Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Laetitia
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Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Nous fêtons cette année le tricentenaire du Dies natalis du Père de Montfort.
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort est né le 31 Janvier 1673 à Montfort sur Meu (Ille-et-Villaine), Missionnaire Apostolique, fondateur des prêtres Missionnaires de la Compagnie de Marie et de la Congrégation des Filles de la Sagesse, mort à St Laurent sur Sèvre (Vendée) le 28 avril 1716.


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Saint Louis-Marie Grignion de Montfort fut béatifié en 1888 par Léon XIII et canonisé en 1947 par Pie XII.

Comment ne pas voir le doigt de Dieu en la glorification de cet Apôtre des Derniers Temps, car ainsi que l'expose Mgr Pie …. Si les saints n'apparaissent pas fortuitement sur la scène du monde, ce n'est pas non plus le hasard qui, après leur mort, détermine l'époque de leur glorification....
L'Abbé Pauvert, [i]Vie du Vénérable Grignion Louis-Marie de Montfort[/i], 1875 (*), Préface a écrit :Le Souverain Pontife a déclaré que le Vénérable serviteur de Dieu Louis-Marie Grignion de Montfort a pratiqué toutes les vertus d'une manière héroïque.

Ce Décret solennel prouve qu'il n'y a aucun doute sur la sainteté de sa vie et de sa mort , et que ses vertus ont été assez héroïques et assez opportunes pour être dans notre siècle une glorification de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une preuve de l'énergie de sa grâce, une protestation contre les iniquités contemporaines, par conséquent un exemple et un nouveau stimulant de vertu pour les fidèles.

Monseigneur l'Evêque de Poitiers, dans un de ses éloquents panégyriques, dit ces belles paroles : « Si les saints n'apparaissent pas fortuitement sur la scène du monde, ce n'est pas non plus le hasard qui, après leur mort, détermine l'époque de leur glorification. Dans le ciel des élus comme au firmament visible, c'est sur un signal du Très-Haut que les étoiles longtemps cachées et comme endormies dans un point reculé de l'espace, accourent en criant : Nous voici, et qu'elles commencent de briller pour celui qui les a faites : Stellae vocatae sunt et dixerunt : adsumus; luxerunt ei cum jucunditate, qui fecit illas (Bar. III, 35).

Des rapports secrets et permanents ont été établis entre l'Eglise triomphante et l'Église militante, et quand Dieu nous destine de nouveaux combats sur la terre, presque toujours il nous montre de nouveaux alliés et de puissants protecteurs dans les cieux.
»

C'est aussi sous ce rapport que cette cause a été envisagée à Rome. « L'époque la plus glorieuse pour la France est le siècle de Louis XIV. Tous les genres de gloire s'y trouvent concentrés : victoires éclatantes, agrandissement du royaume, fin des guerres civiles, honneur et protection accordés au commerce, aux arts et aux sciences, réunion d'hommes célèbres dans l'armée, dans la magistrature et le clergé, construction de monuments splendides, gloire de la France rayonnant dans toutes les parties du monde. Mais, sous ces dehors brillants, on voyait poindre des germes de désordre ; trop concentré dans la recherche du luxe, de la richesse et de la gloire, le peuple français se détournait des pensées austères de la religion et du désir de ses fins immortelles.

Les voluptés et les délices franchissaient la cour qui les avait vues naître, corrompaient les âmes et préparaient la dissolution des mœurs. En un mot, malgré l'éclat du siècle de Louis XIV, la France laissait prévaloir chez elle les trois concupiscences dont parle l'apôtre bien-aimé : celle de la chair, celle des yeux, et l'orgueil de la vie qui vient du monde et non du Père.

« Mais Dieu, qui ne manque jamais à son Église et qui lui suscite des hommes choisis pour les besoins de leur époque, envoya à ce peuple séduit un homme dont toute la vie prêchait la folie de la croix. Tous les yeux se tournèrent vers cet homme puissant en œuvres et en paroles, dont les discours rappelaient les saintes pensées de la foi et inculquaient l'humilité et l'austérité de la loi évangélique. Dieu lui donna une manière d'être profondément ennemie des tendances de son époque : il ne voyait que par la foi, ne recherchait que la bassesse, n'aspirait qu'à la souffrance, et méprisait toute considération humaine.

