formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

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Alexandre
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Re: formation à l'humilité du chanoine Beaudenom

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MEDITATION

Prélude. Demander un grand esprit de foi pour découvrir le divin, qui se cache en tout homme, et une grande sagesse pour tenir notre désir de plaire et de faire plaisir au prochain, exempt d'étroitesse comme d'excès.

I. Dieu vu dans le prochain.

Diriger vers Dieu ce désir de plaire et de faire plaisir, qui vit au fond de notre nature, c'est l'élever d'une façon imprévue et lui donner un objet qui ne trompera point son attente. Mais, ici-bas, Dieu ne nous montre point son visage, et c'est en vain que nous cherchons une manifestation certaine du plaisir que nous lui donnons. Un sourire, un regard ému suffisent pour récompenser un effort, ou pour le provoquer. Du Ciel aucun regard, aucun sourire ne descend pour nous donner cette assurance. Nos rapports surnaturels sont établis sur la base de la volonté. Le sensible, quelque puissant qu'il soit, n'en est jamais que l'accessoire: Beaucoup d'âmes parfaites s'en trouvent habituellement privées; elles vont, quand même, et à grands pas, dans la route austère du devoir, aimant Dieu par leur fidélité, leur dévouement, leurs sacrifices, à la manière des forts. C'est leur façon à elles de lui plaire.
Quelques autres, plus consolées, sentent parfois dans la prière la douceur d'un amour partagé. Mais les unes comme les autres ont toujours faim de Dieu: celles-là parce qu'elles ne l'ont point goûté; celles-ci parce que, l'ayant goûté, elles sont devenues insatiables. Alors, ensemble, elles se tournent vers le prochain. Dieu l'a fait à son image: voir le prochain c'est donc le voir un peu! Dieu lui a communiqué sa nature: l'aimer, c'est donc aimer quelque chose de lui!
Reportez-vous à la scène si touchante de Raguel recevant le jeune Tobie.
Voici comment raconte la Bible:" Après avoir attentivement regardé le jeune homme, Raguel dit à son épouse: " Comme il ressemble à mon cousin!" Et se tournant vers les étrangers: "D'où êtes-vous?" leur demande-t-il.
Ils lui répondent:" Nous sommes de la tribu de Nephtali, en captivité à Ninive."
"Connaissez-vous Tobie, mon frère?
_Oui, nous le connaissons."
Et comme le vieillard se répandait en éloges, l'ange ajoute en désignant son compagnon: " Ce Tobie dont tu parles est son père". Aussitôt Raguel se jette à son cou, le baisant et l'arrosant de ses larmes:
"Sois béni, ô mon enfant, car u es le fils d'un bon et très bon personnage!" Et Anne et Sarah sa fille, se mirent à pleurer de tendresse."

Là-dessus, saint François de Sales fait le commentaire suivant:
" Ne voyez-vous pas que Raguel, sans connaître le petit Tobie, le prend dans ses bras, le caresse, le baise, pleure 'amour pour lui. d'où provient cet amour, sinon de celui qu'il portait au vieux Tobie, le père, à qui cet enfant ressemblait si fort? Et, vrai Dieu! quand nous voyons ce prochain, créé à l'image et ressemblance de Dieu, ne devrions-nous pas nous dire les uns aux autres:
Voyez comme cette créature ressemble au Créateur?
Ne devrions-nous pas lui donner mille et mille bénédictions?
Et pourquoi? Pour l'amour d'elle? NON certes, car nous ne savons pas si elle est digne d'amour ou de haine en elle-même. Et pourquoi donc?
Pour l'amour de Dieu qui l'a formée à son image et ressemblance...
Pour l'amour de Dieu de qui elle est, à qui elle est, pour qui elle est...
Et c'est pourquoi non seulement le divin amour commande maintes fois l'amour du prochain, mais le produit et le répand lui-même dans le coeur humain, comme sa ressemblance et son image, parce que l'amour sacré de l'homme est la vraie image de l'amour céleste de l'homme envers Dieu."

