La Croisade des Zouaves Pontificaux

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 37 (Novembre 1993)


2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Appels à l'aide du Pape Etienne II aux Francs :



« Sept semaines après le commencement du siège le Pape envoya en France, par mer, et encore à grand'peine, l'évêque Georges et le comte Tomaric, avec l'abbé Warnehaire, que le roi avait envoyé à Rome.

Ils étaient chargés de deux lettres, dont la première porte cette inscription :

« Aux excellentissimes seigneurs Pépin, Charles et Carloman, tous trois rois et nos patrices des Romains ; à tous les évêques, abbés, prêtres et moines ; à tous les illustres ducs, comtes, et à toute l'armée du royaume de la province des Francs, Étienne, Pape, et tous les évêques, prêtres, diacres, ducs, cartulaires, comtes, tribuns, le peuple et l'armée entière des Romains, tous plongés dans l'affliction.

« Nous sommes environnés d'une tristesse si amère et pressés d'une angoisse si extrême, la continuité de nos maux nous fait verser tant de larmes qu'il nous semble que les éléments mêmes doivent le raconter.

Vous savez comment l'impie roi Astolfe a violé les conditions de la paix qu'il avait jurée.

Or, aux calendes de janvier, toute l'armée des Lombards est venue de la Toscane assiéger Rome et camper devant trois portes.

Astolfe lui-même, avec d'autres troupes, est venu l’attaquer d'un autre côté et camper devant d'autres portes, nous envoyant dire fréquemment :

Ouvrez-moi la porte Salaria et livrez-moi votre Pape, sinon je renverserai vos murailles et vous passerai tous au fil de l'épée ; et je verrai qui pourra vous tirer de mes mains.

Il y a plus : tous ceux de Bénévent sont également venus et campent devant d'autres portes, qui restaient encore libres.

Tout ce qui est hors de la ville a été mis à feu et à sang ; ils ont incendié les maisons et les églises, brisé et brillé les images des saints ; ils ont mis dans leurs sacs impurs les dons sacrés, c'est-à-dire le corps de Notre-Seigneur, et les ont mangés après s'être remplis de viande.

Ils ont emporté les voiles et les ornements des autels pour leur usage.

Ils ont déchiré de coups les moines et violé les religieuses, dont ils ont même tué quelques-unes.

Ils ont brûlé toutes les fermes de saint Pierre et celles de tous les Romains, emmené les bestiaux, coupé les vignes jusqu'à la racine, foulé aux pieds les moissons, en sorte qu'il ne nous reste plus de quoi vivre.

Ils ont, égorgé quantité de serfs de saint Pierre et des Romains et emmené les autres en captivité, jusqu'à arracher du sein de leurs mères les enfants à la mamelle pour les égorger.

Les païens mêmes n'ont jamais fait tant de maux.

Voilà cinquante-cinq jours qu'ils assiègent la ville affligée de Rome et qu'ils la pressent de toutes parts ; nuit et jour ils lui livrent des assauts et battent ses murailles.

Voici, nous disent-ils d'une manière insultante, voici que nous vous serrons de tous les côtés ; que les Francs viennent maintenant et qu'ils vous arrachent de nos mains !

La ville de Narni, que vous avez donnée à saint Pierre, ils l'ont prise, ainsi que quelques autres qui nous appartiennent. Aussi avons-nous eu de la peine à vous envoyer par mer ces lettres trempées de nos larmes.

Hâtez-vous donc, bien-aimés, je vous en conjure par le Dieu vivant et véritable et par le prince des apôtres, le bienheureux Pierre, hâtez-vous de venir à notre secours, de peur que nous ne périssions et que les nations de l'univers ne disent :

Où est la confiance que les Romains mettaient, après Dieu, dans les rois et la nation des Francs ?

Écoutez-nous et venez à notre aide.

Toutes les nations qui ont eu recours à la vaillante nation des Francs ont été sauvées ; combien plus ne devez-vous point avoir à coeur de délivrer la sainte Eglise de Dieu et son peuple ! »
Après des motifs si honorables pour les Francs le Pape leur représente le jour terrible du jugement de Dieu et la confiance avec laquelle ils pourront y paraître s'ils ont fidèlement combattu pour son Eglise. »

La seconde lettre, particulière à Pépin, contient les mêmes choses. Dans l'une et dans l'autre le Pape loue l'abbé Warnehaire, l'un des ambassadeurs, d'avoir, pour l'amour de saint Pierre, endossé la cuirasse et monté la garde nuit et jour sur les murailles de Rome.»



