Neuvaines au Saint-Esprit

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Laetitia
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Neuvaines au Saint-Esprit

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S.S. LEON XIII invite les catholiques à faire une neuvaine préparatoire à la Pentecôte.
Nous avons jugé bon d’insister et d’exhorter la piété des catholiques afin qu’à l’exemple de la Vierge Marie et des saints Apôtres, ils veuillent bien, durant la neuvaine de la prochaine fête de la Pentecôte, adresser à Dieu des prières communes, avec une ardeur particulière en répétant cette supplication : Emitte spiritum, tuum, et creabuntur et renovabis faciem terrae. (Léon XIII, 5 mai 1895)

Voici des lectures pour tous les jours de la neuvaine.
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Laetitia
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Premier jour :

Le Septénaire sacré des dons du divin Paraclet. — L'alliance de la philosophie et de la science avec la révélation.


Jetons un regard attentif sur le Septénaire sacré dont parle Isaïe (Isaïe, chap. III, 2, 3.). «Une tige sortira de la racine de Jessé, c'est-à-dire la Vierge, et de la Vierge, une fleur, c'est-à-dire son fils Notre-Seigneur Jésus-Christ ; et, dit Isaïe, sur cette fleur, le Saint-Esprit reposera, et lui communiquera l'Esprit de sapience et d'intellect, l'Esprit de conseil et de force, l'Esprit de science et de piété, et il sera rempli de la crainte du Seigneur ; de sorte que l'humanité sacrée de notre Sauveur a été comme une divine fleur sur laquelle le Saint-Esprit s'est reposé pour lui communiquer ses sept dons. Ce qui nous est très bien représenté par ce chandelier d'or avec ses sept lampes, qui était devant le tabernacle de l'ancienne loi, et lequel pouvait être appelé une fleur, parce que ses vases étaient disposés en guise de fleur de lys (Saint François de Sales.).»

Pie IX, de vénérable mémoire, dans l'encyclique et le syllabus parus en 1864, a particulièrement recommandé l'alliance de la philosophie et de la science avec la révélation. Suivons ses exhortations, interrogeons les philosophes païens et chrétiens. Aristote a semblé ressentir comme une influence céleste quand il a dit : « Ceux qui se conduisent par instinct divin n'ont pas besoin de consulter la raison humaine, ils exécutent leur motion intérieure et obéissent à un principe meilleur que la raison (Mor mag. Chap. VII.). »

L'homme a deux sortes de perfection : perfection naturelle qu'il reçoit en nais­sant, perfection surnaturelle qui est l'effet de la grâce sanctifiante et des vertus théo­logales. Les dons sont autant de perfections surnaturelles que répand le divin Esprit dans les facultés de nos âmes fortifiées et perfectionnées par ce moyen.

Tel un sang nouveau apporte au corps, en le vivifiant, une santé plus robuste.
L'entendement humain, étant à la fois spéculatif et pratique, acquiert sa perfec­tion par le don d'intelligence ; l'entende­ment pratique, par le don de conseil. Pour bien juger, le spéculatif a besoin du don de sagesse, et le pratique, du don de science; la volonté, qui est une autre faulté de l'âme, a besoin pour bien agir envers autrui du don de piété, et pour régir ses passions, du don de force ; pour résister au mal, du don de crainte : ces dons s'étendent à tous les objets des ver­tus morales, aussi bien que des vertus intellectuelles, et font l'homme parfait (doctrine de saint Thomas d’Aquin).

Les sept dons sont sept habitudes ou dispositions implantées dans l'âme où ils rési­dent d'une manière permanente : en acti­vant la volonté, ils la rendent capable de produire des actes spirituels de toute espèce.
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Jurisconsultes de l'Eglise, auteurs des lois des saints canons, docteurs, pontifes, pères des conciles, tous ont été illuminés par ces dons.
« Par les sept dons, dit le vénérable Bède, les saints trouvent la porte de la céleste vie : ils sont humbles par la crainte, miséricordieux par l'application à la piété, discrets par la science, libres par la force de l'âme, prudents par le conseil, prévo­yants par l'intelligence, mûrs par la sa­gesse.