Ainsi nous aimons d'avance tout prochain d'un amour général; et puis, quand, au cours de la vie, ses qualités, ses sentiments et ses mérites se particularisent à nos yeux, nous les regardons comme l'oeuvre de Dieu, le reflet de ses perfections, le don qu'il met auprès de nous pour nous secourir ou pour nous charmer.
Ainsi, de toutes parts, Dieu nous apparaît, se faisant aimer en ceux que nous aimons; ainsi, au fond de nous-mêmes, Dieu se fait sentir comme le principe nouveau de nos affections aussi vivantes mais saintement surélevées.
Y pensons-nous?

Vue belle et féconde.
Disposition d'universelle bonté, de prévenances.
Principe de paix.
Elévations de nos affections humaines; sauvegarde de leur dignité.
Vie vraiment surnaturelle dont Dieu serait l'objet merveilleusement entrevu, et le principe intime secrètement agissant.
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Alexandre
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II.Jésus dans le prochain

Allons plus avant et poursuivons cette divine présence dans l'Incarnation qui la met sous nos yeux. Après nous avoir donné sa ressemblance, Dieu veut prendre la nôtre, il se fait l'un de nous. Pourquoi? Est-ce uniquement pour nous racheter? Alors qu'il se contente de donner son sang, car cela suffit! Mais pourquoi ces trente ans d'une existence obscure toute semblable aux nôtres?
Pourquoi ces trois ans d'une vie publique où il se fait connaître au monde? Pourquoi? si ce n'est que doit être l'homme envers l'homme? modèle si parfait et si beau que, de prime abord, il nous déconcerte; si doux et si humble qu'il semble bientôt devenu imitable; si fort et si tendre qu'il s'empare du coeur; en un mot, si divin qu'on l'adore à genoux, et si humain qu'on ne peut retenir ce cri:" O mon frère!"

Aussi quand sur le point de regagner le ciel, il jette à l'humanité cette grande parole:" Aimez-vous comme je vous ai aimés", nous cherchons instinctivement autour de nous des êtres sur qui répandre notre coeur. Et, quand il ajoute:" Ce que vous ferez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'aurez fait", nous sentons là une parole révélatrice, sous laquelle tressaille un mystère. En effet ce n'est point une pieuse recommandation, c'est la discrète initiation à un fait transcendant: la vie de Jésus en nous; doctrine aussi certaine que belle; principe déterminant de la charité la plus réelle, la plus facile et la plus exquise.

O Maître adoré, vous me demandez de reporter sur le prochain les sentiments que fait naître en moi votre charme divin; vous voulez des actes sans doute mais vous attendez aussi des sentiments, et parmi les sentiments ceux qui rapprochent les hommes, ceux qui les encouragent, ceux qui les font meilleurs. En la couvrant de l'éclat de votre nom, vous ne venez pas effacer la personne humaine, vous venez l'embellir et la protéger.
Vous éclairez de votre douce image pour atténuer les ombres de ses défauts; vous l'élevez par la réalité de votre action en elle; et tout cela pour provoquer en sa faveur une pitié sans dédain, un dévouement sans défaillance, un amour pour elle qui monte jusqu'à vous!


Comment ne pas désirer plaire à des êtres que Jésus honore? Comment ne pas désirer faire plaisir à des êtres tant aimés de lui?
Faire plaisir au prochain, le vouloir fortement, s'y dévouer, oh! le beau programme réalisé par tant de saints, par tant de piétés inconnues!
Il comporte toutes les délicatesses de l'affection, toutes les industries de l'amabilité, les suavités de l'indulgence, la longanimité des supports, tous les services rehaussés d'un sourire, et jusqu'à cette douceur de parole et cet air accueillant du visage qui deviennent la caractéristique d'un coeur où Dieu règne et agit.