Dom Bouquet, t. 5, p. 499.


« Enfin, comme la liberté et l'indépendance temporelle importaient souverainement au bien de toute l'Église catholique, et par là même de l'humanité entière, le Pape Etienne écrivit une dernière lettre au nom de saint Pierre, de toute l'Eglise romaine, et enfin de lui-même.

En voici les principaux traits a Pierre, appelé à l'apostolat par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, et par moi toute l'Eglise catholique, apostolique et romaine, avec son pontife Etienne; que la grâce, la paix et la force pour délivrer cette Eglise et son peuple soit donnée abondamment par le Seigneur, notre Dieu, aux excellentissimes rois Pepin, Charles et Carloman, aux très-saints évêques, abbés, prêtres, moines, ainsi qu'aux ducs, comtes, et généralement à toutes les armées et à tout le peuple de France.

« Moi, Pierre, appelé par Jésus-Christ à l'apostolat, et à qui il a daigné singulièrement confier ses ouailles et donner les clefs du royaume des cieux, je vous regarde comme mes enfants adoptifs, et, comptant sur l'amour que vous me portez, je vous exhorte et je vous presse de délivrer ma ville de Rome, mon peuple et la basilique où je repose, selon la chair, des violences que les Lombards y commettent; car cette nation perfide opprime cruellement l'Église qui m'a été confiée.

Mes chers enfants, persuadez-vous que je parais devant vous en personne pour vous en con-jurer dans les termes les plus pressants, parce qu'en effet, suivant la promesse de mon Rédempteur, c'est vous, peuples des Francs, qui êtes nos peuples de prédilection entre toutes les nations de la terre.

La Mère de Dieu, toujours vierge, vous fait les mêmes instances que moi ; elle vous presse et vous commande, avec tous les choeurs des anges, tous les saints martyrs et confesseurs, d'avoir compassion des maux de Ronce.

Défendez-la contre les Lombards, de peur que ces persécuteurs ne profanent mon corps qui a été immolé dans les tourments pour Jésus-Christ et ne souillent l'église où il repose.

Secourez au plus tôt mon peuple, afin que moi Pierre, appelé de Dieu à l'apostolat, je vous protège à mon tour au jour du jugement et que je vous prépare des places dans le ciel.

Hâtez-vous de le faire avant que la source vivante d'où vous avez reçu la régénération vienne à tarir, avant que votre mère spirituelle, la sainte Eglise de Dieu, dans laquelle vous espérez obtenir la vie éternelle, soit humiliée, envahie et profanée par les impies.

Je vous conjure par le Dieu vivant de ne pas permettre que ma ville de Rome et mon peuple soient plus longtemps déchirés par les Lombards ....»



Dom Bouquet, t. 5, p. 495. A. Duchesne, t. 3. Labbe




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2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Discours de l'Archevêque de Dublin sur la nécessité de l'indépendance temporelle des Souverains Pontifes :



Ce discours du Cardinal Cullen fut prononcé seulement le 15/11/1867, et se rapporte à la seconde intervention officielle des troupes françaises pour la sauvegarde de Rome que nous n'étudierons que plus tard.

Il convient néanmoins de le citer dès maintenant pour mieux faire comprendre l'objet et l'importance capitale de ces interventions pour la défense et la protection de la liberté apostolique des Papes.


Irlande. — Un grand meeting catholique se tient dans la cathédrale de Dublin, sous la présidence du cardinal Cullen. Jamais, depuis les temps d'O'Connell, l'Irlande n'avait vu une aussi imposante manifestation.

Toutes les classes de la population étaient représentées à ce meeting, où l'on remarquait plusieurs protestants et des plus considérables, entre autres le lord-maire de Dublin lui-même.

Le meeting avait été convoqué par le cardinal-archevêque qui en avait été prié par une pétition portant prés de 100,000 signatures, et comptant les noms de presque tous les membres de la noblesse catholique, du clergé, des membres des professions libérales, du commerce et de l'agriculture de l'archidiocèse de Dublin.

Cette pétition était déjà une démonstration ; en voici le texte :

Nous, les soussignés habitants de la ville et des comtés de Dublin, de Kildare et de Wicklow, demandons respectueusement à Votre Eminence de convoquer un meeting public pour exprimer notre sympathie pour Sa Sainteté le pape Pie IX, notre répulsion pour la criminelle invasion du reste de ses États, et notre résolution d'user de toute l'influence dont nous pouvons disposer pour le soutenir dans les difficultés actuelles.

