Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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Monique
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Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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PIE IX, PAPE.

CHER FILS, SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE

« Nous vous félicitons, très-cher fils, de votre zèle et de votre constant amour pour la Religion, qui vous ont poussé à publier un nouvel ouvrage au moyen duquel vous vous proposez, selon vos propres expressions, de rendre honneur au très-saint Cœur de Jésus, et de propager son culte parmi les fidèles. Nous ne doutons pas que ce dessein, déjà si louable par lui-même, ne soit très-agréable à ce divin Cœur, qui est notre refuge et notre consolation, et qui favorise d'un amour tout particulier ses adorateurs et les propagateurs de sa gloire. Quant à l'aimable pensée que vous avez eue de Nous offrir cet opuscule pour le quatre-vingtième anniversaire de Notre naissance Nous y trouvons un nouveau témoignage de votre grand attachement pour Nous; Nous y répondons par une affection et une tendresse égales, et Nous vous en remercions, de grand cœur.

« Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 18 mai 1872, en la vingt-sixième année de Notre Pontificat.

« PIE IX, Pape. »
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Monique
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Le but de ce petit opuscule est de populariser la connaissance et par conséquent l'amour et le culte du très-adorable et très-sacré Cœur de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je le sais, il est difficile de mettre à la portée de tout le monde les vérités de l'ordre mystique ; en d'autres termes, il est difficile et très-difficile d'initier les esprits simples et les enfants à ce qu'on pourrait appeler la moelle de nos mystères; mais il est si désirable que cela se réalise, que je ne crains pas de l'entreprendre en ce qui regarde le Sacré-Cœur de Jésus, comptant sur l'aide de la Sainte-Vierge, qui aime tant les petits, les humbles et les simples!


Si j'ai le bonheur d'atteindre mon but, ce petit livre pourra grandement servir à ces milliers de saints prêtres, de zélés missionnaire, de Religieuses ferventes, de bonnes et pieuses mères de famille qui cherchent par tous les moyens à faire connaître, servir et aimer véritablement autour d'eux le Dieu de leur cœur et le Cœur de leur Dieu. Nous vivons dans des temps où la piété a besoin plus que jamais d'être éclairée et forte, où la doctrine est nécessaire pour soutenir l'amour. Notre-Seigneur ayant présenté son Cœur pour être le refuge des âmes dans les épreuves des derniers temps, cet opuscule me semble entrer dans ses desseins miséricordieux, et c'est à ce titre que j'ose compter sur la bénédiction de Celui pour l'amour duquel je l'entreprends.

Bon nombre de petits chapitres qui le composent m'ont été inspirés par un excellent ouvrage d'un grand serviteur de Dieu dont nous aurons lieu de parler bientôt, le vénérable Père Eudes, l'un des prêtres les plus apostoliques du dix-septième siècle. Embrasé d'amour pour les Cœurs sacrés de Jésus et de Marie, il en dit des choses merveilleusement belles et saintes dans son traité du Cœur admirable de la Mère de Dieu. Ce livre est malheureusement oublié aujourd'hui, et il est presque impossible d'en retrouver quelque exemplaire.

Je n'indique pas les emprunts que je lui ai faits, parce que j'ai voulu me laisser la liberté de modifier d'abréger, d'expliquer certains passages. Donc, si ces petites méditations vous font du bien, mon très cher lecteur, c'est au bon Père Eudes que vous en serez souvent redevable.
LE SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS
PAR
Mgr DE SÉGUR
PARIS
LIBRAIRIE SAINT-JOSEPH
TOLRA, LIBRAIRE-ÉDITEUR
1889
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Monique
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Re: Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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Comment un bon fidèle peut sanctifier le mois du Sacré-Cœur.
L'usage de consacrer un mois entier à quelqu'une des grandes dévotions recommandées par l'Église ne saurait être trop religieusement observé. De tous les moyens d'honorer soit un mystère, soit la Sainte-Vierge, soit un Saint, c'est là bien certainement le plus simple, le plus pratique, le plus à la portée de tous. Ce petit exercice de piété qui, pendant un mois, revient chaque jour; cette pieuse lecture qui nous présente la même vérité sous toutes ses faces, imprègne l'âme peu à peu de la grâce du bon Dieu jusque dans ses profondeurs : c'est comme une pluie très douce et continue, qui pénètre la terre bien plus avant qu'une grosse pluie d'orage très abondante, mais passagère.

