La PETITE-ÉGLISE (documents)

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Gilbert Chevalier
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- I -
BREF de PIE IX du 10 mars 1850
aux dissidents de Sénepjac (PETITE-ÉGLISE)
suivi de leur réponse


("Œuvres de Monseigneur l’Évêque de Poitiers", 1873, Tome I p.409 à 411)

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Aux honorables Félix Costes et autres signataires de la lettre collective à nous adressée. – À Sénepjac, par Villecomtal (Aveyron – France.)

PIE IX, PAPE.

Hommes honorables, salut.

La lettre par laquelle vous témoignez de votre dévouement envers notre personne et le Saint-Siège, a été pour nous un grand sujet de consolation. Quant aux questions que vous posez, nous répondons que Pie VII, notre prédécesseur, de glorieuse mémoire, dans le Concordat de 1801 et dans ses actes de la même année et de la suivante, après mûr et libre examen de l’état des choses, a, il est vrai, usé de remèdes extraordinaires pour rétablir en France l’exercice public de la religion catholique et obvier ainsi aux périls que couraient les âmes, en raison de la difficulté des secours spirituels, mais qu’il n’a jamais rien statué ni fait contre la doctrine proclamée par Pie VI, son prédécesseur, dans ses lettres apostoliques concernant les affaires de France ; nous répondons ensuite que Pie VII lui-même n’a jamais, en aucune manière, approuvé les réclamations des évêques qui n’avaient pas voulu consentir aux mesures prises par lui pour la réorganisation des Églises de France, et que, bien plus, ces mêmes réclamations ont été condamnées par un décret de la Congrégation de l’Index et par l’autorité du même Souverain Pontife ; nous répondons, en outre, que Pie VII, le 24 mai 1802, a publiquement demandé la correction des articles organiques, peu de jours auparavant décrétés à son insu par le gouvernement français et promulgués à Paris en même temps que le Concordat, et il n’a cessé, dans la suite, d’improuver par des plaintes réitérées ces mêmes articles, en tant que contraires aux lois divines et ecclésiastiques ; nous répondons enfin que non-seulement vous pouvez, mais encore que vous devez absolument vous mettre en communion avec les prêtres qui exercent parmi vous le saint ministère, sous l’autorité de notre vénérable frère Jean-François Croizier, qui a été fait évêque de Rhodez par notre prédécesseur immédiat, Grégoire XVI, et qui gouverne cette Église en pleine communion avec nous.

...
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PIE IX aux dissidents de Sénepjac (Petite-Eglise) a écrit : 2/2
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En effet, les véritables enfants du Saint-Siège et de la sainte Église catholique doivent reconnaître comme les vrais pasteurs des diocèses de France tous les prélats qui ont été préposés aux Églises de France par Pie VII, ou par ses successeurs Léon XII, Pie VIII et Grégoire XVI, ou par Nous-même. Rappelez-vous la déclaration dogmatique du Concile de Trente sur cette matière, dans sa session XXIII, canon 8 , qui porte : « Si quelqu’un dit que les évêques qui sont établis par l’autorité du Pontife Romain ne sont pas légitimes et vrais évêques, mais une invention humaine, qu’il soit anathème ! » Hâtez-vous d’acquiescer à nos avertissements, et, sans plus tarder, revenez à l’obéissance à votre évêque, auprès duquel vous trouverez tous les secours spirituels dont vous avez besoin, afin que, purifiant vos âmes des œuvres mortes et accomplissant les commandements de Dieu et de son Église, vous obteniez le salut, qui est la fin de votre foi. Quant à nous, dans notre sollicitude à cet égard, nous vous recommandons à Dieu et à la parole de sa grâce, et nous aimons à espérer que bientôt nous recevrons l’heureuse nouvelle de votre retour à la communion de votre évêque ; c’est alors que nous pourrons reconnaître dans chacun de vous un fils bien-aimé, réellement uni et respectueusement soumis au Saint-Siège et à Nous, qui y sommes assis, et vous donner, avec toute l’affection de notre paternelle charité, la bénédiction apostolique.