Saint Ambroise présume (De sp. cxx) que les dons resteront dans l'autre vie ; ils se développeront sous l'inspiration divine, car dans le ciel, Dieu sera « tout en tous ». Cela s'explique. Les dons proviennent de l'Esprit de Dieu, il les possède à l'état parfait, il en a gardé la plénitude jusqu'à la venue de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

L'humanité sainte du Fils de Dieu incarné est le type surnaturel de la nature : en lui, le premier, Dieu a déposé ses dons excel­lents. Isaïe les a vus se reposer au nom­bre de sept sur le Christ ; ils se sont en­suite répandus sur nous qui sommes ses membres, comme l'huile qui coulait de la tête d'Aaron jusqu'à la frange de ses vêtements.
Donc, ces dons appartiennent à Dieu, et appartiennent aux hommes : aussi nécessaires à la terre qu'au ciel, ils exis­tent au ciel comme sur la terre, mais d'une manière différente.

Isaïe énonce d'abord l'Esprit de sagesse, en descendant jusqu'à l'Esprit de crainte : il prophétisait les dons destinés à Jésus-Christ : l'âme humaine de Jésus de Naza­reth devait, en premier lieu, posséder la haute sagesse par suite de son union avec le Verbe divin.

L'âme chrétienne doit être traitée comme un enfant, auquel on donne au fur et à mesure qu'il grandit, une nourriture plus substantielle pour lui former un solide tempérament.

Aussi l'homme qui veut monter au sommet de la perfection, au moyen des dons du Saint-Esprit, doit-il les étudier dans l'ordre inverse de celui qu'indiqne le pro­phète. Pour cette raison si judicieuse, nous commencerons par la crainte, le moins par­fait des dons, et nous terminerons par le plus sublime, la sagesse.

Le septénaire sacré est vraiment la lyre à sept cordes dont parle la sainte Ecriture : les cordes dociles, vibrant « sous le doigt de Dieu », produisent par leur merveilleux ensemble, une admirable harmonie qui entraîne, charme, console les cœurs de la terre, et réjouit les esprits du ciel.
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Second jour :

DON DE CRAINTE


Une nuit, pendant sa fuite, Jacob vit en songe une mystérieuse échelle qui, ap­puyée sur la terre, du sommet touchait au paradis. Des anges à figure humaine en franchissaient rapidement les degrés ; au haut, il aperçut le Seigneur et entendit sa voix.

A son réveil, voulant consacrer le souve­nir de ce songe, le fils d'Isaac oignit d'huile la pierre sur laquelle il avait reposé sa tête (1).

Ce songe symbolique figure assez juste­ment les confirmés gravissant à l'aide des dons du Saint-Esprit les degrés qui mè­nent au ciel. Dieu les suit dans cette ascen­sion, afin de les encourager par sa parole intérieure et, s'ils tombent, de les relever au moyen des sacrements que représentent aussi les échelons.

Aujourd'hui, nous allons essayer de mon­ter le premier de ces échelons, celui qui est le plus rapproché de la terre : le don de crainte.

« L'homme s'éloigne de Dieu quelque­fois à cause des maux qu'il redoute : c'est ce qu'on appelle la crainte humaine ou mondaine ; d'autres fois, l'homme se tourne vers Dieu à cause de ces mêmes maux qu'il craint : ces maux sont de deux sortes : ceux qui attirent le châtiment, ceux qui produisent la faute (2). »

(1) Les patriarches conservaient la mémoire des événements principaux par des autels, des pierres dressées et d'autres monuments solides : Abraham éleva des autels dans les divers lieux où Dieu lui était apparu. Jacob nomma Galaad, le monceau de pierres qui fut le signe de son alliance avec Laban; de ce genre était le sépulcre de sa bien-aimée Rachel, le puits nommé Bersabée, et tous les autres puits dont parle l'histoire d'Isaac.
(2) Saint Thomas.

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Des philosophes de l'antiquité, tels que Platon et Aristote, ont cru qu'au delà du tombeau les offenses seraient sévèrement châtiées.

Mais cette espèce de crainte, toute humaine, n'a pu servir de frein au dérèglement des mœurs païennes, elle n'était en tous cas que le germe de la première des craintes.

