LA DEVOTION A SAINT JOSEPH

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CHAPITRE XVI - Saint Joseph, patron de l'enfance et de la jeunesse


Un cœur d'enfant, pur, embelli par la grâce, c'est le palais
royal ou plutôt "le paradis de Dieu", selon une ravissante
parole de saint Grégoire.

Aux yeux de la famille, l'enfant c'est sa joie, c'est sa vie, c'est
le centre de toutes ses affections et de tous ses projets.

Aux yeux de la patrie, l'enfant, c'est son espoir, c'est sa force.
Si elle n'a pas d'enfants bien élevés, elle ne peut prospérer et grandir.

Aux yeux de l'Eglise, l'enfant c'est une âme lavée dans le sang de
Jésus Christ ; c'est un futur habitant du royaume céleste.

Ce que les fleurs sont au fruit, ce que le printemps est à l'année,
ce que l'espérance est au coeur de l'homme, l'enfant l'est à la famille,
à la patrie, à l'Eglise.

Mais si l'enfance est de tous les âges le plus aimable et le plus intéressant,
il est aussi le plus faible et par conséquent celui qui a le plus besoin d'être
soutenu et patroné. Aussi Dieu veut qu'on respecte l'enfance, qu'on la traite
délicatement, comme une fleur très tendre que le moindre souffle peut ternir;
il veut qu'on la cultive avec soin pour qu'elle puisse s'épanouir
à l'aise et porter de précieux fruits. Et par sa manière d'agir
il nous montre quels moyens prendre pour la sauvegarder.

Il a permis à son divin Fils de quitter le ciel, de descendre
sur la terre et de prendre la pauvre nature humaine avec toutes
ses infirmités, excepté le péché. Jésus est donc devenu un
enfant ; par conséquent il avait besoin d'un protecteur et
c'est saint Joseph qui a été choisi pour être son tuteur et par
là désigné pour être le patron de tous les enfants chrétiens.

Rien de plus beau, de plus consolant, de plus attendrissant
que de contempler la divine Providence fournissant toujours
avec autant de sollicitude que de générosité un secours convenable
à chacun de nos besoins.

L'Enfant Jésus, malgré son origine divine, vient sur la terre, dénué
de tout, en butte à toutes les misères dont un petit enfant né au sein
de la plus extrême pauvreté peut souffrir ; mais la Providence lui a
procuré un tuteur, un protecteur dévoué, pour subvenir à toutes ses
nécessités, dans la personne de saint Joseph.


A SUIVRE...

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Ce grand Saint est pour le divin Enfant comme un ange
tutélaire, comme son père le plus tendre, le plus dévoué. A
Bethléem, il frappe à toutes les portes pour lui chercher un abri
et lorsqu'il est repoussé de partout par les cruels habitants de
cette localité, il s'empresse de lui préparer un refuge dans une
pauvre petite crèche au jour marqué pour sa naissance. Là il l'adore,
le réchauffe, le comble de ses paternelles caresses,
il le protège, l'assiste, le défend contre le froid et contre la faim.


Un roi inhumain veut mettre à mort l' Enfant-Dieu ; il envoie ses satellites
de tous côtés et il fait périr par milliers de pauvres enfants innocents ;
mais saint Joseph , fuyant en toute hâte en Egypte, sauve la vie au Sauveur
des hommes. Là sur la terre étrangère, il pourvoit à sa subsistance, à son logement
et à tous ses besoins. Dans les bras de son Père adoptif, l'Enfant
Jésus ne manquait de rien. Le saint Patriarche était heureux de
se dévouer complètement et son bonheur se traduisait par les attentions
les plus délicates et les plus paternelles. Le petit
Jésus, dans son langage muet, mais divinement expressif, devait
dire sans doute à son saint protecteur : c'est à toi que mon
Père céleste m'a confié ; tu seras mon secours et le tuteur de mon enfance.


