La Croisade des Zouaves Pontificaux

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 38 (Février 1994)


2. L ' É C H O D E L A T R A D I T I O N



LE PAPE PIE IX ET SES VOLONTAIRES DÉFENSEURS



« Comme la force d'âme ne se prouve pas seulement dans la prospérité, mais aussi dans l'adversité, jetons un regard sur les derniers instants de Judas Machabée.

Judas, en effet, plus audacieux depuis la défaite de Nicanor, Général du Roi Démétrius, avait enlacé les hostilités avec huit cents hommes contre les vingt mille de l'armée royale.

Et comme les siens voulaient se retirer pour ne point être écrasés par le nombre, il leur conseilla de mourir avec gloire plutôt que de fuir honteusement.

Aussi, la bataille engagée, comme la lutte durait depuis le point du jour, vers le soir, Judas, remarquant à l'aile droite des ennemis la présence des troupes les meilleures, attaqua cette aile et l'enfonça sans peine.

Mais tandis qu'il poursuivait les fuyards, il fut frappé dans le dos. C'est ainsi qu'il trouva une mort plus glorieuse que ses triomphes.

Qu'ajouterai-je pour Jonathas, son frère ?

Combattant l'armée royale avec une petite troupe, abandonné par les siens, en compagnie de deux hommes seulement, il recommença les hostilités, repoussa l'ennemi et rappela les siens qui fuyaient pour les associer à son triomphe.

Voilà une énergie belliqueuse dans laquelle il y aune forme non médiocre d'honneur et de beauté ; préférer la mort à l'esclavage et à la honte.


Mais que dirai-je des souffrances des Martyrs ?... C'est avec les armes que ceux-là triomphèrent, tandis que c'est sans armes qu'ont triomphé les Martyrs !..»


(Saint Ambroise, L. Officiorum I.41)


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Abbé Zins
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3. A C T U A L I T É D O C T R I N A L E



III COMPOSITION DE L'ARMÉE PONTIFICALE




D'avril à septembre 1860 les arrivées s'échelonnent, compliquant le travail des instructeurs qui doivent sans cesse prendre en mains des nouveaux.

En septembre 1860 l'armée "sortie du néant" par le Général de La Moricière (comme le note le Comte de Tournon dans sa brochure "Les Volontaires Pontificaux à cheval") se monte sur le papier à 14.000 hommes se répartissant comme suit :

- 5000 Autrichiens (et quelques Bavarois) regroupés en 5 bataillons de Bersaglieri ;

- 3000 Suisses formant les "Régiments Étrangers" et les unités de Carabiniers ;

- 800 Irlandais du "Bataillon de Saint Patrick"ou "Légion Irlandaise Saint Patrick" ;

- 280 Franco-Belges composant le "Bataillon Franco-Belge" ;

- 42 "Volontaires à Cheval" ou "Guides La Moricière", Français ou Belges qui ont rang de sous-lieutenant et doivent servir, s'équiper, se monter à leurs frais et entretenir le cavalier d'ordonnance que l'Etat mettait à leur service ;

- enfin quelques milliers de sujets pontificaux, se répartissant en unités de chasseurs, gendarmes, dragons, chevaux-légers et régiments de ligne.


En fait, la nécessité de conserver des garnisons aux diverses places et de maintenir l'ordre contre les incursions des brigands, patentés ou non, ne permettra au Général de La Moricière de ne disposer que de 7 à 8000 hommes, et à Castelfidàrdo il n'y aura qu'entre 4500 et 5000 Pontificaux. (1)

L'objet de la présente étude étant plus tourné vers les volontaires franco-belges et les hollandais qui serviront avec eux, nous évoquerons les corps dans lesquels ils pouvaient s'enrôler en débarquant dans les Etats Pontificaux.

Les jeunes Français, Belges et Hollandais arrivant à Rome, ont le choix entre deux unités : le Bataillon Franco-Belge et le Corps des "Croisés" de Monsieur Henri de Cathelineau. (2)


(1) Contre 45.000 envahisseurs piémontais et garibaldiens sans déclaration de guerre.

(2) Les détails qui vont suivre sont empruntés à l'ouvrage du Comte de Barral.

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III COMPOSITION DE L'ARMÉE PONTIFICALE



1) Les Tirailleurs Franco-Belges :


Ce corps a la faveur de Mgr. de Mérode. C'est lui qui choisit son premier chef.

