Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 19

53. Il est écrit : "Donnez et on vous donnera". Prenons la comparaison du bienheureux Alain : "Si je vous donnais chaque jour cent cinquante diamants, quand vous seriez mon ennemi, ne me pardonneriez-vous pas ? Ne me feriez-vous pas comme un ami, toutes les grâces que vous pourriez? Voulez-vous vous enrichir des biens de la grâce et de la gloire? Saluez la très sainte Vierge, honorez votre bonne Mère". "Sicut qui thesaurizat, ita et qui honorificat matrem. Celui qui honore sa Mère, la sainte Vierge, est semblable à un homme qui amasse des trésors" (Si 3,5). Présentez-lui chaque jour au moins cinquante Ave Maria dont chacun contient quinze pierres précieuses, qui lui sont plus agréables que toutes les richesses de la terre. Que ne devez-vous pas attendre de sa libéralité ? Elles est notre Mère et notre amie. Elle est l'impératrice de l'univers qui nous aime plus que toutes les mères et les reines ensemble n'ont aimé un homme mortel, car, dit saint Augustin, la charité de la Vierge Marie excède tout l'amour naturel de tous les hommes et de tous les anges.

54. Un jour, Notre-Seigneur apparut à sainte Gertrude comptant des pièces d'or; elle eut la hardiesse de lui demander ce qu'il comptait. "Je compte, lui répondit Jésus-Christ, tes Ave Maria, c'est la monnaie dont on achète mon paradis". Le dévot et le docte Suarez, de la Compagnie de Jésus, estimait tant le mérite de la Salutation angélique, qu'il disait qu'il aurait volontiers donné toute sa science pour le prix d'un Ave Maria bien dit.

55. "Que celui qui vous aime, ô divine Marie, lui dit le bienheureux Alain de la Roche, écoute et goûte: Le ciel est dans la joie, la terre est dans l'admiration, toutes les fois que je dis : Ave Maria ; j'ai le monde en horreur, j'ai l'amour de Dieu dans mon coeur, lorsque je dis :Ave Maria; mes craintes s'évanouissent, mes passions se mortifient, quand je dis : Ave Maria ; je crois dans la dévotion, je trouve la componction, quand je dis : Ave Maria ; mon espérance s'affermit, ma consolation s'augmente, lorsque je dis : Ave Maria ; mon esprit se réjouit, mon chagrin se dissipe, quand je dis: Ave Maria ; car la douceur de cette bénigne salutation est si grande qu'on n'a point de terme pour l'expliquer comme il faut, et après qu'on en aura dit des merveilles, elle demeure encore si cachée et si profonde qu'on ne la peut découvrir. Elle est courte en paroles, mais grande en mystères; elles est plus douce que le miel et plus précieuse que l'or ; il faut très fréquemment l'avoir dans le coeur pour la méditer, et dans la bouche pour la lire et la répéter dévotement". "Auscultet tui nominis, o Maria, coelum gaudet, omnis terra stupet c um dico Ave Maria; Satan fugit, infernus contremiscit, cum dico Ave Maria ; mundus vilescit, cor in amore liquescit, cum dico Ave Maria ; terror evanescit, caro marcescit, cum dico Ave Maria; crescit devotio, oritur compuctio, cum dico Ave Maria ; spes proficit, augetur consolatio, cum dico Ave Maria ; recreatur animus, et in bono confortatur aeger afectus, cum dico Ave Maria. Siquidem tanta suavitas hujus benignae salutationes, ut humanis non possit explicare verbis, sed semper manet altior et profundior quam omnis creatura indagare sufficiat. Haec oratio parva est verbis, alta mysteriis, brevis sermone, alta virtute, super mel dulcis, super aurum pretiosa; ore cordis est jugiter ruminanda labiisque puris frequentissime legenda ac devote repetenda". Le même bienheureux Alain rapporte, au chapitre 69 de son psautier, qu'une religieuse très dévote au Rosaire apparut après sa mort à une de ses soeurs et lui dit : "Si je pouvais retourner dans mon corps pour dire seulement un Ave Maria, quoique sans beaucoup de ferveur, pour avoir le mérite de cette prière, je souffrirais volontiers tout de nouveau toutes les douleurs que j'ai souffertes avant de mourir". Il faut remarquer qu'elle avait souffert plusieurs années sur son lit des douleurs violentes.

56. Michel de Lisle, évêque de Salubre, disciple et collègue du bienheureux Alain de la Roche dans le rétablissement du saint Rosaire, dit que la Salutation angélique est le remède à tous les maux qui nous affligent, pourvu que nous la récitions dévotement en l'honneur de la sainte Vierge.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 20

- BREVE EXPLICATION DE L'AVE MARIA.


