Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Message par Veni de Libano »

Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
91. "Certes, dit l'abbé Blosius, ce Rosaire, avec les méditations de la vie et de la passion, est très agréable à Jésus-Christ et à la sainte Vierge et très efficace pour obtenir toutes choses ; nous le pouvons dire tant pour nous que pour ceux qui nous sont recommandés et pour toute l'Eglise. Recourons donc à la dévotion du saint Rosaire dans toutes nos nécessités, et nous obtiendrons infailliblement ce que nous demanderons à Dieu pour notre salut".

Rose 29

92. Il n'est rien de plus divin, selon la pensée de saint Denis, rien de plus noble ni de plus agréable à Dieu, que de coopérer au salut des âmes et de renverser les machines du démon qui tâche de les perdre. C'est le motif qui a fait descendre le Fils de Dieu en terre. Il avait ruiné l'empire de Satan par la fondation de l'Eglise, mais ce tyran avait repris ses forces et exercé une cruelle violence sur les âmes des Albigeois, par les haines, les dissensions et par les vices abominables qu'il faisait régner dans le monde dans le onzième siècle. Quel remède à ces grands désordres, comment abattre les forces de Satan ? La sainte Vierge, protectrice de l'Eglise, n'a point donné de moyen plus efficace pour apaiser la colère de son Fils, pour extirper l'hérésie et réformer les moeurs des chrétiens que la confrérie du saint Rosaire, comme l'effet l'a vérifié. Il a renouvelé la charité, la fréquentation des sacrements des premiers siècles d'or de l'Eglise, réformé les moeurs des chrétiens.

93. Le pape Léon X dit en sa bulle que cette confrérie a été fondée en l'honneur de Dieu et de la sainte Vierge comme un mur pour arrêter les malheurs qui allaient fondre sur l'Eglise. Grégoire XIII dit que le Rosaire a été donné du ciel comme un moyen pour apaiser la colère de Dieu et implorer l'intercession de la sainte Vierge. Jules III dit que le Rosaire a été inspiré pour nous ouvrir plus facilement le ciel, par les faveurs de la sainte Vierge. Paul III et le bienheureux Pie V déclarent que le Rosaire a été établi et donné aux fidèles pour se procurer plus efficacement le repos et la consolation spirituelle. Qui négligera d'entrer en une confrérie instituée pour des fins aussi nobles ?

94. Le Père Dominique, chartreux, fort dévot au Rosaire, vit un jour le ciel ouvert et toute la cour céleste rangée en un ordre admirable et entendit chanter le Rosaire, d'une mélodie ravissante, honorant à chaque dizaine un mystère de la vie, de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de la sainte Vierge. Et il remarqua que quand ils prononçaient le sacré nom de Marie, ils faisaient tous une inclination de la tête, et à celui de Jésus, ils faisaient tous une génuflexion et rendaient grâces à Dieu des grands biens qu'il a faits au ciel et en la terre par le saint Rosaire. Il vit aussi la sainte Vierge et les saints présenter à Dieu les Rosaires que les confrères récitent en terre, et prient pour ceux qui pratiquent cette dévotion ; il vit encore d'innombrables couronnes, de très belles et odoriférantes fleurs, préparées pour ceux qui récitent dévotement le saint Rosaire, et qu'autant de fois qu'ils le récitent ils se font une couronne dont ils seront parés au ciel. La vision de ce dévot chartreux est conforme à la vision qu'eut le disciple bien-aimé, dans laquelle il vit une multitude innombrable d'anges et des saints, qui louaient et bénissaient Jésus-Christ pour tout ce qu'il a fait et souffert dans ce monde pour notre salut; n'est-ce pas ce que font les dévots confrères du Rosaire ?

95. Il ne faut pas s'imaginer que le Rosaire soit seulement pour les femmes, et les petits et les ignorants; il est aussi pour les hommes, et les plus grands hommes. D'abord que saint Dominique eut rendu compte au pape Innocent III de l'ordre qu'il avait reçu du ciel, d'établir cette sainte confrérie, le Saint-Père l'approuva, exhorta saint Dominique à le prêcher et il voulut y être associé. Les cardinaux mêmes l'embrassèrent avec une grande ferveur, en sorte que Lopez avance ces paroles : "Nullum sexum, nullam aetatem, nullam conditionem ab oratione rosarii subtraxit se". Ainsi on remarque, dans cette confrérie, toutes sortes de personnes: des ducs, des princes, des rois, aussi bien que des prélats, des cardinaux, souverains pontifes, dont le dénombrement serait trop long pour cet abrégé; et vous mettant, cher lecteur, en cette confrérie, vous aurez part à leur dévotion et leurs grâces sur la terre et à leur gloire dans le ciel. "Cum quibus consortium vobis erit devotionis, erit et communio dignitatis".
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 30

96. Si les privilèges, les grâces et les indulgences rendent une confrérie recommandable, on peut dire que celle du Rosaire est la plus recommandable de l'Eglise, puisqu'elle est la plus favorisée et enrichie d'indulgences, et il n'y a presque point de papes depuis son institution qui n'aient ouvert les trésors de l'Eglise pour la gratifier ; et comme l'exemple persuade mieux que les paroles et les bienfaits, les Saints Pères n'ont pu mieux marquer l'estime qu'ils faisaient de cette sainte confrérie qu'en s'y associant eux-mêmes. Voici un petit abrégé des indulgences que les Souverains Pontifes ont entièrement accordées à la confrérie du Saint Rosaire, confirmées de nouveau par notre Saint-Père le pape Innocent 11e le 31 juillet 1679, reçues et permises d'être publiées par monseigneur l'archevêque de Paris le 25 septembre de la même année :

1 - Pour le jour de l'entrée dans la confrérie: indulgence plénière ;
2 - Pour l'article de la mort: indulgence plénière ;
3 - Pour chacun des trois chapelets du Rosaire récités: dix ans et dix quarantaines d'indulgences ;
4 - Pour chaque fois qu'ils prononceront dévotement les saints noms de Jésus et de Marie; sept jours d'indulgences ;
5 - Pour ceux qui assisteront dévotement à la procession du saint Rosaire: sept ans et sept quarantaines d'indulgences ;
6 - A ceux qui, vraiment pénitents et confessés, visiteront la chapelle du Rosaire dans l'église où elle est établie, les premiers dimanches de chaque mois et les fêtes de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge : indulgence plénière ;
7 - A ceux qui assistent au Salve Regina: cent jours d'indulgence ;
8 - A ceux qui dévotement et pour montrer exemple portent ouvertement le saint Rosaire ; cent jours d'indulgences ;
9 - Aux confrères malades, qui ne pourront venir à l'église, étant confessés et communiés, réciteront le jour le saint Rosaire ou du moins le chapelet : indulgence plénière au jour marqué pour la gagner ;
10 - Les Saints-Pères, par une grande libéralité envers les confrères du saint Rosaire, leur ont donné la faculté de gagner les indulgences des stations de Rome, visitant cinq autels, en recitant devant chacun cinq fois le Pater et l'Ave, pour l'heureux état de l'Eglise. S'il n'y a qu'un autel ou deux dans cette église, où est le Rosaire établi, ils réciteront 25 fois le Pater et l'Ave devant cet autel.