Donné à Naples, au faubourg de Portici, le dix mars de l’année 1850, le quatrième de notre pontificat.

PIE IX, PP.


Nous certifions que cette traduction remplit fidèlement le texte original et y est en tout point conforme.

CÉLESTIN, card. Du PONT, Archevêque de Bourges.
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Après avoir lu ce Bref, les dissidents de Sénepjac ont répondu :
Nous soussignés, fidèles de l’Église catholique, apostolique et romaine, habitant à Sénepjac ou à ses environs, dans le diocèse de Rhodez, déclarons et promettons :

1° Adhérer avec soumission et sans réserve aux décisions et ordonnances de notre Saint-Père le Pape Pie IX, portées dans son bref du 10 mars 1850, et à nous adressées en réponse aux difficultés que nous avions eu l’honneur de lui exposer, et qui nous avaient éloignés jusqu’ici de l’Église de France ; suppliant humblement Sa Sainteté de daigner agréer notre bien sincère dévouement à sa personne et au Saint-Siège, comme aussi de vouloir bien nous accorder sa bénédiction apostolique ;

2° Reconnaître Mgr Jean-François Croizier pour notre évêque légitime et nous mettre, dès aujourd’hui, en communion avec lui, le priant de nous regarder, dorénavant, comme des enfants dociles, qui reconnaissent, dans toute la sincérité de leur cœur, que hors de son bercail on ne peut être dans l’Église de Dieu ni dans la voie du salut, et de daigner encore nous donner sa bénédiction ;

3° De reconnaître, par conséquent, et de respecter, chacun dans sa paroisse, les pasteurs qui nous sont donnés, en nous mettant aussi en communion avec eux et avec tous ceux avec lesquels ils sont en communion eux- mêmes ;

4° Les soussignés ne se réservent que de repousser toujours, comme ils l’ont fait jusqu’ici, les articles organiques improuvés à Rome, parce que ces lois malheureuses n’ont d’autre but que d’avilir et d’assujettir l’autorité des évêques en empiétant sur les droits de l’Église et en cherchant aussi à faire méconnaître sa divine autorité dans notre malheureuse patrie, pour y faire triompher le mensonge et l’erreur.

Fait à Sénepjac, les fêtes de la Pentecôte, 20 mai 1850.


(Suivent les signatures.)
[Félix Costes, Arnal, Combettes des villages de Mouret, Sénepjac, Villecomtal]

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« Situé rive droite du Dourdou, dans le Rougier du vallon de Marcillac, à proximité de Villecomtal, fondé en 1295 par Henri II, comte de Rodez, le site de Malbosc fut au XIXe siècle un lieu de rencontre des fidèles de La Petite Église anticoncordataire (les "Enfarinés"). »(http://www.fdmf.fr/index.php/documentat ... in-aveyron)
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- II -
PREMIÈRE LETTRE PASTORALE du CARDINAL PIE

aux DISSIDENTS de la PETITE-ÉGLISE,
à l’OCCASION du JUBILÉ DEMI-SÉCULAIRE

(25 octobre 1851)


("Œuvres de Monseigneur l’Évêque de Poitiers", 1873, Tome I p.485 à 413)

