La Croisade des Zouaves Pontificaux

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 37 (Novembre 1993)


3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX



L'année 1993 a vu de nombreuses cérémonies commémoratives du bicentenaire du soulèvement vendéen. Les descendants des combattants en sabots de la Grande Armée Catholique et Royale ont tenu à montrer qu'ils n'avaient pas oublié le sacrifice de leurs ancêtres.

Pour que cette mémoire se perpétue, des monuments nouveaux ont été érigés. Des livres paraissent en grand nombre pour retracer cette grande période, rééditions d'ouvrages anciens ou publications de nouveaux travaux.

Les Vendéens se battaient "Pour Dieu et le Roi" ou "Pour les Autels et les Foyers".

Certains de leurs petits-fils ou de leurs petits neveux se sont engagés pour aller défendre la cause de Dieu attaquée en la personne de son représentant sur la terre, le Pape Pie IX.

La sainte milice dans laquelle ils ont fait le don de leur personne est connue sous le nom de corps des Zouaves Pontificaux.

Ce corps a formé le noyau de l'armée que le Saint-Père dut lever pour défendre ses Etats victimes de l'invasion sacrilège de l'armée piémontaise et de l'apathie des puissances catholiques face à cette violation d'un Etat neutre.

Les Zouaves ont écrit avec leur sang une belle page d'histoire et pourtant leur épopée est aujourd'hui peu connue.

C'est pourquoi il a paru intéressant de proposer une synthèse sur ce sujet si édifiant pour des Catholiques et si exaltant pour des coeurs français....

Le plan de ce travail est chronologique.

Cependant pour des raisons de commodités, certains faits ont été regroupés par thèmes, bien qu'ils se soient déroulés à des périodes différentes.


Après un rappel des origines du conflit qui opposa le Piémont à l'armée pontificale, sont tour à tour présentés les trois phases suivantes :

- L'invasion piémontaise de 1860 ;

Les années d'attente, de 1860 à 1867, avec en couronnement la campagne de 1867 ;

- La fin de l'épopée, après 3 ans de paix, avec la prise de Rome.


F. Z.

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Si la geste des Zouaves Pontificaux appartient à l'histoire, le souffle qui les animait peut encore produire des fruits de vertus.


Sainte Bernadette Soubirous, dans un courrier adressé à Sa Sainteté Pie IX le 17/12/1376, nous montre comment on peut communier à l'idéal des Zouaves Pontificaux :

«.. Que pourrais-je faire, Très Saint Père, pour Vous témoigner mon amour filial ?

Je ne puis que continuer ce que j'ai fait jusqu'à présent, c'est-à-dire souffrir et prier.

Il y a déjà quelques années que je me suis constituée, quoique indigne, petit zouave de Votre Sainteté ;
mes armes sont la prière et le sacrifice, que je garderai jusqu'au dernier soupir.

Là, seulement, l'arme du sacrifice tombera, mais celle de la prière me suivra au Ciel.»


(Cité dans "Sainte Bernadette. La confidente de l'Immaculée", de la Révérende Mère M.Th. BOROENAVE. Ed.
1933 p. 161.)


Pour clore cette introduction laissons Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus exprimer l'ardeur de son amour pour Jésus en évoquant le sacrifice des Zouaves Pontificaux :

« Etre ton épouse, ô Jésus, être carmélite, être par mon union à toi la mère des âmes, cela devrait me suffire... il n'en est pas ainsi ...

Sans doute, ces trois privilèges sont bien ma vocation, Carmélite, Epouse, et Mère, cependant, je sens en moi d'autres vocations, je me sens la vocation de GUERRIER, de PRÊTRE, d'APÔTRE, de DOCTEUR, de MARTYR ; enfin je sens le besoin, le désir d'accomplir pour toi Jésus toutes les oeuvres les plus héroïques...

Je sens en mon âme le courage d'un Croisé, d'un Zouave Pontifical, je voudrais mourir sur un champ de bataille pour la défense de l'Eglise... »


(Manuscrits Autobiographiques. Ed. du Carmel de Lisieux 1957 p. 223s.)

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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



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I
LES ORIGINES DU CONFLIT


1) Séquelles de la Révolution :




La Révolution et l'Empire causent des troubles profonds dans les Etats italiens et singulièrement dans les Etats Pontificaux.