Ainsi, il est évident que l'admirable institution du mois de Marie a contribué très puissamment à développer dans le monde entier le culte et l'amour de la Sainte-Vierge. Il y a des paroisses, il y a des familles qui doivent au mois de Marie leur complète rénovation.

Outre le mois de mai, ainsi consacré à honorer la Très-Sainte Vierge, la piété a consacré le mois de janvier à honorer les mystères de la sainte enfance de Jésus ; le mois de mars, à honorer tout spécialement saint Joseph ; le mois de juillet, à vénérer les mystères du Précieux-Sang; le mois de novembre, à pratiquer la charité envers les pauvres âmes du Purgatoire ; enfin le mois de juin, à honorer plus particulièrement le très-saint et très-adorable Cœur de Jésus .

J'ose vous recommander, cher lecteur, de faire désormais le mois du Sacré-Cœur avec autant d'exactitude et de zèle que, le mois de Marie. La grâce du Sacré-Cœur est si excellente, si profondément sanctifiante, que vous, en retirerez très certainement de grands fruits de salut.

Si vous ne pouvez le célébrer en public, faites-le en famille, à un moment déterminé où tous les membres de la famille puissent être libres ; si vous ne pouvez le faire en famille, ne manquez pas du moins de le faire en votre particulier. Mais, je le répète, tâchez de pratiquer en commun cet excellent exercice de piété : quand on prie ensemble, on prie plus efficacement ; on se soutient et on s'édifie les uns les autres ; on s'oblige à l'exactitude, et tout en se faisant du bien à soi-même, on en fait aux autres. On pratique ainsi ia charité, en même temps que la piété, et l'on recueille le fruit de la promesse faite par Notre-Seigneur à ses disciples : « Lorsque a deux ou trois d'entre vous seront réunis en mon nom, moi-même je serai là au milieu a d'eux . »
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Voici donc ce que je vous conseillerais pour dignement célébrer le mois du Sacré-Cœur, si vous ne pouvez le faire à l'église.

Devant un crucifix, ou mieux encore, devant une statuette ou une image du Sacré-Cœur, arrangez une sorte de petit autel, avec quelques fleurs et quelques cierges. Gardez-vous de mépriser ces petites choses : elles ont une très-grande influence sur la piété, notre âme ayant presque toujours besoin du secours des sens pour s'appliquer aux choses de Dieu.

Si vous le pouvez, laissez allumée, pendant tout le mois, une petite veilleuse, devant la sainte image, en l'honneur du Cœur adorable de votre Sauveur. Puis chaque jour, très-fidèlement , à genoux, seul ou avec d'autres, faites votre petit exercice.

Plus il sera simple, mieux cela vaudra. Le modeste opuscule que je vous offre ici vous suffira peut-être.

Après vous être recueilli un instant, après avoir fait religieusement, saintement, le signe de la Croix, récitez les Litanies du Sacré-Cœur, que vous trouverez à la fin de ce petit livre. Quand on comprend le latin, il est bien préférable de réciter en latin ces sortes de prières : le latin est la langue sacrée de l'Église, et en outre il est incomparablement plus beau, plus profond que le français.

Puis lisez le petit chapitre de chaque jour, et consacrez trois ou quatre minutes à bien vous pénétrer de ce que vous aurez lu ; à ex citer en votre cœur des sentiments d'adoration, d'amour, de repentir; enfin, à prendre une ou deux bonnes résolutions.

