Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre II : Dieu

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SWS, Livre II, II, C4, §106 traduit par le chartreux a écrit :
Section 106. Unité absolue des personnes produites avec leur principe, résultant de leur origine immanente : ressemblance, égalité, identité, inséparabilité et pénétration, περιχώρησις.

I. Le caractère personnel des produits internes divins et de leurs processions s'explique, tant en général qu'en particulier, par la notion fondamentale de l'origine spirituelle qu'ils tiennent de la connaissance et de la volonté. On peut de même, à ce point de vue, expliquer parfaitement comment les personnes produites sont absolument unies avec leur principe, malgré leurs distinctions, et précisément en vertu de la nature spéciale des origines qui établissent ces distinctions. Cette unité, sous le rapport formel, s'énonce ordinairement de cinq manières différentes : unité de ressemblance et d'égalité, qui peut se résumer par l'unité de concorde ; unité d'identité, qu'on peut concevoir comme accord dans l'essence, et comme liaison par le moyen de l'essence ; unité de cohésion inséparable et de pénétration, qu'on peut comprendre sous le point de vue d'unité de liaison. Sous le rapport matériel, l'unité considérée dans toutes ses formes, s'étend à tout ce que les personnes sont et à tout ce qu'elles possèdent ; être, vie, opérations extérieures, dignité, puissance et perfection.

La troisième forme de l'unité, l'identité de l'essence ou l'unité absolument simple qu'elle révèle dans l'essence divine, contient proprement le germe de toutes les autres formes. De là vient aussi que toutes les autres formes ne donnent qu'une idée imparfaite de l'unité divine. Remarquons aussi que les diverses formes de l'unité des personnes expriment certaines relations entre elles ; mais ces relations sont d'une toute autre espèce que les relations d'origine dont elles résultent. Ces dernières sont des relations réelles, et les autres des relations de raison, ainsi que les appellent les théologiens.
chartreux
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SWS, Livre II, II, C4, §106 traduit par le chartreux a écrit :
II. Voici ce qu'il en est en particulier des différentes formes d'unité entre les trois personnes divines.

II. 1. Comme les personnes produites sont la manifestation la plus intime et la plus immédiate de la nature et de la vie divine, il suit de là qu'il n'y a pas seulement une ressemblance quelconque entre leurs qualités ; il y a ressemblance dans une même espèce, ou accord parfait dans la qualité de l'essence. Ensuite, comme il n'y a pas d'accidents dans la nature divine, que toutes les perfections sont contenues, dans son essence, il y a ressemblance parfaite en toutes choses, une ressemblance qui exclut toute dissemblance, ὁμοιότης κατὰ οίσιαν ἀπαράλλακτος. Cf.Card. Newman, Athan. ii. 370.

II. 2. Comme les personnes produites sont en outre une manifestation complète de leur principe, qui s'énonce et se répand tout entier en elles, il s'ensuit qu'elles sont parfaitement égales à leur principe, et égales en grandeur, ce qui n'existe pas toujours chez les êtres créés de même espèce. Et la grandeur dont il s'agit n'est pas une grandeur de quantité extérieure, mais une grandeur virtuelle et extérieure de perfection et de puissance, qui en Dieu est infinie (cf. section 64 plus haut).

II. 3. La ressemblance de l'espèce jointe à l'égalité, c'est-à-dire l'accord le plus intime et le plus universel, suffit déjà chez les créatures pour qu'on puisse dire de deux sujets qu'ils ne sont pas seulement semblables et égaux, mais encore que l'un est ce qu'est l'autre. C'est en ce sens que les Grecs, en parlant des créatures, employaient le mot de ταυτότης, dont le sens littéral, mais non tout-à-fait le sens vulgaire et habituel, est celui d'identité. Cette identité, toutefois, n'est au fond que partielle et très-défectueuse ; celle qui existe entre les personnes divines doit s'entendre dans une acception plus haute et plus rigoureuse.

