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L'AFFAIRE VIGANO

Publié : mar. 04 sept. 2018 16:31
par Gilbert Chevalier

1- Témoignage intégral de Viganò

Un témoignage de première importance sur l’affaire McCarrick

par Riposte Catholique, le 26 août 2018

L’excellent site américain LifeSiteNews ( https://www.lifesitenews.com/news/forme ... d-sanction ) vient de mettre en ligne un témoignage d’une importance capitale sur la sordide affaire McCarrick (ancien archevêque de Washington et prédateur sexuel), ainsi que sur le lobby gay dans l’Église : celui de l’ancien nonce apostolique à Washington, Mgr Vigano. Nous l’avons immédiatement traduit pour que les lecteurs francophones puissent y avoir accès. Prions pour l’Église, défigurée par ces horreurs ! La rédaction

- TÉMOIGNAGE -

Par Son Excellence Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire d’Ulpiana, Nonce apostolique

En ce moment tragique pour l’Église dans diverses parties du monde – les États-Unis, le Chili, le Honduras, l’Australie, etc. – les évêques ont une très grave responsabilité. Je pense en particulier aux États-Unis d’Amérique, où j’ai été envoyé comme nonce apostolique par le pape Benoît XVI le 19 octobre 2011, fête commémorative des premiers martyrs d’Amérique du Nord. Les évêques des États-Unis sont appelés, et moi avec eux, à suivre l’exemple de ces premiers martyrs qui ont apporté l’Évangile sur les terres d’Amérique, à être des témoins crédibles de l’amour incommensurable du Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie.

Certains prêtres et évêques, abusant de leur autorité, ont commis des crimes horribles au détriment de leurs fidèles, mineurs, victimes innocents, et jeunes gens désireux d’offrir leur vie à l’Église. Ou bien par leur silence, ils n’ont pas empêché que de tels crimes continuent d’être perpétrés.

Pour restaurer la beauté de la sainteté du visage de l’Épouse du Christ, qui est terriblement défigurée par tant de crimes abominables, et si nous voulons vraiment libérer l’Église du marais fétide dans lequel elle est tombée, nous devons avoir le courage de d’abattre la culture du secret et de confesser publiquement les vérités que nous avons gardées cachées. Nous devons abattre la conspiration du silence par laquelle prêtres et évêques se sont protégés aux dépens de leurs fidèles, une conspiration du silence qui risque, aux yeux du monde, de faire paraître l’Église comme une secte, une conspiration du silence semblable à qui prévaut dans la mafia. « Tout ce que vous avez dit dans l’obscurité sera proclamé sur les toits. » (Luc 12: 3)

J’ai toujours cru et espéré que la hiérarchie de l’Église puisse trouver en elle-même les ressources spirituelles et la force de dire toute la vérité, de se corriger et de se renouveler. C’est pourquoi, même si on m’a demandé à plusieurs reprises, j’ai toujours évité de faire des déclarations aux médias, même si c’était mon droit de le faire, afin de me défendre contre les calomnies publiées à mon sujet, y compris par des prélats de haut rang de la curie romaine. Mais maintenant que la corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’Église, ma conscience m’impose de révéler ces vérités concernant l’affaire déchirante de l’archevêque émérite de Washington, Théodore McCarrick, que j’ai connue au cours de la mission qui m’a été confiée par saint Jean-Paul II, comme délégué aux représentations pontificales de 1998 à 2009, puis par le pape Benoît XVI, comme nonce apostolique aux États-Unis d’Amérique, du 19 octobre 2011 à fin mai 2016.

En tant que Délégué aux Représentations Pontificales auprès de la Secrétairerie d’État, mes responsabilités ne se limitaient pas aux Nonciatures Apostoliques, mais incluaient également le personnel de la Curie Romaine (embauches, promotions, processus d’information sur les candidats à l’épiscopat, etc.) et l’examen des cas délicats, y compris ceux concernant les cardinaux et les évêques, confiés au délégué par le cardinal secrétaire d’État ou par le Substitut de la Secrétairerie d’État.