Le meeting répondit parfaitement à la grandeur du sujet qui devait y être traité. Dans toutes les parties de la vaste cathédrale, dans la nef, dans les bas-côtés, dans les galeries, une foule immense se pressait. Une vaste tribune (plat foret) avait été dressée dans le sanctuaire.

Dans cette tribune et tout autour étaient rangés les dignitaires de l'Église et les membres les plus distingués du corps municipal, des autres corps publics, et des classes professionnelles et commerciales.

Un splendide portrait de Pie IX s'élevait au-dessus de la tribune.

Impossible de donner une idée de l'enthousiasme qui animait cette immense assemblée ; tous les coeurs étaient unis dans un même sentiment, toutes les voix proclamaient les mêmes résolutions.

Son Eminence Mgr Cullen, président de l'assemblée, prit la parole et excita pendant plus d'une heure de chaleureux applaudissements.

Après avoir indiqué l'objet du meeting et rendu aux promoteurs de la réunion l'hommage de remerciements qu'ils méritaient, l'éloquent Archevêque fit un rapide récit des derniers événements.

De longues acclamations accueillirent l'éloge qu'il fit de l'armée pontificale ; ce fut avec une horreur profonde que l'assemblée entendit le récit des sacrilèges et des crimes des bandes garibaldiennes.

L'attention redoubla lorsqu'il en vint à parler de l'intervention de la France.

- « Pourquoi, s'écria-t-il, pourquoi les vaillants soldats de la France catholique sont-ils aujourd'hui autour du Pape ?

La raison probable, c'est que les ministres de ce pays, quelque indifférents qu'ils puissent être aux intérêts du Pape, sont influencés par la volonté de la nation, et que la crainte de l'indignation populaire leur a fait faire ce qu'ils n'accompliraient peut-être pas par le sentiment du devoir.»


Mgr Cullen ne fut pas moins heureux lorsqu'il parla de l'inébranlable fidélité du peuple romain envers le Pape, fidélité si éclatante, que le Times lui-même s'est vu « obligé de reconnaître que Rome n'était pas mûre pour un changement, et que les Romains ne paraissaient pas pressés de jouir des douceurs du gouvernement piémontais.»

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2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Discours de l'Archevêque de Dublin sur la nécessité de l'indépendance temporelle des Souverains Pontifes : (Suite)



Arrivant ensuite à la question du pouvoir temporel, Mgr Cullen s'exprima ainsi :

Je réponds maintenant à ceux qui s'étonnent que nous nous inquiétions tant de défendre l'autorité temporelle du Pape, lorsque nous devrions être satisfaits de voir respecter son pouvoir spirituel.

Si nous sommes de si ardents défenseurs du pouvoir temporel, c'est que ce pouvoir est nécessaire pour le libre, plein et indépendant exercice des droits du Saint-Siége (applaudissements).

J'omets bien des raisons qui pourraient être alléguées en faveur de ce pouvoir : raisons de reconnaissance pour les services rendus à la cause de la liberté, des lettres, des arts, de la civilisation ; raisons de respect pour les grandes vertus et les nobles qualités d'une si longue série d'illustres Pontifes ; je me borne aux considérations religieuses, plus en rapport avec les sentiments de vos coeurs. (Écoutez !)

Nous croyons que le Pape est le Chef de l'Église, le Vicaire de Jésus-Christ sur la terre, le successeur de saint Pierre, et qu'il a le gouvernement suprême des affaires spirituelles, d'où dépendent le salut de notre âme et le bien de la religion. (Applaudissements.)

Maintenant, si le Pape était privé du patrimoine de saint Pierre, s'il était réduit à la condition de sujet vis-à-vis de quelque prince temporel, s'il devenait dépendant d'autrui, tout le monde ne voit-il pas que les hautes fonctions du Siège apostolique ne pourraient être exercées avec la liberté qui leur est propre et avec l'énergie nécessaire ?

En premier lieu, l'élection du Pape serait continuellement troublée, peut-être même essayerait-on d'imposer des antipapes à l'Église, ce qui tarirait la source de la juridiction spirituelle et exposerait les fidèles aux plus grandes privations.

En second lieu, le Pape n'aurait pas les moyens nécessaires pour entretenir près de lui les conseillers et les aides dont il a à se servir pour paître le troupeau du Christ, et il serait continuellement contrarié dans l'élection des Évêques et des autres Prélats de l'Église.

