Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

chartreux
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : Les erreurs principales concernant les motifs de crédibilité sont (1) le rationalisme, qui nie la possibilité de toute certitude raisonnable en matière de choses dites révélées, (2) le protestantisme, qui dans certaines de ses formes au moins, remplace les critère objectifs externes par des sentiments et consolations internes, (3) une exagération de certains théologiens catholiques qui se sont également trompés en donnant trop de place à ces sentiments internes. Contre ces erreurs, le concile du Vatican a défini la doctrine catholique sur la nature de la certitude concernant la Révélation, et insisté sur la légitimité de la mission de l'Église :
Concile du Vatican, session 3, chap.3 a écrit : afin que l'hommage de notre foi fût d'accord avec la raison, Dieu a voulu aux secours intérieurs de l'Esprit-Saint ajouter les preuves extérieures de sa révélation, c'est-à-dire des faits divins, surtout miracles et prophéties, qui, en montrant excellemment la toute-puissance de Dieu et sa science infinie, servent à la révélation divine de signes très certains et appropriés à toutes les intelligences. C'est pour cela que Moïse et les prophètes et surtout N. S. J.-C. ont fait tant de miracles et de prophéties d'un si grand éclat, et pour cela qu'il est dit des apôtres : « Ils s'en allèrent et prêchèrent partout, le Seigneur coopérant et confirmant leur parole par les miracles qui suivaient. » (Matth. 16:20) Il est écrit ailleurs également : « Nous trouvons plus de force à la parole prophétique à laquelle vous faites bien de prendre garde comme à une lumière qui luit dans un endroit ténébreux. » (2 Pierre 1:19)
(...)
Et pour que nous puissions satisfaire au devoir d'embrasser la vraie foi et d'y persévérer constamment, Dieu, par son Fils unique, a institué l'Eglise, et l'a pourvue des marques visibles de son institution, afin qu'elle puisse être reconnue de tous comme la gardienne et la maitresse de la révélation. Car à l'Eglise catholique seule appartiennent tous ces caractères, si nombreux et si admirables, établis par Dieu, pour rendre évidente la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, par elle-même, c'est-à-dire à cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en toute sorte de biens, par son unité catholique et son invincible stabilité, l'Eglise est un grand et perpétuel argument de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa mission divine. De là vient que, semblable à un signe dresse au milieu des nations (Is. 11:12) elle invite à elle ceux qui n'ont pas encore cru et elle certifie a ses enfants que la foi qu'ils professent repose sur un très-solide fondement.
L'Église Catholique enseigne donc que (1) nous devons avoir une certitude rationnelle dans le fait de la Révélation pour que notre foi puisse elle-même être rationnelle ; (2) que cette certitude n'est pas fondée exclusivement sur des expériences subjectives, mais aussi et surtout sur des faits objectifs et manifestes ; (3) que ces faits externes et manifestes qui accompagnent la proposition de la Révélation peuvent produire une certitude parfaite chez tous au sujet de la réalité de cette Révélation ; et (4) que ces faits ont non seulement accompagné la promulgation de la Révélation dans les temps apostoliques, mais se sont même perpétués jusqu'à nos jours, du fait de l'unité et de la stabilité de l'Église. Ils sont donc manifestes en tous temps à ceux qui s'informent.
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : III. Les paragraphes qui suivent serviront à expliquer et prouver la doctrine que nous venons d'énoncer.

1. Il est évident tout d'abord que notre foi ne peut être une adoration raisonnable sans des raisons solides, distinctes de la Révélation et fruit de nos enquêtes, qui nous persuadent que les doctrines proposées sont vraiment la Parole de Dieu. Si nous croyons sans raison, notre Foi est manifestement irrationnelle. Mais d'un autre côté, si nous croyons exclusivement pour des raisons révélées, notre Foi est tout aussi irrationnelle, par ce que nous tombons alors dans un cercle vicieux. Nous ne soutenons cependant pas que l'assentiment doit être purement rationnel.

