INQUISITION du Moyen-Âge.
(col. 878-879)
Procédures de l’Inquisition.
(suite)
Après avoir ainsi déterminé la part des responsabilités, il n'est que juste de déclarer que la peine de mort prononcée par l'intermédiaire des juges civils ne fut qu'une sanction exceptionnelle; et ceux qui nous ont montré les inquisiteurs acharnés à approvisionner le bûcher, les ont calomniés.
Sur les 75 sentences portées par le tribunal de Pamiers, de 1318 à 1324, cinq seulement livrent les hérétiques au bras séculier.
Dans les 930 sentences de Bernard Gui, nous n'en trouvons que 42 portant cette redoutable mention relicti curiae seculari, et ainsi, à Pamiers, la proportion des condamnés à mort a été de 1 sur 15, à Toulouse de 1 sur 23 (VACANDARD, op. cit., p. 236).
A ceux qui la trouveront cependant excessive, nous rappellerons que le code pénal du moyen âge était en général beaucoup plus rigoureux que le nôtre et que les inquisiteurs furent des hommes de leur temps; mais surtout, nous leur ferons remarquer (ce que trop souvent on a oublié), que l'Inquisition punissait aussi des crimes de droit commun, commis par des hérétiques ou à l'occasion des procès d'hérésie.
En 1324, à Pamiers, Pierre d'en Hugol, Pierre Peyre et plus tard Guillaume Gautier furent poursuivis et les deux derniers condamnés à la prison pour faux témoignage ; ils s'étaient prêtés à une machination ourdie par Pierre de Gaillac, notaire de Tarascon, contre son confrère Guillem Tron. Pour se venger de ce dernier, qui attirait à lui tous les clients, Gaillac avait résolu de le charger du crime d'hérésie, et Pierre d'en Hugol et Peyre lui avaient servi de faux témoins (VIDAL, le tribunal d'Inquisition de Pamiers, p. 55-56).
Guillem Agasse, chef de la léproserie de Lestang, fut condamné pour avoir empoisonné les fontaines et les puits de la ville; Arnaud de Verniolle de Pamiers et Arnaud de Berdeilhac pour avoir commis des crimes contre nature (VIDAL, ibid., pp. 127-128).
Les peines de l'Inquisition étaient souvent, dans la pratique, atténuées ou même effacées. Il ne faudrait pas croire, par exemple, que tout hérétique qui figure dans les Registres comme condamné « au mur perpétuel » ait passé en prison le reste de ses jours. On n'a pas assez relevé, à côté des sentences de condamnation qui étaient prononcées dans les sermones generales, les grâces totales ou partielles qui y étaient aussi promulguées.
Les prisonniers obtenaient des congés qu'ils allaient passer chez eux…