Si le prince sous lequel il vivait était un fauteur d'hérésie, de schisme ou de pratiques criminelles, le Pape serait exposé à d'inévitables persécutions, lorsque, pour éloigner les fidèles des pâturages empoisonnés de l'erreur, il voudrait signaler le danger au monde. (Applaudissements.)

Si le prince dont le Pape serait le sujet était en guerre avec d'autres, sans nul doute ceux-ci ne verraient qu'avec défiance les actes de l'autorité ecclésiastique ; et peut-être refuseraient-ils de les accepter.

Dans ces circonstances, l'Église ne serait-elle pas continuellement privée de l'action nécessaire au Saint-Siège ? (Écoutez !)

Les diocèses ne resteraient-ils pas sans Évêques, comme cela est arrivé en Irlande, de 1809 à 1814, lorsque Pie VII était captif en France ?

N'y aurait-il pas là un danger perpétuel d'innovations et de schisme ? L'histoire jette de vives lumières sur ce sujet. (Écoutez ! écoutez !)

Dans les premiers siècles de l'Église, pendant que le paganisme dominait, les Papes étaient obligés de se cacher dans les catacombes, et c'est par le martyre qu'ils terminaient ordinairement leur carrière.

Plus tard, lorsqu'ils furent placés sous le sceptre des empereurs grecs, nous trouvons un Justinien qui, quoique prince catholique, traita le pape Silvère de la façon la plus arbitraire, la tenant captif, le soumettant aux plus grandes ignominies, et rendant impossible l'exercice de ses pouvoirs spirituels.

Tout le monde connait les difficultés et les troubles dans lesquels un autre Pape, le pape Vigile, fut enveloppé par le même Justinien, et les schismes et les querelles qui, par suite, divisèrent l'Église. Plus tard encore, lorsque les empereurs d'Allemagne, et surtout ceux de la maison de Souabe, obtinrent une grande influence politique en Italie, leur principale ambition parait avoir été d'établir leur suprématie sur le Siège apostolique, et de s'en faire un instrument favorable à leurs vues politiques.

Telle a été, de notre temps même, la conduite de Napoléon 1er vis-à-vis de Pie VII. (Mouvement d'attention.)

Comme ce saint Pontife ne voulait pas sacrifier sa conscience en s'engageant dans une guerre contre l'Angleterre, qu'il considérait comme injuste, le conquérant le fit amener en France, et là dépendant du caprice impérial, le Pape fut soumis à mille outrages.

L'humble Pontife, cependant, montra le plus invincible courage dans ce conflit, qui se termina par son retour triomphal à Rome, pendant que Napoléon allait, captif à son tour, terminer sa carrière dans une île déserte, séparée du reste du monde par les eaux de l'immense Océan.

Ces faits montrent clairement combien il es nécessaire que le Pape soit indépendant de tout prince temporel, pour pouvoir accomplir librement et entièrement les devoirs de son autorité spirituelle. (Applaudissements.)

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2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX



Discours de l'Archevêque de Dublin sur la nécessité de l'indépendance temporelle des Souverains Pontifes : (Suite et fin)



Si les Pontifes, en effet, étaient les sujets d'un prince temporel, ils se verraient bientôt obligés ou de trahir leur conscience, ou de se cacher dans les catacombes, ou de prendre la route de l'exil, ou de terminer leur carrière par le martyre.

Y a-t-il un catholique, y a-t-il un ami de la liberté qui puisse désirer voir le Pape réduit à une telle extrémité ?

La nécessité d'un pouvoir temporel pour le Pape sera mise encore mieux en relief par un autre exemple.

Vous savez qu'au neuvième siècle le trop fameux Photius, patriarche de Constantinople, leva l'étendard de la révolte contre le Siège de Rome, et usurpa sur l'Orient l'autorité que les Pontifes romains possèdent légitimement et par l'institution divine sur l'univers entier.

Le pouvoir de Photius et de ses successeurs, quoique illégitime, fut reconnu par les Évêques de l'Orient, par les empereurs grecs et par leurs sujets.

Eh bien ! quelle était la condition de ces patriarches sous les souverains qui régnaient alors ?

Aussi longtemps que l'empire grec subsista, ils furent traités comme des vassaux et ne furent que des instruments dans la main des empereurs.