2. D'après la plupart des théologiens, il n'est pas nécéssaire que la certitude du fait de la Révélation soit invariablement et toujours absolument parfaite dans chaque cas, et ce n'est pas non plus ce que dit la définition du concile du Vatican. Il suffit que cela apparaisse satisfaisant au croyant, et lui enlève tout doute ; autrement dit, une certitude subjective et relative suffit. Cela s'applique particulièrement aux enfants et personnes qui n'ont pas été scolarisées, mais même dans ce cas cela suppose que les témoins intermédiaires en qui l'on se fie doivent avoir eux-mêmes une certitude objective et parfaite. Cf. Haunold, Theol. Spec., lib. iii., tract ix., c. 2; et aussi la controverse entre Mgr Lefranc de Pompignan et un calviniste, Sur la Foi des Enfants et des Adultes ignorants, dans le Curs. Theol. de Migne, tom. vi., p. 1070.
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : 3. Il faut reconnaître que les expériences internes ont une part parmi les signes d'origine divine d'une doctrine. Les effets de la grâce sur l'âme sont particulièrement importants. Cependant, ces expériences internes ne peuvent constituer un critère exclusif ni même premier, par ce qu'elles sont subjectives c'est-à-dire limitées à la personne qui les ressent, sujettes à des illusions, et ne peuvent être ressenties qu'après que le fait de la Révélation ait été perçu, d'une autre manière. La Foi est proposée par l'autorité publique, qui impose ensuite une obéissance publique et universelle. Elle doit donc se fonder sur des signes clairs et publics de son origine divine.

