A. Schneider a écrit :
C’était déjà la racine de l’attitude mondaine du prince absolu énonçant la devise : « L’État, c’est moi ! », soit, en termes ecclésiastiques : « L’Eglise, c’est moi ! »
L’opinion selon laquelle un pape hérétique perd ipso facto son office s’est répandue jusqu’à devenir opinion commune depuis le haut Moyen Âge jusqu’au XXe siècle. Cela reste une opinion théologique et ne constitue pas un enseignement de l’Eglise. À ce titre, elle ne peut pas revendiquer la qualité d’enseignement pérenne et constant de l’Eglise en tant que tel, puisqu’aucun concile œcuménique, aucun pape n’a soutenu explicitement une telle opinion.
La Bulle de Paul IV, citée plus haut, expressément confirmée par Saint Pie V, suffit à contredire cette affirmation fausse, et cette tentative de réduction à une simple opinion d’une
sentence unanime de tous les Papes et Saints Docteurs ayant traité de cette question ; sentence fondée sur la nature même de l’hérésie, comme Saint Robert Bellarmin le rappelle et expose, notamment ainsi :
« Le fondement de cette sentence est que l'hérétique manifeste n'est en aucune manière membre de l'Eglise, c.à.d. n'appartient ni à son âme ni à son corps, ou ni par union interne ni par union externe.
Car les Catholiques, même mauvais, sont unis et sont membres, de son âme par la Foi, de son corps par la confession de la Foi et la participation aux Sacrements visibles.
Les hérétiques occultes sont unis et sont membres, seulement par union externe, de même qu'à l'opposé les Catéchumènes appartiennent à l'Eglise seulement par union interne, et non par union externe.
Tandis que les hérétiques manifestes, comme cela a été déjà prouvé, n'y appartiennent d'aucune manière.»
(Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice 2,30)