Les révolutionnaires français se conduisent comme des impies et des voleurs lors de l'invasion de 1797.

Ils s'abattent de nouveau sur Rome en 1808 et sèment partout l'esprit de la Révolution.

Ils abolissent les antiques libertés communales et prétendent établir un fort pouvoir centralisateur appuyé sur le nouveau droit puisé dans le "Code Civil".

Le Traité de Vienne rétablit un difficile équilibre en 1815.

Mais toutes les institutions sont ébranlées et la Révolution couve.

Le Pape Grégoire XVI gouverne l'Eglise avec fermeté et amour. Les Etats Pontificaux vivent sous son règne leur dernière ère de paix.

L'avènement de Sa Sainteté Pie IX donne de grands espoirs aux libéraux et aux révolutionnaires : sa Bonté est proverbiale.

Le Pape semble donner raison à ceux qui voulaient des réformes dans les Etats de l'Eglise.

Il prend au mot les réformateurs et met sur pied un parlement avec un gouvernement civil et non ecclésiastique.

Néanmoins les libéraux abusent des largesses de Pie IX. Quant aux révolutionnaires ils voient échapper les motifs de réclamation. Ils critiquent tout de même la nouvelle organisation.

Sur ce, la Révolution internationalement préparée par les sociétés secrètes éclate tout le long de l'année 1848.

L'Europe entière s'embrase : Paris, Berlin, Vienne, Pest, Prague, Palerme, Milan, Venise...

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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



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Le Piémont veut profiter des événements pour chasser les Autrichiens de l'Italie du Nord. Des contingents sont recrutés dans toute la Péninsule.

A Rome, le gouvernement libéral entraîne les troupes pontificales dans la guerre contre l'Autriche.

Mais les glorieux "libérateurs de l'Italie" engagés dans les réunions politiques ne tiennent pas au feu et c'est le désastre après une suite de défaites et de désertions.

Charles-Albert le roi de Piémont est défait par le maréchal Radetzki à Custozza.

La déroute est complète. Les Autrichiens dans leur élan occupent Ferrare.

Le territoire pontifical est violé parce que les révolutionnaires romains ont, malgré la volonté expresse du Pape, dirigé les armées pontificales contre une puissance catholique, au lieu de se borner à défendre les frontières.

Cette situation calamiteuse met fin aux gouvernements qui favorisaient la Révolution.

Le Pape appelle le Comte Rossi qui, pendant les deux mois de son ministère (16/9/ -15/11/1848) met en chantier tout un programme de sages réformes pour résister aux violences révolutionnaires.

A l'extérieur, il prépare une confédération des Etats italiens, afin de défendre le principe monarchique contre la Révolution. Son dévouement au Pape est son titre de condamnation à mort. Il est assassiné devant la Chancellerie, sous les yeux de la garde civique, avec la complicité active de députés romains.

Aussitôt les factieux veulent imposer au Pape la proclamation de la nationalité italienne, la déclaration de guerre à l'Autriche, la convocation d'une assemblée constituante et la formation d'un ministère démocratique.

Des députés accompagnent des bandes d'émeutiers qui viennent assiéger le Palais du Quirinal où demeure le Pape-Roi.

Devant le danger, les ambassadeurs de France, d'Espagne, de Bavière, de Portugal et de Russie viennent entourer le Pape pour le défendre.

Le feu est mis à une porte du palais. Les pompiers et les Suisses maîtrisent l'incendie. Des coups de feu sont tirés sur le palais. L'un d'eux tue Mgr. Palma, secrétaire des lettres latines.

Un gouvernement provisoire révolutionnaire est institué. Le Pape licencie les Suisses pour épargner leur vie. Il est sequestré au Quirinal.

L'ambassadeur de France, le duc d'Harcourt, et le Comte de Spaur, ministre plénipotentiaire du Roi de Bavière à Rome, organisent l'évasion du Souverain Pontife à Gaëte, dans le territoire du Roi des Deux-Siciles.

Le pouvoir temporel du Pape, rempart de sa liberté apostolique, semble bien compromis.

D'où pourrait lui venir une aide ?

