Le salut est-il la fin suprême de l'homme ?

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Abbé Zins
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3. Actualité doctrinale



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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


23/


272. Si donc nous voulons imiter l'Amour de Dieu, nous devons comme Lui tout faire pour son Amour,

L'aimer avant tout et plus que tout, Lui rendre en quelque sorte tous les biens qu'Il nous a donnés en les ordonnant à Lui,

jusqu'à nous donner nous-mêmes en retour tout entier, selon cette parole de saint Augustin (Serm. 142,3) :

« Il faut aimer Dieu jusqu'à, si possible, nous oublier nous-mêmes.»


D'où le premier Commandement de l'Amour de Dieu plus que tout, y compris nous-mêmes.




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n̊ 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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RÉPONSES AUX OBJECTIONS : (*)


23/

273. Il faut pourtant concéder à l'objectant que, étant donné que Notre Seigneur ne nous a point commandé d'aimer le prochain seulement comme nous-mêmes, selon la prescription du Lévitique (19,18),

mais nous a de plus donné « un commandement nouveau : aimez .. comme JE vous ai aimé » (Jn. 13,34),

cela dépasse nos forces naturelles et exige le secours de la grâce de Dieu, comme du reste la pratique de toutes les vertus surnaturelles.


Ce dont sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus rend compte ainsi :


« Ah ! Seigneur, je sais que vous ne commandez rien d'impossible, vous connaissez mieux que moi ma faiblesse, mon imperfection,

vous savez bien que jamais je ne pourrais aimer mes soeurs comme vous les aimez, si vous-même, ô mon Jésus, ne les aimiez encore en moi.


C'est parce que vous vouliez m'accorder cette grâce que vous avez fait un commandement nouveau.

- Oh ! que je l'aime puisqu'il me donne l'assurance que votre volonté est d'aimer en moi tous ceux que vous me commandez d'aimer ! ..

Oui, je le sens, lorsque je suis charitable, c'est Jésus seul qui agit en moi ; plus je suis unie à Lui, plus aussi j'aime toutes mes soeurs.»

(Man. Autob. À M, de G. ; cf. n° 610s)




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n̊ 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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24/ 274. Il y a en cette matière de nombreuses confusions qui sont la source de multiples erreurs qui engendrent aisément l'hérésie et de graves déviations.

Les confusions se ramènent toutes à celles-ci. On confond :

1̊) état habituel et actes transitoires ;

2̊) acte ou état non méritoire avec péché ou vice ;

3̊) acte bon ou état vertueux avec acte ou vertu méritoire ;

4̊) amour parfait et imparfait avec charité parfaite et imparfaite.




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n̊ 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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24/


Quant aux déviations et hérésies, en voici quelques-unes :


1̊) la théorie hérétique des deux amours prônée par les Jansénistes, qui revient à dire que tout acte non informé par la charité est un péché,

maintes fois condamnée par l'Eglise (cf. D.B. 1038, 1297, 1394s, 1523s),

qui entraîne notamment la fausse affirmation que tout ce que font les infidèles est péché (D.B. 1298, 1301),

et se trouve impliquée par certaines affirmations de Fénelon, ainsi que le démontre Bossuet (Notes sur le Quiétisme, sect.7 n° 13 à 16).




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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24/


Quant aux déviations et hérésies, en voici quelques-unes :


2̊) La simple attrition, la crainte de l'enfer, le désir des récompenses du ciel rendent hypocrite et davantage pécheur, prétend une proposition de Luther condamnée comme hérétique (D.B. 746)

et reprise par les Jansénistes, comme cela est montré dans l'objection (cf. n° 123).


3̊) Tout acte non explicitement motivé par la charité n'est point méritoire, soutient la 23e proposition de Fénelon condamnée (D.B. 1349).


4̊) Il n'y a point à distinguer entre amour naturel et surnaturel, en revient à dire la 34e prop. de Michel du Bay condamnée (D.B. 1304), autrement dit entre amour et charité.



D'où l'importance d'y voir clair dans ces notions, et d'en parler avec précision.




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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24/

275. Pour cela, il importe en premier lieu de lever les quatre confusions sus-mentionnées, auxquelles se rapportent toutes les autres comme à leur source.


Quant au 1°), il faut distinguer les actes de vertus d'avec les états de vertus, et les péchés d'avec les vices :


« Aristote (Metaph. 5) dit que l'état habituel (habitus) est une disposition (difficile à changer — S.C. et 49,2 —)

selon laquelle on est bien ou mal disposé, soit en soi-même, soit en vue d'une autre chose.» (Saint Thomas, 1 .2. 49,1) ;


cette autre chose étant une action à accomplir ou une fin vers laquelle il convient à notre nature de tendre :


« L'état habituel (habitus) est une certaine disposition dans l'ordre de la nature d'un être (rei), et de son opération ou de sa fin,

selon laquelle quelque chose (ou quelqu'un) est bien ou mal disposé en vue d'une autre chose.» (S. Th. 1.2. 49,4).