Notre désir de plaire s'est formé en s'appliquant à plaire à Dieu; il a pu s'étendre bien loin et s'émouvoir profondément auprès de l'infini; il a pris le besoin de rester pur au contact de l'amour incréé; il s'est fait tout suave en cherchant à faire plaisir à ce Dieu père; oh! le coeur admirablement formé! qu'il se tourne à présent vers le prochain, il lui apportera une inclination pleine de la délicatesse de l'élévation, de la constance, acquises dans des rapports avec les amabilités divines.
Mais en descendant du ciel sur la terre, ce désir de plaire perd sa sécurité en face de nombreux écueils. Il rencontre tout d'abord l'excès qui est un mouvement poussé trop loin; ensuite la préoccupation trop personnelle qui envisage plus son intérêt que le bien lui-même; enfin le travers de l'obséquiosité qui peut aller jusqu'à la hideuse flatterie et fausser l'âme.
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Alexandre
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III.Règles pratiques

1/Le remède se trouve dans une grande pureté d'intention souvent renouvelée. O mon Dieu, je veux être bon, pour être bon et pour vous plaire!
Dans une âme pure, toute infidélité d'ailleurs se trahit bien vite. La préoccupation, cet indice d'un désordre, est le première à donner l'éveil.
Devient-elle de l'inquiétude, regardez de plus près. Dégénère-t-elle en tristesse, en aigreur surtout, tenez certain pour qu'un vice travaille vos sentiments. L'examen et la prière vous le feront découvrir et l'amour de la vertu saura l'éliminer.

2/ La première règle de ce sentiment est donc une règle défensive. La seconde sera une règle de sage liberté. En effet, pour éviter un écueil, faut-il se jeter sur un autre? Pour supprimer l'abus, détruira-t-on la chose? pour ne pas subir les dangers que peut entraîner le désir de plaire, retranchera-t-on toute manifestation exigeante? se montrera-t-on gêné du moindre éloge?... Mais ce serait inutilement mutiler sa nature[/size], appauvrir sa vie, détendre les liens les plus sacrés. La tristesse deviendrait la loi de la perfection; et la vertu ne se montrerait à nous que sous le parlant emblème d'un arbre dépouillé de ses feuilles...
Oh! Non, ce n'est point là l'idéal vrai. cet idéal est un désir de plaire, conforme aux exigences de la position de chacun; un désir sain et franc, qui s'exerce sous l'influence de Dieu et sous son regard répandant autour de soi ce charme suave et pénétrant , qui est la gloire réservée à la vertu chrétienne; "Car seule elle aime son Dieu en aimant ceux qu'elle aime."

Que penser d'une société dont tous les membres seraient animés de tels sentiments? QUELLE PAIX! Quelle diminution de souffrance!
Quelle consolation dans nos malheurs inévitables! Cité de de rêve que n'éclairera jamais le soleil d'ici-bas! Plutôt cité idéale, dont les membres dispersés ça et là au sein de l'universel égoïsme, sont des héros et que nous appelons des saints. Leur exemple du moins, est là pour susciter des générosités individuelles, et maintenir, sous les yeux de tous, l'indispensable notion de l'idéal chrétien.

Résolution. Vigilance attentive, liberté sage, regards obstinément fixés sur Dieu.
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Alexandre
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COUP D'OEIL SUR LES DEUX MEDITATIONS QUI VONT SUIVRE


Après les éblouissements du Thabor et ses nuages mystérieux, les Apôtres "levant les yeux, ne virent plus que Jésus seul."

Au sortir des lumières et des ombres des ces méditations prolongées, levons les yeux, nous aussi, et simplifions nos vues en ne regardant que Jésus seul. Nous deviendrons plus humbles par imitation, en contemplant Jésus humble.
L'imitation s'adresse au modèle et lui emprunte ses traits; l'union fait plus encore, elle l'attire en soi et lui emprunte sa vie.
Mais l'imitation et l'union sont les deux formes d'un même sentiment: l'amour, et les deux agents d'une même oeuvre: la perfection.

Telle fut l'humilité de Marie; et c'est à la contempler que nous allons consacrer ces deux dernières méditations.
N'est-ce pas d'ailleurs la plus fidèle image de celle de Jésus?... La blanche lumière de l'astre des nuits, reflet atténué du soleil, ne descend-elle pas plus douce sur nos yeux?
O la plus humble des pures créatures, vous en êtes aussi la plus puissante. C'est vers vous que se tournent nos regards et nos espérances. Vous nous communiquez, par l'amour, l'humilité de votre divin Fils!
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Alexandre
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QUATRIEME MEDITATION DE LA CINQUIEME SEMAINE

XXXIè Exercice: Marie transformée en Jésus humble par l'imitation.

