Extraits de "La Cité Mystique de Dieu"

chartreux
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II.§305 a écrit : Notre Princesse ayant laissé Zacharie baigné de larmes et tout ému de tendresse., alla prendre congé de sa cousine Élisabeth : douée, comme femme, d'un coeur plus sensible, parente, amie ayant joui tant de jours de la douce conversation de la mère de la grâce, et ayant obtenu par son intercession tant de faveurs de la main du Seigneur, elle était sur le point de s'évanouir de douleur, en pensant qu'elle allait être séparée de la cause de tant de biens reçus, privée de sa présence, dépouillée de l'espérance d'en recevoir beaucoup d'autres. Le coeur de la sainte se brisait au moment de ce dernier adieu de la Maîtresse de l'univers, qu'elle aimait plus que sa propre vie, et elle lui découvrait le fond de son âme beaucoup plus par ses larmes et ses sanglots que par ses paroles ; car elle était incapable de s'exprimer.


La sérénissime Reine, toujours maîtresse d'elle-même, inaccessible à tous les mouvements des passions naturelles, s'adressant à sainte Élisabeth, lui dit avec une douce sévérité : " Ma très-chére cousine, ne vous affligez pas si fort de mon départ, puisque la charité du très-Haut, en laquelle je vous aime véritablement, ne connaît ni séparation ni distance de temps et de lieu. Je vous regarde et je vous aurai présente en sa divine Majesté, et vous me trouverez toujours en elle. Le temps pendant lequel nos corps peuvent être éloignés est fort court (Job., XIV, 5.), puisque si courts sont les jours de la vie humaine ; et, en remportant par le secours de la divine grâce la victoire sur nos ennemis, nous nous verrons bientôt, et nous jouirons éternellement l'une de l'autre dans la Jérusalem céleste, où il n'y a ni douleurs, ni larmes, ni séparation (Apoc., XXI, 4.). En attendant cet heureux temps, ma très-chère, vous trouverez en Dieu toute sorte de bien, et vous me trouverez et me verrez en lui ; je souhaite qu'il fasse sa demeure dans votre coeur et qu'il vous console."


Pour arrêter les pleurs d'Élisabeth, notre très-prudente Reine ne prolongea pas davantage cet entretien, et, se mettant à genoux, elle lui demanda sa bénédiction et pardon des peines qu'elle pouvait lui avoir occasionnées par son séjour. Elle insista jusqu'à ce que sainte Élisabeth eut cédé à ses désirs ; celle-ci, à son tour, sollicita la bénédiction de notre divine Dame, qui la lui donna, pour ne point lui refuser cette consolation.
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II.§318 a écrit : Aussitôt que notre Princesse la vit à l'hôtellerie, elle connut le mal que tous ignoraient, et mue de sa miséricorde maternelle, elle pria son très-saint Fils de lui donner la santé de l'âme et du corps. Et sachant que la volonté divine penchait à la clémence, elle usa de son pouvoir de Reine , pour commander aux démons de sortir à l'instant de cette femme, de la laisser libre, sans la tourmenter jamais plus, et de rentrer dans les profonds abîmes, comme dans leur légitime et propre demeure. Notre grande Reine ne se servit point de paroles pour intimer cet ordre, mais elle le donna mentalement, de manière que les esprits immondes pussent le comprendre ; et il fut si efficace et si puissant, qu'aussitôt Lucifer et ses compagnons sortirent de ce corps, et furent précipités dans les ténèbres infernales.
II.§319 a écrit : Grands furent le trouble et la colère dont Lucifer fut saisi en se voyant chassé de cette femme et précipité par le seul commandement de la très-chaste Marie; tout stupéfait, il disait avec une furieuse indignation : " Quelle est cette femmelette qui nous commande et qui nous opprime avec tant de force ? Quelle nouveauté est celle-ci, et comment est-ce que mon orgueil la souffre ? Il faut que nous prenions tous garde à cela , et que nous travaillions à l'écraser."
