Un livre pour ceux qui souffrent.. (vie de Sainte Lidwine de Schiedam)

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Laetitia
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Un livre pour ceux qui souffrent.. (vie de Sainte Lidwine de Schiedam)

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Vie de la Bienheureuse Lidwine, vierge, modèle des malades et des infirmes,

par M. l'abbé Coudurier, aumônier de l'école normale et de l'hospice des femmes incurables de Bourg en Bresse. Avec l'approbation de Mgr l'Évêque de Belley. Paris, Ambroise Bray. 1862.

Introduction.



Un livre m'était tombé sous la main, un tout petit livre, le plus humble peut-être de tous ceux qu'a produits son auteur, mais un livre que j'ouvrais avec empressement, grâce à son origine, et que bientôt je savourais avec délices. C'était la Hollande catholique (1), ce souvenir tout parfumé de science et de poésie qu'un savant bénédictin nous a rapporté de cette terre hollandaise dont il était allé explorer, en 1847, au profit de la vérité, l'émouvante histoire et les vieilles archives.

Or, comme je suivais le pieux pèlerin le long de ces siècles des saintes splendeurs de la République batave, à travers ce jardin suspendu sur les eaux que la foi seule a pu créer, une admirable figure tout à coup se trouva devant moi, une figure que mon guide, en la saluant, nomma la Bienheureuse Lidwine, mais qui dès l'abord m'apparut si belle et si pure que je m'arrêtai involontairement pour mieux la contempler, pour mieux entendre et me faire répéter sa merveilleuse histoire.

L'éloquent Bénédictin me racontait en effet, en huit pages du plus petit format, des choses prodigieuses sur cette vierge Lidwine. C'étaient de terribles et surhumaines maladies qui révoltaient la nature ; c'étaient, au sein de ces effrayantes infirmités, une résignation et des joies dont la terre n'a pas le secret ; c'étaient surtout de célestes faveurs, d'éblouissantes gloires qui ravissaient la foi ; et tout cela, bien qu'à peine esquissé en quelques lignes, m'était dit avec une grâce et une onction qui burinaient pour jamais, au fond de mon âme, tous les traits de cette resplendissante figure.

Aussi, dès ce moment, Lidwine prit une large place dans mes pensées. Mes pérégrinations avec l'excellent Père étaient finies ; j'avais fermé son livre, j'étais même déjà loin, bien loin de lui par d'autres préoccupations, et toujours la douce image se retrouvait devant moi, se mêlant bon gré, malgré, partout et sans cesse au souvenir des chères malades dont la sollicitude m'est confiée, me suivant surtout et m'attendrissant à leur chevet.

Vingt fois, il m'a fallu revenir à la Hollande catholique pour y revoir la vierge qui fait sa gloire, au pieux Bénédictin pour lui redemander à nouveau le récit si attachant de ses huit trop courtes pages. Puis, ce récit lui-même ne m'a plus suffi, et enfin, sous mon humble toit, un jour sont entrés avec leurs in-folios les doctes Bollandistes, le vénérable Thomas à Kempis, d'autres illustres savants encore ; et, se rangeant autour de moi, ils m'ont ouvert leurs immortels livres dont de nombreuses pages étaient toutes pleines, comme d'un parfum, du nom de ma chère Lidwine... Ineffables communications ! Heures délicieusement fugitives! Et que s'est-il passé, qu'ai-je fait en si noble compagnie ? Je ne saurais le dire. Mais il s'est trouvé, après quelque temps de ces illustres entretiens, que j'avais entre les mains un manuscrit de trois à quatre cents pages : l'étonnante vie de la Bienheureuse en était sortie, comme s'échappe d'un cœur enthousiasmé un chant souvent dépourvu d'art, mais toujours plein d'allégresse et d'amour !

Oui, je le répète, j'aime à le proclamer, j'ai goûté d'incomparables joies dans cette intime société, dans ces recherches laborieuses à travers les vieux livres, dans toute cette étude qui m'a introduit en ce paradis embaumé d'une vie où abondent les plus ravissantes merveilles et où l'action du divin Maître se montre à découvert avec tous les traits d'une si touchante bonté !