La manifestation intime et parfaite de la nature divine n'implique pas seulement une communication substantielle quelconque ; cette nature, étant absolument simple, ne peut se communiquer par le détachement d'une partie matérielle ou par une multiplication de son principe vital ; il faut donc qu'elle soit transmise indivisiblement aux personnes produites, qu'elle existe chez toutes à la fois et soit identique à chacune. Ainsi les personnes, au point de vue de ce qu'elles sont, ne sont pas seulement semblables, égales ou parentes ; elles sont absolument la même chose.
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SWS, Livre II, II, C4, §106 traduit par le chartreux a écrit :
En même temps que la notion d'identité complète et achève les notions de ressemblance et d'égalité, sans supprimer la distinction personnelle, elle leur donne une forme particulière qui ne se trouve qu'en Dieu. Cette égalité et cette ressemblance des personnes ne consiste pas en ce que les qualités, les grandeurs de l'une seraient au niveau de celles de l'autre ; mais en ce qu'elles possèdent toutes d'une manière également essentielle et également parfaite, et partant également éternelle et également légitime la qualité et la grandeur qui se trouvent dans la seule et même substance.

Il résulte encore de l'identité d'essence que les personnes divines non-seulement sont entre elles dans l'accord le plus étroit, mais qu'elles sont unies de la façon la plus intime. L'identité ajoute à la ressemblance qui peut exister même entre des choses qui ne sont pas unies, la cohésion la plus parfaite, et elle ajoute à l'égalité, en vertu de laquelle une grandeur équivaut simplement à une autre grandeur, la pénétration la plus intime. Ici encore, elle complète et précise la notion d'union ; ce n'est plus seulement une union par rapprochement, une réunion d'objets en un seul tout, une adhérence à un même principe ; l'identité est telle que les trois personnes ne représentent qu'une seule nature indivisible.
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SWS, Livre II, II, C4, §106 traduit par le chartreux a écrit :
II. 4. L'union des personnes divines entre elles apparaît d'abord comme une connexion inséparable et indivisible. Cette connexion existe de la manière la plus parfaite entre les personnes produites et leur principe, et voici comment : 1) L'être de ces personnes dépend d'une influence continue de leur principe, et on ne saurait les concevoir sans cette relation à leur principe. 2) Étant la manifestation interne de sa connaissance et de sa volonté substantielle, elles ne sortent point de sa substance ; elles y demeurent et lui sont innées. Entre le principe et la personne produite, la connexion est telle, a) que le principe tend essentiellement à la produire et n'est lui-même une personne particulière qu'autant qu'il fait procéder de lui les autres personnes ; b) il ne sépare pas plus de soi les produits internes de sa vie qu'il ne peut détacher de lui-même sa vie intime qui s'énonce et se répand en eux.

II. 5. L'union des trois personnes divines apparaît encore plus parfaite et plus vivante sous la notion de pénétration mutuelle et adéquate, à laquelle correspond une compréhension intime et parfaite. Cette notion, les Grecs la nomment περιχώρησις, et les Latins circuminsessio(ou mieux circumincessio). Περιχωρεῖν est susceptible de quatre constructions : περιχωρεῖν εἰς ἄλληλα, ou ἐν ἀλλήλοις, ou δί ἀλλήλων, ou δί ἄλληλα ; les trois premières correspondent à invadere et pervadere ; la dernière à capere ou comprehendere. Voici en quoi se révèle surtout cette pénétration compréhensive : chaque personne pénètre l'autre parce qu'elle y réside avec toute son essence, et qu'elle possède toute l'essence de celle-ci comme la sienne propre ; et de même que chaque personne ne trouve dans l'autre que sa propre essence, c'est aussi par le même acte de connaissance et d'amour qu'une personne divine en saisit et en embrasse une autre. "Chacune des trois Personnes qui nous parle depuis le Ciel est vraiment et pleinement Dieu, et pourtant il n'y a qu'un seul Dieu ; cette vérité est énoncée de la façon la plus intelligible lorsque nous disons que le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, étant un seul et même esprit et un seul et même être, sont les uns dans les autres : c'est la doctrine de la περιχώρησις" (Card. Newman, Athan., ii, p.72 ; cf. Franzelin, th. xiv).

