Se passer des sacrements

doue_ha_mem_bro
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Se passer des sacrements

Message par doue_ha_mem_bro »

Question de Bénédicte LIOGER à Monsieur l'Abbé Zins (à propos de votre dernière vidéo youtube du 13 octobre 2023)

Monsieur l’Abbé, comment l’assistance à une messe St Pie V peut-elle être assimilée à l’assistance à un culte a-catholique ??? Si un prêtre catholique a, comme cela peut se présumer du fait qu’il célèbre une messe dans le rite traditionnel, l’intention de faire ce que veut l’Église, utilise la bonne matière et prononce la bonne forme de consécration, la consécration n’est-elle pas valide ? N’en est-il pas de même pour les autres sacrements ?

Et si l’on objecte que, lorsque le prêtre ne professe pas intégralement la foi catholique, il n'est pas licite d'assister à sa messe, à quelle messe pourra-t-on assister ? Je ne connais pas de prêtre qui remplisse ces conditions. Beaucoup professent des erreurs en croyant défendre la vérité. Si l’on remet en cause les sacrements dispensés par le clergé catholique en raison de telle ou telle erreur professée, plus aucun sacrement n’est conféré validement, et cela depuis bien longtemps.

Mais l’Église catholique ne nous enseigne-t-elle pas : d’une part que les prêtres, à la différence du pape, ne sont pas infaillibles ; et d’autre part qu’ils agissent in Persona Christi, et non en leur propre nom, et que c’est Jésus-Christ qui consacre et pardonne ? N’est-ce pas Jésus-Christ qui confère tous les sacrements, lesquels sont efficaces ex opere operato et non pas ex opere operantis ? On ne communie pas au prêtre, ni à ses erreurs éventuelles, mais à Notre Seigneur Jésus-Christ qui a promis d’être réellement et substantiellement présent chaque fois que le prêtre prononce les paroles qu’il a ordonné de prononcer. Ne commet-on pas une faute contre la foi en ne voyant pas dans le prêtre la Personne de Jésus-Christ ou en ne considérant pas que le prêtre (à la différence du pape) est faillible sans être pour autant excommunié ?

A-t-on le droit de mettre en péril notre salut en se privant de sacrements alors même qu’on participe à un culte objectivement catholique ? Un mourant n’a-t-il pas le droit de recourir à n’importe quel prêtre, même excommunié, pour recevoir la grâce sacramentelle de l’extrême onction ? N’en est-il pas de même quand on est en péril de mort spirituelle ? Qui peut sans témérité espérer persévérer dans l’état de grâce et obtenir la récompense céleste sans le secours des mérites de Jésus-Christ et de la grâce sacramentelle. Qui peut prétendre avoir une contrition suffisante, obtenir tous les fruits d’une communion spirituelle et rester fidèle jusqu’au bout ?

Je manque de temps pour argumenter plus longuement et avec toute la précision requise en la matière, mais cette question est trop importante pour en rester là. Je me demande vraiment de quel côté est le défaut de foi catholique, d’espérance et de charité. Il est grave d’induire en erreur les fidèles et de mettre en péril leur salut en les éloignant des sacrements.
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Abbé Zins
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Re: Se passer des sacrements

Message par Abbé Zins »

doue_ha_mem_bro a écrit : sam. 14 oct. 2023 18:40 Question de Bénédicte LIOGER à Monsieur l'Abbé Zins (à propos de votre dernière vidéo youtube du 13 octobre 2023)

Monsieur l’Abbé, comment l’assistance à une messe St Pie V peut-elle être assimilée à l’assistance à un culte a-catholique ??? Si un prêtre catholique a, comme cela peut se présumer du fait qu’il célèbre une messe dans le rite traditionnel, l’intention de faire ce que veut l’Église, utilise la bonne matière et prononce la bonne forme de consécration, la consécration n’est-elle pas valide ? N’en est-il pas de même pour les autres sacrements ?