57. Etes-vous dans la misère du péché ? Invoquez la divine Marie, dites-lui : Ave, qui veut dire : je vous salue dans un très profond respect, ô vous qui êtes sans péché et sans malheur. Elle vous délivrera du mal de vos péchés. Etes-vous dans les ténèbres de l'ignorance ou de l'erreur ? Venez à Marie, dites-lui : Ave Maria, c'est-à-dire Illuminée des rayons du soleil de justice ; et elle vous fera part de ses lumières. Etes-vous égaré du chemin du ciel ? Invoquez Marie, qui veut dire: Etoile de la mer et l'étoile polaire qui guide notre navigation en ce monde, et elle vous conduira au port du salut éternel. Etes-vous dans l'affliction ? Ayez recours à Marie qui veut dire : mer amère qui a été remplie d'amertume en ce monde et qui est présentement changée dans une mer de pures douceurs au ciel; elle convertira vos tristesses en joie et vos afflictions en consolations. Avez-vous perdu la grâce ? Honorez l'abondance des grâces dont Dieu a rempli la sainte Vierge, dites-lui : "Pleine de grâces" et de tous les dons du Saint-Esprit, et elle vous fera part de ses grâces. Etes-vous seul, privé de la protection de Dieu, adressez- vous à Marie, dites-lui : "Le Seigneur est avec vous" plus noblement et intimement que dans les justes et les saints, car vous êtes une même chose avec Lui ; étant votre Fils, sa chair est votre chair, vous êtes avec le Seigneur par une très parfaite ressemblance et par une mutuelle charité ; car vous êtes sa Mère. Dites-lui enfin: Toute la très sainte Trinité est avec vous dont vous êtes le Temple précieux ; et elle vous remettra sous la protection et sauvegarde de Dieu. Etes-vous devenu l'objet de la malédiction de Dieu ? Dites : "Vous êtes bénie par-dessus toutes les femmes" et de toutes les nations, pour votre pureté et fécondité ; vous avez changé la malédiction divine en bénédiction; et elle vous bénira. Avez-vous faim du pain de la grâce et du pain de vie ? Approchez de celle qui a porté le pain vivant qui est descendu du Ciel, dites-lui : "Le fruit de votre ventre soit béni", lequel vous avez conçu sans nul déchet de votre virginité, que vous avez porté sans peine et enfanté sans douleur. "Jésus" soit béni qui a racheté le monde captif, guéri le monde malade, ressuscité l'homme mort, ramené l'homme banni, justifié l'homme criminel, sauvé l'homme damné. Sans doute votre âme sera rassasiée du pain de la grâce en cette vie et de la gloire éternelle en l'autre. Amen.

58. Concluez votre prière avec l'Eglise et dites : "Sainte Marie ", sainte au corps et en l'âme, sainte par un dévouement singulier et éternel au service de Dieu, sainte en qualité de Mère de Dieu qui vous a douée d'une éminente sainteté, convenable à cette dignité infinie. "Mère de Dieu", qui êtes aussi notre Mère, notre Avocate et Médiatrice, la Trésorière et Dispensatrice des grâces de Dieu, procurez-nous promptement le pardon de nos péchés et notre réconciliation avec la divine Majesté. "Priez pour nous pécheurs", vous qui avez tant de compassion des misérables, qui ne méprisez et ne rebutez point les pécheurs, sans lesquels vous ne seriez pas la Mère du Sauveur. "Priez pour nous maintenant", pendant le temps de cette vie courte, fragile et misérable, "maintenant", car nous n'avons d'assuré que ce moment présent, maintenant que nous sommes attaqués et environnés nuit et jour d'ennemis puissants et cruels. "Et à l'heure de notre mort", si terrible et si périlleux, où nos forces sont épuisées, où nos esprits et nos corps sont abattus par la douleur et la crainte ; à l'heure de notre mort que Satan redouble ses efforts afin de nous perdre pour jamais ; à cette heure que ce sera la décision de notre sort pour toute l'éternité bienheureuse ou malheureuse. Venez au secours de vos pauvres enfants, ô Mère pitoyable, ô l'avocate et le refuge des pécheurs, chassez loin de nous, à l'heure de la mort, les démons nos accusateurs et vos ennemis, dont l'aspect effroyable nous épouvante. Venez nous éclairer dans les ténèbres de la mort. Conduisez-nous, accompagnez-nous au tribunal de notre juge, votre Fils ; intercédez pour nous, afin qu'il nous pardonne et nous reçoive au nombre de vos élus dans le séjour de la gloire éternelle. "Amen". Ainsi soit-il.

59. Qui n'admirera l'excellence du saint Rosaire, composé de ces deux divines parties : l'Oraison dominicale et la Salutation angélique ? Y a-t-il de prière plus agréable à Dieu et à la sainte Vierge, plus facile, plus douce et plus salutaire aux hommes ? Ayons-les toujours au coeur et dans la bouche pour honorer la très sainte Trinité, Jésus-Christ notre Sauveur et sa très sainte Mère. De plus, à la fin de chaque dizaine, il est bon d'ajouter le Gloria Patri, etc., c'est-à-dire : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Comme il était au commencement, comme il est maintemant et il sera dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
TROISIEME DIZAINE

Excellence du saint Rosaire dans la méditation de la vie et de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Rose 21

- LES QUINZE MYSTERES DU ROSAIRE

60. Un mystère est une chose sacrée et difficile à comprendre. Les oeuvres de Jésus-Christ sont toutes sacrées et divines, parce qu'il est Dieu et homme tout ensemble. Celles de la sainte Vierge sont très saintes, parce qu'elle est la plus parfaite de toutes les pures créatures. On appelle avec raison les oeuvres de Jésus-Christ et de sa sainte Mère des mystères, parce qu'elles sont remplies de quantité de merveilles, de perfections et d'instructions profondes et sublimes, que le Saint-Esprit découvre aux humbles et aux âmes simples qui les honorent. On peut encore appeler les oeuvres de Jésus et de Marie des fleurs admirables, dont l'odeur et la beauté ne sont connues que de ceux qui les approchent, qui les flairent et qui les ouvrent par une attentive et sérieuse méditation.

