Réponses à une dizaine d'objections courantes, par John Lane

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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Remarquons que cette première étape du processus de détection d'une hérésie ou d'une possibilité alarmante d'hérésie, n'est pas active du tout. Elle est passive. L'étudiant, en mode passif, reçoit deux propositions contradictoires. Le cerveau échoue à absorber les deux en même temps. L'étudiant s'inquiète, devient actif, et analyse. Si, réflexion faite, il décide que la contradiction est réelle, il rejette la nouveauté. "Filtrer" ce qui est proposé, en en enlevant les éventuelles erreurs, est une activité. Un "étudiant" qui pratique cela n'est pas en train d'apprendre : il place son propre savoir au-dessus de celui du professeur, et attend que le professeur dise quelque chose qui lui convient avant de l'accepter. Ce "libre examen" n'est pas ce que les catholiques font quand ils reçoivent un enseignement. C'est une attitude active et non pas passive. Évaluer, ce n'est pas apprendre.

Un Catholique peut être certain que telle chose est une fausseté justement par ce que la foi réside dans l'intellect, et que l'intellect ne peut tenir simultanément deux propositions incompatibles entre elles. Il est tout aussi possible d'être certain qu'une fausseté particulière est une hérésie - par le simple fait qu'elle est incompatible avec le dogme. Qu'il soit possible de ne pas être certain n'enlève rien au fait qu'il est aussi possible d'avoir la certitude. Cela veut juste dire que certaines personnes sont plus ignorantes, moins intelligentes ou moins persévérantes que d'autres. Mais tout Catholique raisonnable peut être certain que le salut universel est une hérésie, par exemple.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Ce n'est pas la seule difficulté qui arrête nos adversaires anti-sédévacantistes. Il y a aussi le fait qu'ils ne voient pas l'utilité d'aller plus loin : ils comprennent que nous pouvons et devons résister à l'hérésie, mais ils ne comprennent pas qu'il y a d'autres démarches que nous pouvons et devons entreprendre face à l'hérésie. Ces démarches sont : s'enquérir de la présence éventuelle de signes de pertinacité, et former un jugement. Si votre prêtre dit pendant un sermon que tous les hommes seront sauvés, soit il s'est trompé soit c'est un hérétique. Allez le voir après la messe, cela vous permettra de savoir s'il est pertinace ou non. "Est-ce bien cela que vous avez dit ? C'est une hérésie". Il réagira généralement d'une des deux manières suivantes : soit il vous dira que ce n'est pas une hérésie et que vous devez y croire, auquel cas vous avez affaire à un hérétique ; soit il sera surpris, s'excusera de s'être trompé, et rétractera son erreur. Dans ce dernier cas il n'y a pas d'hérésie - juste une erreur. S. Paul nous enseigne d'éviter un hérétique "après deux avertissements", c'est-à-dire quand la pertinacité est manifeste.

Toute l'histoire de l'Église démontre que ceux qui prêchent l'hérésie et les hérétiques sont une seule et même chose. L'hérésie dite "matérielle" est une simple erreur. C'est seulement une erreur contre la foi faite par quelqu'un qui fait un lapsus ou se trompe. Il est entièrement absurde, par exemple, de soutenir que Karol Wojtyla se trompe, lui qui a acquis un doctorat en théologie dogmatique à Rome avant la révolution de Vatican II, qui aujourd'hui se dit pape, qui promeut la révolution et l'appelle "nouvelle pentecôte", qui ignore ou persécute tous les catholiques qui s'opposent à son non serviam. Les mêmes "traditionalistes" qui défendent Wojtyla avouent qu'ils doivent avoir recours à des "acrobaties verbales" pour réconcilier ses paroles et ses actes avec la vraie Foi. Que de tels expédients soient nécéssaires montre bien qu'il n'y peut plus y avoir de doute raisonnable, et qu'il ne reste plus qu'un doute déraisonnable et artificiellement maintenu.

Ces arguments anti-sédévacantistes réduisent à néant l'avertissement de Notre Seigneur concernant les loups en peaux de brebis. Leur attitude laisse plutôt penser qu'il s'agit de brebis en peau de loup ! Cela s'oppose directement aussi à l'injonction pauline d'éviter les hérétiques.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 5. Un catholique ne peut pas vraiment être certain de ce qui est hérétique ou pas avant que l'Église en ait infailliblement jugé.


Cela a déja été traité, cf. les réponses ci-dessus.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 6. Les catholiques ne doivent pas se séparer de la communion d'hérétiques prétendant détenir des offices dans la sainte Église, mais attendre toujours qu'un jugement infaillible soit éventuellement prononcé.


Cela aussi a déja été traité plus haut. Les catholiques qui rejetèrent Nestorius, alors patriarche d'Alexandrie, quand il commençait à prêcher l'hérésie, furent justifiés après coup par le pape. Les prétendues excommunications de Nestorius furent déclarées nulles et non avenues, par ce que "celui qui a dévié de la foi par de telles prédications, ne peut pas plus déposer ou expulser personne" (citation dans Bellarmin). Autrement dit, une fois qu'il est devenu hérétique public il a automatiquement perdu son office, avant même que cela soit confirmé ultérieurement par Rome.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 7. Il faut "détourner l'Église des nouveautés et la ramener à la Tradition".


L'Église est indéfectible. Elle ne peut pas échouer. Elle est l'Épouse immaculée du Christ. L'Église ne peut pas être une source de maux, enseigner des erreurs, ou cesser d'être ce qu'elle a été faite par décret divin. Autrement dit, elle ne peut jamais échouer dans sa mission essentielle d'enseigner, de sanctifier et de gouverner, ni changer dans aucun de ces carcatères essentiels. Elle est la cité sur la montagne, dont la lumière ne peut être cachée. En d'autres termes, elle est visible et ne peut pas devenir invisible. Toutes les affirmations "tradies" résumées dans la phrase ci-dessous, exprimant que l'Église a en quelque façon fait le mauvais choix, s'est trompée, ou a défailli en quelqu'autre manière, sont des erreurs théologiques graves.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 8. S. Robert Bellarmin enseigne qu'il faut résister à un "pape" hérétique, mais qu'il ne faut pas le rejeter.


On cite à cet effet
De Romano Pontifice, livre II, chap. 29 a écrit : De même qu'il est licite de résister à un Pontife qui attaque notre corps, de même aussi il est licite de résister à celui qui attaque les âmes ou détruit l'ordre civil ou surtout tente de détruire l'Église. Je dis qu'il est licite de lui résister en ne faisant pas ce qu'il commande et en empêchant l'éxécution de sa volonté. Il n'est pas licite, cependant, de le juger, le punir ou le déposer, par ce que cela ne peut être fait que par un supérieur.
La solution de cette difficulté apparente est qu'au chapitre 29 S. Robert traite de mauvais papes, tandis qu'au chapitre 30 il traite de ce qui arriverait si un pape perdrait la foi - ce sont deux choses totalement différentes. On peut résister aux mauvais papes, en matière grave ; et les hérétiques ne sont pas catholiques, et ne sauraient donc être papes. Voilà ce que dit Bellarmin, et il n'y a aucune contradiction entre les deux.

Bellarmin exprime la difficulté de la manière suivante, "Un Pape qui reste Pape ne saurait être évité, car comment pourrait-on éviter sa propre tête ? Comment pouvons-nous nous séparer d'un membre qui nous est uni ?" Et il répond :
De Romano Pontifice, livre II, chap. 30 a écrit : Le principe suivant est des plus certains: le non-Chrétien ne peut, en aucune façon, être Pape, comme Cajetan lui-même le reconnaît (ibid, c.26). La raison en est qu'il ne peut pas être la Tête s'il n'est pas membre ; or le non Chrétien n'est pas membre de l'Eglise, et un hérétique manifeste n'est pas Chrétien, comme l'enseignent ouvertement S. Cyprien (l.4, Ep.2), S. Athanase (Serm. Contra Arian.) S. Augustin (l. de grat. Christi, ch.20), S. Jérôme (Contra Lucif.) et d'autres. C'est pourquoi un hérétique manifeste ne peut pas être Pape... C'est la sentence de tous les anciens Pères
Certains seront peut-être tentés de se demander quelle difficulté il pourrait bien y avoir à se séparer de la Tête visible de la sainte Église, en ayant à l'idée la résistance expliquée dans ce chapitre 29 ? La réponse est évidente - "éviter" un hérétique, cela ne veut pas dire simplement aller à l'autre bout du zinc quand il entre au café boire un coup. Cela implique de couper toute communion avec lui, nous "séparer" de lui comme le dit Bellarmin.

"Comment éviter notre propre tête ?" Les anti-sédévacantistes répondent du tac au tac : "Rien de plus facile : ne jugeons pas, voilà tout !" C'est bien là ce qu'on appelle perdre la tête, en effet.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 9. Toutes ces considérations des docteurs de l'Église sur les "papes hérétiques" sont purement hypothétiques.


Absolument pas. Quand S. Robert Bellarmin dans la citation plus haut écrit "Ce principe est des plus certains", il ne veut pas dire que c'est une hypothèse. Il veut dire - si incroyable que cela puisse paraître à certains - que ce principe est des plus certains. On peut en dire autant de presque tout le reste de ce chapitre du De Romano Pontifice. C'est une liste de principes, étayés très-complètement en s'appuyant à la fois sur la raison et la tradition. Le seul élement "hypothétique" dans tout cela est l'idée qu'un pape puisse tomber dans l'hérésie. Bellarmin, suivi sur ce point par beaucoup de "sédévacantistes" aujourd'hui, ne croyait pas que cela soit possible. Mais cela ne change rien au fait que les conclusions et principes "des plus certains" de ce chapitre sont "des plus certains".

