Marie, en cheminant, repassait dans son cœur
Quelques prédictions concernant le Sauveur :
« Cieux faites pleuvoir votre douce rosée
Et que notre salut sorte de la nuée !
Tous les peuples par Lui seront bénis du ciel :
Quel astre a vu Jacob, quel sceptre en Israël !
De Jessé sortira cette branche divine
D'un rejeton portant sa fleur en sa racine.
Ah! réjouissons-nous, un enfant nous est né,
Tressaillons d'allégresse, un fils nous est donné. »
Un superbe tableau sous ses yeux se déroule ;
La Vierge voit passer, comme une immense foule,
Les générations des âges ténébreux
Qui fuyant la lumière ont cherché de faux dieux.
Elle voit trois mille ans d'un affreux paganisme
Faisant courber les fronts au pied d'un fétichisme
Honteux et dépravé. Devant des dieux d'airain
Se prosternent la Grèce et l'empire romain,
Sans en rougir de honte. Au sein de la louange
L'orgueil berce les Grecs ; en une mer de fange
Rome s'est enfoncée : elle dort du sommeil
Qu'apporte la victoire, et jamais le soleil
De paix ne vit briller une telle épopée.
Étalant sa splendeur à l'ombre de l'épée.
(à suivre)