Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Les croix s'ajoutaient aux croix. Sa sœur Louise, pour laquelle il s'était tant dépensé et qu'il croyait arrivée à bon port, tombe malade à Rambervillers et risque de compromettre ainsi l'issue de son noviciat : humainement c'est une nouvelle angoisse pour elle et pour lui... Écoutons le langage d'une âme acclimatée dans les réalités surnaturelles :

    • « Ma chère sœur,
      • Que le pur amour règne dans nos cœurs.


      Je me réjouis d'apprendre la maladie que le bon Dieu vous envoyée pour vous purifier comme l'or dans la fournaise ; vous devez être une victime immolée sur l'autel du Roi des rois, à sa gloire éternelle. Quelle haute destination ! Quelle sublime vocation ! J'envie quasi votre bonheur. Or, quelle apparence que cette victime lui soit agréable, si elle n'est entièrement purifiée de toutes taches où la créature ne voit que des beautés ; souvent sa miséricorde prévient en nous sa justice, en nous purifiant par la maladie, qui est le fourneau ordinaire où il purifie ses élus. Quel bonheur pour vous de ce que Dieu veut lui-même purifier et apprêter sa victime selon son goût ! Combien d'autres qui sont reçues pour victimes, sans passer par les épreuves et au tamis de Dieu !

      Courage donc, courage ! Ne craignez pas le malin esprit, qui vous dira souvent dans votre maladie : tu ne seras point professe à cause de ton incommodité, sors de ce monastère, retourne chez tes parents, tu demeureras sur le pavé, tu seras à charge à tout le monde. Ayez le corps souffrant et le cœur constant, car rien ne vous convient mieux pour le présent que la maladie, et faites demander la divine Sagesse pour moi qui suis en Jésus-Christ et Marie, votre frère... »

      Ces lettres d'une tonalité si mystique furent écrites du pauvre logement de la rue du Pot-de-Fer. Les prières que le serviteur de Dieu réclamait, ses mortifications personnelles, les contrariétés rencontrées, tout avait contribué à lui faire acquérir la Sagesse. Ses communications avec le ciel, nous dit M. Blain, furent intimes et fréquentes : la plus grande partie de ses jours et de ses nuits se passait en oraison, et cette contemplation inondait son âme de tant de grâces qu'il « entra en doute si, pour s'abandonner à ce puissant attrait, il ne devait point s'interdire, au moins suspendre pour un temps, les fonctions du ministère. »


En ces heures de recueillement, il est vraisemblable qu'il mit par écrit quelques-unes des hautes pensées dont le Seigneur le favorisait. C'est là que dut s'exhaler dans une extase son beau cantique :
    • « Ô Sagesse, venez ! Le pauvre vous en prie
      Par le sang de mon doux Jésus,
      Par les entrailles de Marie... »
C'est là que dut être ébauché et même composé le Traité de l'Amour de la Sagesse éternelle... Ce qui est certain, c'est que ce réduit de la rue du Pot-de-Fer permit au serviteur de Dieu de satisfaire son goût de la retraite, ce besoin de solitude qui le poursuivait depuis longtemps : ce fut, en plein Paris, son premier ermitage.
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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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A l'ouest de Paris, au delà du bois de Boulogne, se détache sur l'horizon la silhouette du Mont-Valérien. Avec la colline de Sainte-Geneviève, avec Montmartre, il fut à travers l'histoire un des sommets religieux de la capitale.

De tout temps, le Mont-Valérien avait attiré des ermites. Au XVe siècle, Jean Gerson écrivit un règlement de vie pour le solitaire Antoine, qui y demeura longtemps et y construisit un oratoire dédié à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ; au XVIe siècle, la recluse Guillemette Faussard y séjourna jusqu'à sa mort (1561).

