le mal, et ils n'ont point d'intelligence pour faire le bien. » Quia stultus populus meus me non cognovit : filii insipientes sunt, et vecordes ; sapientes sunt ut faciant mala, bene autem facere nescierunt. Ibid. 22. Le Seigneur nous apprend donc par son exemple à déplorer les maux du prochain.
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Il nous montre dans Ezéchiel quel est le fruit de cette douleur et de cette pieuse compassion. Ayant donné l'ordre à des hommes armés de parcourir Jérusalem l'épée nue à la main, et d'en massacrer tous les habitants à cause de leurs abominations, sans épargner ni les vieillards, ni les jeunes hommes, ni les vierges, ni les enfants, ni les femmes, il fait cependant une exception : « Marquez, dit-il, le signe thau, c'est-à-dire le signe de la croix, sur le front de ceux qui gémissent et qui sont dans la douleur de voir tant d'abominations et de crimes, » et sauvez-les du massacre général. Ezech. IX, 4 seq. Qui de nous, mes frères, en ce temps où le monde est désolé par tant de fléaux et d'hérésies, puisque d'une part le plus cruel ennemi de Jésus-Christ, le sultan des Turcs, nous menace, et que de l'autre l'hérésie exerce dans l'Eglise ses ravages, qui de nous déplore par des gémissements et des larmes ces horribles calamités ? Qui de vous, par des prières assidues, conjure le Seigneur de prendre en main la cause de son Eglise ? « Tous cherchent leurs propres intérêts, » omnes quæ sua sunt quærunt, Philipp. II, 21, et lorsqu'ils n'ont rien à craindre pour eux-mêmes, ils ne songent plus aux malheurs de l'Eglise.

Notre Seigneur pleura donc à la pensée que cette religieuse allégresse manifestée par le peuple à son entrée dans Jérusalem ne serait pas de longue durée. Celui qu'ils saluaient alors des noms de fils de David et de roi d'Israël, ils devaient quelques jours après le renier devant le gouverneur, en disant : « Nous n'avons pas d'autre roi que César, » non habemus regem, nisi Cæsarem. Joann. XIX, 15. Celui qu'ils applaudissaient en disant : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, » benedictus qui venit in nomine Domini, Matth. XXI, 9, ils devaient bientôt demander sa mort à grands cris : « Qu'il meure, qu'il meure, crucifiez-le ! » Tolle, tolle, crucifige eum ! Joann. XIX, 6. De la même manière, l'Eglise chaque année gémit sur ses enfants qui, l'époque de la confession, s'engagent à faire pénitence de leurs fautes passées et à mener une vie nouvelle, et peu de jours après retombent dans leurs anciennes prévarications. Ces lâches chrétiens imitent l'inconstance des Juifs, qui changèrent en si peu de temps leurs bénédictions en malédictions, leurs louanges en outrages.
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I.


Quelqu'un se demandera peut-être comment un peuple qui avait eu sous les yeux les preuves les plus manifestes de la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ, a pu en venir à une telle perfidie, tomber dans un tel aveuglement. Nous répondrons brièvement que l'ambition et ses deux filles, l'envie et l'avarice (laquelle est la racine de tous les maux, I Tim. VI, 10), aveuglèrent leurs yeux. Aussi saint Jean nous apprend-il que plusieurs d'entre les princes mêmes crurent en Jésus-Christ, mais que, à cause des Pharisiens, ils ne le confessaient pas, de peur d'être chassés de la synagogue; « car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu, Joann. XI, 42, 43. Tels sont, mes frères, les effets de l'ambition, de l'envie et de l'avarice : non-seulement elles dépouillèrent ce peuple du pieux trésor de la foi, mais elles lui firent commettre le plus épouvantable de tous les attentats et attirèrent sur lui le plus épouvantable de tous les châtiments. Si donc, au témoignage du Sauveur, « on connaît l'arbre à son fruit, » Matth. VII, 16, vous pouvez comprendre quel venin recèlent ces trois passions, si répandues pourtant dans le monde. Que si cet exemple vous laisse insensibles, rappelez-vous l'avarice de Judas, qui le poussa à trahir son Maître pour trente pièces d'argent. Quel fruit retira-t-il de ce lucre sacrilège ? Il jeta dans le temple les pièces d'argent, et alla se pendre, ou plutôt se précipiter en enfer.