Pour terminer ce petit exercice de piété, vous pourrez utilement réciter chaque jour à haute voix, les belles litanies du saint et immaculé Cœur de Marie, l'acte d'amende honorable, ainsi que l'acte de consécration, que vous trouverez également à la fin de cet opuscule. J'ai abrégé à dessein ces prières, afin que l'exercice quotidien puisse se faire consciencieusement en un petit quart d'heure.

N'oubliez pas que le vendredi est tout spécialement consacré au culte du Sacré-Cœur, d'après l'ordre formel que Notre-Seigneur en a donné lui-même, ainsi que nous le verrons bientôt, à sa grande servante, la Bienheureuse Marguerite-Marie, de la Visitation. Si cela se pouvait, vous ne pourriez rien faire de mieux que de communier,( spirituellement ndlr) chaque vendredi du mois, tout spécialement pour honorer le Sacré-Cœur.
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En honorant ainsi pieusement le Sacré-Cœur, vous entrerez pleinement dans les désirs du Souverain-Pontife, du Pasteur suprême des brebis et des agneaux de Jésus-Christ. « Nous ne désirons rien tant, disait-il tout récemment (1), Nous ne désirons rien tant que de voir les fidèles honorer, sous le symbole de son très-saint Cœur, la charité de Jésus-Christ dans sa Passion et dans l'institution de l'Eucharistie, faire chaque jour leurs délices de ces souvenirs et en renouveler sans cesse la mémoire. »

Vous y puiserez force et consolation; et en vous relevant, vous pourrez dire avec cette bonne petite ouvrière de Lyon, morte naguère en odeur de sainteté : « Je me suis consacrée au Cœur de Jésus. Je lui ai demandé asile et protection. Je lui ai dit qu'il serait toujours mon refuge. »

Je lui ai dit de tout mon cœur : « Mon bon Jésus, mon doux Consolateur, vous que mon cœur aime, et ne cessera jamais d'aimer, je vous abandonne ce pauvre cœur. Vous seul en êtes le Maître ; vous seul avez droit à son amour. Je me renferme dans le sanctuaire de votre Cœur adorable, et je ne veux jamais plus en sortir. Faites de moi tout ce que vous voudrez. Dans votre Cœur, je trouverai ma consolation ; en lui, je m'épancherai quand j'aurai trop de peines ; en lui, j'irai me cacher et me perdre tout entière. »

« Toutes mes pensées sont pour Jésus, pour son Cœur, pour son auguste Sacrement. »

Cette sainte jeune fille raconte naïvement que même en dormant elle ne sortait pas du Cœur de son Jésus. « Voici plus d'un an, écrivait-elle, que toutes les nuits, sans en excepter une seule, je rêve que je fais la sainte communion. »

Elle communiait tous les matins et menait une vie angélique. Dans sa dernière maladie, le désir du ciel l'absorbait tout entière. « J'ai envie de mourir, répétait-elle; j'ai le mal du pays. Jésus-Christ lui-même est le ciel des Anges et des Saints. 0 beau ciel! je ne vous désire pas encore assez ! » Elle mourut en prédestinée, âgée de 22 ans à peine (1).

(1) Bref de N. S. P. le Pape Pie IX, à Mgr l'Évêque de Nantes, en date du 27 septembre 1867.
(1) Extrait de : Mon cher petit cahier, journal d'une jeune ouvrière. 1 vol. in-12. Lyon, Josserand.
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Comment Notre-Seigneur Jésus-Christ
a révélé miraculeusement le mystère de son Sacré-Cœur
par la Bienheureuse Marguerite Marie.


La Bienheureuse Marguerite-Marie vécut en France au xviie siècle. Elle appartenait à une honorable famille de la magistrature de Bourgogne. Après avoir mené une jeunesse très-innocente et très-éprouvée par toutes sortes de peines, elle entra à la Visitation de Paray-le-Monial (diocèse d'Autun), à l'âge de 23 ans, en 1671, et y mourut très-saintement en 1690.