Au XVIIIe siècle, sur le versant de Puteaux, vivait une communauté d'ermites. Chacun avait sa cellule ; mais tous se réunissaient à la chapelle pour la messe et la récitation de l'office ; ils menaient une vie de pénitence assez semblable à celle des Trappistes. Le travail manuel et la prière se partageaient leurs journées, le silence était perpétuel ; par leur patient labeur ils aménagèrent la colline, mettant fin aux éboulements qui avaient plus d'une fois dévasté les villages de la plaine. Ils suivaient la règle que leur avait donnée le grand pénitencier de Paris, M. Hébert, devenu plus tard archevêque de Bourges. Canoniquement les moines dépendaient l'archevêque de Paris, qui désignait un supérieur ecclésiastique pour veiller sur leur vie religieuse, mais en communauté ils obéissaient au plus ancien d'entre eux.

En 1704, le Frère Jean dirigeait l'ermitage du Mont-Valérien. Pendant de longues années il avait gouverné dans la paix et dans l'union ; or un jour le trouble se mit parmi les solitaires. Leur supérieur, M. Madot, s'efforça d'y remédier, mais sans succès. Il demandé alors conseil ; et on lui désigna M. Grignion comme capable, par sa ferveur et son exemple, de ramener la paix.
On fut donc quérir l'humble prêtre sous le boisseau de son réduit, pour le placer sur le chandelier. Il « partit aussitôt, dans un temps d'hiver fort âpre et rigoureux, pour aller sur cette montagne, la plus élevée des environs de Paris, où le vent les orages, la pluie, la neige, le froid, le chaud et toutes les intempéries des saisons se font sentir plus que partout ailleurs.
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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« Son recueillement, son esprit d'oraison, sa ferveur, sa mortification étonnèrent ces bons frères et les renouvela (sic). Il suivait le train de leur règlement, se trouvait à tous les exercices et leur donnait l'exemple de toutes les vertus les plus difficiles. Ces solitaires si austères ne paraissaient plus l'être devant lui, car à toutes leurs pénitences il ajoutait les siennes. Ils le voyaient à genoux et en oraison, glacé et tremblant de froid, parce que sa pauvre soutane et peut-être quelque mauvaise camisole ne pouvait pas l'échauffer et le défendre de l'âpreté du froid, qui est plus piquant dans les lieux élevés.
« Ils en eurent pitié, et le prièrent de prendre un de leurs habits. Ainsi l'homme de Dieu, revêtu de la robe blanche de ces ermites, paraissait et vivait parmi eux comme l'un d'eux.
« Frappés de ses grands exemples de vertu et touchés par la grâce et l'onction de ses paroles, gagnés par sa douceur et son humilité, ils en tardèrent pas à se rendre à ses désirs, et à unir leurs voix à la sienne pour rappeler parmi eux la paix et la concorde. »

Montfort avait rempli sa mission avec un plein succès.

En redescendant du Mont-Valérien vers la rue du Pot-de-Fer, il emportait, avec la bénédiction des moines, le germe d'une grande pensée. Les ermites en effet n'étaient pas la seule communauté installée sur la montagne. Depuis 1633, un prêtre du diocèse de Meaux, qui avait été à Toulouse le professeur de philosophie de saint Vincent de Paul, Hubert Charpentier, avait fait élever trois croix sur le versant qui regarde Paris. Dès l'année suivante, il avait obtenu de l'archevêque, Paul de Gondi, la permission d'y installer une Congrégation de treize prêtres pour desservir le pèlerinage qui commençait. Les trois croix et les sept chapelles mariales qui les encadraient rappelaient le calvaire grandiose que Charpentier avait déjà dressé dans les Pyrénées, à Bétharram.(1)

Pendant son séjour à l'ermitage, le missionnaire avait longuement prié au pied de la croix : l'image s'était fixée à jamais dans son regard ; et un jour, sur la lande de Pontchâteau, nous le verrons reproduire à sa manière le calvaire du Mont-Valérien.
Sa tâche délicate heureusement terminée, le saint rentra dans son pauvre logis, pour remercier Dieu d'avoir béni ses efforts, et se préparer, par la ferveur de ses oraisons, aux rudes labeurs du lendemain.

