Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


26/

« Qu'il nous soit permis en attendant de lui donner pour interprète saint Bonaventure, c.à.d. un séraphin embrasé d'amour, et de résoudre ce noeud par cette courte distinction.


L'amour, selon saint Bernard, ne veut point de récompense, où l'espérance de la récompense est imparfaite et diminue l'amour :

si vous l'entendez de la récompense créée, saint Bonaventure (in 3, dist. 26 a.1 ad 5) l'accorde ;

mais si vous l'entendez de la récompense incréée, ce grand auteur le nie.


La raison profonde et fondamentale de cette distinction est que la récompense incréée est cette récompense que saint Augustin (De doctr. Christi 1,32 n° 35) appelle "perfectionnante" : "Merces perficiens".»






(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


26/

« Quand l'homme borne l'amour de la récompense dans les biens au-dessous de lui, la récompense qu'il cherche est pour ainsi dire dégradante, ravilissante, et déshonorante ;

mais quand il veut pour sa récompense Dieu même et tous les biens de l'âme et du corps qui en suivent la possession, c'est là une récompense "perfectionnante" ;

parce qu'elle donne la perfection à son être aussi bien qu'à son amour.


L'homme a pour mérite l'amour commencé, et il a pour récompense l'amour consommé ;

en sorte que sa récompense, loin de diminuer son amour, en est le comble ;

et le désir de la récompense est si peu la diminution de l'amour,

qu'au contraire il en recherche la perfection, et c'est là son digne et parfait motif.»






(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


26/

298. « J'ai mis avec Dieu comme récompense tous les biens du corps et de l'âme, qui en accompagnent la possession,

non seulement parce qu'on ne peut pas ne pas chérir les récompenses, qui nous sont données d'une main si amie et si naturellement bienfaisante,

mais encore parce que ces biens ne sont qu'un regorgement, et si l'on me permet ce mot, une redondance de la possession de Dieu, qui fait le fond de la récompense ;

c'est pourquoi saint Bonaventure nous apprend que tout cela est l'objet de la charité, à cause (remarquez ces mots) que

« la charité », le vrai et parfait amour, « regarde la béatitude avec l'universalité de tous les biens », qu'elle comprend tant essentiels qu'accidentels (id. q. 2 ad 2).


Voilà l'objet, voilà le motif qu'on ne peut jamais exclure de la charité.

Ce sont là « ces nobles récompenses », comme les appelle saint Clément d'Alexandrie (Strom. 1.4), qui épurent l'amour loin de l'affaiblir :

écompenses en effet si nobles, qu'ou ce n'est point un intérêt, ou si c'en est un le désintéressement n'est pas meilleur.»






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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


26/

« C'est en effet une fausse idée des nouveaux Mystiques de donner pour objet à la charité la bonté de Dieu, en excluant de l'état parfait tout rapport à nous : autrement il faudrait ôter de ce grand précepte de l'amour de Dieu, « tu aimeras le Seigneur », puisque le mot de Seigneur a rapport à nous.

Bien plus il faudrait rayer ce terme, « le Seigneur ton Dieu », puisqu'il n'est pas notre Dieu sans ce rapport.

Il s'ensuivrait encore de cette doctrine, que l'amour que nous avons pour Dieu comme étant notre premier principe et notre dernière fin, ne serait pas un amour de charité : erreur qui est réfutée, après saint Thomas, par toute la théologie.

Ne croyons donc pas de déroger à la charité en aimant Dieu comme une nature créatrice et conservatrice, encore que tous ces mots aient rapport à nous : ni en l'aimant comme Sauveur, et Jésus comme Jésus, encore que notre salut soit enfermé dans ce titre et en fasse la douceur.

Puis-je aimer Jésus-Christ comme mon Sauveur sans aimer par le même amour mon salut même par lequel il est fait Sauveur ?»






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26/

« C'est pousser l'illusion trop loin que de croire que ces motifs dérogent, je ne dirais pas à l'amour, mais à l'amour le plus pur.