Pour dissiper les soupçons insinués dans plusieurs articles récents, je dirai immédiatement que les nonces apostoliques aux États-Unis, Gabriel Montalvo et Pietro Sambi, tous deux prématurément décédés, n’ont pas manqué d’informer immédiatement le Saint-Siège dès qu’ils ont appris le comportement gravement immoral de l’archevêque McCarrick avec des séminaristes et des prêtres. En effet, selon ce qu’a écrit le nonce Pietro Sambi, la lettre du père Boniface Ramsey, O.P., datée du 22 novembre 2000, a été rédigée à la demande du défunt nonce Montalvo. Dans cette lettre, le père Ramsey, professeur au séminaire diocésain de Newark de la fin des années 1980 jusqu’à 1996, affirme qu’une rumeur récurrente au séminaire disait que l’archevêque « partageait son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Et il a ajouté qu’il connaissait un certain nombre de séminaristes, dont certains ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque.

Le bureau que j’occupais à l’époque n’a été informé d’aucune mesure prise par le Saint-Siège après que le nonce Montalvo eut porté ces accusations à la fin de 2000, alors que le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État.

De la même manière, le nonce Sambi transmit au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone un mémorandum d’accusation contre McCarrick par le prêtre Gregory Littleton du diocèse de Charlotte, réduit à la laïc pour viol de mineurs, accompagné de deux documents du même Littleton, dans lequel celui-ci racontait l’histoire tragique des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes. Le nonce a ajouté que Littleton avait déjà transmis son mémorandum à une vingtaine de personnes, y compris les autorités judiciaires civiles et ecclésiastiques, la police et les avocats, en juin 2006, et qu’il était donc très probable que l’information serait bientôt rendue publique. Il a donc appelé à une intervention rapide du Saint-Siège.

En rédigeant une note [1] sur ces documents qui m’ont été confiés, en tant que délégué aux représentations pontificales, le 6 décembre 2006, j’ai écrit à mes supérieurs, le cardinal Tarcisio Bertone et le Substitut Leonardo Sandri, que les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume, et qu’ils constituent des crimes de séduire, demander des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, moquerie d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, absolution des complices de ces actes dépravés, célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres après avoir commis de tels actes.

Dans ma note, que j’ai remise le même jour du 6 décembre 2006 à mon supérieur direct, le Substitut Leonardo Sandri, j’ai proposé à mes supérieurs les points suivants:

- Étant donné ce qui semblait qu’un nouveau scandale d’une gravité particulière, dans la mesure où il concernait un cardinal, allait s’ajouter aux nombreux scandales touchant l’Église aux États-Unis,

- Et, puisque cette affaire concernait un cardinal, selon le canon 1405 § 1, n ° 2, « ipsius Romani Pontificis dumtaxat ius est iudicandi »; [Note de La Porte Latine : Can. 1405 – § 1. Parmi les causes dont il s’agit au can. 1401, seul le Pontife Romain a le droit de juger : 1 les personnes qui exercent la magistrature suprême de l’État ; 2 les Pères Cardinaux ; 3 les Légats du Siège Apostolique et, dans les causes pénales, les Évêques ; 4 les autres causes qu’il aura évoquées lui-même à son propre Tribunal.]

- J’ai proposé qu’une mesure exemplaire soit prise contre le cardinal qui pourrait avoir une fonction médicinale, prévenir de futurs abus contre des victimes innocentes et atténuer le scandale très grave pour les fidèles, qui malgré tout continuaient à aimer et à croire en l’Église.

- J’ai ajouté qu’il serait salutaire que, pour une fois, l’autorité ecclésiastique intervienne devant les autorités civiles et, si possible, avant que le scandale n’éclate dans la presse. Cela aurait pu rendre une certaine dignité à une Église si cruellement éprouvée et humiliée par tant d’actes abominables de la part de certains pasteurs. Si cela était fait, l’autorité civile n’aurait plus à juger un cardinal, mais un pasteur avec lequel l’Église avait déjà pris des mesures appropriées pour l’empêcher d’abuser de son autorité et de continuer à détruire des victimes innocentes.

Ma note du 6 décembre 2006 a été conservée par mes supérieurs et ne m’a jamais été retournée avec quelque décision que ce soit de la part des supérieurs.
Par la suite, autour du 21-23 avril 2008, Richard Sipe a publié sur Internet, à l’adresse richardsipe.com, la déclaration au pape Benoît XVI sur la crise des abus sexuels aux États-Unis. Le 24 avril, ce texte a été transmis par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada, au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Il m’a été transmis un mois plus tard, le 24 mai 2008.