On peut dire plus simplement, mais d'une façon moins précise, que cet état est une inclination habituelle à bien ou mal agir :


« Il est de la notion d'état habituel (habitus) qu'il implique une certaine habitude dans l'ordre de la nature de la chose (ou de l' être).» (Saint Thomas, id. 49,3)




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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24/

276. Cette inclination habituelle peut donc être bonne ou mauvaise :


« L'état habituel (habitus) bon est celui qui dispose à un acte qui convient à la nature de celui qui agit,

et l'état habituel mauvais est celui qui dispose à un acte qui ne convient pas à la nature.


Ainsi, les actes de vertus conviennent à la nature humaine parce qu'ils sont conformes à la raison,

tandis que les actes des vices sont en discordance avec la nature humaine parce qu'ils sont contraires à la raison.» (Saint Thomas, 1 . 2. 54,3)




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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En effet, l'inclination habituelle à bien agir est ce que l'on nomme la vertu, et l'inclination habituelle à mal agir ce qu'on appelle le vice :

« Le vice s'oppose à la vertu. Or la vertu de chaque être (rei) consiste à ce qu'il soit bien disposé selon la convenance de sa nature.

Il faut donc dire que dans tout être est dit vice ce qui se trouve disposé à l'encontre de ce qui convient à la nature »
(Saint Thomas, 1.2. 71,2) ;

et d'une façon plus particulière, quant à l'ordre de l'agir : la vertu est « une habitude bonne », le vice « une habitude mauvaise » (1.2. 71,3) ;

« la vertu est un état habituel (habitus) bon de l'esprit » (1.2. 55,4), « une certaine disposition ordonnée dans l'âme » (1.2. 55,2 ad 1),

« une bonne inclination (habitus) opératrice du bien » (1.2. 55,3) ;

le vice est un état habituel mauvais de l'esprit, une disposition désordonnée dans l'âme, une mauvaise inclination opératrice du mal.


La vertu et le vice sont donc un état habituel, une puissance à bien ou mal agir.

D'où leur définition dans le Catéchisme de Saint Pie X (5e P. ch. 1) :

« La vertu est une qualité de l'âme par laquelle on a de l'inclination, de la facilité et de la promptitude à connaître et à faire le bien.»

« Le vice est une mauvaise disposition de l'âme qui la porte à fuir le bien et à faire le mal » (id. ch. 6).




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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277. Il ne faut donc point confondre ces états habituels, dispositions, tendances ou puissances à bien ou mal agir,

avec les actes transitoires bons ou mauvais que sont les actes de vertus ou les péchés :

« Un acte de vertu est un acte ordonné et dû.» (Saint Thomas, 1.2. 71,1) ;

« le péché n'est rien d'autre qu'un acte humain mauvais » (id. 71,6), « un acte mauvais » (id. 71,4),

plus précisément « une parole, un fait ou un désir contraire à la loi éternelle » (id.) ;

« on appelle en effet proprement péché un acte désordonné » (id.71,1), « un acte privé de l'ordre dû » (id. 72, 1 ad 2) ;

« deux éléments constituant le péché : un acte volontaire, et son caractère désordonné » (id. 72,1).


D'où le fait que saint Thomas parle d' « acte de péché » (actus peccati), notamment (id. 71,4 S.C.).




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Or « le péché est au vice ce que l'acte est à l'habitude (habitus) » (Saint Thomas, 1.2. 71,2 obj. 4 ; 71,1)

et « l'habitude (habitus) ne consiste pas simplement (simpliciter) mais que d'une certaine manière (sec. quid) en plusieurs actes » (id. 71,3 ad 2),

en tant que l'habitude est acquise par la répétition des actes du même genre (cf. S. Th. 1.2. 51,2,3 ; 63,2 ; 192,1 ad 1),

comme le dit le Catéchisme de S. Pie X (5e P. ch. 6) à propos du vice :

« La mauvaise disposition du vice est causée par la fréquente répétition des actes mauvais ».




(*) Pour relire l'objection avant la réponse, il suffit de cliquer sur le lien mis au n° 1/ ou suivant qui y renvoie ; puis, pour revenir lire la réponse, il faut cliquer sur la flèche en haut tout à gauche afin de revenir en arrière.

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