Martyrs du Japon (Saint Alphonse)

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Abbé Zins
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
II. PERSÉCUTION EXERCÉE PAR L'EMPEREUR TAICOSAMA. BEAU ZÈLE DES CHRÉTIENS.

VINGT-SIX MARTYRS CRUCIFIÉS A NANGASAKI.



Nous aurions à rapporter des particularités intéressantes sur chacun de ces glorieux soldats de Jésus-Christ, s'il ne fallait se borner ; toutefois, nous ne pouvons passer sous silence ce qui concerne les trois plus jeunes d'entre eux, Thomas, âgé d'environ quatorze ans, Antoine, de treize ans, et Louis, de onze.

Ils servaient à l'autel chez les pères Franciscains, et pouvaient se retirer, quand on arrêta la liste des condamnés ; mais ils ne désiraient rien tant que d'obtenir la palme du martyre.

Ils étaient ensemble sur la même charrette, lorsque, le bout de l'oreille coupé, on les promena dans les rues de Méaco ; là, les mains liées derrière le dos, ces trois jeunes confesseurs se mirent à chanter, d'un air radieux et d'une voix pénétrante, le Pater noster et l'Ave Maria. Ce spectacle attendrit tous les coeurs.

Thomas était fils de Michel Cozaki, un des vingt-six martyrs. Son père lui avait écrit qu'étant résolu de mourir pour Jésus-Christ, il le laissait héritier de tous ses biens ; mais le saint jeune homme vint aussitôt le trouver et lui représenta qu'il n'était pas juste de l'établir héritier de biens terrestres, en l'excluant de ceux qu'il allait posséder dans le ciel, et il déclara qu'il était déterminé à mourir avec lui. Thomas eut ainsi le bonheur de monter au ciel avec son père, le front ceint de la même couronne.

Antoine, né à Nangasaki, y retrouva son père et sa mère qui vinrent lui livrer un terrible assaut ; quoique chrétiens, dès qu'ils virent leur aimable enfant sur le point d'être crucifié, ils se laissèrent vaincre par leur tendresse naturelle, et se mirent à le conjurer avec larmes de se dissimuler pour quelque temps. « Vous voulez donc, leur répondit le jeune héros, que, pour conserver cette vie d'un moment, je perde la vie éternelle ? Ah! cessez de me tenter par vos discours et vos plaintes ; je suis résolu de mourir pour Jésus-Christ.»

Cela dit, il quitta ses parents, repoussa avec la même fermeté les offres d'un magistrat que cette scène avait ému, et se livra aux exécuteurs. Lorsqu'il fut élevé en croix, se trouvant à côté du père Pierre-Baptiste, après le chant du Benedictus, il le pria d'entonner le psaume Laudate pueri Dominum ; mais le saint religieux, absorbé dans une extase, ne répondant point, il l'entonna lui-même, et continua jusqu'au Gloria Patri, qu'il alla chanter éternellement en paradis, ayant eu en ce moment le cœur percé du coup de lance.

Le petit Louis, baptisé seulement depuis quelques jours, ne montra pas moins de courage. On avait d'abord refusé de le porter sur la liste ; mais il fit tant, par, ses pleurs et ses prières, qu'il obtint d'être inscrit. Dans les rues Méaco, son visage rayonnant de joie attirait tous les regards, et touchait profondément les spectateurs. Le sous-gouverneur de Nangasaki, chargé de présider à l'exécution, voulait le délivrer, pourvu qu'il renonçât à la religion chrétienne. « A cette condition, lui répondit Louis, je ne désire point de vivre ; car, pour cette courte et misérable vie, je perdrais une vie heureuse et éternelle.» On ajoute que, dès qu'il aperçut sa croix, il courut l'embrasser, comme ayant trouvé l'objet qui lui était le plus cher. Il mourut en souriant avec un air angélique, à côté d'Antoine.

On verra encore plus loin d'autres victoires admirables remportées par des enfants.
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Abbé Zins
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
III.
PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.




En 1598 mourut, à l'âge de soixante-quatre ans, l'empereur Taïcosama, chargé de mérites pour l'enfer, lui qui avait versé à grands flots le sang des fidèles serviteurs de Jésus-Christ. Il avait ordonné qu'après sa mort on le mît au rang des dieux, et il ne laissait, pour lui succéder, qu'un fils à peine âgé de six ans, sous la tutelle de dix régents de l'empire.