61. Saint Dominique a partagé la vie de Jésus-Christ et de la sainte Vierge en quinze mystères, qui nous représentent leurs vertus et leurs principales actions comme quinze tableaux dont les traits doivent nous servir de règle et d'exemple pour la conduite de notre vie. Ce sont quinze flambeaux pour guider nos pas dans ce monde ; quinze miroirs ardents pour connaître Jésus et Marie, pour nous connaître nous-mêmes et pour allumer le feu de leur amour dans nos coeurs ; quinze fournaises pour nous consumer entièrement de leurs célestes flammes. La sainte Vierge a enseigné à saint Dominique cette excellente méthode de prier et lui a ordonné de la prêcher, afin de réveiller la piété des chrétiens et de faire revivre l'amour de Jésus-Christ dans leurs coeurs. Elle l'enseigna aussi au bienheureux Alain de la Roche. "C'est une prière très utile, lui dit-elle, c'est un service qui m'est fort agréable, que de réciter cent cinquante Salutations angéliques. Il me l'est encore davantage, et ceux-là feront encore beaucoup mieux qui réciteront les salutations avec la méditation de la vie, de la passion et de la gloire de Jésus-Christ, car cette méditation est l'âme de ces oraisons". En effet, le Rosaire, sans la méditation des mystères sacrés de notre salut, ne serait presque qu'un corps sans âme, une excellente matière sans sa forme qui est la méditation, qui le distingue des autres dévotions.

62. La première partie du Rosaire contient cinq mystères, dont le premier est l'Annonciation de l'archange Gabriel à la sainte Vierge ; le second, la Visitation de la sainte Vierge à sainte Elisabeth ; le troisième, la Nativité de Jésus-Christ ; le quatriène, la Présentation de l'Enfant Jésus au temple et la purification de la sainte Vierge ; le cinquième, le Recouvrement de Jésus dans le temple parmi les docteurs. On appelle ces Mystères joyeux à cause de la joie qu'ils ont donné à tout l'univers. La sainte Vierge et les anges furent comblés de joie au moment heureux où le Fils de Dieu s'incarna. Sainte Elisabeth et saint Jean-Baptiste furent remplis de joie par la visite de Jésus et de Marie. Le ciel et la terre se sont réjouis à la naissance du Sauveur. Siméon fut consolé et comblé de joie, quand il reçut Jésus dans ses bras. Les docteurs étaient ravis d'admiration en entendant les réponses de Jésus ; et qui exprimera la joie de Marie et de Joseph en retrouvant Jésus après trois jours d'absence ?...

63. La seconde partie du Rosaire se compose aussi de cinq mystères que l'on appelle Mystères douloureux, parce qu'ils nous représentent Jésus-Christ accablé de tristesse, couvert de plaies, chargé d'opprobres, de douleurs et de tourments. Le premier de ces mystères est la prière de Jésus et son Agonie au jardin des Olives ; le second, sa Flagellation ; le troisième, son Couronnement d'épines ; le quatrième, le Portement de Croix ; le cinquième, son Crucifiement et sa mort sur le Calvaire.

64. La troisième partie du Rosaire contient cinq autres mystères qu'on appelle glorieux, parce que nous y contemplons Jésus et Marie dans le triomphe et dans la gloire. Le premier est la Résurrection de Jésus-Christ ; le second, son Ascension au ciel; le troisième, la Descente du Saint-Esprit sur les apôtres ; le quatrième, l'Assomption de la glorieuse Vierge ; le cinquième, son Couronnement. Voilà les quinze fleurs odoriférantes du Rosier mystique sur lesquelles les âmes pieuses s'arrêtent comme de sages abeilles, pour en cueillir le suc admirable et en composer le miel d'une dévotion solide.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 22

- LA MEDITATION DES MYSTERES NOUS CONFORME A JESUS.

65. Le soin principal de l'âme chrétienne est de tendre à la perfection. Soyez les fidèles imitateurs de Dieu, comme ses enfants bien-aimés, nous dit le grand Apôtre. Cette obligation est comprise dans le décret éternel de notre prédestination, comme l'unique moyen ordonné pour parvenir à la gloire éternelle. Saint Grégoire de Nysse dit gracieusement que nous sommes des peintres. Notre âme est la toile d'attente sur laquelle nous devons appliquer le pinceau, les vertus sont les couleurs qui doivent relever son éclat, et l'original que nous devons copier, c'est Jésus-Christ, l'image vivante qui représente parfaitement le Père éternel. Comme donc un peintre pour tirer un portrait au naturel se met devant les yeux l'original, et qu'à chaque coup de pinceau qu'il donne il regarde, de même le chrétien doit toujours avoir devant les yeux la vie et les vertus de Jésus-Christ, pour ne rien dire, ne rien penser, ne rien faire qui n'y soit conforme.

66. C'est pour nous aider dans l'important ouvrage de notre prédestination, que la sainte Vierge a ordonné à saint Dominique d'exposer aux fidèles qui récitent le Rosaire les mystères sacrés de la vie de Jésus-Christ, non seulement afin qu'ils l'adorent et le glorifient, mais principalement afin qu'ils règlent leur vie et leurs actions sur ses vertus. Or, comme les enfants imitent leurs parents en les voyant et en conversant avec eux ; qu'ils apprennent leur langage en les entendant parler ; qu'un apprenti, en voyant travailler son maître, apprend son art; de même les fidèles confrères du Rosaire, en considérant sérieusement et dévotement les vertus de Jésus-Christ, dans les quinze mystères de sa vie, deviennent semblables à ce divin Maître, avec le secours de sa grâce et par l'intercession de la sainte Vierge.