Lorsque Constantinople tomba sous la domination des Turcs, les sultans se conduisirent de la même manière à leur égard, jusqu'à ce qu'enfin le pouvoir patriarcal ne fût plus qu'une ombre.

Les Russes refusèrent de reconnaître les droits d'un patriarche soumis aux Turcs, et la Grèce, lorsqu'elle recouvra son indépendance, ne voulut pas consentir à se soumettre à Constantinople dans les matières spirituelles ; les Grecs élurent un patriarche particulier pour eux. (écoutez ! écoutez !)

Il est évident que si le Pape était le sujet d'un pouvoir quelconque, d'autres nations agiraient comme ont agi les Grecs.

Et c'est pour cela que l'erreur et l'infidélité montrent tant d'acharnement à détruire le pouvoir temporel du Pape.

Les ennemis de l'Église affirment qu'ils n'en veulent pas à l'autorité spirituelle du Pape ; en réalité il est évident qu'ils attaquent cette autorité en la prenant par le côté qu'ils regardent comme le plus vulnérable.

Ils voudraient réduire le Pape à la condition de vassal vis-à-vis d'un autre prince, afin que les autres princes se trouvassent amenés, par des motifs temporels, à être en opposition avec le centre du christianisme, afin de détruire l'efficacité de son action. (Écoulez !)

Si les ennemis de la religion réussissaient dans leurs projets, voyez quels maux en résulteraient. Les décisions du Pape en matière de foi et de morale, ses décrets disciplinaires, l’élection des évêques, tout ce qui concerne le gouvernement de l'Église, serait accepté avec défiance ou refusé comme inspiré par le prince dont le Pontife serait le sujet. Ainsi seraient détruits le respect, la vénération et l'obéissance qui sont dus au Siège apostolique, et la doctrine et l'enseignement catholiques languiraient, pendant que l'erreur et le schisme, l'incrédulité et l'immoralité lèveraient impunément la tête et se répandraient par tout le monde.

Alors, s'il était possible, les portes de l'enfer prévaudraient contre l'Église ; les prophéties et les promesses du Rédempteur seraient démenties, et les bienfaisants effets de la mission sur la terre seraient annulés. Quel torrent de maux inonderait l'univers !

N'y a-t-il pas là un motif suffisant pour exciter nos sympathies à l'égard du Pape, pour nous pousser à élever notre voix vers le ciel en sa faveur, pour nous engager à user de toute notre influence, de tous les moyens qui sont à notre disposition, afin de le défendre ! (Bruyants applaudissements.)

Je conclus eu exprimant la même espérance qu'en commençant ce discours, c'est que les catholiques et tous les amis de la cause catholique ne se montreront satisfaits qu'après la restitution faite au Pape de tous ses anciens États, qu'après que le Saint-Siège aura recouvré son légitime héritage, qui est la propriété du monde catholique et qui est nécessaire pour le maintien de ses droits et de son indépendance.


(Annales Ecclésiastiques, J. Chantrel 1867-1868 Ed. 1896 p. 686 - 689)


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Propositions dogmatiquement condamnées dans le Syllabus ayant rapport avec l'objet de la Croisade des Zouaves Pontificaux :



19. L'Eglise n'est pas une vraie et parfaite société pleinement libre; elle ne possède pas de droits propres et constants à elle conférés par son divin Fondateur, mais il appartient au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l'Eglise et dans quelles limites elle peut les exercer.

20. Le pouvoir ecclésiastique ne doit pas exercer son autorité sans l'autorisation et le consentement du pouvoir civil.

21. L'Eglise n'a pas le droit de définir dogmatiquement que la Religion de l'Eglise Catholique est la seule vraie Religion.

23. Les Souverains Pontifes et les Conciles oecuméniques ont dépassé les limites de leur pouvoir ; ils ont_ usurpé les droits des princes et ont même erré dans les définitions relatives à la Foi et aux Moeurs.

24. L'Eglise n'a pas le droit d'employer la force ; elle n'a aucun pouvoir temporel direct ou indirect.

25. Outre le pouvoir inhérent à l'Episcopat, il en est un autre qui est le pouvoir temporel expressément ou tacitement concédé par l'autorité civile, et par conséquent révocable à volonté par cette autorité civile.

26. L'Eglise n'a pas le droit naturel et légitime d'acquérir et de posséder.

27. Les ministres sacrés de l'Eglise et le Pontife Romain doivent être absolument exclus de toute administration et propriété de charges temporelles.

