Sur l'endurcissement des pécheurs

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InHocSignoVinces
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Sur l'endurcissement des pécheurs

Message par InHocSignoVinces »

Sur l'endurcissement des pécheurs

Tiré de LES DEGRES DE LA VIE SPIRITUELLE, par l'Abbé A. SAUDREAU, 1905.


Avant d'étudier les ascensions de l'âme dans
la vie spirituelle, essayons d'établir en quelques
pages les degrés du péché. Si l'âme constamment
fidèle s'élève de sommet en sommet jusqu'à la
sublime perfection,
l'âme rebelle, au contraire,
peut descendre de précipice en précipice et
s'enfoncer dans les abîmes du mal jusqu'à
d'insondables profondeurs.


Il n'est pas question, pour le moment, de ceux
qui tombent accidentellement dans les fautes
graves et savent ensuite se relever;
mais de ceux
qui demeurent dans le péché et n'ont pas le courage
d'en sortir.


Chez les uns, la foi reste entière; ils ne cherchent
point à en secouer le joug. Est-ce grâce particulière
de Dieu, est-ce attachement naturel à leur religion,
ou bien influence salutaire d'un milieu chrétien ?
Toujours est-il que leur foi a été préservée de tout
assaut; ils ne connaissent pas le doute, et la vérité
n'a pour eux rien perdu de son évidence.


Dans ce premier cas, les remords sont vifs, le pécheur
voudrait quitter son péché, mais il n'en a pas le courage;
il souffre de la tyrannie de ses passions, cependant il en
demeure l'esclave; si c'est la difficulté de l'aveu qui retient
dans l'éloignement des sacrements ou peut-être dans le
sacrilège, grand encore est son tourment et grand
le désir qu'il éprouve de sortir de cet état ; souvent
même il y est résolu, mais au dernier moment il recule
et remet à plus tard. Ce n'est pas encore l'endurcissement,
l'obstination dans le péché.
Aussi, de toutes les âmes
pécheresses, celles-ci qui ont conservé une foi plus vive
sont les plus faciles à convertir, surtout si elles ont gardé
quelque habitude de la prière.


Mais rarement on en demeure là; la résistance au bien,
l'infidélité continuelle finit par rendre les grâces moins
abondantes et moins efficaces, la voix de Dieu toujours
repoussée devient moins pressante, les remords diminuent,
la foi, si elle ne s'éteint pas, est obscurcie; d'un autre
côté, les passions toujours caressées deviennent
de plus en plus exigeantes et tyranniques; alors
le pécheur tombe dans l'endurcissement.


Cet état est déplorable, il est très injurieux à
Dieu et dangereux pour l'âme.
Celle-ci se montre
insensible aux meilleurs raisonnements, elle ne
se laisse pas ébranler même par les considérations
les plus graves; tout glisse sur elle comme l'eau sur
le marbre, sans pénétrer, sans amollir sa dureté.
C'est que le mal n'est pas dans le jugement,
il est dans la volonté; c'est la volonté qui est rebelle,
qui se raidit avec obstination, repousse à
l'avance tous les arguments et dédaigne de
s'y arrêter.



A SUIVRE...
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InHocSignoVinces
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Re: Sur l'endurcissement des pécheurs

Message par InHocSignoVinces »

Causes de l'endurcissement


Nous avons dit que l'endurcissement venait
de la résistance à la grâce; cette résistance
produira des effets d'autant plus pernicieux
qu'elle sera plus coupable. Ainsi elle est moins
dangereuse si elle vient de l'ignorance ,
comme il arrive pour nombre d'âmes peu instruites,
à l'intelligence peu ouverte, ou dont l'éducation
chrétienne a été fort incomplète.
On pourrait
ranger dans la même catégorie certains caractères
très étourdis et inconsidérés, peu capables de réfléchir à la grièveté
de leurs fautes. Avant moins reçu de Dieu et
appelés par Lui à une moindre perfection, ils sont
plus excusables et le Juge pour eux sera moins
sévère.



Si c'est par lâcheté qu'on est infidèle à la voix de la conscience, par exemple par crainte de
se faire violence ou par lassitude et découragement, les effets de cette infidélité seront beaucoup plus funestes.



Ils le seront bien davantage encore si la résistance à la grâce va jusqu'à la malice,
le pécheur préférant de choix délibéré, de gaieté de cœur, les penchants mauvais,
que le démon excite, aux bons désirs qui viennent de Dieu 1. Bien que
plus rares, les péchés de malice se rencontrent trop souvent encore.
Certains chrétiens
s'irritent de voir leurs entreprises échouer, les malheurs fondre sur eux, la mort leur ravir
des êtres aimés; ils s'en prennent à la Providence : qu'ai-je fait à Dieu, disent ces pauvres
insensés, pour qu'il me traite si durement? Et par une sorte de vengeance, ils s'éloignent
de plus en plus de leurs devoirs et s'enfoncent volontairement dans le péché.



D'autres se dépitent de ne pouvoir se livrer en
paix à toutes leurs passions, ils se livrent à une
sorte de colère contre eux-mêmes et contre Dieu ;
n'ayant pu rejeter la foi, sentant vivement l'horreur
de leurs fautes et l'aiguillon de leur conscience,
ils entrent alors en lutte avec Dieu et, comme
Mathan, ils voudraient à force d'atentats perdre
tous leurs remords.



Toutefois ce n'est point encore là le point
extrême de l'endurcissement, car il y a dans
cette frénésie un aveuglement, une sorte de démence
qui en atténue quelque peu la culpabilité.



Mais, si c'est une malice froide et maîtresse
d'elle-même, la faute est encore plus grave
et l'endurcissement qui en résulte plus terrible.
Luther et Calvin ne furent-ils pas plus coupables
que les malheureux fanatisés par eux, Voltaire
plus responsable que Marat ?



1. Cf. Vénérable Libermann, Ecrits spirituels, p. 260.
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