(1) La Hollande catholique, par le R. P. dom Pitra, moine bénédictin de l'abbaye de Solesmes.
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Laetitia
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Mais le dirai-je aussi ? Aujourd'hui que ce travail est fait et que me voilà sur le seuil de cette publicité vers laquelle m'ont poussé l'admiration pour Lidwine et des conseils que je dois respecter, j'hésite, je recule - presque. Ce n'est pas l'imperfection de mon œuvre toute seule qui me retient; c'est encore, et c'est surtout ce qui précisément m'avait ravi jusqu'à me faire prendre témérairement une plume : c'est cet ensemble merveilleux, c'est ce caractère éminemment surnaturel de la vie que j'ai osé écrire. En voyant, dans cette vie, tant de prodiges, tant de célestes communications, tant de ravissements et d'extases, j'ai pensé à notre dix-neuvième siècle, à sa religiosité ignorante, à cette plaie du naturalisme qui lui a fait tant de mal et dont il n'est pas guéri; je me suis dit : « Quel accueil fera t-on à une si étonnante vie ? Et toutes ces gloires et toutes ces merveilles, comment seront-elles reçues ? »

Sans doute, en ce qui touche spécialement à cette question du surnaturel, un souffle meilleur passe de nos jours sur notre société chrétienne. On sent que le véritable esprit catholique tend à se refaire dans les âmes. Un retour vraiment providentiel s'accomplit. La science, l'histoire mieux étudiée, une plus saine philosophie donnent raison à la foi. L'hagiographie se dépouille de cette sécheresse rationaliste qui lui ôtait tous ses charmes, elle reprend peu à peu les grâces naïves de la légende, sans abdiquer pour cela l'austère beauté d'une savante et consciencieuse critique ; en un mot, les saints commencent à reparaître avec leur physionomie propre. Mais que de préventions encore ! quelle désolante ignorance ! Que d'âmes - même sincèrement chrétiennes - que le seul mot de miracle effarouche, qui ferment un livre d'un air superbement dédaigneux, dès qu'elles s'y heurtent à quelque opération surnaturelle, comme si ce livre n'était dès lors que l'œuvre imbécile d'une ténébreuse superstition, ou comme si son auteur n'était nécessairement qu'un visionnaire dangereux qui, par cette maladroite exhibition de ridicules prodiges, déshonore les saints, afflige l’Église et compromet la religion !
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Qu'ai-je donc à faire devant cet écueil ? Reculer, ce serait trahir la vérité ; non, je ne la trahirai pas ! On m'a dit : Allez ! et je vais. Mais alors, ne dois-je pas à ces âmes dont je viens de parler, à ces âmes sincères mais prévenues ou trop peu éclairées, ne leur dois-je pas un mot, un rayon de lumière sur ces phénomènes surnaturels qui se rencontrent dans la vie des saints ?

Avant de leur dire : « Ouvrez ce livre, » ne dois-je pas leur crier : « Prenez garde à l'abîme où vous allez, quand vous rejetez un fait surhumain, par cela seul qu'il est surhumain ? »
Et qu'on le remarque bien. Je ne dis pas : « Y a-t-il un ordre surnaturel ? » Non, je ne pose pas, Dieu me préserve de poser une telle question ! Ce serait faire injure à des chrétiens. L'ordre surnaturel existe ; il s'affirme, il s'impose, il existe comme existe le christianisme lui-même !

Mais je dis : Prenez-y garde ! En repoussant les faits qui s'élèvent au-dessus des forces de la nature, en les repoussant purement et simplement, de parti pris et sans examiner ni preuves, ni autorités, évidemment vous repoussez, vous niez la possibilité de ces faits surnaturels ; c'est-à-dire, sans le vouloir, sans y penser, vous repoussez, vous niez l'ordre surnaturel lui-même, et dès lors, du même coup, bon gré, mal gré, c'est le christianisme que vous niez : religion, histoire, raison, car le christianisme est tout cela, vous niez tout ; vous niez le soleil qui resplendit !

Qu'est-il besoin ici de démonstration ? Quand j'affirme que nier l'ordre surnaturel, c'est nier le christianisme, cette simple affirmation n'apporte-t-elle pas sa lumière avec elle ?
Qu'est-ce en effet que le christianisme, sinon un fait surnaturel, en tout et jusque dans ses moindres détails éminemment surnaturel ?

Prenez-le dans son essence. Son premier dogme, ce dogme qui forme toute sa base : « un seul Dieu en trois personnes !» n'est-ce pas déjà un océan sans rivage où se perd notre pensée ? N'est-ce pas le surnaturel absolu ? Et la création qui fait jaillir le monde des abîmes du néant ?

Et la chute originelle ! Et l'Incarnation avec ses effrayants mystères : une Vierge-Mère ! Un Enfant-Dieu ! Un Dieu mourant ignominieusement sur une croix ! Que de merveilles succédant aux merveilles ! Et les sacrements ! Vous versez une goutte d'eau au nom de Jésus-Christ et il n'y a plus de souillure originelle ! Une parole est dite sur une âme criminelle par le ministre de Jésus-Christ et le plus effrayant pécheur devient le frère des anges ! Un mot, un seul mot tombe, à l'autel, des lèvres sacerdotales, et le ciel s'ouvre, et Dieu en descend, et Jésus-Christ est là, sous l'apparence d'un morceau de pain, lui, réellement, substantiellement - et lui-même, dans cette réalité divine, sous cette apparence de pain, il se donne en nourriture au chrétien qui s'approche !