Il donne aux ardents volontaires qui débarquent, le Baron Athanase de Charette de la Contrie, petit-neveu du Général fusillé à Nantes en 1796 après avoir tenu en haleine les forces républicaines envoyées pour réduire la Vendée.

Ce nom illustre, la parenté du capitaine de Charette avec le Comte de Chambord (il était son neveu), son service auprès du Duc de Modène puis de l'Empereur d'Autriche sont perfidement présentés par le gouvernement de Turin comme un défi du gouvernement pontifical à Napoléon III.

Mgr. de Mérode n'en a cure et le fait nommer commandant de la première compagnie de Tirailleurs en formation.

Aux critiques de certains membres de son entourage sur cette nomination, Pie IX répond : "Charette est royaliste ? ; il défendra ma royauté ! C'est un drapeau ? Il ralliera autour de lui de bons défenseurs.".

Le Comte de Barrai dit de lui :

" Il possédait au suprême degré les vertus d'un soldat héroïque,d'un irrésistible entraîneur d'hommes.

Il était moins bien pourvu des qualités secondaires dont ont besoin les chefs de corps pour mettre en train les rouages d'une troupe en formation, pour maintenir leurs subordonnés dans une exacte discipline et se plier eux—mîmes aux travaux sans relief du "service intérieur
".

Il avait 27 ans et présentait en somme à ses contemporains l'ensemble des vertus, des beautés et des charmes que l'on n'a pour coutume de trouver réunis que chez un héros de cap et d'épée....
Plus tard...croissantes aussi(vinrent)sa force, son audace, l'intrépidité qu'il doit aux Charette, la violence effrénée qu'il tient de son grand père Berry...

Un jour... Il crie à un officier qui lui résiste : "Si dans deux heures vous n'avez pas obéi je vous fais fusiller. Je n'en ai pas le droit, je serai fusillé aussi, mais vous aurez été fusillé avant moi."

Avec le temps ses éclats de colère s'atténueront ; il trouvera dans sa bonté compatissante la force de les maîtriser."[/i]

Il se dévouera pour les malades au cours des différentes épidémies qui s'abattront plus tard sur les Zouaves.

Sa sollicitude et son héroïque courage, qui le fait charger le sourire et la plaisanterie aux lèvres, lieront ce nom de façon si étroite à celui des Zouaves Pontificaux (appellation qui apparaîtra en 1861) que l'on appellera ceux-ci communément les Zouaves de Charette, bien que Charette ne les ait pas commandés en titre plus de quelques mois (et en France où ils n'étaient officiellement que les "Volontaires de l'Ouest").


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III COMPOSITION DE L'ARMÉE PONTIFICALE



1) Les Tirailleurs Franco-Belges :


Le capitaine de Charette s'adjoint un sergent, M. Villiers, un sergent-major, M. D'Albiousse et deux caporaux MM. de Goësbriant et de Montcuit.

Ces trois derniers illustreront leur nom jusqu'à la campagne finale des Zouaves en France (1870-1871) pendant laquelle ils serviront comme officiers.

Parmi les Français de l'unité en formation, on rencontre beaucoup de gentilshommes accourus de leurs manoirs de l'Ouest. Ils se connaissent et sont parfois parents.
Aussi se regroupent-ils comme en famille.

Les autres Français se joignent à eux. Mgr de Mérode croit discerner quelque orgueil dans ce regroupement, face aux volontaires belges qui sont presque tous d'humble origine.

En conséquence, pour assurer l'unité des compagnies, il envoie comme chef de bataillon M. de Becdelièvre qui vient d'arriver à Rome et possède une réputation de sévérité.

Le commandement de Becdelièvre avait fait la campagne de Crimée comme lieutenant de chasseurs et en était revenu capitaine et décoré.

Il avait ensuite démissionné et s'était marié. Pressenti par La Moricière pour servir dans l'armée pontificale, il accepte.

Il sollicite l'accord du Ministre de la guerre, le Maréchal Randon. Celui-ci défère son cas au Garde des Sceaux qui lui "retire" sa qualité de Français !

Il est sévère pour les autres comme pour lui-même.

"Il dira un jour à ses zouaves : "Des oiseaux de votre espèce, dont beaucoup ont pas mal d'argent et une certaine indépendance de caractère, ont besoin d'être tenus par main de fer gantée de velours..."