Qu'il est important le devoir sacré imposé par la divine Providence
aux parents chargés de protéger l'enfance exposée à
tant de périls ! Que leur plus chère préoccupation soit donc
de mettre leurs enfants sous l'égide du saint patriarche Joseph
qui a été établi le père adoptif du divin Enfant et son protecteur,
qui, par cette sublime mission a été constitué le protecteur de
tous les enfants auxquels il aime à sourir du haut du ciel, parce
que leur innocence lui rappelle celle de Jésus enfant ; qu'ils
demandent à ce grand saint de daigner abriter sous son manteau
paternel ces anges de la terre, les bénir pour que les rayons de
la grâce divine fassent épanouir leurs âmes comme autant de
fleurs aux suaves parfums ; qu'ils le supplient de bénir aussi
leurs parents, de leur obtenir la grâce de bien comprendre que
leur devoir le plus sacré est de faire pénétrer la sève de la vertu
dans ces âmes neuves, de les nourrir du lait fortifiant de la religion
et de la morale, de leur inculquer profondément la croyance en un
Dieu, Père commun des hommes, à une Providence pleine de sagesse,
à l'immortalité de l'âme, à une justice vengeresse du crime et rémunératrice
de la vertu.


A SUIVRE...

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Mais l'enfant a grandi ; l'heure de la lutte a sonné pour lui
S'il veut s'assurer la victoire, triompher sûrement de l'épreuve,
ne pas consumer les plus belles années de sa vie loin de Dieu
et dans la poursuite des vains plaisirs de la terre, s'il veut un
jour saluer ses vingt ans avec l'innocence de la première communion
et la gaieté insouciante du jeune âge, qu'il se consacre
corps et âme à saint Joseph, qu'il l'honore d'un culte spécial,
qu'il ait pour lui une vraie et tendre dévotion et, en dépit de
tous les orages ce grand Saint le conduira à bon port.


Tous savent comme on apprécie dans le monde un puissant
protecteur ; son patronage suffit quelquefois pour faire la fortune
d'un jeune homme, d'une famille entière. Supposez un étudiant qui,
après avoir pris ses grades, se trouve ainsi soutenu et mis en relief
par un personnage influent ; il est aussitôt délivré de toute inquiétude
pour son avenir. Une place avantageuse, des concours utiles, de précieuses
sympathies, tout cela lui est assuré et fait présager une magnifique
carrière, tandis qu'il aurait pu végéter encore longtemps au
milieu d'innombrables compétiteurs.


La même chose se passe dans l'ordre spirituel. Aussi l'Eglise
engage-t-elle vivement les chrétiens à se choisir un patron parmi
les saints du ciel et à lui recommander fréquemment les affaires de leur âme.
Et à la jeunesse, l'Eglise propose saint Joseph qui a pris soin de Jésus et qui
a les deux qualités que la jeunesse désire chez son protecteur. Il est certainement
l'avocat le plus dévoué à la jeunesse chrétienne et le plus puissant pour la défendre.


Si saint Joseph a un grand amour pour la jeunesse, nous pourrions dire,
s'il a un faible pour elle, c'est parce qu'il a été choisi de Dieu,
créé et mis au monde pour être le gardien de Jésus. Il a été le vrai
pourvoyeur de Jésus ; mais les enfants et les jeunes gens sont les frères
de ce divin Enfant. Voilà pourquoi Dieu ayant choisi Joseph pour père de
son Fils unique a voulu qu'il continuât à remplir cette même mission auprès
des frères adoptifs du Sauveur ; voilà pourquoi il lui a communiqué des
trésors exceptionnels d'amour, de tendresse et dévouement pour les enfants
et les jeunes gens qui se placent sous son auguste patronage, l'invoquent
comme leur puissant protecteur et l'imitent comme le plus parfait des
modèles. Tout naturellement, saint Joseph retrouve en chaque enfant,
en chaque adolescent, des images du Jésus de Nazareth, et il met tout
son bonheur à remplir auprès d'eux le rôle qu'il remplissait auprès du Sauveur.


