Commentaire sur les Lamentations de Jérémie

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Abbé Zins
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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


60. « Le Prophète continue l’exposé en deux parties de la misère de la servitude, afin d’en montrer l’ampleur.

En la première partie, il la déplore quant à l’oppression des habitants, en la seconde quant à l’enlèvement des biens : L’ennemi a fait main basse sur tout ce qui lui a plu.

Après avoir déploré la misère de l’oppression, il en indique la raison : Jérusalem a péché.

Il décrit d’abord leur misère en ce qu’ils souffrent présentement, ensuite par leur souvenir de ce par quoi ils sont passés : Et Jérusalem s’est remémoré les jours de son affliction.

Il montre la misère de la servitude quant à ceux 1̊ ayant fui ; 2̊ étant restés : les rues de Sion pleurent .. ; 3̊ captifs : Ses ennemis sont devenus maîtres


(Saint Thomas, in Lam. 1,3s)


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Abbé Zins
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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


61. « Ghimel. 3. Juda a migré, en raison de l’affliction, et de la multiplicité de la servitude ; il a habité parmi les nations (païens), et n’a point trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l’ont appréhendé (saisi) au milieu (parmi) des angoisses (resserrements).»



62. « Ghimel s’interprète plénitude. Il s’agit ici de la plénitude des péchés, dont le Seigneur a dit aux Juifs : Complétez la mesure de vos pères (Mt. 23,32), c.à.d. ce qu’eux ont fait en péchant moins gravement, mettez-le vous à son comble.

Et en la Genèse (15,16) : Les péchés des Amorrhéens n’ont pas encore atteint leur plénitude.

Comme donc Juda a atteint cette plénitude des péchés, il a émigré de sa terre en raison de l’affliction dont les Chaldéens l’ont meurtri à cette époque, et plus tard les Romains ; et à cause de la multiplicité de la servitude en laquelle il avait servi le diable, il a habité parmi les nations, et n’a point trouvé de repos.

Tous ses persécuteurs, à savoir les Chaldéens et Romains, l’ont appréhendé au milieu des angoisses.


On peut semblablement le référer à la Sainte Eglise, qui souvent à cause des péchés (de ses membres) est affligée par les païens, par les hérétiques, et parfois se trouve captive tant des ennemis que des démons.»


(Saint Jérôme, Com. 1 in Lam. 1,3)


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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


63. « Ghimel s’interprète plénitude, et signifie la plénitude de la faute et de la peine .. (Mt. 23,32 ; Gen.15,16).., car en péchant avec pertinacité ils ont mérité une plénitude de misère et de calamité, qu’ils ont expérimentée en la captivité.» (Saint Bonaventure, in Lam. 1,3)


64. Quand la mesure des péchés atteint son comble, le châtiment tombe en leur juste proportion, comme lors du Déluge universel (Gen. ch. 6 à 8), la pluie de feu et de soufre sur Sodome et la Pentapole (Gen. ch. 18 à 19), l’extermination de populations coupables, invétérées dans tous les vices et irrécupérables (Josué ch. 6, 8,10 ; I Samuel ou Rois 15,1-3), quelques justes retardant parfois la sentence (Gen. 5,21-31 ; 18,21-32).

Aussi, comme la fin du monde antique par le Déluge d’eau a été méritée par une démultiplication d’infidélités et d’immoralités, ainsi la fin du monde présent par un Déluge de feu (II Petr. 3,5-10) sera méritée par l’Apostasie générale (II Thes. 2,3-7) et l’amoncellement de péchés innommables :

« Comme aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il à l’Avènement du Fils de l’homme » (Mt. 24,37).


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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :



65. « En la première partie, il décrit la captivité en tant que violemment éprouvée, puis la peine en résultant : il a habité parmi les païens.

Il dit donc : Juda, c.à.d. la population soumise aux rois de Juda, à savoir la tribu de Benjamin, en laquelle était Jérusalem, et la tribu de Juda ; a migré, de sa terre vers Babylone.