4. Parmi les signes extérieurs de la Révélation, le témoignage purement humain n'a de place que dans la mesure où il sert d'intermédiaire à des personnes qui ne peuvent pas appréhender directement les faits divins rattachés à la Révélation. Le critère premier de l'origine divine d'une communication verbale consiste, comme on pourrait s'y attendre et comme l'enseigne l'Église, en des faits ou effets surnaturels et externes, intimement liés à la communication elle-même, et dont Dieu se sert pour nous signifier qu'Il veut que nous croyions qu'Il a parlé à cet endroit.
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : 5. Comme Dieu a ordonné que sa Parole soit proposée aux fidèles par le ministère de témoins accrédités, le premier point à établir est la mission divine de ces témoins. Dans l'absolu, il aurait été possible que seuls les premiers promulgateurs de la foi aient vu leur mission divine attestée par des signes divins, et qu'ensuite ces preuves nous soient transmises comme n'importe quel autre événement historique. Mais en fait, et comme on pourrait s'y attendre de par la nature de la Foi et la Révélation, les signes ou critères d'origine divine ont accompagné sans interruption la prédication de la doctrine. Ainsi, la Révélation nous vient d'une manière plus vivante, plus directe et plus efficace. Cette question est de la plus grande importance aujourd'hui, quand la mission divine du Christ lui-même est tant attaquée de tous côtés. Depuis qu'on a commencé à nier la mission divine du Christ, et par là à nier aussi l'existence d'un témoignage vivant et continuel, la foi en la mission divine du Christ ne reposait plus que sur des preuves purement historiques, qui devinrent l'objet de la critique historique. D'ailleurs, sans une accompagnement continuel de signes divins, la mission du Christ devient un fait tellement isolé que sa signification globale ne peut plus être appréhendée. Certains théologiens catholiques, qui se sont efforcés de défendre le christianisme et l'Église sur des bases purement historiques, n'ont pas suffisamment prêté attention aux signes constants d'approbation divine qui a accompagné la prédication de l'Église en tout temps. La définition du Vatican est donc très opportune sous ce rapport. Il est maintenant de foi que l'Église elle-même est "un grand et perpétuel argument de crédibilité, un témoignage irréfragable de sa mission divine". Sa propagation merveilleuse , malgré les plus grandes difficultés morales et physiques, pas seulement dans ses premières années, mais encore aujourd'hui ; sa sainteté éminente, manifestée dans ses saints, ainsi que leur miracles ; sa fertilité inépuisable dans tout genre de bon travail ; son unité de foi, de discipline et liturgie ; sa constance invincible à résister aux attaques d'ennemis puissants du dedans ou du dehors pendant plus de dix-huit siècles, sont tous des signes manifestes que c'est une oeuvre divine et non pas humaine.
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : 6. La certitude du fait de la Révélation doit être adaptée à la fermeté exigée par la foi. C'est pourquoi tous les théologiens enseignent que la démonstration de ce fait à partir de signes visibles, comme des prophéties ou des miracles, doit être suffisamment évidente pour engendrer une certitude excluant tout doute et tout risque d'erreur - une certitude assez forte pour que toute personne raisonnable se sente obligée d'y adhérer. Cela ne veut pas dire que la démonstration doit être absolument parfaite et rendre toute dénégation impossible. Les preuves de la Révélation peuvent faire l'objet d'une négation déraisonnable, comme l'expérience quotidienne nous le montre. Notre jugement de crédibilité du fait de la Révélation -"Il est crédible que Dieu a révélé ces choses ; nous devons donc les croire" - est fait en référence à l'autorité et la sincerité de Dieu ; autrement dit, les signes et merveilles sont des indications de ce que Dieu commande et des garanties de sa sincerité. Or, il est évident que les dispositions morales de celui qui s'informe de ces choses a une très grande influence sur ce jugement. S'il aime la vérité, s'il a un respect profond pour l'autorité et la sainteté de Dieu, et une confiance ferme dans la sagesse et la providence de Dieu, il voit aisément combien il serait incompatible avec la perfection suprême de Dieu de donner de tels indices d'existence d'une Révélation s'Il n'en avait fait aucune. Ainsi, il est confronté au dilemme "Ou bien Dieu nous trompe, ou bien Il a donné une révélation à l'humanité" ; et ses bonnes dispositions le poussent à choisir la deuxième alternative sans hésiter. Si, au contraire, il n'aime pas la vérité, ou ne s'y intéresse pas, et s'il manque de soumission à Dieu ou de confiance en Dieu, il s'efforce de se persuader que les signes ne viennent pas de Dieu, ou bien ne sont pas là pour prouver une Révélation. Il est possible de refuser le fait de la Révélation en se rebellant contre l'autorité divine, traitant ainsi Dieu de menteur ; c'est là toute l'énormité du péché d'infidelité. C'est pourquoi S. Paul nous dit de conserver "la foi et une bonne conscience ; quelques-uns, la rejetant au loin, ont fait naufrage par rapport à la foi." (1 Tim 1:19). Cf. Card. Newman, “Dispositions for Faith” dans Occasional Sermons).
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SWS, Livre I, II, C1, §41 traduit par le chartreux a écrit : 7. Les prophéties, miracles, et autres signes qui prouvent la crédibilité du fait de la Révélation, ne doivent pas être confondus avec le motif de la Foi, qui est l'autorité et la sincerité de Dieu. Les motifs de crédibilité ne produisent pas la certitude de la foi ; elles préparent, dirigent et pressent le mental de se soumettre à l'autorité de Dieu, dont il y a des signes. Ceci explique la condamnation par Innocent XI, de la proposition "La volonté ne peut pas rendre la foi plus ferme qu'elle ne l'est déja du fait du poids des raisons de croire" (prop.9). Ce "poids des raisons" désigne les motifs de crédibilité, la certitude rationnelle qui n'est la mesure ni de la confiance avec laquelle la volonté s'attache aux contenus et aux faits de la Révélation, ni de la fermeté avec laquelle l'intellect poussé par la volonté adhère à ces contenus et faits.