A SUIVRE...

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Et à la bonté — nous ne saurions trop le répéter — ce protecteur joint la puissance.
Saint Joseph a été l'époux de la Vierge Marie, Mère de Dieu, Souveraine des Anges et des
saints, qui peut tout obtenir par son intercession auprès de l'Auguste Trinité. Si maintenant
saint Joseph s'adresse à elle en sollicitant quelque grâce, Marie pourrait-elle lui répondre
par un refus ?


Saint Joseph a été le Père adoptif de Jésus-Christ, dignité
que personne n'a partagée avec lui et qui le met au-dessus de tous
les anges et de tous les saints, la Mère de Dieu exceptée ; il a vu
l'Enfant-Dieu obéir à ses ordres, prendre ses conseils, recevoir ses
leçons, en un mot se mettre sous son entière dépendance, comme
un fils à l'égard de son père. Et maintenant si saint Joseph sollicite
de lui quelque faveur, pourra-t-il la refuser ?


Saint Joseph, époux de Marie, Père adoptif de Jésus a été encore le premier entre tous les favoris de l'adorable Trinité.
Il a reçu des prérogatives étonnantes, une mission incomparable. Dépositaire des secrets célestes, il a eu sous sa garde
les deux objets les plus dignes de toute la vénération du ciel et de la terre, la Sainte Vierge et son divin Fils. Si donc il implore
quelque grâce auprès de l'auguste Trinité pourra-t-il essuyer un refus ?


Saint Joseph a donc les qualités voulues pour être utile à
l'enfance et à la jeunesse. Celui qui l'aime réellement ne
saurait ne pas ressentir les inappréciables effets de son
patronage dans les circonstances pénibles ou dangereuses
de la vie ; celui qui a recours à lui ne saurait être déçu
dans sa confiance et dans ses espérances.


Du reste pour s'en convaincre, il suffit d'ouvrir l'histoire et de regarder les
faits qu'elle nous met à tout instant sous les yeux et qui prouvent la miséricordieuse
et inépuisable bonté de saint Joseph envers la jeunesse. Partout on voit la manifestation
de la tendresse de ce Saint envers les enfants et les jeunes gens.


Aussi ceux-ci ne doivent désespérer de rien, s'ils veulent
recourir à un si charitable protecteur ; car un saint qui opère
tant de merveilles en faveur de la jeunesse, c'est un saint qui
a pour elle une prédilection marquée, c'est l'ami, le père des
enfants et des jeunes gens.


***


A SUIVRE...

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Et cette prédilection de saint Joseph pour la jeunesse doit
être celle de tout prêtre qui comprend sa mission sur la terre.
S'il est une œuvre qui doit être l'objet de sa sollicitude, le but
de tous ses efforts, c'est la bonne formation de l'enfant et du
jeune homme. Il sait que c'est l'enfant qui est appelé par le Saint
Evangile : " l'égal des anges, " le prédestiné des cieux,
talium est enim regnum cœlorum. Il sait l'intérêt que notre
divin Sauveur a porté aux enfants, qu'il faisait approcher de lui,
qu'il favorisait de ses bénédictions et de ses caresses, pour leur
communiquer sa sainteté ; cet intérêt est pour lui une leçon
et un exemple qu'il se fait un devoir de suivre d'autant plus
facilement qu'il est pour les enfants l'image et la représentation
vivante du Dieu de l'Evangile.


Les sentiments de notre divin Sauveur ont toujours été ceux
de ses saints représentants sur la terre.

L'histoire nous montre saint François de Sales, saint Vincent
de Paul et tous les saints prêtres cherchant à s'entourer d'enfants.
Leurs âmes pures et candides se retrouvaient dans ces jeunes âmes
que le mal n'avait pas encore déformées et les sympathiques regards
de ces charmantes créatures du bon Dieu montraient combien ces
saints prêtres en étaient compris et aimés.