Premier point: Humilité d'imitation de Marie.
Deuxième point: Son humilité comme co-rédemptrice.
Troisième point: Avec Marie nous faire humble par imitation.

Préparation pour la veille. Si nous voulions étudier à fond l'humilité en Marie, nous aurions à parcourir, en les lui appliquant, les motifs que nous venons de méditer. Tel n'est pas notre dessein. Toutefois, avant d'aborder le sujet spécial qui nous attire, signalons deux différences très importantes ente sa vertu et la nôtre:

1/ Les raisons d'être humble, elle les voyait d'une vue claire, continuelle et pénétrante._Nous oublions ; nous perdons de vue._ Marie, jamais! Son regard reste toujours ouvert, toujours conscient de ces motifs contemplés sans défaillance: regard sur l'Infini, regard sur la petitesse... Le Magnificat est le cantique secret de toutes ses heures; Respexit humilitatem, fecit mihi magna..., etc.

2/ la condition de notre humilité est telle que, pour la sauvegarder, Dieu abrite sa fragilité sous des imperfections, ou du moins sous des mystérieuses ignorances... Ne faut-il pas un peu d'ombre aux plantes délicates!
Pour Marie, Dieu écarte toutes ces précautions; Il l'expose au grand soleil de la vérité: Elle est immaculée, elle est parfaite, "elle est bénie entre toutes les femmes...", et elle le sait!
Elle a sondé, mieux que tous les théologiens ensemble, les grandeurs de sa maternité divine et elle en connaît toutes les prérogatives...
Mais l'abîme des grâces reçues n'a fait que rendre plus sensible à ses yeux l'abîme de son néant._Nulle créature après Jésus, ne descendit avant dans l'humilité. Nulla creatura, post Filium, tantum descendit in abyssum humilitatis (Saint Bernardin de Sienne).
Or, une telle humilité est de l'héroïsme. en effet, l'héroïsme est la force s'exerçant à des actes sublimes et difficiles... Que dire d'une force qui accomplit, toute une vie, ce que nul homme ne pourrait soutenir un seul jour!
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Alexandre
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MEDITATION

Prélude. Demander la grâce d'aimer assez Jésus pour éprouver l'ardent désir de l'imiter.

I. Humilité d'imitation de Marie comme Mère.

Jésus humble était son Fils, son Fils à elle, à elle seule, _son Fils bien-aimé_, _son Dieu et son Fils_, son tout.
Et elle l'aimait! Plus heureuse, elle l'adorait d'amour... Ah! si les mères pouvaient!
Tout se taisait devant ce sentiment dominateur. Tout se fondait dans cet amour, flamme intense.
Et elle n'aimait qu'un Jésus humble, car elle n'en pouvait connaître d'autre. Il n'y a au monde qu'un Jésus incarné, et le Jésus incarné, c'est le Jésus anéanti.
Dès le premier instant, il se fit humble, et il resta humble tant qu'il restera homme, tant qu'il sera son Fils.
_Et elle l'étudiait... avec ses yeux, avec son coeur, avec ses intuitions de Mère._ La Mère devine tout; elle a ce génie._ Sa pensée se promène, comme autrefois sa vie, dans cet être qui reste à elle toujours.
C'est du coeur que naissent les grandes vues. _ Le coeur commande et l'intelligence obéit..._ Il la presse si fort parfois qu'elle dépasse sa propre portée... Le coeur ne serait-il pas le nid où éclosent toutes ces choses?
Est-ce que la création ne sort pas de l'amour de Dieu?
Dans ce coeur de Marie, les faits évangéliques, les paroles et les attitudes de son Fils, se réchauffaient au contact enveloppant de ces méditations: Conferens in corde suo. Jésus humble allait se développant sans cesse devant les extases de son amour... Quelles vues sur l'humilité de ses divins mystères, de sa petitesse dépendante, de sa faiblesse intelligente, de l'amour dont il les aimait!...
A mesure que son Fils grandit, Marie épie ses moindres mouvements, et recueille ses moindres paroles. Puis, elle le contemple au travail; elle admire sa modestie, sa douceur, son amour des occupations humiliantes, son goût pour les petits..., le miracle continuel de ses effacements...
On peut le dire, elle sait son Jésus par coeur, son Jésus humble!... L'imiter devient sa loi, son besoin; et, presque sans le vouloir, elle se fait humble à ne plus se retrouver en rien...
Elle l'aime à partager l'ombre où il se cache, le silence où il semble se perdre; elle jouit de s'abaisser toujours davantage ...avec Lui!
Mais il est si avant dans cette voie, qu'elle va toujours et ne l'atteint pas; ... et elle le supplie de l'attendre. Mais il marche encore...; il se hâte vers le Calvaire: Nous y arriverons ensemble, lui crie-t-i.
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Alexandre
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II. Son humilité d'imitation comme rédemptrice.

