Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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Laetitia
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Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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Neuvaine à Saint Vincent de Paul qui peut servir de préparation à la fête de ce saint ou pour demander un grâce particulière.
Tirée de l'ouvrage Maximes spirituelles de Saint Vincent de Paul, Paris 1808.
PREMIER JOUR.

La foi de saint Vincent de Paul.


Qui confitebitur me coram hominibus, confitebor et ego eum, coram Patre meo qui in cælis est. S. MATHIEU. 10. v. 32.

PREMIER POINT.

Un chrétien fidèle à Jésus-Christ, est attentif et empressé à faire connaître en toute occasion qu'il appartient à ce divin Maître. Un chrétien lâche et négligent, au contraire, rougit chaque jour d'appartenir à Jésus-Christ. C'est aux âmes fortes que Dieu réserve les épreuves les plus pénibles ; c'est par-là qu'il distingue ses plus grands serviteurs. Vincent eut à soutenir de rudes combats, et il en sortit avec le titre de confesseur de la foi.

Étant tombé entre les mains des Infidèles, il se vit avec joie dépouillé de ses biens, persuadé que Dieu lui en réservait d'autres plus solides, que les corsaires ne pourraient jamais lui enlever.
Il se vit, avec plaisir, chargé de chaînes, exposé en vente, livré à des maîtres cruels. Il ne vit en eux que le Maître souverain de l'univers, et il les servit si fidèlement, qu'il parvint à se concilier leur amitié.

Cette affection de ses maîtres mit la foi de Vincent à une épreuve plus redoutable que les menaces et les tourments. Elle lui présenta d'abondantes richesses, une fortune brillante, et surtout la cessation de l'esclavage où il se trouvait. Le démon lui dit plus d'une fois je te donnerai tous ces biens, si tu t'abaisses devant moi (a).

Mais plus inébranlable qu'un rocher, ce ministre fidèle ne céda à aucune sollicitation. Il ne perdit jamais de vue le Dieu qu'il adorait, et il chanta constamment ses louanges au milieu d'un peuple barbare. Il fit plus, il parla avec tant de douceur à son maître, qu'il le gagna à Jésus-Christ. Il sortit ainsi triomphant de sa prison où il avait été chargé de chaînes, et il enleva au démon les armes dont il s’était servi pour l'attaquer, en ramenant dans le sein de l'Église ce maître, qui avait eu le malheur d'apostasier.

(a) S. Math. 4. v. 9.
(à suivre)
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Laetitia
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SECOND POINT.

La foi de Vincent de Paul eut à soutenir d'autres assauts, d'autant plus dangereux, que ceux qui les lui livraient cachaient leur mauvais dessein sous le spécieux prétexte de réformer les mœurs, de rendre à la doctrine sa première pureté, et à l'Église sa première splendeur.
La nouvelle Congrégation que Vincent venait d'établir, et qui avait pour but de former les ecclésiastiques aux fonctions du saint ministère, leur parut un moyen très-heureux pour disséminer leur funeste doctrine. On entreprit de gagner Vincent : louanges, bons offices, étalage d'érudition, gémissements douloureux sur les désordres des Peuples et du Clergé, tout fut mis en œuvre ; mais quelques mots échappés contre l'Église et contre le Concile de Trente, éveillèrent l'attention de Vincent, qui rompit dès lors tout commerce avec ces faux docteurs.
Pour se venger de cette prudente conduite, ils se répandirent contre lui en injures grossières ; mais elles ne firent que rehausser la gloire de Vincent, et exercer sa patience héroïque. Cependant il ne crut pas avoir manifesté avec assez d'éclat la foi qu'il professait, s'il ne s’opposait pas à l'erreur, s'il ne la poursuivait, s'il n'armait contre elle et le zèle des Prélats et la sagesse des Conseils, s'il ne tâchait de lui fermer toutes les entrées, et dans le Clergé, et dans les Monastères. Les soins qu'il se donna ne furent pas sans succès, et Dieu couronna ses efforts par des bénédictions abondantes.

TROISIÈME POINT.