A la tête de cette régence se trouvait Daïfusama, qui profita de sa position pour usurper peu à peu la dignité impériale, et surpassa son prédécesseur en barbarie, comme on le verra.

Cependant Daïfusama crut devoir ménager d'abord les chrétiens comme les autres, jusqu'à ce qu'il vît son autorité suffisamment affermie ; il n'y eut, dans les premières années de son règne, que des persécutions locales, exercées par des tyrans secondaires.


En 1605, le roi de Fingo, nommé Canzugedono, voulant contraindre toute la noblesse de Jateuxiro à renier la religion chrétienne, les magistrats de cette ville firent traîner de force, dans la maison d'un bonze, un gentilhomme nommé Jean Minami, pour lui faire imposer sur la tête le livre de la secte ; ce qui était un signe d'apostasie.

Madeleine, épouse du gentilhomme persécuté et fervente chrétienne, suivit son mari, en lui criant : « Prenez garde, mon cher Jean, à ce que vous faites ; si vous manquez à votre foi, je ne veux plus vous parler ni vous voir, et je vous renonce pour mon époux.»

Quand le bonze, placé sur une espèce de trône, leva son volume pour le mettre sur la tête de Jean, le serviteur de Dieu, ne pouvant faire autre chose, cracha sur ce livre infâme. Un de ses amis, appelé Simon Taquenda, opposa la même résistance, et refusa de se rendre chez le bonze. Le roi, informé de ce fait, ordonna au gouverneur de leur faire trancher la tête, et de livrer au supplice de la croix tous les membres de leurs familles.

Dès que Minami eut vent du sort qu'on lui préparait, il alla se présenter au gouverneur. Celui-ci fit tous ses efforts pour le gagner, mais il ne put ébranler sa constance ; alors, il lui montra l'ordre du roi, et le vertueux gentilhomme déclara qu'il ne désirait rien tant, que de sacrifier sa vie pour le Dieu qu'il adorait.

Sur quoi, on le mena dans une grande salle, où il eut à déposer son épée ; passant ensuite plus loin, il se vit devant trois soldats ; puis, parurent deux bourreaux armés de coutelas. Jean s'agenouilla présenta son cou, et, en prononçant les saints noms de Jésus et de Marie, reçut quatre coups qui lui abattirent la tête, le 8 décembre, dans sa trente-cinquième année.
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Abbé Zins
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
III.
PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.



Le même jour, le gouverneur se rendit chez Simon Taquenda, qui était son ami intime, pour l'engager à donner quelque marque de soumission à la volonté du roi. Dès qu'il l'aperçut, il fondit en larmes ; Simon, attendri, ne put retenir les siennes ; et ils demeurèrent ainsi quelque temps, sans pouvoir parler. Le gouverneur s'efforçait en vain d'ébranler son ami, lorsque survint Jeanne, mère de Simon ; alors, s'adressant à elle, il dit : « Votre fils refuse de suivre mon conseil ; préservez-le de la mort, lui et toute sa famille, et ne me forcez pas à tremper mes mains dans son sang.»

Mais cette noble mère lui répondit avec fermeté : « S'il n'était question que de biens terrestres, votre conseil serait bon ; mais, quand il s'agit des biens éternels, on ne doit point préférer une vie passagère à une félicité qui n'a point de fin. J'envie le bonheur de mon fils, et, si je le pouvais, je le suivrais avec joie.»

Ce langage piqua vivement le gouverneur, et lui ôta espoir de vaincre la constance de son ami. Il se retira donc, et fit savoir à un officier, parent de Simon, que ce gentilhomme était condamné à mort, et qu'il le chargeait, de la part du roi, d'aller lui trancher la tête dans sa maison. Cet officier se rendit chez son parent, frappa à la porte, car il était déjà nuit, trouva le serviteur de Dieu en prière, et lui communiqua l'ordre écrit dont il était porteur. « Vous ne pouviez m'apprendre, lui dit Simon, une plus heureuse nouvelle ; donnez-moi seulement quelques instants, pour me préparer à la mort. » Ce délai lui fut accordé.

Le pieux gentilhomme alla aussitôt se prosterner devant une image de Notre-Seigneur couronné d'épines. Après sa prière, il passa chez sa mère et, son épouse, et les avertit de sa mort prochaine. Ces dames, sans se troubler, commandèrent aux domestiques de préparer de l'eau, selon la coutume qu'ont les Japonais de se laver, quand ils sont conviés à un banquet.