67. Si Moïse ordonna au peuple hébreu, de la part de Dieu même, de ne jamais oublier les bienfaits dont il avait été comblé, à plus forte raison le Fils de Dieu peut-il nous commander de graver dans notre coeur et d'avoir sans cesse devant les yeux les mystères de sa vie, de sa passion et de sa gloire, puisque ce sont autant de bienfaits dont Il nous a favorisés et par lesquels Il nous a montré l'excès de son amour pour notre salut. "O vous tous qui passez, dit-il, arrêtez-vous et considérez s'il y eut jamais douleurs semblables aux douleurs que j'endure pour votre amour. Souvenez-vous de ma pauvreté et de mes abaissements, pensez à l'absinthe et au fiel que j'ai pris pour vous dans ma passion". Ces paroles et beaucoup d'autres qu'on pourrait alléguer nous convainquent assez de l'obligation que nous avons de ne pas nous contenter de réciter le Rosaire vocalement en l'honneur de Jésus-Christ et de la sainte Vierge, mais de le réciter avec la méditation des mystères sacrés.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 23

- LE ROSAIRE MEMORIAL DE LA VIE ET DE LA MORT DE JESUS.

68. Jésus-Christ, le divin Epoux de nos âmes, notre très doux ami, Jésus désire que nous nous souvenions de ses bienfaits et que nous les estimions sur toutes choses; il a une joie accidentelle, aussi bien que la sainte Vierge avec tous les saints du paradis, lorsque nous méditons dévotement et avec affection sur les mystères sacrés du Rosaire, qui sont les effets les plus signalés de son amour pour nous et les plus riches présents qu'il puisse nous faire, puisque c'est par de tels présents que la sainte Vierge même et tous les saints jouissent de la gloire. La bienheureuse Angèle de Foligno pria un jour Notre-Seigneur de lui enseigner à quel exercice elle l'honorerait le plus. Il lui apparut attaché à la croix et lui dit : "Ma fille, regarde mes plaies". Elle apprit de ce très aimable Sauveur que rien ne lui est plus agréable que la méditation de ses souffrances. Ensuite il lui découvrit les blessures de sa tête et plusieurs circonstances de ses tourments et lui dit : "J'ai souffert tout cela pour ton salut, que peux-tu faire qui égale mon amour pour toi ?"

69. Le saint sacrifice de la messe honore infiniment la très sainte Trinité, parce qu'il représente la passion de Jésus-Christ et que nous y offrons les mérites de son obéissance, de ses souffrances et de son sang. Toute la cour céleste en reçoit aussi une gloire accidentelle, et plusieurs docteurs, avec saint Thomas, nous disent pour la même raison, qu'elle se réjouit de la communion des fidèles, parce que le Saint- Sacrement est un mémorial de la passion et de la mort de Jésus-Christ, et que, par ce moyen, les hommes participent à ses fruits et avancent l'affaire de leur salut. Or, le saint Rosaire, récité avec la méditation des mystères sacrés, est un sacrifice de louanges à Dieu pour le bienfait de notre Rédemption et un dévot souvenir des souffrances, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ. Il est donc vrai que le Rosaire cause une gloire, une joie accidentelle à Jésus-Christ, à la sainte Vierge et à tous les bienheureux, car ils ne désirent rien de plus grand, pour notre bonheur éternel, que de nous voir occupés à un exercice aussi glorieux à notre Sauveur et aussi salutaire pour nous.

70. L'Evangile nous assure qu'un pécheur qui se convertit et fait pénitence cause de la joie à tous les anges. Si c'est assez pour réjouir les anges qu'un pécheur quitte ses péchés et en fasse pénitence, quelle joie, quelle jubilation sera-ce pour toute la cour céleste, quelle gloire pour Jésus-Christ même, de nous voir sur la terre, méditer dévotement et avec amour sur ses abaissements, sur ses tourments, sur sa mort cruelle et ignominieuse ? Y a-t-il rien de plus efficace, pour nous toucher et nous porter à une sincère pénitence ? Le chrétien qui ne médite pas sur les mystères du Rosaire montre une grande ingratitude pour Jésus-Christ et le peu d'estime qu'il fait de tout ce que le divin Sauveur a souffert pour le salut du monde. Sa conduite semble dire qu'il ignore la vie de Jésus-Christ, qu'il se met fort peu en peine d'apprendre ce qu'il a fait, ce qu'il a souffert pour nous sauver. Ce chrétien doit fort craindre que, n'ayant pas connu Jésus-Christ, ou que l'ayant mis en oubli, Il ne le rejette au jour du jugement avec ce reproche : "Je vous dis en vérité que je ne vous connais point". Méditons donc sur la vie et les souffrances du Sauveur par le saint Rosaire, apprenons à le bien connaître et à reconnaître ses bienfaits, afin qu'il nous reconnaisse pour ses enfants et pour ses amis au jour du jugement.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 24

- LA MEDITATION DES MYSTERES DU ROSAIRE EST UN GRAND MOYEN DE PERFECTION.

