Saint Louis, patron du Tiers-Ordre Franciscain

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Alexandre
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Saint Louis, patron du Tiers-Ordre Franciscain

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En la fête de saint Louis Roi de France, patron du Tiers-Ordre Franciscain, voici un extrait de sa vie par Dom Guéranger:

"De Louis IX aussi l’on doit dire, résumant sa vie : Il fit alliance avec le Seigneur, gardant ses commandements, les faisant observer par tous . Dieu comme but, la foi pour guide : c’est tout le secret de sa politique comme de sa sainteté. Comme chrétien, serviteur du Christ ; comme prince, son lieutenant : entre les aspirations du chrétien et celles du prince, son âme ne fut pas divisée ; cette unité fut sa force, comme elle est aujourd’hui sa gloire. Le Christ, qui régna seul en lui et par lui ici-bas, le fait régner avec lui-même aux deux. Si vous vous complaisez dans les sceptres et les trônes, rois de la terre, aimez la Sagesse pour régner à jamais .

Sacré à Reims le premier dimanche de l’Avent 1226, Louis fit siennes pour la vie les paroles de l’Antienne d’Introït en ce jour : J’ai élevé mon âme vers vous, je me confie en vous, mon Dieu ! Il n’avait que douze ans ; mais le Seigneur avait muni son enfance du plus sûr rempart, en lui donnant pour mère la noble fille des Espagnes dont la venue dans notre France, dit Guillaume de Nangis, y amena tous les biens . La mort prématurée de Louis VIII, son époux, laissait Blanche de Castille aux prises avec la plus redoutable des conspirations. Amoindris sous les règnes précédents, les grands vassaux s’étaient promis de mettre à profit la minorité du nouveau prince, et de ressaisir les droits que la féodalité ancienne leur reconnaissait au détriment de l’unité du pouvoir. Pour écarter cette mère qui se dressait seule entre la faiblesse de l’héritier du trône et leurs ambitions, les barons, partout révoltés, donnèrent la main à l’hérésie albigeoise renaissant au midi ; ils ne rougirent point de faire alliance avec le fils de Jean Sans-Terre, Henri III, épiant d’au delà de la Manche l’occasion de réparer les pertes territoriales dont Philippe-Air liste avait châtié sur le continent la perfidie du meurtrier d’Arthur de Bretagne. Forte du droit de son fils et de la protection du Pontife romain, Grégoire IX, Blanche ne s’abandonna pas ; on vit cette femme que, pour justifier leur crime de lèse-patrie, tous ces amis de l’Anglais nommaient l’étrangère, sauver par sa prudence, sa vaillante fermeté, la terre française. Après neuf ans de régence, elle remettait la nation à son roi, plus unie, plus puissante que jamais depuis Charlemagne.

Nous ne pouvons songer à faire ici l’histoire du règne qui acheva de replacer la France à la tête des peuples ; mais il convenait de rendre à qui de droit aujourd’hui cet hommage : d’autant que pour devenir l’honneur du ciel comme de la terre en cette fête, Louis eut seulement à continuer Blanche, le fils à ne point oublier les préceptes de sa mère.

De là, sur toute sa vie, le reflet de simplicité gracieuse qui en relève d’une façon si spéciale l’héroïsme et la grandeur. On dirait que Louis ne connut jamais le labeur nécessaire à tant d’autres, élevés loin du trône, pour adapter leurs âmes à la divine parole : Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des deux . Mais aussi, selon la même parole du Seigneur, qui fut plus grand que cet humble s’honorant plus du baptême de Poissy que du sacre de Reims, disant ses Heures, jeûnant, se flagellant comme ses amis les Frères Prêcheurs et Mineurs, toujours prêt à s’abaisser devant ceux en qui le sacerdoce, l’état religieux, la souffrance ou la pauvreté lui manifestaient Les privilégiés du ciel ? Libre aux grands hommes que nous avons connus dans nos temps de sourire en présence du vaincu de Mansourah, s’affligeant plus de la perte de son bréviaire que de la captivité qui le livre aux Sarrasins. On les a trop vus ces hommes en de semblables extrémités ! Si pareille faiblesse d’esprit, comme ils pensent, n’a point chez eux déshonoré la défaite, on n’a point non plus entendu l’ennemi s’écrier d’aucun d’eux : « Vous êtes notre captif, et l’on dirait que c’est nous qui sommes vos prisonniers ». On ne les a pas vus en imposer à la cupidité féroce, à l’ivresse de sang des geôliers, dicter la paix aussi fièrement que s’ils eussent été les vainqueurs ; le pays, jeté par eux dans les aventures, n’est point, hélas ! sorti plus glorieux de l’épreuve. C’est le propre de cet admirable règne de saint Louis, que les désastres y ajoutent à sa taille de héros la hauteur qui sépare la terre du ciel même, que la France y conquiert pour des siècles, en cet Orient où son roi fut chargé de chaînes, une renommée dont nulle victoire n’aurait pu égaler le prestige.