Simon se leva, se revêtit de ses habits les plus riches, et prit congé de sa mère et de son épouse, sans oublier ses serviteurs. Comme ceux-ci fondaient tous en larmes et poussaient des sanglots, il leur dit : « Quoi! est-ce ainsi que vous vous réjouissez de mon bonheur ? où donc est votre foi ? où est cette vertu chrétienne dont vous avez fait preuve jusqu'à présent ? » Alors, sa femme, qui se nommait Agnès, se jeta à ses pieds, le priant de lui couper les cheveux : « C'est afin, lui dit-elle, que si je vous survis, on ne pense pas que je veuille jamais avoir un autre époux.» Simon s'y refusait ; mais, à la demande de sa mère, il le fit.

Il obtint ensuite qu'on appelât trois membres de la confrérie de la Miséricorde, à qui il dit : « Mes chers confrères, quel bonheur pour moi de mourir martyr de Jésus-Christ ! qu'ai-je fait pour mériter cette grâce.
Oui, lui répondit l'un d'eux, nommé Joachim ; vous êtes heureux. Priez Dieu, quand vous serez dans le ciel, de nous faire partager votre gloire. » Tous se mirent à genoux ; Simon récita le Confiteor, et trois fois le Pater noster et l'Ave Maria ; puis, il resta quelque temps en silence, s'entretenant avec Dieu.

Sa prière finie, il se leva, fit apporter le crucifix et allumer les cierges, prit d'une main sa mère et de l'autre sa femme, et leur adressa ces paroles : « Je vous dis un dernier adieu ; je ne vous verrai plus en ce monde, mais je compte vous revoir bientôt dans le ciel. Je vais devant vous, pour vous aplanir la voie ; je prierai Dieu qu'il vous fasse participer à mon bonheur et vous appelle bientôt en paradis. »


(*) C'étaient des gentilshommes qui se livraient à l'exercice de la charité, et qu'on désignait sous le nom de Gifiaques ; on verra leur fin glorieuse au § 5.

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Abbé Zins
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III.
PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.



Après cela, on se mit en marche, pour entrer dans la salle où devait s'accomplir le sacrifice : un des confrères portait le crucifix, les deux autres l'accompagnaient avec des cierges, et le martyr suivait, tenant par la main sa mère et son épouse ; puis venaient les domestiques abîmés dans la douleur.

Arrivé dans la salle, le martyr se mit à genoux devant l'image du Sauveur ; sa mère et sa femme se retirèrent un peu à l'écart ; puis tous firent le signe de la croix, et récitèrent le Confiteor, et trois fois le Pater et l'Ave.

Dans ce moment, entra un gentilhomme, ami de Simon, pour lui lire adieu ; il se nommait Figida, et avait malheureusement renié sa foi. Pénétré de remords à ce spectacle, bien qu'il n'osât pas sur l'heure avouer son repentir, il demanda comme une grâce à son ami un grain de chapelet bénit. Simon le lui donna, à condition qu'il reviendrait à Jésus-Christ ; ce que le gentilhomme lui promit.

Enfin, notre martyr, s'étant recommandé à Dieu pour la dernière fois, abaissa le collet de son habit, salua l'image du Sauveur en courbant le front jusqu'à terre, et, prononçant les noms de Jésus et de Marie, livra sa tête à l'exécuteur, qui la lui trancha d'un seul coup. Un des confrères la prit aussitôt et la mit sur la sienne en signe de vénération.

Tous les assistants, au moment du coup fatal, poussèrent un cri ; mais la mère et l'épouse du martyr parurent comme insensibles et gardèrent le silence. Quelque temps après, la mère prit la tête de son fils, la baisa plusieurs fois, et dit : « O belle tête, maintenant couronnée de gloire ! O heureux Simon, qui as donné ta vie à Celui qui t'a donné la sienne ! — Mon Dieu ! qui avez sacrifié votre Fils pour l'amour de moi ! recevez mon fils, qui s'est sacrifié pour vous.»

Agnès s'approcha aussi, baisa pareillement la tête de son cher époux, en l'arrosant de ses larmes, et dit : « Pour moi, je suis contente ; j'ai un époux martyr, qui est à présent dans le ciel. 0 Simon ! appelez-moi au plus tôt près de vous, pour voir et louer avec vous le Seigneur notre Dieu.»