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II.§322 a écrit : au moment où s'opéra le mystère ineffable de l'incarnation, Lucifer et tous les autres esprits rebelles sentirent la vertu du bras du Tout-Puissant, qui les précipita dans le plus profond des abîmes. Ils y furent abattus quelques jours, jusqu'à ce que le même Seigneur, par sa providence admirable, leur permit de se relever de cet abattement dont ils ignoraient la cause. Or, après s'être redressé, le grand dragon s'avança vers le monde, pour reconnaître, en parcourant toute la terre, s'il était survenu quelque chose de nouveau à quoi il put attribuer le coup imprévu qui l'avait frappé, lui et tous ses ministres. Le superbe prince des ténèbres ne voulut point confier cette recherche à ses seuls compagnons ; mais il se mit lui-même en campagne avec eux, et explorant le monde entier avec autant de ruse que de méchanceté, il alla s'enquérant partout, guettant de toutes parts les faits pour tâcher de découvrir ce qu'il brulait de savoir. Il employa trois mois à cette ardente recherche ; au bout de ce temps il dut retourner dans l'enfer, aussi ignorant de la vérité qu'il en était sorti , parce que le moment n'était pas encore venu pour lui de pénétrer des mystères aussi divins, sa malignité étant si ténébreuse, qu'il ne devait pas jouir de leurs effets admirables, ni en glorifier et bénir son Créateur comme nous, qui devions participer aux fruits de la rédemption.
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II.§326 a écrit : C'est pour cette raison que le très-Haut cacha à ces esprits rebelles la dignité de l'auguste Marie, le miracle de sa grossesse, son intégrité virginale avant et après l'enfantement, et en lui donnant un époux, il tenait cela dans un plus grand secret. Ils ne connurent non plus la divinité de notre Seigneur Jésus-Christ avec certitude qu'à l'heure de sa mort ; et dès lors ils découvrirent plusieurs mystères de la rédemption sur lesquels ils s'étaient mépris et aveuglés ; car, s'ils eussent connu auparavant cet adorable Seigneur, ils eussent plutôt tâché d'empêcher sa mort, comme le dit l'Apôtre (I Cor., 2:8), qu'excité les Juifs à lui en infliger une aussi cruelle, ainsi que je le rapporterai en son lieu. Ils auraient prétendu détourner la rédemption, et, publier eux-mêmes devant le monde qu'il était le Christ vrai Dieu ; et c'est pour cela que quand saint Pierre le reconnut et le confessa pour tel, il lui ordonna à lui et aux autres apôtres, de n'en rien dire à personne (Matth., XVI, 20.). Et bien que les démons se doutassent que le Sauveur fut le Messie, et qu'ils l'appelassent même Fils du très-Haut, à cause des miracles qu'il faisait et de ce qu'il les chassait des corps, comme le raconte saint Luc (Luc., 8:28; 4:34.), sa divine Majesté, ne permettait pourtant pas qu'ils dissent, avec une ferme assurance ce qu'ils pensaient ; car, en voyant notre Seigneur Jésus Christ pauvre, méprisé et outragé, les doutes qu'ils avaient se dissipaient aussitôt ; c'est qu'aveuglés par leur orgueil démesuré, ils ne purent jamais pénétrer le mystère de l'humilité du Sauveur.
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II.§343 a écrit : Ces loups affamés [les démons] changèrent leur peau et prirent celle de brebis, laissant les figures épouvantables, et se transformant en anges de lumière tout resplendissants de beauté. Étant en la présence de notre divine Dame, ils lui dirent : "Vous avez vaincu, vous avez vaincu, vous êtes forte, nous venons vous assister et récompenser votre invincible valeur" ; et après lui avoir débité ces flatteries trompeuses, ils l'environnèrent et s'offrirent de la servir. Mais la très-prudente Reine recueillit tous ses sens, et s'élevant au-dessus d'elle-même (Thren., 3:28), elle adora par le moyen des vertus infuses le Seigneur en esprit et en vérité (Joan., 4:23) ; et méprisant les piéges de ces langues iniques et éloquentes en mensonges (Eccles., 51:3.), elle s'adressa en ces termes à son très-saint Fils : " Mon Seigneur, mon Maître, ma force et véritable lumière de la lumière inaccessible, toute ma confiance n'est qu'en votre protection , et qu'en l'exaltation de votre saint Nom. J'anathématise et je déteste tous ceux qui en veulent ternir la gloire." Ces artisans du mal s'obstinèrent à tenir des discours fabuleux à la Maîtresse de la science, et à élever par leurs fausses louanges au-dessus des étoiles Celle qui s'humiliait au- dessous des plus basses créatures ; ils lui dirent qu'ils la voulaient distinguer entre toutes les femmes, et qu'ils prétendaient lui faire une faveur singulière, qui était de la choisir au nom du Seigneur pour mère du Messie, afin que sa sainteté surpassât celle des patriarches et des prophètes.