Et comme la transmigration a eu proprement lieu quand les neuf tribus ont été déportées par Salmasar en Assyrie (IV Rois 17,6), il parle ici de la captivité faite par Nabuchonosor (IV Rois 25,21), et de migration pour la captivité.

Ainsi donc, Juda a migré en raison de l’affliction du peuple, celle qu’il a soufferte sans pouvoir s’y soustraire du fait de l’invasion des Chaldéens, et de la multiplicité de la servitude infligée par les nations d’alentour.

Ou bien la servitude signifie le péché. .. Il évoque ensuite la peine en résultant, quant à 1̊ l’absence du repos désiré, 2̊ l’affluence de la tribulation débordant de toutes parts : tous ses persécuteurs l’ont appréhendé.

Il a habité parmi les nations, littéralement à Babylone, et n’a point trouvé de repos : c’est le propre des affligés de toujours estimer le danger pire qu’il n’est.


Comme le malade espérant de nuit le jour, ainsi ce peuple affligé en sa propre terre a recherché la fuite mais n’a pas trouvé de repos ;

la cause en étant indiquée à la suite : tous ses persécuteurs, la pressant de tous côtés, les nations d’alentour l’insultant,

l’ont appréhendé au milieu des angoisses, car fuyant les Chaldéens ils sont tombés sur les Egyptiens (Jer. 15,2) ..»


(Saint Bonaventure, in Lam. 1,3)

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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


66. Juda, les Juifs restés fidèles en la persécution du roi grec païen Antiochus Epiphane, avec à leur tête Mathathias et ses fils, a migré, ont dû quitter Jérusalem et leur ville Modin, en raison de l’affliction s’étant abattue sur le Temple souillé par le culte rendu à des idoles par les païens l’occupant, et de la multiplicité de la servitude engendrée par la persécution cherchant à faire apostasier le peuple et cesser le culte de l’unique vrai Dieu.

Il a habité parmi les nations, en étant réduit soit à subir leur domination soit à vivre caché en des lieux désertiques, et n’a point trouvé de repos, étant attaqué même le jour du Sabbat (I Mach. 2,32) ; tous ses persécuteurs l’ont saisi au milieu des angoisses (I Mach. 1,59-67 ; II Mach. 6,1s ; 7,1s).


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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


67. « Le peuple des Juifs a donc migré en la dispersion parmi les nations en raison de l’affliction de la captivité, et lui qui avant commandait en son royaume de multiples peuples a ensuite souffert la servitude parmi diverses nations, car par ses crimes il a mérité d’être soumis par elles à la vindicte.

Quant au Juda Spirituel, il a migré de sa terre, car en péchant, il a irrité le Seigneur, et par ses iniquités L’a provoqué à la vindicte. .. (Is. 43,24) ..

Aussi, dispersé parmi les nations et pollué par leurs désordres, il a perdu la liberté et est tombé entre les mains de ses ennemis, qui, le menant par diverses erreurs, ne lui concèdent ni de se reposer, ni même de respirer quelque peu.»

(Saint Jérôme, Com. 2 in Lam. 1,2)


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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


68. La dispersion, déportation en d’autres pays, ventilation de par le monde entier, font parties des peines énoncées au Nom de Dieu par Moïse en ses bénédictions et malédictions (Deut. ch. 28s), spécialement à l’encontre de l’infidélité envers Dieu.

Outre celles en Egypte, Assyrie, et principalement à Babylone ; la plus terrible, tant par sa durée que par son extension dans le monde entier, ses circonstances particulièrement accablantes :

ville et temple entièrement rasés, vente, de ceux qui avaient vendu leur Messie le Christ-Jésus pour 30 deniers, à un denier les trente (S. Thomas, Exp. 1 in Apoc. 16,1s),

a été celle de l’An 70 de l’Ère Chrétienne, suite à leur révolte contre les Romains qu’ils avaient d’abord appelés à l’aide contre le joug des Grecs.