Le lendemain, j’ai remis une nouvelle note au nouveau Substitut, Fernando Filoni, qui comprenait mon précédent numéro du 6 décembre 2006. J’y ai résumé le document de Richard Sipe, qui se terminait par cet appel respectueux et sincère au pape Benoît XVI: « J’approche Votre Sainteté avec respect, mais avec la même intensité qui a poussé Pierre Damien à présenter devant votre prédécesseur, le pape Léon IX, une description de la situation du clergé à son époque. Les problèmes dont il parlait sont similaires et aussi importants aux États-Unis qu’ils étaient à l’époque à Rome. Si Votre Sainteté le demande, je vous soumettrai personnellement une documentation à ce sujet. »

Je terminais ma note en répétant à mes supérieurs que je pensais qu’il était nécessaire d’intervenir le plus tôt possible, en retirant le chapeau du cardinal au cardinal McCarrick, et qu’il devait être soumis aux sanctions établies par le Code de droit canonique, qui prévoit également la réduction à l’état laïc.

Cette seconde note n’a jamais été retournée au Bureau du personnel et mes supérieurs m’ont consterné pour l’absence inconcevable de mesures contre le cardinal et pour le manque de communication avec moi depuis ma première note en décembre 2006. .

Mais, finalement, j’ai appris avec certitude, par l’intermédiaire du cardinal Giovanni Battista Re, alors préfet de la Congrégation pour les évêques, que la déclaration courageuse et méritoire de Richard Sipe avait obtenu le résultat souhaité. Le pape Benoît XVI avait imposé au cardinal McCarrick des sanctions similaires à celles que lui impose aujourd’hui le pape François: le cardinal devait quitter le séminaire où il vivait, il lui était interdit de célébrer la messe en public, de participer à des réunions publiques, de donner des conférences, de voyager, avec l’obligation de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.

Je ne sais pas quand le pape Benoît XVI a pris ces mesures contre McCarrick, que ce soit en 2009 ou 2010, car entre-temps j’avais été muté au gouvernorat de la Cité du Vatican, tout comme je ne sais pas qui était responsable de cet incroyable retard. Je ne crois certainement pas que ce soit le pape Benoît XVI qui, comme cardinal, avait dénoncé à plusieurs reprises la corruption dans l’Église et dans les premiers mois de son pontificat, s’était fermement opposé à l’admission au séminaire de jeunes hommes aux tendances homosexuelles profondes. Je crois que c’était dû au premier collaborateur du pape à l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, qui était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité et était habitué à gérer les informations qu’il pensait appropriées à transmettre au pape.

En tout cas, ce qui est certain, c’est que le pape Benoît XVI a imposé les sanctions canoniques susmentionnées à McCarrick et qu’elles lui ont été communiquées par le nonce apostolique aux États-Unis, Pietro Sambi. Mgr Jean-François Lantheaume, alors premier conseiller de la nonciature à Washington et chargé d’affaires après la mort inattendue du nonce Sambi à Baltimore, m’a parlé, lorsque je suis arrivé à Washington – et il est prêt à en témoigner –,d’une conversation orageuse qui a duré plus d’une heure entre le nonce Sambi et le cardinal McCarrick convoqué à la nonciature. Monseigneur Lantheaume m’a dit que “la voix du nonce pouvait être entendue dans tout le couloir”.

Les mêmes dispositions du pape Benoît me furent également communiquées par le nouveau préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Marc Ouellet, en novembre 2011, lors d’une conversation avant mon départ pour Washington, et figurèrent parmi les instructions de la même Congrégation au nouveau Nonce.

À mon tour, je les ai répétées au cardinal McCarrick lors de ma première rencontre avec lui à la nonciature. Le cardinal, marmonnant d’une manière à peine compréhensible, a admis qu’il avait peut-être commis l’erreur de dormir dans le même lit avec des séminaristes dans sa maison au bord de la plage, mais il a dit cela comme si cela n’avait aucune importance.

Les fidèles se demandent avec insistance comment il a été possible de le nommer à Washington et de le créer cardinal, et ils ont parfaitement le droit de savoir qui savait et qui a dissimulé ses graves méfaits. Il est donc de mon devoir de révéler ce que j’en sais, à commencer par la Curie romaine.