97. Grande faveur pour les confrères du saint Rosaire, parce que dans les églises des stations de Rome, il y a des indulgences plénières, des délivrances d'âmes du purgatoire et plusieurs autres grandes rémissions que les confrères peuvent gagner sans peine, sans frais, sans sortir de leurs pays; et même, si la confrérie n'est pas établie dans le lieu où demeurent les confrères, ils gagneront lesdites indulgences, visitant cinq autels de quelque église que ce soit, par la concession de Léon dixième. Voici les jours auxquels ils les peuvent gagner, déterminés et fixés, pour ceux qui sont hors la ville de Rome, par un décret de la Sacrée Congrégation établie pour les indulgences, approuvé par notre Saint-Père le 7 mars 1678, qui a ordonné qu'il sera inviolablement observé: Tous les dimanches de l'Avent ; les trois jours des Quatre-Temps ; la vigile de Noël, aux messes de minuit, de l'aurore et du jour ; les fêtes de saint Etienne, de saint Jean l'Evangéliste, et des Innocents, de la Circoncision et des Rois ; les dimanches de la Septuagésime, Sexagésime, Quinquagésime et, depuis le jour des Cendres, tous les jours, jusqu'au dimanche de la Quasimodo inclusivement ; les trois jours des Rogations; le jour de l'Ascension; la vigile de la Pentecôte, et tous les jours de l'octave et les trois jours de Quatre-Temps de septembre. Cher confrère du Rosaire, il y a un grand nombre d'autres indulgences. Si vous les voulez voir, lisez le sommaire des indulgences accordées aux confrères du Rosaire. Vous y verrez les noms des papes, l'année et plusieurs autres particularités que cet abrégé ne souffre pas.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
QUATRIEME DIZAINE

L'excellence du saint Rosaire dans les merveilles que Dieu a opérées en sa faveur.

Rose 31

98. Saint Dominique étant allé visiter sainte Blanche, reine de France, qui, depuis 12 ans qu'elle était mariée, n'avait point eu d'enfants, et donc elle était fort affligée, lui conseilla de dire son Rosaire tous les jours, pour obtenir cette grâce du diel, ce qu'elle fit, et elle accoucha, l'an 1213, de son aîné qui fut appelé Philippe. Mais la mort l'ayant ravi en son berceau, la dévote reine eut plus que jamais recours à la sainte Vierge et elle fit distribuer quantité de Rosaires à toute la cour et dans plusieurs villes du royaume, afin que Dieu la comblât d'une entière bénédiction. Ce qui arriva ainsi, car l'an 1215 saint Louis vint au monde, la gloire de la France et le modèle des rois chrétiens.

99. Alphonse huitième, roi d'Aragon et de Castille, fut, à cause de ses péchés, châtié de Dieu en plusieurs manières et il fut contraint de se retirer dans une ville de l'un de ses alliés. Saint Domnique, se rencontrant en cette même ville le jour de Noël, y prêcha à son ordinaire le Rosaire et les grâces que l'on obtient de Dieu par cette dévotion et dit, entre autres choses, que ceux qui le réciteraient dévotement obtiendraient la victoire de leurs ennemis et recouvreraient tout ce qu'ils avaient perdu. Le roi remarque bien ces paroles, envoie quérir saint Dominique et lui demande si ce qu'il avait prêché du saint Rosaire était véritable. Le saint répondit qu'il n'en fallait point douter et lui promit que s'il voulait pratiquer cette dévotion et s'enrôler en la confrérie, il en verrait les effets. Le roi se résolut à réciter tous les jours le Rosaire, et il continua pendant un an, et le même jour de Noël, ayant récité son Rosaire, la sainte Vierge lui apparut et lui dit : "Alphonse, il y a un an que tu me sers dévotement par mon Rosaire, je viens te récompenser. Sache que j'ai obtenu de mon Fils le pardon de tous tes péchés ; voilà un rosaire que je te donne ; porte-le sur toi, et jamais aucun de tes ennemis ne te pourra nuire". Elle disparut et laissa le roi fort consolé ; il s'en retourna, tenant ce rosaire à la main et, abordant la reine, il lui raconta tout joyeux la faveur qu'il venait de recevoir de la sainte Vierge ; il lui toucha les yeux de ce rosaire, elle recouvra la vue qu'elle avait perdue. Quelque temps après, le roi, ayant ramassé quelques troupes, avec l'aide de ses alliés, attaqua hardiment ses ennemis, les obligea de rendre ses terres, de réparer ses dommages, les chassa entièrement et devint si heureux en guerre que de tous côtés il lui venait des soldats pour combattre sous ses enseignes, parce que les victoires semblaient suivre partout ses batailles. Il ne s'en faut pas étonner, car il ne livrait jamais de combats qu'après avoir récité son Rosaire à genoux ; il faisait recevoir dans la confrérie du saint Rosaire toute sa cour et il obligeait ses officiers et domestiques d'y être dévots. La reine s'y engagea aussi, et tous deux persévérèrent au service de la sainte Vierge et vécurent en grande piété.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 32 (B. Alain, c. 53)

100. Saint Dominique avait un cousin nommé dom Perez ou Pedro, qui menait une vie fort dissolue. Ayant entendu que le saint prêchait les merveilles du saint Rosaire et que plusieurs se convertissaient et changeaient de vie par ce moyen, il dit : "J'avais perdu l'espérance de mon salut, mais je commence à prendre courage, il faut que j'entende cet homme de Dieu". Il vint donc un jour au sermon de saint Dominque. Quand le saint le vit, il redoubla sa ferveur à tonner contre les vices, et il pria Dieu dans son coeur d'ouvrir les yeux de son cousin pour connaître l'état misérable de son âme. Dom Perez fut d'abord un peu effrayé ; mais il ne résolut pas de se convertir ; il retourna une autre fois au sermon et le saint, voyant que ce coeur endurci ne se convertissait pas sans quelque coup extraordinaire, il cria tout haut : "Seigneur Jésus, faites voir à toute cette audience l'état où est celui qui vient d'entrer en votre maison". Alors tout le peuple vit dom Pérez environné d'une troupe de diables en forme de bêtes horribles qui le tenaient lié avec des chaînes de fer. Chacun s'enfuit tout effrayé qui de-çà, qui de-là, et lui fut encore plus épouvanté de se voir l'objet de l'horreur de tout le monde. Saint Dominique les fit tous arrêter et dit à ce seigneur : "Connaissez, malheureux, l'état déplorable où vous êtes ; jetez-vous aux pieds de la sainte Vierge". Il lui envoya un rosaire. "Prenez ce rosaire, récitez-le avec dévotion et repentance de vos péchés et faites résolution de changer de vie". Il se mit à genoux, récita le Rosaire; il se sentit inspiré de se confesser, ce qu'il fit avec une grande contrition. Le saint lui ordonna de dire tous les jours le saint Rosaire; il promit de le faire; il écrivit lui-même son nom dans la confrérie. Son visage, qui auparavant avait effrayé tout le monde, parut, sortant de l'église, brillant comme celui d'un ange. Il persévéra dans la dévotion du Rosaire, mena une vie fort réglée et mourut heureusement.