Notre Seigneur nous décrit ensuite le châtiment dont il frappera les Juifs perfides et cruels : « Viendront pour toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'enfermeront et te presseront de toutes parts; ils te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne laisseront pas dans ton enceinte pierre sur pierre. »

Bien des siècles auparavant cet affreux châtiment fut révélé au prophète Isaïe dans une vision qui semble appartenir à cet évangile, et que nous rapporterons ici : « J'ai vu, dit-il, le Seigneur assis sur un trône sublime et élevé, et ce qui était sous lui remplissait le temple. Des séraphins étaient autour du trône ; ils avaient chacun six ailes : deux dont ils voilaient leur face, deux dont ils voilaient leurs pieds, et deux autres pour voler. Ils criaient l'un à l'autre, et disaient : Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu des armées ; la terre est toute remplie de sa gloire. Et le dessus de la porte fut ébranlé par le retentissement de ce grand cri, et la maison fut remplie de fumée. .. Le Seigneur me dit : Aveuglez le cœur de ce peuple, rendez ses oreilles sourdes et fermez ses yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n'entendent, que son cœur ne comprenne et qu'il ne se convertisse à moi, et que je ne le guérisse. Eh ! Seigneur, lui dis-je, jusques à quand ? Il répondit : Jusqu'à ce que les villes soient désolées et sans citoyens, les maisons sans habitants, et que la terre demeure déserte. » Isa. VI, 1 et seq
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Nous avons fait ailleurs plusieurs observations sur ce passage d'Isaïe ; qu'il nous suffise de remarquer ici sous quel appareil imposant et majestueux le Seigneur se montre pour prédire le malheur futur des Juifs, et nous en révéler la cause, savoir, l'aveuglement où les avait conduits une longue habitude du péché. Le trône sublime et élevé où le Prophète voit le Seigneur assis figure les mystères de la nature divine, qu'aucune intelligence humaine ne saurait comprendre. Par « ce qui était sous lui et remplissait le temple, » la plupart entendent la frange ou la queue de sa robe, qui remplissait le temple où Dieu habitait. Que ce temple soit le monde, c'est ce que les philosophes eux-mêmes ont compris. « Le temple le plus saint et le plus sacré, dit Plutarque, c'est le monde. L'homme y est introduit par la génération pour y contempler non des images faites de la main des hommes, mais des œuvres divines dont les formes sensibles ont leur type dans l'intelligence de Dieu, et qui ont en elles un principe de vie et de mouvement, le soleil, la lune, les astres ; les fleuves, qui roulent leurs eaux toujours nouvelles ; la terre, qui donne leur nourriture aux animaux et aux plantes. » Donc, dans ce temple, toutes les créatures chantent les louanges de Dieu, en proclamant sa sagesse, sa puissance, sa bonté, son admirable providence. La frange de sa robe, c'est la puissance et la majesté infinie, qui s'étend à toutes les parties du monde, remplit tout, soutient tout, conduit et gouverne tout. Le Prophète vit ensuite le Seigneur entouré d'esprits séraphiques qui, brûlant pour lui du plus ardent amour, célébraient par une louange incessante sa sainteté et sa gloire, invitant par leur exemple tous les esprits célestes à chanter leur commun Maître et Seigneur.
L'ébranlement du dessus des portes et la fumée qui remplit la maison, marquent la puissance de Dieu et la nature incompréhensible de celui qui, dit le Psalmiste, « regarde la terre et elle tremble ; touche les montagnes, et elles fument. » Ps. CIII, 32. Le même Psalmiste nous apprend ailleurs ce que signifie cette fumée, lorsque, parlant du Seigneur, il dit : « Il a choisi sa retraite dans les ténèbres, » posuit tenebras latibulum suum, Ps. xvii, 12, parce qu'aucun esprit créé ne peut aspirer à une connaissance de Dieu pleine et entière. A la vue de cette gloire et de cette majesté du Seigneur, le Prophète brûlait du désir de mêler sa voix à celle des esprits bienheureux, mais il n'osait le faire, parce que ses lèvres étaient impures. Son regret ne fut pas long. Voici que l'un des séraphins vola vers lui, et ayant pris sur l'autel un charbon de feu, il en toucha ses lèvres et les purifia. Ce charbon figure la charité et la grâce divine, qui efface et fait disparaître toutes les souillures du péché. Ainsi purifié et orné de la grâce, le Prophète ne craint plus de se présenter au Seigneur et de lui dire : « Me voici, envoyez-moi. Va, répond le Seigneur, et dis à ce peuple : Vous écouterez ce que je vous dis, et ne le comprendrez pas, etc. » C'est-à-dire, annonce-lui la triste obstination, l'affreux aveuglement, l’endurcissement épouvantable où il tombera, ne voyant plus de ses yeux, n'entendant plus de ses oreilles, devenu par sa faute incapable de secouer l'habitude invétérée du péché et d'obtenir sa guérison. Voilà, mes frères, l'horrible châtiment dont Dieu a coutume de frapper en cette vie les hommes obstinés dans leurs crimes ; en punition de leurs rechutes continuelles, il les laisse tomber dans une insensibilité si profonde, dans des ténèbres si épaisses, qu'ils ne peuvent plus ni voir, ni entendre, ni comprendre.