La première sorte de crainte, appe­lée inférieure ou servile, nous fait crain­dre Dieu, « en tant qu'il châtie les malfaiteurs; mais cette crainte est sem­blable à celle des forçats de galère, qui ne voguent que par force, et ne vogueraient jamais s'ils ne craignaient qu'on les acca­blât de coups de nerfs de bœuf : de même, il y a plusieurs personnes, lesquelles ne quitteraient jamais leur mauvaise vie si elles ne craignaient la mort, le jugement et les peines de l'enfer (1). »

La crainte est donc une sainte terreur des jugements et des vengeances de Dieu ; elle entre dans les desseins de l'Esprit de justice et d'a­mour, créant l'enfer pour effrayer les pécheurs ou les préserver du péché: la crainte s'éclaire à ces sombres flammes, et nous prépare à l'amour du bien, par la vue des suites terribles du mal.

Le prophète royal, parlant au Seigneur, lui dit : « Vous assujettissez sous votre empire les rois et les grands, et les empri­sonnez avec des menottes et des chaînes de fer (2). » Les menottes et les chaînes de fer, c'est la crainte d'être damné, et cette crainte est excellente, pour commencer l'œuvre si nécessaire de notre salut.

La crainte servile, qui n'est autre que la crainte du châtiment, n'existera pas au ciel où l'on est sûr de la béatitude éter­nelle; cette idée, fort logique, est de saint Thomas.
Le Psalmiste a entrevu le don de crainte et paraît l'avoir ainsi défini : « Servez le Seigneur avec crainte, et tressaillez de bon­heur en tremblant devant lui (3). »

(1) D'après saint François de Sales.
(2) Ps. II, 4.
(3) Ps. II, 11.
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Or, saint Paul, ravi au troisième ciel, put voir que les colonnes du ciel tremblent et frémissent à un signe de la tête du Très-Haut ; que les puissances célestes, qui aiment avec ardeur le souverain bien et en sont enivrées pour l'éternité, tremblent également devant sa majesté sainte. Aussi le grand apôtre a-t-il enseigné que la crainte, commencement de la sagesse, selon les saintes écritures, « contribue à l'achèvement de la sanctification (1) », et il confesse humblement qu'il est rigoureux envers lui-même afin de ne pas être ré­prouvé.

Cette crainte dont parle l'apôtre est une crainte supérieure appelée crainte filiale : elle consiste à éviter tout ce qui pourrait déplaire à Dieu, notre père bien-aimé, et nous priver du bonheur du ciel ; elle nous maintient dans la componction et nous rappelle que nous sommes des pécheurs.
« Tous ceux qui sont mus par l'Esprit de Dieu sont enfants de Dieu.
« Aussi n'avez-vous pas reçu l'esprit de servitude pour vous conduire encore par la crainte, mais l'esprit d'adoption des enfants dans lequel nous crions : Abba, Père !
« En effet, l'Esprit lui-même rend té­moignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (2). »

Avec le secours de l'Esprit-Saint, cette crainte peut s'élever encore et devenir en s'épurant la source des sentiments les plus délicats. Croissant en la charité en­vers le prochain et en l'amour de Dieu, elle conduit insensiblement au don de la piété.

« Les petits enfants, a dit le bon saint François de Sales, vivent en une grande confiance : ils ne pensent point que leur père les veuille battre, ni qu'il leur pré­pare un héritage ; ainsi seulement ils s'occu­pent à l'aimer sans penser à autre chose, parce qu'ils sont portés entre ses bras : qu'ils sont nourris, dorlotés et enfin entre­tenus par les soins de leur bon père. »
« La crainte du Seigneur est le principe de la Sagesse; elle est créée avec les hommes fidèles dès le sein de leurs mères. Elle accompagne les femmes choisies et aimées de Dieu, et se fait remarquer dans les justes et dans les fidèles.
« La crainte du Seigneur réjouira le cœur du juste, et lui donnera la joie, l'al­légresse et la longue vie (3). »

(1) Cor. ép. II, chap. VII, 1.
(2) Rom., chap. VIII, 14, 15, 16.
(3) Ecclésiastique, chap. I, 12, 16.
(à suivre)
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Troisième jour :

DON DE PIÉTÉ


« Le meilleur culte que nous puissions rendre aux dieux, disait Cicéron, le plus chaste, le plus saint, le plus rempli d'une vraie piété, est de les adorer toujours d'une bouche et d'un cœur purs, sincères et incorruptibles.»

D'après les philosophes, la piété est donc une disposition du cœur à l'égard de la divinité, disposition qui porte à lui rendre tous les hommages qui lui sont dus, et à remplir les devoirs qu'elle impose.