28. Il n'est pas permis aux Evêques de publier les Lettres Apostoliques sans la permission du gouvernement.

29. Les grâces accordées par le Pontife Romain doivent être regardées comme nulles, si elles n'ont pas été demandées par l'entremise du gouvernement.

30. L'immunité de l'Eglise et des personnes ecclésiastiques a tiré son origine du droit civil.

31. La doctrine de ceux qui comparent le Pontife Romain à un prince libre et exerçant son pouvoir dans l'Eglise universelle, est une doctrine qui a prévalu au Moyen-Age.

34. Rien n'empêche que, par un décret d'un Concile général ou par la volonté de tous les peuples, le Souverain Pontificat soit transféré de l'Evêque Romain et de la ville de Rome à un autre Evêque et à une autre ville.

59. Le droit consiste dans le fait matériel, tous les devoirs de l'homme ne sont qu'un vain mot, et tous les faits humains ont force de droit.

61. Une injustice de fait couronnée de succès ne porte aucune atteinte à la sainteté du droit.

62. On doit proclamer le principe que l'on nomme de "non intervention".

63. Il est permis de refuser l'obéissance aux princes légitimes et même de se révolter contre eux.

75. Les fils de l'Eglise Chrétienne et Catholique discutent entre eux de la compatibilité de la royauté temporelle avec le pouvoir spirituel.

76. L'abrogation de la souveraineté civile, dont le Saint—Siège est en possession, ferait avancer et de beaucoup la liberté et le bonheur de l'Eglise.


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Réaction du gouvernement français à l'annonce de l'exil du Pape Pie IX à Gaète et remerciements du Saint-Père :



« En France le Général de Cavaignac, président de la république, nomma immédiatement M. de Corcelles envoyé extraordinaire. Il le chargea de s'embarquer avec trois mille hommes, à Toulon, et de voler au secours du Souverain Pontife.

Le Général de La Moricière » (
alors ministre de la guerre) « envoya des instructions au Général Mollières, commandant des troupes et déclara que s'il fallait aller à Rome, le gouvernement emploierait des forces suffisantes. En attendant, il fallait rendre la liberté à Pie IX s'il en était privé et lui offrir un asile en France.

La France Catholique fit encore davantage : le Denier de Saint Pierre fut institué pour subvenir aux besoins du Père commun des fidèles.

Pie IX vivement touché par cette manifestation de sentiments en France, écrivit au Général de Cavaignac :

« M. le Général, mon coeur est touché, et je suis pénétré de reconnaissance pour l'élan spontané et généreux de la Fille Aînée de l'Eglise qui se montre empressée et déjà en mouvement pour accourir au secours du Souverain-Pontife.

L'occasion favorable s'offrira sans doute à moi pour témoigner en personne à la France mes sentiments paternels, et pour pouvoir répandre sur le sol français, de ma propre main, les bénédictions du Seigneur ; de même aujourd'hui je le supplie par ma voix de consentir à les répandre en abondance sur vous et sur toute la France.»


Quelques jours après
[/i]» (10/12/1848) « la république française changeait de président, et le prince Napoléon dut son triomphe à la manifestation de ses sentiments à l'égard de l'Auguste exilé.»


(Abbé Pagès, "Sa Sainteté Pie IX, sa vie, ses écrits, sa doctrine", Ed. Delhomme et Briguet p. 107s.)


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Remerciements adressés par le Pape Pie IX aux chefs du corps expéditionnaire français après la délivrance de Rome opérée le 30/6/1849 :


Remerciements adressés au Colonel Niel, venant de remettre au Pape à Gaète les clés de la ville de Rome délivrée :

« Colonel, je l'ai dit souvent en d'autres occasions, et je suis heureux de le répéter aujourd'hui après un si grand service, c'est sur la France que j'ai toujours compté.

La France ne m'avait rien promis, mais je sentais qu'au moment opportun elle donnerait à l'Eglise son or, son sang, et, ce qui est peut-être plus difficile pour ses valeureux fils, ce courage contenu, cette persévérante patience auxquels je dois qu'on ait conservé intacte ma ville de Rome, ce trésor du monde, cette cité si aimée, si éprouvée, vers laquelle, pendant l'exil, mon coeur et mes regards pleins d'angoisses furent toujours tournés.

Dites au général en chef, à tous les généraux sous ses ordres, à tous les officiers, et je voudrais que cela pût être dit à chaque soldat de la France, que ma reconnaissance est sans bornes, mes prières pour la prospérité de votre patrie plus ferventes.