Le cardinal Angelo Sodano était secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006: toutes les informations lui ont été communiquées. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui envoya son rapport, lui transmettant la lettre susmentionnée du père Boniface Ramsey dans laquelle celui-ci dénonçait les graves exactions commises par McCarrick.

On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. Sodano est même allé jusqu’à faire une déclaration au bureau de presse du Vatican dans laquelle un mensonge était affirmé, à savoir que le pape Benoît avait décidé que l’affaire Maciel devrait être considérée comme close. Benoît XVI a réagi, malgré la vigoureuse défense de Sodano, et Maciel a été reconnu coupable et irrévocablement condamné.

La nomination de McCarrick à Washington et comme cardinal était-elle l’œuvre de Sodano, alors que Jean-Paul II était déjà très malade? Nous ne pouvons pas le savoir. Cependant, il est légitime de le penser, mais je ne crois pas qu’il était le seul responsable. McCarrick se rendait fréquemment à Rome et se faisait des amis partout, à tous les niveaux de la curie. Si Sodano avait protégé Maciel, comme il semble certain, il n’y a aucune raison qu’il ne l’ait pas fait pour McCarrick, qui selon beaucoup avait les moyens financiers d’influencer les décisions. Le préfet de la Congrégation pour les évêques, le cardinal Giovanni Battista Re, s’est opposé à sa nomination à Washington. À la nonciature de Washington, il y a une note, écrite de sa main, dans laquelle Cardinal Re se dissocie de la nomination et déclare que McCarrick était 14ème sur la liste pour Washington.

Le rapport du nonce Sambi, avec toutes les pièces jointes, a été envoyé au cardinal Tarcisio Bertone, en tant que secrétaire d’État. Mes deux notes susmentionnées du 6 décembre 2006 et du 25 mai 2008 lui ont probablement été remises par le Substitut. Comme déjà mentionné, le cardinal n’a eu aucune difficulté à présenter avec insistance des candidats à l’épiscopat connus pour être des homosexuels actifs – je ne cite que le cas bien connu de Vincenzo de Mauro, qui a été nommé archevêque de Vigevano et déplacé parce qu’il choquait ses séminaristes –, en filtrant et manipulant les informations qu’il transmettait au pape Benoît.

Le cardinal Pietro Parolin, l’actuel secrétaire d’État, s’est également rendu complice de la dissimulation des méfaits de McCarrick qui, après l’élection du pape François, s’était vanté ouvertement de ses voyages et de ses missions dans divers continents. En avril 2014, le Washington Timesa publié en première page un reportage sur le voyage de McCarrick en République centrafricaine et au nom du Département d’État – pas moins ! En tant que nonce à Washington, j’ai écrit au cardinal Parolin pour lui demander si les sanctions imposées à McCarrick par le pape Benoît étaient toujours valables. Il va sans dire que ma lettre n’a jamais reçu de réponse !

On peut dire la même chose du cardinal William Levada, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, des cardinaux Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, Lorenzo Baldisseri, ancien secrétaire de la même Congrégation pour les évêques, et de l’archevêque Ilson de Jesus Montanari, actuel secrétaire de la même Congrégation. Ils étaient tous au courant par leurs fonctions des sanctions imposées par le pape Benoît XVI à McCarrick.
Les cardinaux Leonardo Sandri, Fernando Filoni et Angelo Becciu, en tant que Substitut de la Secrétairerie d’État, connaissaient dans tous les détails la situation concernant le cardinal McCarrick.

Les cardinaux Giovanni Lajolo et Dominique Mamberti n’ont pas pu non plus ne pas le savoir. En tant que secrétaires pour les relations avec les États, ils participaient plusieurs fois par semaine à des réunions avec le secrétaire d’État.
En ce qui concerne la curie romaine, je vais m’arrêter ici pour le moment, même si les noms d’autres prélats du Vatican sont bien connus, y compris très proches du pape François, tels que le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité, un courant déjà dénoncé en 1986 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa Lettre aux évêques de l’Église catholique sur la pastorale des personnes homosexuelles. Les cardinaux Edwin Frederick O’Brien et Renato Raffaele Martino appartiennent également au même courant, mais avec une idéologie différente. D’autres membres de ce courant résident même à la maison Sainte Marthe.