Cette opposition flagrante et visible, qui était une censure des mœurs contemporaines, fournit aux ennemis de la doctrine et de la morale évangéliques une occasion de persécuter cet homme, de calomnier ses actions et ses paroles, de blâmer ses démarches comme singulières et déplacées. Cette persécution était si artificieuse qu'elle influença des hommes prudents et pieux qui le repoussaient ou le traitaient durement, en sorte qu'il souffrit de la part des bons et des méchants.

Admirable économie de la Providence ! Cet homme, tiré du monde pour confondre par la folie de la croix la sagesse du monde, devint, par la persécution, plus conforme à l'image de celui qui fut détesté et poursuivi par les hommes. 
»
(*) Ce livre paru en 1875, juste après le décret de l'héroïcité des vertus du Vénérable Louis-Marie Grignion de Montfort par le pape Pie IX.

à suivre...
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Laetitia
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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L'Abbé Pauvert, [i]Vie du Vénérable Grignion Louis-Marie de Montfort[/i], 1875, Préface a écrit :Si la vie du V. Montfort fut une protestation contre le sensualisme de ses contemporains, l'Église, en proclamant ses vertus héroïques, nous donne une leçon et un exemple dont nous avons aussi grand besoin que les Français du XVIIIe siècle. Les germes de corruption qui ne faisaient qu'éclore se sont épanouis en toute liberté. Le besoin de la jouissance, l'horreur de la privation sont aujourd'hui le mobile de notre activité fiévreuse. C'est le but de l'énergie sociale et individuelle, c'est là que tendent les découvertes industrielles, les théories politiques et scientifiques. La morale elle-même s'est énervée : elle ne cherche plus sa sanction dans l'idée de Dieu et l'espoir de la récompense infinie ;elle n'impose le devoir et la répression des appétits que comme une condition de paix et de bien-être ici-bas ; elle nie la parole de l'Évangile qui avait dit : Heureux ceux qui pleurent ; elle soutient l'affirmation contraire et dit : Heureux ceux qui sont dans la joie; elle étouffe l'idée surnaturelle dans son atmosphère sensualiste.

A notre époque, il faut donc étudier ces héros de la croix qui ont suivi de plus près la trace de leur maître. ...
Dieu est admirable dans ses Saints. Ils sont le chef-d'œuvre de la sagesse et de la miséricorde infinie …
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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L'Abbé Pauvert, [i]Vie du Vénérable Grignion Louis-Marie de Montfort[/i], 1875, Préface a écrit :Nous avons trois preuves péremptoires de la mission céleste du V. Montfort : l'existence de ses deux congrégations, les miracles opérés par son intercession, le jugement de l'Église …

Il est une autre preuve de la mission du V. Montfort ; moins visible que les autres, elle n'échappe pas aux observateurs attentifs.

Lorsque les révolutionnaires de 93 promenèrent sur la France leurs fureurs impies, beaucoup de provinces courbèrent la tête, quelques-unes applaudirent ; ... la Vendée et la Bretagne, dirent comme les Machabées : « Il vaut mieux mourir que de voir l'opprobre de notre nation ». Pour quel motif ces deux contrées limitrophes, mais séparées par une barrière infranchissable , celle du langage, lancèrent-elles au combat leurs catholiques populations ? Parcourez notre histoire : à aucune époque, ont-elles été signalées comme plus pieuses que les autres ? S'étaient-elles jamais mises à la tête du mouvement religieux ? A la brillante période des croisades , ont-elles envoyé de plus nombreuses phalanges sous les étendards de la croix ? Non ; recueillez toutes les complaintes vendéennes, pas une seule qui en ait gardé le souvenir. Lisez les nombreuses ballades bretonnes, si soigneusement conservées ; une seule y fait allusion, encore c'est pour décrire les malheurs qui ensanglantèrent le manoir breton, pendant que le châtelain guerroyait outre-mer. Ont-elles fourni plus de chevaliers aux ordres militaires ? Non encore, puisque la langue bretonne n'était pas comptée au nombre de celles qui donnaient des électeurs pour le choix du grand Maître de Malte.
Il faut donc en conclure que cette exaltation et cette intrépidité de l'esprit religieux dans les provinces de l'Ouest sont dues à des causes récentes et presque contemporaines.

