Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


12/ 229. « Il faut dire que cette argumentation serait juste si Dieu et le prochain étaient les objets de la charité à égalité (ex aequo). Or cela n'est point vrai, car Dieu est l'objet principal de la charité, tandis que le prochain est aimé par (ex) charité pour Dieu.» (Saint Thomas, 2.2. 23,5 ad 1)


« Il faut dire que comme l'Apôtre le déclare : « La fin du précepte est la charité » (I Tim. 1,5) : toute la loi, en effet, tend à constituer une amitié soit des hommes entre eux, soit de l'homme envers Dieu.

Par conséquent, toute la loi est accomplie par cet unique commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Rom. 13,9),comme étant une certaine fin (sicut in quodam fine) de tous les commandements.

Cela, parce que dans la dilection du prochain est aussi inclue la dilection de Dieu, quand le prochain est aimé pour Dieu.

L'Apôtre indique donc cet unique précepte pour signifier les deux qui concernent la dilection de Dieu et du prochain, dont le Seigneur a dit en Mt.22,40 :

« En ces deux commandements tiennent toute la loi et les prophètes ».» (Saint Thomas, 1. 2. 99,1 ad 2)


« Il dit : "tiennent", ce qui veut dire qu'en eux s'en trouve la fin.» (Saint Augustin, de Quest. Ev. 1,33)





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


12/


230. On pourrait exprimer la même vérité à l'inverse, en se fondant sur le fait que « dans la dilection de Dieu est inclue la dilection du prochain (cf. 2.2. 25,1).» (S. Th. 2.2. 55,1 ad 6)

Si l'on peut donc dire à la fois qu'en la dilection véritable envers Dieu est incluse celle envers le prochain et vice versa, que celui qui aime vraiment Dieu aime son prochain et l'inverse, que ces deux préceptes ne font donc qu'un d'une certaine manière, il faut cependant préciser à nouveau, comme cela a déjà été fait avec le Catéchisme de Trente (cf. n° 223 in fine et 226), que ce n'est point la charité envers le prochain qui est la fin de la charité envers Dieu, mais comme le dit également saint Thomas (2.2. 44,2 corp. et ad 2) :

« La dilection de Dieu est la fin à laquelle est ordonnée la dilection du prochain... Dieu est aimé dans le prochain comme la fin par rapport à ce qui se rattache à la fin.»


Ce qui n'a rien d'étonnant, puisqu'il a été montré dans la réponse précédente que « dans le prochain, ce n'est que Dieu qu'aime la charité (Caritas in proximo non diligit nisi Deum).» (Saint Augustin de Doctr. Christi 1.1, ch. 22 et 27 ; cf. aussi n° 141)



(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


12/

231. Il faut dire en outre que, comme cela a été montré dans la réponse précédente, le second Commandement est semblable au premier précisément uniquement en tant que c'est Dieu qu'il nous faut aussi aimer à travers le prochain, et non pas nous-mêmes et le prochain pour nous-mêmes ou pour lui-même :

« Que nul, quand il aime quelqu'un, ne pense aussitôt qu'il a la charité, avant d'avoir auparavant examiné le mouvement même de sa dilection.

Car s'il aime quelqu'un, mais ne l'aime pas pour Dieu, il n'a point la charité, mais croit l'avoir.

Or la vraie charité consiste à aimer nos amis en Dieu, et nos ennemis à cause (propter) de Dieu.» (Saint Grégoire, hom. 38 in Ev. )


Ainsi, en tant que l'amour souverain de nous-mêmes et du prochain consiste à notre propre souverain avantage et celui du prochain, à savoir notre Souverain Bien qu'est la possession de Dieu, il est inférieur à l'amour de Dieu, non pour notre avantage, mais pour et en Lui-même, parce qu'Il est infiniment Bon, Parfait, et Aimable, comme cela a déjà été montré dans le corps de la réponse (n° 138s) :

il y a en cela, la distance entre l'amour imparfait et l'amour parfait (cf. n° 286), l'amour intéressé et l'amour désintéressé, l'amour d'espérance et celui de charité (cf. n° 301s, 509s, 527s).




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


12/

232. Ce second Commandement n'est donc vraiment rempli, en faisant atteindre la charité qui seule le rend semblable et l'unit au premier, qu'en tant que nous nous aimons nous-mêmes et aimons le prochain pour l'amour de Dieu Lui-même ; lequel se prouve par l'accomplissement de sa Volonté (cf. I Jn. 5,3 ; 2,5-6 ; Jn. 14, 15,21 ,23 ; cf. n° 187s), et donc de ses Commandements, le second entre autres.

