II.§210 a écrit :
Il faut remarquer, pour confirmer ce point, que le démon ayant reconnu, au moment de la mort de Jésus-Christ, que cet adorable Seigneur était Dieu et rédempteur des hommes, travailla avec nue fureur incroyable à en effacer la mémoire de la terre des vivants, comme dit Jérémie (Jerem., XI, 19.), aussi bien que celle de sa très-sainte Mère. Ainsi il fit en sorte que la sainte croix une fois fut cachée et enterrée, une autre fois prise et emportée en Perse, et dans cette même vue il fit que plusieurs des lieux saints furent ruinés et abolis. De là vint que les anges transportèrent si souvent la sainte maison de Lorette, parce que le même dragon qui persécutait cette divine Dame (Apoc., XII, 13.) avait déjà excité les esprits des habitants du pays à la destruction complète du sanctuaire dans lequel s'est opéré le très-haut mystère de l'incarnation. Or, c'est par les mêmes machinations de l'ennemi que l'ancienne ville de Juda tomba en ruine, tant à cause de la négligence de ses habitants qui l'abandonnèrent successivement, que par suite de divers accidents et calamités qui lui arrivèrent ; mais le Seigneur ne permit point que la maison de Zacharie fut entièrement ruinée, à cause des mystères qui y avaient été célébrés.
II.§211 a écrit : Cette ville était éloignée, comme j'ai dit, de vingt-sept lieues de Nazareth, et environ de deux lieues de Jérusalem, dans cette partie des montagnes de Judée où le torrent de Sorec a sa source. après la naissance de saint Jean, et quand la très-pure Marie et son saint époux eurent pris congé pour sen retourner à Nazareth, sainte Élisabeth eut une révélation divine qui lui apprit qu'un désastre effroyable frapperait bientôt les enfants de Bethléem et des environs (Matth., II,16.). Et bien que cette révélation fut faite dans ces termes vagues et généraux qui ne précisaient et ne spécifiaient rien, elle détermina la mère de saint Jean à se retirer avec son mari Zacharie à Hébron, distante de Jérusalem d'environ huit lieues. Les saints y allèrent, parce qu'ils étaient riches, nobles, et qu'ils avaient des maisons et des biens non-seulement en Juda et en Hébron, mais en plusieurs autres endroits. Et quand notre Reine et saint Joseph, fuyant la cruauté d'Hérode, partirent pour l'Égypte (Matth., II, 14.) (quelques mois après la naissance du Verbe, qui eut lieu après celle de Jean-Baptiste), alors sainte Élisabeth et Zacharie habitaient à Hébron ; et Zacharie mourut quatre mois après que notre Seigneur Jésus-Christ fut né, et dix après qu'Élisabeth eut mis. son fils au monde. J'en ai dit assez pour éclaircir ce doute ; ainsi la maison où la visitation a eu lieu n'était ni à Jérusalem , ni à Bethléem , ni à Hébron , mais en la ville qu'on appelait Juda. Et c'est ce que j'ai découvert par la lumière du Seigneur, aussi bien que les autres mystères de cette divine histoire, et l'ayant ensuite demandé une autre fois à l'ange, pour obéir à de nouveaux ordres, il me le déclara de nouveau.