Quant à mon amour pour les Français, il est devenu plus vif, si cela est possible, après les services qu'ils m'ont rendus...»



(Abbé Pagès, op.cit. p. 116)

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Lettre adressée au Général Oudinot, chef de l'expédition :



« Monsieur le Général,

La valeur bien connue des armes françaises soutenue par la cause qu'elles défendaient a recueilli le fruit dû à de telles armes : la victoire.

Acceptez, M. le Général, mes félicitations pour la part principale qui vous est due dans cet évènement, félicitations non pas pour le sang répandu, ce que mon coeur abhorre, mais pour le triomphe de l'ordre sur l'anarchie, pour la liberté rendue aux personnes chrétiennes et honnêtes, pour lesquelles ce ne sera plus un délit de jouir des biens que Dieu leur a départis et de l'adorer avec la pompe religieuse du culte, sans courir le danger de perdre la vie ou la liberté.

Sur de graves difficultés qui pourront se présenter dans la suite, je me confie dans la protection divine. Je crois qu'il ne sera pas inutile à l'armée française de connaître l'histoire des évènements qui se sont succédés pendant mon pontificat. Ils sont relatés dans mon allocution...

Cette pièce prouvera suffisamment que le triomphe de l'armée est remporté sur les ennemis de la société humaine, et votre triomphe devra par cela même, éveiller des sentiments de gratitude dans tout ce qu'il y a d'hommes honnêtes dans l'Europe et dans le monde entier.

Le Colonel Niel qui, avec votre dépêche très honorée, m'a présenté les clefs de Rome vous remettra la présente.

C'est avec beaucoup de satisfaction que je profite de cet intermédiaire pour vous exprimer mes sentiments d'affection paternelle et l'assurance des prières que j'adresse continuellement au Seigneur pour vous, pour l'armée française, pour le gouvernement et pour toute la France. Pie IX, Pape.»




« Le 15/7/1849, la bannière pontificale fut officiellement relevée sur le château Saint-Ange. Et un Te Deum d'actions de grâces fut chanté à Saint Pierre.» (Abbé Pagès, op. cit. p. 116s.)


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2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Réception des officiers du corps expéditionnaire français par le Pape Pie IX le 17/4/1850 après son retour à Rome le 12/4/1850 :


« Je suis très heureux de me trouver au milieu des officiers d'une armée qui vient de donner d'éclatants exemples de valeur et de discipline, et qui appartient à une nation catholique et généreuse.

Il est bien doux à mon coeur d'exprimer en cette occasion les sentiments de la vive gratitude que je professe pour la nation française, qui n'a épargné ni son argent, ni ses fatigues, ni son sang pour délivrer Rome de l'anarchie qui l'opprimait et pour assurer au Vicaire de Jésus-Christ son indépendance et comme Pontife et comme Souverain...»

« Les officiers défilèrent ensuite devant le Pape et lui baisèrent les mains.

Le lendemain, Pie IX bénit l'armée entière qui défila devant lui. Chaque fois qu'un drapeau passait devant lui, le Souverain Pontife envoyait sa bénédiction.

Le jour suivant, "l'Univers" rendant compte de cette revue militaire disait :

« Les deux statues colossales de Saint Pierre et de Saint Paul étaient là, aux côtés de Pie IX : le premier avec ses clefs d'or, le second avec son épée flamboyante. J'y voyais la personnification de la Papauté et de la France : puisse la France tenir toujours son épée victorieuse au service de l'Eglise.» (Louis Veuillot).

A cette occasion, plus de cinq cents décorations furent distribuées, au nom du Pape, à l'armée française.»



(Abbé Pagès, op. cit. p. 122)


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Abbé Zins
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Re: La Croisade des Zouaves Pontificaux

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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 37 (Novembre 1993)


2. L'ECHO DE LA TRADITION



DOCUMENTS ANNEXES À L' ÉTUDE SUR LA CROISADE DES ZOUAVES PONTIFICAUX




Adresse du Pape Pie IX le 1/1/1863 aux soldats français protégeant Rome :



« Le ler janvier, le Général de Montebello vint, selon l'usage, présenter au Saint-Père ses officiers avec les félicitations et les souhaits de l'armée française. La réponse de Pie IX dans cette circonstance eut un retentissement universel :


« Je suis bien sensible, mon Général, dit le Pape, aux voeux que vous m'adressez au nom de l'armée française que vous commandez si dignement.

