Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

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Abbé Zins
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Revue Sub Tuum Praesidium, n ̊ 15 - 18 (Avril - Octobre 1989)


3. Actualité doctrinale



Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?



RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


24/

284. Sans cette information par la vertu de charité, tout acte vertueux (ou toute vertu) demeure bon en lui-même,

mais n'est point méritoire surnaturellement et ne vaut rien pour la vie éternelle.


En outre, un acte de soi bon ne peut devenir vicieux de fait, que s'il est informé par une intention mauvaise.


Ce que saint Thomas explique très clairement de la manière suivante :


« Dans l'homme infidèle, l'infidélité se trouve mêlée avec le bien naturel.

Aussi, quand quelqu'un d'infidèle fait quelque chose de bon sous la dictée (ex dictamine) de la raison sans référer cette oeuvre à une fin mauvaise, il ne pèche point.

Néanmoins, son oeuvre n'est pas méritoire parce qu'elle n'est pas informée par la grâce...

Par contre, quand un homme infidèle fait quelque chose en raison de son infidélité, il est manifeste qu'il pèche.

C'est pourquoi la Glose montre qu'il faut entendre ces paroles de saint Paul : « Tout ce qui n'est pas fait en raison de la foi (ex fide) est péché » (Rom. 14,23),

de cette façon : Tout ce qui est fait contre la foi ou en opposition avec la conscience, est péché.


Et si cela apparaît bon en soi (ex genere suo), par exemple si un païen gardait la virginité ou faisait l'aumône en l'honneur de ses faux dieux, il pècherait par cela même :

« Venant de ceux, qui sont souillés et de ceux qui sont infidèles rien n'est pur, mais tant leur esprit que leur conscience sont souillés » (Tit. 1,15).»



(Saint Thomas, in Rom. 14,23 ; cf. aussi 2.2. 23,7 ad 3)






(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


24/

« On peut (encore) entendre ces paroles de saint Paul du fait que la vie des infidèles ne peut pas être sans péché, puisque les péchés ne sauraient être remis sans la foi.

Ou bien il faut dire que tout ce qu'ils font par infidélité est péché, selon ce qu'en dit la Glose (ex Aug. contra Julian.3,4) :

« Car tout homme vivant ou agissant infidèlement pèche véhémentement »...


Comme il a été montré plus haut (1.2. 85,1,2), le péché mortel enlève la grâce qui établit dans l'état de grâce (gratia gratum facientem),

mais il ne corrompt pas totalement le bien de nature.

C'est pourquoi, l'infidélité est un péché mortel et les infidèles n'ont point la grâce, cependant il demeure en eux une certaine bonté de nature.

Il est donc manifeste que les infidèles ne peuvent point opérer des bonnes oeuvres issues de la grâce, en d'autres termes, des oeuvres méritoires,

mais ils peuvent néanmoins opérer des bonnes oeuvres pour lesquelles la bonté naturelle suffit.


Il ne s'ensuit donc pas qu'ils pèchent en tous leurs actes, mais, assurément, quand ils agissent en raison de leur infidélité, alors ils pèchent.


Car de même que quelqu'un qui a la foi peut commettre un péché par tel acte (in actu) qu'il ne réfère pas à la finalité de la foi,

en faisant un péché soit véniel, soit même mortel,

de même un infidèle peut faire une bonne action, du fait qu'il ne la réfère pas à la finalité de l'infidélité.»



(Saint Thomas, 2.2. 10,4 ad 1 et corp.)






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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


24/

285. Quant au 4̊), il faut tout d'abord distinguer la notion générale d'amour simplement naturel

d'avec la notion particulière de la forme d'amour spécial et surnaturel qu'est la charité :


« L'amour a pour objet le bien » (Saint Thomas, 1.2. 26,1).


Il est une inclination des sens ou de la volonté vers un être appréhendé comme un bien désirable ;

« l'amour est le principe du mouvement tendant vers la fin aimée...

Le principe de ce mouvement est la connaturalité de celui qui désire (appetentis) avec ce vers quoi il tend,

qui peut être nommée l'amour naturel...


De même, l'ajustement de l'appétit sensitif ou de la volonté à un bien, autrement dit leur complaisance en un bien,

est nommé l'amour sensitif ou l'amour intellectuel ou raisonnable.» (1.2. 26,1)






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24/

« Toute charité est un amour, mais non l'inverse. ..

La charité ajoute à l'amour une certaine perfection.»
(Saint Thomas, 1.2. 26,3)


« La charité est un certain amour. ..

Mais la charité n'est pas un simple amour elle a de plus raison d'amitié »
(2.2. 25,2)


« La charité est une amitié. .. (Or) tout amour n'a pas raison d'amitié.» (id. 23,1 S.C. et corp.)






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24/

« Les actes et les états habituels (habitus) sont spécifiés par leur objet.

Or l'objet propre de l'amour est le bien.

Là donc où il existe un genre (ratio) spécial de bien, là existe un genre spécial d'amour.