D'après ces formes diverses de l'unité, qui sont toutes pénétrées et soutenues par l'unité d'essence, les personnes divines forment une société absolument unique, une société sublime, dont les membres ont entre eux la ressemblance, la parenté, l'union la plus parfaite ; ce qui fait d'elles l'idéal irréalisable, le type éternel et essentiel de toute autre société.
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SWS, Livre II, II, C4, §106 traduit par le chartreux a écrit :
III. Toutes ces formes de l'unité des trois personnes divines comprennent, sous le rapport matériel, leur être et leur vie intérieure tout entière, ainsi que leurs opérations au dehors. Soit en ce qui concerne la puissance d'exercer ces opérations, soit en ce qui regarde les éléments qui concourent à l'exercice de cette puissance, idée, résolution, exécution, les opérations d'une personne sont parfaitement semblables, égales, identiques à celles d'une autre ; elles s'exercent de telle sorte que les personnes, en agissant ensemble, ne sont ni séparées ni séparables ; et non-seulement elles agissent ensemble au dehors, mais elles agissent les unes dans les autres dans toute la rigueur de l'expression. Elles n'ont donc qu'une seule opération absolument simple.

Ce n'est pas supprimer la simplicité absolue de l'opération des personnes divines que dire, en employant cette locution imitée du langage même de l'Écriture : L'opération de Dieu sort du Père par le Fils dans le Saint-Esprit. Cette manière de parler a pour but de montrer que toute l'opération revient également aux trois personnes, tout en indiquant la manière particulière dont elle est appropriée à chacune. Comme l'opération revient à chaque personne dans le même ordre et le même rapport de succession selon lequel la nature divine passe du Père, comme principe quo de l'opération, et arrive par le Fils dans le Saint-Esprit, où elle s'arrête. Dans la section qui suit nous allons exposer un autre signification de cette même locution.
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SWS, Livre II, II, C4, §107 traduit par le chartreux a écrit :
Section 107. Appropriation aux personnes particulières des noms, attributs et opérations communes.

I. Tous les noms, attributs et opérations qui ne concernent pas formellement le rapport mutuel des personnes divines appartiennent à toutes dans une égale mesure, à cause de l'unité absolue de la substance. Cependant il est du style courant de l'Écriture et de l'Église d'imputer aux personnes particulières certains noms, attributs et opérations qui servent à caractériser telle personne de préférence aux autres. Le procédé qui consiste à approprier spécialement à une personne ce qui en soi est commun à toutes, à donner à une seule toute une catégorie d'attributs qui reviennent aux trois, se nomme appropriation, en grec κόλλησις. Un tel procédé serait naturellement inadmissible si, en donnant tel attribut à une personne déterminée, on devait exclure les autres de sa possession.

Mais il ne faut pas confondre une chose appropriée avec une chose propre (appropriatum et proprium). Une chose appropriée n'appartient pas, comme une chose propre, exclusivement à une personne ; on ne peut pas même dire qu'elle soit plus propre à une personne qu'aux autres. Dans l'appropriation, il s'agit uniquement d'accentuer davantage la part qui revient à telle personne dans une partie des attributs communs à toutes, afin de mieux caractériser, soit la personne par l'attribut qu'on lui assigne, soit l'attribut par la personne à qui on l'attache. Il suffit pour cela que cette personne apparaisse non-seulement comme son possesseur, mais comme son représentant.
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SWS, Livre II, II, C4, §107 traduit par le chartreux a écrit :
Les appropriations sont tellement utiles, indispensables même, qu'il est à peine possible de traiter le dogme de la Trinité avec succès et en détail sans les faire intervenir. Elles sont utiles et indispensables, pour donner une représentation vivante des personnes particulières, même après qu'on les a distinguées entre elles ; car d'après nos idées humaines, nous ne pouvons guère concevoir des personnes déterminées sans leur donner des propriétés et des opérations distinctes. Elles sont surtout utiles et nécessaires pour mettre dans un plus grand relief le Père et le Saint-Esprit, à côté du Fils, qui dans sa nature humaine nous est apparu avec des propriétés et des opérations qui ne lui sont communes qu'avec le Père.