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I. Depuis que le prêtre souverain et invisible, le pasteur et l’évêque de vos âmes (1), Jésus-Christ Notre-Seigneur, par l’autorité de son vicaire sur la terre, notre saint-père le pape, successeur de Pierre, et chef de toute l’Église, nous a imposé le lourd fardeau de l’apostolat, et nous a marqué le territoire soumis à notre juridiction, nous pouvons, Nos Très-Chers Frères, nous rendre ce témoignage que, conformément aux termes mêmes de notre mission, nous n’avons pas cessé un seul jour d’aller, d’enseigner la vérité, de répandre la grâce, de prêcher l’observation des commandements ; et aucun jour aussi ne s’est écoulé sans que nous ayons éprouvé l’assistance sensible de Celui qui a promis d’être avec ses apôtres tous les jours jusqu’à la consommation des siècles (2). Toutefois, il est un devoir principal que nous avons quelque temps différé de remplir, et dont l’élan de notre cœur, autant que la voix de notre conscience, ne nous permettent plus de retarder l’accomplissement. Nous n’avons guère parlé jusqu’ici qu’à notre troupeau fidèle, c’est-à-dire à tous ceux qui, devenus enfants de Dieu et membres de Jésus-Christ par le baptême, unis entre eux par la profession d’une même foi, obéissent à notre autorité légitime, et sont « consommés dans l’unité (3) » par leur soumission à notre commun guide, le souverain pontife, que le prince des pasteurs a préposé au gouvernement de la chrétienté entière. Ces brebis dociles, il nous est doux de le dire, désormais un lien surnaturel les attache à nous, et par nous à Dieu, selon cette parole du divin Maître : « Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme mon Père me connaît et comme je connais mon Père. (4) » Mais pourquoi sommes-nous forcé d’ajouter avec le Sauveur : « J’ai d’autres brebis, qui ne sont pas de ce bercail ; et il faut que je les amène, et qu’elles entendent ma voix, en sorte qu’il n’y ait plus qu’un seul bercail et un seul pasteur (5) » ? Oui, N. T.-C. F., ces autres brebis, qui se sont éloignées de nous, elles sont encore néanmoins à nous : alias oves habeo. Quoi qu’elles fassent, le baptême laissera toujours entre elles et nous des rapports qu’aucune puissance ne saurait détruire. Malgré elles, nous demeurons l’évêque visible de leurs âmes, parce que le sceptre que Jésus-Christ nous a donné s’étend sur toute créature marquée du sceau ineffaçable de la régénération. Nous restons donc le père de ces enfants rebelles, le pasteur de ces brebis dévoyées. Et notre cœur paternel, nos entrailles pastorales nous disent assez que nous n’aurons point de repos tant que l’unité ne sera point reconstituée dans la famille, dans le troupeau dont Jésus-Christ nous a fait le père et le pasteur. Non, nous ne nous accorderons point de relâche, tant que nous n’aurons pas reconquis tout ce qui doit nous appartenir.
__________
(1) Pastorem et episcopum animarum vestrarum. I Petr., III, 25.
(2) Euntes ergo, docete omnes gentes, baptizantes eos..., docentes eos servare omnia quæcumque mandavi vobis. Et ecce ego vobiscum sum omnidiebus usque ad consummationem seculi. Matth., XXVIII, 19, 20.
(3) Joann., XVIII, 23.
(4) Et cognosco meas, et cognoscunt me meæ ; sicut novit me Pater, et ego agnosco Patrem. Joann., X, 14, 15.
(5) Et alias oves habeo quæ non sunt ex hoc ovili : et illas oportet me adducere, et vocem meam audient, et fiet unum ovile et unus pastor. Ibid., 16.
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Le Cardinal Pie, le 25 octobre 1851 a écrit : ...

