Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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Abbé Zins
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Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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Introduction.

Jeanne Smits a traduit et publié sur son blog un essai sur la question d'un "pape hérétique" composé par "Mgr" Athanasius Schneider.

Etude très approximative, tournant beaucoup autour de l’essentiel d’une telle éventualité sans l’aborder convenablement.

Son but principal semble plutôt viser à édulcorer et repousser la sentence unanime des Papes et Saints Docteurs ayant traité de cette question, qu'à atteindre véritablement la vérité de l’enseignement de l’Eglise en cette matière.

Ce que la présentation de Jeanne Smits rend plus explicite :

« En ces temps si troublés, et face à la tentation sédévacantiste, c'est un texte de grande importance.».

Il s’avère donc utile de la réfuter publiquement.

Le lien de cette réfutation sera expédié à Jeanne Smits, qui en fera ce qu’elle voudra.
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Message par Abbé Zins »

A. Schneider a écrit :
- Sur la question d’un pape hérétique

- Cette étude commence fort mal, puisqu’elle comporte comme titre une expression impropre et de soi contradictoire (même si cette expression est parfois employée de façon impropre en un premier temps, en partant de l'apparence trompeuse pour arriver ensuite à la démonstration de la réalité non encore apparente aux yeux du commun) :

en effet, l’hérésie publique est radicalement incompatible avec l’appartenance à l’Eglise et l’autorité spirituelle dans l’Eglise (sinon en apparence trompeuse et dangereuse), et dès lors ni un Pape ne saurait être un hérétique public, ni un hérétique public, cessant par le fait même d’appartenir à l’Eglise, ne saurait être ou demeurer Pape, et donc la tête vicaire d’un Corps auquel il n’appartiendrait pas ou plus.

« Le principe suivant est des plus certains : le non Chrétien ne peut, en aucune façon, être Pape.... La raison en est qu'il ne peut pas être la Tête s'il n'est pas membre ; or le non Chrétien n'est pas membre de l'Eglise, et un hérétique manifeste n'est pas Chrétien, comme l'enseignent ouvertement Saint Cyprien (L. 4, Ep. 2), Saint Athanase (Serm. Contra Arian.) Saint Augustin (L. de grat. Christi ch. 20), Saint Jérôme (Contra Lucif.) et d'autres. C'est pourquoi un hérétique manifeste ne peut pas être Pape...

Un Pape manifestement hérétique a cessé de lui-même d'être le Pape et la Tête, de la même façon qu'il a cessé d'être Chrétien et membre du Corps de l'Eglise ; et pour cette raison il peut être jugé et puni par l'Eglise. C'est la sentence de tous les anciens Pères....»
(Saint Robert Bellarmin, De Romano Pontifice 2,30)

« Il ne pourrait être hérétique et rester Pape, parce que, étant hors de l'Eglise, il ne peut posséder les clés de l'Eglise.»
(Saint Antonin, Archevêque de Florence, cité dans les Actes du Concile du Vatican -I- publié par Victor Frond et approuvés par le Pape Pie IX, édité par Lemercier) (1)


Le titre adéquat, pour un tel sujet, serait : Sur la question d’un Pape qui tomberait comme personne privée dans l’hérésie.




(1) Pour l’anecdote, ce texte a été fourni au R.P. Barbara par Mgr Lefebvre dans les circonstances suivantes, que m’a personnellement racontées le R.P. .

Pendant les vacances des séminaristes durant l’été 1976, le R.P. Barbara donnait une conférence au séminaire d’Ecône devant des Prêtres anciens et Mgr Lefebvre, en laquelle il leur exposait son étude sur “La crise et Paul 6", déjà publiée pour les deux premières parties, et pour la 3e et dernière, à paraître dans le prochain n° de sa revue Forts dans la Foi.

A la fin de son exposé, et peu avant de le conclure, comme marchant sur des oeufs tellement ce qu’il allait dire était grave, il déclara avec émotion et hésitation que la logique le portait à conclure de sa démonstration que P6 n’était pas Pape ou avait perdu le Souverain Pontificat, qu’il n’osait pas encore y arrêter sa pensée tellement cela le troublait, et encore moins l’affirmer et le publier.

Après la prière finale récitée par Mgr Lefebvre, le R.P. eut la surprise que l’archevêque vienne à lui et lui dise d’une manière à demie mystérieuse : R.P., descendons ensemble à la bibliothèque du séminaire (se trouvant en l’abri atomique, obligatoire dans toutes les maisons communautaires en Suisse). Le R.P. l’y suivit, intrigué et surpris.

Mgr L se dirigea directement vers un rayon, prit un tome des Actes du Concile du Vatican publiés par Victor Frond, en ouvrit une page précise, et dit au R.P. Barbara : Mon Père, lisez donc ceci.

Le R.P. en fut stupéfait, en pris note avec soin, et remercia chaleureusement Mgr L.

Raffermi par ce double soutien inattendu, il m’a dit que cela avait été déterminant pour lui donner le courage de tirer publiquement la conclusion qui s’imposait à sa démonstration.