C'est pourquoi, après les mots : "comme toi-même" ou "comme soi-même", le Catéchisme ajoute cette précision : "pour l'amour de Dieu" (cf. Cat. S. Pie X 5e P. ch. l, et autres : v. n° 467).

Ce qui est aussi le cas pour l'acte de charité que l'Eglise nous fait réciter :

« Mon Dieu je vous aime de tout mon coeur et par-dessus tout, parce que Vous êtes infiniment Bon et infiniment Aimable, et j'aime mon prochain comme moi-même pour l'amour de Vous ».


D'où cet appel à l'attention, fait par saint Vincent de Paul (Entretien du 30/5/1659) :

« Remarquez : pour l'amour de Dieu ; ce qui est si grand que l'entendement humain ne peut le comprendre ; il faut que les lumières d'en haut nous élèvent pour nous faire voir la hauteur et la profondeur, la largeur et l'excellence de cet amour (cf. Eph. 3,18).»


C'est aussi ce qu'expose explicitement saint François de Sales (Traité de l'Amour de Dieu 10,11) :

« Aimer le prochain par charité, c'est aimer Dieu en l'homme, ou l'homme en Dieu, c'est chérir Dieu seul pour l'amour de Lui-même, et la créature pour l'amour de Dieu.»




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


12/

233. Tandis qu'en recherchant avant tout notre avantage, même spirituel et éternel, et celui du prochain, on n'en est qu'au stade de l'amour, certes surnaturel, mais imparfait, de l'espérance, qui nous fait aimer Dieu en raison de l'avantage qui en résulte pour nous ou le prochain, et non pour Dieu Lui-même.

Ce qui implique qu'en ce désir de Dieu, c'est principalement nous, et notre avantage que nous aimons ou recherchons.

Ce n'est point là l'amour de Dieu plus que tout ou la charité. Or si la charité est la fin de la loi (cf. n° 121, 266), il n'en va point de même de l'espérance qui n'est qu'un palier vers la charité (cf. n° 306).

Le désir du salut des âmes, la sienne et celles d'autrui, qui se rapporte à l'espérance, ne se rattache donc à l'objet de la loi suprême qu'en tant qu'il est informé par et ordonné à la charité, l'amour de Dieu plus que tout en quoi consiste précisément l'objet de la loi suprême, qui n'est autre que l'amour désintéressé de la charité porté à Dieu pour Lui-même, premièrement et principalement en Lui-même, deuxièmement et secondairement à travers nous-mêmes et le prochain.


D'où ces paroles de sainte Marie-Madeleine de Pazzi durant une extase (L.4, Discussion entre l'amour propre, l'amour du prochain, et l'amour de Dieu) :


« C'est maintenant un beau colloque entre l'Amour divin et l'Amour du prochain. Ils n'ont en rien à se combattre.

Je dois garder l'un et l'autre et n'en détruire aucun des deux, car ils ne peuvent subsister l'un sans l'autre...

L'Amour divin et l'Amour du prochain sont ensembles et, à qui les regarde de loin d'un oeil insuffisamment pur, ils semblent égaux ; mais pour qui les considère bien, la différence est grande.

L'Amour du prochain nous fait accomplir la loi quand nos oeuvres sont faites pour Dieu. Tandis que l'Amour divin nous fait non seulement accomplir la loi, mais de plus nous déifie.

D'Esther ou de Rachel, quelle fut la plus digne ? Elles symbolisent l'Amour de Dieu et celui du prochain.

Rachel, inférieure et de moindre dignité, figure l'amour du prochain, qui s'acquiert par son service, par les oeuvres de miséricorde et la possession des dons du Saint-Esprit.

L'autre, Esther, figure l'Amour divin. L'âme qui parvient à cette dignité, que lui est-il permis de demander ? Oh! beaucoup. La moitié de son royaume : « dimidiam partem regni mei » (Esth. 5,3).

La moitié de son royaume, qui est la vision des Trois Personnes divines ; on dit la moitié, parce que Dieu ne lui accorde pas toute la capacité de se comprendre qu'il possède en lui-même.»