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3. ACTUALITÉ DOCTRINALE



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2) Situation politique de la Péninsule italienne en 1848 :


Il convient de noter ici qu'en 1848 sept Etats différents se répartissent le territoire de la Péninsule italienne.
En voici la description du Nord au Sud :

- 1. Le ROYAUME DE SARDAIGNE-PIEMONT (capitale Turin) comprend au-delà des Alpes et de la mer, Nice, la Savoie et la Sardaigne. La famille régnante est celle de Savoie, mais sa couronne lui vient de la Sardaigne. Pour cette raison nous parlerons du gouvernement sardes, des troupes sardes..

- 2. Les PROVINCES DE LOMBARDIE (capitale Milan) ET DE VENETIE (capitale Venise) font partie intégrante de l'Empire Autrichien. Il en va de même DE L'ISTRIE(capitale Trieste) ET DU TYROL DU SUD (capitale Bolzano). Ces deux dernières provinces deviendront italiennes en 1919 en vertu des accords de Versailles.

- 3. Le DUCHE DE PARME est gouverné par un Prince de la famille de Bourbon.

- 4. Le DUCHE DE MODENE est régi par un Prince de la maison de Habsbourg.

- 5. Le DUCHE DE TOSCANE (capitale Florence), le plus grand des trois duchés italiens, a pour Monarque un Prince de la maison de Habsbourg.


- 6. Les ETATS PONTIFICAUX sont séparés du Piémont par les Duchés. Ils ont une très ancienne origine.

En 755, le Roi des Francs, Pépin le Bref met le Pape en possession de vingt-deux villes, à savoir :

"Ravenne, Rimini, Pesaro, Fano, Césène, Sinigaglia (la patrie de Pie IX!), Iesi, Folimpopoli,Forli,Castrocaro, Montefeltro, Acceragio qu'on ne connaît plus, Montlucari que l'on croit être Nocera, Serravallé, Saint Marigni, Bobio, Urbin, Caglio, Luccoli, Eugubio, Comacchio et Narni. C'est le dénombrement qu'en fait Anastase.".

Rohbacher, dans son histoire de l'Eglise (7e.Ed.t.Vl p.74), remarque :

"Dans la donation de Pépin, il n'est aucunement question de Rome ni des villes de sa dépendance, attendu que déjà précédemment elles appartenaient à l'Eglise Romaine par la donation du temps, premier ministre de la Providence pour les affaires de ce monde.".

Pépin le Bref avait dû intervenir en Italie à la demande du Pape, opprimé par le Roi des Lombards Astolfe.

Astolfe feignit une première fois de rendre au Pape ce qu'il lui avait pris.

Les Francs rentrés chez eux, il mit le siège devant Rome. Le Pape Etienne II adressa alors au peuple Franc les magnifiques appels à l'aide qui figurent en annexe. (Cité plus haut.)

Pépin mit le siège devant Pavie et Astolfe se soumit.

C'est là que Pépin fit sa donation.

Il en avait le droit puisqu'il avait emporté ces terres de haute lutte et qu'il effectuait une restitution à leur propriétaire naturel et légitime, le Souverain de Rome.

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On dit que l'histoire est un perpétuel recommencement.

Sans être entièrement exacte cette affirmation montre que l'histoire présente à travers les siècles des situations similaires.

Un souverain du nord de l'Italie, le Roi des Lombards Didier, voulut faire l'unité italienne à son profit.

Il enleva donc des villes au Pape et se montra si cruel que le Pape Adrien I (772-795), menacé d'être assiégé dans Rome, dut faire appel au nouveau Roi des Francs, Charlemagne.

Celui-ci, occupé par sa première campagne contre les Saxons, ne put se rendre de suite à son appel.

Lorsque Charlemagne se présenta devant le col du Mont Cenis, il y trouva les Lombards très fortement retranchés.

Les Francs allaient renoncer mais, la nuit précédant leur départ, Dieu envoya la confusion dans le camp lombard.

Les troupes de Didier, le Roi lui-même, se débandèrent, poursuivis par les Francs qui en tuèrent un grand nombre.

Didier assiégé en 774 dans Pavie, sa femme et leurs enfants dans Vérone, fut contraint à capituler devant un Charlemagne de 27 ans.

Didier fut exilé à Corbie où il mourut dans un monastère "dans les exercices de la Pénitence".

Charlemagne se rendit à Rome faire ses dévotions à Saint Pierre.

Arrivé au bas des degrés le Roi "se mit à genoux, baisa par respect tous les degrés à mesure qu'il les montait, puis il embrassa tendrement le Pape qui l'attendait sur le dernier degré".