L'histoire nous parle de beaux génies, comme Fénelon et Gerson,
se montrant heureux de confondre les derniers rayons
de leurs belles intelligences avec les premières lueurs des jeunes
esprits. Agés et couverts de gloire, ils se faisaient catéchistes
et maîtres d'écoles. Gerson terminait son dernier ouvrage, le beau
traité : "de pueris ad Deum trahendis, par ces douces et pieuses
paroles : Venite ad me, parvuli ; ego vobis doctrinam,
vos mihi orationem impenditis. ; et sic angelos nostros laetificamini.
Venez donc à moi, chers enfants, je vous donnerai la vérité,
vous me donnerez vos prières, et ainsi nous réjouirons les anges.


L'histoire nous montre nos nombreuses maisons d'éducation
dans lesquelles ont vécu, dans lesquelles vivent encore, des
milliers de prêtres et de religieux qui ont donné ou donnent
aujourd'hui tout ce qu'ils ont d'intelligence et de cœur à la
bonne formation intellectuelle et morale des enfants.


Le prêtre veillera donc avec un grand soin sur les enfants
et sur les jeunes gens dont il a la direction. Il dira souvent
à chacun d'eux cette parole de Tobie à son fils : " Aie Dieu
dans ton esprit tous les jours de ta vie."


Il aura une ambition et pour eux et pour lui : l'ambition de
cet ancien chef et juge du peuple de Dieu, Gédéon, lequel ayant
à conduire trois cents braves à l'ennemi, leur mit en mains deux
choses : un flambeau et une épée. L'épée que le prêtre mettra
entre les mains de ses enfants et de ses jeunes gens, sera l'arme
de la vertu fortement trempée contre le mal et contre le vice :
le flambeau qu'il leur passera et qui devra éclairer leurs esprits
durant leur vie entière, sera celui de la foi. Avec cette arme,
avec ce flambeau, ces jeunes gens, à l'âge où tant d'autres
traînent leur vie dans les ténèbres et dans la fange, auront leur
front dans la lumière et leur cœur dans la pureté ; ils envisageront
leur avenir terrestre, ils le tailleront aussi large et aussi beau
qu'ils le pourront, mais ils n'oublieront pas, quoiqu'il arrive,
aux heures sombres comme aux jours prospères, qu'après cet
avenir fugitif qui demain s'appellera le passé, il y a l'avenir
éternel.


A SUIVRE...

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Il fera tous ses efforts pour que ces chers enfants reçoivent
une éducation chrétienne qui leur sera donnée par des prêtres,
des religieux, des religieuses qui s'intéresseront à eux non pas
seulement pour savoir à la fin de chaque année scolaire dans
quelle chance de succès ils sont vis-à-vis de leurs examens, mais
pour savoir si chaque jour ils deviennent meilleurs, si chaque jour
ils comprennent mieux la place que Dieu veut avoir dans leur
vie, s'ils ont à cœur de travailler à arracher un à un les brins
d'ivraie à mesure qu'ils montrent la tête dans leur âme.


Il rappellera souvent aux fidèles confiés à leurs soins que de
tous les devoirs qui incombent aux pères et aux mères, il n'en
est aucun qui soit plus grave que celui de la bonne éducation
de leurs enfants. S'ils veulent que ces enfants respectent un
jour leurs cheveux blancs, qu'ils soient leur bâton de vieillesse,
ils doivent faire tous les sacrifices voulus pour les confier à des
maîtres qui leur apprendront d'abord à respecter le grand
Maître du ciel et de la terre, à lui obéir, à pratiquer les
commandements qu'il nous a imposés. Il vaut mieux évidemment,
s'ils ne peuvent pourvoir à tout, léguer à leurs fils un portefeuille
vide, mais leur avoir fait façonner une cervelle garnie de solides
qualités et un cœur orné de vertus.