Rose 33

101. Saint Dominique, prêchant près de Carcassone le saint Rosaire, on lui amena un hérétique albigeois possédé par le démon. Le saint l'exorcisa en présence d'une grande multitude de peuple ; on tient qu'il y avait plus de douze mille hommes à l'entendre. Les démons, qui possédaient ce pauvre misérable, étant obligés de répondre malgré eux aux interrogations que le saint leur faisait, dirent :
1 - Qu'ils étaient quinze mille dans le corps de ce misérable, parce qu'il avait attaqué les quinze mystères du Rosaire ;
2 - Que, par le Rosaire qu'il prêchait, il mettait la terreur et l'épouvante dans tout l'enfer, et qu'il était l'homme du monde qu'ils haïssaient davantage à cause des âmes qu'il leur enlevait par la dévotion du Rosaire ;
3 - Ils révélèrent plusieurs autres particularités. Saint Dominique, ayant jeté son rosaire au cou du possédé, leur demanda qui, de tous les saints du ciel, ils craignaient davantage et devait être plus aimé et honoré des hommes. A cette interrogation, ils firent des cris si épouvantables que la plupart des auditeurs, saisis d'effroi, tombèrent par terre. Ensuite, ces malins esprits, pour ne pas répondre, pleurèrent et se lamentèrent d'une manière si pitoyable, si touchante, que plusieurs des assistants en pleurèrent eux-mêmes, par une pitié naturelle. Ils disaient par la bouche du possédé d'un ton de voix lamantable : "Dominique, Dominique, aie pitié de nous, nous te promettons que nous ne te nuirons jamais. Toi qui as tant pitié des pécheurs et misérables, aie pitié de nous, misérables. Hélas, nous souffrons, pourquoi prends-tu plaisir à augmenter nos peines? Contente-toi des peines que nous endurons. Miséricorde! miséricorde! miséricorde !"

102. Le saint, sans être touché des paroles tendres de ces esprits malheureux, leur répondit qu'il ne cesserait de les tourmenter jusqu'à ce qu'ils eussent répondu à la question. Les démons lui dirent qu'ils y répondraient, mais en secret et à l'oreille, et non pas devant tout le monde. Le saint incite et leur commande de parler et répondre tout haut. Les diables ne voulurent plus dire mot, quelque commandement qu'il leur fit. Il se mit à genoux et fit cette prière à la sainte Vierge : "O excellentissima Virgo Maria, per virtutem psalterii et rosarii tui, compelle hos humani generis hostes questioni meae satisfacere. - O très sainte Vierge Marie, par la vertu du saint Rosaire, ordonnez à ces ennemis du genre humain de répondre à ma question". Cette prière étant faite, voilà qu'une flamme ardente sortit des oreilles, des narines et de la bouche du possédé, qui fit trembler tout le monde, mais cependant qui ne fit de mal à personne. Alors les diables s'écrièrent: "Dominique, nous te prions, par la passion de Jésus-Christ et par les mérites de sa sainte Mère et de tous les saints, que tu nous permettes de sortir de ce corps sans rien dire ; car les anges, quand tu le voudras, te le révèleront. Ne sommes-nous pas des menteurs ? Pourquoi veux-tu nous croire ? Ne nous tourmente pas davantage, aie pitié de nous". "Malheureux que vous êtes, indignes d'être exaucés", dit saint Dominique, qui, se mettant encore à genoux, fit sa prière à la sainte Vierge : "O Mater sapientiae dignissima et de cujus salutatione quomodo illa fieri debeat jam edoctus est populus; pro salute populi circunstantis rogo: Coge hosce tuos adversarios, ut plenam et sinceram veritatem palam hic profiteantur". Il n'eut pas plus tôt fini sa prière, qu'il vit la sainte Vierge auprès de lui, entourée d'une grande multitude d'anges, qui, avec une verge d'or qu'elle tenait à la main, frappait le démoniaque en lui disant : "Réponds à mon serviteur Dominique, selon sa demande". Il faut remarquer que le peuple n'entendait ni ne voyait point la sainte Vierge ; il n'y avait que saint Dominique.

103. Alors les démons commencèrent à s'écrier en disant : "O inimica nostra, ô nostra damnatrix, ô nostra inimica, ô nostra domnatrix, ô confusio nostra, quare de coelo descendisti, ut nos hic ita torqueres ? Per te quae infernum evacuas et pro peccatoribus tanquam potens advocata exoras ; ô Via coeli certissima et securissima, cogimur sine mora et intermissione ulla, nobis quamvis invitis, et contra nitentibus, totam rei proferre veritatem. Nunc declarandum nobis est simulque publicandum ipsum medium et modus quo ipsimet confundamur, unde vae et maledictio in aeternum nostris tenebrarum principibus. Audite igitur vos, christiani. Haec christi Mater potentissima est in preservandis suis servis quominus precipites ruant in baratrum nostrum inferni. Illa est quae dissipat et enervat, ut sol, tenebras omnium machinarum et astutiarum nostrarum, detegit omnes fallacias nostras et ad nihilum redegit omnes nostras tentationes. Coactique fatemur neminem nobiscum damnari qui ejus sancto cultui et pio obsequio devotus perseverat. Unicum ipsius suspirum, ab ispa et per ipsam sanctissimae Trinitati oblatum, superat et excedit omnium sanctorum preces, atque pium et sanctum eorum votum et desiderium, magisque eum formidamus quam omnes paradisi sanctos; nec contra fideles ejus famulos quidquam praevalere possumus. Notum sit etiam vobis plurimos christianos in hora mortis ipsam invocantes contra nostra jura salvari, et nisi Marietta illa obstitisset nostrosque conatus repressisset, a longo jam tempore totam Ecclesiam exterminassemus, nam saepissime universos Ecclesiae status et ordines a fide deficere fecissemus. Imo planius et plenius vi et necessita compulsi, adhuc vobis dicimus, nullum in exercitio Rosarii sive psalterii ejus perseverantem aeternos suis veram impetrat contritionem qua fit ut peccata sua confiteantur, et eorum indulgentiam a Deo consequantur."