(1) A Bétharram, il avait bâti les quatorze stations du chemin de Croix. Au Mont-Valérien, les sept chapelles étaient en l'honneur des sept mystères joyeux de la Vierge : la Conception, la Nativité, la Présentation, l'Annonciation, la Visitation, la Purification, l'Assomption (Mgr Crosnier) (*)
(*) à suivre quelques détails sur les Sanctuaires de Bétharram et du Mont-Valérien.
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                       Le Calvaire de Notre-Dame de Betharram

Lestelle-Bétharram est une commune française située dans le département des Pyrénées-Atlantiques, en région Nouvelle-Aquitaine.
On lira avec intérêt l'histoire de Notre-Dame de Betharram (en béarnais « beth-arram », beau rameau), et son Calvaire sur le site des Sanctuaires de Betharram : http://www.betharram.fr/lieu/betharram- ... vaire.html

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       Chapelle de Notre-Dame de Bétharram et les chapelles du Calvaire.
Sanctuaires de Bétharram a écrit :Saint Vincent de Paul écrira : « Un lieu de grande dévotion, et si ce n’est le second, au moins le troisième plus fréquenté du royaume. C’est Notre-Dame de Bétharram, où il se fait souvent des miracles »…

Le sanctuaire a connu les pillages et les incendies des guerres de religion (1549), les déprédations et les sacrilèges de la Révolution (1793), mais chaque fois un homme de Dieu a relevé les ruines et redonné vie au pèlerinage : Hubert Charpentier, le Père Joseph, l’abbé Procope Lassalle. Celui-ci est envoyé à Bétharram en 1804 par l’évêque de Bayonne pour y diriger le petit séminaire, puis le grand séminaire.

Mais le renouveau de Bétharram sera surtout l’œuvre de saint Michel Garicoïts (1797-1863), en particulier par la restauration de l’antique chapelle et la reconstruction du calvaire confiée, de 1840 à 1845, au sculpteur Alexandre Renoir, frère du peintre Auguste Renoir.
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       Notre Dame de Bétharram - Vierge à l'enfant d'Alexandre Renoir
Sanctuaires de Bétharram a écrit : Le pape saint Pie X était attaché à la Vierge de Bétharram au point de lui offrir deux magnifiques couronnes d’or, formées de rameaux entrelacés. À ce bel hommage le Pontife ajouta une dédicace : « Que le Fils et la Mère daignent accepter les dons que nous leur faisons, et qu’assouvissant nos désirs et nos espoirs, ils nous réservent un jour la couronne de gloire que nul ne pourra ternir. »
... Mgr François Gieure, évêque de Bayonne, les déposa sur le chef de la blanche madone et de son enfant, en présence de 10 évêques, 600 prêtres et 30.000 pèlerins. L’événement eut lieu l’été 1912. Dans les années 1940, la fête liturgique de Notre Dame de Bétharram a été instituée et fixée à la date de son couronnement : le 28 juillet.
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Calvaire de Bétharram, 5e Station, Chapelle saint Louis "Le couronnement d’épines", Le couronnement d’épines.
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                       Le Calvaire du Mont-Valérien