Et les zouaves de murmurer : "Le Commandant ne met pas souvent ses gants !"."



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III COMPOSITION DE L'ARMÉE PONTIFICALE



1) Les Tirailleurs Franco-Belges :


Il montrera cependant après Castelfidardo toute l'admiration et l'affection qu'il portait aux soldats qu'il avait si bien formés.

En attendant, voilà le discours qu'il tient à ses hommes en venant prendre son commandement :

"Messieurs, (et c'est la dernière fois que je vous qualifie de ce nom), je suis appelé par le général en chef à l'honneur de vous commander.

Je n'ai pas encore de costume militaire mais voici mon brevet. A partir de ce moment, je prends le commandement de votre corps.

Appelés à défendre la cause de Dieu, nous devons nous rappeler que, dans une armée pontificale, les distinctions de nationalités et de castes ne seraient point convenables surtout à une heure aussi critique, où l'Union doit faire la force....

Vous donneriez une triste idée de votre dévouement et nous serions en droit de suspecter vos intentions si vous ne compreniez pas tout de suite qu'appartenant, pour la plupart à la nation française, vous ne devez reculer devant aucune privation ni fatigue...

A dater de ce jour la première compagnie sera formée. Les Belges y seront intercalés avec les Français et il en sera de la sorte à l'avenir.

Vous vous soumettrez à cet ordre parce que c'est la volonté du général en chef et que je suis ici pour le faire exécuter.".


Avec un tel chef la troupe prend vite un aspect militaire. D'autres compagnies sont formées au fur et à mesure des arrivées.

La première reste sous les ordres du capitaine de Charette, la seconde sous ceux du capitaine Guelton, d'origine belge, la troisième est confiée à M. de Chillaz, la quatrième à M. de Cordon, et la compagnie de dépôt à M. d'Yvoire. Ces trois derniers officiers sont Savoyards et proviennent des bataillons suisses.


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2) Le Corps des Croisés :


En mai 1860, Monsieur Henri de Cathelineau, petit-fils du "Saint de l'Anjou", constitue à Rome avec son ami le Chevalier de Guinaumont le Corps des Croisés.

Ses membres s'obligent à subvenir à tous leurs besoins. Ils sont logés dans l'ancien couvent du Sagro Ritiro où, "vêtus de brun comme des fils de Saint François, ils vivaient là une vie patriarcale et un peu monastique".

M. de Cathelineau a par ailleurs le projet de lever en Bretagne et en "Vendée" une petite armée de quelques milliers d'hommes qui ne coûterait rien au Trésor Pontifical.

Le Pape Pie IX est assailli par son entourage de mises en garde contre la formation de ce Corps dans lequel on compte tant "d'ultra-légitimistes" et où, suprême défi à la famille Bonaparte, est représenté le nom de Cadoudal !

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2) Le Corps des Croisés :


Voilà comment le Comte de Quatrebarbes explique la mise en oeuvre et la fin de ce Corps :

"La foi ardente de cette grande époque du moyen âge n'était, hélas ! que le partage du petit nombre ; et ce n'était pas sans surprise que Mgr. de Mérode ne voyait arriver à Rome que de braves paysans vendéens et bretons ; ou les représentants de ces vieilles races, qui avaient conservé Dieu et le Roi, pour devise.

Lui, dont la famille avait chassé avec raison et bon droit Guillaume d'Orange, ce petit-fils du Taciturne, pour avoir voulu, à l'exemple de son aïeul, étendre le protestantisme sur la catholique Belgique, ne comprenait pas notre culte pour la royauté française.

Tour à tour bourguignon, espagnol, autrichien et hollandais, le Brabant n'avait trop souvent connu ses dynasties improvisées, que par des luttes soutenues contre elles pour conserver sa foi.
Mgr. de Mérode ne pouvait donc être royaliste à notre manière, et il eut été profondément injuste de l'exiger de lui.

Ces divergences d'opinions expliquent l'opposition qu'il montra à la réalisation d'un projet imparfaitement combiné peut-être mais qui ne manquait pas d'une certaine grandeur.

J'avais trouvé à Rome le petit-fils du saint de l'Anjou, M. Henri de Cathelineau, qui rêvait depuis longtemps une nouvelle croisade.