104. C'est-à-dire en français : "O notre ennemie, ô notre ruine, ô notre confusion, pourquoi êtes-vous venue exprès du ciel pour nous tourmenter si fort ? Faut-il que, malgré nous, ô avocate des pécheurs qui les retirez des enfers, ô chemin très assuré du paradis, nous soyons obligés de dire toute la vérité ? Faut-il que nous confessions devant tout le monde ce qui sera la cause de notre confusion et de notre ruine ? Malheur à nous, malheur à nos princes des ténèbres. Ecoutez donc, chrétiens. Cette Mère de Jésus-Christ est toute puissante pour empêcher que ses serviteurs ne tombent en enfer ; c'est elle qui, comme un soleil, dissipe les ténèbres de nos mines, qui rompt nos pièges et rend toutes nos tentations inutiles et sans effet. Nous sommes contraints d'avouer qu'aucun de ceux qui persévèrent dans son service n'est damné avec nous. Un seul de ses soupirs, qu'elle offre à la Sainte-Trinité, surpasse toutes les prières, les voeux et les désirs de tous les saints. Nous la craignons plus que tous les bienheureux ensemble et nous ne pouvons rien contre ses fidèles serviteurs. Plusieurs chrétiens mêmes qui l'invoquent à la mort, et qui devraient selon nos lois ordinaires être damnés, sont sauvés par son intercession. Ah! si cette Mariette (c'est ainsi que leur rage la faisait appeler) ne s'était opposée à nos desseins et à nos efforts, nous aurions depuis longtemps renversé et détruit l'Eglise et fait tomber tous ses ordres dans l'erreur et l'infidélité. Nous protestons de plus, par la violence qu'on nous fait, qu'aucun de ceux qui persévèrent à dire le Rosaire n'est damné ; car elle obtient à ses dévots serviteurs une vraie contrition de leurs péchés par laquelle ils en obtiennent le pardon et l'indulgence". Alors saint Dominique fit réciter le Rosaire à tout le peuple, fort lentement et dévotement, et, à chaque Ave Maria que le saint et le peuple récitaient (chose étonnante), il sortait du corps de ce malheureux une grande multitude de démons, en forme de charbons ardents. Les démons étant tous sortis et l'hérétique fut tout à fait délivré, la sainte Vierge donna, quoique invisiblement, sa bénédiction à tout le peuple, qui en ressentit une joie très sensible. Ce miracle fut cause qu'un grand nombre d'hérétiques se convertirent et se mirent de la confrérie du saint Rosaire.

Rose 34 (B. Alain, 2e p., c.17)

105. Qui pourrait raconter les victoire que Simon, comte de Montfort, a remportées sur les Albigeois sous la protection de Notre-Dame du Rosaire ? Elles sont si fameuses que le monde n'en a jamais vu de pareilles. Il défit une fois dix mille hérétiques avec cinq cents hommes ; une autre fois, avec trente, il demeura vainqueur de trois mille ; ensuite avec huits cents cavaliers et mille hommes d'infanterie, il tailla en pièces l'armée du roi d'Aragon, composée de cent mille hommes, sans perdre qu'un seul cavalier et huit soldats des siens.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
106. De quels dangers la sainte Vierge a-t-elle délivré Alain de l'Anvallay, chevalier breton, qui combattait pour la foi contre les Albigeois ! Un jour, étant environné de ses ennemis de tous côtés, la sainte Vierge lança contre eux cent cinquante pierres et le délivra de leurs mains. Un autre jour, son vaisseau ayant fait naufrage et étant près d'abîmer, cette bonne Mère lui fit paraître cent cinquante petites collines par sur lesquelles il aborda en Bretagne. Et en mémoire des miracles que la sainte Vierge avait faits en sa faveur à cause d'un Rosaire qu'il récitait tous les jours, il prépara un couvent à Dinan pour loger les religieux du nouvel ordre de saint Dominique et, s'étant fait religieux, il mourut saintement à Orléans.

107. Othère, de même soldat breton de Vaucouleurs, a souvent mis en fuite des compagnies entières d'hérétiques et de voleurs, portant son rosaire au bras et à la garde de son épée. Ses ennemis, après avoir été vaincus, lui ont avoué qu'ils avaient vu son épée toute éclatante et une fois un bouclier à son bras, dans lequel Jésus-Christ, la sainte Vierge et les saints étaient dépeints, le rendaient invincible et lui donnaient la force de bien charger. Une fois, avec dix compagnies, il défit vingt mille hérétiques sans perdre un seul des siens, ce qui toucha tellement le général de l'armée hérétique, qu'il vint trouver Othère, abjura son hérésie et déclara qu'il l'avait vu couvert d'armes de feu dans le combat.

Rose 35 (B. Alain, 4e p. c 40)

108. Le bienheureux Alain rapporte qu'un cardinal nommé Pierre, du titre de Sainte-Marie delà le Tibre, instruit par saint Dominique, son ami intime, de la dévotion au saint Rosaire, s'y affectionna tellement qu'il en devint le panégyriste et le persuadait à tous. Le cardinal fut envoyé légat dans la Terre Sainte vers les chrétiens qui étaient croisés contre les Sarrasins. Il persuada si bien l'efficace du Rosaire à l'armée chrétienne que tous l'ayant embrassé pour implorer le secours du ciel dans un combat, où ils n'étaient que trois mille, ils triomphèrent de cent mille. Les démons, comme nous avons vu, craignaient infiniment le Rosaire. Saint Bernard dit que la Salutation angélique leur donne la chasse et fait frémir l'enfer. Le bienheureux Alain assure qu'il a vu plusieurs personnes, qui s'étaient livrées au diable corps et âme, en renonçant au baptême et à Jésus- Christ, et puis, après avoir pris la dévotion du saint Rosaire, ont été délivrés de sa tyrannie.