Effrayé lui-même de la rigueur de ce châtiment, de l'abandon dont Dieu menaçait son peuple à cause de ses crimes, le Prophète voulut savoir quelle en serait la mesure et la durée : « Eh ! Seigneur, s'écrie-t-il, jusques à quand ? » C'est-à-dire, jusques à quand cette nation infortunée sera-t-elle dépouillée de votre faveur? « Jusqu'à ce que les villes, dit le Seigneur, soient désolées et sans citoyens, les maisons sans habitants, et que la terre demeure déserte.
Dieu bannira les hommes dans des terres lointaines, et pendant des siècles nombreux la Judée sera, au milieu du monde, privée du secours divin.
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Telle est cette vision d’Isaïe, où vous voyez décrite, à peu près dans les mêmes termes, une calamité semblable à celle que déplore le Sauveur dans notre évangile. Quand le Prophète annonce que la ville sera changée en un désert, et que tous les habitants seront exterminés, n'est-ce pas ce que notre Seigneur indique en disant qu'il n'y restera pas pierre sur pierre ? La cause de ce désastre est aussi la même. Toutes ces choses arriveront, dit le Sauveur, parce que Jérusalem n'a pas connu le temps de sa visite ; le Prophète ne parle pas autrement lorsqu'il signale, comme la cause de ces malheurs, l'épouvantable endurcissement des Juifs, qui, entendant chaque jour les enseignements du Seigneur, étaient si mal disposés qu'ils ne les comprenaient point, ayant sous les yeux les prodiges les plus manifestes, ne les voyaient point, et disaient à Jésus-Christ : « Maître, nous voulons voir un signe de vous. » Magister, volumus a te signum videre. Matth. XII, 38. Tel était leur aveuglement que, environnés de miracles nombreux et éclatants, ils demandaient un miracle !

Aussi notre Seigneur leur fait entendre ses menaces : « Si je n'étais pas venu, et si je n'avais pas fait parmi eux des œuvres que nul n'a faites, ils n'auraient point de péché; mais maintenant leur incrédulité n'a pas d'excuse. » Joann. XV, 22. C'est aussi le langage du Prophète : « Écoutez ce que je vous dis, et ne le comprenez pas, voyez ce que je vous fais voir, et ne le discernez pas. » Isa. VI, 9.

Cette lamentable histoire nous fait comprendre, mes frères, quel danger pour leur salut courent ces hommes qui ne cessent d'ajouter à leurs péchés et à leurs crimes de nouveaux péchés et de nouveaux crimes ; cette habitude les conduira enfin à l'insensibilité et à l'endurcissement de l'esprit. La ville ingrate, qui n'avait pas connu le temps de la divine visite, fut punie de son aveuglement par une ruine complète. C'est ce que le Prophète expose par la comparaison des oiseaux : « Le milan connaît dans le ciel quand son temps est venu ; la tourterelle, l'hirondelle et la cigogne savent discerner la saison de leur passage; mais mon peuple n'a point connu le temps du jugement du Seigneur. » Milvus in cælo cognovit tempus suum ; turtur, et hirundo, et ciconia custodierunt tempus adventus sui; populus autem meus non cognovit judicium Domini. Jerem. VIII, 7. Cette comparaison fait ressortir l'aveuglement des Juifs qui, éclairés par la lumière de la raison, de la foi et des saintes Écritures, ont montré moins d'intelligence que les oiseaux ; car on sait que les oiseaux, guidés par le seul instinct, changent de contrées selon les saisons, et choisissent les climats qui leur sont favorables.
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II.

