SAINTE FÉLICITÉ ET DE SES SEPT FILS

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gabrielle
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SAINTE FÉLICITÉ ET DE SES SEPT FILS

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SAINTE FÉLICITÉ ET DE SES SEPT FILS

Sous Antonin, les pontifes excitèrent une agitation qui eut pour conséquence l'arrestation de Félicité, femme illustre, et de ses sept fils. Félicité était veuve, elle avait fait voeu de chasteté ; ses jours et ses nuits s'écoulaient dans la prière, et sa vie était d'une grande édification pour les fidèles.

Mais les pontifes, s'apercevant que plusieurs personne venaient au christianisme par son influence, allèrent trouver l'empereur et lui dirent : « Cette veuve et ses fils outragent nos dieux. Si elle ne vénère nos dieux, ils s'irriteront tellement qu'on ne pourra plus les apaiser. »

L'empereur manda Publius, préfet de Rome, et lui enjoignit de contraindre par toutes sortes de voies Félicité et ses enfants à sacrifier.

Publius prit Félicité en particulier, et mêla quelques menaces à des manières engageantes, en lui laissant pressentir le châtiment.

Félicité répondit : « Tes menaces ne sauraient m'ébranler, ni tes promesses me séduire. Je porte en moi l'Esprit-Saint ; il ne permettra jamais que je sois vaincue. Je suis bien tranquille; que tu me laisses vivre ou que tu me fasses mourir, tu seras vaincu. »

« Coquine! si tu veux mourir, meurs, mais laisse la vie à tes enfants.»

« — Mes enfants vivront s'ils refusent de sacrifier aux idoles; mais s'ils sacrifient, ils iront à la mort éternelle. »

Le lendemain, le préfet, séant sur son tribunal, au Champ de Mars, commanda qu'on lui amenât Félicité et ses fils. Il l'interpella ainsi :

« Prends pitié de tes enfants, jeunes gens d'une si belle espérance; qu'ils ne soient pas ravis au monde à la fleur de l'âge. »

— Ta compassion est impie et ton discours cruel. » Et se tournant vers ses fils : « Levez les yeux, mes enfants, regardez le ciel, c'est là que Jésus-Christ vous attend avec ses saints. Combattez pour vos âmes et montrez-vous fidèles dans l'amour du Christ. »

Le préfet la fit souffleter et lui dit : « Oses-tu bien, en ma présence, leur dire de pareilles choses, afin de les porter à mépriser ainsi les ordres de nos empereurs? » Et faisant ensuite approcher de son siège rainé des sept frères, nommé Janvier, il fit tous ses efforts pour l'engager à sacrifier ; tantôt lui promettant des biens immenses, et tantôt en le menaçant des plus rigoureux supplices. Janvier répondit : « Tu me tousses à des folies ; la sagesse de mon Seigneur me garde et m'aide à triompher de tout. » Le préfet l'envoya en prison, près l'avoir fait fouetter.

Publius fit approcher Félix et le pressa de sacrifier.

« Nous n'adorons qu'un seul Dieu, à qui nous sacrifions. C'est en vain que tu t'efforces de nous faire renoncer à Jésus-Christ. Fais-nous battre, imagine des horreurs, notre foi n'en sera ni amoindrie ni changée. » Le préfet le fit emmener, et Philippe parut. Publius lui dit : « Notre invincible empereur Antonin-Auguste t'ordonne de sacrifier aux dieux tout-puissants. »

Philippe répondit : « Ils ne sont ni dieux, ni tout-puissants ; ce ne sont que des dieux de pacotille, des statues privées de sentiment. Si je sacrifiais, je mériterais un éternel malheur. »

On emmena Philippe, et Silvain prit sa place. Publius lui dit :

« Je vois que vous agissez de concert avec la plus méchante des femmes, dans la résolution que vous avez prise ensemble de désobéir à nos princes ; vous courez tous dans le même précipice. » Sylvain répondit: « Si nous avions la crainte d'une mort qui ne dure qu'un moment, nous deviendrions la proie d'une mort éternelle. Mais nous savons qu'il y a des récompenses pour les bons et dans l'enfer des supplices pour les méchants; nous n'obéissons pas à des ordres humains, mais aux lois de Dieu. Quiconque méprise tes idoles pour ne servir que le vrai Dieu vivra éternellement avec lui; mais le culte des démons te précipitera dans des feux éternels avec tes dieux. »