Le prêtre doit comprendre ainsi ce que vaut une vocation
sacerdotale ou religieuse, le bien qui peut en résulter pour la
gloire de Dieu, pour la consolation de l'Eglise et pour le salut
des âmes. Qu'il doit être heureux le prêtre qui, à son lit de mort,
peut bénir, rangés autour de lui, de nombreux héritiers de sa
vocation ! Il ira alors joyeux au lieu du repos, parce qu'il aura
la conscience de ne pas mourir tout entier.


Et pour que le prêtre voit ses désirs exécutés, qu'il mette
ses enfants et ses jeunes gens sous l'égide du saint protecteur
de l'enfance de Jésus. La mission de protecteur qu'il a reçue
sur la terre, saint Joseph est toujours heureux de l'accomplir
du haut du ciel. Que le prêtre s'efforce de faire comprendre aux
enfants qu'ils trouveront toujours dans ce grand Saint le plus
puissant des protecteurs et le meilleur des pères. Peut-il y
avoir un père plus parfait que celui dont le Fils a été un Dieu ?


A SUIVRE...

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CHAPITRE XVII - Saint Joseph, patron de la famille


Une des grandes plaies de notre époque est la désorganisation
de la famille. "La révolte est partout et la vie de famille s'en va,"
dit-on de toutes parts.

Or l'Eglise veut remédier à ce mal en élevant devant nos yeux,
comme un enseignement vivant, la figure de saint Joseph, le
modèle des pères, celui qui fut le chef d'une famille, la plus
unie et la plus exemplaire des familles et, par l'organe du Pape
Léon XIII, en plaçant la famille sous le patronage de saint Joseph.

" Les pères de famille, dit-il dans son Encyclique quamquam
pluries, trouvent en saint Joseph la plus belle personnification
de la vigilance et de la sollicitude paternelle ; les époux, un
parfait exemple d'amour, d'accord et de fidélité conjugale ;
les vierges ont en lui, en même temps que le modèle, le
protecteur de l'intégrité virginale. Que les nobles de naissance
apprennent de saint Joseph à garder, même dans l'infortune,
leur dignité ; que les riches comprennent, par ses leçons, quels
sont les biens qu'il faut désirer et acquérir au prix de tous leurs
efforts. Quant aux prolétaires, aux ouvriers, aux personnes de
condition inférieure, ils ont comme un droit spécial de recourir
à saint Joseph et à se proposer son imitation. Joseph en effet
de race royale, uni par le mariage à la plus grande et à la plus
sainte des femmes, regardé comme le père de Jésus, du Fils de
Dieu, passe néanmoins sa vie à travailler et demande à son labeur
d'artisan tout ce qui est nécessaire à l'entretien de sa famille."

"En vénérant le mystère de la vie cachée que Jésus-Christ a menée
en compagnie de la Vierge, sa Mère, et de saint Joseph, écrit Sa Sainteté
Léon XIII, au Cardinal de Bausa, les familles chrétiennes y trouveront de
puissants stimulants pour l'accroissement de leur ferveur dans la foi,
pour l'imitation des vertus qui ont brillé dans le divin Maître, dans la
Mère de Dieu et dans son très saint Epoux. Ces vertus, en même temps
qu'elles procurent les récompenses de la vie éternelle, intéressent aussi
la prospérité de la société domestique et de la société civile qui, à notre
époque, souffrent de tant de maux, puisque le bien général de l'Etat,
dont la famille est le fondement, découle nécessairement de l'existence
des familles saintement constituées. "

Pour bien comprendre toute la vérité de ces paroles de
Léon XIII nous n'avons en effet qu'à regarder un instant
cette humble maison où vivait Joseph, à pénétrer un
instant par la pensée dans ce sanctuaire de la famille
de Nazareth et contempler l'édifiant spectacle de sainteté
et de paix que nous offre cet intérieur.


A SUIVRE...