Sans doute, N. T.-C. F., les sectaires qui ont rejeté l’autorité de l’Église forment au sein de notre France catholique une minorité imperceptible ; et nous avons entendu naguère une voix officielle proclamer au milieu de nous que notre grande nation est animée presque tout entière de la même croyance, comme elle parle une même langue. Mais qu’importe le petit nombre des errants, puisque le Dieu rédempteur, qui veut que tous soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité (6), nous commande plus de zèle à l’égard d’un seul d’entre eux qu’envers tout le reste de notre troupeau ? Ah ! elle sera toujours présente à nos yeux, la page de l’Évangile où se lisent ces adorables paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Quel est celui de vous qui, ayant cent brebis, s’il vient à en perdre une, n’abandonne aussitôt les quatre-vingt-dix-neuf autres pour courir après celle qui est égarée, jusqu’à ce qu’il l’ait ressaisie et chargée sur ses épaules ?... Ou quelle est la femme qui, ayant dix drachmes, et venant à en perdre une seule, n’allume aussitôt un flambeau, ne balaye la maison, et ne cherche sans relâche jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvée (7) ? » C’est sur cette maxime, N. T.-C. F., que nous réglerons notre conduite. Si nous n’avons pas perdu, à beaucoup près, une drachme sur dix, nous avons la douleur d’avouer qu’il nous manque plus d’une brebis sur cent ; et les jours vraiment heureux de notre vie seront ceux où nous en verrons revenir quelqu’une dans le bercail. Plus d’une fois déjà nous avons goûté ce bonheur ; de telles joies ne s’arrêtent point à la terre, elles ont leur retentissement dans les cieux (8).

__________
(6) Salvatore nostro Deo, qui omnes homines vult salvos fieri et ad agnitionem veritatis venire. I Timoth., II, 4.
(7) Quis ex vobis homo, qui habet centum oves, et si perdiderit unam ex illis, nonne dimittit nonaginta novem in deserto, et vadit ad illam quæ perierat, donec inveniat eam ? Aut quæ mulier habens drachmas decem, si perdiderit drachmam unam, nonne accendit lucernam, et everrit domum, et quærit diligenter donec inveniat eam ? Luc., XIV, 4 et seq.
(8) Ita, dico vobis, gaudium erit coram angelis Dei. Luc., XIV, 10.
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Le Cardinal Pie, le 25 octobre 1851 a écrit : ...

II. Dans ce vaste diocèse, si généralement orthodoxe et si profondément religieux, nous avons trouvé, sur des limites opposées, des erreurs qui proviennent de causes plus opposées encore, et qui néanmoins conduisent leurs victimes au même dénûment moral. D’une part, aux confins de la Saintonge, le protestantisme, rapproché de son ancien boulevard, règne encore dans un certain nombre de maisons, quelquefois agglomérées, plus souvent éparses. Il faut le dire : moins reconnaissable par ses doctrines et par ses pratiques que par son esprit de négation et d’OPPOSITION (9), la Réforme existe plutôt dans ces contrées à l’état d’hérésie sociale, que comme secte religieuse. D’autre part, au sein de notre catholique Vendée subsistent toujours plusieurs de ces intéressantes familles qui, au sortir des douloureuses épreuves de la fin du siècle dernier, n’ont pas trouvé que l’Église leur mère eût été assez rigoureuse envers l’irréligion révolutionnaire, et qui, repoussant le Concordat comme une transaction indigne de l’Épouse de Jésus-Christ, se sont retranchées dans une société de Dissidents connue sous le nom de Petite-Église : âmes infortunées, qu’un excès respectable dans son principe entraînera bientôt, par l’absence des enseignements comme des sacrements qui confèrent la lumière et la grâce, dans une dégradation que le culte des traditions domestiques, déjà si négligées par la nouvelle génération, est impuissant à prévenir.

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(9) Qui ADVERSATUR, II Thess., II, 4.
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Le Cardinal Pie, le 25 octobre 1851 a écrit : ...