Pourtant, comme le remarque avec profondeur Saint Jean Chrysostome (in Ps. 8, et 6e Discours contre les Juifs), ils n’adoraient plus alors d’idoles et respectaient encore le culte aaronite.

Quel crime plus grave que tous les précédents avaient-ils pu commettre, pour mériter un châtiment plus grave que jamais ? sinon celui du Déicide à l’encontre du Verbe Incarné venu pour les sauver.


Châtiment que ce Divin Rédempteur et Maître avait ainsi prophétisé :

« Ils tomberont sous le glaive et seront conduits captifs dans toutes les Nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les Nations jusqu'à la fin des temps des Nations.» (Lc. 21,24).

Prédiction qui s’est réalisée à la lettre, et s’est prolongée durant deux mille ans, et se poursuit partiellement encore actuellement.


Quels sont ces temps des Nations, sinon ceux de l’adhésion à l’Evangile des Nations jusqu’alors païennes ?


Quel sera, quel devait être le terme de cette fin des temps des Nations, sinon celui de la fin de leur adhésion en tant que peuples à l’Evangile et au Divin Sauveur,

autrement dit le temps de la grande Apostasie (II Thes. 2,3s) !?



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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


69. « Ce verset est précédé de la lettre Ghimel qui s’interprète plénitude, car de la plénitude des péchés ils sont passés à la plénitude de la misère (Mt. 23,32 ; Lc. 6,38) ..

Allégoriquement, Juda, l’Eglise unie au Christ, a migré d’ennemis en ennemis, parmi lesquels elle aspire au repos mais ne le trouve pas, étant opprimée par tous à volonté.

Moralement, Juda, l’âme qui doit confesser le Christ, a migré vers les vices, parmi les nations, les vicieux ou démons, ne trouve pas le repos, illusionnée par les vicieux ou démons ; ses persécuteurs, les démons, l’appréhenderont en la mort.»


(Saint Thomas, in Lam. 1,3)



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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


70. « Selon le sens allégorique, la tribu de Juda signifie les responsables établis en l’Eglise dans l’autorité, qui affirment adhérer au Christ mais ne sont pas fermes en Son amour, du fait qu’ils rougissent de souffrir pour Son Nom des indignités.


Aussi, ils migrent en raison de l’affliction et de la multiplicité de la servitude, en tant qu’ils ne veulent point participer aux souffrances des saints et s’écartent de la communauté des justes,

habitent parmi les nations en imitant les moeurs des hommes mondains et en étant impliqués en leurs sollicitudes,

en lesquelles ils ne trouvent pas le repos et souvent tombent en de lourdes et infructueuses préoccupations, après n’avoir point voulu en supporter de moindres pour le Christ..»


(Saint Bonaventure, in Lam. 1,3)


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Dispersion, diaspora, conséquence d’une plénitude de péchés :


71. En ce temps de la grande Apostasie de toutes les Nations jusque là Chrétiennes, Juda,

tous ceux qui confessent encore la Foi et toute la doctrine de la Sainte Eglise Catholique,

ont migré, devant quitter les églises occupées par les modernistes pourtant solennellement condamnés peu avant,

et se contenter d’un culte domestique en des oratoires privés,

en raison de l’affliction issue de l’usurpation externe par d’hypocrites intrus du Souverain Pontificat, des Evêchés et paroisses,

et de la multiplicité de la servitude due soit à l’aveuglement du grand nombre suite à la tromperie des infiltrés dans les structures ecclésiastiques,

soit à la lâche complicité de ceux préférant leur tranquillité et leurs aises au devoir de s’opposer aux intrus et à leurs déviations de la Foi et des Moeurs.



Et ce petit reste de fidèles n’a point trouvé de repos, devant d’abord fuir de chapelles en chapelles les compromissions de clercs dévoyés

ou se dévoyant par lassitude du combat à mener sans cesse et à maintenir avec persévérance malgré tous les persécuteurs,

alliés aux pires ennemis et réservant leurs coups à ceux s’appliquant à demeurer sans compromissions et à surmonter les resserrements de coeur en songeant à tant de trahisons.


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