La foi lui fit préférer l'instruction des pauvres à celle des riches : ce fut aux pauvres qu'il consacra tous les services des deux Congrégations qu'il établit. La foi le tint caché dans l'obscurité des prisons, dans les hôpitaux, dans les assemblées des habitants des campagnes. Il chercha, par ses missions, à instruire, à consoler les pauvres, à les rappeler à la pratique des vertus chrétiennes. Il supporta, pour les gagner à Dieu, et la rigueur des saisons et la grossièreté des peuples, et les persécutions que les méchants lui suscitèrent plus d'une fois.
Peu content d'avoir porté les lumières de l'instruction et d'avoir réformé de grands abus dans plusieurs États de l'Europe : son zèle s'étendit au-delà des mers : l’île de Madagascar, l'Amérique, l'Asie, l'admirèrent dans ses disciples, qui portèrent sa foi et son esprit au milieu de ces contrées barbares.
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Laetitia
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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Maximes du Saint.

1°. Il suffit que l'Église nous propose de croire quelques vérités de la foi, pour que nous ne puissions jamais nous tromper, en nous y soumettant et en les croyant fermement.
2°. L'humble soumission et l'obéissance aux décrets des Souverains Pontifes, est un bon moyen pour discerner les véritables enfants de l'Église, de ceux qui lui sont rebelles.
3°. Notre esprit peut quelquefois être convaincu par des raisons fortes et solides, mais elles doivent toujours être subordonnées aux vérités de la foi.


Réflexions et Pratiques.

La foi est l'hommage le plus parfait que l'homme puisse rendre à la souveraine vérité. Elle doit être la règle, la base de notre conduite. Mais rien n'est plus rare dans ces temps malheureux ;ce qui doit nous rappeler ces paroles de notre divin Rédempteur : Croyez-vous que lorsque le Fils de l'Homme viendra, il trouve encore de la foi sur la terre ? (b)

Rien ne peut assurer notre salut, qu'une conduite parfaitement conforme aux vérités de la foi. Comparez donc votre conduite avec votre foi ; examinez si vos pensées, vos désirs, vos sentiments, sont conformes à votre croyance.

Ayez soin que tous vos discours, toutes vos démarches soient appuyés sur ce fondement inébranlable, et prenez garde de vous tromper sur ce point essentiel ; car la foi, sans les œuvres, est morte (c).

Rappelez-vous souvent ces paroles de Notre-Seigneur : Celui qui me reconnaîtra et qui fera connaître aux hommes qu'il est mon disciple, peut être assuré que je le reconnaîtrai devant mon Père qui est dans les Cieux (d).

Ne craignez donc jamais d'accomplir devant les hommes les devoirs que la foi vous impose.
Évitez aussi très soigneusement toute nouveauté dans les choses qui intéressent la foi. Demandez à Dieu très-souvent cette vertu, en lui disant avec les Apôtres : Seigneur, augmentez en nous la foi (e).

Priez souvent pour les ministres de l'Église, et pour les peuples qu'ils instruisent dans toutes les contrées de l'univers.

Estimez-vous heureux, lorsque, par vos prières, par vos aumônes, par vos sages conseils ou par vos bons exemples, vous avez pu concourir à la conversion de quelque pécheur.
Examinez si vous avez connu ce devoir, et comment, jusqu'à ce moment, vous vous en êtes acquitté.

(b) S. Luc, 18. v. 8.1
(c) S. Jacq. c. 2. V. 26.
(d) S. Math. 10. v. 32.
(e) S. Luc, 17. v. 5. 168
(à suivre le second jour de la neuvaine)
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Laetitia
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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SECOND JOUR.

Quel fut le maître qui instruisit saint Vincent de Paul.


Discite à me. S. MATHIEU, 11. V. 29.
Apprenez de moi.


PREMIER POINT.

Notre Seigneur Jésus-Christ invite tous les hommes à venir s'instruire auprès de lui. Dieu son Père l'a envoyé pour enseigner tous les hommes, et il leur ordonne d'écouter les leçons célestes que leur donne son Fils : Ipsum audite (a). La doctrine de ce divin Maître est pure. Il l'a confirmée par mille prodiges. Annoncée sans art, publiée sans aucun des moyens humains qui pouvaient l'accréditer, combattue avec opiniâtreté, persécutée avec fureur, elle a triomphé de tout. Semblable au grain de sénevé, la plus faible de toutes les semences (b), elle est devenue un grand arbre, et a vu sécher à ses pieds les plantes orgueilleuses des doctrines nouvelles. C’était surtout des saintes maximes de la foi que Vincent aimait à s'instruire. Jésus-Christ était son premier maître il le consultait dans toutes les circonstances ; il observait, il étudiait attentivement de quelle manière Jésus-Christ avait agi.