Rose 36

109. L'an 1578, une femme d'Anvers s'était donnée au démon par une cédule signée de son sang. Quelque temps après, elle en eut un sensible regret et un grand désir de réparer le mal qu'elle avait fait. Elle chercha un confesseur prudent et charitable, pour savoir par quel moyen elle pourrait être affranchie de la puissance du diable. Elle trouva un prêtre sage et dévot, qui lui conseilla d'aller trouver le père Henri, directeur de la confrérie du saint Rosaire, du couvent de Saint-Dominique, pour s'y faire enrôler et se confesser. Elle le demanda et, au lieu du Père, elle trouva le diable, sous la figure d'un religieux, qui la reprit sévèrement et lui dit qu'elle n'avait plus de grâces à espérer de Dieu, ni de moyen de révoquer ce qu'elle avait signé, ce qui l'affligea fort. Mais elle ne perdit pas toute espérance en la miséricorde de Dieu, elle retourna encore chercher le Père et elle trouva encore le diable, qui la rebuta comme auparavant. Elle retourna pour la troisième fois et elle trouva par la permission divine le père Henri qu'elle cherchait, qui la reçut charitablement, l'exhorta à se confier en la bonté de Dieu et à faire une bonne confession ; il la reçut dans la confrérie et lui ordonna de réciter souvent le Rosaire. Un jour, pendant la Messe que le Père célébrait pour elle, la sainte Vierge força le diable de lui rendre la cédule qu'elle avait signée; et ainsi elle fut délivrée par l'autorité de Marie et la dévotion du saint Rosaire.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 37

110. Un seigneur qui avait plusieurs enfants mit une de ses filles dans un monastère entièrement déréglé, où les religieuses ne respiraient que la vanité et les plaisirs. Le confesseur, homme fervent et dévot au saint Rosaire, désirant d'abord conduire cette jeune religieuse dans les pratiques d'une meilleure vie, lui ordonna de réciter tous les jours le Rosaire en l'honneur de la sainte Vierge, méditant la vie, la passion et la gloire de Jésus-Christ. Elle agréa fort cette dévotion ; peu à peu elle eut du dégoût du dérèglement de ses soeurs ; elle commença à aimer le silence et l'oraison, malgré les mépris et les railleries des autres, qui la traitaient de bigote. En ce temps-là, un saint abbé, étant allé faire la visite dans ce monastère, eut une étrange vision, en son oraison; il lui sembla voir une religieuse dans sa chambre en oraison, devant une grande dame d'une beauté admirable, accompagnée d'une troupe d'anges, lesquels à coup de dards enflammés chassaient une multitude de démons qui voulaient entrer. Et ces esprits malins s'enfuyaient aux chambres des autres religieuses, sous la figure de sales animaux, pour les exciter au péché auquel plusieurs donnaient entrée. L'abbé connut, par cette vision, l'état malheureux de ce monastère et pensa mourir de tristesse ; il fit venir la jeune religieuse et l'exhorta à la persévérance. En faisant réflexion sur l'excellence du Rosaire, il prit dessein de réformer ces religieuses par cette dévotion. Il acheta de beaux rosaires qu'il donna à toutes les religieuses, les persuadant de le réciter tous les jours et leur promit, si elles voulaient bien le faire, de ne les contraindre jamais de se réformer. Elles reçurent agréablement ces rosaires et promirent de les réciter à cette condition. (Chose admirable ! ) Peu à peu elles quittèrent leurs vanités, se portèrent au silence et à la récollection, et en moins d'un an, elles demandèrent toutes la réforme. Le Rosaire opéra plus sur leurs coeurs que l'abbé n'aurait pu gagner par ses exhortations et son autorité.

Rose 38

111. Une comtesse d'Espagne, ayant été instruite dans la dévotion du saint Rosaire par saint Dominique, le disait tous les jours avec des avancements merveilleux dans la vertu. Comme elle ne respirait que la perfection, elle demanda un jour à un prélat et fameux prédicateur quelques pratiques de perfection. Ce prélat lui dit qu'il fallait, auparavant, lui déclarer l'état de son âme et ses exercices de piété ; elle lui dit que le principal était le Rosaire, qu'elle récitait tous les jours, méditant les mystères joyeux, douloureux et glorieux avec un grand profit spirituel de son âme. L'évêque, ravi d'entendre expliquer les rares instructions qui sont renfermées dans les mystères, lui dit : "Il y a vingt ans que je suis docteur en théologie, j'ai lu quantité d'excellentes pratiques de dévotion; mais je n'en ai pas connu de plus fructueuse ni de plus conforme au christianisme. Je veux vous imiter, je prêcherai le Rosaire". Il le fit avec un si heureux succès, qu'à peut de temps il vit un très grand changement de moeurs en son diocèse, plusieurs conversions, restitutions et réconciliations ; les débauches, le jeu, le luxe cessèrent ; la paix dans les familles, la dévotion et la charité commencèrent à fleurir. Changement d'autant plus admirable que cet évêque avait beaucoup travaillé à réformer son diocèse avec très peu de fruit. Pour mieux persuader la dévotion du Rosaire, il en portait un beau à son côté et le montrait à ses auditeurs. Il disait : "Sachez, mes frères, que le Rosaire de la sainte Vierge est si excellent, que moi, qui suis votre évêque, docteur en théologie, en l'un et l'autre droit, je fais gloire de le porter toujours comme la plus illustre marque de mon épiscopat et doctorat".

Rose 39

112. Un recteur d'une paroisse de Danemark racontait souvent, à la plus grande gloire de Dieu et avec une grande joie de son âme, qu'il avait vu un pareil fruit de la dévotion du Rosaire dans sa paroisse, que cet évêque dans son diocèse. "J'avais, disait-il, prêché toutes les matières les plus pressantes et les plus fructueuses, sans aucun profit ; je ne voyais aucun amendement dans ma paroisse ; enfin je fis résolution de prêcher le saint Rosaire, j'en expliquai l'excellence et sa pratique, et je proteste qu'après avoir fait goûter cette dévotion à mon peuple, je vis un changement évident dans six mois. Tant il est véritable que cette divine prière a une onction toute divine pour toucher les coeurs et leur inspirer l'horreur du péché et l'amour de la vertu". La sainte Vierge dit un jour au bienheureux Alain : "Comme Dieu a choisi le salut angélique pour l'Incarnation de son Verbe et la Rédemption des hommes, ainsi, ceux qui désirent réformer les moeurs des peuples et les régénérer en Jésus- Christ me doivent honorer et saluer par le même salut. Je suis, ajoute-t-elle, la voie par laquelle Dieu est venu aux hommes et il faut qu'après Jésus-Christ ils obtiennent la grâce et les vertus par mon moyen".
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
113. Pour moi, qui écris, j'ai appris, par ma propre expérience, la force de cette prière pour convertir les coeurs les plus endurcis. J'en ai trouvé sur lesquels toutes les plus terribles vérités prêchées dans une mission n'avaient fait aucune impression et qui, pour avoir, par mon conseil, pris la pratique de réciter tous les jours le Rosaire, se sont convertis et donnés tout à Dieu. J'ai vu une infinie différence entre les moeurs des peuples des paroisses où j'avais fait des missions, parce que les uns, ayant quitté la pratique du chapelet et du Rosaire, étaient retombés dans leurs péchés ; et les autres, pour l'avoir conservée, s'étaient conservés dans la grâce de Dieu et augmentaient tous les jours dans la vertu.