Mais oublions un instant les Juifs pour en venir à nous, mes frères, à nous que regarde aussi cette visite du Sauveur et la paix apportée par lui au monde. Nous avons dit que sous le nom de paix il faut entendre, non l'idée précise que ce mot éveille d'ordinaire, mais l'ensemble de tous les biens et de toutes les richesses spirituelles. Ce passage est donc pour nous une occasion naturelle de parler de ces richesses que notre Seigneur Jésus-Christ a apportées avec lui en venant parmi les hommes. Il ne saurait y avoir de sujet plus utile, plus intéressant et plus beau.

C'est la raison même pour laquelle sa venue est appelée d'une manière éminente l'Evangile, c'est-à-dire, la bonne, l'heureuse nouvelle. Nous comprendrons combien nous sommes redevables à notre divin Rédempteur, l'auteur de si grands biens, et de quel amour nous devons être embrasés pour lui ; et quoique, au témoignage d’lsaïe, ni le langage de l'homme ne puisse décrire, ni son intelligence concevoir la grandeur de ces bienfaits : « L'oeil n'a point vu, hors vous seul, Ô Dieu, ce que vous avez préparé à ceux qui espèrent en vous, » oculus non vidit, Deus, absque te, quæ præparasti exspectantibus te, Isa. LXIV, 4, nous ne laisserons pas néanmoins de nous en faire quelque idée, en considérant, soit la majesté du Rédempteur, soit la dignité du
sacrifice qu'il a offert pour nous.