Bien que nous soyons débiteur envers tous, notre intention n’est pas, N. T.-C. F., de nous adresser aujourd’hui aux uns et aux autres. Nous commencerons par ceux qu’une séparation plus récente nous semble disposer plus favorablement à entendre cette voix de l’Église, dont ils ne doivent pas avoir encore oublié les accents. Que les autres, dont la rupture est plus ancienne, dont les écarts sont plus coupables, ne croient pas que nous soyons sans sollicitude pour leur salut. Bientôt nous ferons parvenir jusqu’à eux le cri de notre amour ; car nous connaissons leur délaissement, et notre cœur s’est ému de leur misère. Nous les avons vus en parcourant vos villes et vos bourgades, et ils nous ont apparu comme des brebis qui gisent à terre et qui sont sans pasteur (10). Ils ont, il est vrai, des temples ; mais ces temples sont déserts ; et, semblables à des cénotaphes, c’est-à-dire à ces tombeaux de l’antiquité déshérités de la dépouille de ceux en l’honneur desquels on les avait bâtis, ils ne résonnent plus même de l’enseignement incomplet et inharmonique de ces dogmes mutilés que les chefs de la Réforme avaient emportés en se séparant de l’Église. Là tout a péri, jusqu’aux ruines ; les dernières traces du culte divin y ont disparu ; et non-seulement on n’y trouve plus la vérité et la vie, mais le cadavre même de la doctrine, tombé en dissolution, ne saurait plus y être appelé d’aucun nom. Assurément, N. T.-C. F., nous irons un jour vers ces infortunés, qui habitent dans des sépulcres vides. Car nous sommes l’envoyé de Celui qui a dit : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie, pour qu’ils l’aient à profusion ;... et moi je donne la vie éternelle. (11) » Qu’ils ne se croient donc pas délaissés, quoique nous dirigions d’abord nos pas vers les brebis qui ont péri plus récemment de la maison d’Israël (12).

__________
(10) Et circuibat Jesus omnes civitates et castella... Videns autem turbas, misertus est eis, quia erant... jacentes sicut oves non habentes pastorem. Matth., IX, 35, 36.
(11) Ego veni ut vitam habeant et abundantius habeant... Et ego vitam æternam do eis. Joann., X, 10, 28.
(12) Matth., XV, 34.
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Le Cardinal Pie, le 25 octobre 1851 a écrit : ...

III. C’est donc à vous que la charité de J.-C. nous inspire de parler en ce moment, Frères bien-aimés, qui n’avez point été séparés de nous par un esprit d’impiété, mais par un zèle qui n’est pas selon la science, et par les funestes conseils des guides trompeurs qui ont égaré vos pères au commencement de ce siècle. Devenu votre évêque, depuis bientôt deux ans, par la mission authentique que nous a conférée le souverain pontife, il nous tardait de nous mettre en rapport avec vous. Nous en avons été détourné quelque temps ; on nous a fait craindre que notre voix ne fût pas écoutée avec la faveur que nous espérions ; on nous disait que vous n’accueilleriez pas volontiers les témoignages de notre intérêt paternel, de notre charité pastorale ; on ajoutait que, quand vous reveniez à la vérité, vous ne vouliez devoir votre retour qu’à vous-mêmes. Pour nous, N. T.-C. F., nous avons conçu de vous de meilleurs sentiments ; et d’ailleurs, nous croirions avoir manqué à notre devoir, et nous n’aurions pas « délivré notre âme », si, dès ce début de notre épiscopat, nous n’avions au moins une fois acquitté publiquement envers vous la dette de notre charge pastorale.

Et quelle circonstance plus opportune pouvait se présenter à nous que celle du précieux Jubilé qui a été accordé cette année au monde catholique ? Tandis que, sur tous les points de notre vaste diocèse, les indifférents et les pécheurs reviennent en foule assiéger les tribunaux sacrés et la table eucharistique, vous qui avez si longtemps fait profession d’une piété tendre et solide, seriez-vous les seuls à ne pas profiter de l’indulgence de cette année sainte ? Nous savons que plusieurs d’entre vous ont déjà prévenu nos exhortations ; depuis l’ouverture de ce temps de grâce, de consolantes nouvelles nous sont parvenues de plusieurs points de vos contrées. Écoutez donc aujourd’hui, non pas notre parole, mais la parole même de l’Église. Notre voix ne sera que l’écho de la voix des grands papes qui, dans les mêmes conjonctures, ont voulu faire arriver jusqu’à vous leurs pressantes sollicitations.

