Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

chartreux
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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Je proteste aussi contre son hypothèse que je n'aurais pas "appliqué à moi-même une diligence raisonnable pour former ma conscience". Par ce que quand même, j'ai été "membre" de la Nouvelle Église pendant des années, j'ai même été membre du comité liturgique de la paroisse et invité à devenir diacre ainsi que "ministre extraordinaire de l'eucharistie". Quand j'ai commencé à douter de la doctrine de la Nouvelle Église et de la validité de la nouvelle "messe", j'ai fait la seule chose raisonnable à faire. Je me suis informé des arguments des deux côtés. J'ai lu les écrits de ceux qui étaient pour et de ceux qui étaient contre les changements. Je me suis ensuite tourné vers les théologiens traditionnels de l'Église et j'ai examiné tout ce que l'Église a enseigné à travers les siècles sur les divers points en question. Sur tous les points où il y a aujourd'hui désaccord, j'ai choisi comme juge et arbitre final, l'enseignement traditionnel de l'Église. Quelle autre norme de vérité aurait-il voulu que je choisisse ? Qu'aurais-je pu faire d'autre ?

En tout cas, toute cette section 1 de ton correspondant n'est qu'une attaque personnelle qui en tant que telle est complètement hors sujet. Soit ma "désobéissance" est justifiée soit elle ne l'est pas. La discussion ne doit pas se faire avec moi personnellement mais avec les théologiens que je cite. S'il y a une chose pour laquelle je prie Dieu constamment, c'est bien que je sois purifié de toutes les opinions "personnelles", excepté dans la mesure où je fais miennes les positions de l'Église de toujours. Les opinions personnelles sont des voluptés produites par l'amour-propre, et comme le dit S. Catherine de Sienne "L'amour-propre est le principe et le fondement de tout mal".
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 2 Je n'arrive pas à voir de rapport entre le 4) de ma deuxième lettre et ces notae theologicae dont parle ton correspondant. Je reconnais cependant qu'il y a des distinctions à faire et des degrés de certitude, et je pense même que le passage qu'il a donné de la Theologica Fundamentalis de Parente est suffisamment important pour que j'en traduise la plus grande partie :
Il y a des degrés différents de certitude concernant les vérités de la foi catholique - de ce fait découle la nécéssité de faire certaines distinctions (notae) théologiques.

A) La certitude la plus forte réside dans les dogmes formels divinement et formellement révélés, et donc proposés dans le magistère ordinaire ou solennel. Ce type de vérité est appelé fide definita ou encore fide catholica, et c'est hérésie de la rejeter.

B) Juste en dessous, on trouve les vérités révélées mais pas encore définies par l'Église, qu'on désigne par proxima fidei, et dont la négation est dite proximum haeresi.

C) Le troisième degré consiste en les vérités qui sont virtuellement révélées (virtualiter revelata), c'est-à-dire déduites de ce qui est révélé par un raisonnement (conclusio theologica). Ces vérités sont donc dites théologiquement certaines (theologice certa), ou encore relevant de la foi (ad fidem pertinent), et elles sont si intimement reliées au dogme que leur négation est une erreur théologique, autrement dit une erreur de foi (error theologicus seu in fide).

D) Le degré suivant est celui des vérités non révélées, mais néanmoins liées à la Révélation ; et qui dans l'opinion des théologiens (sententia theologorum) est communis (commun, général, universel, ordinaire, usuel), et dont leanégation est dite téméraire (temeraria).
Le reste du texte parle de censures théologiques qui vont de "équivoque, scandaleux, pernicieux" à "dangereux". Pour revenir à ce que dit ton correspodant, sa position semble être que (je le cite) "Seul un enseignement que l'Église a défini comme faisant partie de la vérité révélée ne peut pas changer. Les autres enseignements peuvent changer et changent effectivement". C'est une affirmation qu'il repète à plusieurs reprises, comme par exemple dans son paragraphe 39. Si je le comprends bien, cela ne le gêne absolument pas d'être en proximum haeresi ou dans l'erreur theologica seu in fide, du moment que rien de de fide definita ne change. En ce qui me concerne, je m'inquiéterais déja très-fortement de tenir une opinion qui soit "seulement" téméraire.