Or le bien divin en tant qu'objet de la béatitude est un genre spécial de bien.

L'amour de charité, qui est l'amour de ce bien, est donc un amour spécial.»
(Saint Thomas, 2.2. 23,4)


« L'objet de la charité est la fin ultime.» (id. 24,1 ad 3)


« La charité atteint Dieu Lui-même. Elle est donc plus excellente que les autres vertus.» (id. 23,6)






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24/

« La charité excède la faculté de la nature. Or ce qui excède la faculté de la nature ne peut être ni naturel,

ni acquis par les puissances naturelles, parce que les effets naturels ne transcendent pas leur cause.


C'est pourquoi la charité ne peut ni se trouver naturellement en nous, ni être acquise par les puissances naturelles,

mais seulement par infusion du Saint-Esprit (Rom. 5,5), qui est l'amour du Père et du Fils,

dont la charité créée en nous (cf. 2.2. 23,2) est une participation.»
(Saint Thomas, 2.2. 24,2)


« Il est manifeste que les actes de la charité excèdent la puissance naturelle de la volonté...

La charité par laquelle nous aimons. .. est une participation de la charité divine.»
(2.2. 23,2 corp. et ad 1)


La charité n'est donc pas un simple amour naturel, mais une dilection surnaturelle.







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24/

286. Il faut ensuite distinguer les notions d'amour parfait et d'amour imparfait :


« L'amour parfait est celui par lequel quelqu'un est aimé pour lui-même (secundum se),

comme quand par exemple quelqu'un veut le bien d'un autre pour cet autre, et c'est ainsi qu'un homme aime son ami ;

tandis que l'amour imparfait est celui par lequel quelqu'un aime quelque chose, non pour elle-même, mais afin que ce bien lui profite à lui-même,

comme un homme aime quelque chose qu'il désire.»
(Saint Thomas, 2.2. 17,8)


« Si l'on veut le bien d'un autre, c'est l'amour d'amitié ;

si l'on recherche son propre bien, c'est l'amour de concupiscence (ou de désir).»


(Saint Thomas, 1.2. 26,4 ad 1)








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« Si l'on veut le bien d'un autre, c'est l'amour d'amitié ; si l'on recherche son propre bien, c'est l'amour de concupiscence (ou de désir).» (Saint Thomas, 1.2. 26,4 ad 1)


Transposé sur le plan surnaturel, l'amour parfait ou imparfait ne devient point la charité parfaite ou imparfaite,

mais l'amour d'amitié ou parfait est l'amour de charité, tandis que l'amour de désir ou imparfait est l'amour d'espérance :


« Le premier amour se rapporte à la charité qui adhère à Dieu pour Lui-même (secundum seipsum)

tandis que le second amour se rapporte à l'espérance, car celui qui espère désire obtenir quelque chose pour soi-même.»


(Saint Thomas, 2.2. 17,8)







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24/

287. De nombreux auteurs modernes, pour ne pas dire la plupart, ont confondu, au moins dans la terminologie qu'ils emploient, les notions d'amour et de charité, et, par voie de conséquence, ils ont pareillement confondu la notion juste d'amour parfait et imparfait avec la notion chez eux imprécise, confuse et souvent inexacte de charité parfaite et imparfaite.

Ce qui a entraîné une confusion très répandue entre les actes de charité et les actes de crainte et d'espérance, surtout en ce qui se rapporte à la simple attrition, informés ou non par la charité.


Nous verrons plus loin (n° 378) ce que le Docteur Commun entend dans un sens différent, par charité parfaite et imparfaite, à savoir en acte ou simplement habituelle.


Ici, nous allons montrer ce qu'il entend dans un sens précis et restreint par charité parfaite et imparfaite en ce qui concerne l'état de la charité ou un acte appartenant en propre à la vertu de charité ou étant seulement informé par elle.


Ceci, à l'encontre de l'usage actuellement fréquent, pour ne pas dire commun, du terme de charité imparfaite

pour ne désigner le plus souvent que des actes de crainte, d'espérance ou d'attrition,

sans avoir clairement à l'esprit s'il s'agit d'actes informés ou non par la charité,

et donc pour signifier indifféremment les uns et les autres :

ce qui est une imprécision qui implique une confusion de l'esprit et entraîne souvent l'erreur.







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24/

288. Pour ce qui est des rapports de la vertu de charité avec la crainte, l'espérance, et les autres vertus et leurs actes,

il faut tout d'abord distinguer précisément les états habituels et les actes.


Quant aux états, il faut ensuite distinguer l'âme en état de grâce de celle qui ne l'est pas et qui ne possède donc point la vertu de charité.

Quand la vertu de charité est absente, il ne saurait y avoir aucun acte de charité, ni aucun autre acte de vertu informé par la charité.

En ce cas, la notion d'acte de charité imparfaite est tout à fait fausse, tant quant à la terminologie que pour le fond.

Car on veut alors désigner en fait des actes de crainte, d'espérance ou d'attrition même pas informés par la vertu de charité.







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