II.§344 a écrit : Lucifer fut auteur d'une entreprise si extravagante, mais sa malice y est découverte, afin que les autres âmes la connaissent. C'était une chose bien ridicule que d'offrir à la Reine du ciel un titre qui lui appartenait déjà, et ils furent eux-mêmes trompés et abusés, non-seulement en ce qu'ils offraient ce qu'il leur était impossible de donner, mais en ce qu'ils ignoraient les secrets du grand Roi, renfermés en cette bienheureuse femme qu'ils persécutaient. La méchanceté du dragon fut pourtant fort grande, car il savait qu'il ne pouvait pas effectuer ce qu'il promettait ; mais il voulut voir si dans le cas où notre divine Dame eut été destinée à devenir la mère du Messie, elle montrerait d'une manière quelconque qu'elle le sut. La prudence de la très-sainte Vierge découvrit la fourberie de Lucifer ; et la méprisant, elle se tint dans une réserve sévère, et dans une constance admirable. Tout ce qu'elle fit parmi ces trompeuses flatteries, fut de continuer son oraison, et prosternée en terre d'adorer le Seigneur ; en le glorifiant, elle s'humiliait elle-même, et se croyait la plus méprisable de toutes les créatures, plus vile même que la poussiére qu'elle foulait aux pieds. Pendant tout le temps que cette tentation dura, elle abattit l'orgueil de Lucifer par sa prière et par son humilité. Je n'ai pas cru devoir m'étendre davantage sur les autres cruautés et sur les autres mensonges que leur sagacité inspira aux démons dans cette rencontre, parce que ce que j'en ai dit suffit pour notre instruction, outre que l'on ne doit pas exposer toutes choses à l'ignorance ni à la faiblesse des créatures terrestres.
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II.§347 a écrit : La troisième légion se présenta avec le prince impur qui s'attaque à la faiblesse de la chair ; ils redoublèrent ici d'efforts, parce qu'ils y trouvèrent plus d'impossibilité à rien faire de ce qu'ils désiraient. Ainsi, ils y réussirent moins, si toutefois il peut être question de moins par rapport aux autres. Ils essayèrent de la troubler par des suggestions honteuses et par des images abominables et monstrueuses. Mais tout cela se réduisit en fumée, parce que la très-pure Vierge, reconnaissant la nature de cette tentation, se recueillit aussitôt dans son intérieur, et suspendit l'usage de ses sens et toutes leurs opérations ; de sorte qu'elle ne put être frappée par aucune de ces images : aucune de leurs espèces n'entra même dans sa pensée, car elle leur avait rendu toutes ses facultés inaccessibles. Elle renouvela plusieurs fois avec une volonté fervente le voeu de chasteté en la présence intérieure du Seigneur ; et elle mérita plus dans cette occasion que toutes les vierges qui ont été et qui seront dans le monde. Le Tout-Puissant lui donna en cette matiére une vertu telle, que la poudre allumée dans un canon ne pousse pas la balle placée devant elle avec autant de force et de vitesse, que la très-pure Marie chassait les ennemis quand ils voulaient l'insulter par une tentation de ce genre.
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II.§360 a écrit : Il[Lucifer] vomissait du feu mêlé avec une fumée de soufre et de l'écume venimeuse, et la divine Marie voyait et entendait tout cela sans pâtir, sans s'émouvoir plus que si elle n'eut vu qu'un petit moucheron. Il causa d'antres désordres en l'air, sur la terre et dans la maison par des tempêtes et des bouleversements, sans que notre auguste Reine perdît la tranquillité intérieure ni la sérénité extérieure, car elle fut toujours invincible et victorieuse en tout.
II.§361 a écrit : Lucifer se voyant vaincu avec tant de confusion, ouvrit sa bouche pleine de mensonges et de blasphèmes, et versa tout ce qui lui restait de méchanceté, proposant et énonçant, en présence de notre divine Princesse, toutes les hérésies infernales qu'il avait forgées avec l'aide de ses ministres d'iniquité. Car après qu'ils furent tous chassés du ciel et qu'ils eurent appris que le Verbe devait prendre chair humaine pour être le chef d'un peuple qu'Il comblerait de faveurs et enrichirait d'une doctrine céleste, le dragon résolut d'inventer des erreurs, des sectes et des hérésies contre toutes les vérités qu'il découvrirait quant à la connaissance, à l'amour et au culte du très-Haut. Les démons s'occupèrent à cela pendant tout le temps qui s'écoula jusqu'à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ ; et Lucifer, l'antique serpent, avait amassé dans son sein tout ce venin qu'il vomit par flots contre la mère de la vérité et de la pureté ; et souhaitant de l'en infecter, il dit toutes les erreurs qu'il avait forgées jusqu'à ce jour contre Dieu et contre sa vérité.