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L'humble maison où vivait Joseph ne se distinguait en rien de toutes celles qui s'étageait sur le penchant de la gracieuse
colline dont les charmes avaient fait donner à la petite ville le nom de Nazareth, que veut dire la fleur. Pauvre d'aspect,
elle n'avait à l'intérieur ni luxe ni confort ; mais elle était remplie de souvenirs qui la rendaient douce au cœur de Marie et de
Joseph. Là Joachim et Anne avaient habité ; là ils s'étaient sanctifiés ; là ils avaient attendu le Messie, là, par l'ardeur de leurs
prières, ils avaient obtenu du ciel la naissance de celle qui devait être la Mère du Sauveur ; les murs semblaient comme imprégnés
de leurs pieux désirs et de leurs saintes oraisons. Plus tard, c'est encore dans cette maison — radieux souvenir pour Joseph — que
Marie, sa pure et douce fiancée, avait attendu le jour de leur union. C'est dans cette maison surtout que Gabriel, le messager céleste,
était descendu vers la Vierge et que s'était accompli le mystère de l'Incarnation.


Et quel beau spectacle offrait aux Anges cette sainte maison
de Nazareth dont Joseph avait été établi le chef ! Les Anges
en gardaient le seuil ; jamais le remords n'y vint troubler la paix ;
jamais le péché n'y altéra la joie des cœurs. . . Là, c'était la vie
de famille dans toute sa perfection ; là les peines
et les soucis, les joies et les consolations, le travail et le repos,
la prière et la récréation, tout était en commun. On aurait dit
le vestibule du paradis, séjour de paix et de concorde, d'union
mutuelle, une image frappante de cette union qui existe entre
les trois personnes de la Sainte Trinité.


Comme l'âme se plaît à considérer attentivement Jésus, Marie.
Joseph, vivant ensemble, travaillant ensemble, prenant ensemble
leurs repas, s'édifiant, s'aimant toujours ! Voyez saint Joseph.
En sa qualité de chef de la famille, il représente Dieu. C'est
donc lui qui commande, mais il le fait toujours avec humilité
et bonté. Voyez Marie. Avec quelle perfection ne se soumet-elle
pas à la volonté de son saint époux ? Voyez Jésus : toute sa
vie à Nazareth est résumée dans l'Evangile par ces simples mots :
" Il leur était soumis. "


A SUIVRE...

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" Considérez, dit saint Bonaventure, de l'œil le plus attentif, cette petite famille bénie par-dessus toutes les autres, pratiquant une vertu si haute et menant une vie si humble. L'heureux Joseph gagnait ce qu'il pouvait par son métier de charpentier ; Notre Dame travaillait de l'aiguille et du fuseau, subvenant ainsi de son côté aux petites dépenses de l'entretien commun ; elle faisait de plus les autres petits travaux de la maison. Elle préparait la nourriture de son époux et de son fils et elle s'occupait elle-même de tout le reste ; car elle n'avait personne pour la servir. Portez compassion à cette divine Vierge ainsi réduite à travailler de ses propres mains ; portez aussi compassion à Jésus-Christ notre Sauveur qui l'aidait et était fidèle à lui épargner tout le travail qu'il pouvait ; car, ainsi qu'il l'a dit, il était venu pour servir et non pour être servi. En conséquence n'aidait-il pas sa Mère à dresser sa modeste table, à arranger les petites chambres et dans tous les travaux de l'intérieur ? Voyez-le remplissant dans la maison ces offices si humbles et contemplez en même temps la divine Vierge qui les partage avec lui. Considérez aussi comment tous trois chaque jour, assis à une petite table, prennent leurs repas où l'on ne voit ni mets exquis et recherchés, mais une nourriture simple et frugale. Prêtez ensuite l'oreille et écoutez-les converser ensemble; leurs paroles, loin d'être vaines et oiseuses, sont toujours pleines de sagesse et animées de l'esprit de Dieu. L'âme reçoit ainsi sa réfection comme le corps.


Combien saint Joseph devait s'estimer heureux de pouvoir vivre si familièrement avec Jésus, la Parole du Père, la Sagesse incréée ! Quels charmes, quelles douceurs dans ces entretiens avec le plus aimable des enfants des hommes !

Quels effets merveilleux devait produire sur le cœur si pur de Joseph la présence visible et continuelle de Dieu ! Si le père d'Origène venait, dans le silence des nuits, baiser la poitrine de son enfant, comme le tabernacle de Dieu qui chérit l'innocence, combien de fois la piété devait réveiller saint Joseph et le conduire au berceau du divin Sauveur ? S'il voyage, c'est avec Jésus qu'il porte entre ses bras ou dont il dirige les pas ; s'il exerce sa profession, c'est dans la compagnie de Jésus, c'est en partageant son travail avec Jésus ; c'est en recevant même les services de Jésus ; s'il prend un frugal repas, c'est en la présence de Jésus qui est assis à ses côtés et le nourrit intérieurement de sa divinité ; s'il parle, c'est toujours à Jésus et sa à sainte Mère ; s'il écoute, c'est la douce voix de Jésus, c'est le doux nom de Père dont il s'entend nommer de sa bouche divine.


Après son ravissement au troisième ciel, l'Apôtre écrit que l'œil n'a point vu et que l'esprit humain ne peut comprendre le bonheur que Dieu réserve à ses élus ; on peut dire également que la langue humaine ne parviendra jamais à exprimer les douceurs spirituelles dont le cœur de Joseph fut continuellement inondé.


***


A SUIVRE...

[InHocSignoVinces]

Les joies très pures que saint Joseph goûta dans le sanctuaire
de la famille furent uniques dans le monde ; car dans le monde
il n'y eut qu'une vierge mère, il n'y eut qu'un seul fils de Dieu
soumis à un homme comme à son père. Toutefois dans une famille
vraiment chrétienne, on peut retrouver quelque chose de ces
joies. Les époux doivent s'entr'aimer d'un amour chrétien et
spirituel, surnaturel et de charité, pour s'entr'aider à faire leur
salut, à se sanctifier, à se perfectionner ; ils doivent se communiquer
les bonnes pensées qu'ils ont et les lumières que Dieu
leur donne ; ils doivent prier Dieu de bon cœur l'un pour
l'autre.


Quelle consolation pour un père de se faire petit avec ses enfants et de les former à la vertu ! Et pour le cœur d'une mère
peut-il y avoir un contentement pareil à celui que procure l'occupation si douce d'élever ses jeunes enfants et de bien gouverner
sa maison ? Les réunions de plaisirs, les veillées, les bals, les théâtres n'ont pas d'attraits pour le père de famille qui comprend sa mission ni pour la mère prudente et sage qui voit dans ses enfants l'avenir de l'Eglise et de la société. Le sort de l'humanité est entre les mains de la mère ; c'est elle surtout qui imprime dans le cœur de ses enfants la première impulsion vers le bien et y jette les premières semences de la vertu que le temps doit développer.


Malheureusement de nos jours la vie de famille disparaît de
plus en plus. Il y a un grand nombre de familles où l'on ne voit
pas cette union étroite, parfaite, qui régnait à Nazareth ; il y
a un grand nombre d'enfants qui ne se plaisent pas auprès
de leurs parents comme Jésus se plaisait auprès de Joseph
et de Marie. Et cela vient certainement de ce que les familles
ne sont pas assez chrétiennes ; Dieu, la religion, la vertu n'y
occupent pas la première place.


C'est le Prophète royal qui a décrit en quelques mots ce qui
donne le bonheur à la famille : " Celui qui craint le Seigneur,
dit-il, et qui marche dans la voie des commandements divins,
recevra du Seigneur lui-même tous les biens ; il jouira en paix
du travail de ses mains ; son épouse sera comme une vigne
féconde ; ses enfants environneront sa table comme les rejetons
de l'olivier et, durant toute sa vie, il se verra inondé, lui, ses
enfants et ses petits enfants, de l'abondance des bénédictions
célestes. " (Ps. 127.)


A SUIVRE...