INQUISITION du Moyen-Âge.
(col. 853-854)
Organisation de l’Inquisition.
(suite)
En 1232-1234, l'Inquisition s'établit en France. Elle commence par le comté de Bourgogne, où dès 1232, une bulle de Grégoire IX charge de la lutte contre l'hérésie le prieur des dominicains de Besançon et les Pères GAUTIER et ROBERT. Ces religieux recevaient des instructions auxquelles se reportent les bulles des années suivantes.
Cette mission, limitée d'abord à une région bien déterminée, fut étendue bientôt à la France entière. Le 13 avril 1233, Grégoire IX faisait savoir aux évêques de France qu'il avait chargé les Dominicains des fonctions d'inquisiteurs dans ce pays parce que « les soucis de leurs multiples occupations permettent à peine aux évêques de respirer ».
Enfin, par une autre bulle datée du 21 août 1235, le pape nommait inquisiteur général du royaume de France (per universum regnum Franciae) frère ROBERT, que l'on avait surnommé LE BOUGRE parce que, avant d'entrer dans l'ordre des Dominicains, il avait été lui-même hérétique cathare et que le peuple désignait sons les noms de Bulgari, Bougres, les Cathares. Il était recommandé à Robert d'agir avec le conseil des évêques et des religieux (FREDERICQ, Robert le Bougre, premier inquisiteur général de France, p. 13). Saint Louis exécuta fidèlement les décisions de Latran et de Vérone, qui ordonnaient au pouvoir civil de se mettre à la disposition des clercs chargés de la poursuite des hérétiques. Dans sa Chronique rimée, PHILIPPE MOUSKET dit que l'inquisiteur général Robert le Bougre agissait à la fois au nom du pape et du roi,
Par le commant de l'apostole
Qui li et enjoint par estole
Et par la volonté dou roi
De France, ki l'en fist otroi.
(BOUQUET, XXII, p. 55, vers 28879-28882.)
Le coutumier appelé Etablissements de saint Louis et les Coutumes du Beauvaisis de Beaumanoir constatent cet accord de la juridiction ecclésiastique et de la juridiction séculière : « Quand le juge (ecclésiastique) aurait examiné (l'accusé), se il trouvait qu'il fut bougre (hérétique), si le devait faire envoier à la justice laïque et la justice laïque le doit faire ardoir (brûler). » (LAURIÈRE, Ordonnances des rois de France, 1, p. 211 et 175.) « En tel cas, doit aider la laïque justice à sainte Eglise; car quand quelqu'un est condamné comme bougre par l'examination de sainte Eglise, sainte Eglise le doit abandonner à la laïque justice et la justice laïque le doit ardoir, parce que la justice spirituelle ne doit nul mettre à mort. » ( Coutumes du Beauvaisis, éd. Société de l'Histoire de France, 1, 157 et 413.)Ainsi reconnue par le pouvoir civil qui lui prêtait main-forte…