Et si l’on objecte que, lorsque le prêtre ne professe pas intégralement la foi catholique, il n'est pas licite d'assister à sa messe, à quelle messe pourra-t-on assister ? Je ne connais pas de prêtre qui remplisse ces conditions. Beaucoup professent des erreurs en croyant défendre la vérité. Si l’on remet en cause les sacrements dispensés par le clergé catholique en raison de telle ou telle erreur professée, plus aucun sacrement n’est conféré validement, et cela depuis bien longtemps.

Mais l’Église catholique ne nous enseigne-t-elle pas : d’une part que les prêtres, à la différence du pape, ne sont pas infaillibles ; et d’autre part qu’ils agissent in Persona Christi, et non en leur propre nom, et que c’est Jésus-Christ qui consacre et pardonne ? N’est-ce pas Jésus-Christ qui confère tous les sacrements, lesquels sont efficaces ex opere operato et non pas ex opere operantis ? On ne communie pas au prêtre, ni à ses erreurs éventuelles, mais à Notre Seigneur Jésus-Christ qui a promis d’être réellement et substantiellement présent chaque fois que le prêtre prononce les paroles qu’il a ordonné de prononcer. Ne commet-on pas une faute contre la foi en ne voyant pas dans le prêtre la Personne de Jésus-Christ ou en ne considérant pas que le prêtre (à la différence du pape) est faillible sans être pour autant excommunié ?

A-t-on le droit de mettre en péril notre salut en se privant de sacrements alors même qu’on participe à un culte objectivement catholique ? Un mourant n’a-t-il pas le droit de recourir à n’importe quel prêtre, même excommunié, pour recevoir la grâce sacramentelle de l’extrême onction ? N’en est-il pas de même quand on est en péril de mort spirituelle ? Qui peut sans témérité espérer persévérer dans l’état de grâce et obtenir la récompense céleste sans le secours des mérites de Jésus-Christ et de la grâce sacramentelle. Qui peut prétendre avoir une contrition suffisante, obtenir tous les fruits d’une communion spirituelle et rester fidèle jusqu’au bout ?

Je manque de temps pour argumenter plus longuement et avec toute la précision requise en la matière, mais cette question est trop importante pour en rester là. Je me demande vraiment de quel côté est le défaut de foi catholique, d’espérance et de charité. Il est grave d’induire en erreur les fidèles et de mettre en péril leur salut en les éloignant des sacrements.

Merci pour cet exposé au ton sincère et franc.

A la fois vous mélangez fortement en pratique tout en les distinguant en théorie, les notions de validité et de licéité. Quelqu’un assistant à une Messe valide et y communiant en connaissance de cause en état de péché mortel, reçoit véritablement Notre Seigneur en la Sainte Hostie, mais fait un sacrilège, que Saint Louis-Marie de Montfort en l’un de ses cantiques stigmatise comme étant le baiser de Judas.

De même la « communicatio in sacris cum acatholicis » est en soi la matière grave d’un péché contre l’unité de l’Eglise. De même qu’un prêtre sans juridiction donne de soi invalidement une absolution.

Le fond de la question est ceci :

qu’est-ce qui doit passer avant :

la confession de la Foi, ou la réception des Sacrements ?



Essayez d’aller assister à une Messe célébrée en un centre de la FSSPX, puis de parler ouvertement à la sortie du fait que F° n’étant pas Catholique ne saurait être vraiment “pape”. Et dites-moi si vous y serez tolérée longtemps et pas rapidement prier de ne plus y venir.

Un général venant de découvrir mes travaux, de s’abonner à ma revue, et commençant à comprendre ce qui se passait tout en continuant à aller à un centre de Messe des FSSPX près de chez lui, en sa simplicité qui s’est avérée naïve en l’occurrence, passa à une sortie de Messe un de mes articles à un monsieur avec lequel il sympathisait. Quelle surprise n’eût-il pas, le dimanche suivant, de s’entendre publiquement nommé au prône par le desservant comme ayant fait quelque chose de gravement inqualifiable. Ceci, sans aucune remarque ou aucun avertissement préalable. Non habitué à une telle humiliation publique et sans doute aussi meurtri par une telle résistance à la réalité et la vérité, il en fut très affecté, et mourut quelques mois plus tard d’un cancer.