Le Roi, tout "Patrice des Romains" qu'il fût, "pria instamment le Pape de lui permettre d'entrer à Rome pour faire ses prières et accomplir ses voeux dans les diverses églises de cette ville.

Plus tard, le Pape lui demanda de confirmer la donation de Pépin.

Charlemagne "fit dresser par Etherius son notaire et son chapelain l'acte d'une donation beaucoup plus ample que la première ; il y donnait à l'Eglise Romaine l'île de Corse, Parme et Mantoue, tout l'exarchat de Ravenne, les provinces de Venise et d'Istrie avec les duchés de Spolète et de Bénévent".

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Les siècles ont passé avec leur cortège de guerres, de donations, d'échanges négociés par Traités jusqu'à la grande Révolution et ses ravages.

En 1848, les ETATS PONTIFICAUX comprennent :

- Les Légations (Bologne, Ferrare) ;

- La Romagne (Ravenne, Césène, Rimini...) ;

- Les Marches (Ancône, Urbin, Pesaro, Sinigaglia...) ;

- L'Ombrie (Pérouse, Terni, Assise...) ;

- La Campagne Romaine qui s'étend autour de la Ville sous les noms de Sabine et Comarca.


- 7. Le ROYAUME DE NAPLES ou DES DEUX-SICILES est au sud le dernier Etat de la Péninsule, et non le moindre.

Il est gouverné par un Souverain de la famille de Bourbon.

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3) Le rétablissement du pouvoir temporel du Pape (1849-1850) :



La Révolution n'a pas encore tué l'âme de la France.

Il reste à notre pays quelque chose des sentiments qui le conduisaient en 755 et 774.

La France élit donc président celui qui, dans son programme, s'est engagé à intervenir à Rome.

Un corps expéditionnaire est alors constitué, qui, sous les ordres du Général Oudinot , arrache Rome à la Révolution le 30/6/1849.

La Ville aurait pu être délivrée plus tôt sans les manoeuvres de l'Ambassadeur de France, M. de Lesseps.

Les troupes françaises sont épaulées par des éléments espagnols et napolitains, mais le Général Oudinot réserve le rôle principal à la France et confie aux Alliés une mission d'observation.

Le chef du gouvernement français avait agi par pure opportunité politique. Son action n'était pas désintéressée.

Le fourbe Napoléon prétendit imposer des conditions au rétablissement du pouvoir temporel du Pape.

Alexandre de Saint Albin, dans sa Vie de Pie IX, ne peut s'empêcher d'envisager quelle aurait été l'attitude
du Comte de Chambord :

« Le Prince Chrétien qui n'imaginait pas que la victoire remportée sur la Révolution pût donner le droit d'imposer au Pape une politique révolutionnaire, n'aurait jamais cherché à se faire pardonner la délivrance de Rome, il n'aurait pas prodigué l'or et le sang de la France (en 1859) pour faire cette unité italienne d'où devait sortir l'unité germanique,toutes deux ennemies de la France et alliées contre elle.»

Cependant le Pape, demeuré jusque là à Gaëte, put rentrer dans Rome le 12/4/1850.

Il lui avait fallu résister près d'un an pour pouvoir conserver la plénitude de son indépendance.

Les Etats Pontificaux vécurent jusqu'en 1859 une période de calme relatif.

Le Pape devait combattre pour sauvegarder partout dans le monde les droits de Dieu et de son Eglise, mais ses Etats goûtaient la paix.

La deuxième attaque de la Révolution contre Rome, fut la suite directe de la guerre Franco-Autrichienne en Italie en 1859.

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4) La Guerre d'Italie :



On peut expliquer la raison de cette guerre à partir d'une autre réflexion d'Alex de Saint Albin :

« « Toute nation dit Joseph de Maistre a le gouvernement qu'elle mérite ».

Hélas ! La France pour avoir ouvert son esprit et son coeur à tant de fausses doctrines, méritait de voir ses destinées aux mains d'un afillié du Carbonarisme.»
.

De par sa formation, sa jeunesse, ses attachements, Napoléon III se devait d'oeuvrer à la formation de "l'Unité Italienne".

S'il l'avait trop oublié, d'autres Orsini auraient surgi pour le rappeler à ses devoirs. (L'attentat date du 14/1/1858.)