71. Les saints faisaient leur principale étude de la vie de Jésus-Christ, ils ont médité sur ses vertus et sur ses souffrances, et, par ce moyen, ils sont arrivés à la perfection chrétienne. Saint Bernard a commencé par cet exercice, qu'il a toujours continué. "Dès le commencement de ma conversion, dit-il, je fis un bouquet de myrrhe composé des douleurs de mon Sauveur ; je mis ce bouquet sur mon coeur, pensant aux fouets, aux épines et aux clous de la passion. J'appliquai tout mon esprit à méditer tous les jours sur ces mystères". C'était aussi l'exercice des saints martyrs : nous admirons comment ils ont triomphé des plus cruels tourments. D'où pouvait venir cette admirable constance des martyrs, dit saint Bernard, sinon des plaies de Jésus-Christ, sur lesquelles ils faisaient leur plus fréquente méditation ? Où était l'âme de ces généreux athlètes, lorsque leur sang coulait et que leur corps était broyé par les supplices? Leur âme était dans les plaies de Jésus-Christ et ces plaies les rendaient invincibles.

72. La très sainte Mère du Sauveur ne s'est occupée toute sa vie qu'à méditer sur les vertus et les souffrances de son Fils. Lorsqu'elle entendit les anges chanter à sa naissance leur cantique d'allégresse, lorsqu'elle vit les pasteurs l'adorer dans l'étable, son esprit fut rempli d'admiration et elle méditait toutes ces merveilles. Elle comparait les grandeurs du Verbe incarné à ses profonds abaissements ; la paille et la crèche, à son trône et au sein de son Père; la puissance d'un Dieu, à la faiblesse d'un enfant ; sa sagesse, à sa simplicité. La sainte Vierge dit un jour à sainte Brigitte : "Lorsque je contemplais la beauté, la modestie, la sagesse de mon Fils, mon âme était transportée de joie, et lorsque je considérais ses mains et ses pieds qu'on percerait avec des clous, je versais un torrent de larmes, le coeur me fendait de tristesse et de douleur".

73. Après l'Ascension de Jésus-Christ, la sainte Vierge passa le reste de sa vie à visiter les lieux que ce divin Sauveur avait sanctifiés par sa présence et par ses tourments. Là, elle méditait sur l'excès de sa charité et sur les rigueurs de sa passion. C'était encore l'exercicie continuel de Marie-Madeleine pendant les trente années qu'elle vécut dans la Sainte-Baume. Enfin saint Jerôme dit que c'était la dévotion des premiers fidèles. De tous les pays du monde ils venaient en Terre Sainte pour graver plus profondément dans leurs coeurs l'amour et le souvenir du Sauveur des hommes, par la vue des objets et des lieux qu'il avait consacrés par sa naissance, par ses travaux, par ses souffrances et par sa mort.

74. Tous les chrétiens n'ont qu'une foi, n'adorent qu'un Dieu, n'espèrent qu'une même félicité dans le ciel ; ils ne connaissent qu'un médiateur qui est Jésus-Christ ; tous doivent imiter ce divin modèle, et pour cela considérer les mystères de sa vie, de ses vertus et de sa gloire. C'est une erreur de s'imaginer que la méditation des vérités de la foi et des mystères de la vie de Jésus-Christ ne regarde que les prêtres, les religieux et ceux qui se sont retirés des embarras du monde. Si les religieux et les ecclésiastiques sont obligés de méditer sur les grandes vérités de notre sainte religion pour répondre dignement à leur vocation, les gens du monde y sont au moins autant obligés, à cause des dangers où ils sont tous les jours de se perdre. Ils doivent donc s'armer du fréquent souvenir de la vie, des vertus et des souffrances du Sauveur, que nous représentent les quinze mystères du saint Rosaire.
Veni de Libano
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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 25

- RICHESSE DE SANCTIFICATION RENFERMEES DANS LES PRIERES ET LES MEDITATIONS DU ROSAIRE.

75. Jamais personne ne pourra comprendre les richesses admirables de sanctification qui sont renfermées dans les prières et dans les mystères du saint Rosaire. Cette méditation des mystères de la vie et de la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ est, pour tous ceux qui en font usage, la source des fruits les plus merveilleux. Aujourd'hui, on veut des choses qui frappent, qui émeuvent, qui produisent dans l'âme des impressions profondes. Qu'y a-t-il au monde de plus émouvant que cette histoire merveilleuse de notre Rédempteur se déroulant à nos yeux en quinze tableaux nous rappelant les grandes scènes de la vie, de la mort et de la gloire du Sauveur du monde ? Quelles prières sont plus excellentes et plus sublimes que l'Oraison dominicale et l'Ave de l'ange ? Là sont renfermés tous nos désirs, tous nos besoins.

76. La méditation des mystères et des prières du Rosaire est la plus facile de toutes les oraisons, parce que la diversité des vertus, des états de Jésus-Christ que l'on étudie, récrée et fortifie merveilleusement l'esprit et empêche les distractions. Les savants trouvent dans ces formules la doctrine la plus profonde, et les petits, les instructions les plus familières. Il faut passer par cette méditation facile, avant de s'élever au degré le plus sublime de la contemplation. Telle est la pensée de saint Thomas d'Aquin, et le conseil qu'il nous donne, quand il dit qu'il faut s'exercer d'abord comme dans un champ de combat par l'acquisition de toutes les vertus dont nous avons le parfait modèle dans les mystères du Rosaire ; car c'est là, dit le savant Cajetan, que nous acquerrons l'union intime avec Dieu, sans laquelle la contemplation n'est qu'une illusion capable de séduire les âmes.