S'il était obligé de parler, de répondre, de prescrire quelques règles à sa Congrégation, d'instruire les pauvres ou les ecclésiastiques, il soumettait ses démarches à ce Maître divin, et il en écoutait les oracles. Il ne prononçait pas une parole, sans avoir entendu la voix de celui qui peut seul porter la vérité au fond des cœurs, et la faire aimer.

Jésus-Christ donne encore les leçons qu'il donna à ses disciples ; mais, hélas ! son école est presque déserte. Le sifflement du serpent infernal, la voix séduisante du monde, le tumulte des passions nous étourdissent tellement, que nous devenons sourds à ses instructions salutaires.

Donnez-nous, Seigneur, non-seulement un esprit attentif pour écouter vos saintes paroles, mais encore un cœur docile pour mettre en pratique vos instructions.

(a) S. Mathieu, 17. v. 5.
(b) S. Mathieu, 13. v. 32.
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Laetitia
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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SECOND POINT.

L'Évangile est la voix de Jésus-Christ, et les maximes qui y sont contenues sont les paroles de ce Maître céleste. Vincent de Paul lisait continuellement ce livre divin, dans les mêmes sentiments que s'il avait entendu la voix même de Jésus-Christ, et il y puisait les plus excellentes instructions. En les méditant, il voyait les ténèbres de son esprit se dissiper ; il apprenait à n'avoir que du dégoût pour le monde ; il sentait se ranimer son espérance, et sa charité s'enflammer toujours davantage. Sans s'occuper de spéculations subtiles et vaines, l'humble disciple considérait dans les vertus que l'Évangile lui présentait, le modèle constant de toutes ses actions. C'est d'après ces oracles, qu'il réglait ses pensées, ses desseins, et qu'il dirigeait les deux œuvres les plus chères à son cœur, la Congrégation des Prêtres de la Mission, et celle des Filles de la Charité ; convaincu que des règlements appuyés sur ces vérités saintes, résisteront toujours à tous les orages.

Une profonde vénération, une foi simple, une intention bien pure, étaient les saintes dispositions avec lesquelles Vincent lisait chaque jour l'Évangile.

Recourons nous-mêmes à cette source divine : elle est aussi abondante pour nous qu'elle le fut pour lui ; mais ayons une fidélité égale à la sienne, pour mettre en pratique les connaissances que nous y puiserons.

TROISIEME POINT.

Toutes les maximes que Jésus-Christ enseigne dans l'Évangile, sont confirmées par les différentes actions que ce divin Sauveur a faites sur la terre : c'est le second livre où Vincent de Paul puisait ses connaissances. Il avait toujours les yeux fixés sur ce parfait modèle, et il en étudiait successivement tous les traits.

Son amour rendait ses yeux si attentifs et si pénétrants, qu'il en saisissait jusqu'aux moindres détails. Il considérait Jésus-Christ dans sa prière ; il le contemplait au milieu de ses peines et de ses douleurs ; il le voyait converser avec Dieu son Père, avec ses disciples, avec des pécheurs, avec ses ennemis; il le suivait partout, dans la solitude, dans les places publiques, sur le Tabor, sur le Calvaire.

Sa foi allait le chercher chez les pauvres, dans les maisons des riches, sur le trône, dans les prisons. Voulant perpétuer la mission du Fils de Dieu, il crut ne pouvoir pas mieux éclairer le monde qu'en y réfléchissant la lumière de ce soleil de toute justice. Il voulut donc être le fidèle imitateur de Jésus-Christ, comme Jésus-Christ avait été l'imitateur de Dieu son Père.

Nous avons sous les yeux le même modèle ; nous avons la même obligation de l'imiter : copions-en donc tous les traits par notre conduite et nos bonnes œuvres.