La France en 1859 lia donc son sort au Piémont et attaqua l'Autriche dans le dessein de la chasser d'Italie.

Il est certain que sans l'intervention française, jamais le Piémont n'aurait su arracher le moindre territoire à l'Autriche.

Il suffit pour s'en convaincre de constater la pâle figuration des troupes sardes dans cette guerre d'Italie :

-1. Leur brillante victoire de Palestro fut remportée par toute une division sarde contre deux malheureux bataillons autrichiens ;

-2. Cette position glorieusement conquise ne fut préservée d'un retour offensif des Autrichiens que par la valeur du 3e.régiment de Zouaves français ;

-3. Une seule de leurs divisions arriva pour assister à la fin de la bataille de Magenta : elle limita sa participation au tir, d'ailleurs inoffensif, de quelques coups de canon ;

-4. Pendant toute la bataille de Solférino, les Sardes, à l'aile gauche du front "allié", piétinèrent, perdant même le terrain pris : les Autrichiens purent ensuite proclamer que les Sardes n'avaient conquis que ce qu'eux-mêmes avaient abandonné.

De deux choses l'une : soit les vaillants libérateurs de l'Italie se souvenaient de Custozza et restaient en arrière, soit délibéremment ils ménageaient leurs forces pour les actions à venir...

Rappelons à cette occasion les vers suivants, tirés du "Corbeau voulant imiter l'Aigle" :

"Il faut se mesurer ; la conséquence est nette :
Mal prend aux voleraux de faire les voleurs
L'exemple est un dangereux leurre
Tous les mangeurs de gens ne sont pas grands seigneurs ;
Où la guêpe a passé, le moucheron demeure."


Les six semaines du conflit avaient coûté à la France 5.500 tués ou morts de leurs blessures, 14.500 blessés.

A ces chiffres s'ajoutaient,en juillet 1859,25.000 malades dont 2040 moururent. (b)

Soucieux d'épargner le sang, les deux Empereurs signèrent la paix de Villafranca.

Aux termes du traité, la Lombardie, moins Peschiera et Mantoue qui n'avaient été ni prises, ni assiégées, fut remise à la France qui la rétrocéda au Piémont.


(b) Histoire du Second Empire, de Pierre de la Gorce, t.3 p.104 et 120
"Pie IX, sa vie son histoire, son siècle", p.1 59
Histoire du Cal. Pie, Ev. de Poitiers, par Mgr. Baunard 2e. Ed. 1886 p.71-76.
Cf. aussi P. de la Gorce op. cit. p. 365 et Ch. Catta, Doctr. Cal. Pie p. 108s.

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5) Commencement de la Spoliation Sacrilège des Etats Pontificaux :



Si les choses en étaient restées là, ce n'eût été que demi-mal. Mais les Piémontais si réservés au combat savaient en revanche fomenter des troubles.

Ils envoyèrent des émissaires pour préparer des voeux et des plébicistes par lesquels les populations des Trois Duchés, des Légations et des Romagnes demandaient "spontanément" leur rattachement au champion de l'Italie, le Piémont.

Ces mouvements étaient possibles dans les Romagnes et les Légations car les troupes autrichiennes qui les protégeaient (comme les troupes françaises protégeaient Rome depuis 1849), avaient dû se retirer devant l'offensive française en Lombardie.

La Romagne comprenait entre autres les terres de l'ancien exarchat de Ravenne donné au Pape par Charlemagne !

L'antiquité et la jouissance paisible de ce territoire ne suscitèrent aucun défenseur au Pape parmi les puissances catholiques. Tout le monde s'inclinait devant le "choix spontané des populations".

Il faut noter ici avec J.M. Villefranche (8) :

« Dans les Romagnes... on n'admit que 18.000 électeurs sur 200.000, ou peut s'en faut, qu'eût exigé un scrutin universel et sur ces 18.000, moins d'un tiers se présentèrent aux urnes.».

Ah la belle démocratie que voilà ! ....