Ton correspondant me renvoie aussi au discours de Jean XXIII à l'ouverture du concile. Je ne suis pas sûr de savoir quel sont les passages précis auxquels il pense, mais j'aimerais en citer une phrase qui me semble très pertinente : "La préoccupation principale du Concile Ecuménique est la suivante : que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit préservé et enseigné très efficacement ..." Je suis parfaitement d'accord avec cette affirmation, et si les affirmations citées au 12) de ma première lettre sont vraies (et elles le sont), alors le deuxième concile du Vatican a trahi et Jean XXIII et la vraie Église catholique. Je te cite encore une fois le cardinal Suenens :
Cardinal Suenens, 15 mai 1969 a écrit : On pourrait dresser une liste impressionante par sa taille de thèses qui hier encore étaient enseignées par Rome comme étant les seules possibles, mais que le concile a rejetées.
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 3 Si ma terminologie est floue, je m'en excuse bien sûr. Je ne suis pas un théologien, mais un simple laïque père de plusieurs enfants. Ce n'est heureusement pas un devoir pour tous les catholiques d'être théologien - bien que ce soit un devoir pour tous les catholiques d'être au courant de tous ces points qui nous séparent et de prendre position sur eux. D'un autre côté, j'ai fait lire le passage en question à plusieurs personnes, des laïques et des gens formés théologiquement, et tous m'ont dit que mon texte était tout-à-fait clair.

4 Comme au 3), ce passage de moi est tout-à-fait clair. Ton correspondant répète sa position que la Nouvelle Église n'a changé aucune proposition de fide definita et que toutes les autres vérités peuvent être changées du moment qu'elles ne sont pas de fide definita. Si je réalise bien la mesure d'une telle affirmation, la Nouvelle Église peut se permettre de déclarer que des choses divinement révélées mais pas déclarées de fide peuvent être changées. Je suis d'accord que la Nouvelle Église semble implicitement prendre cette position, bien que j'ai du mal à croire que quelqu'un ait l'audace de le dire ouvertement. En tout cas, une telle affirmation me semble relever du proximum haeresi, c'est le moins que je puisse dire ! Et aucun catholique fidèle ne peut accepter cette position, qui n'est certainement pas ce que l'Église traditionnelle enseigne, et ce point à lui seul suffirait à trancher nettement nos positions respectives. [Note de Rama C. : Cette affirmation revient essentiellement à nier l'infaillibilité du Magistère ordinaire, ce qui explique pourquoi certains apologistes comme Michael Davies soutiennent que le Magistère ordinaire peut contenir des erreurs et donc être changé.]

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Re: Débat Rama P. Coomaraswamy - Mère Teresa (1977)

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Ce point a une certaine importance par ce que c'est justement sur lui entre autres que la Nouvelle Église s'est publiquement faite SCHISMATIQUE et abdiqué ses prétentions à l'UNITÉ. Considérons l'enseignement catholique traditionnel contenu dans les canons 1322 à 1324 :
1322
p. 1 Le Christ Seigneur a confié à l'Eglise le dépôt de la foi, afin qu'elle conserve religieusement la doctrine révélée et l'expose fidèlement avec l'assistance continuelle du Saint Esprit.

p. 2 Indépendamment de tout pouvoir civil, l'Eglise a le droit et le devoir d'enseigner à toutes les nations la doctrine évangélique: tous sont tenus par la loi divine de l'apprendre et d'embrasser la véritable Eglise de Dieu.

1323
p. 1 De foi divine et catholique doivent être crues toutes les vérités qui sont contenues dans la Parole de Dieu, écrites ou transmises par la tradition, et qui sont proposées par l'Eglise, soit au moyen d'un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, afin qu'elles soient admises comme divinement révélées.

p. 2 Il appartient en propre de prononcer un jugement solennel de ce genre soit au concile oecuménique, soit au pontife romain parlant 'ex cathedra'.

p. 3 Aucune chose ne doit être tenue pour déclarée ou définie dogmatiquement, en l'absence de preuve manifeste.