Déjà, sur son berceau, passaient des souffles de mort; les voix lointaines des Prophètes faisaient entendre ces mots: expiation, victime; des prévisions désolantes planaient sur le coeur de la Mére: quoi, l'on soufflettera ce doux visage! quoi, ces petites mains, ces pieds seront percés de clous! et l'on élèvera cet innocent sur la croix infâme!
Ah! si elle pouvait prendre sa place!... Non, elle ne la prendra pas, mais elle l'occupera avec lui; car elle n'est pas seulement sa Mère, elle est encore sa divine associée... Comme Mère, elle tendait à s'unir à chaque intention, à chaque souffrance, à chaque palpitation du coeur de son Fils... Et Dieu a secondé cet effort... Il l'a fait co-rédemptrice!

La voilà donc armée du droit de partager ses humiliations qui sauvent; que dis-je? de le vouloir avec lui!
Son Fils veut être humilié, et elle veut qu'il soit humilié; elle en souffre horriblement, mais elle le veut encore...
Son Fils veut mourir, et elle veut qu'il meure; ... elle est immolée au Calvaire avec lui...
Quand il est mort, rôle sublime! elle reste seule à subir les humiliations, qui s'attachent au cadavre de son bien-aimé!... Ainsi par une mère, le sacrifice se prolonge encore...

III. Avec Marie, nous faire humbles par imitation.

Puisque l'amour a cette force, aimons. l'amour contemple, l'amour devine, l'amour imite.
Devenir humble par amour, c'est beau.
C'est donner à cette vertu un mobile plus élevé que le sien propre, sans le plus ravir toutefois.
Devenir humble par amour c'est régulier.
La charité n'est-elle pas la reine, la formatrice des vertus, la seule qui leur donne la vie!
devenir humble par amour, c'est sage.
Rien n'est puissant comme l'amour; rien n'est attrayant comme ce qu'il inspire... On deviendra, par cette voie, plus facilement humble.
La crainte resserre, elle peut retenir sur la pente du mal, elle ira même jusqu'à donner une certaine impulsion vers le bien; mais l'amour seul ouvre les grands espaces, et il éloigne du mal de la façon la meilleure, en élevant toujours plus haut.
Avec Marie, contemplons Jésus humble dans ses mystères, dans ses paroles, dans sa personne, dans son Coeur Sacré, dans son Eucharistie.
Avec elle, aimons à m'imiter:" In odorem unguentorum tuorum currimus: courons sur ses pas à l'odeur de ses parfums."

Résolution: Se faire de Jésus humble une douce image; la remettre fréquemment sous nos yeux; prendre les sentiments de Marie.
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Alexandre
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CINQUIEME MEDITATION DE LA CINQUIEME SEMAINE

XXXIIIè Exercice: Marie transformée en Jésus humble par l'union de vie.

Premier point: Jésus vivant en Marie.
Deuxième point: Jésus vivant en nous.