Il avait parcouru l'Anjou, le Poitou et la Bretagne, fait appel aux nobles coeurs et aux nobles sentiments, vu beaucoup de personnes, recueilli un certain nombre d'adhésions, dans le but de former un corps de croisés, soldés par des souscriptions en dehors du denier de Saint-Pierre.

Il espérait réunir ainsi plusieurs milliers de vaillants volontaires, et les offrir au Pape, sans qu'il en coutât rien au trésor pontifical.

Lorsqu'il m'avait parlé en France de son projet, je lui avais demandé s'il comptait conserver le commandement de cette petite armée.

Il m'avait répondu qu'il ne voulait garder que la direction morale, mais qu'il se mettrait pour tout le reste sous les ordres du général de La Moricière.

Cette pensée, qui ne fut pas comprise, diminua immédiatement les engagements et devint à elle seule une cause d'insuccès.

Mgr. de Mérode croyait peu à la subordination d'un corps de volontaires, et s'effrayait d'ailleurs de la couleur politique qui s'attachait au nom de Cathelineau et de Cadoudal.

Il refusa de délivrer des armes aux quatre-vingts ou cent hommes qui les avaient suivis, même sur les instances du général de La Moricière, et me conserva quelque rancune, oubliée, je l'espère, depuis longtemps, pour avoir embrassé, auprès de ce dernier, le rôle de conciliateur.

Je ne pensais pas en effet qu'il fût bon de décourager des dévouements généreux, et il me semblait facile de faire disparaître des malentendus entre des hommes dignes de se comprendre.
La solution de ce conflit ne fut ni longue ni douteuse.

M. de Cathelineau demanda une audience au saint-père, et lui présenta sa compagnie dans les jardins du Vatican. Pie IX les bénit avec une tendresse toute paternelle ; et le lendemain ces braves jeunes gens prenaient la route de Terni pour s'engager aux Franco-Belges.

Tous signalaient leur bravoure à Castelfidardo ; un grand nombre scellaient leur foi de leur sang, à l'exemple de cet angélique Joseph Guérin, leur camarade, leur ami, leur conseiller et leur modèle,que les Bretons et les zouaves du commandant de Charette ont pris pour patron, en attendant que l'Eglise confirme cette canonisation populaire et le mette sur les autels.''
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2) Le Corps des Croisés :


Ainsi fut exaucé le souhait de fusion de M. de Becdelièvre qui, lui aussi, voyait avec mauvaise grâce, se former en marge de son unité, un corps composé d'aussi bons coeurs et d'aussi édifiants jeunes gens.

Avant de poursuivre, laissons la parole à un ancien Croisé, Joseph GUERIN, cité par le Comte de Ségur :

"Quatre fois j'ai eu le bonheur de voir le Saint-Père. Hier encore, il a daigné admettre à son audience tous les anciens volontaires de M. Cathelineau ; j'étais du nombre.

Nous étions dans les jardins du Vatican, il vint avec une touchante simplicité au milieu de nous. Figurez-vous un père entouré de ses enfants.

Il nous adressait familièrement la parole : "Mes enfants, nous disait-il, la Papauté est bien menacée, plus menacée peut-être que plusieurs ne le croient ; mais avec des jeunes gens comme vous, elle ne saurait manquer de triompher...

J'ai dû dissoudre votre corps ; mais vous restez avec votre Pape, n'est-ce pas ? " Nous répondîmes tous d'une même voix : "Jusqu'à la mort !"

Il reprit : "C'est bien, très bien, je vous félicite ; le ciel aura pour vous des bénédictions particulières... Je suis heureux de vous avoir près de moi."

Ces paroles du Pontife suprême, la douceur mélancolique de ses regards, la simplicité si charmante, si paternelle, de ses manières, l'ineffable mélange de tristesse et de résignation, de douleur et de confiance, jointe à cette irrésistible majesté du malheur répandue sur son visage, sur toute sa personne, nous mirent hors de nous-mêmes ; la vie semblait arrêtée dans nos poitrines.

Enfin, tous, avec les plus vigoureux accents de nos voix et de nos coeurs, nous nous sommes écriés à la foi : Vive Pie IX ! Vive notre Père ! Vive le Pontife-Roi !

Oh ! que n'étiez-vous là, cher père ! De nouveau j'offris secrètement à Dieu, en présence de son représentant, le sacrifice de ma vie pour la grande et sainte cause de l'Eglise.