Ce fut donc notre France, la France catholique, qui a eu le bonheur d'inaugurer dans l'Église, avec la bénédiction souveraine de Rome, le culte public du Cœur de Jésus. C'est à la Bienheureuse Marguerite-Marie que revient l'honneur d'avoir été la cause immédiate de la fête qui réjouit aujourd'hui tous les fidèles. « Pour établir ce culte si pieux, si salutaire, si légitime, dit en effet Pie IX dans le décret de béatification, pour le répandre u loin parmi les hommes, c'est Marguerite-Marie que Notre-Seigneur a daigné choisir. »

Il l'a choisie au moyen d'admirables, de miraculeuses révélations, que l'Église a reconnues et qui respirent le pur amour de Dieu.

C'était en 1673. Il y avait deux ans qu'elle était Religieuse; et elle était consommée déjà en sainteté, en humilité, en charité, en toutes sortes de vertus. Un jour qu'elle était en adoration devant le Saint-Sacrement, toute joyeuse d'un loisir un peu plus considérable que lui avaient laissé ses occupations multipliées, la Bienheureuse se sentit comme investie de la présence de son Dieu, et cela si puissamment, qu'elle perdit le sentiment d'elle-même et de tout ce qui était autour d'elle. « Je m'abandonnai, dit-elle à ce divin Esprit, livrant mon cœur à la force de son amour. »

« Mon souverain Maître me fit reposer longtemps sur sa divine poitrine, où il me découvrit les merveilles de son amour et les secrets inénarrables de son Sacré-Cœur. Il m'ouvrit pour la première fois ce divin Cœur d'une manière si réelle, si sensible, qu'il ne me laissa aucun lieu de douter de la vérité de cette grâce. »

Jésus me dit : « Mon divin Coeur est si rempli d'amour pour les hommes et pour toi en particulier, ma fille, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen, et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir des trésors qu'il renferme. Je te découvre le prix de ces trésors : ils contiennent les grâces de sanctification et de salut nécessaires pour tirer le monde de l'abime de la perdition. Malgré ton indignité et ton ignorance, je t'ai choisie pour l'accomplissement de ce grand dessein, afin qu'il soit plus manifeste que c’est moi qui fais tout! »
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Après ces paroles, il me demanda mon cœur. Je le suppliai de le prendre; ce qu'il fit. Et il le mit dans son Cœur adorable, où il me le fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette ardente fournaise. Ensuite, l'en retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, il le remit là où il l'avait pris, en me disant :

« Voici ma bien-aimée, un précieux gage de mon amour; j'ai renfermé dans ton côté une petite étincelle des plus vives flammes de cet amour, pour te servir de cœur, et pour te consumer jusqu'au. dernier moment de ta vie. Ses ardeurs ne s'éteindront point.

Pour te laisser une marque que la grâce que je viens de te faire n'est point une imagination, et qu'elle doit être le fondement de toutes celles que je veux encore te faire, quoique j'aie refermé la plaie de ton côté, la douleur pourtant t'en restera toujours. Jusqu'à présent tu n'as pris que le nom de ma servante, je te donne à cette heure celui de Disciple bien ai-aimée de mon Sacré-Cœur ! »


La Bienheureuse Sœur ajoute :

« Cette faveur si grande aura un long espace de temps. Je ne savais si j'étais dans le ciel ou sur la terre. Pendant plusieurs jours, je demeurai comme tout enivrée, comme tout embrasée, et tellement hors de moi, que je ne pouvais en revenir pour dire une parole. Je ne pouvais dormir; car cette plaie, dont la douleur m'est précieuse, me causait de si vives ardeurs, qu'elle me consumait et me faisait brûler toute vive. Je me sentais une si grande plénitude de Dieu, que je ne pouvais l'exprimer à ma Supérieure comme je l'aurais voulu, malgré la peine et la confusion que je sens à dire de semblables faveurs.

Depuis ce jour, chaque premier vendredi du mois, le Sacré-Cœur de mon Jésus m'était représenté comme un soleil, brillant d'une éclatante lumière, et dont les rayons tout ardents donnaient à plomb sur mon cœur ; et alors je me sentais embrasée d'un feu si vif, qu'il me semblait qu'il allait me réduire en cendres.