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Le Cardinal Pie, le 25 octobre 1851 a écrit : ...

En effet, lors du dernier Jubilé universel, promulgué en l’année mil huit cent vingt-six par le pape Léon XII, ce vénérable pontife n’eut rien plus à cœur que d’y faire participer tous les enfants de la religieuse Vendée. C’est pourquoi il adressa une magnifique et touchante EXHORTATION AUX DISSIDENTS DE FRANCE, ET PRINCIPALEMENT DU DIOCÈSE DE POITIERS, VULGAIREMENT APPELÉS ANTI-CONCORDATISTES (13). Plus tard, le pape Grégoire XVI ayant accordé un Jubilé extraordinaire à l’occasion de son avénement sur la chaire de saint Pierre, il eut à cœur de répandre de nouveau cette EXHORTATION, qu’il avait lui-même rédigée autrefois sur la demande de Léon XII. Et, en toutes circonstances, ce pontife de sainte mémoire s’enquérait avec un vif intérêt de tout ce qui a rapport à la Dissidence. C’est ainsi, N. T.-C. F., qu’un de vos compatriotes du Bocage, M. l’abbé Cousseau, aujourd’hui évêque d’Angoulême, ayant fait le voyage de Rome en l’année mil huit cent quarante et un, le pape Grégoire XVI, après l’avoir longuement interrogé et entretenu à votre sujet, lui remit en main propre un exemplaire de cette Exhortation, qui est déposé aux archives de notre évêché. Cet imprimé, sorti des presses de la Chambre apostolique, ne saurait avoir un caractère plus authentique (14). Enfin le digne prélat qui gouverne aujourd’hui l’évêché de La Rochelle a reçu également des mains du pape cette pièce importante, qu’à son retour en France il s’empressa de publier dans son diocèse (15). Nous insistons à dessein sur ces particularités, N. T.-C. F., parce que nous savons que l’on cherche toujours à élever des doutes dans votre esprit contre toute communication venant de Rome ; et il nous a paru que vous ne voudriez ni suspecter la véracité d’un des hommes qui honoreront le plus votre pays dans l’histoire de notre Église, ni récuser l’autorité de l’évêque auquel vous devriez presque tous l’obéissance, si le Concordat que vous repoussez n’existait pas (16).

C’est à cette source si respectable, N. T.-C. F., que nous irons puiser presque toute la doctrine de cette instruction. Nous aussi, excité par la charité du pasteur éternel (17), nous voudrions, en cette année de grâce, vous remettre en possession de l’héritage de vos pères, vous faire rentrer dans votre famille, vous décharger de vos dettes envers la justice divine, et vous rendre tous les trésors de la céleste miséricorde.

__________
(13) AD GALLOS ILLOS DISSIDENTES, PRÆSERTIM DIŒCESIS PICTAVIENSIS, QUI VULGO ANTI-CONCORDATISTÆ APPELLANTUR EXHORTATIO... Datum Romæ apud S. Petrum, die 2 julii 1826, Pontificatus nostri anno tertio. – LEO PAPA XII.
(14) ROMÆ MDCCCXXVI. Ex typographia Rev. Cameræ Apostolicæ.
(15) Lettre pastorale de Mgr l’évêque de La Rochelle du 15 janvier 1844 [n°10]. [Erratum : voir le post suivant]
(16) La plus grande partie des dissidents du diocèse de Poitiers habitent les cantons qui appartenaient au diocèse de La Rochelle avant 1801.
(17) Pastoris æterni errantes ac deperditas oves quærentis charitate excitati et admoniti exemplo, pastoralis nostri muneris esse dignoscimus, ut quemadmodum cunctis Christi fidelibus catholicæ Ecclesiæ, ac sanctæ hujus Sedis communionem habentibus, indicto anni sancti universali Jubilæo, sacros aperuimus Indulgentiarum thesauros ; ita et in eos quoque omnem sollicitudinem impendamus, quos in communionis separatione non effrons animi pervicacia, sed fraudolentium magistrorum catholicos orthodoxos se jactantium mendacia detinent et imperium : quatenus nempe nostris cohortationibus commonefacti, eorum tandem derelinquentes castra, ad debitam nobis ac sanctæ Sedi obedientiam redeant, sicque digni efficiantur qui, recurrente tam optato tamque acceptabili expiationis et veniæ, reconciliationis et gratiæ tempore, tantæ divinæ misericordiæ munus consequi et ipsi valeant. Exhort. Leon. PP. XII.
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ERRATUM :
L’écrit du cardinal Villecourt, évêque de La Rochelle, dont parle le cardinal Pie n’est pas celui référencé par erreur dans la note 15, et signé le même jour, mais celui-ci dont nous parle le R.P. Drochon :