Ô divin Jésus ! modèle vivant de tous les justes, tenez-nous toujours par la main et conduisez-nous.
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Laetitia
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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Maximes du Saint.

1°. Il est nécessaire que Jésus-Christ opère avec nous, et nous avec lui ; que nous parlions comme lui; que nous soyons animés de son esprit ; que nous soyons en lui, comme il était en son Père. Il ne prêchait que la doctrine que son Père lui avait enseignée.
2°. Nous devons faire profession de régler toutes nos démarches sur la doctrine de Jésus-Christ qui ne peut jamais nous tromper, et non sur les maximes trompeuses du monde.
3°. On doit se proposer d'imiter le Fils de Dieu, qui commença par faire et qui ensuite enseigna (c). Il faut avoir pratiqué soi-même pendant longtemps, ce qu'on veut enseigner aux autres.


Réflexions et Pratiques.

Le monde ne présente au chrétien qu'un sujet de douleur et de désolation, parce qu'il ne s'y trouve personne qui réfléchisse sérieusement (d). Les hommes vivent dans une dissipation continuelle : ils ne s'occupent que des choses de la terre.

N'est-ce pas la situation où vous vous trouvez ? Ne voulez-vous pas sortir de ce funeste état ? Rappelez-vous que Jésus-Christ est votre véritable Maître, que lui seul peut enseigner toute vérité. Remplissez votre esprit et votre cœur de ses maximes et de sa doctrine. Dites-lui souvent comme Samuel et comme saint Vincent de Paul : Parlez, Seigneur, parce que votre serviteur vous écoute (e).

Lisez avec une grande attention le cinquième chapitre de l'Évangile de saint Mathieu ; méditez les conseils et les commandements qui s'y trouvent, et faites en la règle de votre conduite. Ne vous contentez pas d'une réflexion superficielle qui n’aperçoit la vérité que rapidement et dans le lointain. Appliquez-vous à la graver dans votre cœur, à en pénétrer votre esprit, à y conformer toutes vos démarches.

Demandez à saint Vincent de vous obtenir la grâce de profiter des méditations que vous faites, et la grâce d'exécuter fidèlement les résolutions que vous y prenez.

Déterminez chaque jour quelque moment, où vous examinerez si vous avez été fidèle à vos résolutions.

(c) Act. c. 1. V. 1.
(d) Jérémie. c. 12. V. 11.
(e) I. Liv. des Rois. c. 3. v. 10.
(à suivre le troisième jour)
Doumé
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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Merci Laetitia,

C'est un de mes saints préférés.
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

Message par Laetitia »

TROISIÈME JOUR.

Douceur de S. Vincent de Paul.


Discite à me quia mitis sum. S. MATH. 11. V. 29.
Apprenez de moi que je suis doux.

PREMIER POINT.

La première leçon que Vincent apprit à l'école de Jésus-Christ, fut celle d'être doux. Son tempérament bilieux lui rendit difficile l'acquisition de cette vertu. Les Saints, pendant leur séjour sur la terre, ne sont pas exempts de passions ; mais ils les domptent et s'en rendent maîtres, Vincent triompha si parfaitement de la colère, il prit tant de soin pour en réprimer jusqu'aux plus légers mouvements, qu'à peine pouvait-on les apercevoir en lui.
Oh ! combien d'efforts ne lui coûta pas cette victoire ! Souvent attaqué par des sentiments violents, il ne permettait pas à la colère d'agir sur ses sens extérieurs : quand il se sentait ému, il gardait le silence. Il craignait jusqu'à l'ardeur que le zèle inspire, et il attendait que le calme se rétablît dans son âme, pour s'occuper de faire le bien.

Lorsqu'il lui échappait quelque mot qui se ressentait de l'impatience, que ne faisait-il pas pour réparer sa faute et pour la punir lui-même avec sévérité. Aveu public de son prétendu manquement, posture humiliante aux pieds de ceux qui en avoient été les témoins et qui à peine s'en étaient aperçus, services empressés pour réparer le dommage à peine sensible qu'il croyait avoir causé, prières nouvelles et plus fréquentes adressées à Dieu pour obtenir plus de force, nouveau courage contre de nouvelles attaques : ce fut par ces moyens que Vincent parvint à changer, en quelque sorte, son caractère, et qu'il apprit de Jésus-Christ à être doux.