La Bretagne le dut aux prédications de Michel le Nobletz, du P. Maunoir et du P. Bernard.
La Vendée le dut exclusivement au V. Montfort et à ses successeurs, qui firent passer leur foi et leur enthousiasme dans l'âme des prêtres et des paysans vendéens. C'est du pays où existait la maison mère de son ordre que partit le premier signal qui commença cette guerre de géants où gain de cause resta aux vaincus. Vers 1797, en voyant ces campagnes incultes, ces granges brûlées, ces villages veufs de leurs 400 mille habitants tombés sous le plomb ou sous le fer, les sages de l'époque déploraient ce sang versé pour rien : ils ne savaient pas que Dieu le conserve comme un trésor quand il a coulé pour la justice. La Vendée était à terre, mais sa sublime plaidoirie restait sans réponse.
Elle avait prouvé que le sol français tremblera toujours sous les pas des oppresseurs de la vérité catholique ; tandis que la main du premier Consul semblait ouvrir les églises désertes et les cathédrales dévastées, c'étaient Cathelineau, Bonchamp, Larochejaquelein , Lescure, Charrette, d'Elbée, c'étaient ces laboureurs martyrs enfouis sous leurs sillons ensanglantés, c'étaient tant de pieuses paysannes, tant de pures jeunes filles guillotinées , fusillées ou noyées dont les ombres héroïques agitaient sur leurs gonds rouillés les portes de nos églises, les ouvraient à deux battants et y faisaient entrer à flots les populations redevenues catholiques. Sans cet immense holocauste , des législateurs révolutionnaires n'auraient jamais deviné la force latente du catholicisme. Dieu , d'ailleurs , n'eût pas laissé finir si vite ces saturnales où des impies dansaient les pieds dans le sang.

Les martyrs de la Vendée jouèrent auprès de la justice divine le rôle de ces victimes de l'Apocalypse qui disaient à Dieu : « Jusques à quand, Seigneur, qui êtes saint et vrai, ne faites-vous pas justice et ne vengez-vous pas notre sang ? »
Cette vengeance miséricordieuse ne se fit pas attendre.
Que ce mépris de la mort, que cette foi ardente, que cette haine de l'impiété soit l'œuvre de Montfort et de ses fils qui continuèrent à évangéliser ces contrées , tous l'attestent, amis et ennemis, et les Pères du Concile provincial de Poitiers, demandant la béatification du V. Montfort, et les documents que Gensonne et autres fournirent à la Convention, et l'incendie de la maison de Saint-Laurent, le massacre des religieuses et des frères, et le martyre de deux missionnaires égorgés comme propagateurs du fanatisme dans la Vendée.

Toutes ces preuves de la sainteté et de la mission divine du V. Montfort ne sont plus nécessaires après le Décret du Souverain Pontife qui proclame ses vertus héroïques...
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Louis Le Crom (Montfortain), [i]Un apôtre marial, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort[/i] [b](*)[/b], 1946 a écrit :
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort … a belle taille, parmi ses contemporains. De quelque côté qu'on l'examine, on lui trouve des proportions grandioses.

Missionnaire, il a cimenté la foi chrétienne dans les provinces de l'ouest de la France, en dressant sur son passage des calvaires gigantesques.

Écrivain et poète, il occupe une place marquante dans la littérature religieuse.

Théologien, il a composé des livres de spiritualité devenus classiques.

Mystique, il possède une vie intérieure profonde, au milieu d'une activité dévorante.

Fondateur, il a dirigé et encouragé de jeunes Congrégations ; il a béni le berceau de la Communauté du Saint-Esprit ; il a donné à l’Église deux familles religieuses florissantes : les missionnaires de la Compagnie de Marie et les Filles de la Sagesse.

Précurseur, il a prêché, en face du jansénisme triomphant, la communion fréquente, la dévotion à la Sainte Vierge et la dévotion au Pape.

Pèlerin, il a parcouru les routes de France, le crucifix à la main, semant sans se lasser les Ave Maria de son rosaire.