77. Si les faux illuminés de nos jours ou les quiétistes avaient suivi ce conseil, ils n'auraient pas fait de si terribles chutes, ni causé tant de scandales dans la dévotion. C'est une étrange illusion du démon de croire qu'on puisse faire des oraisons plus sublimes que celles du Pater et de l'Ave, en abandonnant ces divines oraisons qui sont le soutien, la force et la garde de l'âme. J'avoue qu'il n'est pas toujours nécessaire de les réciter vocalement et que la prière intérieure, en un sens, est plus parfaite que la vocale ; mais je vous assure qu'il est très dangereux, pour ne pas dire pernicieux, de quitter de son propre mouvement la récitation du chapelet ou du Rosaire sous prétexte d'une plus parfaite union à Dieu. L'âme finement orgueilleuse, trompée par le démon du midi, fait tout ce qu'elle peut intérieurement pour s'élever au degré sublime des oraisons des saints, méprise et quitte pour cela ses anciennes manières de prier, bonnes pour les âmes du commun. Elle ferme d'elle-même l'oreille aux prières et au salut d'un ange et même à l'oraison qu'un Dieu a faite, pratiquée et commandée : "Sic orabitis : Pater noster" et Vous prierez ainsi, et, par là, elle tombe d'illusion en illusion, et de précipice en précipice.

78. Croyez-moi, mon cher confrère du Rosaire, voulez-vous arriver à un haut degré d'oraison sans pourtant l'affecter et sans tomber dans les illusions du démon si ordinaires aux personnes d'oraison, dites tous les jours, si vous pouvez, votre Rosaire entier ou du moins le chapelet. Y êtes-vous déjà arrivé par la grâce de Dieu, si vous voulez vous y conserver et y croître dans l'humilité, conservez la pratique du saint Rosaire, car jamais une âme qui dit son Rosaire tous les jours ne sera formellement hérétique ni trompée par le démon ; c'est une proposition que je signerais de mon sang. Si cependant Dieu, par sa très grande miséricorde, vous attire au milieu de votre chapelet aussi puissamment que quelques saints, laissez-vous aller à son attrait, laissez Dieu opérer et prier en vous et y réciter le Rosaire à sa manière, et que celui-là vous suffise dans la journée. Mais si vous n'êtes que dans la contemplation active ou oraison ordinaire, de quiétude, de présence de Dieu et d'affection, vous avez encore moins de raison de quitter le Rosaire, et bien loin de reculer dans l'oraison et la vertu en le récitant, qu'au contraire, il vous sera un aide merveilleux et la véritable échelle de Jacob, où il y avait 15 échelons, par lesquels vous irez de vertu en vertu, de lumières en lumières, et arriverez facilement sans tromperie jusqu'à la plénitude de l'âge de Jésus-Christ.
Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

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Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 26

79. Gardez-vous bien d'imiter l'opiniâtreté de cette dévote de Rome dont les merveilles du Rosaire parlent tant. C'était une personne si dévote et si fervente qu'elle faisait confusion par sa sainte vie aux religieux les plus austères de l'Eglise de Dieu. Voulant consulter saint Dominique et s'étant confessée à lui, il lui imposa pour pénitence de dire un seul Rosaire et par conseil de le dire tous les jours. Elle s'excusa sur ce sujet et dit qu'elle a ses exercices réglés, qu'elle gagne tous les jours les stations de Rome, qu'elle porte la haire, le cilice, qu'elle prend la discipline plusieurs fois par semaine, qu'elle fait tant de jeûnes et autres pénitences. Saint Dominique la presse et represse à suivre son conseil, elle n'en veut rien faire; elle sort comme scandalisée du confessionnal de voir le procédé de ce nouveau directeur pour elle, qui lui voulait persuader une dévotion qu'elle ne pouvait goûter. Voilà qu'étant en oraison et ravie en extase, elle voit son âme obligée de paraître devant le Souverain Juge. Saint Michel met toutes ses pénitences et autres prières dans un bassin de la balance et de l'autre tous ses péchés et imperfections. Saint Michel hausse la balance, le bassin de ses bonnes oeuvres s'en va en l'air et ne peut contrepeser le bassin de ses péchés et imperfections. Tout alarmée, elle crie miséricorde, elle s'adresse à la sainte Vierge, son avocate, laquelle laissa tomber dans le bassin de ses bonnes oeuvres le seul Rosaire qu'elle avait dit pour pénitence, lequel fut si pesant qu'il contrepesa tous ses péchés aussi bien que toutes ses bonnes oeuvres. Elle fut reprise en même temps de la sainte Vierge de ce qu'elle avait refusé de suivre le conseil de son serviteur Dominique, de dire le saint Rosaire tous les jours. Etant revenue à elle-même, elle alla se jeter aux pieds de saint Dominique, lui raconta ce qui lui était arrivé, lui demanda pardon de son incrédulité, promit de dire le Rosaire tous les jours et arriva par ce moyen à la perfection chrétienne, et à la gloire éternelle. Apprenez de là, personnes d'oraison, la force, le prix et l'importance de cette dévotion du saint Rosaire avec la méditation des mystères.