Il y a plusieurs genres de piété. A Rome, on consacra jadis un temple à la piété filiale de Terentia, qui, bravant tous les dangers, parvint à nourrir de son lait, son vieux père condamné à mourir de faim, dans sa prison.
La piété envers les morts, sous des formes différentes, a existé chez tous les peuples anciens, elle est en honneur dans les sociétés modernes; et, dans la reli­gion catholique, elle est l'inspiratrice de cette fête consolante des Trépassés, qui suit immédiatement celle de tous les Saints, admirable trait d'union entre l'E­glise triomphante, l'Eglise souffrante et l'Eglise militante.

La piété naturelle fait donc aimer les siens, elle inspire aussi de nobles dévoue­ments envers le prochain et la patrie.

La piété existe à l'état primitif dans le cœur de tous les hommes, comme la fleur sauvage, dans les champs non cultivés.

Le Saint-Esprit est le grand ouvrier qui, au jour du Baptême, vient greffer cette tige et faire, au jour de la Confirmation, épanouir la piété surnaturelle. Portée sur cette fleur mystique, l'âme accomplit son ascension vers le ciel jusque dans le sein de Dieu, et, comme Pierre au Thabor, elle s'écrie dans son extase : « Seigneur ! qu'il fait bon d'être ici ! » La piété surnaturelle n'est pas égoïste : elle recherche Dieu au­quel elle désire dresser une tente dans l'intime de son cœur. Elle en veut aussi préparer d'autres à son prochain, repré­senté par Moïse et Elie, afin de lui faire partager ses joies intérieures, les meil­leures de la vie, les seules qui ne seront pas perdues pour l'éternité.

« Les parfums que l'on met dans les vêtements les embaument et semblent leur communiquer leur essence odoriférante. A combien plus forte raison l'Esprit de Dieu communique son odeur divine aux âmes justes, car il est lui-même l'odeur vivante et énergique de la divinité qui se verse sur la créature, et la rend participante de sa vertu souveraine (1).»
La piété aime le culte si élevé et si tou­chant que l'on rend à Dieu dans ses tem­ples : « J'ai demandé une seule chose au Seigneur, c'est d'habiter dans sa maison tous les jours de ma vie, afin de contem­pler ses délices et de visiter son temple, car il me cachera dans le secret de son tabernacle (2). »
L'âme pieuse pratique les exercices de la religion avec joie et ardeur, ce qui ne l'empêche pas d'être prudente dans sa piété.

(1) Saint Cyrille.
(2) Ps. XXVI, 7, 8.
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« Enfant de saint Louis, votre ancêtre s'est sanctifié en grand roi, rappelait Fénelon au duc de Bourgogne. La piété, lui disait-il, n'a rien de faible, ni de triste, ni de gêné, elle élargit le cœur, elle est simple et aimable : elle se fait tout à tous pour les gagner tous. Le royaume de Dieu ne consiste point dans une scrupuleuse observation de petites formalités ; il con­siste pour chacun dans les vertus propres à son état (1). »

Le Saint-Esprit, par la bouche de tous les saints, et surtout par celle de notre divin Maître, nous assure que la vie dévote, à laquelle nous sommes tous appelés, est une vie douce, heureuse et aimable. « Dieu commanda en la création, aux plantes de porter leurs fruits chacune selon son genre. Ainsi commande-t-il aux chrétiens qu'ils produisent des fruits de dévotion, un cha­cun selon sa qualité et vocation. La dévotion doit être différemment exercée par le gen­tilhomme, par la veuve, par la fille, par la mariée, et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier (2).»

Les maladies que Dieu nous envoie sont des états pénibles ; nous devons les ac­cepter amoureusement. La faiblesse phy­sique est sœur de la maladie, aussi, sans nous contraindre au delà de nos forces, quand nous nous sentons incapables de prier, réfugions-nous simplement avec notre croix dans le cœur du divin Maître, et restons inactifs et résignés sous les ailes de la colombe de paix.

(1) Fénelon. Exhortation à imiter les vertus de saint Louis.
(2) Saint François de Sales.
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Re: Neuvaines au Saint-Esprit

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« L'Esprit aide notre faiblesse : car, ce qu'il faut, comment il faut deman­der dans la prière, nous ne le savons : mais l'Esprit lui-même demande pour nous par des gémissements inénarrables.