Cela ne démontre-t-il pas explicitement que ceux qui savent à quoi s’en tenir et vont malgré tout en de tels centres “achètent” implicitement par leur silence en matière de foi les sacrements qu’ils reçoivent ?

Le contraire est comme la trame de toute ma vie : ayant déduit à juste titre, de paroles de notre supérieur revenant à énoncer qu’on était devant 2 + 2, qu’il en découlait = 4, cela m’a valu d’être mis à la rue 4 mois avant l’ordination. C’est aussi ce qui m’a permis de pouvoir librement continuer à confesser ouvertement la Foi et la Vérité depuis près de 45 ans.

Et pourquoi pensez-vous que nombre de mes confrères qui pensaient de même, se sont tus depuis tant d’années ? Sinon pour avoir fait passer l’ordination avant la confession publique de la Foi.

Et depuis, les pauvres doivent vivre de schizophrénie pour énoncer à l’extérieur une doctrine et pratique entre-deux-chaises à l’encontre de leur conviction intérieure. Ludovic m’en a encore rapporté un exemple patent, tandis que, commençant à se poser des questions et à en poser à de pareils abbés, il les fréquentait encore.

La Messe célébrée selon le rite catholique romain (seulement codifié par Saint Pie V) par les hérético-schismatiques “vieux catholiques”, pour autant qu’ils aient été validement ordonnés, était pareillement valide. De même que depuis des siècles celle des schismatiques orientaux auto-proclamés “orthodoxes”.

Vous précisez avec franchise : « Je ne connais pas de prêtre qui remplisse ces conditions. Beaucoup professent des erreurs en croyant défendre la vérité.».

Là encore, c’est le for externe objectif qui prévaut sur l’éventuel for interne subjectif. Il y a certainement aussi des schismatiques, nés dans le schisme, qui y demeurent au moins tout un temps de bonne foi.

Il ne semble guère vraisemblable néanmoins que ces abbés ‘tradis” en sachent moins que vous ou moi. Ne sauraient-ils par exemple pas qu’organiser une adoration d’idoles dans les jardins du Vatican n’est pas catholique, ni même chrétien ? Qu’accueillir ces mêmes idoles pour une procession solennelle en la basilique Saint-Pierre de Rome est le sens le plus littéral de réalisation de l’abomination dans le Lieu Saint ?

Pourquoi pensez-vous qu’ils vont fouiller dans les écrits des hérétiques et schismatiques, repris en partie par les anti-infailliblistes et futurs “vieux-catholiques”, pour tenter de montrer qu’il y aurait eu de légitimes Papes qui n’auraient pas été catholiques ?

Croyez-vous qu’on ne mette pas “en péril son salut”, pour reprendre votre expression, en fréquentant ceux qui s’écartent en maints points (55 relevés en mon “Petit Catalogue” réfutant les contradictions des FSSPX d’avec la doctrine catholique) de la doctrine de l’Eglise, et soutiennent plusieurs assertions déjà condamnées par Elle chez les jansénistes ?

Mais le problème que vous soulevez serait celui de leur éventuelle bonne foi, bien qu’on leur ait mis sous les yeux depuis longtemps leurs oppositions avec la doctrine de l’Eglise. Or, encore une fois, c’est le for externe objectif qui prévaut sur l’éventuel for interne subjectif seulement erroné. Et il était du devoir d’un Prêtre Catholique de refuser l’absolution et la communion à ceux adhérant publiquement à de telles communautés.

Puisque vous semblez avoir écouté et pas seulement survolé la vidéo publiée le 13 octobre 2023 (mais enregistrée fin 2021), vous avez dû y entendre, mais peut-être n’avoir pas retenu, l'évocation des situations bien moins avantageuses que la nôtre des âmes ayant vécu durant l’Ancien Testament, ou en des périodes de persécution intense.

Il convient aussi de méditer profondément la prière du Prophète Daniel, dont une partie est citée en l’introït de ce XXe Dimanche après la Pentecôte.