C'était particulièrement dans ces moments-là que mon divin Maître me donnait ses leçons, et me découvrait les secrets de son adorable Cœur. »


Et nous aussi, malgré notre indignité, malgré nos misères, ou plutôt même à cause de ces misères, nous voulons nous tenir exposés aux rayons bienfaisants de votre très-saint Cœur, Seigneur Jésus, notre Sauveur! Nous voulons que ces flammes divines consument enfin notre tiédeur; nous voulons qu'elles nous purifient de tous, nos péchés !

O Jésus, rosée du ciel, flamme d'amour et source de la grâce, brûlez, purifiez et possédez tout mon cœur ! O divin Amour, grandissez et régnez en moi ; grandissez, régnez partout sur la terre, comme au Paradis des Bienheureux !
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Monique
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Re: Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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II
Deuxième révélation du Sacré-Cœur à la Bienheureuse Marguerite-Marie.

« Un jour, dit la Bienheureuse Sœur, un jour que le Saint-Sacrement était exposé, je me sentis retirée au dedans de moi-même par un recueillement extraordinaire de tous mes sens et de toutes mes puissances. Jésus, mon doux Maître, vint à moi tout éclatant de gloire, avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils. De cette sainte humanité sortaient des flammes de toutes; parts, mais surtout de cette adorable poitrine, qui ressemblait à une fournaise, laquelle, s'étant ouverte à mes regards, me découvrit son tout aimable Cœur, qui était la vive source de ces flammes.



« Et comme je lui remontrais mon impuissance, il me répondit ;

« Tiens, voici de quoi suppléer à tout ce qui te manque. »

Et en même temps son divin Cœur s'étant ouvert, il en sortit une flamme si ardente, que je pensais en être consumée. J'en fus toute pénétrée, et je ne la pouvais plus soutenir; je lui demandai d'avoir pitié de ma faiblesse :

« Je serai ta force me dit-il avec bonté ; ne crains rien. Mais sois attentive à ma voix et à ce que je te demande pour te disposer à l'accomplissement de mes desseins.

« Premièrement, tu me recevras dans la sainte Communion autant que l'obéissance te le permettra, quelque mortification et humiliation qu'il t'en doive arriver : ce sont là des gages de mon amour.




« Deuxièmement, tu communieras en outre tous les premiers vendredis de chaque mois.

Troisièmement, toutes les nuits du jeudi au vendredi, je te ferai participer à cette tristesse mortelle que j'ai bien voulu ressentir au jardin des Olives; et cette participation à ma tristesse te réduira à une espèce d'agonie, plus rude à supporter que la mort. Tu m'accompagneras dans cette humble prière que je présentai alors à mon Père parmi toutes mes angoisses; et pour cela, tu te lèveras entre onze heures et minuit, et tu demeureras prosternée avec moi pendant une heure la face contre terre, tant pour apaiser la colère divine en demandant miséricorde pour les pécheurs, que pour honorer et adoucir en quelque façon l'amertume que je sentis alors de l'abandon de mes Apôtres, ce qui m'obligea de leur reprocher qu'ils n'avaient pu veiller une heure avec moi. Pendant cette heure-là, tu feras ce que je t'enseignerai.»
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Re: Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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« Et Jésus ajouta :

« Mais écoute, ma fille ; ne crois pas légèrement à ton esprit, et ne t'y fie pas : Satan, furieux contre toi, cherche à te tromper. C'est pourquoi ne fais rien sans l'approbation de ceux qui te conduisent, afin que, te trouvant appuyée sur l'obéissance, il ne te puisse nuire; il n'a point de pouvoir sur les obéissants. »

« Pendant tout le temps que dura la céleste vision, je ne savais plus où j'en étais. Quand elle fut finie, j'étais tout hors de moi, toute brûlante et tremblante. Je ne pouvais ni me soutenir ni parler. »

A la suite de cette apparition sacrée, la douleur que ressentait continuellement la Bienheureuse Sœur fut si vive, le feu d'amour qui l'embrasait fut si violent, que, ne pouvant plus le porter, elle en tomba malade et faillit mourir.