« Et celui qui sonde les cœurs sait quels sont les désirs de l'Esprit, parce qu'il demande pour les saints ce qui est selon Dieu (1). »

« Que peut, dit Bossuet, espérer un sol­dat que son capitaine ne daigne éprouver ? Mais, au contraire, quand il l'exerce dans des entreprises laborieuses, il lui donne sujet de prétendre. 0 piété délicate qui n'as jamais goûté les afflictions ! Si donc tu espères la gloire de Dieu, viens, que je te mette à l'épreuve que Dieu a proposée à ses serviteurs.

Voici une tempête qui s'é­lève, voici une perte de biens, une insulte, une contrariété, une maladie ; quoi ! tu te laisses aller au murmure, pauvre piété déconcertée, tu ne peux plus te soutenir, piété sans force et sans fondement ! Va, tu n'as jamais mérité le nom d'une piété chrétienne, tu n'en étais qu'un vain simu­lacre, tu n'étais qu'un faux or qui brille au soleil, mais qui ne dure pas dans le feu, mais qui s'évanouit dans le creuset. Tu n'es propre qu'à tromper les hommes par une vaine apparence. »

Saint François de Sales, dont le cœur était comme une ruche remplie du miel, le plus doux, s'écria un jour en chaire : « 0 don de piété, riche présent que Dieu fait au cœur, bienheureux est celui lequel a cette correspondance de cœur filial envers le cœur paternel du père céleste : et c'est à cela que Dieu nous veut faire tendre en l'oraison dominicale, quand il veut que nous le nommions Notre Père qui êtes aux cieux. »

Clé mystérieuse qui avez le secret des portes du ciel, Bien-Aimée de l'Eucharistie, Portique ensoleillé par lequel on pénètre dans les cœurs de Jésus et de Marie, je vous salue !.. suave piété !.. belle comme l'épouse des cantiques !..

(1) Epître aux Romains.
(à suivre)
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Quatrième jour :

DON DE SCIENCE.


Un jardin de délices avait été planté par Dieu dès le commencement. Au milieu de ce Paradis terrestre, le Seigneur plaça l'arbre de la science du bien et du mal.
Il prit Adam et lui fit cette seule dé­fense : « Ne mange pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. »

Mais cette science, Eve, curieuse, la con­voita, et nous subissons les terribles con­séquences de cette première faute, inspirée par l'orgueil.
Satan, dès l'origine, a su choisir l'arme dont il combattrait l'influence du Seigneur sur sa créature : l'instrument de ses ruses perverses n'est autre que l'orgueil. Il est sûr de son arme, et sa main malfaisante en usera jusqu'à la fin des temps. La lutte est engagée, et ses victoires journalières affligent le cœur de Dieu, devant le trône duquel il vient accuser ces mêmes âmes qu'il a fait succomber.

Mais la sainte Trinité, qui seule a la vraie notion du bien et du mal, a pris en pitié l'homme, en butte aux perpétuelles atta­ques de l'esprit de ténèbres ; elle l'éclaire et le guide par ses commandements et le don de science.
Qu'est-ce que la science humaine, sinon la recherche constante de tout ce qui com­pose l'univers ? Les savants en étudient minutieusement chaque partie, afin d'en approprier les merveilles au service de l'homme. Essentiellement juste de sa na­ture, l'esprit d'analyse est affranchi de toute imagination; c'est lui qui guide les promoteurs des sciences utiles, les New­ton, les Leibnitz, les Buffon, en un mot, tous ceux dont l'érudition profonde remue avec quelque succès, le champ des con­naissances humaines.

Parmi les sciences, les unes tendent à l'action et sont appelées pratiques, les autres, d'un ordre plus élevé, ont pour but la contemplation de la vérité; elles se nomment spéculatives : « Aimez mes discours, dit la Sagesse, et désirez les entendre, et vous aurez la science (1) »
Au premier livre de sa morale, saint Grégoire dit que « la science prépare un festin, car elle rassasie l'esprit que l'igno­rance fait jeûner. » Or, l'ignorance ne disparaît entièrement que devant les deux sciences spéculatives et pratiques; donc, la science, enseigne saint Thomas, en tant que don, est à la fois pratique et spécula­tive.

(1) Sap., chap. VI, 12.
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