8. Pour que nous puissions faire un acte de Foi, nous devons connaître non seulement le fait, mais aussi le contenu de la Révélation : en d'autres termes, il ne suffit pas de savoir qu'une Révélation a eu lieu, il faut aussi savoir les choses particulières qui ont été révélées. Ces dernières sont soit communiquées directement par Dieu, ou bien proposées par son Église infaillible. Dans le premier cas, la foi peut exister sans intervention de l'Église. Mais la voie habituelle prise par Dieu pour rendre la foi accessible à l'humanité est celle de l'enseignement autoritaire par l'Église. Cet enseignement ne sert pas seulement à nous transmettre l'information de la vérité révélée comme le ferait un livre, mais aussi à rendre possible "la foi qui vient de ce qu’on a entendu" sur laquelle insiste l'Apôtre. En nous soumettant au témoignage et à l'autorité de l'Église notre Mère, nous pratiquons cette obéissance de la foi qui résulte de notre réverence pour notre Père céleste ; c'est là l'essence même de la Foi. Il est sans doute plus difficile, par ce que cela répugne plus à notre orgueil, de se soumettre à l'Église plutôt qu'à Dieu directement, mais ce faisant nous agissons suivant le vrai esprit de la foi.

L'autorité de l'Église ne constitue pas un motif indépendant de foi, ni le motif le plus élevé, ni même une partie du motif le plus élevé. Elle agit plutôt comme instrument ou vecteur du vrai motif. L'Église nous met sous les yeux les contenus de la Révélation, nous les déclarant dignes d'être crus, et en témoin vivant et toujours présent, elle nous propose des points détaillés de doctrine, et exige notre assentiment à ceux-ci au nom de l'autorité de Dieu.
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SWS, Livre I, II, C1, §42 traduit par le chartreux a écrit : Section 42. La Foi et la Grâce.

I. Il n'est pas absolument impossible à l'homme de faire un acte partiel de foi sans l'aide de la grâce. L'homme peut naturellement percevoir le caractère de vérité révelée de ce qu'on lui propose, et peut percevoir aussi l'autorité de Dieu ainsi que les motifs de crédibilité. Sa nature morale, aussi, le porte à réverer et honorer Dieu. Ainsi un acte partiel de foi est naturellement possible. Mais le genre d'acte de foi que Dieu veut et exige de nous dépasse nos facultés naturelles, et est doublement surnaturel : surnaturel dans sa substance et essence même (secundum substantiam sive essentiam), en tant qu'il est le début, la racine et le fondement du salut de l'homme ; surnaturel également dans son mode (secundum modum ou secundum quid) en raison de la grande difficulté de l'homme seulement naturel à embrasser la foi et à accepter ses conséquences. Le premier trait surnaturel sus-nommé est lié à la grâce actuelle ou élevante - c'est-à-dire la grâce qui élève la nature à l'ordre surnaturel ; l'autre est lié à la grâce sanctifiante - c'est-à-dire la grâce qui compense les imperfections de la nature. Le concile du Vatican enseigne que la foi "est une vertu surnaturelle par laquelle, avec l'inspiration et le secours de la grâce de Dieu, nous croyons vrai ce qu'il nous a révélé", et repète les mots du deuxième concile d'Orange : "personne cependant ne peut adhérer à la prédication évangélique, de la manière qu'il faut pour obtenir le salut (sicut oportet ad salutem consequendam), sans une illumination et une inspiration du Saint-Esprit qui donne à tous la suavité du consentement et de la croyance à la vérité. "

Nous devons reporter à notre traité sur la grâce une explication et une démonstration plus complète de ces points. Présentement, nous nous contenterons des considérations suivantes.