Employons les mêmes armes, et, avec la grâce de Jésus-Christ, nous obtiendrons les mêmes succès.
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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

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SECOND POINT.

Vincent ne se borna pas à ces premiers triomphes. Il crut qu'il ne suffisait pas d'apprendre à l'école de Jésus-Christ à réprimer et à punir sévèrement jusqu'au plus léger mouvement de colère ; qu'étant né pour la société, il devait pratiquer la douceur, qui en est le plus aimable lien. Il revint à son Maître et à son modèle, Jésus-Christ. Il remarqua les charmes qui accompagnaient ses paroles, la sérénité de son front, l'affabilité avec laquelle il accueillait les petits enfants, les pauvres, les pécheurs, les malades ; la bonté dont il usait avec ses disciples, quoiqu'ils fussent grossiers et ignorants ; le calme qu'il conservait au milieu de ces troupes immenses de peuple qui l’environnaient, et il chercha à l'imiter en tout. Pour y réussir, il se rendit d'un abord facile et gracieux. Il paraissait dans l'accablement des affaires comme dans les moments libres ; il accueillait tous ceux qui se présentaient avec la même douceur et la même affabilité ; il les écoutait avec une tranquillité et une attention toujours égales ; il les obligeait avec le même empressement et le même zèle, et les renvoyait comblés des mêmes consolations. Il eut craint, en se montrant ennuyé ou distrait ou trop occupé, de rompre le roseau à demi brisé, ou d'éteindre la mèche qui fumait encore (a).

Il assaisonnait d'une si tendre cordialité les reproches ou les corrections que le zèle ou le devoir le contraignait de faire, qu'il en ôtait toute l'âpreté et toute l'amertume.

C’était par ces manières si gracieuses, que Vincent attirait tant de monde dans sa Communauté de Saint-Lazare, et qu'il se conciliait l'affection des grands et des petits. Voilà ce qui assura le succès des entreprises si multipliées et si difficiles dont il s'occupa, et qui paraissent vraiment des prodiges à tous ceux qui les considèrent. Sa douceur pénétrait dans les cœurs, et à l'instant ils se rendaient à ses désirs.

C'est ainsi que nous pourrons posséder la terre, et gagner les âmes à Dieu (b).

(a) S. Math. 12. v. 20.
(b) S. Math. 5. v. 4.

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Re: Neuvaine à Saint Vincent de Paul

Message par Laetitia »

TROISIÈME POINT.

Il faut voir encore à quelles épreuves fut mise la douceur de Vincent. Il en eut de terribles à soutenir, et non-seulement il s'y montra aussi calme que dans les temps de sa vie les plus sereins, il y parut même plus grand, et sa douceur brilla d'un nouvel éclat.

Des maladies très-longues et très-douloureuses, des calomnies atroces, des reproches que jamais il n’avait mérités, la perte de ses biens, de ses amis, et surtout des meilleurs sujets de sa Congrégation, rien ne fut capable de faire perdre à notre saint prêtre sa tranquillité. Un regard vers Dieu, arbitre souverain de tous les évènements, un autre regard sur ses péchés qui le rendaient digne, disait-il, de châtiments plus grands encore, étouffaient en lui tout sentiment d'impatience, faisaient même renaître la joie sur son visage, et lui faisaient remercier le Seigneur par des cantiques d'actions de grâces.

Il ne se bornait pas là ; mais après avoir payé à Dieu le tribut de sa reconnaissance, il l’étendait jusqu'aux auteurs de toutes ses disgrâces. Loin de leur donner le moindre signe de mécontentement ou de leur témoigner la moindre peine, il les comblait de bienfaits, il les excusait, il publiait tout le bien qu'il en savait, et pensait leur avoir de grandes obligations ; de manière que pour être accueilli de Vincent avec distinction, et pour en obtenir de prompts services, il suffisait d'avoir mis sa patience à quelque épreuve.

Pourquoi n'aurions-nous pas le courage de suivre de si beaux exemples ? La même récompense est réservée à la même fidélité.
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