On l'emmena et on fit approcher Alexandre. « Jeune homme, lui dit Publius, prends pitié de toi-même, sauve une vie qui ne fait encore que commencer, si tu n'es pas rebelle et si tu obéis aux ordres de l'empereur, sacrifie, afin de devenir ami de César. »

— « Je sers Jésus-Christ. Je le confesse de bouche ; je le porte dans le coeur, et je l'adore sans cesse. Cet âge, qui te parait si tendre, aura toutes les vertus de l'âge le plus avancé, si je demeure fidèle à mon Dieu. Mais, pour tes dieux, puissent-ils périr avec tous ceux qui les adorent ! » On l'emmena.

Vital ayant été amené, Publius lui dit : « Toi, peut-être, aimeras-tu mieux vivre et ne pas mourir. » Vital répondit : « Qui est celui qui aime plus la vie : celui qui aime Dieu ou celui qui adore le démon? »

« — Et qui sont-ils, ces démons? » répliqua le préfet.

« — Ce sont les dieux des nations et ceux qui les adorent. » On l'emmena. Enfin, on fit entrer le septième frère appelé Martial : « Vous êtes les propres artisans de vos malheurs, puisque vous méprisez les ordres des princes.

— Ah ! Publius, répondit Martial, si tu savais quels tourments effroyables sont préparés à ceux qui adorent les démons! Mais Dieu diffère sa vengeance contre toi et ces idoles. Tous ceux qui ne confessent pas le Christ, vrai Dieu, iront au feu éternel.

On l'emmena, et Publius fit un rapport à l'empereur. Cependant, Antonin commit à différents juges le soin de faire exécuter la sentence de mort qu'il avait portée contre Félicité et contre ses sept fils. Il y eut un de ces juges qui fit assommer à coups de fouets garnis de plomb le premier de ces martyrs; un autre fit mourir le second et le troisième à coups de bâton; un autre fit précipiter le quatrième dans le Tibre ; un autre fit trancher la tête aux trois derniers ; un autre enfin fit endurer la même peine à la mère.



Note: L'interrogatoire semble emprunté aux registres du greffe. Certains traits sont d'une authenticité incontestable, en particulier l'emploi alternatif du singulier et du pluriel en parlant des empereurs. Or, en l'année 162, Marc-Aurèle et Verus régnaient ensemble, mais Marc était seul présent à Rome. De même l'expression Domini nostri est antérieure en date à l'époque antonine, l'emploi du mot rex s'appliquant à l'empereur, ce qui n'est que la traduction littérale de basileus; or, le grec était au IIe siècle la langue courante à Rome; le titre d'amicus Augusti, promis à l'un des enfants, le rôle des triumvirs capitales sont tout autant de traits qui justifient l'estime que l'on a fait de ces Actes et leur présence dans notre recueil.

RUINANT. Act. sinc. 20 ; — TILLEMONT, Mem., t. II; — DOULCET, Mémoire relatif à la date du martyre de sainte Félicité publié à la suite de son Essai sur les rapports de l'Egl. chr. et de l'Etat romain, p. 19. — BORGHESI, Oeuvres, VIII, p. 545 et suiv. — ALLARD, Hist. des perséc., I, 342-364. —AUBÉ, Histoire des persécutions, p. 449 et suiv. — DE ROSSI, Bullettino (1863), p. 10; (1874), p. 41, 51-56: — KÜNSTLE, Hagiographische Studien über die Passio Felicitatis cum VII filiis (1894) et Anal. BOll. (XII)1894.

Recueil de pièces authentiques sur les martyrs depuis
les origines du Christianisme jusqu'au XXe siècle
TRADUITES ET PUBLIÉES Par le R. P. Dom H. LECLERCQ
Moine bénédictin de Saint-Michel de Farnborough
TOME I
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