Quoi de plus surnaturel encore que ce beau ciel qui m'est promis, que cette grâce qui seule peut m'y conduire, grâce et bonheur qui ne peuvent être que le prix merveilleux du sang de Jésus-Christ !
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Bien plus, je ne fais rien, comme chrétien, je ne puis rien faire, qui ne soit surnaturel. Quand je crois, quand j'espère, quand j'aime, quand je fais une aumône, un jeûne, un acte d'humilité, de patience ou de charité, je le fais au nom du Fils de Dieu fait homme, sous le souffle seul d'inspirations surhumaines ; je ne le fais qu'en me plaçant dans des régions toutes sur naturelles - et s'il m'arrive de faire autrement si je crois, si j'espère, si j'aime, si je suis bon, humble, doux, patient, d'une manière tout humaine, par des motifs uniquement humains et non par Jésus-Christ, le christianisme me rejette ; je ne crois pas, je n'espère pas, je n'aime pas et je ne fais rien comme il faut, de manière à obtenir ce qu'avant tout il me faut, c'est à-dire le ciel. Foi, espérance, charité, aumônes, vertus, tout est impuissant et perdu pour mon éternité. Voilà le christianisme dans son essence.

Prenez-le maintenant dans son histoire, puisque c'est surtout dans les faits extérieurs qu'on nie l'élément surnaturel, et cet élément, ne le retrouvez-vous pas à chaque page, sous mille éclatantes formes ? Suivez, par exemple, la marche du peuple hébreu ; comptez, si vous pouvez, toutes les merveilles qui se pressent sur vos pas ! Abraham que Dieu appelle ; Isaac, Jacob, Joseph, à qui Dieu fait d'inénarrables promesses ; Moïse qui, à force de prodiges, arrache son peuple à la servitude, ouvre devant lui les flots de la mer Rouge, fait jaillir l'eau du sein du rocher et recueille, chaque matin, la manne tombée du ciel ! Puis, voilà le Jourdain qui recule devant l'arche, les murs de Jéricho qui croulent au seul bruit des trompettes, le soleil lui-même qui obéit à Josué ! Et voyez tous ces libérateurs qui passent, tous escortés des prodiges de Dieu, Gédéon, Jephté, Samson, Samuel ; tous ces rois qui les suivent et que Dieu abaisse ou glorifie miraculeusement, David, Salomon, Josaphat, Achab, Ezéchias, Manassès ; tous ces prophètes encore qui se succèdent, Elie, Elisée, Isaïe, Jérémie, Daniel, hommes étonnants, jetant à tous les vents leur parole inspirée, dépeignant le Christ qu'ils annoncent, racontant – dix siècles à l'avance – sa naissance, sa vie, ses éclatants miracles, sa prodigieuse mort !

Et ce n'est là, dans l'histoire, que la première étape du christianisme. Voyez-tous ces hommes qui s'élancent de Jérusalem, se proposant la conquête du monde ? Étranges conquérants ! quelques bateliers, pauvres, ignorants, méprisés, quelques disciples d'un Juif crucifié ! Mais le Maître leur a dit : « Comme moi, faites des miracles ! » Et ils font des miracles ; c'est la seule arme qu'ils apportent dans la lutte. Ils prêchent, mais ils ne discutent pas ; ils prêchent une doctrine effrayante, qui écrase tous les orgueils de l'esprit, toutes les plus fougueuses passions du cœur, qui anathématise les lois, les mœurs, la science, la politique, la religion de l'empire ; ils prêchent cela au peuple, aux philosophes, aux princes, aux empereurs ; mais aux objections et aux colères, ils répondent en guérissant les malades, en ressuscitant des morts ! En vain, pendant trois cents ans, les échafauds se dressent, les bûchers s'allument, les instruments de torture fonctionnent ; jamais apôtres ni fidèles ne se défendent ; ils font des miracles et ils meurent ! Et voilà qu'ils triomphent ; le monde est à genoux devant la croix ; c'est le miracle qui a vaincu ! et la victoire elle-même, cette conversion du monde, à jamais impossible, si elle a été obtenue sans miracles, c'est le prodige le plus éclatant de la droite de Dieu, c'est le miracle des miracles !
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Après cela, suivez à travers les siècles cette autre merveille, cet immense fait surnaturel qui dure encore, qui durera jusqu'à la fin des temps, la conservation de l’Église ! de cette Église toujours condamnée et toujours debout ; toujours livrée comme une proie à toutes les hypocrisies de la politique, à toutes les fureurs des révolutions et des mille passions humaines conjurées contre elle et survivant toujours à ses tout-puissants ennemis ; de cette Église, en un mot, toujours couronnée d'épines, comme son divin Fondateur, toujours crucifiée et mise au tombeau, mais s'élançant toujours de son sépulcre avec l'auréole d'une éternelle jeunesse et, de ses mains percées de clous, recommençant toujours à bénir et à sauver le monde !

Encore une fois, qu'est-ce donc que le christianisme et son histoire, sinon une éclatante manifestation de l'ordre surnaturel, et dès lors n'est-il pas démontré qu'en repoussant cet ordre on nie le christianisme et dans ses glorieuses annales et dans sa nature intime ? Faut-il maintenant invoquer le simple bon sens ?

N'en fait-on pas litière aussi avec cette aveugle aversion du surnaturel ? Ah ! vous vous récriez contre les merveilles qui glorifient la vie des saints ! Qu'est-ce à dire ? Est-ce que Dieu est ici enchaîné par l'impossibilité? Y a-t-il une seule de ces merveilles qui échappe à sa puissance ou qui répugne à sa sainteté ? Citez un fait, un seul fait de ce caractère, à la bonne heure !

Mais il n'y en a pas ; vous n'en trouverez jamais ; alors que faites-vous quand vous refusez à Dieu la liberté de permettre même les guérisons les plus étonnantes, même les apparitions les plus extraordinaires, même les plus sublimes extases ?
Que dis-je ? est-ce que le bon sens chrétien, loin de les repousser, n'attend pas de Dieu toutes ces merveilles ! Quoi ! voilà des saints, ses amis, ses bons amis, comme parle Bossuet ; des hommes qui ont tout sacrifié pour marcher à sa suite, qui l'ont aimé sans mesure, jusqu'au mépris de la vie et, ce qui est infiniment plus, jusqu'au mépris de l'ignominie et des plus cruels supplices, jusqu'au support des privations les plus coûteuses à la nature ; et je m'étonnerais, quand je sais que Dieu est admirable dans ses saints, quand Jésus-Christ lui-même a dit qu'un peu de foi transporterait les montagnes et que celui qui croit fera des miracles autant et plus que lui, je m'étonnerais qu'une telle vie fût glorifiée par quelques merveilles ! Ne devrais-je pas plutôt mille fois m'étonner qu'une vie de cet anéantissement et de ce mérite ne fût pas une vie toute tissue de prodiges ? Car la vie des saints sans miracles, ce n'est qu'une injure stupide à Jésus-Christ et à son Évangile ! Cela est si vrai qu'il n'y a pas un chrétien qui ne proteste, même à son insu, contre cette exclusion du surnaturel.

Ouvrez une de ces vies de saints écrite par quelqu'un de ces auteurs naturalistes qui ont peur des miracles ; ouvrez Godescard lui-même, lui, dont on ne peut du moins mettre en doute la vertu et les intentions, mais qui avait cru devoir faire des concessions à l'esprit de son siècle. Oui, ouvrez, lisez ces vies et qu'éprouvez-vous ? Que veut dire ce froid indéfinissable, cette sorte de mécontentement secret que vous ressentez même devant de magnifiques actions ? Ah ! c'est la conscience chrétienne qui se sent blessée, qui souffre du silence qu'on lui inflige ; elle voit un homme et pas Dieu ! Elle sent que ce n'est pas là la sainteté, toute la sainteté, que ce n'est pas dans les véritables régions de la sainteté qu'on l'emmène, ou du moins elle soupçonne que c'est là une sainteté découronnée, à qui on a donné un voile épais, comme pour en cacher les splendeurs. Comment ! on nous dit que cette âme est sainte, qu'elle a des communications avec Dieu et on nous dit cela avec un froid glacial, et on ne nous laisse voir aucun reflet de ces célestes communications ! Et rien ne s'échappe en faveur de cette âme, rien du cœur de Dieu, rien des trésors de sa puissance et de sa bonté ! C'est impossible ! c'est contraire à l'expérience de tous les siècles, même de notre siècle (1), et la conscience chrétienne proteste en ne lisant de tels livres qu'avec lassitude et dégoût : Aussi, quel bien produisent ces livres ? qui ont-ils Converti ? quelle âme s'en est sentie ébranlée ? où est le cœur qui s'y est réchauffé, qui y a trouvé des inspirations, une onction, un élan, des joies qui l'ont relevé dans la force et le courage ? Encore une fois, ennui et dégoût, stérilité et impuissance, voilà tout. Mais au contraire, et c'est là la pierre de touche, l'irrécusable cachet de la vérité : qu'il vous arrive d'ouvrir un de ces livres, si humble qu'il soit, qui vous laisse voir les saints avec toute leur brillante auréole d'apparitions, de ravissements et de miracles, un livre en un mot qui, entr'ouvrant le ciel, vous laisse voir Dieu et ses élus tels qu'ils sont, quelle influence consolatrice et fortifiante vous y trouvez ! Du milieu de vos combats, du sein de toutes les douleurs de la vie, avec quel nouvel élan, ainsi animé, vous marchez vers l'éternelle lumière, comme ces nobles chevaliers espagnols qui, accablés par les Maures, voyaient saint Jacques, revêtu d'une magnifique armure, se mêler à leurs rangs, et, retournant à la charge, changeaient bientôt leur défaite en victoire ! Tant il est vrai , comme l'a dit quelque part l'illustre historien de sainte Élisabeth (2), qu'il n'y a pas de si petite légende catholique qui n'ait gagné à la vérité, à la patience, à l'esprit de sacrifice et de dévouement, mille fois plus de cœurs que toutes les dissertations des philosophes ou que les faits humains les plus incontestables pour la raison.


(1) Le vénérable curé d'Ars, que j'ai vu de près si souvent, pendant vingt-cinq ans, et que des millions d'hommes ont visité de toutes les parties de l'Europe, a été, en plein dix-neuvième siècle, par les guérisons qu'il a faites, par les conversions qu'il a opérées et par le miracle seul de sa vie, comme une sensible autant qu'éloquente démonstration de la vérité que je défends dans ces pages. Qu'on lise le beau livre que vient de publier M. l'abbé Alfred Monnin, sous ce titre : Vie de M. Jean-Baptiste-Marie Vianney, et l'on connaîtra la sainteté telle qu'elle est, quand il plaît à Dieu de la glorifier. A la lumière de tous ces faits incontestables, à ces prodiges, à ce surnaturel de tous les jours, on s'avouera vaincu ; comme ces fidèles qui attendaient toute la nuit le saint curé sous le porche de son église, on s'écriera : « C'est le saint ! voici le saint ! »

(2) M. le comte de Montalembert.
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On dit : « Mais tous ces miracles ne sont pas de foi.» Et qu'en concluez-vous ? Est-ce une raison pour les rejeter ? Est-ce que vous ne croyez que ce qui est de foi ? Vous permettriez-vous de rayer de la religion à votre gré, les vérités dont l'Église n'a pas fait des articles de foi ? Où est le respect ? Où est la simple logique du bon sens ? Quoi ! ces miracles, c'est la tradition, une tradition constante et universelle qui vous les apporte ; ce sont des hommes graves qui vous les racontent, des hommes éclairés autant que vertueux, affirmant les avoir vus ou s'être consciencieusement informés ; c'est l'Église elle-même qui les a examinés et discutés, qui, sans en imposer la foi, en autorise le récit, et vous, sans réflexion, sans examen, sans preuves, vous accusez et la tradition et les Docteurs et l'Église, vous les accusez ou de puérile crédulité, ou d'imposture ! Voyez-vous quelle position vous vous faites ? Ah ! j'aime mieux croire, parce que j'aime mieux être avec les amis de Jésus-Christ qu'avec ses ennemis ; avec les Jérôme, les Ambroise, les Augustin, les Chrysostome, les Bernard et les Liguori qui ont rempli leurs doctes livres de récits miraculeux, qu'avec les Basnage, les Baillet, les Launoy et les Voltaire qui poursuivaient le surnaturel dans l'espoir impie d'anéantir l'Église. J'aime mieux croire et je crois en toute simplicité ces prodiges, ces légendes qui ont ému et consolé pendant des siècles, des millions et des millions de mes frères, ces merveilles vénérées que nos pères croyaient, qu'ils aimaient, où ils puisaient joie, encouragement, honneur ; je crois, parce que pour moi, pour ma raison, le miracle c'est la bonté de Dieu suspendant les lois de la mature afin d'exalter les lois plus augustes de l'ordre moral et religieux ; parce que, avec toute ma raison, je conçois que cette bonté ait fait autrefois des prodiges pour vaincre l'idolâtrie, qu'elle en ait fait plus tard pour confondre l'hérésie, qu'elle en fasse toujours et même de nos jours comme à Ars, pour glorifier la vertu, convertir les pécheurs et ranimer la foi et la piété.

Sans doute il faut se tenir en garde contre les fables ; une saine critique doit présider au travail de l'historien; mais un tel soin est facile. Les miracles étant des faits et les faits se prouvant non par le raisonnement, mais par le témoignage, la tâche de la meilleure critique consiste surtout à discuter les témoignages et les monuments relatifs aux prodiges qui sont en question.
Quels sont les hommes qui rapportent ces prodiges ? quelle est la valeur et l'autorité de ces hommes, c'est-à-dire quelle est leur science ? quelle est leur bonne foi et leur probité ? Ont-ils pu, tous, être trompés, ou bien, tous, vouloir tromper ? en un mot, quelle confiance méritent-ils ?

On le comprend, nier des faits surnaturels qui reposent sur une telle base, c'est vouloir se jeter, de gaîté de cœur, dans le pyrrhonisme le plus absurde ; c'est rendre impossible toute affirmation sur n'importe quel fait de l'histoire.
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Or, il en est temps, arrivons à ce qui intéresse la vie de notre sainte en particulier. J'ai déjà, ou à peu près, nommé ses historiens ; je veux les nommer encore et mieux les faire connaître ; je veux, en apportant à mes lecteurs un récit riche de tant de merveilles, qu'ils sachent bien quelles sont mes cautions, et à quelles imposantes et irrécusables autorités j'ai demandé le droit de me présenter avec assurance devant eux.

La vie de la Bienheureuse Lidwine a été écrite par trois auteurs contemporains :

1° Par Jean Gerlach, son parent. Il était venu prendre domicile et avait vécu de longues années dans la maison même de notre vierge. Puis, aussitôt après la mort de celle-ci, sans craindre un démenti ou plutôt, aux applaudissements du peuple tout entier, il avait publié ce qu'il avait vu.

2° Par Jean Brugman, religieux des Frères Mineurs de l'Observance. Les savants Wadding, Aubert le Mire, Denys le Chartreux le représentent comme un des premiers prédicateurs de son temps, et font de sa science et de sa vertu un éloge que justifient les ouvrages qu'il a laissés ; il mourut à Nimègue en odeur de sainteté. C'est la ville de Schiedam elle-même qui lui demanda cette nouvelle vie, s'engageant à la publier à ses frais, mais la voulant digne d'être lue par les nations voisines qui la réclamaient. Aussi, pour qu'elle fût complète autant qu'irréprochable, rien ne lui fut épargné. Prêtres, simples fidèles, magistrats, médecins, tous lui apportèrent leur concours. Jean Gerlach lui fit d'abondantes communications ; Jean Walter, de Leyde, celui de tous les confesseurs de la sainte à qui elle avait fait le plus de révélations sur son état, lui donna par écrit les détails les plus précis ; archives de la ville, actes officiels, dépositions juridiques et solennelles des témoins les plus estimés, aucun témoignage ne lui manqua.

3° Par Thomas à Kempis. Ce seul nom répond à tout. Où trouver une plus haute garantie de vérité que dans le témoignage d'un homme que recommandent de si admirables écrits, et que surtout les siècles ont vénéré comme l'auteur de l'Imitation de Jésus Christ, le livre que seul surpasse le divin Évangile !...
Thomas à Kempis, né la même année que Lidwine, en 1380, et mort 38 ans après elle, avait passé plus de 70 années de sa longue vie en Hollande et non loin de Schiedam, c'est-à-dire non loin soit de son lit de souffrances, soit de son glorieux tombeau.

Je dois citer une autre vie de Lidwine écrite au XVIe siècle, par le célèbre Surius, et en outre pour divers détails, le Batavia Sacra et les Acta Sanctorum des Bollandistes, avec les notes du savant P. Papebroch.
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Dédicace

Aux femmes incurables de l'hospice de Bourg en Bresse.

                        Mes chères Malades,

Voici un livre que je suis heureux de vous offrir. Je l'ai écrit près de vous, presque à votre chevet, en contemplant vos souffrances, en écoutant vos gémissements ; c'est-à-dire, je l'ai écrit en pensant à vous et tout exprès pour vous, priant Dieu de toute mon âme qu'il pût vous réjouir et vous faire quelque bien.

Il est vrai, ce livre convient à tout le monde, aux pauvres, aux riches, à ceux-là même qui consacrent leurs forces et leur santé au service des malades, puisqu'il renferme pour tous d'admirables leçons de résignation, d'ardente charité et de dévouement sans bornes.

Mais c'est aux malades surtout, c'est à tous ceux qui souffrent, c'est à vous, chères Incurables, qu'il convient plus directement, puisque la vie qu'il raconte, c'est la vie d'une sainte femme qui a été malade et incurable comme vous, autant et mille fois plus que vous !

Étonnante vie, bien capable de vous encourager ! Pendant trente-huit ans, la vierge Lidwine a souffert comme peut-être jamais on ne vit souffrir aucun saint, et cependant elle s'appelle à bon droit la Bienheureuse Lidwine ! L'Église, en la plaçant sur nos autels, n'a pas voulu lui donner d'autre nom que ce nom de Bienheureuse, comme pour mieux vous faire comprendre que plus vous souffrez à la suite de Jésus, plus vous assurez et augmentez votre éternel bonheur !

Recevez-le donc, ce livre que m'a inspiré une tendre compassion pour les douleurs qu'il a plu à la bonté de Dieu de mêler à votre existence; recevez-le, comme vous recevriez un ami qui viendrait plein d'affection à votre chevet, non-seulement pour pleurer avec vous, mais pour soulager vos maux.

Et puissiez-vous, consolées et soutenues par le grand exemple qu'il vous apporte, être de plus en plus résignées, de plus en plus fidèles et reconnaissantes envers ce Dieu qui a mis au cœur de ses servantes tant de dévouement pour vous et qui ne vous afflige ici-bas qu'afin de vous glorifier dans le ciel !

                                        C'est la seule joie qu'ambitionne Votre tout dévoué aumônier,
                                                                                                                                                                          COUDURIER.

Bourg en Bresse, le 8 décembre 1861, fête de l'Immaculée Conception de la sainte Vierge.
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Re: Un livre pour ceux qui souffrent.. (vie de Sainte Lidwine de Schiedam)

Message par Laetitia »

VIE DE LA BIENHEUREUSE LIDWINE.

CHAPITRE PREMIER.

Naissance.

Une pauvre et heureuse famille. - Le vénérable aïeul. - La messe du dimanche des Rameaux. - Lidwine. - Fête baptismale. - Triste et glorieux présage.


Vers la fin du XIVe siècle, dans une petite ville de la Hollande méridionale, presque sur les bords si riants de la Meuse, et non loin du lieu où ce fleuve se perd dans la mer du Nord, à Schiedam (1), vivaient deux époux, Pierre et Pétronille, tous deux environnés de toute l'estime de leurs concitoyens. Pierre et Pétronille étaient de race noble ; le premier comptait même, parmi ses aïeux, quelques glorieux noms ; plus d'un de ses ancêtres avait tenu vaillamment l'épée. Mais à cette noblesse du sang s'alliait dans les deux époux une autre noblesse bien autrement auguste.


Déchus de la splendeur de leurs familles, ils avaient compris la noblesse de la pauvreté, d'une pauvreté dignement soutenue, saintement glorifiée par le travail et par la piété, c'est-à-dire d'une pauvreté sincèrement chrétienne. Et en vérité, ils étaient bien pauvres, si pauvres qu'ils n'avaient pour tout bien qu'une chétive demeure, et ne vivaient, eux et les quatre enfants que Dieu, jusqu'alors, leur avait donnés (2) que d'un rude et opiniâtre labeur. Mais en revanche, ensemble ils priaient,ensemble ils espéraient, ensemble et de toute leur âme ils aimaient Dieu, le bénissant, observant de leur mieux ses commandements adorables, trouvant même jusque dans leur indigence le secret de faire encore, en son nom, quelque bien autour d'eux. Et il faut bien l'avouer, une telle vie, si humble qu'elle soit, c'est tout simplement de la grandeur d'âme ; surtout, devant Dieu, c'est de la sainteté, et par surcroît, c'est toujours du bonheur.

Du reste, personne, en quelque sorte, ne s'étonnait de cette piété. On savait, à Schiedam, que la vertu était héréditaire dans cette famille toute patriarcale, qu'elle s'y retrouvait à tous les âges comme une tradition toujours vivante, comme un patrimoine à jamais inaliénable. Ainsi, pendant de longues années, tout le monde dans la petite cité, avait connu, avait aimé un vénérable vieillard. C'était le père de Pierre. Un beau vieillard en vérité ! Il était beau à voir quand il passait dans la rue avec sa couronne de cheveux blancs, avec son visage si grave et en même temps si doux, avec ses quatre-vingt-dix ans aussi ! Il était beau surtout et on l'admirait bien autrement, quand on pensait à sa vie intime.

Lui, ce vieillard plus qu'octogénaire, tous les jours et depuis plus de quarante ans, il observait la plus rigoureuse abstinence ; trois fois par semaine il jeûnait ; il jeûnait même le samedi au pain et à l'eau. Puis, c'était à l'église qu'il fallait le contempler ! car, à l'église, soit qu'on le vît à son modeste banc, se recueillant dans une oraison toujours prolongée, ou assistant à l'adorable sacrifice, soit qu'il vînt s'agenouiller au tribunal sacré de la pénitence, ou qu'il se présentât à la sainte table où il aimait tant à revenir souvent, partout il apparaissait comme transfiguré par l'amour ; on eût dit déjà un habitant de l'éternelle cité. Aussi les plus pieux lui portaient envie et le peuple tout entier le vénérait comme un saint.

Telle était la famille au sein de laquelle nous venons de pénétrer. Dieu semblait l'avoir choisie pour quelque grand dessein, ou plutôt Dieu se préparait à récompenser sa fidélité ; car, dans cette famille, sous ce pauvre toit, de grandes merveilles allaient s'accomplir... le moment était venu.

(1) On prononce Squidam.
(2) Après Lidwine, ils eurent quatre autres fils.
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Laetitia
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Re: Un livre pour ceux qui souffrent.. (vie de Sainte Lidwine de Schiedam)

Message par Laetitia »

Un jour Pétronille se rendait à l'église : c'était un dimanche, le dimanche des Rameaux de l'an du salut 1380; elle voulait assister aux divins mystères.
La pauvre femme cependant marchait à grand'peine. Bien qu'elle ne crût pas son heure arrivée, elle touchait au terme d'une grossesse et elle était triste. Les quatre fils que déjà elle avait eus lui avaient coûté de longues, d'incroyables tortures ; sa vie même, chaque fois, avait été mise en grand péril... douloureux souvenir qui bien souvent venait la remplir d'effroi ! Et alors, avec quelle ferveur elle priait Dieu, qui seul et en tout était son refuge et son espoir, de la rendre cette fois plus heureuse, d'avoir pitié de son enfant, pitié aussi de ses autres fils en ayant pitié de leur mère.

Arrivée à l'église, elle avait pris sa place accoutumée. Déjà commençait le chant de l'Évangile. Tout à coup, elle se lève, quitte le lieu saint, rentre chez elle ; un instant après, une fille lui était née.Gloire à Dieu ! Dieu s'est montré bon ! Point de périls, presque pas de douleurs ! Il n'y a cette fois que de la joie, une immense joie dans la pauvre maison ! Et quelques heures plus tard, l'enfant était apportée au temple du Seigneur ; l'eau du baptême régénérait son âme, le nom de Lidwine (1) lui était donné ; c'était un ange de bénédiction que la terre avait reçu du Ciel.

Mais hélas ! à peine on était de retour, que toute cette fête baptismale était troublée. Une triste révélation venait de se faire ; la douleur s'était glissée dans ce berceau encore tout frais. L'innocente créature, en effet , semblait livrée à un affreux martyre. On la voyait, disent ses historiens contemporains, se débattre dans ses langes comme sous des ongles de fer.

Quel était ce mal mystérieux ? d'où venaient ces tortures dont le spectacle épouvantait ? La pauvre enfant poussait des cris qui déchiraient l'âme. On pleurait autour d'elle ; on se demandait : « Que veulent dire ces précoces tourments ? cette enfant est-elle donc une victime ? est-ce donc elle qui doit boire le calice épargné à sa mère ? elle qui doit subir les douleurs qui ont manqué à celle-ci ? »

Sans doute il ne faut jamais nous hâter de donner à un accident, à un mot, à une coïncidence, une portée que ces particularités, le plus souvent, sont loin d'avoir. Mais il y a parfois, dans cet accident, ou même dans ce simple nom, quelque chose de mystérieux, une sorte de secret ineffable qu'on est tenté de sonder. On pressent comme la révélation de toute une destinée ! Chose étrange, en effet, ou plutôt, disons le mot, chose providentielle et que nous voulons , à tout risque, faire observer, tant il nous semble que Dieu ait voulu, dès le premier jour, manifester tous ses desseins sur cette enfant !

Lidwine vient au monde le dimanche des Rameaux, le jour même où l'Église nous fait le récit des douleurs du Christ, au moment précisément où se chante, à la messe paroissiale, cette lamentable histoire de la passion d'un Dieu. N'était-ce pas comme une prophétie, comme l'augure de cette vie qui ne devait être qu'un long voyage sur la route ensanglantée du Calvaire ?

Et ce nom qui lui est donné, ce mot Lidwine, qui, en langue germanique, veut dire patience sans limites, mot éloquent, racontant si bien à lui seul toute la grandeur future de notre sainte, ne dirait-on pas que c'est Dieu lui-même qui l'a dicté à ses parents, pour faire éclater ses desseins, comme c'est Dieu lui-même qui autrefois, par son ange, nommait Jean, c'est-à-dire grâce, le saint précurseur de l'Auteur éternel de toute grâce, ou qui donnait à celle qui devait être la Mère immaculée du Rédempteur des hommes ce nom de Marie, ce nom inénarrable, riche de tant de trésors et exprimant si merveilleusement sa gloire et son martyre, ses abaissements et sa souveraineté ?

Puis, voilà cette enfant qui souffre déjà et qui souffre en quelque sorte miraculeusement à côté, ou plutôt ne faut-il pas dire à la place de sa mère miraculeusement délivrée ? Et dès lors ne semble-t-elle pas marquée pour être désormais comme une victime de propitiation ?

Quoi qu'il en soit et s'il n'y a pas de présage divin dans ce chant de la Passion, dans ce nom donné au baptême, dans ces premières tortures du berceau, disons-le néanmoins : douleur, patience, immolation, voilà le fond, nous le verrons bientôt, de toute l'existence de notre sainte,voilà le résumé de sa vie.

Que de mystères cachés dans un berceau ! Que d'obligations renfermées dans notre baptême ! Obligations douloureuses, mais mystères de gloire, si nous sommes fidèles !

(1) Ou par altération : Ludivine, Liduvine, Ludovine, etc.; en latin : Lidwina, Lydia, Lydewigis, Lydewidis, etc.
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