Sa vie fut courte : seize années de prêtrise ; il meurt à quarante-trois ans. Vie courte, mais féconde prodigieusement...
(*) Cet ouvrage fut édité à l'heure de la canonisation de notre Saint.
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La plupart des passages de ce dossier sont extraits de l'ouvrage de Louis Le Crom, Un apôtre marial, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, 1946.

Les premières années (1673-1685)

Le serviteur de Dieu porte le nom de la petite cité bretonne, Montfort-sur-Meu, où il est né. Lui-même l'avait voulu, à la place de son nom de famille Grignion, par détachement évangélique. Après plus de deux siècles écoulés, désormais trois, le souvenir du saint est toujours vivant en cette petite ville.

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Eglise paroissiale de Montfort-sur-Meu, où se dresse la statue de saint Louis-Marie dans la tour ajourée.
Louis Le Crom a écrit :Saint Louis-Marie eut pour parents Jean-Baptiste Grignion et Jeanne Robert, qui s'étaient unis par les liens du mariage le 10 février 1671, à Rennes ; lui avait vingt-quatre ans, elle, vingt-deux.

Jean-Baptiste Grignion, sieur de la Bachelleraie, avocat au baillage de Montfort, avait des titres mais peu de fortune … sa fonction d'avocat lui rapportait plus d'honneur que d'écus.
Dès lors on comprend combien les tracas domestiques pouvaient influer sur le tempérament de cet homme, déjà porté à la violence.
... cet homme était un chrétien convaincu, élevant sa famille comme un patriarche « dans la crainte de Dieu », s'inquiétant de son avenir temporel, sans oublier l'avenir éternel.

La mère de Louis-Marie était fille d'un échevin de Rennes, et sœur de trois prêtres. Humble, silencieuse, elle s'appliquait à l'éducation de ses enfants avec un dévouement admirable, traversé par des larmes, pendant les accès de colère de son mari. Louis la louera de sa patience …
Dieu bénit leur union... et après la naissance et la mort prématurée à 5 mois d'un premier fils, Jean-Baptiste, Louis naquit l'année suivante et fut ainsi l'aîné d'une famille qui comptera dix-huit enfants : huit garçons et dix filles.
Louis Le Crom a écrit :Joseph-Pierre (24 février 1674) se fit dominicain, Raoul (24 mai 1676) mourut probablement en bas âge, Gabriel-François (17 septembre 1682) devint curé puis auxiliaire de Louis-Marie dans ses missions, il mourut en 1717 ; Alain, petit Ange transporté au Ciel, dix jours après sa naissance(18-28 août 1685) ; Jean-Baptiste (16 janvier 1689), perpétua seul le nom des Grignion, eut Louis-Marie pour parrain ; Ambroise (21 février 1690) mourut à l'âge de quatre ans.

En résumé : sur huit garçons, un père de famille, quatre anges au ciel, et trois prêtres dont un saint, c'est une belle couronne.

Renée, la première des filles (26 mars 1675), devait se marier deux fois ; Sylvie (24 mars 1677) devint religieuse à Fontevrault sous le nom de Soeur Elisabeth mourut le 25 avril 1743 ; Gilonne (27 mars 1678) dut mourir jeune ; Françoise-Marguerite (12 mars 1679) souffrant d'ophtalmie ne put prendre l'habit de religieuse à Fontevrault, en même temps que sa sœur Sylvie, elle porta le nom de « demoiselle de la Chesnaie » et fut enterrée dans la chapelle de l'Abbaye à côté de son père ; Guyonne-Jeanne (14 septembre 1680), la préférée du Saint, celle qu'il appelle Louise dans ses lettres, devenue religieuse du Saint-Sacrement, elle mourut à Rambervillers « en odeur de sainteté », au mois de février 1750 et portait le nom de Soeur Catherine de Saint-Bernard ; Françoise-Thérèse (17 septembre 1681) eut pour témoin de son baptême Louis-Marie âgé de huit ans, elle se maria en 1721 et mourut en 1752 ; Gilonne (24 octobre 1683) ne vécut que huit ans ; Jeanne-Françoise ne fit que passer au foyer familial (30 septembre 1684 - 12 septembre 1686) ; Jeanne-Mathurine (17 décembre 1686 – 1er mars 1687) disparut aussi prématurément ; enfin la dernière fleur, Jeanne-Marguerite (24 septembre 1691) devint tertiaire franciscaine, d'après la tradition ; morte à l'âge de dix-huit ans elle fut inhumée dans la chapelle de l'Abbaye comme sa sœur, par permission du prieur.
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Le 1er février 1673, au lendemain de sa naissance, Louis fut baptisé dans l'église Saint-Jean, sa paroisse (on croit qu'au jour de sa confirmation, l'enfant fit rajouter le nom de Marie comme marque d'attachement à la Sainte Vierge).
Deux siècles auparavant, dans cette même église, un saint, Vincent Ferrier, avait prié. Prêchant un jour à la Chèze, dans les Côtes-du-Nord, ce grand apôtre avait prophétisé la venue d'un homme de Dieu, d'un « puissant missionnaire » : c'était annoncer le Père de Montfort.
En 1675, les parents de Saint Louis-Marie achetèrent la propriété du Bois-Marquer en Iffendic. Louis-Marie y passa dix ans de son enfance.