Préparation pour la veille.
Nous méditerons demain cette belle union de vie que forme la grâce et que couronnera la gloire; union mystérieuse, mais certaine; union qui fait de Jésus et de toutes les âmes justes, un seul corps mystique.
Cette communauté de vie fut en Marie d'un ordre à part; elle s'exercera d'une façon éminente et se développera dans des proportions qu'il est impossible d'évaluer. Il y a néanmoins entre son état et le nôtre un fond commun.
Marie vivait de la vie de Jésus, nous en vivons aussi: Elle fut dès lors un membre de son corps mystique; et, dans un rang inférieur, nous le sommes avec elle.
La méditation de cette haute vérité sera pour nous un principe de dignité: noblesse oblige.
Un principe de souveraine délicatesse: Jésus veut partager nos sentiments. Un principe de généreux progrès: il attend de nous un accroissement de sa vie.
Hier, nous avions ce Jésus devant nos yeux pour l'imiter; demain, nous le contemplerons en NOUS pour unir notre action à la sienne.
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MEDITATION

Prélude. Demander la grâce de prendre dans cette méditation un grand accroissement de délicatesse, de générosité et de joie spirituelle.

I.Jésus vivant en Marie.

O le bel échange qui se fait entre la mère et le fils! Marie communique à Jésus sa propre vie. C'est avec son sang, puis avec son lait, qu'elle forme son corps sacré. Elle lui transmet cette ressemblance physique que l'on retrouve dans sa physionomie, la démarche, l'accent... Bien plus, elle fait passer en lui ces ressemblances morales qui résultent du tempérament et qui constituent des dispositions, des goûts de famille... Que ne lui donnerait-elle pas!
A son tour, Jésus va communiquer à sa mère sa vie de grâce et il le fera royalement; il la lui donnera dans une sorte de plénitude, plénitude qui ira néanmoins ici-bas toujours en s'augmentant.
Jésus vivait en Marie de sa vie d'homme-Dieu, et Marie se tenait unie à son action par tout ce qu'elle avait de connaissance et de volonté. Plus elle croissait en grâces, en mérites, en amour, plus elle entrait dans cette communauté de vie. Tous les mystères lui apportaient des vues qui l'étendaient et des ardeurs qui l'embrasaient. La sainte communion vint achever cette oeuvre: La mère et le fils semblaient avoir repris, comme jadis la même vie; mais c'était Marie qui la recevait cette fois, et la vie qui lui était ainsi rendue en échange, était la vie d'un Dieu plus que jamais anéanti. certes, du fond de son coeur, elle pouvait crier la première et plus haut que saint Paul: "Je vis, non, ce n'est pas moi qui vit, c'est Jésus qui vit en moi!"
Admirons et félicitons le fils et la mère. Par Marie, du moins, les humiliations de Jésus dans son coeur et dans ses mystères, auront été pleinement comprises, imitées et vécues!