« Le feu qui me dévorait, dit-elle, me jeta dans une grosse fièvre continue ; mais j'avais trop de joie de souffrir pour m'en plaindre. Je n'en parlai point, jusqu'à ce que les forces me manquèrent. La fièvre dura plus de soixante jours. Jamais je n'ai senti tant de consolation; car tout mon corps souffrait d'extrêmes douleurs, et cela soulageait un peu l'ardente soif que j'avais de souffrir, ce feu divin ne se nourrissant que du bois de la croix, c'est-à-dire de toutes sortes de souffrances, mépris, humiliations et douleurs. Tout le monde croyait que j'en mourrais. »

Au lieu de mourir, elle guérit subitement et surnaturellement, ses Supérieures lui ayant demandé ce signe de la réalité de la vision dont elle avait dû leur faire part, en vertu de la sainte obéissance. Ce fut par là Sainte-Vierge que Notre-Seigneur lui rendit ainsi miraculeusement la santé ou plutôt la vie. La Mère de Dieu daigna lui apparaître ; elle la bénit, la consola longuement ; Sœur Marguerite-Marie put se lever, sortir de l'infirmerie et reprendre les exercices de sa règle. Toute la Communauté vit avec stupéfaction marcher librement celle qui, quelques heures auparavant, semblait avoir à peine un souffle de vie.

La révélation du mystère du Sacré-Cœur reçut ainsi dès l'origine le sceau divin de la certitude, le sceau du miracle.

Avec quelle foi profonde et avec quel amour ne devons-nous donc pas honorer, invoquer et adorer le divin Cœur de Jésus !
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Re: Mgr de Ségur et le Sacré-Coeur de Jésus

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III
Troisième révélation du Cœur de Jésus.


Cependant Sœur Marguerite-Marie reçut, au sujet du Sacré-Cœur, une nouvelle grâce, plus importante encore.

C'était pendant l'octave de la fête du Saint-Sacrement. La Bienheureuse était en adoration dans la chapelle du monastère. Elle se sentait pressée extraordinairement de rendre à son Sauveur amour pour amour. Ravie hors d'elle-même, elle vit Jésus qui lui dé couvrait son divin Cœur.

« Voici, lui dit-il voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné, jusqu'à s'épuiser et se consumer, pour leur témoigner son amour.

Pour toute reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par les mépris, les irrévérences, les sacrilèges et la froideur qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour.
Mais ce qui m'est encore plus sensible, c'est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui me traitent ainsi.

C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à faire une fête particulière pour honorer mon Cœur, en lui faisant réparation par une Amende honorable, en communiant ce jour-là pour réparer les indignes traitements qu'il a reçus pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels. Je te promets que mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son divin amour sur ceux qui lui rendront cet honneur et qui s'emploieront à le lui faire rendre. »


« Mais, mon doux Seigneur, lui répartit Sœur Marguerite toute confuse, à qui vous adressez-vous? à une créature si chétive, à une pécheresse si misérable, que son indignité serait capable d'empêcher l'accomplissement de votre dessein?

« Hé quoi, lui répondit le divin Maître, ne sais-tu pas que je me sers des sujets les plus faibles pour confondre les forts, et que c'est ordinairement sur les petits et pauvres d'esprit que je fais voir ma puissance, avec plus d'éclat, afin qu'ils ne s'attribuent rien à eux- mêmes ? »

« Alors, dit la Bienheureuse, donnez-moi le moyen de faire ce que vous commandez. »

Et Jésus ajouta : « Adresse-toi à mon « serviteur (c'était le Père de la Colombière, directeur de Sœur Marguerite-Marie, très saint Religieux de la Compagnie de Jésus), et dis-lui de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion, et de donner cette joie à mon Cœur. »
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