L’humilité des saints rois n’est point l’oubli de la grandeur du rôle qu’ils remplissent pour Dieu ; leur abnégation ne saurait consister dans l’abandon de droits qui sont aussi des devoirs ; pas plus que la charité ne supprime en eux la justice, l’amour de la paix n’y fait tort aux vertus guerrières. Saint Louis sans armée ne laissait pas de traiter de toute la hauteur de son baptême avec l’infidèle victorieux ; par ailleurs en notre Occident, on le sut de bonne heure, on le sut toujours mieux à mesure qu’avec les années croissait en lui la sainteté : ce roi dont les nuits se passaient à prier Dieu, les journées à servir les pauvres, n’entendait céder à quiconque les prérogatives de la couronne qu’il tenait de ses pères. Il n’y a qu’un roi en France, dit un jour le justicier du bois de Vincennes cassant une sentence de son frère, Charles d’Anjou ; et les barons au château de Bellême, les Anglais à Taillebourg, n’avaient pas attendu jusque-là pour l’apprendre ; non plus que ce Frédéric II, qui menaçait d’écraser l’Église, cherchant chez nous des complices, et dont les hypocrites explications valurent à l’Allemand la réponse : Le royaume de France n’est mie encore si affaibli qu’il se laisse mener à vos éperons.

La mort de Louis fut simple et grande comme sa vie. Dieu l’appela vers lui dans des circonstances douloureuses et critiques, loin de la patrie, sur ce sol africain où il avait une première fois déjà tant souffert : épines sanctifiantes, qui devaient rappeler au prince croisé son joyau de prédilection, la couronne sacrée acquise par lui au trésor de France. Mû par l’espoir de convertir au christianisme le roi de Tunis, c’était plus en apôtre qu’en soldat qu’il avait abordé le rivage où l’attendait le combat suprême. Je vous dis le ban de notre Seigneur Jésus-Christ et de son sergent Louis, roi de France : sublime provocation jetée à la ville infidèle, bien digne de clore une telle vie. Après six siècles écoulés, Tunis verra les fils des Francs qui l’entourèrent alors donner suite sans le vouloir au défi du plus saint de leurs rois, appelés qu’ils seront, sans le savoir, par tous les bienheureux dont cette terre de l’antique Carthage devenue chrétienne garde la mémoire pour l’éternité.

Cependant l’armée de la Croix, victorieuse en tous les combats, était décimée par un mal terrible. Entouré de morts et de mourants, atteint lui-même parla contagion, Louis manda près de lui son fils aîné et prochain successeur, Philippe, troisième du nom, pour lui donner ses instructions dernières :