Le mont Valérien est une colline culminant à 162 mètres, située dans le département des Hauts-de-Seine sur les territoires des communes de Suresnes, Nanterre et Rueil-Malmaison, à environ deux kilomètres à l'ouest de Paris.
Histoire du Mont-Valérien a écrit :Ce qui fit le plus d'impression dans l'esprit du vertueux Charpentier, ce fut la position de la montagne qui, située aux portes de Paris, et sur le bord de la Seine, se montre pour ainsi dire à tous ces lieux de divertissement et de joie qui régnent à l'entour de cette grande ville, et rappelle son immense population à une vie plus chrétienne, ou moins dissipée.
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Les traces de vie religieuse sur le Mont-Valérien a écrit :En premier lieu, la plus haute colline des environs de Paris fut, dans ses parties supérieures, un mons sacer tout voué à la religion. Aux marges occidentales de Paris, en un point cardinal symboliquement attaché à la mort, il fut perçu, de la fin du Moyen Âge au seuil de la Révolution industrielle, comme le Golgotha d’une capitale devenue ipso facto une nouvelle Jérusalem, terrain idéal au développement d’une piété ostentatoire et à l’implantation de nouvelles congrégations. Deux types de figures religieuses y ont vu l’endroit idoine où laisser s’épanouir leur vocation : des ermites laïcs, à partir du XVe siècle, isolés puis formant communauté (Colletet, 1662 : 58-91) ; des prêtres, membres d’un institut sacerdotal apparu en 1633 pour encadrer les pèlerinages autour d’un chemin de croix et d’un calvaire monumental que leur fondateur, Hubert Charpentier, a fait construire sur la cime (Le Noir, 1658 : 79-118). Clercs et anachorètes coexistent presque deux siècles, au milieu d’un paysage où alternent champs, prés et vignes, espace semi-rural troublé seulement par l’afflux des pèlerins. Par métonymie, le mont et le calvaire se confondent....
Les onze stations du chemin de croix gallican prennent l’aspect de chapelles grillagées pourvues de sculptures grandeur nature. Un escalier dit des cent marches, sorte de scala santa que les pénitents peuvent gravir à genoux, conduit à la plus haute terrasse, où les trois croix du Calvaire sont le point d’arrivée de cette ascension physique et mystique. Derrière les croix, une église entourée par les édifices accueillant les Prêtres du Calvaire a été rebâtie au seuil du XVIIIe siècle. Non loin, les édifices des ermites, repliés à la fin du XVIIe siècle derrière un enclos pour préserver une tranquillité mise à mal par le succès des pèlerinages, complètent l’appareil monumental du Mont-Valérien (Seron, 1926 : 121-130)
Il s'y trouvait aussi sept chapelles représentant les mystères joyeux de Notre Dame :

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Références : http://www.ethnographiques.org/Les-trac ... se-sur#1.2
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C'est à cette époque que Louise Grignion, après des années d'épreuves, put enfin émettre sa profession religieuse chez les Bénédictines du Saint-Sacrement. La nouvelle en parvint à son frère lorsqu'il revenait du Mont-Valérien, vers le milieu deu mois de mars. Il lui répondit avec joie :

« Chère Victime en Jésus-Christ,
Le pur amour de Dieu règne en nos cœurs.

Je ne puis assez remercier notre bon Dieu de la grâce qu'il vous a faite de vous avoir rendue une parfaite victime de Jésus-Christ, amante du Très Saint Sacrement, et le supplément de tant de mauvais chrétiens et de prêtres infidèles. Quel honneur à votre corps d'être immolé surnaturellement pendant une heure d'adoration au Très-Haut ! Quel honneur pour votre âme de faire ici-bas, sans goût, sans connaissance, sans lumière de gloire, avec la seule obscurité de la foi, ce que les anges et les saints font dans le ciel, avec tant de goût et de lumière ! Qu'une fidèle adoratrice rend de gloire à mon Dieu sur la terre, mais qu'elle est rare ! Puisque tout le monde, même les spirituels, veulent goûter et voir ; autrement ils se dégoûtent et se ralentissent ; cependant sola fides sufficit, la seule foi suffit. Enfin, enfant fidèle su Très Saint Sacrement, quelle utilité, quelle richesse et quel plaisir pour vous aux pieds de ce riche et honorable Seigneur des Seigneurs ! Courage, courage ! Enrichissez-vous, réjouissez-vous, en vous consumant chaque jour comme une lampe ardente. Plus vous donnerez du vôtre, plus vous recevrez du divin.

Après vous avoir félicitée, n'ai-pas raison de me féliciter moi-même, sinon comme votre frère du moins comme votre prêtre. Car quelle joie, quel honneur et quel bien pour moi d'avoir la moitié de mon sang qui répare par ses sacrifices amoureux les outrages que j'ai, hélas ! Tant de fois faits au bon Jésus dans le Très Saint Sacrement, tant par des communions faites avec tiédeur, que par des oublis et des abandons étranges ! Oh ! Je triomphe en vous et en toutes vos dignes Mères, parce que vous avez obtenu les grâces dont moi et les autres ministres indignes des autels nous nous rendons indignes par notre peu de foi.