Le R.P. Jean-Emmanuel Drochon, dans son livre "La Petite-Eglise, essai historique sur le schisme anticoncordataire", paru en 1894, a écrit :
À son retour de Rome, Mgr Villecourt disait dans une lettre qui accompagnait l’Encyclique de Léon XII sur la Petite Église :
« Nous avons jeté dans le cœur du Père commun des fidèles la profonde douleur que nous ressentons de la perte de brebis chéries ; il a partagé notre amertume et nous vous adressons les avis pleins d’une charité toute divine qu’il nous a communiqués pour les leur faire parvenir.

La même Exhortation avait été adressée déjà, il y a quelques années, dans un diocèse voisin du nôtre, et le Seigneur a daigné bénir cette parole de vie. Nous ne doutons pas qu’elle ne soit accompagnée de nouveaux fruits de grâce et de salut.

En leur faisant parvenir les sentiments du Vicaire de Jésus-Christ, ajoutait-il à ses prêtres, ne leur laissez point ignorer les nôtres. Dites-leur combien nous les affectionnons, combien leur salut nous intéresse et combien sera grande la consolations que nous attendons de leur docilité.

CLÉMENT, évêque de La Rochelle.
Donné le 15 janvier 1844. »


(Recueil des Mandements de l’Évêché de La Rochelle. Année 1844.)
Mgr Villecourt, évêque de La Rochelle, en 1840, a écrit :
« En nous adressant à vous, heureux enfants de la Sainte Église, nous ne perdons pas de vue ceux qui, depuis la publication du Concordat, ont formé une secte à part, sous le nom bizarre de Petite Église. Ils ne veulent pas reconnaître la légitimité de notre ministère, et ils se flattent de posséder seuls le trésor de la vérité. Certes, il ne serait pas difficile de prouver que leur prétendue Église n’a aucune des marques qui caractérisent l’Église de Jésus-Christ. Ce divin Sauveur a voulu que son Église ne fût gouvernée que par les évêques, sous l’autorité du Pape. Qu’est-ce donc qu’une Église qui n’a ni Pape, ni évêques pour la gouverner ? Ah ! nos très chers Frères, quiconque ne demeure pas attaché à la doctrine de Jésus-Christ, eût-il d’ailleurs toutes les vertus, est comme un homme sans Dieu. Ceux dont nous parlons avaient d’abord montré du zèle pour la foi ; mais ils n’ont pas tardé à prouver que ce zèle n’était pas selon la science. Prions donc pour ces pauvres égarés : ils sont bien moins coupables que ceux qui les trompent en s’opiniâtrant eux-mêmes dans leur cœur. Puissent-ils comprendre enfin qu’il n’y a qu’égarement et perdition hors de l’unité catholique, comme il n’y a de salut que pour les enfants de la foi. »

(Recueil des Mandements de l’Évêché de La Rochelle. Année 1840.)

(Extraits de "La Petite-Eglise, essai historique sur le schisme anticoncordataire", p.342)

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