La publication de la 3e partie de son étude sur la crise et P6 dans le n° 47 de FdlF, s’achève de fait par cette citation de Saint Antonin de Florence fournie par Mgr L.

Ce n° 47 fut expédié aux “Rev Cardinaux et Patriarches”, auxquels le R.P. s’adressait personnellement en l’exorde de ce numéro.

Ensuite, le R.P. Barbara se rendit à Rome pour le distribuer, à l’occasion d’une conférence de presse du 19/11/1976. Conférence qui fut relatée en toute une série de journaux romains et italiens du 20/11/1976 :

“Un Prêtre français accuse le pape P6 d’hérésie, schisme et apostasie” ; passages de journaux qui sont cités, photos à l’appui, dans le n° 48 de sa revue.
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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Abbé Zins a écrit : lun. 22 avr. 2019 22:24
« Il ne pourrait être hérétique et rester Pape, parce que, étant hors de l'Eglise, il ne peut posséder les clés de l'Eglise.»

(Saint Antonin, Archevêque de Florence, cité dans les Actes du Concile du Vatican -I- publié par Victor Frond et approuvés par le Pape Pie IX, édité par Lemercier)

A – Pie IX apporta plusieurs approbations à ce monumental ouvrage dont la dernière (au tome 8 et dernier) n'est pas la moins louangeuse :
  Actes et histoire du concile œcuménique de Rome MDCCCLXIX, 1er du Vatican a écrit :
... Les cinq volumes intitulés : Actes et histoire du Concile œcuménique de Rome que vous nous avez offerts n'ont pas seulement satisfait notre attente, mais l'ont encore surpassée. En effet, en considérant la grandeur de l'entreprise, sa difficulté et son importance, à peine pensions-Nous qu'elle aurait répondu à l'ampleur du sujet dans des temps tranquilles, et ce n'est pas sans admiration que Nous avons vu l'érudition, l'art le l'habileté s'unir avec tant de diligence et de capacité … au point de ne rien laisser désirer à un juste appréciateur des choses. Aussi n'avons-Nous pas été surpris que … la matière se soit accrue, avec le nombre même des Pères accourus, de telle sorte que ledit ouvrage, qui devait être contenu en six volumes, en demande huit. Mais comme l'essai qu'on en a donné, au lieu de rendre désagréable cette addition, en excite le désir, Nous, quoique placé dans une situation restreinte, souscrivons pour douze exemplaires de l'ouvrage, afin de l'appuyer du suffrage de Notre Nom ...

B - Nous pouvons trouver la référence concernant saint Antonin à cette page du tome IV ayant trait à l'Histoire des Conciles Œcuméniques avec la note  28 correspondant à la citation latine :
  Saint Antonin de Florence – Summa theologica a écrit :
Eo ipso haereticus est (Papa) ab Ecclesia est præcisus. Non potest autem caput a corpore præcisum, quamdiu est præcisum, caput esse illius corporis, a quo est præcisum : unde Papa per hoc desinit esse caput corporis Ecclesiæ. Et sic hæreticus non potest esse nec manere Papa ; quia extra Ecclesiam non potest habere claves Ecclesiæ. Per alia autem peccata Papa est caput languidum, quod non propter hoc desinit esse caput, nec potest a membris per consequens judicari.
Il est bon cependant de noter que :

1°) la référence donnée à la suite de la citation latine est fausse ; en lieu de « p. III, tit. XXII, cap. VI, § 3 », il faut lire « p. III, tit. XXII, cap. IV, § 3 ».