Simon Taquenda mourut, comme Jean Minami, à l'âge de trente-cinq ans, le 9 décembre, deux heures avant le jour. Les soldats qui gardaient son corps, attestèrent avoir vu, cette même nuit, une grande lumière descendre et se reposer sur la maison du martyr.
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Abbé Zins
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
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PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.



Lorsque les deux dames, Jeanne et Agnès, se furent retirées, le gentilhomme converti, Figida, vint les et les trouvant en pleurs, il leur dit :

« Et quoi ! vous qui, en voyant mourir votre cher Simon, avez montré tant de constance, maintenant qu'il n'est plus, vous vous abandonnez à la douleur ? »

Elles répondirent que, ce qui les faisait pleurer, c'était uniquement d'être encore en vie et dans la crainte de n'être pas jugées dignes du martyre.

Figida leur apprit alors, pour les consoler, que Madeleine, veuve de Minami, était déjà condamnée à mort, et ajouta qu'elles devaient s'attendre à n'être pas mieux traitées.

A cette nouvelle, toutes deux tombèrent à genoux pour rendre grâces à Dieu, et leur tristesse se dissipa. Elles eurent même le courage de demander au gouveneur de pouvoir mourir avec la vertueuse Madeleine ; ce qui leur fut accordé.

En effet, vers le soir, Madeleine fut conduite dans leur maison, avec un enfant d'environ sept ans, nommé Louis, qui était neveu de Minami, et qu'elle avait adopté pour son fils.

Quand elles se trouvèrent réunies, elles s'embrassèrent avec tendresse, heureuses de devoir mourir sur une croix comme mourut Jésus-Christ, d'après l'ordre du roi.

Ensuite, Madeleine se tourna vers le petit Louis, qui était condamné à mourir avec elle, et lui dit de se préparer à partir pour le ciel, en lui recommandant surtout de ne pas cesser, quand il serait sur la croix, de répéter jusqu'à mort : Jésus ! Marie !

— L'enfant répondit : « Ma chère mère, je ne l'oublierai pas, tant que je serai en vie.»
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
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PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.



La nuit venue, on leur annonça qu'il fallait se rendre au lieu du supplice; elles se parèrent de leurs plus beaux habits, se recommandèrent à Dieu, et se mirent en chemin.

Trois palanquins, portés chacun par deux hommes les attendaient à la porte ; on plaça le petit Louis dans celui de sa mère.

Lorsqu'on approcha du lieu où les croix étaient préparées, Agnès dit : « Jésus, mon Sauveur, est monté à pied au Calvaire, et moi, j'y serais portée en litière ? »

Elle voulait descendre de son palanquin ; mais on l'en empêcha, en lui disant que les officiers ne le permettraient pas. Arrivées enfin devant leurs croix, elles se mirent à genoux pour les vénérer.

La première que l'on sacrifia, fut l'héroïque Jeanne, mère de Simon ; elle parla ainsi, du haut de sa croix, à la foule qui l'entourait :

« Près de paraître devant Dieu, pour lui rendre compte de toutes mes actions, je confesse que la religion chrétienne est la seule où l'on puisse faire son salut ; ouvrez les yeux, et renoncez aux fausses divinités. Et vous, chrétiens, ne vous laissez pas ébranler par le spectacle de notre mort ; il n'y a rien de plus doux, que de mourir pour Celui qui est mort pour nous.»

Le bourreau l'interrompit à ces mots, en la frappant de sa lance. Le premier coup ne fut pas mortel, mais le second l'envoya recevoir sa céleste couronne.

Ce fut alors le tour de Madeleine. Le petit Louis, voyant lier sa mère, alla s'offrir de lui-même pour être aussi attaché à la croix.

Les bourreaux l'élevèrent sur une petite croix préparée pour lui en face de sa mère, qui lui dit alors :

« Mon fils, nous allons au ciel ; ayez bon courage, et dites toujours : Jésus! Marie !
»

Pendant que l'enfant répétait ces noms sacrés, le bourreau lui porta un coup de lance, mais le manqua ; et le petit agneau attendit tranquillement le second coup, qui lui donna la mort.