80. Quoi de plus élevé en oraison que sainte Madeleine, qui était portée sept fois le jour par les anges au-dessus du Saint Pillon, laquelle avait été à l'école de Jésus-Christ et de sa sainte Mère, et, cependant, lorsqu'elle demandait un jour à Dieu un bon moyen pour s'avancer en son amour et arriver à la plus haute perfection, l'archange saint Michel vient de la part de Dieu lui dire qu'il n'en savait point d'autre que de considérer au milieu d'une croix, qu'il lui planta au devant de sa caverne, les mystères douloureux qu'elle avait vu opérer de ses propres yeux. Que l'exemple de saint François de Sales, ce grand directeur des âmes spirituelles de son siècle, vous oblige à vous rendre d'une si sainte confrérie, puis que, tout saint qu'il était, il s'obligea par voeu de le dire tout entier tous les jours autant de temps qu'il vivrait. Saint Charles Borromée le récitait aussi tous les jours et recommandait fort cette dévotion à ses prêtres et ecclésiastiques dans les séminaires et à tout son peuple. Le bienheureux Pie V, l'un des grands papes qui ait gouverné l'Eglise, récitait tous les jours le Rosaire. Saint Thomas de Villeneuve, archevêque de Valence, saint Ignace, saint François Xavier, saint François de Borgia, sainte Thérèse, saint Philippe de Néri, pllusieurs autres grands hommes que je passe sous silence, ont excellé en cette dévotion. Suivez leurs exemples, vos directeurs en seraient bien aise, et s'ils sont informés des fruits que vous en pouvez retirer, ils vous y exciteront les premiers.
Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Message par Veni de Libano »

Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
Rose 27

81. Pour vous animer encore davantage à cette dévotion des grandes âmes, j'ajoute que le Rosaire récité avec la méditation des mystères : 1 nous élève insensiblement à la connaissance parfaite de Jésus-Christ ; 2 purifie nos âmes du péché ; 3 nous rend victorieux de tous nos ennemis ; 4 nous rend la pratique des vertus facile ; 5 nous embrase de l'amour de Jésus-Christ ; 6 nous enrichit de grâces et de mérites ; 7 nous fournit de quoi payer toutes nos dettes à Dieu et aux hommes, et enfin, nous fait obtenir de Dieu toutes sortes de grâces.

82. La connaissance de Jésus-Christ est la science des chrétiens et la science du salut ; elle surpasse, dit saint Paul, toutes les sciences humaines en prix et en excellence : 1 pour la dignité de son objet, qui est un Dieu homme, en présence duquel tout l'univers n'est qu'une goutte de rosée ou un grain de sable ; 2 pour son utilité; les sciences humaines ne nous remplissent que de vent et de fumée de l'orgueil ; 3 pour sa nécessité ; car on ne peut être sauvé, si on n'a la connaissance de Jésus-Christ, et celui qui ignore toutes les autres sciences sera sauvé, pourvu qu'il soit éclairé de la science de Jésus-Christ. Heureux Rosaire qui nous donne cette science et connaissance de Jésus-Christ, en nous faisant méditer sa vie, sa mort et passion et sa gloire. La reine de Saba, admirant la sagesse de Salomon, s'écria : "Heureux vos domestiques et vos serviteurs qui sont toujours en votre présence et entendent les oracles de votre sagesse" ; plus heureux les fidèles qui méditent attentivement la vie, les vertus, les souffrances et la gloire du Sauveur, parce qu'ils acquièrent par ce moyen, sa parfaite connaissance dans laquelle consiste la vie éternelle. Haec est vita aeterna.

83. La sainte Vierge a révélé au bienheureux Alain qu'aussitôt que saint Dominique prêcha le Rosaire, les pécheurs endurcis furent touchés et pleurèrent amèrement leurs crimes ; les jeunes enfants même firent des pénitences incroyables, la ferveur fut si grande, partout où il prêchait le Rosaire, que les pécheurs changèrent de vie et édifièrent tout le monde par leurs pénitences et l'amendement de leur vie. Si vous sentez votre conscience chargée de quelques péchés, prenez votre Rosaire, en récitant une partie en l'honneur de quelques mystères de la vie, de la passion ou de la gloire de Jésus-Christ, et soyez persuadé que, pendant que vous méditerez et honorerez ces mystères, Il montrera ses plaies sacrées à son Père au ciel. Il plaidera pour vous et vous obtiendra la contrition et le pardon de vos péchés. Il dit un jour au bienheureux Alain : "Si ces misérables pécheurs récitaient souvent mon Rosaire, ils participeraient aux mérites de ma passion, et, comme leur Avocat, j'apaiserais la divine Justice".

84. Cette vie est une guerre et une tentation continuelles ; nous n'avons pas à combattre des ennemis de chair et de sang, mais les puissances mêmes de l'enfer. Quelles armes prendrons-nous, pour les combattre, que l'oraison que notre grand Capitaine nous a enseignée, que la Salutation angélique, qui a chassé les démons, détruit le péché et renouvelé le monde, que la méditation de la vie, de la passion de Jésus-Christ, de la pensée de laquelle nous devons nous armer, comme nous ordonne saint Pierre, pour nous défendre des mêmes ennemis qu'il a vaincus et qui nous attaquent tous les jours. "Depuis que le démon, dit le cardinal Hugues, a été vaincu par l'humilité et la passion de Jésus-Christ, il ne se peut quasi attaquer à une âme armée de la méditation de ses mystères ou, s'il l'attaque, il en est vaincu honteusement". "Induite vos armaturam Dei (Eph 6,11).