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                                                                Manoir du Bois-Marquer

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                                La chambre du Saint correspond à la fenêtre en haut à droite.
L'église d'Iffendic fut l'église de sa première communion ... son tabernacle est le premier que ses yeux aient contemplé avec tendresse.
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                                                L'église d'Iffendic
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Saint Louis-Marie commença ses études à Iffendic ; Il eut pour précepteur son père, et vraisemblablement les prêtres de la paroisse.
L'enfant se mit avec ardeur au travail. « Ses maîtres, rapporte M. Grandet (*), ont assuré qu'il ne leur a jamais fait aucune peine, qu'il se portait de lui-même à accomplir tous ses devoirs, sans qu'il fallût l'y contraindre par aucun châtiment, ni par menaces ; et il exerçait déjà l'office de missionnaire à l'égard de ses compagnons, leur faisant le catéchisme ou la lecture de quelques livres de piété. »

Cet esprit apostolique qui le brûlait dès lors, il le fera rayonner dans sa famille, sur l'âme même de sa mère. « Cet enfant de bénédiction n'avait pas plus de quatre à cinq ans que, voyant sa mère en proie à la peine, par une suite de ces chagrins domestiques, qui sont inséparables de la vie conjugale, il la consolait et l'encourageait à supporter patiemment ses peines, par des paroles si pleines d'onction et si au-dessus des lumières naturelles qu'il pouvait avoir, qu'il semblait que l'esprit de Dieu même les lui mettait dans la bouche. » (**)

Affectueux et dévoué, il le fut envers ses frères et sœurs. Louise-Guyonne avait sa prédilection ; dans le désir de l'entraîner à la vertu, il la prenait à part, et pendant que les autres se livraient à leurs amusements, ils récitaient ensemble le chapelet. Si la petite, captivée par l'attrait du jeu, faisait la moue, Louis s'efforçait de gagner son cœur par de menus cadeaux, et lui disait, avec cette psychologie profonde des enfants : Vous serez toute belle et le monde vous aimera, si vous aimez bien le bon Dieu.

Seigneur, vous qui écoutez avec joie le murmure des lèvres enfantines, comme vous deviez respirer le parfum d'encens qu'était la prière de ces deux âmes pures ! (***)
(*) M. Grandet, contemporain de notre Saint est son premier biographe, 1724.
(**) Le P. Picot de Clorivière, autre biographe de St Louis-Marie, 1785.
(***) Un vitrail de Lavergne reproduit cette scène dans la Chapelle des Filles de la Sagesse à St Laurent sur Sèvre.
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Dès son enfance Louis-Marie cultivait une profonde piété ;
...toutes ses inclinations étaient tournées vers Dieu ; tous ses moments étaient utilement remplis, mais il n'y en avait pas de plus chers pour lui, que ceux qu'il consacrait à la prière. Le goût de la piété était pour lui comme naturel. Il ne trouvait jamais trop long à son gré, le temps qu'il passait à l'église.