J'ai su depuis que mes camarades en avaient fait autant. Je me sentais prêt à tout, à mille morts, à l'impossible."."


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3) Le Costume des Volontaires :


Le commandant de Becdelièvre s'est aperçu qu'au milieu des montagnes romaines et de la chaleur de l'Italie, l'uniforme de tirailleurs que portent les volontaires est inadapté.

Il veut leur donner l'uniforme des Zouaves, dégageant le cou et donnant de l'aisance dans les mouvements.

Mais ce costume français, porté à l'origine par des unités musulmanes, est mal vu à la Cour de Rome.

Aussi M. de Becdelièvre dut-il composer un uniforme nouveau tenant de l'uniforme des zouaves, de celui des tirailleurs algériens, et du costume traditionnel breton !

Voilà sa description par le Comte de Barrai :

"Le gilet la courte veste et la culotte large étaient d'un drap gris à reflets bleuâtres que l'on nommait encore bleu autrichien, le tout très soutaché de passementeries d'un rouge éteint que l'on appelait rouge tranquille ; le képi gris-bleu à bandeau rouge, la haute ceinture du même rouge peu éclatant ; les molletières jaunies et les guêtres blanches comme celle de l'infanterie française.".

C'est le sergent de Montcuit qui, habillé de la sorte, est chargé de présenter le nouvel uniforme au Vatican.

(Depuis l'émeute révolutionnaire de 1848, Pie IX avait délaissé le Quirinal et s'était installé au Vatican.)

"Bien longtemps avant le feldgrau ou le bleu-horizon, le commandant fit observer à Mérode que du point de vue tactique, le nouvel uniforme serait utile en campagne, une troupe revêtue de ces teintes neutres ayant chance de passer inaperçue...."

Mais le Général de la Moricière ne bornait pas son activité à la tâche déjà écrasante de mettre sur pieds une armée.


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4) Activité inlassable du Général de La Moricière :


Les Etats Pontificaux n'étant pas, par définition, un état belliqueux, et leurs voisins étant Catholiques depuis des siècles (1), le pays avait laissé peu à peu se dégrader les places fortes et les forts. L'armement était pour les mêmes raisons très rudimentaire.

Le Général de La Moricière met donc tout en oeuvre pour permettre au Saint-Père de défendre ses Etats.

Il commence par l'instruction des volontaires qui affluent, mais il fait aussi. remettre en état la deuxième place de guerre des Etats Pontificaux : Ancône.

Il fait réaliser des terrassements, réparer les brêches,se soucie de l'alimentation en eau et en farine de la place, organise l'intendance, goûte au pain des soldats, court les routes, prend les mesures propres à assurer la rapidité des déplacements.

"De nouvelles routes et le complément des lignes télégraphiques étaient nécessaires à la défense du territoire ; mais il importait aussi que ces travaux fussent exécutés en vue d'une pensée d'avenir et de manière à développer la richesse publique. C'est ce que le général en chef et l'administration romaine comprirent parfaitement.

Le journal l'Union a donné sur ce point quelques détails qu'il est bon de reproduire :

"Plus de 150 kilomètres de routes nouvelles étaient livrées à la circulation, par les soins de M. de la Moricière, et le pont d'Orte, jeté sur le Tibre, épargnait un détour de près de douze lieues aux habitants de 2provinces.(Viterbe et Orvieto. La délégation de Spoleto a trouvé aussi un grand avantage à cette nouvelle voie de communication.)

D'un autre côté, le service des postes était amélioré, et le réseau télégraphique complété par plus de 120 kilomètres de lignes de nouvelle construction.

Enfin, sur la sollicitation de Sa Sainteté, il avait fait mettre à l'étude un projet tendant à abolir le droit de mouture...

Partout les révolutionnaires étaient démasqués, et les gens honnêtes ne craignaient plus de se montrer ouvertement dévoués au gouvernement qu'ils voyaient devenu fort.

Le commerce reprenait ; Sinigaglia voyait se prolonger sa foire de juillet qui dure quinze jours, et le chiffre des affaires était triple de celui des années précédentes.

Deux compagnies financières influentes se disputaient la concession du chemin de fer d'Ancône à Pérouse par Macerata, et d'Ancône à la frontière napolitaine." (2)



(1) Les dernières invasions remontaient à 1797 et 1808, après des siècles de paix.

(2) Eugène Veuillot : "Le Piémont dans les Etats de l'Eglise".


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