II. La définition que nous venons de citer enseigne que la foi est surnaturelle dans sa cause et dans son objet. Mais la cause surnaturelle doit communiquer à l'acte de foi la capacité d'atteindre un objet surnaturel. Ainsi l'acte lui-même doit être surnaturel ; il doit être essentiellement différent de tous les actes purement naturels, et doit être capable d'atteindre un objet qui dépasse l'ordre naturel. Pour résumer, l'essence surnaturelle de l'acte de foi consiste en notre acceptation de vérités révélées d'une façon qui convienne à notre dignité de fils adoptifs de Dieu, destinés à la vision béatifique ; et d'une façon qui convienne à la condescendance paternelle de Dieu, qui a deigné nous parler comme à Ses enfants, et nous appeler à la plus intime union avec Lui. Mais plus particulièrement, il s'agit de transformer notre vague sentiment de foi (ius credulitatis affectus) en une piété filiale envers Dieu, et de tendre vers le but surnaturel d'une manière adaptée ; at aussi de l'union et l'assimilation de notre connaissance à celle de Dieu, de telle sorte que la Foi devienne en quelque sorte une participation de la Vie et de la Connaissance de Dieu, une anticipation et un avant-goût de la connaissance surnaturelle qui nous attend dans la vision béatifique. L'essence surnaturelle de la foi divine contient donc deux élements, l'un moral, l'autre intellectuel, intimement liés mais néanmoins distincts.
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SWS, Livre I, II, C1, §42 traduit par le chartreux a écrit : III. La foi est divine, non seulement par ce que son caractère certain vient de l'autorité de Dieu, mais aussi par ce que Dieu lui-même est la cause efficiente qui agit sur l'esprit du croyant et y produit une certitude subjective. Dieu est l'auteur de la foi, plus que tout autre. L'Écriture-Sainte enseigne que la foi chrétienne requiert une illumination interne en plus de la révélation externe (Matth. 16:17). Il faut donc en plus de la parole extérieure, une parole intérieure donnée par un maître intérieur (Jean 6:45) : la révélation externe vient du Fils visible, tandis que la révélation interne vient du Père invisible. Ainsi, la foi ne peut être produite uniquement par des influences purement externes, ni par un effort purement interne du mental humain. La foi doit être infusée à l'âme par la lumière divine, et ce par un don de Dieu.

IV. Les actes du mental qui précèdent l'infusion de la lumière de la foi ne sont que des dispositions ou coopérations préparatoires. Mais même ces actes préparatoires ont déja un caractère surnaturel, et doivent donc être inspirées par l'Esprit-Saint. Ainsi, la première illumination spéciale qui pousse l'âme vers un acte surnaturel de foi n'est pas la seule à être prise en compte. Le jugement pratique et de bon sens que "nous pouvons et devons croire", qui précède le pius affectus est lui-même le résultat d'une illumination surnaturelle, sinon il ne pourrait produire un acte surnaturel de la volonté. Cette illumination peut être comparée à un appel intérieur de Dieu, au moins dans la mesure où elle reproduit et réanime intérieurement le commandement de croire qui est contenu dans la révélation extérieure. Et pourtant, on doit présupposer une certaine connaissance naturelle de ce jugement pratique pour que l'illumination surnaturelle puisse avoir lieu. La meilleure explication de ceci consiste sans doute à considérer le jugement naturel comme purement spéculatif, jusqu'à ce que le Saint-Esprit le transforme en un jugement effectif, qui détermine l'acte de foi.

V. Le deuxième aspect surnaturel de la foi, quioque moins important, est cependant plus apparent. La foi trouve devant elle toutes sortes de difficultés, venant d'une part des conditions intellectuelles et morales de notre nature, et d'autre part des obligations que la foi impose à l'intellect et la volonté du croyant. Sans l'aide de la grâce de Dieu, l'homme ne parviendrait pas à surmonter ces difficultés, ce qui rendrait l'acte de foi moralement impossible. Mais tous les hommes n'ont pas les mêmes difficultés à croire. Ainsi, la nécéssité de la grâce assistante de Dieu n'est pas absolue mais relative, et varie suivant les dispositions morales et intellectuelles des personnes à qui la révélation est proposée.
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SWS, Livre I, II, C1, §43 traduit par le chartreux a écrit : Section 43. La coopération humaine dans l'acte de Foi - la foi est un acte libre.