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


13/ 234. « Si je distribue tous mes biens aux pauvres mais que je n'aie point la charité, cela ne me sert de rien » (I Cor.13,3).

« Si je fais ces oeuvres de soi excellentes, « mais que je n'aie point la charité », soit parce que ma volonté reste attachée à un péché mortel... soit parce qu'elles sont accomplies pour la vaine gloire, « cela ne me sert de rien », sous-entendu quant au mérite de la vie éternelle qui n'est promise qu'à ceux qui aiment Dieu.» (Saint Thomas, in I Cor. 13,3)


Car il ne faut pas confondre charité avec miséricorde (cf. 2.2. 30,4 ; n° 455) et bienfaisance (cf. 2.2 27,2 ; n° 451s.), bien que celles-ci en soient des actes principaux quand ils sont informés par cette reine des vertus :

« Si une oeuvre n'est point de bonne espèce, si elle n'est ornée de charité, si l'intention n'est pas pieuse, elle ne sera point reçue entre les bonnes oeuvres...

Ainsi y a-t-il des âmes qui font beaucoup de bonnes oeuvres et croissent fort peu en charité, parce qu'elles les font ou froidement ou lâchement, ou par instinct de nature, plus que par inspiration de Dieu ou ferveur céleste ;

et au contraire, il y en a qui font peu de besogne, mais avec une volonté et intention si saintes, qu'elles font un progrès extrême en dilection :

elles ont peu de talent, mais elles le ménagent si fidèlement que le Seigneur les en récompense largement.» (Saint François de Sales, Amour de Dieu 12,7)



235. Saint Vincent de Paul dit de même (Entretien du 30/5/1659) en substance, qu'il ne suffit point d'accomplir les gestes de la charité lorsque l'on en n'a pas l'essence.


Or la charité consiste à aimer Dieu plus que tout et le prochain comme soi-même pour l'amour de Dieu.

Comme les oeuvres de miséricorde sont l'effet principal de ce second degré de la charité qui découle du premier et en est la manifestation extérieure (cf. n° 227), c'est à ce titre seulement que la pratique de ces oeuvres, informée par la vertu de charité, servira à notre jugement.


Que si elles n'ont été vertueuses qu'en apparence et n'ont point été informées par la charité, voici quelle sera la sentence du « juste Juge » (Ps. 7,12), qui « scrute les reins et les coeurs » (Ps. 7,10) et que nul ne peut tromper :

« Beaucoup me diront en ce jour là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en votre nom, et n'avons-nous pas chassé les démons en votre nom, et n'avons-nous pas accompli des vertus multiples en votre nom ?

Alors, il leur dira : Je ne vous ai jamais connu, éloignez-vous de moi, artisans d'iniquité.»
(Mt. 7,22-23 ; Ps. 6,9).






(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


14/ 236. Comme il a été montré plus haut (n° 80, 85), la fin principale qui motivait saint Paul dans ce pieux et héroïque désir n'était point le salut de ses frères, puisqu'il aurait été désordonné qu'il préfère leur salut au sien (cf. n° 18 et plus bas), mais l'honneur du Christ Seigneur :

« Car quand quelqu'un aime le prochain par charité pour Dieu (ex caritate propter Deum), plus il aime Dieu, et plus il montre aussi de dilection envers le prochain sans que nulle inimitié n'y fasse obstacle.» (Saint Thomas, 2.2. 25,8).


En outre, il était prêt à s'exposer à la conséquence et non à la cause de l'anathème ; à la peine qui en résulte, mais nullement à la faute qui en serait à l'origine (cf. n° 88).

Sinon, il faudrait dire qu'il est permis de pécher pour sauver quelqu'un, ce qui est manifestement faux et contraire à l'enseignement de la Révélation par l'Eglise Catholique (cf. note 5, p. 17), comme le montre saint Thomas :

« Il est dit en Lev. 19,18 et Mt. 22, 39 : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

De là résulte que la dilection que l'on a pour soi-même est l'exemplaire de celle que l'on a pour autrui.

Or la cause exemplaire est supérieure à ce qui est modelé sur elle.

On doit donc par charité s'aimer soi-même davantage qu'autrui.» (Saint Thomas, 2.2. 26,4 S.C.)






(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


14/


237. « « Comme toi-même » ne doit pas être compris comme voulant dire : autant que toi-même, car cela serait contre l'ordre de la charité.

Mais « comme toi-même » signifie pour la même fin que toi-même, ou encore de la même manière que toi-même.