Elles servent en même temps à distinguer les personnes divines d'autres êtres imparfaits qui portent le même nom, par exemple lorsqu'on appelle le Père Pater aeternus, le Fils Filius sapiens, et le Saint-Esprit Spiritus sanctus. Les appropriations sont encore utiles et indispensables pour montrer les propriétés et les opérations de Dieu dans toute leur vitalité concrète, et surtout pour faire voir que son unité est de telle nature qu'elle vit et opère en les diverses personnes.
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SWS, Livre II, II, C4, §107 traduit par le chartreux a écrit :
II. Les diverses appropriations qu'on trouve dans l'Écriture ou qui sont admises dans la langue de l'Église peuvent se ranger dans les catégories suivantes :

II. 1. Parmi les noms substantifs de Dieu on ne peut citer comme des appropriations que les noms de Dieu et de Seigneur ; le premier est attribué au Père comme au principe de la divinité, et le second au Fils comme à celui qui est l'héritier naturel du Père et qui doit exercer dans l'incarnation l'empire spécial qui lui a été conféré par le Père. C'est à ce point de vue que le Fils est appelé simplement Fils de Dieu, et le Saint-Esprit Esprit de Dieu. L'Esprit saint n'a point d'autre nom divin qui lui soit approprié, parce que son nom propre, Esprit, dès qu'on fait abstraction de sa relation au Père et au Fils, apparaît déjà comme un nom de Dieu substantif et en un certain sens ne devient nom propre que par appropriation, c'est-à-dire en tant que la substance de Dieu, telle que l'air dans le vent, apparaît par son souffle dans la pleine énergie de sa nature spirituelle. En 1 Cor. 12:4 cependant, le nom d'"Esprit" est approprié comme ceux de Dieu et Seigneur.
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SWS, Livre II, II, C4, §107 traduit par le chartreux a écrit :
II. 2. Les noms qui désignent les propriétés de l'être et de la vie divine, et qui se présentent tantôt sous forme d'adjectifs, tels que : un, bon, vrai ; tantôt sous forme de substantifs, comme : unité, bonté, vérité, sont distribués entre les trois personnes suivant qu'ils correspondent à leur relation passive ou à leur relation active d'origine. Dans la seconde et la troisième personnes, comme on a toujours égard au mode spécial de leur origine, on ne rencontre que des prédicats positifs ; tandis que le Père n'étant pas engendré, on lui attribue aussi des prédicats négatifs, comme celui d'éternité.

C'est ainsi qu'on attribue au Père l'être substantiel en général, puis l'éternité et l'unité, puis aussi la puissance et la bonté dans le sens de fécondité productive, originelle, car elles brillent surtout en lui en sa qualité de premier principe sans principe. Au Fils, en tant que verbe et « image intellectuelle » du Père, on approprie la vérité dans le sens objectif et formel (cf. §73), puis la beauté éclatante et expressive. Au Saint-Esprit, qui est l'aspiration, le gage, le don de l'amour éternel, on approprie la bonté, dans le sens d'achevé, d'amiable, de béatifiant (cf. §74), et dans le sens formel de sainteté, joie et bienveillance. Mais comme l'unité elle-même peut se présenter sous divers points de vue, on attribue au Père l'unité sans restriction, au Fils, l'unité d'égalité, au Saint-Esprit l'unité de liaison.
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SWS, Livre II, II, C4, §107 traduit par le chartreux a écrit :

II. 3. Relativement à l'opération et à l'activité de Dieu au dehors, les appropriations se présentent sous des formes et dans des directions diverses. On peut les envisager 1) par rapport aux propriétés divines qui se révèlent dans chaque opération : puissance, bonté et sagesse : la puissance comme cause efficiente est attribuée au Père, la sagesse comme cause exemplaire au Fils ; et la bonté comme cause finale au Saint-Esprit. 2) Par rapport à l'ordre dans lequel une opération se développe ou atteint son but, d'après son analogie avec les opérations des créatures : résolution, plan, exécution, conservation. Au Père, on attribue la résolution ; au Fils, le plan ou l'exécution ; au Saint-Esprit, l'achèvement et la conservation. 3) Par rapport au mode d'opération qui correspond le mieux au caractère hypostatique : ainsi la production de l'être substantiel et de l'unité de toutes choses par la création, puis les moyens d'opérer les œuvres de la puissance (les miracles) conviennent au Père ; au Fils, la transformation des choses et surtout l'illumination des esprits, la collation des dignités et des emplois ; au Saint-Esprit, la vivification, le mouvement, la conduite des choses, la sanctification des esprits et la distribution des dons de la grâce.
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