Aussitôt après, le même bourreau, retirant le fer tout fumant du sang de l'enfant, le plongea dans le cœur de la mère, et unit ainsi les deux victimes.
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
III.
PERSÉCUTION DANS LE ROYAUME DE FINGO. JEAN MINAMI, MAGDELEINE, SA FEMME, ET LOUIS, LEUR FILS ADOPTIF, AVEC SIMON TAQUENDA, JEANNE, SA MÈRE, ET AGNÈS, SA FEMME.

1605.



Il ne restait plus que l'innocente Agnès, qui, descendue de son palanquin, se tenait à genoux devant sa croix, et se recommandait dévotement à Dieu.

Les exécuteurs, attendris jusqu'aux larmes, n'eurent pas la force de s'approcher pour l'attacher à la croix, quoiqu'elle les priât de faire leur office, et qu'elle se fût, en les attendant, placée d'elle-même sur le cruel instrument.

Alors, quelques idolâtres, excités par l'appât d'une récompense, eurent le triste courage de remplacer les bourreaux ; mais, quand il fallut transpercer la victime, comme ils n'avaient pas d'expérience, ils ne parvinrent à lui ôter la vie qu'en multipliant les coups.


Beaucoup de personnes dignes de foi attestèrent avoir vu une lumière resplendissante au-dessus des corps de ces quatre martyrs, au moment où ils rendirent leurs âmes à Dieu ; leur histoire a été écrite par l'évêque même du Japon, Louis Cerqueyra.

Après leur mort, le gouverneur fut plus furieux qu'auparavant contre les chrétiens ; mais Dieu permit qu'il tombât dans la disgrâce du roi, qui lui ôta sa charge, et le cita à comparaître pour rendre compte de ses actions.

C'est ainsi que le Seigneur punit ceux qui, pour plaire aux princes, souillent leur âme : ils perdent avec elle la faveur de leur maître.
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
IV.
PERSÉCUTION DANS LES ROYAUMES DE SAXUMA ET D'AMANGUCHI.
JACQUES SACOÏAMA. MELCHIOR BUGENDONO. DAMIEN L'AVEUGLE, LÉON XIQUIGEMON.

1604-1608.



Pendant la persécution dont nous venons de parler jeune gentilhomme chrétien, nommé Jacques Sacoïma, âgé seulement de quatorze ans, s'était retiré avec sa mère dans le royaume de Saxuma.

Comme il avait un extérieur très noble et beaucoup d'intelligence, le roi le prit en affection, et pensa même à le donner pour époux à une princesse de sa famille ; il lui en fit faire un jour la confidence, mais en mettant pour condition qu'il renoncerait à la religion chrétienne.

Le jeune homme, qui avait déjà son emploi à la cour, répondit que, pour le monde entier, Il n'abjurerait pas sa foi.

Le roi essaya un autre moyen pour le séduire ; il dépêcha vers sa mère quatre chevaliers, dans l'espoir qu'elle engagerait son fils à faire la volonté du prince. Cette vertueuse dame déclara courageusement qu'elle ne pouvait en conscience se prêter à un pareil dessein.

Le roi en conçut un tel dépit, qu'on dut s'attendre à une cruelle vengeance ; c'est pourquoi la mère et le fils se retirèrent, la nuit suivante, dans un oratoire qu'ils avaient chez eux, pour y attendre la mort.

Mais le roi, craignant que cette violence ne déplût à l'empereur, qui, en ce temps-là (1604), témoignait encore de la bienveillance envers les Chrétiens, se retint pour le moment. On ignore ce qui leur arriva dans la suite.
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
IV.
PERSÉCUTION DANS LES ROYAUMES DE SAXUMA ET D'AMANGUCHI.
JACQUES SACOÏAMA. MELCHIOR BUGENDONO. DAMIEN L'AVEUGLE, LÉON XIQUIGEMON.

1604-1608.



Ce fut vers la même époque qu'obtint la couronne du martyre un des personnages les plus distingués du Japon, Melchior Bugendono, seigneur de Miri, place considérable du royaume d'Aqui; c'était un capitaine et un ministre de très grand mérite, au service du roi d'Amanguchi.

Il professait hautement la religion chrétienne depuis dix-huit ans, lorsque le roi, malgré toute son estime pour lui, voulut l'obliger à vénérer les dieux du pays. Ce brave chevalier répondit à ses instances, qu'il était prêt à donner sa vie pour son prince, mais qu'il ne pouvait renoncer à sa foi.