En effet, l’œuvre de notre rédemption ayant été confiée au Fils unique de Dieu, associé à la gloire de son Père, quelles richesses, quels dons, quelles grâces n'étions-nous pas en droit d'attendre de lui ? Pouvait-il venir à nous pauvre et les mains vides, le souverain Maître de l'univers, dans le sein duquel « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu ? » Coloss. 11, 3. Non, certes ; ses richesses, au contraire, devaient surpasser ce que toute intelligence d'homme ou d'ange est capable de concevoir. Saint Paul les appelle incompréhensibles, investigabiles ( Ephes. III, 8 ), parce que leur dignité et leur grandeur défie tous les efforts de l'intelligence. De là ces paroles du Prophète royal : Le Seigneur est rempli de miséricorde, et on trouve en lui une rédemption abondante. » Apud Dominum misericordia, et copiosa apud eum redemptio. Ps. CXXIX, 7. Rédemption si abondante, trésor si précieux de la grâce divine, que la rançon payée à Dieu le Père pour le rachat des captifs dépassa ce qui lui était dû. Isaïe nous le fait entendre quand il dit : « Il a reçu de la main du Seigneur une satisfaction double pour tous ses péchés, » suscepit de manu Domini duplicia pro omnibus peccatis suis, Isa. XL, 2, c'est-à-dire, selon un interprète, il a fourni à la justice divine une satisfaction surabondante pour les péchés des hommes. Car le poids de leur rançon fut plus lourd que celui de leurs crimes. Ils obtiendront donc de Dieu, par les mérites du sacrifice de Jésus-Christ, beaucoup plus de grâces qu'ils n'en avaient perdu par leurs iniquités. Le même Prophète annonce ainsi la magnificence de ces bienfaits : « La terre a été remplie de la connaissance du Seigneur, semblable aux eaux de la mer débordée, » repleta est terra scientia Domini, sicut aquæ maris operienlis. On ne pouvait mieux exprimer l'abondance des grâces divines qu'en les comparant aux eaux de la mer ; cependant le Prophète ajoute un trait de plus, en disant : de la mer débordée, ce qui arrive à l'époque de la pleine lune, alors que la mer s'enfle et couvre ses rivages.
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Laetitia
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Ces grands bienfaits, ces richesses spirituelles de la sagesse et de la grâce, notre Seigneur Jésus-Christ les apporta avec lui, lorsque, par les entrailles de sa miséricorde, « le soleil levant nous visita d'en haut. » Luc. 1, 78. Le Prophète royal annonce clairement cette abondance des biens de l'âme, qu'il compare aux eaux matérielles, dans ce passage : « Vous avez visité la terre, et vous l'avez enivrée ; vous l'avez comblée de toutes sortes de richesses : le fleuve de Dieu a été rempli d'eau. » Visitasti terram, et inebriasti eam ; multiplicasti locupletare eam : flumen Dei repletum est aquis. Ps. LXIV, 10. Au reste, tout le monde sait, et nous l'avons expliqué ailleurs (Sermon sur la Samaritaine), que les saintes Lettres désignent sous le nom d'eau les richesses de la grâce divine. L'eau, en effet, lave les souillures, féconde la terre, tempère la chaleur, étanche la soif, toutes choses que la grâce divine opère à sa manière dans l'âme des fidèles. Que dis-je ? cette eau spirituelle a une vertu bien plus excellente que l'eau matérielle, puisqu'elle jaillit pour la vie éternelle, et donne cette vie à ceux qui la boivent : c'est pourquoi le Sauveur, dans l’Évangile, l'appelle une « eau vive. » L'abondance avec laquelle cette eau s'est répandue dans le monde par la venue de notre Seigneur, nous est marquée, dans le passage du Prophète rapporté plus haut, par les expressions enivré, comblé, rempli. En outre, à la différence de cette fontaine fermée et scellée, dont parle le Cantique (chap. IV ), ces eaux divines sont offertes à tous ceux qui veulent y puiser, selon la promesse du prophète Zacharie : « En ce jour-là, dit-il, il y aura une fontaine ouverte à la maison de David et aux habitants de Jérusalem, pour y laver les souillures du pécheur et de la femme impure. » In die illa erit fons patens domui David, et habitantibus Jerusalem, in ablutionem peccatoris et menstruatæ. Chap. XIII, 1. Cette fontaine sera donc, non pas scellée, mais ouverte, de telle sorte que chacun, à son gré, y boira et y lavera ses souillures. Enfin Isaïe prédit à la fois et l'abondance de cette eau et la facilité de se la procurer, lorsque, parlant des richesses de l’Église, il dit : « Je ferai sortir des fleuves du haut des collines, et des fontaines du milieu des champs; je changerai le désert en des étangs, et la terre sèche et sans chemin en des eaux courantes. » Aperiam in supinis collibus flumina, et in medio camporum fontes : ponam desertum in stagna aquarum, et terram inviam in rivos aquarum. Isa. XII, 18.

Ce n'est pas assez pour notre Seigneur d'avoir ouvert à tous, sans acception de personnes, l'entrée de cette source de grâces ; lui-même, avec une charité et une condescendance plus que paternelle, nous invite à haute voix à venir y puiser. Nous lisons dans saint Jean : « Le dernier jour de la fête, qui en est le plus solennel, Jésus, debout, disait à haute voix : Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. Celui qui croit en moi, de son sein, comme dit l’Écriture, couleront des fleuves d'eau vive (VII, 37); » en d'autres termes, son âme sera remplie des trésors de la grâce divine, principe pour lui de la vie de la grâce et de la vie de la gloire, c'est-à-dire d'une vie très-sainte et très-heureuse. Le saint Évangéliste nous fait bien voir par ces paroles la brûlante charité du Sauveur et le désir ardent qu'il a de faire du bien aux hommes. D'abord, ce n'est point en un jour ordinaire, où les hommes s'assemblent rarement, c'est dans une fête solennelle que Jésus invite à ces eaux ; ce n'est pas étant assis, et sur le ton habituel de la conversation, mais debout et à haute voix qu'il crie : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive. » L'esprit humain peut-il désirer quelque chose de plus ? Qui ne reconnaîtrait pas ici les entrailles de miséricorde de Jésus-Christ ? On dirait qu'il a besoin de nous pour assurer sa félicité, tant il nous invite et nous presse de venir à lui, tant il nous accorde de grâces et de secours spirituels pour nous y aider.