Par la même raison c'est aimer, et aimer du plus pur amour, que d'aimer Dieu comme une nature bienfaisante et béatifiante :

tout cela étant en Dieu une excellence qui ne peut pas ne pas être aimée, ni ne pas servir de motif à l'amour, comme il a été expliqué.»






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26/

299. « Il convient de ne jamais laisser ébranler cette immuable vérité de la foi :

que l'amour souverain de Dieu animé par le motif du moins subordonné de la récompense,

pour ne pas entrer plus avant dans la question, est un vrai amour de charité,

qui croissant comme il doit faire avec ce motif, peut devenir un pur et parfait amour.»






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26/

« Et quant à ces abstractions et suppositions impossibles ... on dit, par exemple : on aimerait Dieu, quand par impossible il faudrait l'aimer sans récompense ; donc la récompense n'est pas une raison d'aimer, et l'amour parfait exclut ce motif.

C'est là une erreur semblable à celle-ci : on aimerait Dieu, quand par impossible il ne serait pas créateur, puisque la création ne rend pas sa nature plus excellente : donc il faut exclure ce motif de la création, lorsque l'on veut aimer purement.


De même, on aimerait Dieu, et on l'aimerait souverainement, quand il ne nous aurait pas donné pour Sauveur son Fils unique : donc cette parole du Sauveur, « Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique » (Jn. 3,16), n'est pas un motif d'amour ;

donc c'est d'un amour imparfait, et qui n'est pas de charité, que parle saint Jean, lorsqu'il dit : « Aimons Dieu, parce qu'il nous a aimés le premier, qu'il a envoyé son Fils, pour être le Sauveur du monde » (I Jn . 4, 10,19),

donc ce "parce que", de saint Jean, n'exprime pas un motif du vrai et parfait amour :

donc ce doux nom de Jésus, qui réjouit le Ciel et la terre, ne nous est pas proposé, comme un moyen et une raison de toucher les coeurs : et l'amour pur et parfait exclut ce motif.


Tout cela que serait-ce autre chose, que de vains raisonnements, qui, tendraient à l'extinction de la piété ? »






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26/

« Si l'on voulait pousser à bout la subtilité, et s'abandonner à son génie, il ne faudrait que dire encore :

on aimerait Dieu souverainement, quand on ne songerait pas à la volonté par laquelle il a disposé de nous et de toutes choses.


Car, en faisant abstraction de ce rapport, sans lequel Dieu pouvait être, puisqu'il pouvait être sans créer, il ne laisserait pas d'être souverainement aimable :

donc la conformité de notre volonté à celle de Dieu n'est pas le motif de l'amour et du pur amour, et il n'y a qu'à se perdre abstractivement dans l'excellence de l'être divin.


Ainsi les motifs de l'amour s'évanouiront l'un après l'autre ; et à force de vouloir affiner l'amour, il se perdra entre nos mains.»


(Bossuet, "Instruction sur les états d'oraison")






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26/

300. Explications de Bossuet qui recoupent celle donnée par saint Bernard qui s'élève cependant, tel un Ange, plus haut que l'aigle de Meaux :


« En effet, Dieu n'est point aimé sans récompense, bien qu'il doive être aimé sans faire attention à la récompense.

Car la vraie charité ne peut demeurer sans salaire, et pourtant elle n'est point mercenaire puisqu'elle ne recherche pas son intérêt (I Cor. 13,5).

Elle est un mouvement de l'âme, non un contrat ; elle ne s'acquiert point en vertu d'un pacte, et n'acquiert rien non plus de la sorte.

Elle est un mouvement spontané, et rend spontané.»







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26/


« Le véritable amour se contente de lui-même.

Il a sa récompense, mais elle consiste en l'objet aimé.


Car quelque soit l'objet que l'on paraisse aimer, si on l'aime en vue d'un autre,

c'est en vérité cet autre que l'on aime et vers lequel notre amour tend comme vers sa fin,

et non celui par lequel on y tend.


Ainsi saint Paul ne prêchait point l'Evangile en vue de se procurer de quoi manger,

mais il mangeait en vue de pouvoir prêcher l'Evangile (cf. I Cor. 9,18).»







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