Passons aux États-Unis. De toute évidence, le premier à avoir été informé des mesures prises par le pape Benoît était le successeur de McCarrick à Washington, le cardinal Donald Wuerl, dont la situation est maintenant complètement compromise par les récentes révélations concernant son comportement comme évêque de Pittsburgh.

Il est absolument impensable que le nonce Sambi, qui était une personne extrêmement responsable, loyale, directe et explicite dans sa façon d’être (un vrai fils de Romagne) ne lui en ait pas parlé. En tout cas, j’ai moi-même évoqué le sujet avec le cardinal Wuerl à plusieurs reprises et je n’avais certainement pas besoin d’entrer dans les détails, car il était clair pour moi qu’il en était parfaitement conscient. Je me souviens en particulier du fait que j’ai dû attirer son attention car je me suis rendu compte que dans une publication archidiocésaine, avec couverture en couleur, il y avait une annonce invitant des jeunes gens qui pensaient avoir une vocation au sacerdoce pour une rencontre avec le cardinal McCarrick. J’ai immédiatement téléphoné au cardinal Wuerl, qui m’a exprimé sa surprise en me disant qu’il ne savait rien de cette annonce et qu’il allait l’annuler. Si, comme il continue à le dire, il ne savait rien des abus commis par McCarrick et des mesures prises par le pape Benoît XVI, comment expliquer sa réponse?

Ses récentes déclarations selon lesquelles il n’en savait rien, même s’il a tout d’abord fait allusion à l’indemnisation des deux victimes, sont tout à fait risibles. Le cardinal ment sans vergogne et persuade son chancelier, Mgr Antonicelli, de mentir également.

Le cardinal Wuerl a aussi clairement menti à une autre occasion. À la suite d’un événement moralement inacceptable autorisé par les autorités universitaires de l’Université de Georgetown, j’avais attiré l’attention de son président, le Dr John DeGioia, sur cet événement en lui envoyant deux lettres. Avant de les transmettre au destinataire, de manière à gérer les choses correctement, j’en ai personnellement remis une copie au cardinal avec une lettre d’accompagnement que j’avais écrite. Le cardinal m’a dit qu’il n’en savait rien. Cependant, il n’a pas accusé réception de mes deux lettres, contrairement à ce qu’il faisait habituellement. J’ai appris par la suite que l’événement de Georgetown avait eu lieu pendant sept ans. Mais le cardinal n’en savait rien!

Le cardinal Wuerl, bien conscient des abus constants commis par le cardinal McCarrick et des sanctions que le pape Benoît XVI lui a infligées, en transgressant l’ordre du pape, lui a également permis de résider dans un séminaire à Washington. En le faisant, il a mis d’autres séminaristes en danger.

Mgr Paul Bootkoski, émérite de Metuchen, et Mgr John Myers, archevêque émérite de Newark, ont dissimulé les exactions commises par McCarrick dans leurs diocèses respectifs et indemnisé deux de ses victimes. Ils ne peuvent pas le nier et ils doivent être interrogés afin de révéler toutes les circonstances et toutes les responsabilités en la matière.

Le cardinal Kevin Farrell, récemment interviewé par les médias, a également déclaré qu’il n’avait pas la moindre idée des abus commis par McCarrick. Compte tenu de son mandat à Washington, Dallas et maintenant à Rome, je pense que personne ne peut honnêtement le croire. Je ne sais pas s’il lui a jamais été demandé s’il connaissait les crimes de Maciel. S’il devait le nier, quelqu’un le croirait-il, puisqu’il occupait des postes de responsabilité en tant que membre des Légionnaires du Christ?

En ce qui concerne le cardinal Sean O’Malley, je dirais simplement que ses dernières déclarations sur l’affaire McCarrick sont déconcertantes et ont totalement occulté sa transparence et sa crédibilité.

Ma conscience exige aussi que je révèle des faits que j’ai personnellement vécus, concernant le pape François, qui ont une signification dramatique, sur lesquels, en tant qu’évêque, partageant la responsabilité collégiale de tous les évêques sur l’Église universelle, je ne peux pas rester silencieux et que je présente ici, prêt à les réaffirmer sous serment en invoquant Dieu comme mon témoin.