...Il est bien de la lignée de Celle qui ne « se ressentit nullement de la corruption de la nature », la Vierge Immaculée. Sa dévotion à Marie en effet a été remarquable dès l'enfance. Son amour pour la Sainte Vierge, puisé dans le cœur de sa mère était « comme né avec lui ».
« Cette dévotion si sensible ...était journalière. Tout le monde sait qu'il ne L'appelait (Marie) que sa Mère, sa bonne Mère, sa chère Mère ; mais tout le monde ne sait pas que , dès sa plus tendre jeunesse, il allait à elle, avec une simplicité enfantine, lui demander tous ses besoins temporels, aussi bien que spirituels ; et qu'il se tenait si assuré, par la grande confiance qu'il avait en ses bontés, de les obtenir, que jamais ni doutes, ni inquiétudes, ni perplexité ne l'embarrassaient sur rien. Tout, à son avis, était fait, quand il avait prié sa bonne Mère ; et il n'hésitait plus. » (*)

...« La Sainte Vierge l'avait choisi la première pour un de ses plus grands favoris, et avait gravé dans sa jeune âme cette tendresse si singulière qu'il a toujours eue pour elle. »
(*) Manuscrit de M. Blain, contemporain et ami de notre Saint.
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Le collège de Rennes (1685-1693)

Louis-Marie étudia ensuite au Collège de Rennes Saint-Thomas-Becket dirigé par les Pères de la Compagnie de Jésus et qui avait bon renom. Les élèves y recevaient, avec la formation littéraire, une éducation profondément chrétienne.
En 1685, Louis-Marie venait d'atteindre sa douzième année. Ses parents décidèrent de l'envoyer au collège de Rennes, et le placèrent en pension chez son oncle, l'abbé Alain Robert de la Vizeule, prêtre de la paroisse Saint-Sauveur. Il eut pour professeur de sixième le Père Le Camus …

Le directeur spirituel du jeune étudiant fut le Père Descartes, neveu du philosophe, homme de grande expérience dans la conduite des âmes... par les résultats magnifiques nous pouvons juger de la sûreté de main du directeur. Avec quel doigté devait-il traiter l'âme de cet adolescent assoiffé de perfection ! Quand on possède, comme Louis-Marie, un tempérament d'artiste, et qu'avec l'enthousiasme de la jeunesse on s'élance vers la sainteté, quelle sagesse doit présider à ces ardeurs, pour en modérer la flamme sans l'éteindre !

Celui qui exercera le plus d'influence sur notre collégien sera le Père Gilbert, saint religieux, qui devait terminer sa vie dans les missions... de la Martinique et des Caraïbes...
Apôtre, il l'était déjà au collège … Chaque samedi il consacrait une grande demi-heure à les entretenir de sujets de piété, et cela avec une maîtrise incomparable : la bouche parlait de l'abondance du cœur.

Aussi le jeune Grignion, à son arrivée en rhétorique se montrera-t-il avide de ces douces leçons, et son régent le remarquera bientôt.…. le P. Gilbert ne tardera pas à le regarder comme un saint.
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Re: Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Tricentenaire

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Louis-Marie fut un élève excellent, il faut même dire un brillant élève. Dès la sixième, écrit M. Grandet, il se classe à la tête de ses condisciples. Il ne partageait guère leur vie bruyante. Déjà à Iffendic il avait pris l'habitude de vivre seul : son goût de la dévotion, sa maturité précoce, l'éloignaient du bruit et de la foule.

A rennes, il aimait mieux la maison calme de son oncle ; il ne flânait pas dans les rues. Les églises de la ville avaient ses préférences … Notre-Dame des Miracles, Notre-Dame de la Paix, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle ... le jeune homme aimait à s'agenouiller devant « sa bonne mère ».

Sans aucun doute, cette piété affectueuse à l'égard de l'Immaculée lui obtint l'insigne privilège non seulement de conserver sa pureté intacte, mais de l'épanouir à l'abri de la tentation. Son condisciple, M. Blain, lui ayant confié un jour ses difficultés personnelles à se préserver de tout mal, Louis-Marie devra avouer que ses difficultés, il ne les connaît pas. Et c'était un jeune homme de vingt ans, mêlé au monde, entouré de camarades bien légers, qui faisait pareille réponse ! De telles faveurs ne s'obtiennent qu'au prix d'ardentes prières et de victoires remportées ; même dans la vie des saints, elles ne sont pas la loi commune.
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