I. Malgré les causes externes si diverses qui interviennent dans la production d'un acte de foi, et malgré le fait que Dieu soit la cause principale, l'acte de Foi est cependant un acte humain et libre. Le concile du Vatican le décrit comme une "le plein hommage de notre intelligence et de notre volonté", et n'est donc pas un acte simplement passif et réceptif, ni non plus un acte aveugle et instinctif, ni un acte qui nous est imposé par la grâce ou le poids des arguments. Le concile de Trente (session 6, chapitres 4-5) décrit la foi comme un "mouvement libre vers Dieu", qui implique une opération double : entendre Sa Parole extérieure et recevoir Son inspiration intérieure. Le concile du Vatican détaille plus la doctrine tridentine dans sa session iii, chapitre 3, où il parle de l'homme qui "rend librement obéissance à Dieu", ce qui corrige l'erreur rationaliste suivant laquelle la foi chrétienne découle nécéssairement d'argument rationnels. La même doctrine peut être déduite de l'Écriture Sainte, qui parle toujours de l'acte de foi comme un acte libre, moral, d'obéissance, d'adoration, etc : cf. cf. Rom. 4 : 20 ; Mc 10 : 22 ; Jo 20 : 27 ; Matt. 16:17 ; Luc 1:45 ; Matt. 9: 29 ; Rom. 4:3-20 et seq. ; Gal. 3:6.

II. Le concile de Trente indique également l'existence positive de l'acte libre de la volonté qui détermine l'acte de foi : la volonté choisit librement l'acte de foi par ce que ses dispositions morales la portent à obéir à Dieu. À côté de cette première liberté de la foi, il y a en une secondaire, découlant de l'imperfection des motifs de crédibilité, qui permet à la volonté de retenir son consentement, et laisse ouverte la possibilité d'un doute ou même d'une négation. Ainsi, chaque acte de foi doit nécéssairement contenir une part de choix libre. L'imperfection des motifs de crédibilité provient de trois causes - (a) l'obscurité du témoignage divin (inevidentia attestantis) ; (b) l'obscurité des contenus de la Révélation ; (c) l'opposition entre les obligations que la foi nous impose, et les inclinations mauvaises de notre nature corrompue.

III. En choisissant l'acte de foi, la liberté de l'homme est élevée à l'ordre surnaturel. Cette dignité et excellence surnaturelle conduit à une liberté de l'esprit qui est divine et surnaturelle. C'est une liberté propre aux enfants de Dieu, libérés de l'erreur et du doute, c'est la possession pleine et parfaite de la plus haute vérité dans le sein de la Vérité Totale. Sa simplicité enfantine est en fait le sens le plus élevé, et conduit à l'accomplissement intellectuel le plus parfait, tandis que l'infidélité ne conduit qu'à l'égarement. "Afin que nous ne soyons plus des enfants ballottés et que nous ne soyons plus emportés à tout vent de doctrine, par la malice des hommes, par les artifices séduisants de l’erreur" (Eph. 4:14, cf Luc. 10:21).
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Re: Résumé de théologie dogmatique, Livre I : Fondements du savoir théologique

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SWS, Livre I, II, C1, §44 traduit par le chartreux a écrit : Section 44. La certitude suprême de la foi.

I. La foi exige un assentiment total, qui exclut tout doute et toute peut d'être trompé, et qui inclut une conviction parfaite que ce qui est cru ne peut être autrement. Aucun autre type de foi ne convient à l'excellence et la force de la vérité infaillible de Dieu. La foi est diffère donc de la simple opinion sans certitude, et aussi de ce que l'on appelle la certitude pratique ou morale. La certitude de la foi, en ce qui concerne la fermeté de l'assentiment, est essentiellement plus élevée et plus parfaite que la certitude scientifique. Le motif de la foi, qui est l'autorité de Dieu, est plus fiable que la lumière de notre raison, motif de la certitude scientifique. Nous sommes donc obligés de rejeter inconditionnellement tout doute ou difficulté provenant de l'exercice de notre raison. Comme diraient les théologiens, la foi est suprême, elle vainc tous les doutes et est au-dessus de toutes les autres certitudes (certitudo super omnia). La concile du Vatican, comme nous l'avons vu tout-à-l'heure, déclare que la foi emporte la pleine soumission du mental, qui consiste en la subjugation parfait de l'intellect créé par la vérité incréée. Et le concile commande également de rejeter inconditionnellement toute théorie scientifique en conflit avec la foi (session 3, c.4).
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