5.
« Après l’interprétation des lettres, on peut noter ceci quant au sens de leur agencement.
Aleph, Beth, Gimel, Daleth offrent une première connexion : doctrine maison, plénitude des tables : ce qui donne la doctrine de l’Eglise, qui est la maison de Dieu, se trouve en la plénitude des livres divins.
La seconde connexion est He, Vau, Zain, Heth : celle-ci et cette vie. Car quelle peut être l’autre vie sans la science des Ecritures : par lesquelles est aussi connu le Christ, qui est la vie des croyants ?
La troisième connexion est Teth, Jód : bien principe : car bien que nous ayons connaissance dès maintenant de tout ce qui est écrit, toutefois nous ne connaissons et prédisons qu’en partie, et ne voyons à présent que comme en un miroir de façon énigmatique. Tandis que lorsque nous aurons mérité d’être avec le Christ, et serons devenus semblables aux anges, alors la doctrine des livres cessera.
La quatrième connexion est Caph, Lamed, main du coeur ou de la discipline. La main donne entendre ce qui est opéré, le coeur et la discipline ce qui est compris, car nous ne pouvons rien faire sans savoir d’abord ce qui est à faire.
La cinquième connexion est Mem, Nun, Samech, de celles-ci toujours aide. Ce qui n’a pas besoin d’être expliqué, car il est très clair qu’en tout les Ecritures apportent de l’aide perpétuellement.
La sixième connexion est Ain, Phe, Sade : source ou oeil de la bouche de la justice, dans le sens de ce qui est exposé en la troisième.
La septième connexion, qui est la dernière, puisque le nombre septenaire est aussi celui de l’intelligence mystique, est Coph, Res, Sin, Thau, appel ou vocation de la tête des dents signes. C’est par les dents que le son de la voix s’articule, et par les signes que l’on va vers la Tête de tous, qui est le Christ, par lequel on parvient au règne éternel.
Nous insérons ceci pour instruire le lecteur, afin qu’il sache que ce n’est pas au hasard que le Prophète a énoncé cela selon la série des lettres (de l’alphabet) : et que tout ce qui est écrit se rapporte aux mystères du Christ et de l’Eglise. Car ces lamentations n’ont pas été faites seulement sur la dévastation de Jérusalem et la captivité du peuple Juif, mais aussi sur la mort du roi Josias .. (II Paralip. 35,24s) ..
Nous exposons donc d’abord selon le sens historique, puis allégorique en lieux opportuns ..
Nous avons donc beaucoup plus de raisons de nous lamenter à présent, que le Prophète alors : bien que non sur de multiples villes, sur le peuple entier de Síon, mais sur l’âme humaine de Chrétiens de multiples nations, plus noble et précieuse que de multiples villes. Car un serviteur qui fait la volonté de Dieu, vaut mieux qu’une multitude d’iniques.
L’âme autrefois fidèle, en laquelle Dieu habitait, valait mieux que les multitudes des Juifs : qui, ingrats envers les bienfaits de Dieu, agissaient toujours à l’opposé.»
(Saint Jérôme, Intr. 2e Com. in Lament.)
Ce commentaire portera donc à la fois sur les sens historiques et spirituels, les deux principaux se rapportant ici au double sens littéral,
« spiritualiter vero, etiam ad litteram », scripsit le grand Saint Jérôme, le
Doctor maximus (Or. 30/9) pour ce qui a trait à la Sainte Ecriture.
6. Les sens historiques seront développés en la triple optique des trois dévastations de Jérusalem et de ses deux Temples successifs, non seulement en la personne du Prophète Jérémie, mais encore en celles du Grand-Prêtre Mathathias et de ses fils, les très célèbres Machabées, et des Juifs contemporains du temps du premier Avènement du Messie tant attendu, le Christ-Jésus.
7. Les sens spirituels seront développés à la fois en l’optique allégorique se rapportant à la Sainte Eglise, et tropologique ou morale concernant l’âme ici blessée par le péché, les démons et les pécheurs ; éprouvée ici-bas, purifiée en Purgatoire ou damnée et châtiée en Enfer.
Sens allégorique se rapportant à la Sainte Eglise, principalement en la Personne divine de sa Tête, le divin Sauveur, mais aussi en celle de son Corps Mystique tant comme personne morale en général, qu’en particulier en celles de ses membres, les Chrétiens, et tout spécialement ici à Notre Dame des Sept Douleurs.