« Cher fils, la première chose que je t’enseigne, c’est que tu mettes ton cœur à aimer Dieu ; car sans ce, ne peut nul valoir nulle chose. Garde-toi défaire chose qui à Dieu déplaise, c’est à savoir mortel péché ; ains plutôt devrais souffrir toutes manières de tourments. Si Dieu t’envoie adversité, reçois-le en patience et en rends grâces à notre Seigneur, et pense que tu l’as desservi. S’il te donne prospérité, l’en remercie humblement, et ne sois pas pire ou par orgueil ou par autre manière de ce dont tu dois mieux valoir ; car l’on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer. Le cœur aie doux et piteux aux pauvres et aux mésaisiés, et les conforte et aide selon ce que tu pourras. Maintiens les bonnes coutumes de ton royaume, et les mauvaises abaisse. Aime tout bien, et hais tout mal en quoique ce soit. Nulle vilenie de Dieu ou de Notre-Dame ou des Saints ne souffre que l’on die devant toi, que tu n’en fasses tantôt vengeance. A justice tenir sois loyal envers tes sujets, sans tourner à dextre ni à senestre ; mais aide au droit, et soutiens la querelle du pauvre jusques à tant que la vérité soit éclaircie. Honore et aime toutes les personnes de la sainte Église, et garde qu’on ne leur soustraie leurs dons et leurs aumônes que tes devanciers leur auront donnés. Cher fils, je t’enseigne que tu sois toujours dévot à l’Église de Rome et au souverain évêque notre père, c’est le Pape, et lui portes révérence et honneur comme tu dois faire à ton père spirituel. Travaille-toi que tout vilain péché soit ôté de ta terre ; spécialement vilains serments et hérésie fais abattre à ton pouvoir... Biau cher fils, je te donne toutes les bénédictions que bon père peut donner à fils ; et la benoîte Trinité et tous les Saints te gardent et défendent de tous maux ; et Dieu te donne grâce de faire sa volonté toujours, et qu’il soit honoré par toi, et que toi et moi puissions après cette mortelle vie être ensemble avec lui et le louer sans fin » .

« Quand le bon roi, poursuit Joinville, eut enseigné son fils monseigneur Philippe, la maladie que il avait commença à croître fortement ; et demanda les sacrements de sainte Église, et les reçut en saine pensée et en droit entendement, ainsi comme il apparut ; car quand on l’enhuilait et on disait les sept psaumes, il disait les versets d’une part. J’ai ouï conter monseigneur le comte d’Alençon son fils, que quand il approchait de la mort, il appela les Saints pour l’aider et secourir, et mêmement monseigneur saint Jacques, en disant son oraison, qui commence : Esto Domine ; c’est à dire : « Dieu, soyez sainte fieur et garde de votre peuple ». Monseigneur saint Denis de France appela lors en s’aide, en disant son oraison qui vaut autant à dire : « Sire Dieu, donne-nous que nous puissions despire la prospérité de ce monde, si que nous ne doutions nulle adversité ». Et ouï dire lors à monseigneur d’Alençon (que Dieu absolve !) que son père réclamait lors madame sainte Geneviève. Après se fit le saint roi coucher en un lit couvert de cendre, et mit ses mains sur sa poitrine, et en regardant vers le ciel rendit à notre Créateur son esprit, en celle heure même que le Fils de Dieu mourut pour le salut du monde en la croix ».

Jérusalem, la vraie Sion, vous ouvre enfin ses portes, à vous, ô Louis, qui pour elle avez donné vos trésors et vous-même. Du trône éternel où le Fils de Dieu vous associe à ses honneurs et à sa puissance, soyez toujours le promoteur du règne de Dieu sur terre, le zélateur de la foi, le bras de notre Mère l’Église. Sans adorer le Christ, l’Orient infidèle, grâce à vous, respecte ses adorateurs, confondant sous une même signification le nom de chrétien et de Franc. A cause de cela, nos gouvernants du jour prétendent rester dans ces contrées les protecteurs du christianisme qu’ils poursuivent sur le sol gaulois ! Contradiction non moins fatale au pays, qu’opposée à ses traditions de franchise, à sa renommée d’honneur et de loyauté. Comment connaîtraient-ils nos traditions et notre histoire, comment comprendraient-ils l’intérêt national, ceux qui méconnaissent le Dieu de Clovis, de Charlemagne et de saint Louis ? Déjà, qu’est devenu, dans cette Égypte qui eut vos plus durs labeurs, le patrimoine d’influence glorieuse que les siècles avaient maintenu à la nation ?