1324
Ce n'est pas assez d'éviter la perversité hérétique, il faut aussi fuir avec diligence les erreurs qui s'en rapprochent plus ou moins ; c'est pourquoi tous doivent aussi observer les Constitutions et les décrets par lesquels les mauvaises opinions de ce genre sont proscrites et interdites par le Saint-Siège.
Dans son commentaire sur ces canons, le R. P. Augustine écrit :
R. P. Chas. Augustine, A Commentary on the New Code of Canon Law, B. Herder: New York, 1521, Vol. VI. a écrit : Le dépôt de la foi se définit comme comprenant toutes les vérités qui sont implicitement ou explicitement contenues dans la parole écrite de Dieu ou dans la tradition et qui doivent être crues de foi divine ... En un sens plus étendu, le dépôt de la foi comprend aussi ces vérités qui, quoique non révélées, sont si intimement liées aux révélées que, sans celles-ci, celles-là ne pourraient être preservées, tarnsmises et défendues, ou en tout cas pas pleinement et aisément.
Il considère ensuite les vérités non contenues directement et expressément mais seulement virtuellement (virtualiter) par raisonnement déductif, dans la Révélation, en notant que "Certains auteurs disent qu'elles doivent seulement être crues de de fide ecclesiastica ... Mais même cette de fide ecclesiastica exige plus qu'un simple acquiescement servile, elle exige un assentiment réel, activement choisi par la volonté, bien que la raison formelle, l'auctoritas Dei loquentis (l'autorité de la parole écrite de Dieu) ne soit pas nécéssairement impliquée".
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Maintenant, si je récapitule nos discussions précédentes : j'ai affirmé que Vatican II a effectivement changé de nombreux enseignements de l'Église, et ai étayé cela en montrant le retournement complet sur plusieurs points contenus dans le Syllabus. J'aurais bien sûr pu ajouter des preuves que la position du Syllabus est celle que l'Église a toujours tenu, et je dirais même que si l'Église ne veut pas abdiquer son rôle de gardienne du dépôt de la foi, elle est obligée d'utiliser le Syllabus comme un résumé adapté. J'ai ajouté des citations des cardinaux Suenens et Willembrands comme preuves supplémentaires. Mais il semble que ton correspondant me concède ce point. Plusieurs de ces changements (ce sont des "changements" et pas des "développements") concernent des enseignements que l'on considérait naguère comme faisant partie du Magistère universel, et encore une fois ton correspondant semble d'accord sur ce point. Son système de défense est que je ne peux pas démontrer que Vatican II a enseigné quoi que ce soit de contraire au magistère solennel ou à ce qui est de fide definita. Je suppose que pour ton représentant, une communicatio in sacris active ne serait pas contre ce qui est de fide definita, bien que Saint Paul nous ait commandé de ne pas "porter le joug avec les infidèles", et bien que cela soit contre le premier commandement, par ce que cela nous implique dans une adoration fausse. On peut en dire autant de la "liberté religieuse" que Vatican II enseigne comme un droit moral (pas seulement légal) comme si Dieu avait donné à l'homme le droit moral d'être dans l'hérésie ! Cela, bien sûr, sans aucunement nier qu'un non-catholique puisse être sauvé par Dieu s'Il est dans un état d'"ignorance invincible" etc, mais si l'homme a le droit d'être invinciblement ignorant, tu ne peux pas l'obliger à "s'appliquer à lui-même une diligence raisonnable" qui entrerait en conflit avec son droit moral, et si vraiment tu crois tout ce que Vatican II enseigne sur la liberté religieuse, pourquoi condamnes-tu avec autant d'intolérance quelqu'un comme Mgr Lefebvre ? [Note de Rama C. : si je puis m'exprimer ainsi, le rôle de l'Église n'est pas de nous garantir la liberté de se tromper, mais au contraire de garantir que si nous suivons son enseignement, nous serons libres de toute erreur.]