II. Jésus vivant en nous.

Jésus vit en moi, en moi aussi:"Vivit vero un me Christus."
"Mihi vivere Christus est. il est ma vie!"
Comment l'entendre? S'agit-il du don qu'il m'a fait sur la croix? Sans doute, mais ce don est plutôt la source de ma vie que ma vie même, car la vie se définit:" le principe intérieur des actes." Je cherche donc une influence venue de lui, qui me soit intérieure et actuelle, une extension en moi de la vie qui l'anime lui-même. Ainsi le cep se prolonge dans le sarment qu'il a formé et qu'il nourrit.
Mais pour que cette vie s'étende ainsi jusqu'à moi, pour qu'elle me pénètre et qu'elle m'anime, il faut que le cep divin et le sarment se touchent de quelque manière, qu'ils soient unis, qu'une communication règne entre eux... et vous êtes si loin de moi, dans votre ciel, ô Jésus!
C'est vrai, Jésus en son humanité, reste loin dans son ciel; la communion ne nous le donne qu'en passant; mais il se relie à nous d'une façon immédiate par sa divinité, dont l'action intérieure nous transmet ses pensées, ses vouloirs, ses grâces, sa vie enfin; car toujours vivant il me connaît, il m'aime, puisque sans cesse il prie pour moi :" Seper vivens ad interpellandum pro nobis."
Si j'évoque le passé pour retrouver le Jésus de l'Evangile; si, pour le mieux voir et le mieux entendre, je me transporte pieusement au lieu où il vécut, si j'aime à distinguer les traits de son visage et le son de sa voix, pourquoi n'évoquerai-je point un autre lointain, celui du ciel, pour le rapprocher de mon coeur?
Jésus vit là-haut dans la gloire, mais il n'y vit pas pour lui tout seul: il est le chef toujours agissant de l'humanité régénérée. Quand ma prière s'élève vers lui, mêlée à mille et mille autres prières venues de toutes les plages de la terre, il la distingue et il l'écoute, comme s'il n'avait à écouter que celle-là. Il a suivi mes pas dès ma première enfance. rien de moi ne lui fut étranger, pas même mes douleurs humaines. Il a sur mon avenir une pensée, un plan, de beaux désirs... J'aime à me le représenter pensif à cette heure, et c'est à moi qu'il pense; je le vois suppliant son Père, et c'est une grâce , un pardon, un progrès qu'il implore pour moi...! Oh! que cette noble et chère tête s'occupe bien du dernier de ses membres!
Cette action en moi est secrète, c'est vrai, mais elle est réelle: je n'ai pas besoin de la sentir, je le crois; et de cette foi, je fais un des plus puissants mobiles de ma ferveur.
Pourrais-je, de parti-pris, me résigner à rester médiocre?
J'arrêterais en moi l'expansion de la vie de Jésus.
Jésus pensera-t-il cette pensée avec moi?
Fera-t-il sienne cette action que je médite?
Son coeur s'unira-t-il à mon coeur dans cette affection?
Voudrais-je le mêler lui-même à mes sentiments s'ils sont bas, à mes pensées si elles sont impures?
L'entraînerai-je avec moi dans les recherches de mon orgueil et dans les tristesses de mon égoïsme?...Il se détournerait, sa grâce ne m'accompagnerait pas; la communication serait rompue pour de tels actes.
A mon tour, je peux rendre Jésus plus grand dans son être mystique; sa vie dans ce grand corps, je peux l'accroître; et pour cela, je me surpasserai moi-même: j'irai au-devant de lui par toutes les industries de mon initiative; je mettrai à son service toutes les ressources de mon activité; et si je ne perçois pas au dedans les inspirations de sa grâce, je chercherai dans ses leçons et ses exemples le sens de ses désirs: ne pense-t-il pas toujours ce qu'il a pensé sur la terre?
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Ainsi donc, ô Jésus, nous vivons ensemble.
Les oeuvres opérées sous votre influence nous deviennent communes.
Elles sont à moi, puisque je les accomplis librement; elles sont à vous puisque tout le surnaturel qu'elles contiennent appartiennent à vote grâce. Prenez-les donc puisqu'elles sont vôtres; recevez-les puisqu'elles sont miennes aussi; et unissez-les à votre grand corps mystique...
Si votre vie, dans des milliers et des milliers d'âmes, et depuis des siècles, étonne mon admiration par par son immensité; cette même vie pour chaque âme, vie attentive et maternelle, ravit mon coeur par son intimité. Je reste muet de surprise en songeant que je suis quelque chose de plus! (accroissement accidentel, non essentiel)
Heureuse l'âme qui comprend ces merveilles, cachées au grand nombre; plus heureuse encore celle qui en cultive l'attrait; Elle ira d'abîme en abîme, bien avant les profondeurs de l'humilité, très loin des petitesses du misérable orgueil! O amare! O ire! O sibi perire! O ad Deum pervenire! Vous aimer! Vous suivre! Se perdre et vous trouver, ô Dieu mon bien suprême! (saint Augustin)

Résolution. Avant de se décider, avant de donner une réponse,interroger au dedans la pensée du Maître: un instant suffit quand on est bien près de lui.

Fin des méditations. A suivre:
_Examen particulier dans une pieuse association.
_Elévation sur les rapports de l'humilité et de l'amour divin.
_Examen général
_Conseils pour la conclusion de ces exercices.
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