85. Armez-vous donc de ces armes de Dieu, du saint Rosaire, et vous briserez la tête du démon, et demeurerez stables contre toutes ses tentations. C'est d'où vient que le Rosaire même matériel est si terrible au diable, et que les saints s'en sont servis pour l'enchaîner et le chasser des corps des possédés, comme plusieurs histoires rendent témoignage.
Veni de Libano
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Re: Le secret admirable du Très Saint Rosaire

Message par Veni de Libano »

Saint Louis Marie Grignion de Monfort a écrit :
86. Un homme, dit le bienheureux Alain, ayant en vain tenté toutes sortes de pratiques de dévotion pour être délivré du malin esprit qui le possédait, s'avisa de mettre à son col son Rosaire, ce qui le soulagea, et ayant éprouvé que lorsqu'il l'ôtait de son cou, le démon le tourmentait cruellement, résolut de le porter au cou jour et nuit, ce qui chassa le diable pour toujours, ne pouvant supporter une si terrible chaîne. Le bienheureux Alain témoigne qu'il a délivré un grand nombre de possédés, en leur mettant ainsi le Rosaire au cou.

87. Le Révérend Père Jean Amât, de l'ordre de Saint- Dominique, prêchant le Carême dans un lieu de ce royaume d'Aragon, on lui amena une jeune fille possédée du démon ; après l'avoir plusieurs fois exorcisée, mais en vain, il lui mit son Rosaire au cou, et aussitôt elle se mit à faire de cris et des hurlements épouvantables, disant : "Otez-moi, ôtez- moi ces grains qui me tourmentent". Enfin le père, par compassion pour la pauvre fille, lui ôta son Rosaire du cou. La nuit suivante, lorsque le Révérend Père était dans son lit à se reposer, les mêmes démons qui possédaient cette fille vinrent à lui, tout écumants de rage, pour se saisir de sa personne ; mais avec son Rosaire qu'il tenait fortement à la main, malgré les efforts qu'ils firent pour le lui ôter, il les fouetta admirablement bien et les chassa en disant : "Sainte Marie, Notre-Dame du saint Rosaire, à mon aide !" Lorsque, le lendemain, il allait à l'église, il rencontra cette pauvre fille encore possédée ; un des démons qui étaient en elle se mit à dire en se moquant de lui : "Ah! frère, si tu n'avais point eu ton Rosaire, nous t'aurions bien accommodé ". Alors le Révérend Père jette derechef son Rosaire au cou de la fille, disant : "Par les très sacrés noms de Jésus et de Marie, sa sainte Mère, et par la vertu du très saint Rosaire, je vous commande, esprits malins, de sortir de ce corps tout à l'heure" ; aussitôt ils furent contraints d'obéir, et elle fut délivrée. Ces histoires nous marquent quelle est la force du saint Rosaire pour vaincre toutes sortes de tentations des démons et toutes sortes de péchés, parce que les grains bénits du Rosaire les mettent en fuite.

Rose 28

88. Saint Augustin assure qu'il n'y a point d'exercice si fructueux et si utile au salut que de penser souvent aux souffrances de Notre-Seigneur. Le bienheureux Albert le Grand, maître de saint Thomas, a su par révélation que le simple souvenir ou la méditation de la passion de Jésus-Christ est plus méritoire au chrétien que de jeûner pendant un an tous les vendredis au pain et à l'eau, ou de prendre la discipline jusqu'au sang toutes les semaines, ou de réciter tous les jours le psautier. Ah! Quel est, par conséquent, le mérite du Rosaire, qui fait mémoire de toute la vie et la passion de Notre-Seigneur ? La sainte Vierge révéla un jour, au bienheureux Alain de la Roche, qu'après le saint sacrifice de la messe, qui est la première et la plus vive mémoire de la passion de Jésus-Christ, il n'y avait point de dévotion plus excellente et plus méritoire que le Rosaire, qui est comme une seconde mémoire et représentation de la vie et de la passion de Jésus-Christ.

89. Le Révérend Père Dorland rapporte que la sainte Vierge dit un jour au vénérable Dominique, chartreux, dévot du saint Rosaire, qui résidait à Trèves l'an 1481 : "Toutes les fois qu'un fidèle récite le Rosaire avec les méditations des mystères de la vie et de la passion de Jésus- Christ, en état de grâce, il obtient pleine et entière rémission de tous ses péchés". Elle dit aussi au bienheureux Alain : "Sachez qu'encore qu'il y ait quantité d'indulgences données à mon Rosaire, j'y en ajouterai beaucoup davantage pour chaque cinquantaine à ceux qui le réciteront sans péché mortel, à genoux, dévotement, et quiconque persévèrera dans la dévotion du saint Rosaire avec ces articles et méditations, je lui obtiendrai, pour récompense de ce bon service, pleine rémission de la peine et de la coulpe de tous ses péchés à la fin de la vie. Et que cela ne te semble pas incroyable ; il m'est facile, puisque je suis la Mère du Roi des cieux, qui m'appelle pleine de grâce, et, si j'en suis remplie, j'en ferai une ample effusion à mes chers enfants".

90. Saint Dominique était si bien persuadé de l'efficace et mérite du saint Rosaire qu'il ne donnait quasi point d'autre pénitence à ceux qu'il confessait, comme nous avons vu dans l'histoire que j'ai rapportée d'une dame romaine à qui il ne donna pour pénitence qu'un seul Rosaire. Les confesseurs devraient aussi, pour marcher sûrement sur les traces de ce grand saint, enjoindre aux pénitents le Rosaire, avec la réflexion sur les sacrés mystères, plutôt que d'autres pénitences qui ne sont pas d'un si grand mérite, ni si agréables à Dieu, ni si salutaires aux âmes pour les faire avancer dans la vertu, ni si efficaces pour les empêcher de tomber dans le péché, et de plus, en disant le Rosaire, on gagne quantité d'indulgences qui ne sont pas attachées à plusieurs autres dévotions.
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