Je te cite un passage de Vatican II :
Unitatis reintegratio, §3 a écrit : De même, chez nos frères séparés s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées de la religion chrétienne qui, de manières différentes selon la situation diverse de chaque Église ou communauté, peuvent certainement produire effectivement la vie de grâce, et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la communion du salut.
Si tu crois à cela, dis-moi donc pourquoi diantre on devrait se préoccuper d'être catholique.

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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Je sais bien que ton correspondant ne reconnaîtra pas l'encyclique Mortalium Animos comme une autorité engageant les consciences, mais j'en cite quand même un passage qui comptera pour tous les catholiques traditionalistes :
Mortalium Animos a écrit : De plus, quant aux vérités à croire, il est absolument illicite d'user de la distinction qu'il leur plaît d'introduire dans les dogmes de foi, entre ceux qui seraient fondamentaux et ceux qui seraient non fondamentaux, comme si les premiers devaient être reçus par tous tandis que les seconds pourraient être laissés comme matières libres à l'assentiment des fidèles: la vertu surnaturelle de foi a en effet, pour objet formel l'autorité de Dieu révélant, autorité qui ne souffre aucune distinction de ce genre. C'est pourquoi tous les vrais disciples du Christ accordent au dogme de l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu la même foi que, par exemple, au mystère de l'Auguste Trinité, et de même ils ne croient pas à l'Incarnation de Notre Seigneur autrement qu'au magistère infaillible du Pontife Romain dans le sens, bien entendu, qu'il a été défini par le Concile oecuménique du Vatican. Car, de la diversité et même du caractère récent des époques où, par un décret solennel, l'Eglise a sanctionné et défini ces vérités, il ne s'ensuit pas qu'elles n'ont pas la même certitude, qu'elles ne sont pas avec la même force imposées à notre foi : n'est-ce pas Dieu qui les a toutes révélées ?

Un peu plus bas, l'encyclique continue en définissant que
le magistère de l'Eglise - lequel, suivant le plan divin, a été établi ici-bas pour que les vérités révélées subsistent perpétuellement intactes et qu'elles soient transmises facilement et sûrement à la connaissance des hommes - s'exerce chaque jour par le Pontife Romain et par les évêques en communion avec lui; mais en outre, toutes les fois qu'il s'impose de résister plus efficacement aux erreurs et aux attaques des hérétiques ou d'imprimer dans l'esprit des fidèles des vérités expliquées avec plus de clarté et de précision, ce magistère comporte le devoir de procéder opportunément à des définitions en formes et termes solennels.

Certes, cet usage extraordinaire du magistère n'introduit aucune nouveauté à la somme des vérités qui sont contenues, au moins implicitement, dans le dépôt de la Révélation confié par Dieu à l'Eglise; mais ou bien il rend manifeste ce qui jusque là pouvait peut-être paraître obscur à plusieurs, ou bien il prescrit de regarder comme de foi ce que, auparavant, certains mettaient en discussion.
Et oui, tel est l'enseignement de l'Église !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Quelle que soit la façon dont la Nouvelle Église veuille présenter sa position, le Syllabus reflète fidèlement le magistère ordinaire universel. L'idée que le magistère ordinaire universel de l'Église puisse changer - particulièrement quand il condamne une série de propositions hérétiques, est en elle-même une "innovation hérétique" (les Pères de l'Église associent souvent ces deux termes). Écoute ce que dit Mgr. Pohle : [Note de Rama C. : il s'agit de R. Msgr. Joseph Pohle, Ph. D., D.D., ex-professeur de théologie à l'Université Catholique Americaine et professeur de dogme à l'Université de Breslau. La citation est tirée d'une collection de textes révisée par Arthur Preuss et publiée par Herder,1917.]
Mgr Pohle a écrit : Même si une thèse n'est expressément formulée dans aucune définition dogmatique, il faut néanmoins l'accepter comme un article de foi si elle est enseignée par le magistère universel de l'Église, qui lui-même ne fait que manifester l'enseignement de l'Écriture et de la Tradition.