Rose 40

114. Le bienheureux Alain de la Roche, le Père Jean Dumont, le Père Thomas, les chroniques de saint Dominique et d'autres auteurs qui ont été souvent témoins oculaires, rapportent d'une grande quantité de conversions miraculeuses de pécheurs et pécheresses, qui, depuis 20, 30 et 40 ans étaient dans les derniers désordres, que rien n'avait pu les convertir et qui l'ont été par cette dévotion merveilleuse. Je ne les rapporterai point, de peur d'une trop grande longueur. Je ne veux pas même rapporter celles que j'ai vues moi- même, de mes propres yeux; je les passe sous silence pour plusieurs raisons. Cher lecteur, par votre expérience, si vous pratiquez et prêchez cette dévotion, vous en apprendrez plus qu'en aucun livre et vous expérimenterez heureusement l'effet des promesses qu'a faites la sainte Vierge à saint Dominique, au bienheureux Alain de la Roche et à ceux qui font fleurir cette dévotion qui lui est si agréable, qui instruit les peuples des vertus de son Fils et des siennes, porte à l'oraison mentale, à l'imitation de Jésus-Christ, à la fréquentation des sacrements, à la pratique solide des vertus, et de toutes sortes de bonnes oeuvres, à gagner tant de belles indulgences que les peuples ignorent parce que les prédicateurs de cette dévotion n'en parlent quasi jamais et se contentent de faire un sermon du Rosaire, à la mode, bien souvent qui ne cause que de l'admiration, point d'instruction.

115. Enfin, je me contente de vous dire, avec le bienheureux Alain de la Roche, que le Rosaire est une source et un magasin de toutes sortes de biens :

1 - P Peccatoribus praestat poenitentiam ;
2 - S Sitientibus stillat satietatem ;
3 - A Alligatis adducit absolutionem ;
4 - L Lugentibus largitur laetitiam ;
5 - T Tentatis tradit tranquillitatem ;
6 - E Egenis expellit egestatem ;
7 - R Religiosis reddit reformationem ;
8 - I Ignorantibus inducit intelligentiam ;
9 - V Vivis vincit vastitatem ;
10 - M Mortuis mittit misericordiam per modum suffragii.

"Volo", dit un jour la sainte Vierge au bienheureux Alain, "ut psaltae mei in vita et in morte, et post mortem habeant benedictionem, gratiae plenitudinem ac libertatem, inmunesque sint a caecitate, obduratione, inopia ac servitute": Je veux que les dévots de mon Rosaire aient la grâce et la bénédiction de mon Fils pendant leur vie, à leur mort, et après leur mort, et qu'ils soient affranchis de toutes sortes d'esclavages et qu'ils soient des rois, qu'ils aient la couronne sur la tête, le sceptre à la main et la gloire éternelle. Ainsi soit-il.
Veni de Libano
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Message par Veni de Libano »

Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
CINQUIEME DIZAINE

LA MANIERE SAINTE DE RÉCITER LE ROSAIRE.


Rose 41

116. Ce n'est pas proprement la longueur, mais la ferveur de la prière, qui plaît à Dieu et qui lui gagne le coeur. Un seul Ave Maria bien dit est d'un plus grand mérite que cent cinquante mal dits. Presque tous les chrétiens catholiques récitent le Rosaire, le chapelet ou du moins quelques dizaines d'Ave. Pourquoi donc y en a-t-il si peu qui se corrigent de leurs péchés et s'avancent dans la vertu, sinon parce qu'ils ne font pas ces prières comme il faut.

117. Voyons donc la manière qu'il faut les réciter pour plaire à Dieu et devenir plus saints.

Premièrement il faut que la personne qui récite le saint Rosaire soit en état de grâce ou du moins dans la résolution de sortir de son péché, parce que toute la théologie nous enseigne que les bonnes oeuvres et les prières faites en péché mortel, sont des oeuvres mortes, qui ne peuvent être agréables à Dieu ni mériter la vie éternelle; c'est en ce sens qu'il est écrit : "Non est speciosa laus in ore peccatoris : La louange ne sied pas à la bouche du pécheur" (Si 15,9).

La louange et le salut de l'ange et l'Oraison même de Jésus-Christ n'est pas agréable à Dieu lorsqu'elle sort de la bouche d'un pécheur impénitent : "Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me" (Mc 7,6)

Ces personnes qui se mettent de mes confréries, (dit Jésus-Christ), qui récitent tous les jours le chapelet ou le Rosaire, sans aucune contrition de leurs péchés, m'honorent de leurs lèvres, mais leur coeur est bien éloigné de moi.

[2°] J'ai dit : "ou du moins dans la résolution de sortir du péché", 1° parce que s'il fallait absolument être en grâce de Dieu pour faire des prières qui lui fussent agréables, il s'ensuivrait que ceux qui sont en péché mortel ne devraient point du tout prier, quoiqu'ils en aient plus de besoin que les justes, ce qui est une erreur condamnée par l'Eglise, et, ainsi, il ne faudrait jamais conseiller à un pécheur de dire son chapelet ou son Rosaire parce qu'il lui serait inutile ; 2° parce que, si avec la volonté de demeurer dans le péché, et sans aucune intention d'en sortir, on s'enrôlait dans une confrérie de la sainte Vierge, ou on récitait le chaplet, le Rosaire ou quelque autre prière, on se rendrait du nombre des faux dévots de la sainte Vierge, et dévots présomptueux et impénitents, qui, sous le manteau de la sainte Vierge, avec le scapulaire sur leur corps ou le Rosaire à la main, crient : Sainte Vierge, bonne Vierge, je vous salue, Marie, et cependant crucifient et déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés et tombent malheureusement, du milieu des plus saintes confréries de la sainte Vierge, dans le milieu des flammes de l'enfer.

118. Nous conseillons le saint Rosaire à tout le monde: aux justes pour persévérer et croître dans la grâce de Dieu, et aux pécheurs pour sortir de leurs péchés. Mais à Dieu ne plaise que nous exhortions un pécheur à faire du manteau de la protection de la sainte Vierge, un manteau de damnation pour voiler ses crimes, et à changer le Rosaire, qui est un remède à tous maux, en un poison mortel et funeste. Corruptio optimi pessima.

Il faut être un ange en pureté, dit le savant Hugues, cardinal, pour approcher de la sainte Vierge et réciter la Salutation angélique. Elle fit un jour voir à un impudique, qui récitait le saint Rosaire régulièrement tous les jours, de beaux fruits dans un vaisseau souillé d'ordures ; il en eut horreur, et [elle] lui dit : "Voilà comme tu me sers, tu me présentes de belles roses dans un vaisseau sale et corrompu. Juge si je puis les avoir agréables".

