Les fils de Mahomet crient aussi dans leur haine :
« Que contre les chrétiens notre bras se déchaîne ;
Écrasez, fiers enfants du prophète divin,
Ces félons enragés qui s'enivrent de vin,
Et pour qu'à notre gloire aucun titre ne manque,
Parcourons les forêts, tuons la race franque,
N'épargnons pas ses rois. Aux sons aigus du cor
Levons les coutelas aux larges tranchants d'or. »
De toutes parts on voit les villes écroulées,
Les ossements humains noircissent les vallées,
Et nonobstant cela, le monde, avec respect,
Devant la croix s'incline, et tout change d'aspect.
L'ignorant, sans effort, comprend les hauts mystères
De l'évangile. A des maximes étrangères,
Molestant la nature, avec soumission,
Se range le savant. La persuasion,
Dans toute sa rigueur, captive l'incrédule,
Le rive dans le bien et lui fait un scrupule
De faillir au devoir du chrétien. Beaucoup plus-
Et c'est certes bien là le miracle au-dessus
Des autres — la vertu, voulant des sacrifices
Du corps et de l'esprit, dérobe ses délices,
Comme un lis parfumé dérobe sa beauté
Dans un secret vallon.
O sainte austérité !
C'est pourtant sur ton sol, dans tes divins parterres,
Et dans la solitude, à l'ombre des mystères
Précieux des autels qu'on trouve le bonheur ;
Aussi pour t'embrasser, en suivant le Sauveur,
Les déserts sont remplis de pieux solitaires,
Et bientôt trop étroits voit-on les monastères.
(à suivre)