Ô immense bonté de notre Dieu ! Ô charité ineffable envers le genre humain ! Ô condescendance digne d'être éternellement louée ! Ne pouvons-nous pas dire ici en toute vérité que « les sources du grand abîme des eaux ont été rompues, que les cataractes du ciel ont été ouvertes, et qu'un déluge de grâces s'est répandu sur la terre ? » Gen. VII, 11, 12. Si le sens humain s'étonne et éprouve de la peine à croire, considérons la majesté et la dignité du Rédempteur, dignité que le Prophète exprime d'un mot : « Dieu viendra lui-même, et il vous sauvera. » Deus ipse veniet, et salvabit vos. Isa. XXXV, 4. Que ne pouvons-nous pas espérer d'un tel Sauveur ? Ne brûlerons-nous pas d'amour pour celui qui nous a comblés de tant de biens ? N'aurons-nous pas toujours son souvenir dans notre cœur ? Ne chanterons-nous pas perpétuellement ses louanges ? Ne ferons-nous pas servir à sa gloire tous les soins, toutes les pensées, toutes les tendances de notre vie ? Pour l'amour de lui, enfin, ne donnerons-nous pas notre vie elle-même? C'est donc un crime capital, un crime contre nous-mêmes, une ingratitude monstrueuse de ne pas rendre à Dieu cet hommage qui lui est si légitimement dù, et qu'il réclame de nous avec tant de force.
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III.

Et maintenant, mes frères, arrivons à ce qui nous regarde plus directement, et comparons notre situation à celle des Juifs.

Il est certain que cette paix dont parle le Sauveur, en d'autres termes, cette félicité, cette abondance de dons célestes et de grâces, ne nous a pas été moins offerte qu'au peuple juif. Car « Jésus-Christ était hier, il est aujourd'hui, et il sera aux siècles des siècles. » Christus heri, et hodie, ipse et in sæcula, Hebr. XIII, 18. Écoutez comment, dans un prophète, le Père céleste parle à son Fils : « C'est peu que vous soyez mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour convertir à moi les restes d'Israël. Je vous ai établi pour être la lumière des nations et le salut que j'envoie jusqu'aux extrémités de la terre. » Parum est ut sis mihi servus ad suscitandas tribus Jacob et fæces Israel convertendas. Ecce dedi te in lucem gentium, ut sis salus mea usque ad extremum terræ. Isa. XLIX, 6. Le salut apporté par Jésus-Christ est donc envoyé aussi bien aux Gentils qu'au peuple juif. Qu'avons-nous donc reçu de moins qu'eux ? Ils ont vu le Sauveur présent, ils ont entendu sa doctrine salutaire, ils ont été témoins de ses miracles, de ses vertus éclatantes. Est-il un seul de ces avantages qui nous manque ? Tout cela a été, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, relaté et consigné dans l'Evangile ; là nous pouvons entendre les enseignements de Jésus-Christ ; là nous pouvons lire le récit de ses miracles, nous avons sous les yeux les exemples admirables de son humilité, de sa douceur, de sa charité, de sa pauvreté, de son invincible patience, de son obéissance héroïque. Quant à la présence du Sauveur, celui qui ne saurait tromper nous l'a promise dans ces mémorables paroles : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la consommation des siècles. » Matth. XXVIII, 20. Que si nous désirons une autre présence, la présence personnelle de Jésus parmi nous, nous la trouvons dans la sainte Eucharistie, où l’œil de la foi le contemple sous les voiles qui le cachent aux yeux du corps. Bien plus, tandis qu'autrefois il est venu dans le monde pour le salut du monde, il descend aujourd'hui par la sainte communion dans le cœur de chaque fidèle en particulier. Demeurant ainsi avec nous sur la terre, il y prend soin de nous, sans cesser de le faire dans le ciel, d'où il nous conduit par son esprit, d'où il nous dirige et nous défend, où il intercède pour nous auprès de son Père. Avons-nous donc quelque chose à envier aux Juifs qui furent ses contemporains ?
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Laetitia
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Re: Sermon du Vénérable Louis de Grenade pour le IXe dimanche après la Pentecôte