Les "Puissances" feignant de croire à cette mascarade, le Saint—Siège usa des seules armes en son pouvoir : la protestation et la condamnation :

«Lié par le devoir de Notre Charge Apostolique et par un serment solennel, Nous devons veiller avec la plus grande vigilance à la conservation de la Religion, garder complètement intacts et inviolables les droits et les possessions de l'Eglise Romaine, maintenir et préserver de toute atteinte la liberté de ce Saint-Siège, à laquelle tient le bien de l'Eglise universelle, et par conséquent défendre la Souveraineté que la divine Providence a donnée aux Pontifes Romains pour qu'ils puissent exercer librement dans tout l'univers leur charge sacrée, afin de transmettre dans toute son intégrité cette même Souveraineté à Nos Successeurs ; comment pourrions-Nous donc ne pas condamner, ne pas détester les entreprises et les efforts iniques et impies de Nos sujets en révolte ?

Comment pourrions—Nous ne pas leur opposer une énergique résistance ?

C'est pourquoi, par une protestation de Notre Cardinal Secrétaire d'Etat, envoyée à tous les ambassadeurs, ministres et chargés d'affaires de nations étrangères auprès de Nous et de ce Saint-Siège, Nous avons condamné et flétri les audacieuses et criminelles entreprises de ces rebelles, et maintenant, élevant la voix dans votre auguste Assemblée, Vénérables Frères, Nous protestons encore de toute la force de Notre âme contre tout ce que les révoltés ont osé faire dans les lieux indiqués tout à l'heure, et, en vertu de Notre autorité suprême, Nous condamnons, réprouvons, cassons, abolissons tous et chacun des actes accomplis soit à Bologne, soit à Ravenne, soit à Pérouse, soit ailleurs, par ces mêmes factieux contre la Souveraineté légitime et sacrée qui Nous appartient à Nous et à ce Saint—Siège, quelle que soit d'ailleurs la manière dont ils ont été accomplis et quel que soit le nom sous lequel on les désigne, déclarant et décrétant que tous ces actes sont nuls, illégitimes et sacrilèges.

Nous rappelons de plus au souvenir de tous l'excommunication majeure et les autres censures et peines ecclésiastiques portées par les sacrés Canons, par les Constitutions Apostoliques et par les Décrets des Conciles généraux, surtout du Concile de Trente (Ses. 22 ch.11), peines qu'encourent, sans qu'il soit besoin pour cela d'aucune déclaration, tous ceux qui ont eu l'audace d'attaquer, en quelque manière que ce soit, la puissance temporelle du Pontife Romain, et Nous déclarons que tous ceux-là les ont malheureusement encourues, qui, à Bologne, à Ravenne, à Pérouse ou ailleurs, ont osé, soit par leurs actes, soit par leurs conseils, soit par simple consentement ou de quelque manière que ce puisse être, violé, troublé et usurpé la puissance et la juridiction civiles qui Nous appartiennent à Nous et à ce Saint-Siège, et le Patrimoine du Bx. Pierre.

Mais tout en Nous voyant obligé, à raison de Notre Charge et non sans en éprouver une vive douleur dans Notre âme, de faire ces déclarations et de les rendre publiques, Nous ne cessons, pleurant le triste aveuglement de tant de Nos fils, de demander humblement et de toutes Nos forces au Père très-clément des miséricordes, qu'il fasse par sa toute-puissante vertu, luire le plus tôt possible ce jour si désiré où Nous pourrons recevoir avec joie, dans Notre sein paternel, Nos fils repentants et rentrés dans le devoir, et où, les troubles étant apaisés, Nous verrons rétablis l'ordre et la tranquillité dans tous Nos Etats Pontificaux.

Trouvant Notre appui dans cette confiance en Dieu, Nous sommes aussi soutenu par cette espérance, que les Princes de l'Europe, aujourd'hui comme autrefois, mettront toute leur sollicitude à protéger la Souveraineté temporelle qui Nous appartient, à Nous et à ce Saint-Siège, et uniront leurs desseins et leurs efforts pour la conserver entière, comprenant qu'il importe à tous et à chacun d'eux que le Pontife Romain jouisse d'une pleine liberté, afin qu'il soit convenablement pourvu à la sécurité des consciences pour les Catholiques qui vivent dans leurs Etats.

Cette espérance s'augmente encore, parce que, suivant les déclarations de Notre très-cher fils en Jésus-Christ, l'Empereur des Français, les armées françaises qui sont en Italie, non seulement ne feront rien contre Notre pouvoir temporel et la domination du Saint-Siège, mais, au contraire, les protégerons et les conserveront ! »



(Allocution Consistoriale du 20/6/1859)

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