Rose 42

119. Il ne suffit pas, pour bien prier, d'exprimer nos demandes par la plus excellente de toutes les manières d'oraison qui est le Rosaire, mais il faut encore y apporter une grande attention, car Dieu écoute plutôt la voix du coeur que celle de la bouche. Prier Dieu avec des distractions volontaires serait une grande irrévérence, qui rendrait nos Rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu'il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, et si, pendant que nous prions cette redoutable majesté qui fait tout trembler, nous nous arrêtions volontairement à courir après un papillon ? C'est éloigner de soi la bénédiction de ce grand Seigneur et la changer dans la malédiction portée contre ceux qui font l'oeuvre de Dieu négligemment : Maledictus qui facit opus Dei negligenter (Jr 48,10).

120. Vous ne pouvez pas, à la vérité, réciter votre Rosaire sans avoir quelques distractions involontaires ; il est même bien difficile de dire un Ave Maria sans que votre imagination toujours remuante ne vous ôte quelque chose de votre attention ; mais vous pouvez le réciter sans distractions volontaires, et vous devez prendre toutes sortes de moyens pour diminuer les involontaires et fixer votre imagination.

A cet effet, mettez-vous en la présence de Dieu, croyez que Dieu et sa sainte Mère vous regardent, que votre bon Ange à votre main droite prend vos Ave Maria comme autant de roses, s'ils sont bien dits, pour en faire une couronne à Jésus et à Marie, et qu'au contraire, le démon est à votre gauche et rôde autour de vous, pour dévorer vos Ave Maria et les marquer sur son livre de mort, s'ils ne sont pas dits avec attention, dévotion et modestie; surtout ne manquez pas de faire les offrandes des dizaines en l'honneur des mystères, et de vous représenter, dans l'imagination, Notre-Seigneur et sa sainte Mère dans le mystère que vous honorez.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
121. On lit dans la vie du bienheureux Herman, de l'ordre des Prémontrés, que, lorsqu'il disait le Rosaire avec attention et dévotion, en méditant les mystères, la sainte Vierge lui apparaissait toute brillante de lumière, avec une beauté et majesté ravissantes. Mais ensuite, sa dévotion s'étant refroidie et ne récitant plus son Rosaire qu'à la hâte, et sans attention, elle lui apparut le visage tout ridé, triste et désagréable. Herman, étonné d'un tel changement, la sainte Vierge lui dit : "Je parais telle devant tes yeux, que je suis à présent dans ton âme, car tu ne me traites plus que comme une personne vile et méprisable. Où est le temps que tu me saluais avec respect et attention, en méditant mes mystères et admirant mes grandeurs ?"

Rose 45

122. Comme il n'y a point de prière plus méritoire à l'âme et plus glorieuse à Jésus et à Marie que le Rosaire bien dit, il n'y en a point aussi qui soit plus difficile à bien dire et dans laquelle il soit plus difficile de persévérer, à cause particulièrement des distractions qui viennent comme naturellement dans la répétition si fréquente de la même prière. Lorsqu'on dit l'office de la sainte Vierge, ou les sept psaumes, ou quelques autres prières que le chapelet ou le Rosaire, le changement ou la diversité des termes dont ces prières sont conçues arrêtent l'imagination et recréent l'esprit, et par conséquent donnent facilité à l'âme pour les bien réciter. Mais dans le Rosaire, comme on y a toujours le même Pater et Ave à dire, et la même forme à garder, il est bien difficile qu'on ne s'y ennuie, qu'on ne s'y endorme et qu'on ne l'abandonne, pour prendre d'autres prières plus récréatives et moins ennuyeuses. C'est ce qui fait qu'il faut infiniment plus de dévotion pour persévérer dans la récitation du saint Rosaire que d'aucune autre prière, quand ce serait le psautier de David.

123. Ce qui augmente cette difficulté, c'est notre imagination, qui est si volage qu'elle n'est pas quasi un moment en repos, et la malice du démon si infatigable à nous distraire et à nous empêcher de prier. Que ne fait point ce malin esprit contre nous, tandis que nous sommes à dire notre Rosaire contre lui? Il augmente notre langueur et notre négligence naturelles. Avant de commencer notre prière, il augmente notre ennui, nos distractions et nos accablements ; pendant que nous le prions, il nous accable de tous côtés, et il nous sifflera après que nous l'aurons dit avec beaucoup de peines et de distractions : "Tu n'a rien dit qui vaille ; ton chapelet, ton Rosaire, ne vaut rien, tu ferais bien mieux de travailler et de faire tes affaires ; tu perds ton temps à réciter tant de prières vocales sans attention ; une demi-heure de méditation ou de bonne lecture vaudrait bien mieux. Demain, que tu seras moins endormi, tu prieras avec plus d'attention, remets le reste de ton Rosaire à demain". Ainsi le diable, par ses artifices, fait souvent quitter le Rosaire tout à fait ou en partie, ou fait prendre le change ou le fait différer.

124. Ne le croyez pas, cher confrère du Rosaire, et prenez courage, quoique pendant tout votre Rosaire votre imagination n'ait été remplie que d'imaginations et pensées extravagantes que vous avez tâché de chasser le mieux que vous avez pu, quand vous vous en êtes aperçu. Votre Rosaire est d'autant meilleur qu'il est difficile ; il est d'autant plus difficile qu'il est naturellement moins agréable à l'âme et qu'il est plus rempli de misérables petites mouches et fourmis, qui, ne faisant que courir çà et là dans l'imagination malgré la volonté, ne [lui] donnent pas à l'âme le temps de goûter ce qu'elle dit et de se reposer dans la paix.

125. S'il faut que vous combattiez pendant tout votre Rosaire, contre les distractions qui vous viennent, combattez vaillamment les armes au poing, c'est-à-dire en continuant votre Rosaire, quoique sans aucun goût ni consolation sensible : c'est un terrible combat, mais salutaire à l'âme fidèle. Si vous mettez les armes bas, c'est-à-dire si vous quittez votre Rosaire, vous êtes vaincu, et pour lors, le diable, comme vainqueur de votre fermeté, vous laissera en paix et vous reprochera au jour du jugement votre pusillanimité et infidélité. "Qui fidelis est in minimo et in majori fidelis est : Celui qui est fidèle dans les petites choses le sera aussi dans les plus grandes" (Lc 16,10) Celui qui est fidèle à rejeter les plus petites distractions à la moindre partie de ses prières, sera aussi fidèle dans les plus grandes. Rien n'est si sûr, puisque le Saint-Esprit l'a dit. Courage donc, bon serviteur et servante fidèle à Jésus-Christ et à la sainte Vierge, qui avez pris la résolution de dire votre Rosaire tous les jours. Que la multitude des mouches (j'appelle ainsi les distractions qui vous font la guerre pendant que vous priez), ne soient pas capables de vous faire lâchement quitter la compagnie de Jésus et de Marie, dans laquelle vous êtes en disant votre Rosaire. Je mettrai ci-après des moyens de diminuer les distractions.
Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Message par Veni de Libano »

Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 44

126. Après avoir invoqué le Saint-Esprit, pour bien réciter votre Rosaire, mettez-vous un moment en la présence de Dieu et faites les offrandes des dizaines, comme vous verrez ci-après. Avant de commencer la dizaine, arrêtez-vous un moment, plus ou moins, selon votre loisir, pour considérer le mystère que vous célébrez par la dizaine et demandez toujours, par ce mystère et l'intercession de la sainte Vierge, une des vertus qui éclatent le plus dans ce mystère ou dont vous aurez le plus de besoin. Prenez surtout garde aux deux fautes ordinaires que font presque tous ceux qui disent le chapelet ou le Rosaire: La première, c'est de ne prendre aucune intention en disant leur chapelet, en sorte que, si vous leur demandez pourquoi ils disent leur chapelet, ils ne sauraient vous répondre. C'est pourquoi ayez toujours en vue, en récitant votre Rosaire, quelque grâce à demander, quelque vertu à imiter, ou quelque péché à détruire. La seconde faute qu'on commet ordinairement en récitant le saint Rosaire, c'est de n'avoir point d'autre intention, en le commençant, que de l'avoir bientôt fini. Cela vient de ce qu'on regarde le Rosaire comme une chose onéreuse, qui pèse bien fort sur les épaules lorsqu'on ne l'a pas dit ; surtout quand on s'en est fait un principe de conscience, ou quand on l'a reçu par pénitence et comme malgré soi.

127. C'est une pitié de voir comment la plupart disent leur chapelet ou leur Rosaire. Ils le disent avec une précipitation étonnante et ils mangent même une partie des paroles. On ne voudrait pas faire un compliment de cette manière ridicule au dernier des hommes, et on croit que Jésus et Marie en seront honorés !... Après cela, faut-il s'étonner si les plus saintes prières de la religion chrétienne restent quasi sans aucun fruit, et si, après mille et dix mille Rosaires récités, on n'en est pas plus saint? Arrêtez, cher confrère du Rosaire, votre précipitation naturelle, en récitant votre Rosaire, et faites quelques pauses au milieu du Pater et de l'Ave, et une plus petite après les paroles du Pater et de l'Ave que j'ai marquées par une croix ci-après. Notre Père qui êtes aux cieux + votre nom soit sanctifié + votre règne arrive + votre volonté soit faite + en la terre comme au ciel +. Donnez-nous aujourd'hui + notre pain quotidien + et nous pardonnez nos offenses + comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés + et ne nous laissez point tomber dans la tentation + mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il +. Je vous salue, Marie, pleine de grâce + le Seigneur est avec vous + vous êtes bénie entre toutes les femmes + et béni est le fruit de votre ventre, Jésus +. Sainte Marie, Mère de Dieu + priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant + et à l'heure de notre mort. Ainsi soit- il +. Vous aurez d'abord de la peine à faire ces médiantes, par la mauvaise habitude que vous avez de prier à la hâte; mais aussi une dizaine dite ainsi posément vous sera plus méritoire que des milliers de Rosaires récités à la hâte, sans réfléchir ni s'arrêter.

128. Le bienheureux Alain de la Roche et d'autres auteurs, entre autres Bellarmin, racontent qu'un bon prêtre conseilla à trois pénitentes qu'il avait, et qui étaient toutes trois soeurs, de réciter tous les jours dévotement le Rosaire, pendant un an, sans y manquer, pour former un bel habillement de gloire à la sainte Vierge, et que c'était un secret qu'il avait reçu du ciel. Toutes les trois le dirent pendant un an. Le jour de la Purification, sur le soir, lorsqu'elles étaient couchées, la sainte Vierge, accompagnée de sainte Catherine et de sainte Agnès, entra dans leur chambre, revêtue d'un habit tout brillant de lumière, sur lequel il y avait de tous côtés écrit en lettres d'or : Ave Maria gratia plena. La Reine des cieux approcha du lit de l'aînée des soeurs et lui dit : "Je vous salue, ma fille, qui m'avez si souvent et si bien saluée. Je viens vous remercier des beaux habits que vous m'avez faits". Les deux saintes vierges qui l'accompagnaient la remercièrent aussi et toutes trois disparurent. Une heure après, la sainte Vierge, avec ses deux compagnes, vint encore dans la chambre, habillée d'un habit vert, mais sans or et sans lumière, approcha du lit de la seconde soeur, la remercia de cet habit qu'elle lui avait fait, en disant son Rosaire. Mais comme cette seconde soeur avait vu la sainte Vierge apparaître à sa soeur aînée avec beaucoup plus de brillant, elle lui en demanda la raison. "C'est, lui répondit Marie, qu'elle m'a fait de plus beaux habits, en disant mieux son Rosaire que toi". Environ une heure après, la sainte Vierge apparut une troisième fois à la plus jeune des soeurs, habillée d'un haillon sale et déchiré et lui dit : "O fille, vous m'avez ainsi habillée, je vous en remercie". La jeune fille, couverte de confusion, s'écria : "Et quoi! ma maîtresse, je vous ai si mal habillée, je vous en demande pardon. Je vous demande du temps pour faire un plus bel habit, en récitant mieux mon Rosaire". La vision ayant disparu et la plus jeune soeur fort affligée ayant dit à leur confesseur tout ce qui s'était passé, il les anima à dire pendant un an leur Rosaire avec plus de perfection que jamais, ce qu'elles firent. Au bout de l'année, le jour même de la Purification, la sainte Vierge, accompagnée encore de sainte Catherine et de sainte Agnès qui portaient des couronnes, et habillée d'un habit merveilleux, leur apparut sur le soir et leur dit : "Soyez assurées, mes filles, du royaume des cieux, vous y entrerez demain avec grande allégresse". A quoi toutes trois répondirent : "Notre coeur est préparé, notre chère Maîtresse, notre coeur est préparé". La vision disparut. Cette même nuit il leur prit mal, elles envoyèrent chercher leur confesseur, reçurent les derniers sacrements et après avoir remercié leur confesseur de la sainte pratique qu'il leur avait enseignée. Après complies, la sainte Vierge leur apparut encore, accompagnée d'un grand nombre de vierges, fit revêtir les trois soeurs de robes blanches, après quoi, elles marchèrent toutes trois pendant que les anges chantaient : "Venez, épouses de Jésus-Christ, recevez les couronnes qui vous sont preparées dans l'éternité". Apprenez plusieurs vérités de cette histoire :

1° - combien il est important d'avoir de bons directeurs qui inspirent de saintes pratiques de piété et particulièrement le saint Rosaire ;
2° - combien il est important de réciter le Rosaire avec attention et dévotion ;
3° - combien la sainte Vierge est bénigne et miséricordieuse envers ceux qui se repentent du passé et proposent de mieux faire ;
4° - combien elle est libérale à récompenser pendant la vie, à la mort et dans l'éternité, les petits services qu'on lui rend avec fidélité.
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