Or, si nous rejetons une seule des vérités de la foi catholique, nous finirons bientôt par les rejeter toutes. Comme le dit le pape Léon XIII,
Léon XIII, Sapientiae Christianae a écrit : Refuser de croire à une seule doctrine révélée équivaut, en soi, à les rejeter toutes.
Cela s'applique clairement à la position de ton correspondant : il a rejeté certains (et j'aurais tendance à dire beaucoup, quoique peut-être pas tous) enseignements de l'Église, et par-là même il ne peut plus soutenir que l'ÉGLISE NE SE CONTREDIT PAS. C'est réduire à rien la doctrine de l'INDÉFECTIBILITÉ. Et puis, où cela peut-il s'arrêter ? Si les écrits des Papes contenus dans les encycliques (excepté ceux parlant de l'infaillibilité) doivent être tenus pour nuls et non avenus à moins d'être confirmés par Vatican II ou les usurpateurs actuels, alors cela vaut aussi pour tout ce que l'Église post-conciliaire a dit. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Si tu me dis que dans le futur l'Église pourra changer les enseignements de Vatican II, de la même façon que Vatican II a changé les enseignements traditionnels de l'Église, alors je te prie de m'expliquer en quoi les enseignements temporaires de Vatican II concernent mon âme immortelle. Cette idée que l'ÉGLISE PEUT ET DOIT SE CONTREDIRE suivant les "besoins du moment" ou toute autre raison, c'est du relativisme et du pragmatisme pur et simple. Ce n'est tout simplement PAS catholique. Notre foi catholique est un don de Dieu. Contrairement à un cadeau de Noël, on ne peut pas l'échanger contre quelque chose d'autre qu'on prefère. "Toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières, chez qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement." (Jacques 1:17) Dans ce qui est enseigné par la Nouvelle Église, j'accepte ce qu'elle a conservé d'apostolique et je rejette ce qu'elle a changé, et que Dieu me vienne en aide !
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : 5 : Avant d'aller plus loin, j'aimerais me concentrer sur la question de la messe. Je diviserai mon exposé en deux parties : d'abord les paroles de consécration, et ensuite le contexte dans lequel ces paroles sont dites. Commençons par mettre côte à côte la formule traditionnelle et la formule du N. O. M. :

Forme traditionnelle : CAR CECI EST MON CORPS ... CAR CECI EST LE CALICE DE MON SANG, DU TESTAMENT NOUVEAU ET ÉTERNEL, LE MYSTÈRE DE LA FOI, QUI SERA VERSÉ POUR VOUS ET POUR BEAUCOUP EN RÉMISSION DES PÉCHÉS.

Forme du N. O. M. : Ceci est mon corps qui sera livré pour vous ... Ceci est la coupe de mon sang, de l'alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour tous les hommes pour que les péchés soient pardonnés. Vous ferez cela en mémoire de moi.
(Remarquons en passant que dans la forme vernaculaire les mots ne sont plus en majuscules, si bien qu'on ne les distingue plus du reste du "récit de l'institution").

Ton représentant écrit : " Si le polémiste ne démontre pas l'invalidité, il n'a aucun droit d'affirmer que les changements affectent la substance." Là soit il comprend mal le problème (ce que je ne crois pas), soit plus probablement il a fait un lapsus et inversé l'ordre des parties de la phrase. Il est évident que je dois montrer qu'il y a eu un changement dans la substantia si je veux démontrer l'invalidité. Je dois même montrer plus que cela. Pour citer S. Thomas d'Aquin,
Summa III, q.60, art.8, rep.2 a écrit : Il faut considérer la signification des paroles. En effet, les paroles opèrent dans les sacrements selon le sens qu'elles offrent, nous l'avons dit Il faut donc se demander si le changement en question supprime ce sens exigé, car, en ce cas, il est évident que la vérité du sacrement est supprimée. Or, si l'on retranche un élément essentiel dans la forme sacramentelle, il est évident que le sens des paroles disparaît.
Et maintenant, je te renvoie au 11) de ma deuxième lettre. J'ai cité le pape S. Pie X comme argument d'autorité pour démontrer que "l'Église n'a pas le droit de changer ou même de modifier si peu que ce soit la matière ou la forme d'un sacrement". Je concède ici que tu peux dire que c'est juste une opinion et pas de fide definita. Ensuite, j'ai donné plusieurs citations (y compris du concile de Trente) qui énoncent que l'Église n'a pas le droit d'innover en quoi que ce soit qui concerne la substance des sacrements. [Note de Rama C. : certains soutiennent que dans le concile de Trente, les chapitres ou "préambules" ne sont pas de foi, et que seuls les canons le sont. Mais comme ton correspondant cite souvent ces préamblues reproduits dans le Denzinger 31, il ne peut guère profiter de cette échappatoire.]
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Je suis d'accord avec ton représentant quand il dit que les critères pour juger de la validité sont les "matière, forme, sujet, ministre et intention". La notion de sujet s'appliquerait pour la pénitence ou la confession, mais n'est pas pertinente ici.