Pour mieux saisir que ce ne sont pas là des vues personnelles mais des réalités et vérités exposées par la doctrine de l’Eglise, vous pourrez vous reporter à ces prescriptions données par le Pape Pie VI.

Une question semblable a été approfondie dans le fil intitulé : Se passer des sacrements : le pas le plus difficile à passer de peur de se tromper.


Il ne m’échappe nullement, pour y être passé avant vous, par quel terrible moment vous font passer de telles prises de conscience et constatations ; pas non plus que « Veritas liberabit vos » (Jean 8,32). Que l’Esprit-Saint daigne vous éclairer et fortifier.



N.B. : “doue_ha_mem_bro” pourrait-il dire de ma part à “Arthur De la Baure” ceci :

Un grave contresens en une traduction est malheureusement régulièrement répandu et repris. Il ne faut pas confondre la « libertas religionis », liberté de la religion (la seule vraie) que le Pape Grégoire IX évoque en sa lettre au Roi Saint Louis, avec la pseudo “libertas religiosa” (“liberté religieuse”), et en fait licence irréligieuse, du brigandage de V 2. En citant ce contresens de traduction, on fait non seulement dire au Pape Grégoire IX tout autre chose que ce qu’il a écrit, mais on favorise indirectement ceux qui veulent faire croire que la pseudo “libertas religiosa” (“liberté religieuse”) serait enseignée depuis longtemps par l’Eglise, alors qu’elle a été notamment déclarée contraire aux Saintes Ecritures par le Pape Pie IX.
doue_ha_mem_bro
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Re: Se passer des sacrements

Message par doue_ha_mem_bro »

Les 2 messages ont bien été transmis.

Au plaisir de vous rencontrez !

En Union de prière !
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Abbé Zins
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Re: Se passer des sacrements

Message par Abbé Zins »


“doue_ha_mem_bro” pourrait-il dire de ma part à Bénédicte Lioger,

qu’elle utilise une traduction fortement erronée du canon 188,4,

et la renvoyer à ceci :

Significative traduction erronée du Canon 188,4 :


En voici l’essentiel :



Citons d'abord ce canon en sa teneur exacte :

« Par tacite renonciation admise par le droit lui-même,

tout office devient vacant ipso facto et sans aucune déclaration,

si le clerc : .. 4° défaille publiquement de la Foi Catholique.»


Ce

4° A fide catholica publice defecerit,

est ainsi traduit par Maître Albert :

« Si un clerc apostasie publiquement de la foi catholique.».

(....)

Signalons d'abord à Maître Albert, et à tous à travers lui,

la significative comparaison entre

le

« a fide catholica publice defecerit »

du canon 188,4

et la définition de l'apostat donnée par le canon 1325,2 :

« si a fide christiana totaliter recedit, apostata ».

(....)

N'est-il point patent que les explications de l'abbé Ceriani

transforment le publice defecerit en totaliter recedit,

et déplacent plus précisément le cas de

a fide catholica publice defecerit

à celui de

rompt tout lien avec la religion catholique,


tandis que la traduction albertine fait passer du

a fide catholica

au

a fide christiana ?


Rappelons pareillement à l'abbé Cériani la définition de l'hérétique donnée dans le même canon 1325,2 :

« Post receptum baptismum si quis,

nomen retinens christianum,

pertinaciter aliquam ex veritatibus fide divina et catholica

credendis denegat aut de ea dubitat, haereticus »
.


Ne doit-il pas reconnaître honnêtement et justement que

c'est bien de cela dont il est question dans le canon 188,4,

et non de soi de l'apostasie, pour laquelle il est a fortiori applicable !?


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Abbé Zins
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Re: Se passer des sacrements

Message par Abbé Zins »


“doue_ha_mem_bro” pourrait-il indiquer de ma part à “Arthur De la Baure” la teneur de la démonstration suivante :

Fausse traduction et contre-sens sur Pastor Aeternus

Cela devrait lui être utile à l'encontre de ceux qui ont inventé ou répètent de façon erronée la fausse "4e condition" pour l'infaillibilité pontificale. Merci.
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