II.§362 a écrit : Et je crois certainement, par ce qui m'en a été révélé, qu'il n'y eut aucune erreur, aucune idolâtrie, ni aucune hérésie de celles qui ont été reconnues jusqu'aujourd'hui dans le monde, que ce dragon ne soutint devant l'auguste Marie, afin que la sainte Église put chanter d'elle avec toute vérité, en la félicitant de ses victoires, qu'elle seule dissipa et étouffa toutes les hérésies de l'univers (Offic. Eccl. B. Marias.). C'est ce que fit notre Sulamite victorieuse (Cant., 8:1), car il n'y avait en elle que des bataillons de vertus, rangés en très-bel ordre pour défaire., confondre et anéantir les troupes infernales. Elle détruisit toutes leurs faussetés en général, aussi bien qu'en particulier, elle les détesta et les anathématisa avec une foi inébranlable et par une très-sublime confession, attestant les vérités contraires et s'en servant pour glorifier le Seigneur, comme vérace, juste et saint, par des cantiques de louanges qui exprimaient toutes les vertus et la doctrine saine, pure, sainte et louable.
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II.§400 a écrit : On sera peut-être un peu surpris, aussi bien que moi, de ce que l'archange ait parlé à saint Joseph dans un songe, et non point lorsqu'il veillait, puisque le mystère était si relevé et si difficile à concevoir, surtout dans le trouble extrême où se trouvait le patriarche, tandis que le même mystère fut révélé à d'autres, non durant leur sommeil, mais en pleine veille.
II.§401 a écrit : Dans ces dispositions du Seigneur, la raison suprême n'est autre que sa divine volonté, toujours juste, sainte et parfaite. Je tâcherai pourtant de dire, pour notre instruction, quelques-unes des choses que j'ai apprises à cet égard. La première est, que saint Joseph était si prudent, éclairé d'une si céleste lumière, et pénétré d'une si haute estime pour la très-sainte Vierge, qu'il ne fut pas nécessaire de recourir à des moyens plus forts pour le convaincre de sa dignité et des mystères de l'incarnation, car les inspirations divines s'insinuent aisément dans les coeurs bien disposés. La seconde est, que son trouble ayant commencé par les sens, à la vue de la grossesse de son épouse, il était juste qu'ils fussent comme mortifiés et privés de la vision angélique, et que la vérité ne fut point introduite dans l'âme par leur organe, puisqu'ils avaient donné l'entrée à la tromperie ou su soupçon. Une troisième raison qui a beaucoup de rapport à celle-là, est parce que saint Joseph, bien qu'il ne commit aucun péché, souffrit un trouble tel, que ses sens contractèrent une espèce de souillure qui les rendit indignes de la vue et de la communication du saint ange ; il fallait par conséquent que l'ambassadeur céleste lui paraisse dans un moment où les sens scandalisés auparavant, fussent interdits par la suspension de leurs opérations ; dans la suite, le saint homme étant revenu à soi, se purifia et se disposa par plusieurs actes, comme je le dirai, à recevoir les influences du Saint-Esprit, car son trouble les eut écartées.
II.§402 a écrit : On comprendra par là pourquoi Dieu parlait aux anciens pères dans des songes, plus souvent qu'il ne fait maintenant aux fidèles enfants de la loi évangélique, sous le règne de laquelle ces sortes de révélations sont moins fréquentes que celles par lesquelles les anges se manifestent davantage. La raison en est que, dans l'économie divine, les plus grands obstacles qui empêchent que les âmes n'aient des rapports vraiment familiers avec Dieu et avec ses anges, sont les péchés, même légers, et voire les simples imperfections. Mais depuis que le Verbe s'est incarné et qu'il a conversé avec les hommes, les sens se sont purifiés et nos puissances se purifient tous les jours, étant sanctifiées par le bon usage des sacrements sensibles, de sorte qu'elles se dégourdissent, se spiritualisent, s'élévent et s'habilitent dans leurs opérations à participer aux influences divines. Et ce privilège sur les anciens, nous le devons au précieux sang de notre Seigneur Jésus-Christ, en vertu duquel nous sommes sanctifiés par les sacrements, en y recevant les effets divins de grâces spéciales, et en quelques-uns le caractère spirituel qui nous distingue et nous dispose à de plus hautes fins. Mais quand le Seigneur parlait autrefois, ou qu'il parle maintenant dans des songes, il exclut les opérations des sens comme incapables ou indignes d'assister aux noces spirituelles de sa communication intime et de jouir de ses épanchements célestes.