Commençons par la question de la forme. La forme, c'est la form-ule ou autrement dit la suite de mots prononcés. Parmi les 76 formes utilisées dans les diverses liturgies connues (actuelles ou anciennes, et dans toutes les langues), une grande similarité persiste. Certaines ont la phrase "qui sera livré pour vous", d'autres omettent le mysterium fidei. Les autres différences sont mineures. Dans l'Église Romaine la forme a été fixée depuis des temps immémoriaux, d'après la tradition. Toujours d'après la tradition, la suite de mots nous a été donnée in specie - c'est-à-dire très en détail, et les mots mysterium fidei ont été ajoutés par les Apôtres, ce qui était tout-à-fait dans leur rôle, et explique peut-être pourquoi ces deux mots ne se retrouvent pas dans toutes les formes. Cette forme, fixée depuis les temps apostoliques, est définie avec autorité dans ce qu'on appelle le décret arménien du concile oecuménique de Florence. Cette forme n'a jamais dépendu de l'Écriture, de quelque façon que ce soit. Comme le disait le cardinal Manning :
Cardinal Manning a écrit : Nous ne déduisons pas notre religion des Écritures, et elle n'en dépend pas. Notre foi était déja dans le monde avant que le Nouveau Testament fut écrit.
Et d'ailleurs, même la source que ton correspondant cite comme autorité, à savoir La Messe de Rite Romain de Jungmann, nous apprend que la forme du canon romain date d'avant la bible : [Note de Rama C. : c'est d'ailleurs aussi la position de S. Thomas d'Aquin]
Jungmann a écrit : Dans toutes les liturgies connues, le coeur de l'eucharistia, et donc de la messe, est formé du récit de l'institution et des paroles de consécration. La toute première observation que nous faisons est le fait remarquable que le textes de narration de l'institution, particulièrement les plus anciens (soit ceux qui sont encore en usage soit ceux qui sont reconstruits par des études comparatives), ne sont jamais une simple copie d'un passage de l'Écriture. Ils remontent à la tradition pré-biblique. On retrouve ici le fait que l'eucharistie était célébrée bien avant que les évangélistes et S. Paul ne se mettent à écrire le Nouveau Testament. Même les discordances frappantes entre les textes bibliques sont expliquées par ce fait. Dans ces récits liturgiques, on reconnaît évidemment un vestige de la vie liturgique des premiers chrétiens.
Cette forme de l'eucharistie est spécifiée dans le catéchisme de Trente qui a été écrit sur ordre du concile. [Note de Rama C. : ce catéchisme, qui fut écrit après la clôture du concile, sous la direction de S. Charles Borrommée, jouit d'une autorité particulière. Comme le disait le Dr. Hogan, ex-chef du Collège Irlandais à Rome, "il a au moins autant d'autorité qu'une encyclique dogmatique, et probablement plus".]
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Rama Coomaraswamy traduit par le chartreux a écrit : Changer la forme n'implique pas nécéssairement de l'invalider, bien ce que soit désobéir aux lois de l'Église. C'est ce que nous apprend S. Thomas :
Summa IIIa, q.60, art.8 a écrit : Ainsi dans la forme de l'eucharistie : Hoc est enim corpus meum, l'omission de enim ne supprime pas le sens requis des mots, et par conséquent n'empêche pas le sacrement de s'accomplir, bien que, peut-être, l'auteur de l'omission commette un péché par négligence ou par irrévérence.
En tout cas, une chose est claire au vu de tout ce qui a été dit. L'ÉGLISE NOUVELLE ET POST-CONCILIAIRE A CHANGÉ LA FORME DU SACREMENT. C'est un acte infâme, indépendamment de l'invalidité qui en résulte ou pas. En attaquant ainsi le coeur de la Messe, la Nouvelle Église se montre comme "pillarde" de ce qui est le plus sacré. Mon Dieu, elle a osé changer les mots qui sont du Christ même d'après la tradition. Elle a agi contre la tradition et la coutume apostolique, changé les coutumes et disciplines auxquelles adhéraient les Pères de l'Église et d'innombrables saints ; elle a passé outre les enseignements des conciles oecuméniques (y compris celui de Trente), et désobéi à d'innombrables lois et commandements du Magistère enseignant. Quand on la réprimande, elle proteste bruyamment que "c'est valide, c'est plus scriptural, plus adapté aux besoins de l'homme moderne, et cela aide à promouvoir l'unité !" Si la Nouvelle Église peut attaquer ainsi le coeur même de la messe, toutes ses autres actes sont peu de chose finalement en comparaison. Mais attaquer n'est pas toujours détruire, et c'est pourquoi elle ne s'est pas contentée de cela.