Je suis content aussi de saisir cette occasion de vous exprimer ma reconnaissance pour l'appui que, par la volonté de votre auguste souverain, vous prêtez à la défense des droits de l'Eglise, qui sont les droits de la justice et de la vérité.

L'armée française est glorieuse sur les champs de bataille pour sa valeur ; elle est glorieuse aussi en temps de paix pour sa discipline, mais permettez que je dise qu'elle doit être bien plus glorieuse pour la mission qu'elle remplit maintenant : celle de soutenir les droits les plus légitimes et les plus sacrés de la Religion Catholique.

Cette ville, que tous appellent la Ville éternelle, fut destinée par Dieu, dès les premiers jours du Christianisme, à être la résidence de son Représentant sur la terre.

Cette ville embaumée du sang des Martyrs, embellie et fortifiée par l'exemple des Saints, enrichie de Dieu, dans la personne de son Vicaire, quel qu'il soit,indigne comme celui qui vous parle, des dons de conseil, de sagesse et de force ; cette ville est le point de mire des révolutionnaires et des impies du monde entier pour en faire la capitale de je ne sais quel royaume.

Non, ce n'est pas vrai. Ceux-là mêmes, qui, de leurs lèvres, la proclament capitale, ne la veulent pas et ne peuvent la vouloir ainsi, car leurs mauvaises intentions sont bien différentes.

Ils veulent assurément détruire ce reste du pouvoir temporel afin de pouvoir mieux combattre la Religion de Jésus-Christ.

Ils mettent déjà en pratique, dans les provinces usurpées,ce pervers dessein, en emprisonnant les Evêques et les Prêtres, en usurpant les possessions de l'Eglise, en exposant aux insultes, aux privations, à la faim les Epouses de Jésus-Christ et en multipliant partout les désordres de l'immoralité.

Dieu, mes chers fils, vous a mis là pour empêcher la consommation de ces horribles attentats, en vous chargeant d'une mission aussi glorieuse.

Quand Dieu créa les océans, il voulut que leurs eaux, à l'heure des tempêtes, ne dépassent pas les limites qu'il leur avait tracées, et il leur imposa des limites, en leur défendant de les franchir : Usque huc venies et non procedes amplius, et hic confringes tumentes fluctus tuos.

Ainsi la révolution et l'impiété menacent de toutes parts la capitale du monde catholique, et Dieu, par votre moyen, empêche les passions d'aller au—delà des limites qu'il leur assigne pour le moment...

Vous voyez donc, chers fils, combien je désire lever les mains sur vous pour vous donner la Bénédiction Apostolique.

Je vous bénis vous, vos parents et vos amis, je bénis l'armée entière...

Je bénis l'admirable Episcopat français et son digne Clergé.

Je bénis tant de millions de Catholiques répandus sur tout l'empire qui de tant de manières, viennent au secours de ce Saint—Siège et du Père de tous les fidèles.

Je bénis enfin les Catholiques du monde entier, car ils sont mes fils comme moi je suis leur Père.

Et pourquoi ne m'est—il pas donné de pouvoir bénir aussi les ennemis du Saint—Siège et de l'Eglise ?

Si ma main ne peut s'élever sur eux pour y faire le Signe de la Rédemption, mon coeur se tourne vers Dieu afin d'implorer sur eux les miséricordes divines.

Jacob, le Saint Patriarche, lutta toute une nuit avec un homme inconnu ; mais au point du jour il reconnut dans son adversaire un Ange de Dieu et alors il se prosterna contre terre et, rempli de respect et d'amour, il s'écria qu'il ne le laisserait pas partir avant qu'il l'ait béni.

Ces pauvres aveugles qui combattent dans l'obscure nuit de l'ignorance et de l'erreur, sans s'apercevoir de l'abîme qui est ouvert devant eux, combattent, dis-je, contre l'Eglise, contre ses ministres, contre ses fidèles,contre les Anges de Dieu.

C'est pourquoi nous devons prier afin que Dieu lui-même ouvre leurs yeux, qu'ils puissent reconnaître l'immense erreur qu'ils commettent et l'immense péril dans lequel ils se trouvent et que, pris d'un salutaire remords, ils abandonnent leur abominable entreprise et, repentants, ils se prosternent pour demander pardon d'abord, et ensuite les bénédictions célestes. En attendant, je vous bénis...»



(Ab. Pagès p. 200-202)

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