Vos descendants ne sont plus là pour nous garder de l’invasion de ces hommes qui exploitent la patrie et n’ont que l’exil pour ceux qui l’ont faite. Ici pourtant, combien redoutables ne se révèlent pas les justices du Seigneur ! Vous-même l’aviez dit : Plutôt un étranger que mon fils pour gouverner le peuple du royaume, si mon fils le doit mal gouverner ! Trente années après la croisade de Tunis, un prince indigne, votre deuxième successeur, outrageait le Vicaire de l’Homme-Dieu. Rejeté d’en haut, Philippe IV, le Bel, voyait aussitôt s’arrêter dans sa race stérilisée la sève partie de votre racine. Flétri et brisé, le rameau sacrilège faisait place sur la tige auguste à une autre branche issue de vous toujours. Mais la nation, solidaire de ses rois, allait expier elle-même le forfait d’Anagni dans une guerre terrible, dont l’imprévoyance politique du même Philippe le Bel avait, par le jugement de Dieu, posé la cause ; prince aussi funeste à l’État qu’à l’Église et à sa propre famille. Ce fut alors que, cent années durant, le pays parut à la veille de sa perte ; jusqu’à ce que, protection merveilleuse du ciel sur notre patrie ! la pucelle d’Orléans, Jeanne la Vénérable, arrachât des griffes du léopard anglais le lis de France qu’il prétendait s’unir.

D’autres fautes devaient, hélas ! compromettre encore, puis par deux fois à nouveau dessécher ou rompre les branches de l’arbre royal. Longtemps vos mérites personnels firent contre-poids devant Dieu au scandale des mœurs dont nos princes s’étaient fait comme une note de race, un privilège odieux : honte que transmirent aux Bourbons les Valois mourants, que dut expier sans parvenir à l’effacer le sang du juste Louis XVI, qu’expient toujours tant d’illustres proscrits promenant sur la terre étrangère leur déchéance et leurs souvenirs. Puissiez-vous du moins reconnaître, en ces fils qui vous restent, les imitateurs de vos vertus ! c’est en revendiquant d’abord ce premier héritage, qu’un jour peut-être ils amèneront Dieu à leur rendre l’autre . Car Dieu qui commande d’obéir au pouvoir établi dans les divers temps, reste le maître des peuples, l’arbitre immuable de leurs variables destinées. Mais c’est alors qu’instruit par l’épreuve, nul de vos descendants ne devra plus oublier, ô Louis, votre recommandation suprême : Travaille-toi que tout vilain péché soit ôté de ta terre ; spécialement vilains serments et hérésie fais abattre à ton pouvoir."
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Alexandre
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Re: Saint Louis, patron du Tiers-Ordre Franciscain

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Litanies de saint Louis

Seigneur, ayez pitié de nous. (bis)
Jésus-Christ, ayez pitié de nous. (bis)
Seigneur, ayez pitié de nous. (bis)
Jésus-Chris, écoutez-nous. (bis)
Jésus-Christ, exaucez-nous.(bis)
Père céleste qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde qui êtes Dieu,ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu,ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu,ayez pitié de nous.
Sainte Marie, conçue sans péché, priez pour nous.
Sainte Mère de Dieu, priez pour nous.
Sainte Vierge des vierges, priez pour nous.
Saint Louis, prince admirable, priez pour nous.
Saint Louis, lis de pureté, priez pour nous.
Saint Louis, exemple d'humilité, priez pour nous.
Saint Louis, image de vertu, priez pour nous.
Saint Louis, prodige de pénitence, priez pour nous.
Saint Louis, flamme d'amour et d'oraison, priez pour nous.
Saint Louis, lampe ardente et brillante, priez pour nous.
Saint Louis, vase d'élection, priez pour nous.
Saint Louis, vase insigne de religion, priez pour nous.
Saint Louis, miroir de la perfection chrétienne, priez pour nous.
Saint Louis, très dévot à notre Père saint François, priez pour nous.
Saint Louis, contempteur du monde et de ses honneurs, priez pour nous.
Saint Louis, plein de zèle pour la maison de Dieu, priez pour nous.
Saint Louis, tendre père des pauvres, priez pour nous.
Saint Louis, remède des malades, priez pour nous.
Saint Louis, appui de la veuve et de l'orphelin, priez pour nous.
Saint Louis, juge béni des peuples, priez pour nous.
Saint Louis, rédempteur des captifs, priez pour nous.
Saint Louis, prédicateur des infidèles, priez pour nous.
Saint Louis, deux fois victime pour les Lieux saints, priez pour nous.
Saint Louis, terrible pour les combats, priez pour nous.
Saint Louis, puissant dans les fers, priez pour nous.
Saint Louis, gardien de la France, priez pour nous.
Saint Louis, modèle des rois, priez pour nous.
Saint Louis, digne de la couronne des rois de France, priez pour nous.
Saint Louis, plus digne de la couronne des saints dans le Ciel, priez pour nous.
Saint Louis, saint patron des armées françaises, priez pour nous.
Saint Louis, protecteur du Tiers-Ordre séraphique, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.