Je pars incessamment pour l'hôpital de Poitiers.
Je vous prie, ma sœur de n'aimer que Jésus seul en Marie et par Marie, Dieu seul et en Lui seul. Tout à vous.
»

Montfort annonçait son départ … il avait reçu, une supplique, le 9 mars 1704, par les pauvres de l'hôpital général de Poitiers [le réclamant avec de grandes supplications].
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Aujourd'hui, aucun devoir ne le retient plus à Paris, et la voix des pauvres est pour lui la voix de Dieu. Le saint prêtre reprend donc son bâton de voyage avant la fête de Pâques...
le saint était à Poitiers vers Pâques. Son arrivée fut saluée par des feux de joie ; les administrateurs eux-mêmes, entraînés dans le mouvement, lui confièrent le poste de directeur, et lui adjoignirent un peu plus tard, à titre d'auxiliaire, un excellent prêtre M. Dubois. Sûr de l'appui de son Évêque et de la faveur des pauvres, il se met à l'œuvre avec un zèle coutumier.
Le nouveau directeur commence par tracer un règlement...
Ce règlement ayant reçu l'approbation de l'évêque, le serviteur de Dieu s'efforce de le faire exécuter. Il continue lui-même à être, dans sa nouvelle fonction, un modèle incomparable de vertu...

« Un pauvre homme, que la pauvreté avait conduit à l'hôpital général, se trouva enfin couvert d'infection et de pourriture, causée par un mal honteux, sans parents, sans amis et rejeté des infirmiers publics, prêt à être abandonné et chassé de l'hôpital général à cause du danger de son mal, et qu'il ne trouva personne qui en voulût prendre soin. Notre saint prêtre se chargea du gouvernement entier de ce malade ; il le fit mettre dans un endroit séparé où il lui servit de chirurgien et d'infirmier ; lui seul lui rendit tous les services qui requérait une maladie si dangereuse et si dégoûtante, le nettoya et jeta ses ordures lui seul, etc..., jusqu'à la mort, sans qu'il en ait jamais été incommodé le moins du monde... » (lettre adressé à M. Grandet, le 25 mai 1718, par M. Dubois)

C'est le sublime de la charité : il avait été préparé par une héroïque victoire sur les répugnances de la nature...
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Louis Le Crom, [i]Un apôtre marial, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort[/i] a écrit :Aux anciennes associées de la « Sagesse », qui avaient conservé leur ferveur, Montfort accorda une sollicitude particulière ; il affermit dans leur vocation ses deux filles spirituelles privilégiées, Marie-Louise Trichet et Catherine Brunet. Ayant généreusement supporté son absence, elles étaient heureuses maintenant de profiter de ses leçons : à si bonne école, l'ascension de ces deux âmes fut rapide, ainsi que les résultats en témoigneront bientôt. Mais ni l'homme de Dieu ni elles-mêmes ne se doutaient qu'une nouvelle séparation était proche, qui ne leur laisserait pour appui que les lettres de leur saint directeur.
… après avoir débuté au milieu des applaudissements, M. Grignion rencontra des difficultés insurmontables : au bout d'une année d’efforts, il jugea plus sage d'abandonner la partie.

Mgr de la Poype, interrogé lui conseilla de se retirer ; et son confesseur, le P. de la Tour, parla dans le même sens. L'humble prêtre voulut aussi prendre l'avis d'une autre personne, que sa présence ou son départ ne pouvait laisser indifférente, et dont il avait apprécié la prudence : Marie-Louise Trichet. Il la consulta sur son sujet de projet la maison.

- vous avez raison, mon Père, répondit-elle avec un désintéressement parfait ; vous faites bien de vous éloigner.

- Ma fille, répondit le serviteur de Dieu, vous, restez à l'hôpital. Quand même l'établissement des Filles de la Sagesse ne se ferait que dans dix ans, Dieu serait satisfait et ses desseins sur vous seraient remplis.

De part et d'autre, aucune attache à la nature, aucun retour sur soi-même. Ces deux grandes âmes se comprenaient.
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Les Petits Bollandistes, tome XV, au 28 avril, [i]Le vénérable Louis-Marie Grignon de Montfort, Missionnaire apostolique[/i], p 320 ss a écrit :Ce n'était pas pour rester dans l'oisiveté que le saint prêtre quittait la place de chapelain, le salut des âmes l'intéressait trop vivement pour qu'il pût chercher le repos. Il alla donc s'offrir à l'évêque de Poitiers, pour se livrer, sous sa direction, à l'œuvre importante des missions dans le diocèse. Le prélat ayant agréé ses services, le Père de Montfort commença ses travaux apostoliques dans ce pays par le faubourg de Montbernage; c'était un quartier de la ville épiscopale, habité par des gens pauvres et grossiers. Il se montra à leurs yeux comme un autre Jean-Baptiste sortant du désert pour prêcher la pénitence. Tout en lui annonçait cette vertu. Pauvre, détaché de tout, habituellement et profondément recueilli, faisant deviner, par son extérieur exténué, les grandes austérités qu'il pratiquait, adonné à l'oraison ne paraissant touché que des intérêts de Dieu, tel il parut au peuple qu'il allait évangéliser. Aussi sa présence eut-elle sur ces pauvres gens l'impression de respect que produit la présence des Saints sur les hommes qui n'ont pas perdu la foi. Ses premiers succès furent éclatants. Les vices qui régnaient en ce faubourg en furent bannis; la piété y devint florissante. Une chapelle qu'il y construisit en l'honneur de la sainte Vierge et qu'il fit orner avec soin, en rappelant aux habitants de Montbernage le bienfait de la mission, contribua beaucoup à leur en faire conserver les fruits.(*)
Ce fut à cette époque qu'il s'associa un compagnon qui, depuis, le suivit dans toutes ses courses apostoliques, et qui était connu sous le nom de Frère Mathurin.
(*) Sur le faubourg de Montbernage, voir le message suivant tiré du site http://www.f8au.org/montbernage/Plan_du_site.htm
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Montbernage, « Sanctuaire de Marie Reine des Coeurs » a écrit :La mission se clôtura par les adieux. Montfort confia ses enfants à la Sainte Vierge : la grange de la Bergerie [qui avant son arrivée réunissait la jeunesse pour ses fêtes et ses danses libertines et qu'il a acheté puis transformé en chapelle] il l'appela Notre Dame des Coeurs. « Si quelqu'un, ajouta-t-il, accepte de réciter ici la prière et le chapelet, les dimanches et les fêtes, et de chanter la Petite Couronne à midi, j'y laisserai l'image de ma bonne Mère. »
Un ouvrier Jacques Goudeau, s'offrit à remplir cette fonction, et le Père, dans l'allégresse, fit présent de la statue que l'on invoque sous le nom de Marie Reine des Coeurs.


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Montbernage, « Sanctuaire de Marie Reine des Coeurs » a écrit :Jacques Goudeau, tisserand du quartier entretint avec fidélité ce lieu saint qui pendant 40 ans.
Plus tard en 1733, des Sœurs de la Sagesse vinrent habiter, près du sanctuaire pour tenir une école et aider les gens du quartier.

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Montbernage, « Sanctuaire de Marie Reine des Coeurs » a écrit :Cette chapelle, vous pouvez encore la visiter, au bas de la rue de Montbernage, non loin du Clain, à coté de l'école Sainte Radegonde, vous pouvez en pousser la porte à la suite de vos prédécesseurs de ce quartier : vous y verrez la statue de « Marie, Reine des Cœurs » celle-là même qu'offrit en 1705 Saint Louis-Marie, et d'autres précieux souvenirs; vous pourrez peut-être à votre tour offrir votre cœur à cette Reine d'amour qui le présentera à Dieu, en votre nom.
Croix faite par Montfort et mise dans la première communauté des Filles de la Sagesse en 1703 à l’Hôpital général de Poitiers.
    • Les monogrammes de Jésus = J H S
      Le Cœur transpercé
      Les clous et la couronne d'épines
      Les monogrammes de Marie et L’Étoile
                                  Image
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