Le tyran lui fit dire alors qu'il lui ferait voir ce qu'il en coûtait pour mépriser ses ordres. Melchior comprit que la mort le menaçait ; mais, comme il la désirait, il se contenta de demander au roi que, s'il avait résolu sa perte, il le fît traîner par les rues de la ville, précédé d'un héraut qui proclamerait à haute voix que son crime était d'être chrétien. Si le tyran n'eût écouté que sa colère, il l'eut fait mettre à mort sur-le-champ ; mais, doutant des dispositions de l'empereur, il attendit un moment plus favorable.

Quatre ans après, l'occasion qu'il désirait s'étant présentée, il envoya une troupe de mille soldats avec un bonze et un officier, chargés d'enjoindre de sa part à Melchior de livrer son fils et son neveu en otage ; c'était pour l'empêcher de résister à l'exécution de la sentence.

Le lendemain 16 août 1605, deux officiers vinrent lui présenter l'arrêt de sa condamnation. Melchior le lut sans s'émouvoir ; il se contenta de dire que, le seul crime pour lequel on le faisait mourir, c'était sa qualité de chrétien.

Il ne put obtenir d'être traîné dans les rues, ainsi qu'il l'avait demandé. Les bourreaux lui dirent que, puisqu'il voulait mourir, il le fi en homme d'honneur, en se fendant le ventre, selon le coutume du Japon ; mais le bon chevalier répondit qu'iI voulait mourir, non comme un Japonais désespéré, mais en Chrétien résigné à la volonté de Dieu ; puis, il se mit à genoux dans sa chambre devant les images de Jésus et de Marie, et, pendant qu'il recommandait son âme à Dieu, on lui trancha la tête.

La nouvelle en fut aussitôt portée au tyran, qui, non content de la mort du père, ordonna qu'on fît périr ses enfants et ses neveux, ainsi que sa femme, et qu'on brûlât leurs cadavres ; il fit aussi mourir son gendre, qui était chrétien, et plus de cent domestiques de sa famille. L'évêque du Japon, ayant recueilli les informations de leur martyre, les transmit à Rome.
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Saint Alphonse-Marie de Liguori a écrit :
IV.
PERSÉCUTION DANS LES ROYAUMES DE SAXUMA ET D'AMANGUCHI.
JACQUES SACOÏAMA. MELCHIOR BUGENDONO. DAMIEN L'AVEUGLE, LÉON XIQUIGEMON.

1604-1608.



Il faut joindre à la mort de ce pieux seigneur celle d'on pauvre aveugle, nommé Damien. Il avait été baptisé en 1585 ; et comme il était doué d'un talent extraordinaire, il allait partout, depuis cette époque, expliquant et propageant la Foi.

Un Prêtre, qui instruisait les chrétiens à Amanguchi, en ayant été expulsé, Damien le remplaça, ne cessant de prêcher, et baptisant dans les cas de nécessité.

Informé de sa conduite, le roi envoya sur les lieux deux commissaires, devant lesquels Damien, cité à comparaître, se présenta aussitôt ; ils lui firent, de la part du prince, des offres brillantes, s'il voulait quitter la religion chrétienne, et le menacèrent du dernier supplice, s'il s'y refusait.

Damien répondit sans hésiter : « Vous me donnez à choisir entre la vie et la mort ; c'est la mort que je choisis, et je la préfère à tous les biens que vous me promettez.»

Il se mit ensuite à leur démontrer la vérité de la Foi ; mais ils ne tinrent aucun compte de ses discours, et ils résolurent de le faire mourir. Craignant toutefois d'exciter quelque trouble, ils le mirent sur un cheval pendant la nuit, et le menèrent ainsi au lieu du supplice.

Là, apprenant qu'il était condamné à mort comme Chrétien, Damien descendit tout joyeux de cheval, et se mit en prière ; quelques moments après, tout en remerciant Jésus-Christ de la grâce qu'il lui faisait de mourir pour son amour, il présenta sa tête au bourreau.

Celui-ci, tenant le sabre déjà levé, lui dit qu'il pouvait encore se sauver en reniant sa foi, et le martyr répondit : « Je veux mourir Chrétien ; fais ton office.» En conséquence, on lui trancha la tête. Il était âgé de quarante-cinq ans.
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