2°) le passage cité ici par saint Antonin, (Cf. Summa theologica) a pour auteur Pierre de la Palud en son De causa immediata ecclesiasticæ potestatis.
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
- Comment traiter le problème d’un pape hérétique de manière concrète ? Voilà une question qui n’a pas encore été réglée selon un consensus général au sein de la tradition catholique tout entière. À ce jour, aucun pape ni concile œcuménique n’ont fait de déclaration doctrinale à ce sujet, et ils n’ont pas davantage émis de norme canonique contraignante au sujet de l’éventuelle gestion d’un pape hérétique pendant la durée de sa charge.
- Grosse ignorance, ou gros mensonge ?
« La Foi m'est à un tel point nécessaire que, ayant Dieu comme seul juge de tous mes autres péchés, je pourrais cependant être jugé par l'Eglise uniquement pour le péché commis contre la Foi (propter solum peccatum quod in fide committur possem ab Ecclesia judicari).»
(Innocent III, le Pape de l'apogée de la Papauté, serm. 2 in consecr. pontif.) Migne, PL 217, 656D (2)
« Le Pontife pourrait être jugé par les hommes ou plutôt être montré comme jugé, s'il arrivait qu'il s'évanouisse dans l'hérésie, car « celui qui ne croit pas est déjà jugé » (Jn. 3,18).»
(Innocent III, serm. 4 in consecr. pontif.)
« Qu'aucun mortel n'ait la présomption d'accuser le Pape de faute, car, étant donné qu'il lui incombe de juger tous les hommes, personne ne devrait le juger, à moins qu'il ne s'écarte de la Foi.»
(Saint Boniface, Martyr, cité dans le Décret de Gratien) « Prima sedes a nemo judicetur, nisi deprehenditur a fide devius.» Decretum Gratiani, Dist. XL, c. 6 (2)
« 2. Après mûre délibération à ce sujet avec Nos vénérables les Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, sur leur conseil et avec leur assentiment unanime, de par notre autorité Apostolique, Nous approuvons et renouvelons toutes et chacune des sentences, censures et peines d'excommunication, suspense, interdit, privation et autres quelles qu'elles soient, portées et promulguées, de quelle que manière que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques par tous les Souverains Pontifes, Nos prédécesseurs ou tenus pour tels, même par leurs Lettres non contenues dans les recueils canoniques , ou par les Saints Conciles reçus par l'Eglise de Dieu, ou les décrets et statuts des Saints Pères, ou par les Saints Canons, Constitutions et Ordonnances Apostoliques. Et Nous voulons et décrétons que les susdites sentences, censures et peines soient observées à perpétuité et remises en pleine vigueur, là où elles ne le seraient pas et devraient l'être, et soient encourues par tous ceux qui jusqu'ici ont dévié de la foi Catholique ou sont tombés dans quelque hérésie ou ont suivi ou suscité ou soutenu quelque schisme, en étant soit pris sur le fait, ou l'ayant confessé ou en ayant été convaincu, ainsi que par ceux qui (ce que Dieu en sa clémence et sa bonté pour tous daigne empêcher) dévieront dans le futur, tomberont dans l'hérésie ou entreront dans le schisme ou en susciteront ou soutiendront, qu'ils soient pris sur le fait, avouent ou soient convaincus, quelque soient leur état, grade, ordre, condition et dignité, même Episcopale, Archiépiscopale, Patriarcale, Primatiale, ou autre dignité Ecclésiastique majeure, ou honoré du Cardinalat ou de la fonction de Légat du Siège Apostolique en quelque lieu que ce soit à titre perpétuel ou temporaire, ou aussi dignité et autorité séculière de Comte, Baron, Marquis, Duc, Roi et Empereur. (....) 6. Nous ajoutons que si jamais il advient qu'un Evêque, même ayant fonction d'Archevêque, de Patriarche ou de Primat ; qu'un Cardinal de l'Eglise Romaine, même Légat ; qu'un Souverain Pontife même, avant leur promotion, ou leur élévation au Cardinalat ou au Souverain Pontificat, ont dévié de la foi Catholique, ou sont tombés dans quelque hérésie, ou ont participé à, suscité ou soutenu un schisme, la promotion ou élévation, même si cette dernière a eu lieu dans l'entente et avec l'assentiment unanime de tous les Cardinaux, est nulle, non avenue, sans valeur, et on ne pourra dire qu'elle est devenue valide ou qu'elle devient valide parce que l'intéressé accepte la charge, reçoit la consécration, ou ensuite entre en possession ou quasi -possession du gouvernement ou de l'administration, ou par l'intronisation du Pontife Romain ou par l'hommage à genoux (des Cardinaux) devant lui, ou par la prestation d'obéissance à lui rendue par tous ou par quelque laps de temps écoulé pour ces actes : on ne pourra la tenir pour légitime en aucune de ses parties et elle ne confère ni peut être censée conférer quelque pouvoir d'administration au spirituel ou au temporel à de tels hommes promus Evêques, Archevêques, Patriarches ou Primats, ou élevés au Cardinalat ou au Souverain Pontificat. Tous et chacun de leurs dits, faits et gestes, leur administration et tout ce qui en découle, tout est sans valeur et ne confère aucune autorité, aucun pouvoir à personne. Ces hommes ainsi promus et élevés seront par le fait même, et sans qu'il faille quelque déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité, fonction et pouvoir ; et même si tous ceux et chacun de ceux ainsi promus et élevés n’avaient pas auparavant déviés de la Foi ni n’avaient été hérétiques, ni encourru ou suscité ou soutenu le schisme. (sic promoti et assumpti eo ipso absque aliqua desuper facienda declaratione, omni dignitate, loco, honore, titulo, auctoritate, officio et potestate privati ; liceatque omnibus et singulis sic promotis et assumptis, si a fide antea non deviassent nec haeretici fuissent, neque schisma incurrissent aut excitassent vel commisissent.).....»
(Paul IV, Bulle Cum ex Apostolatus officio du 15/2/1559) Bullarium Romanum, tome 06 (2)
« Inter multiplices Entre les multiples charges qui font assidûment vibrer notre âme, la première est, comme il se doit, que l'Eglise de Dieu, à Nous confiée d'en-haut, puisse, une fois purgées et, autant que faire se peut, totalement exterminées toutes les hérésies et les assertions dépravées des opinions erronées, militer en toute sécurité, et, comme un navire en mer tranquille, une fois calmés tous les assauts des vagues et des tourbillons des tempêtes, naviguer tranquillement et parvenir au port désiré du salut.... 1. Nous .... voulant .... veiller et pourvoir au salut des âmes, et supprimer tout doute et toute controverse parmi les juristes, ainsi que lever les entraves et obstacles qui gênent ou retardent, de quelque manière ou par quelque instance que ce soit, la Sainte Inquisition contre la perversité hérétique, par un semblable mouvement et de par notre science certaine, en raison de la plénitude de notre pouvoir Apostolique ( Motu simili, et ex certa Nostra scientia, ac de Apostolicae potestatis plenitudine), par cette perpétuelle Constitution Nôtre, qui vaudra de façon universelle et à perpétuité (hac Nostra perpetua, perpetuoque valitura universali Constitutione), révoquant entièrement et à perpétuité (penitus, et perpetuo revocantes) en premier toutes et chacune des Lettres Apostoliques sous quelque mode d'expression qu'elles soient, non moins que les Motu Proprio ou les résolutions consistoriales ou autres concernant les affaires judiciaires se rapportant à l'hérésie... les inhibitions, dérogations... contraires, Nous déclarons, décrétons, statuons et ordonnons de par l'autorité Apostolique (Apostolica auctoritate declaramus, statuimus, et ordinamus) que toutes et chacune des sentences absolutoires même en cause d'innocence attestée, ou déclaratoires même après purgation canonique en quelques termes que ce soit, même définitives, et les décrets portés, en faveur des accusés déférés et examinés, tant par le Saint-Office que les autres juges ordinaires ou délégués, et même par les Pontifes Romains, ou qui seront portés par Nous-même et Nos successeurs les Pontifes Romains alors régnant, n'aient et ne puissent avoir dans le futur pour effet de laisser passer des choses déjà jugées (ac etiam Romani Pontifices latas et lata, aut in futurum per nos etiam et successores nostros Romanos Pontifices pro tempore existentes, ferendas et ferenda, numquam fecisse, nec in futurum posse facere transitum in rem judicatam). 2. Nonobstant toutes ces sentences et décrets...., surtout si de nouveaux indices ont surgi soit de la même hérésie, soit d'une autre, même après un long laps de temps, ou encore là où par d'autres indices apparaîtra que quelqu'un déjà déféré ou examiné aura été absous de manière illicite, Nous voulons et commandons pareillement par cette même autorité Apostolique, que l'on puisse et que l'on doive de nouveau procéder.... 3. En outre, marchant dans les traces de notre prédécesseur d'heureuse mémoire le Pape Paul IV, Nous rénovons par la présente la teneur de la Constitution de ce même Pontife contre les hérétiques et schismatiques, donnée à Rome près Saint Pierre en l'An de l'Incarnation du Seigneur 1559 le 15/2/, la 4e année de son Pontificat, Nous la confirmons et voulons et ordonnons qu'elle soit observée inviolablement et au détail près, selon son enchaînement et sa teneur (tenore praesentiam renovamus, et etiam confirmamus illamque inviolabiliter, et ad ungem observari volumus et mandamus, juxta illius seriem et tenorem)..»
(Saint Pie V, Motu Proprio Inter multiplices du 21/12/1566, Ière année de son Pontificat) Bullarium Romanum, tome 07 (2)



(2) Les références précises renvoyant au net m’ont été trouvées et fournies par Si vis pacem.
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Abbé Zins
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Il n’existe pas d’exemple historique d’un pape ayant perdu la papauté pour cause d’hérésie ou sous l’accusation d’hérésie. Le pape Honorius Ier (625-638) a été excommunié de manière posthume par trois conciles œcuméniques (le troisième concile de Constantinople en 681, le deuxième concile de Nicée en 787, et le quatrième concile de Constantinople en 870) en raison de son soutien à l’hérésie monothéliste, soutien qui avait contribué à la diffusion de cette hérésie.

- Il n’existe pas d’exemple historique d’un pape ayant perdu la papauté pour cause d’hérésie ou sous l’accusation d’hérésie, car il n’existe pas plus d’exemple historique de Pape légitime tombé publiquement dans l’hérésie.

Le pape Honorius Ier a été blâmé post mortem non point pour avoir soutenu l’hérésie mais pour avoir imposé le silence des deux côtés, recherchant davantage la paix extérieure qu’à distinguer l’erreur de la Vérité ; pour avoir ainsi indirectement toléré des affirmations hérétiques sans les condamner, pour n’avoir pas éteint la mèche de l’hérésie.
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
Il n’existe pas d’exemple historique d’un pape ayant perdu la papauté pour cause d’hérésie ou sous l’accusation d’hérésie. Le pape Honorius Ier (625-638) a été excommunié de manière posthume par trois conciles œcuméniques (le troisième concile de Constantinople en 681, le deuxième concile de Nicée en 787, et le quatrième concile de Constantinople en 870) en raison de son soutien à l’hérésie monothéliste, soutien qui avait contribué à la diffusion de cette hérésie.
Voilà une mise en condition suffisamment ambiguë pour permettre par la suite à l'auteur de lancer bien de fausses accusations, pourtant déjà cent fois réfutées, avec néanmoins un point de repli si nécessaire ... Je ne sais si le procédé est bien honnête ...

Ceci étant, il nous suffit, avant d'aller plus loin, de renvoyer à la bibliographie sur le sujet que nous trouvons dans les Actes du Concile du Vatican. Elle est en soi-même largement suffisante pour répondre aux arguties répétées ad nauseam tout au long de ce factum et aurait peut-être permis à notre auteur d'éviter de chercher dans les poubelles de l'Histoire  :
  Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio. Leipzig, 1927. Tome 52, col. 26 a écrit :
b) in causa Honorii : inter vetustiores a Jos. Biner s. I. in Apparatu eruditionis p. III, IV, et XI ; Orsi op. cit. cap. 21 — 28; Bellarm. op. cit. ; Thomassin., op. cit., Diss. XX ; Natalis Alex., Historia ecclesiastica, sæculi VII. Diss. II. ; Zaccaria , Antifebronius, P. II. l. IV. ; inter recentiores : Civiltà cattolica, anno 1864, Serie V. vol. XI et XII ; Schneemann, Studia in questionem de Honorio ; Jos. Pennacchi, De Honorii I. Romani Pontificis causa in Concilio VI.

Nous y ajouterons ici cette mise au point de dom Guéranger :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1869) a écrit :
Je le demande, quand un homme refuse de s'expliquer sur une question qu'on lui propose, a-t-on le droit de dire qu'il a manifesté son sentiment ? Honorius a-t-il enseigné qu'il n'y a dans le Christ qu'une seule volonté ? Nul ne pourrait le dire, sans calomnier ce pontife. A-t-il enseigné que l'on ne doit pas reconnaître dans le Christ deux volontés ? le prétendre, serait tout aussi injuste. Il n'y a donc qu'une seule conclusion à tirer de la lettre à Sergius ; c'est qu'Honorius n'a rien voulu décider, et qu'il n'a rien décidé en effet ...
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
- Dans la lettre par laquelle le saint pape Léon II (+ 682-683) confirma les décrets du troisième concile de Constantinople, il frappait d’anathème le pape Honorius (« anathematizamus Honorium »), s’exprimant ainsi à propos de son prédécesseur : « Honorius qui n’a pas purifié cette Eglise apostolique par l’enseignement de la tradition apostolique, mais a tenté de subvertir la foi immaculée en une trahison impie (texte grec : a permis que l’Eglise immaculée soit souillée par une trahison impie) » (Denzinger-Schönmetzer, n. 563).

- En quoi avait consisté alors cette permission que la Foi immaculée soit souillée (traduction exacte) ?

A avoir cherché à imposer le silence des deux côtés, en vue d’apaiser la controverse et de revenir à une apparente paix extérieure et publique.

Que dire, dès lors, des intrus et de V 2, prônant la licence d’exposer toutes les erreurs sans être condamné, et même en levant les antiques excommunications contre ceux persistant en des hérésies condamnées !?
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

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A. Schneider a écrit :
- Dans la lettre par laquelle le saint pape Léon II (+ 682-683) confirma les décrets du troisième concile de Constantinople, il frappait d’anathème le pape Honorius (« anathematizamus Honorium »), s’exprimant ainsi à propos de son prédécesseur : « Honorius qui n’a pas purifié cette Eglise apostolique par l’enseignement de la tradition apostolique, mais a tenté de subvertir la foi immaculée en une trahison impie (texte grec : a permis que l’Eglise immaculée soit souillée par une trahison impie) » (Denzinger-Schönmetzer, n. 563).

Reprenons d'abord le contexte :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1869) a écrit :
Sergius consulte le Pape sur la question qui agitait l'Orient, et dans laquelle il cherchait à compromettre le Siège apostolique. Honorius, après avoir exprimé clairement la foi sur les deux natures, s'applique à réfuter ceux qui diraient que dans le Christ la volonté humaine aurait pu être en contradiction avec la volonté divine, ou encore qu'il y aurait eu dans le Christ, comme dans l'homme tombé, un penchant qui l'eût incliné du côté opposé au bien. Amené enfin à répondre directement à la lettre captieuse de Sergius, il refuse de s'expliquer, sous prétexte que la question est subtile et du ressort des grammairiens, par lesquels il entend les philosophes. Il cherche à arrêter toute controverse sur le sujet des deux volontés dans le Christ, en imposant le silence, et déclarant que son intention est que l'on ne dise ni une volonté, ni deux volontés.

Constatons ensuite qu'il nous faut attendre l'édition du Denzinger (après la 31°) revue par Schönmetzer pour trouver trace de cette condamnation dans l'Enchiridion symbolorum definitionum et declarationum de rebus fidei et morum :
  Denzinger-Schönmetzer - Enchiridion Symbolorum, n° 563 a écrit :
563 Pariterque anathematizamus novi erroris inventores, id est Theodorum Pharanitanum episcopum, Cyrum Alexandrinum, Sergium, Pyrrhum . . . necnon et Honorium, qui hanc apostolicam Ecclesiam non apostolicae traditionis doctrina lustravit, sed profana proditione immaculatam fidem subvertere conatus est (graeca recensio: = maculari permisit).
Auparavant, elle est citée par Konrad Kirch dans son Enchiridion Fontium historiæ ecclesiasticæ antiquæ.


Ces constatations faites, il n'est pas inutile de rappeler l'explication donnée sur le sujet par monseigneur Dechamps, archevêque de Malines et futur cardinal, en l'une de ses lettres en réponse au R.P. Gratry :  
  Mgr Dechamps – Deuxième lettre au R.P. Gratry a écrit :
... voyons le texte grec : d'autant plus que cette pièce, adressée à l'empereur de Constantinople et aux évêques d'Orient, a été primitivement rédigée en grec. Voici ce document important :
« Ἀναθεματίζομεν τοὺς ἐφευρετάς τῆς νέας πλάνης : τούτ'ἐστι Θεοδώρον, etc ... Οὐμὴν ἀλλά καὶ Ὁνώριον, ὅστις ταύτην τὴν Ἀποστολικὴν Ἐκκλησίαν οὐκ ἐπεχείρησε διδασκαλίᾳ ἀποστολικῆς παραδόσεως ἁγνίσαι, ἀλλὰ τῇ βεβήλω προδοσία μιανθῆναι τὴν ἄσπιλον παρεχώρησε. »

Voici maintenant la traduction latine de ce passage : Anathematizamus inventores novo illius erroris : scilicet Theodorum, etc., nec non et Honorium, qui hanc apostolicam Ecclesiam non conatus est doctrina apostolicæ traditionis puram fueri, sed profana illa proditione maculari immaculatam permisit. C'est à dire, Nous anathématisons les inventeurs de la nouvelle erreur, savoir : Théodore, évêque de Pharan, etc.; et encore Honorius, qui ne s'efforça pas de maintenir la pureté de cette Eglise apostolique par l'enseignement de la tradition des Apôtres, mais qui permit que cette Eglise sans tache fut souillée par la trahison profane. La version latine, sur laquelle s'appuient Fleury et Bossuet, contient plusieurs infidélités. Comptons les. D'abord le traducteur, supprime le verbe  παρεχώρησεν, (permisit), qui est le mot principal, puisqu'il caractérise la faute d'Honorius et exprime le motif de la sentence. Première infidélité.

Ensuite, il remplace ce verbe par ἐπεχείρησε, conatus est, qu'il prend dans la phrase précédente : confusion qui transforme la négligence d'Honorius en un zèle ardent pour l'hérésie. Deuxième infidélité.

En outre il rend  μιανθῆναι ( maculari), par subvertere, qui est beaucoup plus grave, attendu que renverser est plus qu'imprimer une tache. Troisième infidélité.

Ce n'est pas tout. Le traducteur, étant en veine, ajoute de son crû fidem, qui n'est point dans le texte ; puis il unit immaculatam à ce fidem, au lieu de rapporter l'adjectif à ecclesiam. Cela change le sens d'une manière déplorable : Honorius, selon S. Léon, laisse par sa négligence imprimer une tache au Siège apostolique ; et, selon le traducteur, Honorius s'efforce de renverser la foi elle-même. Quatrième et cinquième infidélité.

Enfin, dans le grec, c'est la perfide trahison des novateurs qui imprime une tache à l’Église romaine ; dans le latin, c'est Honorius lui-même qui s'efforce de renverser la foi par sa propre trahison. Sixième infidélité ...

… Certains adversaires d'Honorius, tout en acceptant de bonne foi le texte grec, veulent encore traduire ainsi la fin du passage : Honorius, par une trahison profane, permit que l'Église immaculée fût souillée. Cette traduction est impossible. En effet, les mots τῇ βεβήλω προδοσία, sont le complément nécessaire de μιανθῆναι (maculari), et ne peuvent se rapporter à παρεχώρησε (permisit). Tout médiocre helléniste en conviendra. L'article τῇ que plusieurs ne remarquent pas, est très-important, puis qu'il détermine le sens de βεβήλω προδοσία (profana illa proditione). Si ces mots étaient le complément de παρεχώρησε il faudrait traduire : Honorius permit par la profane trahison que l'Eglise immaculée fût souillée, ce qui ne présente aucun sens ; tandis qu'en rapportant ce complément au verbe μιανθῆναι on trouve ce sens naturel : Honorius permit que l’Église immaculée fût souillée par la profane trahison ; et cette profane trahison n'est autre chose que la fourberie de Sergius, inventeur de la nouvelle hérésie que S. Léon II vient de nommer. L'on peut montrer ce texte au premier helléniste venu ; il ne retranchera pas un seul des contresens que j'ai signalés
Nous voyons par tout cela que les malversations passées sont reprises en leitmotiv sans se soucier de « la lumière de la tradition et de la pratique multi-millénaire de l'Eglise » mais bien plutôt de l'intérêt poursuivi ... Difficile après cela de vouloir donner des leçons !
Si vis pacem
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Message par Si vis pacem »

A. Schneider a écrit :
Le Liber Diurnus Romanorum Pontificum, collection très diverse de formulaires utilisés par la chancellerie papale jusqu’au XIe siècle, contient le texte du serment pontifical obligeant chaque nouveau pape, au moment d’assumer sa charge, de jurer qu’il « reconnaissait le sixième concile œcuménique frappant d’anathème éternel les initiateurs de l’hérésie (le monothélisme) Sergius, Pyrrhus, etc., ainsi qu’Honorius » (PL 105, 40-44).

Voyons d'abord le texte cité qui se trouve en PL 105, col. 52A (et non en 40-44 comme indiqué par l'auteur) :
  Patrologie latine 105 - Liber diurnus, col. 52A a écrit :
Autores vero novi hæretici dogmatis Sergium, Pyrrhum, Paulum, et Petrum Constantinopolitanos, una cum Honorio, qui pravis eorum assertionibus fomentum impendit ; pariterque et Theodorum Pharanitanum, et Cyrum Alexandrinum, cum eorum imitatoribus, simulque et hos, qui hæretica dogmata contra veritatem fidei synodaliter declaratam atque prædicatam, pertinaciter defendebant.
Puis la réponse de dom Guéranger à Mgr Maret :
  Dom Guéranger- De la monarchie pontificale. Paris, 1870, pp. 118-119 a écrit : Les Papes ont pris acte de la condamnation d'Honorius, sans pour cela renoncer le moins du monde à la prérogative que Jésus-Christ leur a conférée en saint Pierre d'enseigner avec infaillibilité l’Église universelle. Il y a mieux : durant plusieurs siècles, ils ne montaient sur la chaire apostolique qu'après avoir prononcé un anathème dans lequel se trouvait compris le nom de leur prédécesseur Honorius. Mais là, Mgr de Sura se permet une liberté qu'il n'est pas possible de lui concéder. Il nous dit que les Papes d'alors « signaient une profession de foi où ils condamnaient expressément Honorius avec tous les autres hérétiques. » On ne saurait dire plus formellement que ces Papes mettaient Honorius sur la liste des hérétiques; grammaticalement, le terme qu'emploie Mgr de Sura n'a pas d'autre sens. Consultons donc la formule du serment en question. Or, voici ce qu'on y lit: « Auctores vero novi hæretici dogmatis, Sergium, Pyrrhum...., una cum Honorio qui pravis eorum assertionibus fomentum impendit...., simili etiam nos condemnatione percellimus anathematis. » On le voit avec évidence : Sergius, Pyrrhus et les autres hérétiques sont anathématisés ensemble ; Honorius n'est pas compris parmi eux. L'anathème lui est infligé pour avoir seulement donné lieu par ses coupables ménagements au développement de leurs opinions impies. Il n'y a qu'une très-forte distraction qui puisse expliquer comment Mgr de Sura a voulu réunir ce que la formule du serment distingue si expressément, et faire mettre ainsi par le Siège apostolique Honorius au nombre des hérétiques.
Réponse que nous retrouvons également dans son ouvrage contre le R.P. Gratry  :
 Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870)  a écrit :
Le Liber diurnus est, à mon humble avis, le plus fort argument que l'on puisse faire valoir en faveur de l'anathème porté contre l'infortuné Pontife ; mais on ne doit pas perdre de vue que sur la liste des noms flétris dans la formule du Liber diurnus, celui d'Honorius s'y trouve accompagné d'une clause qui le sépare des hérétiques, et le donne seulement pour fauteur de l'hérésie par sa négligence. Que le septième et le huitième Conciles aient compris le nom d'Honorius dans les personnages proscrits dont on rappelait la suite dans un anathème final, je ne vois pas ce que le R. P. Gratry en peut tirer d'avantage. Le fait est que ce pape a eu à subir le déshonneur d'être désavoué par une longue suite de ses successeurs, dans une formule qu'ils prononçaient en montant sur le Saint-Siège au huitième et au neuvième siècles. A Rome on joignait à son nom une clause explicative ; dans les deux conciles en question, cette clause n'est pas exprimée; mais tout le monde est à même de connaître en quels termes saint Léon II, dans sa lettre confirmatoire du sixième Concile, consentit à joindre le nom de son prédécesseur à ceux des hérétiques que celui-ci avait eu le tort de ménager. Le profond respect que témoignèrent les septième et huitième Conciles pour le Siège apostolique dans tous leurs actes, ne permet pas de supposer qu'ils aient joint le nom d'Honorius à leur liste de personnages anathématisés, dans un autre sens que celui de saint Léon II, et cela suffisait bien.
La précision suivante viendra clore le sujet :
 Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
le vrai sixième Concile, celui auquel le Pontife romain a donné la forme nécessaire et canonique, celui qui s'impose au respect des fidèles, a seulement flétri Honorius comme un gardien infidèle du dépôt de la foi, mais non comme ayant été lui même sectateur de l’hérésie. La justice et la vérité nous interdisent d'aller plus loin.
Si vis pacem
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Re: Réponse à Athanasius Schneider sur la tombée d'un pontife dans l'hérésie

Message par Si vis pacem »

  A. Schneider a écrit :
Dans certains bréviaires jusqu’au XVIe ou au XVIIIe siècle, Honorius était mentionné comme hérétique dans la leçon de matines du 28 juin
Encore un argument emprunté au R.P. Gratry … lisons alors la réponse de dom Guéranger toujours nécessaire à certains, bien que 150 ans se soient écoulés depuis :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
si, avant 1568, il existait un livre intitulé Breviarium romanum, ce livre n'étant muni de l'attache d'aucun souverain Pontife, n'étant garanti par aucune bulle ni bref, était à la merci du premier copiste ou du premier imprimeur à qui il plaisait d'y insérer ce que bon lui semblait. […] avant l'édition de saint Pie V, il n'existait pas d'exemplaire officiel du bréviaire romain.
Si tel est le cas pour le bréviaire romain, est-il nécessaire de s'appesantir sur tout autre bréviaire ?
  A. Schneider a écrit :
 Honorius était mentionné comme hérétique dans la leçon de matines du 28 juin, fête du saint pape Léon II : « In synodo Constantinopolitano condemnati sunt Sergius, Cyrus, Honorius, Pyrrhus, Paulus et Petrus, nec non et Macarius, cum discipulo suo Stephano, sed et Polychronius et Simon, qui unam voluntatem et operationem in Domnino Jesu Christo dixerunt vel praedicaverunt. »
Un petit coup d'œil du côté de dom Guéranger  ?  :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
Après avoir rappelé en passant au R. P. Gratry, que le bréviaire antérieur était loin de contenir dans toutes ses éditions la phrase qui fait ses délices, je le prierai de vouloir bien observer que cette phrase ne pouvait, en tout cas, être maintenue ; car elle renferme une fausseté grossière. Il y est dit que « dans le sixième Concile furent condamnés Sergius, Cyrus, Honorius, Paul, Pierre, Macaire, qui ont dit et prêché qu'il n'y a en Jésus-Christ qu'une seule volonté et qu'une seule opération. » Or, tout le monde sait que Sergius, Cyrus et les autres monothélites ont en effet enseigné cette hérésie ; mais Honorius qui aurait voulu que l'on ne parlât ni d'une volonté, ni de deux volontés, où a-t-il dit et prêché une volonté et une opération ? L'intrusion de son nom dans la phrase est tout simplement une calomnie et une absurdité. La lettre d'Honorius est entre les mains de tout le monde, et il n'est pas possible de la travestir à ce point, sans la falsifier. Tout honnête homme eût fait ce que firent les commissaires de saint Pie V, en effaçant le nom d'Honorius d'une liste sur laquelle il ne doit pas figurer.
  A. Schneider a écrit :
La persistance de la lecture de ce bréviaire au cours de nombreux siècles montre que de nombreuses générations de catholiques n’ont pas considéré scandaleux qu’un pape particulier, dans un cas très rare, ait été jugé capable d’hérésie ou de soutien à l’hérésie.
 Ben ... pas si nombreuses « les générations de catholiques » ... puisque nous venons de voir « que le bréviaire antérieur était loin de contenir dans toutes ses éditions la phrase qui fait les délices » du R.P. Gratry et, par la même occasion, ceux d'Athanasius Schneider ; mais ... pas sans danger non plus les erreurs ou mauvaises interprétations glissées dans les livres liturgiques, comme le souligne encore dom Guéranger :
  Dom Guéranger - Institutions liturgiques. Le Mans, 1841. Tome 2 a écrit :
L'Archevêque de Sens mentionne ensuite la condamnation du Bréviaire du Cardinal Quignonez, et de ceux de Soissons et d'Orléans, par la Sorbonne, au seizième siècle, condamnation motivée, ainsi que nous l'avons raconté en son lieu (Tome 1, p. 378 et 458), sur la nouveauté et la témérité qui paraissaient dans ces bréviaires, sur le scandale que le peuple ne manquerait pas d'y prendre, sur le schisme que pouvaient amener de semblables innovations ..

D'où cette précision par ce même dom Guéranger :
  Dom Guéranger - Défense de l'Église romaine contre les accusations du Père Gratry. (1870) a écrit :
la commission formée par saint Pie V pour la réforme du bréviaire romain avait fort à faire pour répondre aux intentions du concile de Trente, qui en remettant la réforme du bréviaire aux soins du Pontife romain n'avait fait qu'adhérer au vœu de la chrétienté, ainsi qu'on peut le voir par les demandes présentées aux Pères à diverses reprises. La commission eut donc à entreprendre la révision et la refonte de tout le corps des légendes du bréviaire, et elle s'y livra avec une attention digne des hommes intègres et doctes dont elle se composait. L'œuvre antérieure avait été compilée par des mains trop souvent inhabiles, et elle était exposée à de nombreuses variantes, ainsi qu'on vient de le voir. Le résultat des labeurs de la commission fut fixé par la bulle de saint Pie V, et quant à l'accueil que reçut dans l'Église le bréviaire réformé, on peut juger qu'il fut favorable, puisque la plupart des Églises auxquelles il n'était pas imposé s'empressèrent de l'adopter, et que celles qui jugèrent devoir garder leur bréviaire que deux cents ans de possession rendaient légitime, corrigèrent leurs légendes d'après la leçon romaine, et inscrivirent en tête de ces bréviaires renouvelés, ces mots : Ad Romani formam, ou Juxta mentem Concilii Tridentini.
Doit-on continuer ?
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