Pour la même fin, car tu ne dois pas t'aimer toi-même pour toi, mais pour Dieu, et de même aussi le prochain ; conformément à ce que dit l'Apôtre : « Faites tout pour la gloire de Dieu » (I Cor. 10,31).

De la même manière que tu t'aimes toi-même, car tu t'aimes en tant que tu veux ton propre bien, et un bien tel qu'il te soit vraiment profitable en étant conforme à la loi de Dieu ; ce qui revient à dire un bien conforme à la justice.

C'est ainsi que tu dois également désirer pour le prochain une bonne justice, la sainteté (bonam justitiam).

Tu dois donc l'aimer soit parce qu'il est juste, soit en vue qu'il le devienne.» (Saint Thomas, in Mt. 22,39)



« « Comme toi-même », non autant que toi-même, car selon l'ordre de la charité, l'homme doit s'aimer davantage que le prochain...

Comme moi-même, c.à.d. de la même manière que moi-même.» (Saint Thomas, in Gal. 5,14 ; cf. aussi n° 503s, 606s)





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


14/

238. « Il faut donc dire que l'homme est composé d'un esprit et d'un corps : or l'homme est proprement dit s'aimer soi-même en tant qu'il aime son esprit (cf. 2.2. 25,7).

Sous ce rapport, après Dieu, l'homme doit s'aimer davantage que tout autre. Et cela découle de la raison même d'aimer.

En effet, comme il a été dit (2.2. 25,1,12), Dieu est aimé comme le bien principal sur lequel est fondé la dilection de charité ; l'homme, lui, s'aime par charité en raison du fait qu'il participe de ce bien principal, et aime le prochain en raison de sa société en ce bien.

Or cette association est la raison de la dilection, selon une certaine union ordonnée vers Dieu.

C'est pourquoi, de même que l'unité est supérieure à l'union, de même la participation de l'homme lui-même au bien divin est une raison d'aimer supérieure à l'association du prochain avec soi (al. : lui-même) en cette participation.

Par conséquent, l'homme doit par charité s'aimer davantage soi-même que le prochain.

Le signe en est que l'homme ne doit souffrir l'accomplissement d'aucun péché, lequel s'oppose à l'obtention de la béatitude, pour délivrer le prochain du péché.» (Saint Thomas, 2.2. 26,4)



On peut ajouter à cela une raison plus profonde, que saint Thomas laisse entendre (2.2. 26,3 ad 3 ; cf. n° 137), qui est que l'on ne peut nullement pécher en vue d'un bien (cf. Rom. 3,8 ; n° 191), voire du salut d'autrui, parce que cela en reviendrait à préférer le prochain à Dieu Lui-même en sa divine Volonté (cf. note 5 p. 17) ;

en outre, ce ne serait, sur le plan surnaturel, qu'un moyen apparent et illusoire de salut, car on ne saurait se sauver soi-même ou autrui par un acte d'opposition formelle à la Volonté de Dieu qui veut notre salut et celui d'autrui bien plus que nous-mêmes (cf. n° 249, 203) ;

Volonté divine, en laquelle repose, qui plus est, tout motif de salut (cf. n° 157-160).





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Avatar de l’utilisateur
Abbé Zins
Messages : 4186
Inscription : sam. 07 oct. 2006 2:00

Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Message par Abbé Zins »

Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


14/

239. Quant à ce qui est :

1̊) de l'amour plus grand que nous devons en charité à Notre Dame, aux Saints Anges et aux Saints Bienheureux, nous en traiterons plus loin (n° 502) ;

2̊) des biens corporels et temporels, voici ce qu'en dit le Docteur Angélique :

« Quant au bien de l'esprit ou intérieur, l'homme doit s'aimer plus que les autres, car il serait insensé qu'il veuille pécher pour retirer les autres du péché.

Tandis que vis-à-vis du bien extérieur à l'homme, il est louable qu'il aime davantage les autres.» (Saint Thomas, in II Tim. 3,2)


Le saint Docteur montre aussi (2.2. 26,4 ad 2 et 3 ; 26,5 et 31,3 ad 2) que l'on devrait par contre préférer le salut, même seulement temporel quant à la vie du corps, d'une communauté ou encore d'un ami, à nos propres biens temporels, et même en certains cas, corporels (cf. n° 501).





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

Répondre

Revenir à « Vraie nature de la Charité »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité