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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : lun. 01 juil. 2019 18:49
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


5/ 171. Il est vrai que la vie éternelle fait partie de la cause finale de la justification ou sanctification.

Mais comme nous allons le voir (n° 176), la vie éternelle est essentiellement Dieu Lui-même qui est notre fin ultime première, tandis que notre participation à la vie éternelle est notre fin ultime seconde D'où ces paroles du saint Concile de Trente (Sess. 6, ch. 7 ; D.B. 799) : « La cause finale de la justification est la gloire de Dieu et du Christ, et la vie éternelle.»


Saint Robert Bellarmin (Controverses, L. 4 3e. P., De justif. ch. 1) montre comment cet enseignement « s'adapte si bien à celui des Livres Saints. Voici, en effet, ce que dit Isaïe (43,7) de la gloire divine : « Quiconque invoque mon Nom, je l'ai créé pour ma gloire » ; et saint Paul (Eph.1,5-6) : « Il nous a prédestiné à l'adoption des fils, en louange de gloire de sa grâce ».»

D'où cet enseignement et cette sentence du saint Concile du Vatican (I), qui fait si parfaitement écho à l'enseignement du Docteur Commun cité plus haut (n° 157s.) :

« Dieu, en raison de sa bonté et par sa vertu toute-puissante, non pour augmenter sa béatitude ou pour l'acquérir, mais pour manifester sa perfection par les biens qu'Il accorde aux créatures... a fait de rien les créatures....

Si quelqu'un nie que le monde a été créé pour la Gloire de Dieu : qu'il soit anathème.»
(Sess. 3 ch. 1 ; can. 5 ; D.B. 1783, 1805)


Conformément à ce que dit saint Paul (Rom.11,36) : « « Car de lui » le Père, « par lui » le Fils, « et en lui » le Saint-Esprit, « sont toutes choses : à lui la Gloire dans les siècles. Amen.».» (Saint Thomas, in Rom. 11,36 ; cf. aussi S. Ambr. et Corn. ibid., S. Aug. de Trin. L.1 ch. 6, S. Greg. Mor. L. 29 ch. 38, et S. Léon IX, D.B. 343)





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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : mer. 03 juil. 2019 20:19
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


5/

172. « Voici ce que dit saint Paul de la gloire du Christ : « Il convenait que celui pour qui et par qui sont toutes choses, qui a conduit de nombreux fils dans la gloire, consomme par la passion (le fait d'être) l'auteur de leur salut » (Hb. 2,10). On voit par ces paroles que tout est pour le Christ, et que par là sa gloire est la fin de l'oeuvre entière de notre rédemption. On peut le comprendre aussi de ce que le Christ étant le chef de tous les justes, toute la gloire de leur justification rejaillit sur lui. On ne saurait douter que la beauté des membres ne contribue à la gloire du chef (ou de la tête).» (Saint Robert Bellarmin, Controverses, L. 4 3e. P., De justif. ch. 1)

« Le motif pour lequel le Christ nous a acquis est indiqué par ce qu'ajoute l'Apôtre : « en louange de sa gloire », ce qui revient à dire pour que Dieu lui-même soit loué (cf. Is. 43,7).» (Saint Thomas, in Eph. 1,14)

« Enfin, saint Paul nous apprend que notre salut est la fin de la justification : « Mais maintenant, libérés du péché, rendus serviteurs de Dieu, vous avez pour fruit la sanctification et pour fin la vie éternelle » (Rom. 6,22). Saint Pierre déclare aussi : « afin que vous reportiez la fin de votre foi au salut de vos âmes » (I Petr.1,9).» (Saint Robert Bellarmin, loc .cit.)








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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : ven. 05 juil. 2019 20:00
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


5/

173. Voici donc précisés, dans leur ordre hiérarchique, les trois éléments de la fin ultime de l'homme :

1̊) la Gloire accidentelle "ad extra" de la Très Sainte Trinité ;

2̊) la Gloire du Verbe Incarné en sa Sainte Humanité ;

3̊) le salut des âmes.


Ordre qui se trouve admirablement bien exprimé par la prière "Sacro-sanctae" par laquelle l'Eglise fait achever aux clercs l'Office Divin de chaque jour :

« Qu'à la Très Sainte et indivisible Trinité, à l'Humanité de Notre Seigneur Jésus-Christ crucifié et à la féconde intégrité de la Bienheureuse et très Glorieuse Marie toujours Vierge, ainsi qu'à toute l'assemblée des Saints soient éternelle louange, honneur, puissance et gloire de la part de toute créature, et à nous la rémission de tous nos péchés, durant l'infinie durée des siècles des siècles. Amen.»

Encore une fois, ces trois éléments ne s'opposent ni ne se contredisent, mais le troisième est subordonné aux deux premiers, le second l'étant au premier et ne faisant d'une certaine manière qu'un avec en tant que le Verbe est à la fois Dieu et homme, ayant certes deux natures, mais n'étant qu'une unique Personne.








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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : sam. 06 juil. 2019 19:30
par Abbé Zins
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3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


5/

174. D'où l'explication de Tanquerey (Syn. Theol. Mor. n° 8 et note 5) :

« On peut donc dire justement que la gloire de Dieu est la fin ultime première ou principale de l'homme qui meut par soi et en premier celui qui oeuvre, et que la béatitude est sa fin (ultime) seconde qui ne meut l'homme qu'en raison de l'autre fin présupposée (à savoir la gloire de Dieu) à laquelle elle est subordonnée et reliée (connectitur) la première devant être obtenue de façon absolue par la manifestation de la bonté ou au moins de la justice de Dieu (cf. n̊ 33, 243), la seconde étant conditionnelle, en tant que dans l'ordre de son exécution elle dépend de la volonté de l'homme.

Ainsi donc, du côté de Dieu la fin ultime de l'homme "qui" (en raison de laquelle) est la bonté de Dieu qui se communique, la fin "quo" (par laquelle) est la communication de cette bonté, la fin "cui" (pour qui) est Dieu Lui-même en tant qu'Il veut être source de bonté ; du côté de l'homme, la fin ultime "qui" est la bonté de Dieu, la fin "quo" est la participation à cette bonté, la fin "cui" est premièrement Dieu qui doit être glorifié, et secondairement l'homme.»










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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : mer. 10 juil. 2019 19:09
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


5/

175. C'est aussi ce qu'explique ainsi le Docteur Commun :

« La béatitude d'une nature intellectuelle consiste en un acte de l'intelligence, dans lequel on peut considérer deux choses : 1̊) l'objet de l'acte qui est l'intelligible, 2̊) l'acte même qui est le .fait de comprendre. Si donc l'on considère la béatitude quant à son objet, ainsi Dieu seul est la béatitude puisque quelqu'un n'est bienheureux qu'en tant qu'il comprend Dieu, selon l'expression de saint Augustin (Conf. 5,4) : « Bienheureux est celui qui vous connaît, même s'il ignore tout le reste ». Par contre du côté de l'acte de celui qui comprend, la béatitude est quelque chose de créé dans les créatures bienheureuses, tandis qu'en Dieu elle est également selon un mode incréé. Il faut donc dire que la fin est double : cujus (selon l'objet en quoi elle consiste) et quo (selon la jouissance (usus) de cet objet). Par exemple, pour l'avare la fin cujus est l'argent, et la fin quo son acquisition. Ainsi donc, en ce qui concerne la créature rationnelle, Dieu en est la fin ultime en tant qu'objet, et la béatitude créée l'est en tant qu'usage (usus) ou plutôt que jouissance (fruitio) de cet objet.» (Saint Thomas, 1. 26,3 corp. et ad 2)

« Or le fait que quelqu'un veuille jouir de Dieu se rapporte à l'amour de concupiscence envers Dieu ; et l'on aime davantage Dieu en l'aimant d'un amour d'amitié qu'en l'aimant d'un amour de concupiscence, puisque Dieu a plus raison de bonté en lui-même que le bien participé que nous pouvons avoir en jouissant de lui. L'homme doit donc, par la charité, aimer Dieu plus que soi-même.» (Saint Thomas, 2.2. 26,3 ad 3)

Par conséquent, la fin ultime première ou fin suprême est la Gloire et l'Amour de Dieu que la foi nous révèle et à laquelle elle nous dirige, tandis que la vie éternelle, en ce qui nous concerne, n'est que la fin ultime seconde que nous procure la foi opérant par la charité (cf. Gal. 5, 6 ; Conc. trid. 6,7, D.B. 800), en tant que son fruit et son salaire : « vita aeterna, et tanquam gratia... et tanquam merces » (Saint Augustin, De gr. et lib. arb. 8,20) « ex promissione Dei.» (Conc. Trid. 6,16 ; D.B.809)









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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : sam. 13 juil. 2019 20:03
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


6/

176. 6/ Il faut dire que « Dieu a tout fait pour Lui-même » (Prov. 16,0, qu' « Il a créé toutes les Nations pour sa Louange, son Nom et sa Gloire » (Deut. 26,19, Vulgate), que « « pour Lui sont toutes choses » comme cause finale.

Toutes choses sont en effet pour Dieu, en raison de lui (propter ipsum) ; cela, en raison du caractère diffusif de sa Bonté.


C'est elle qui a été la cause de la création des choses, et ainsi, de manière finale (finaliter), toutes choses sont pour Dieu (Prov. 16,4) ; lui par qui elles ont effectivement (effective) été opérées : « qui a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve » (Ps. 145,4). Il est donc le principe et la fin de toutes choses (Apoc. 1,8 ; cf. aussi Rom. 11,36).»
(Saint Thomas, in Hb. 2,10)


On ne peut donc dire que Dieu a créé l'homme pour la Vie éternelle qu'en tant qu'Il est Lui-même la Vie éternelle (cf. I Jn. 1,2 ; 5,20).

Et telle est la fin suprême, la fin ultime principale et essentielle de l'homme : Dieu en Lui-même. Mais en tant que la participation de l'homme à cette Vie éternelle consiste à posséder Dieu en Le connaissant et contemplant face à face dans la Lumière de gloire (cf. Jn. 17,3 ; S. Th. l. 2. 3,4,8 ; 4,2,3), on peut dire secondairement et d'une certaine manière (secundum quid) avec saint Thomas que « la vie éternelle n'est pas autre chose que de jouir de Dieu » (in Jn.3,16), et c'est aussi en ce sens qu'il en parle (n° 49) : « puisqu'ils voient Dieu, le connaissent et en jouissent » , cette délectation étant un effet nécessaire de la possession de la béatitude (cf. Saint Thomas, 1.2. 4,1) et découlant de la Vision Béatifique (id. 4,2), autrement dit de la Vision rendant Bienheureux.

Et telle est la fin ultime seconde de l'homme.

Le salut n'est donc que la fin ultime seconde de l'homme.











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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : mar. 16 juil. 2019 16:55
par Abbé Zins
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3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


7/

177. Par cette objection, on touche directement, quoique seulement implicitement, à la divergence entre ce que l'on nomme communément la thèse thomiste et la thèse franciscaine, concernant le motif principal de l'Incarnation du Verbe de Dieu.

(Nous laissons volontairement de côté ici la question annexe qui se trouve débattue entre les deux écoles, pour savoir si l'Incarnation aurait quand même eu lieu si l'homme n'avait pas péché ; nous en tenant à la si sage réponse du Docteur Commun (3. 1,3 ; cf. Consummatum Est I n° 240 p. 180-181). Ce point est vraiment secondaire, puisqu'il ne s'agit que d'un pur possible qui n'a pas été, n'est pas, et ne sera jamais. On voit du reste, par sa réponse même, que saint Thomas n'y attache guère d'importance.)

Presque tous ceux qui traitent de cette divergence, opposent par contre comme contradictoires, voire inconciliables, le motif principal différent avancé par chacune des deux thèses susdites.

On attribue en effet à la première thèse de soutenir que ce motif est le salut du genre humain, et à la seconde d'exposer comme motif principal la Gloire de Dieu.

Or, ici comme dans les autres objections soulevées jusqu'ici, il n'y a là qu'une opposition apparente ; les choses étant simplement considérées sous un angle différent. Dans chacune des optiques prises séparément, le motif avancé est véritablement principal dans son genre.

Tandis que si l'on considère ces deux motifs de manière absolue et dans leur rapport, l'un est ordonné à l'autre : le premier correspond à la fin ultime particulière de l'homme, le second à la fin ultime générale de tout, autrement dit à la fin suprême qu'est Dieu.

Ce que nous allons d'abord brièvement démontrer d'une manière générale, avant de le faire plus amplement dans la réponse proprement dite à l'objection soulevée.





(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.


Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : mer. 17 juil. 2019 18:40
par Abbé Zins
Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


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Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


7/

178. Nous avons considéré (obj. 3 n° 98 ; ad 3/ n° 153s) d'une part que Dieu n'avait besoin d'aucun bien qui lui soit extérieur et n'agissait donc pas "ad extra" par intérêt personnel, disons plus justement naturel, et donc encore moins par nécessité de nature, et d'autre part qu'Il faisait tout pour Lui-même, c.à.d. en raison de Lui-même, en raison de sa souveraine Bonté qu'Il veut gratuitement diffuser et faire partager.

Ces deux données font donc parties du dépôt de la Révélation.

Mais comme la plupart des hommes ne réfléchissent guère de façon si précise sur ces questions, entendant parler de : "pour Lui-même", ils en viendraient à songer : pour son propre avantage ou intérêt.

C'est pourquoi quand Dieu parle par l'intermédiaire de ses Prophètes et de ses Apôtres de l'oeuvre rédemptrice de l'Incarnation, Il donne surtout à entendre ce qui se rapporte en propre aux hommes, "propter (nos) homines", et alors le motif principal est "propter nostram salutem" (cf. Cons. Est I n° 237 p. 179) ; et Il ne dit rien expressément en ce point précis de ce qui se rapporte en propre à Lui-même, "propter semetipsum".

Cela également, parce que l'oeuvre de la Rédemption se trouve inclue dans l'oeuvre plus générale de tout ce qui touche à la Création.

Or, comme au sujet de la Création il est explicitement révélé (en Prov.16,4) que Dieu a tout voulu et fait "pour Lui-même" (propter semetipsum), cette donnée générale laisse la possibilité aux plus perspicaces, éclairés par le Saint-Esprit, soit directement soit par l'intermédiaire des saints Docteurs, de comprendre qu'il en est aussi ainsi en ce qui concerne l'oeuvre rédemptrice de l'Incarnation qui s'y inclut.





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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : jeu. 18 juil. 2019 18:32
par Abbé Zins
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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


7/

179. Suivant donc la Révélation divine en ce point précis, le Docteur Commun envisage en ce point particulier la question sous le même angle restreint (à savoir vis-à-vis de l'homme) où l'envisage l'Ecriture quand Elle en parle de façon particulière.

Tandis que les docteurs franciscains considèrent ce point particulier sous l'angle universel de toute la Création (et donc vis-vis de la fin générale ou suprême qu'est Dieu).

Pensée qui n'est nullement étrangère à saint Thomas comme on l'a vu (n° 157s), mais qu'il n'a point exprimée en particulier au sujet de l'Incarnation ; du moins, pas que nous sachions.

Ceci, parce qu'il traitait alors du particulier, et non du tout ou de l'universel dont il avait traité par ailleurs et qu'il considérait comme un acquis et comme allant de soi également pour cette question particulière s'y incluant comme la partie dans le tout.

Il n'y a donc point là opposition de deux thèses qui seraient inconciliables, mais simplement distinction, selon deux manières différentes d'aborder cette question :

soit d'une façon particulière, vis-à-vis de l'homme seulement, d'où le "propter nostram salutem", pour le salut ;

soit d'une façon générale, par rapport à toute la Création et principalement alors par rapport au Créateur, donc vis-à-vis de Dieu, d'où le "propter semetipsum", pour la plus grande Gloire de Dieu.


Vue générale qui va se trouver développée d'une façon plus particulière dans la réponse proprement dite à la difficulté soulevée dans l'objection.





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Re: Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

Publié : ven. 19 juil. 2019 19:05
par Abbé Zins
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Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


7/

180. Cela peut en effet être démontré d'une façon plus particulière et plus développée, comme suit : « Haec est voluntas Dei, sanctificatio vestra » (I Thes. 4,3).

On peut entendre de deux façons cette parole inspirée à saint Paul par l'Esprit-Saint : Votre sanctification est la volonté de Dieu, en d'autres termes : Dieu veut votre sanctification, veut vous sanctifier, veut que vous soyez saints, veut qu'à l'aide de sa grâce vous vous sanctifiez.

Tel est le sens principal, obvie, et classique, ainsi explicité par le Docteur Angélique : « Cela revient à dire : Tous les préceptes de Dieu sont (donnés, orientés) dans le but que vous soyez des saints.» (Saint Thomas in I Thes. 4,3)


Mais on peut aussi l'entendre comme suit : Votre sanctification est la volonté de Dieu, autrement dit consiste en la Volonté de Dieu, en l'accomplissement de la Volonté de Dieu, en l'union à la Volonté de Dieu.

D'où cette autre traduction plus littérale, qui contient aussi ces deux sens mais insinue davantage le second : C'est la volonté de Dieu, votre sanctification.


181. Ce qui donne le double angle sous lequel on peut considérer cette parole :

1̊) Celui de Dieu par rapport à nous, qui est celui de sa Charité miséricordieuse nous aimant gratuitement et parfaitement nous-mêmes, voulant donc pour nous le Bien le plus parfait auquel nous puissions aspirer, tendre et parvenir : Lui-même ; voulant donc notre sanctification, notre union à Lui.

2̊) Celui de nous par rapport à Dieu, qui est celui de notre charité obligée devant aimer Dieu en retour plus que tout, ne pouvant apporter aucun bien à Dieu Lui-même, mais seulement quelque chose quant à sa Gloire accidentelle vis-à-vis de nous-mêmes et du prochain, par la proclamation de ses louanges et par notre sanctification, et donc par notre union à Lui.


Or selon ces deux acceptions, comme nous l'entrevoyons déjà par leur même terme d'arrivée : notre union à Lui, nous allons voir que tout part et dépend de la Volonté de Dieu, et que tout y aboutit.

Ce que saint Thomas nous a déjà si bellement fait entrevoir (n° 157s) d'une façon générale, en indiquant la raison profonde pour laquelle il ne saurait en être autrement.





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