II.§1299 a écrit :
Pour ce qui regarde notre Seigneur Jésus-Christ, les pontifes et les scribes étaient bien aises qu'il mourut par la sentence de Pilate, qui était idolâtre, pour se mettre à couvert des reproches du peuple, en disant que le gouverneur romain l'avait condamné, et qu'il ne l'aurait pas fait s'il n'eut été digne de mort. Leur perversité et leur hypocrisie les aveuglaient tellement, qu'ils se flattaient de pouvoir cacher leur jeu, comme s'ils n'eussent pas été les auteurs de toutes ces infâmes manoeuvres, et plus sacrilèges que le juge idolâtre ; mais le Seigneur fit que leur méchanceté se trahit aux yeux de tous par les instances mêmes qu'ils firent auprés de Pilate, comme nous le verrons bientôt.
II.§1307 a écrit :
Les Juifs souhaitaient, dans leur haine, que Pilate leur fut favorable, et qu'il prononçât aussitôt la sentence de mort contre le Sauveur, et comme ils s'aperçurent qu'il éludait leurs poursuites par toutes ses objections, ils se mirent à pousser des cris de fureur, renouvelèrent leurs accusations calomniatrices, et répétèrent qu'il voulait s'emparer du royaume de Judée ; que c'était dans ce dessein qu'il trompait et excitait le peuple, et qu'il disait être le Christ, c'est-à-dire roi sacré (Luc 23:5). Ils firent cette malicieuse plainte à Pilate, pour l'inquiéter davantage par le zèle du royaume temporel, qu'il devait conserver sous la domination de l'empire romain. Et comme, parmi les Juifs, les rois étaient sacrés, ils ajoutèrent que Jésus s'appelait Christ, c'est-à-dire oint comme roi (Ibid., 2), afin que Pilate, ayant les idées des gentils, dont les rois n'étaient point sacrés, entendit que, s'appeler le Christ, c'était la même chose que de s'appeler roi des Juifs, déjà sacré. (...)
Pilate ne put pas penser que Jésus-Christ fut roi de fait, puisqu'il savait assez qu'il ne régnait pas ; ainsi il ne l'interrogeait que pour savoir s'il était roi de droit et s'il prétendait au trône.
II.§1309 a écrit :
L'aveuglement des Juifs était encore plus grand, en ce qu'ils attendaient le Messie comme roi temporel, et pourtant blâmaient Jésus-Christ de ce qu'il l'était ; il semble qu'ils ne voulaient pour Messie qu'un roi qui fut si puissant, que personne n'eut pu lui résister ; mais alors même ils ne l'auraient reçu que par force, et non pas avec cette pieuse volonté que le Seigneur demande.