Message par Laetitia »

Examinons donc, mes frères, si, comblés de bienfaits semblables, nous connaissons mieux que les Juifs le temps de la visite du Sauveur; si, favorisés des mêmes grâces, nous en profitons pour faire des progrès dans la justice et la sainteté. Ah ! Je crains bien que les larmes de Jésus ne déplorent l'aveuglement d'un grand nombre d'entre nous ! Je crains bien qu'il ne parle aussi de nous quand il dit : « Si tu avais connu, toi aussi, si tu connaissais du moins en ce jour qui t'est encore donné, ce qui ferait ta paix ! » Combien, parmi les chrétiens de nos jours, pour qui Jésus-Christ est venu inutilement, qui ne retirent aucun profit de ses enseignements, qui négligent d'imiter ses admirables exemples de vertu, qui ne se souviennent point de ses bienfaits, qui ne rappellent jamais à leur souvenir le mystère de sa passion, qui ne mettent jamais sous leurs yeux l'immense bonté, l'incompréhensible miséricorde dont il a fait preuve dans l’œuvre de leur salut, qui ne s'approchent que par contrainte de la source salutaire des sacrements, pour y trouver le remède de leurs maladies, et des moyens de persévérer dans la vertu ? Or, que me sert-il que le céleste Médecin soit venu sur la terre, apportant avec lui de si précieux remèdes, si je refuse de m'approcher de lui et des sacrements qu'il m'invite à recevoir ?

Ainsi, mes frères, cette abondance de dons célestes apportée au monde par l’Évangile excite, d'une part, l'amour divin dans les âmes pieuses et dociles, dans les cœurs reconnaissants ;mais elle attire, de l'autre, un châtiment plus terrible sur les méchants qui en abusent et se flattent du vain espoir d'un salut facile. Car si la grandeur des bienfaits ajoute à la vivacité de l'amour et de la reconnaissance, l'abus et la négligence des grâces reçues met le comble à la culpabilité du pécheur. C'est ce que nous fait entendre cette menace de Jésus-Christ : « Malheur à toi, Corozaïn ; malheur à toi, Bethsaïde ! » Et pourquoi, Seigneur ? « Parce que, dit-il, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, l'avaient été dans Tyr et dans Sidon, elles eussent depuis longtemps fait pénitence dans le cilice et dans la cendre. » Matth. xi, 21. La raison de cette terrible menace est donc que ces deux villes, auxquelles tant de miracles et d'exemples du Sauveur auraient dû inspirer la foi et la vertu, demeurèrent incrédules et impénitentes. Vous voyez, chrétiens, combien il est dangereux de recevoir de Dieu de grandes grâces, des moyens puissants de salut, et de n'en pas profiter.

Mais pourquoi nous arrêter à ces exemples, lorsque nous en avons un dans l'évangile de ce jour qui surpasse tous les autres, et où nous pouvons voir la souveraine bonté de notre Seigneur, et la souveraine rigueur de sa justice ? Est-il, en effet, une bonté plus grande que celle qui porta le Dieu du ciel et des anges à descendre sur la terre en la forme de notre humanité, à visiter le peuple juif, et, par des œuvres et des bienfaits dignes de l'admiration de tous les siècles, à s'efforcer d'élever les hommes au partage de sa divinité et de sa béatitude ? Quoi de plus admirable que ce bienfait, que cette bonté, que cette condescendance ? Mais aussi comme sa justice éclate dans le châtiment de ce peuple ingrat, rebelle et endurci, qu'il livre au pillage et à la ruine, qu'il condamne à périr par le glaive, par la famine et la captivité ! Or, si les Juifs ont été si sévèrement punis de leur révolte et de l'abus des grâces divines, que ne devons-nous pas craindre, nous qui avons reçu les mêmes bienfaits, et ne sommes pas devenus meilleurs qu'eux ? Est-ce que nous n'avons pas à redouter un châtiment semblable, sinon plus grand ? Est-ce que Dieu connaît l'injustice ou fait acception des personnes, pour que, le crime étant le même, la sentence soit différente ?
(à suivre)
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