Passons maintenant à la substantia. Quelle est donc cette substance de la forme du sacrement de l'eucharistie ? S. Thomas nous dit que
Summa IIIa, q. 78, art.3, conclusion a écrit : Certains ont dit que seules les paroles : "Ceci est la coupe de mon sang " appartiennent à la substance de cette forme, et non les paroles qui suivent. Mais cela paraît illogique, car les paroles qui suivent sont des déterminations de l'attribut, qui est le sang du Christ, et par conséquent elles appartiennent à l'intégrité de la phrase.

C'est pourquoi d'autres disent, avec plus de raison, que tout ce qui suit appartient à la substance de la forme jusqu'à ce qui vient ensuite : "Toutes les fois que vous ferez cela..." [Note de Rama C. : ces mots non inclus, puisque le prêtre a posé le calice lorsqu'il les dit], phrase qui concerne l'usage du sacrement, si bien qu'elle n'appartient pas à la substance de la forme. Et c'est pourquoi le prêtre prononce toutes ces paroles de la même façon et en accomplissant le même rite, c'est-à-dire en tenant le calice en mains.
La plupart des théologiens prennent cette position, que la forme du sacrement a été fixée depuis des temps immémoriaux, et que la substance inclut tous les mots spécifiés ci-dessous. Certes, certains dont S. Bonaventure et Cajetan tiennent que "Ceci est le calice de mon sang" suffirait à la validité ; il faut cepedant noter au passage que le Pape Saint Pie V, quand il a ordonné la publication de l'oeuvre de Cajetan, a ordonné aussi que cette opinion (et cette opinion seule) en soit expurgée. De plus, même les thomistes de l'école de Cajetan admettent que ces derniers mots (savoir, "qui sera versé pour vous et pour plusieurs ...") appartiennent bien à la substance de la forme, bien qu'ils nient qu'elles soient nécéssaires pour la validité. Autrement dit, ils distinguent entre substance et essence. Ils affirment donc que ces mots ne sont pas indispensables pour la validité du sacrement, mais sont néanmoins nécéssaire pour que la forme soit intègre et complète : ils appartiennent donc à la substance. Il semble donc que la Nouvelle Église a attaqué et changé plus que la forme du sacrement ; elle a touché à la substance aussi ! Mais je suis d'accord, cela ne suffit pas encore pour détruire la validité, il reste à considérer le ministre, l'intention et la matière. En tout cas, tout cela est déja illicite, car contraire aux lois de l'Église et par-là à la volonté de Dieu.
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