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II.§423 a écrit : La pauvre mais heureuse maison de Joseph ne consistait guère qu'en trois chambres, où les deux saints époux faisaient leur plus ordinaire demeure, car ils n'eurent ni serviteur ni servante. Saint Joseph dormait dans l'une ; il travaillait dans l'autre, et y tenait les outils de son métier de charpentier : et la troisième était habituellement occupée par la Reine du ciel, qui y couchait dans un petit lit que le saint avait fait : ils prirent ces arrangements dès le commencement de leur mariage et de leur installation dans la maison. Le saint époux allait rarement voir son auguste épouse et maîtresse avant qu'il eut appris sa dignité, parce qu'il vaquait à son travail pendant qu'elle demeurait dans sa retraite, à moins que quelque affaire, pressante ne l'obligeât de la consulter.
II.§425 a écrit : Saint Joseph ne vit jamais dormir sa très-sainte épouse, il ne sut pas même par expérience si elle dormait, quoiqu'il la priât souvent de prendre quelque repos, surtout au temps de sa divine grossesse. Le lieu où elle le prenait était le petit lit que j'ai dit avoir été fait des mains de saint Joseph lui-même ; il était couvert de deux couvertures entre lesquelles elle se mettait pour se livrer quelques instants à un saint sommeil. Son vêtement de dessous était une tunique ou chemise de toile semblable au coton, d'un tissu plus doux que les simples étoffes ordinaires. Elle ne quitta jamais cette tunique après qu'elle fut sortie du Temple. Elle la conserva toujours sans qu'elle s'usât ni se salit, et sans qu'aucune personne la vit. Saint Joseph lui-même ne sut point si elle la portait, parce qu'il ne vit que l'habillement extérieur que tout le monde pouvait voir. Cet habillement était de couleur de cendre, comme je l'ai dit ; et la grande Reine du ciel ne changeait quelquefois que celui-là, et les voiles dont elle se servait pour se couvrir la téte ; ce n'était pas qu'ils fussent salis, mais c'était pour empêcher qu'on ne s'aperçut, comme ils étaient visibles à tous, qu'elle les conservait toujours dans le même état. Car elle ne salit jamais rien de ce qu'elle portait sur son corps si pur et si virginal, parce qu'elle ne suait point, et qu'elle n'était pas sujette aux incommodités que souffrent les autres enfants d'Adam dans leurs corps souillés par le péché. Il semblait que son extrême pureté contribuât à donner à ses ouvrages manuels quelque chose de plus propre et de plus achevé.
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II.§446 a écrit : Je veux, ma fille, vous convaincre dans ce chapitre de la décence avec laquelle on doit traiter toutes les choses consacrées au culte divin, et blâmer en même temps l'irrévérence par laquelle les ministres du Seigneur eux-mêmes l'offensent dans leur insouciance à cet égard. Qu'ils se gardent bien de mépriser ou d'oublier la colère du très-Haut, qu'ils s'attirent par la grossière incivilité et par la lourde ingratitude avec lesquelles ils traitent les ornements et les choses sacrées, qu'ils manient d'ordinaire sans la moindre attention et sans le moindre respect. L'indignation de sa divine Majesté est beaucoup plus grande contre ceux qui reçoivent les fruits et les gages de son très-précieux sang, et les prodiguent pour de basses vanités ou pour des choses profanes et plus repréhensibles encore. Ils recherchent pour leurs délices et leurs commodités ce qui est le plus précieux et le plus estimable, et réservent tout ce qu'il y a de plus grossier et de plus vil pour le culte et l'honneur du Seigneur. Je veux que vous sachiez que quand cela arrive, surtout à l'endroit des linges qui touchent le corps et le sang de mon très-saint Fils, tels que les corporaux et les purificatoires, les anges, qui assistent au très-éminent et très-redoutable sacrifice de la Messe, détournent, comme saisis de confusion, leur vue de ces sortes de ministres, et s'étonnent de ce que le Tout-Puissant les souffre et dissimule si longtemps leur témérité et leur manque de respect. Sans doute tous les prêtres ne commettent pas cette faute, mais il y en a pourtant beaucoup, et il s'en trouve à peine quelques-uns qui se distinguent par leur zèle en ce qui concerne le culte divin, et qui traitent extérieurement les choses sacrées avec la due révérence; encore en est-il parmi ceux-ci qui n'agissent pas avec une intention droite et pour s'acquitter de leur devoir, mais par vanité et pour d'autres fins humaines : de sorte que ceux qui adorent purement et avec un coeur sincère le Créateur en esprit et en vérité (Joan., 4:24) sont fort rares.
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