Bellarmin écrit encore : "un hérétique manifeste ne peut pas être Pape". Il n'écrit pas : "Si un hérétique manifeste n'était pas pape ..." Il enseigne que l'hérésie manifeste exclut l'appartenance au corps mystique ; que les non-membres n'ont pas de juridiction ; que si quelqu'un perd cette appartenance il perd tout ses offices automatiquement et sans déclaration. Il écrit cela et écrit que les Pères tenaient universellement ces doctrines, qui n'ont absolument rien d'hypothétiques. Ce sont des vérités de foi.

Récapitulons : l'hypothèse qu'un pape puisse tomber dans l'hérésie est considérée. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, qu'un hérétique manifeste ne peut pas être Pape est un principe des plus certains - non hypothétique, autremet dit. Le communiste et hérétique conciliaire Karol Wojtyla n'a jamais été pape. Seuls des catholiques sont éligibles à la papauté :
Coronata, Institutiones Iuris Canonici, cité dans Marietti 1:312-316 a écrit : III. Nomination à l'office du Souverain Pontife.
1 Ce qui est exigé par la loi divine pour cette nomination :

(a) La personne nomée doit être un homme ayant l'usage de la raison, à cause de l'ordination nécéssaire au pouvoir de l'ordre. Cette exigence est indispensable à la validité de la nomination. Pour la validité il est aussi exigé que l'homme soit membre de l'Église. Les hérétiques et apostats (tout au moins les publics) sont donc exclus.
(c'est moi qui souligne).
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 10. Il ne faudrait pas faire un dogme de la simple opinion de S. Robert Bellarmin.

La doctrine de S. Robert n'est pas sa simple "opinion" au sens où on l'entend aujourd'hui. Le mot latin est sententia, qui n'est pas une "croyance fondée sur des raisons qui n'ont pas force de preuve", comme le mot opinion veut dire en français à notre époque. Sententia veut dire "aphorisme", ou "enseignement". Il est instructif de remarquer que le mot français de "sens" (comme dans "le sens dans lequel il utilise ce mot") est étymologiquement lié à sententia . Le livre de Pierre Le Lombard (qui était le manuel théologique habituel avant d'être remplacé par la Somme de S. Thomas) est appelé "Livre des Sentences" pour cette raison. Ce serait un contresens de l'appeler aujourd'hui "Le Livre des Opinions". Ces sententiae ou enseignements était présentés et défendus par les scolastiques les plus compétents, et seulement une partie d'entre eux étaient disputés - beaucoup sont des dogmes. Le processus le plus habituel était d'affiner la terminologie d'une "sentence" pour mieux exprimer la doctrine qu'elle contenait. Il y avait par exemple des sentences concernant la présence réelle, la maternité divine, l'Incarnation, etc. Bref, il ne s'agit pas du tout d'"opinions" au sens moderne du mot.

Ce point particulier qu'un pape qui tomberait dans l'hérésie perdrait son pontificat était l'"opinion" de Bellarmin, opinion tenue par tous les théologiens de quelqu'importance sauf Cajetan, dont les arguments ont été réfutés en détail par Bellarmin. Pratiquement tout le monde a suivi Bellarmin depuis. Et cette "opinion" est fondée sur la vérité théologique que Bellarmin décrit comme l'enseignement universel des Pères.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 11. Les jugements d'individus sans juridiction n'engagent pas les autres personnes.

C'est vrai. Ce qui n'est pas vrai en revanche, ce que cela rendrait "facultative" une vérité objective quelconque, comme par exemple le fait que Karol Wojtyla est hérétique et pas pape. Quand notre jugement est formé, il nous oblige. Tout cela n'est rien de plus que la doctrine catholique traditionnelle concernant la conscience morale. Certains traditionalistes n'aiment pas les "sédévacantistes" qui insistent sur ce point. Ils traitent cette attitude de "légalisme" et d'"usurpation d'autorité" alors que ce n'est ni l'un ni l'autre. Ce n'est qu'un acte de charité spirituelle s'efforçant d'amener les autres à une meilleure compréhension des choses.
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John Lane traduit par le chartreux a écrit : Objection 12. Cum Ex Apostolatus n'a jamais eu force de loi, et n'a jamais été incorporée dans le code de droit canonique.

Cette erreur factuelle est des plus surprenantes. Cum Ex Apostolatus est une bulle, promulguée par Paul IV, qui légifère que si un hérétique était élu "pape" alors l'éléction serait invalide, et que même l'approbation universelle dans l'Église ne pourrait pas remédier à ce vice de procédure.

Non seulement cette bulle a force de loi ecclésiastique, mais en plus dans la mesure ou elle affirme qu'un hérétique ne peut pas être pape, elle est un reflet de la loi divine, qui est immuable par nature. En tout cas, dans le code de droit canon les notes de bas de pages du canon 188.4 font référence à Cum Ex Apostolatus . Ce canon dit : "En vertu de la renonciation tacite admise ipso jure, sont vacants 'ipso facto' et sans aucune déclaration, quelque office que ce soit si le clerc : (...) 4. Apostasie publiquement la foi catholique".

C'est précisément de cette manière que les lois anciennes sont incorporées dans le code.
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