Priez pour nous, glorieux saint Louis.
Afin que nous devenions dignes des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Prions:

O Dieu qui avez transféré votre confesseur saint Louis d'un royaume terrestre à la gloire du royaume céleste, rendez-nous, par ses mérites et son intercession, participants au bonheur du Roi des rois, Jésus-Christ qui vit et règne dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
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Re: Saint Louis, patron du Tiers-Ordre Franciscain

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Dans le livre « Fioretti de saint François d’Assise », traduction de Frédéric Ozanam.

Comment saint Louis roi de France, alla en personne, en habit de pèlerin, à Pérouse, visiter le saint
frère Gilles.

Saint Louis, roi de France, alla par le monde en pèlerinage visiter les sanctuaires ; et, ayant entendu
louer la grande sainteté de frère Gilles, qui avait été des premiers compagnons de saint François, le
désir lui vint et il résolut d’aller le visiter en personne. C’est pourquoi il se rendit à Pérouse, où
demeurait alors frère Gilles. Il arriva à la porte du couvent, comme un pauvre pèlerin inconnu, avec
peu de compagnons, et demanda avec grande instance frère Gilles, ne disant pas au portier qui était
celui qui le demandait. Le portier va donc à frère Gilles, et lui dit qu’à la porte est un pèlerin qui le
demande ; il lui fut inspiré et révélé par Dieu que c’était le roi de France.
Alors, avec une grande ferveur, il sortit précipitamment de sa cellule, il courut à la porte, et sans
autres questions, sans qu’ils se fussent vus jamais, tous deux se jetèrent à genoux, s’embrassèrent et
et se baisèrent avec grande familiarité, comme si depuis longtemps ils eussent entretenu une
extrême amitié.
Or, dans tout cela, ils ne parlaient ni l’un ni l’autre, mais ils se tenaient embrassés en silence avec
tous les signes de leur amour spirituel. Ils restèrent ainsi pendant un grand espace de temps sans se
dire aucune parole, puis ils se quittèrent : saint Louis s’en alla continuer son voyage, et frère Gilles
retourna à sa cellule.
Le roi partant, un frère demanda à un de ses compagnons qui avait si fort embrassé frère Gilles ; et
celui-ci lui répondit que c’était Louis, roi de France, qui était venu pour voir ce saint homme. Ce
frère le dit aux autres, et ceux-ci eurent un grand chagrin de ce que frère Gilles ne lui avait point
parlé, et tout affligés ils lui dirent : « Oh ! Frère Gilles, pourquoi donc as-tu été si peu courtois ? Un
aussi saint roi vient de France pour te voir et pour entendre de toi quelque bonne parole, et tu ne lui
as rien dit !
Et frère Gilles répondit : « Mes très chers frères, ne vous étonnez point, parce que ni lui ni moi nous
ne pouvions dire une parole. Aussitôt que nous nous embrassâmes, la lumière de la divine science
révéla et manifesta à moi son coeur, et à lui le mien. Ainsi, par une divine opération, nous
regardions dans nos coeurs ; et ce que nous voulions nous dire, lui à moi, moi à lui, nous le
connaissions beaucoup mieux que si nous avions voulu expliquer avec la voix ce que nous sentions
dans l’âme. Telle est l’impuissance de la parole humaine à exprimer clairement les mystères secrets
de Dieu, que la parole nous aurait été plutôt un déplaisir qu’une consolation. Ainsi sachez que le roi
est parfaitement content de moi et l’âme toute consolée. »
(Je mettrai sur ce Forum d’autres Fioretti mal connus ; à suivre, donc, dans la rubrique « saint
François d’Assise. »
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