Dans les derniers mois de son pontificat, le pape Benoît XVI avait convoqué une réunion de tous les nonces apostoliques à Rome, comme Paul VI et saint Jean-Paul II l’avaient fait à plusieurs reprises. La date fixée pour l’audience avec le pape était le vendredi 21 juin 2013. Le pape François a maintenu cet engagement pris par son prédécesseur. Bien sûr, je suis aussi venu à Rome de Washington. C’était ma première rencontre avec le nouveau pape, élu trois mois auparavant, après la démission du pape Benoît XVI.

Dans la matinée du jeudi 20 juin 2013, je suis allé à la maison Sainte Marthe pour rejoindre mes collègues qui y séjournaient. Dès que je suis entré dans la salle, j’ai rencontré le cardinal McCarrick, qui portait la soutane rouge. Je l’ai salué avec respect comme je l’avais toujours fait. Il me dit aussitôt, d’un ton situé quelque part entre l’ambiguë et le triomphal: « Le Pape m’a reçu hier, demain je vais en Chine. »

À l’époque, je ne savais rien de sa longue amitié avec le cardinal Bergoglio et du rôle important qu’il avait joué dans sa récente élection, comme le révélerait plus tard McCarrick lui-même lors d’une conférence à l’université Villanova et dans une interview avec le National Catholic Reporter. Je n’avais jamais non plus pensé au fait qu’il avait participé aux réunions préliminaires du dernier conclave et au rôle qu’il avait pu jouer en tant qu’électeur lors du conclave de 2005. Par conséquent, je n’ai pas immédiatement compris la signification du message crypté que McCarrick m’avait communiqué, mais cela deviendrait clair pour moi dans les jours qui devaient suivre.

Le lendemain, l’audience avec le pape François a eu lieu. Après son discours en partie lu et en partie improvisé, le pape a souhaité saluer un par un tous les nonces. En file indienne, je me souviens que j’étais parmi les derniers. Lorsque vint mon tour, j’ai juste eu le temps de lui dire: «Je suis le nonce aux États-Unis.» Il m’assaillit aussitôt d’un ton de reproche avec ces mots : « Les évêques des Etats-Unis ne doivent pas être idéologisés! Ils doivent être des pasteurs! »Bien sûr, je n’étais pas en mesure de demander des explications sur le sens de ses paroles et la manière agressive dont il m’avait critiqué. J’avais en main un livre en portugais que le cardinal O’Malley m’avait envoyé quelques jours plus tôt pour le pape, me disant « pour qu’il puisse revoir son portugais avant d’aller à Rio pour les Journées Mondiales de la Jeunesse ». Je lui ai remis immédiatement, et me suis ainsi libéré de cette situation extrêmement déconcertante et embarrassante.

À la fin de l’audience, le pape a annoncé: « Ceux d’entre vous qui sont encore à Rome dimanche prochain sont invités à concélébrer avec moi à la maison Sainte Marthe. » J’ai naturellement pensé à rester pour clarifier aussi vite que possible ce que le Pape avait voulu me dire.

Le dimanche 23 juin, avant la concélébration avec le Pape, j’ai demandé à Monseigneur Ricca, qui, comme responsable de la maison, nous aidait à mettre nos vêtements, s’il pouvait demander au Pape de me recevoir la semaine suivante. Comment aurais-je pu retourner à Washington sans avoir clarifié ce que le pape voulait de moi? A la fin de la messe, alors que le pape saluait les quelques laïcs présents, Mgr Fabian Pedacchio, son secrétaire argentin, est venu me dire: « Le Pape m’a chargé de vous demander si vous étiez libre maintenant! » J’étais à la disposition du Pape et je l’ai remercié de m’avoir reçu immédiatement. Le Pape m’a emmené au premier étage de son appartement et a déclaré: « Nous avons 40 minutes avant l’Angélus. »

J’ai commencé la conversation en demandant au pape ce qu’il avait l’intention de me dire avec les mots qu’il m’avait adressés lorsque je l’ai salué le vendredi précédent. Et le Pape, d’un ton très différent, amical, presque affectueux, m’a dit: « Oui, les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés ; ils ne doivent pas être de droite comme l’archevêque de Philadelphie (il n’a pas donné le nom de l’archevêque) ; ils doivent être des pasteurs ; et ils ne doivent pas être de gauche – et il a ajouté, levant les deux bras – et quand je dis de gauche, je veux dire homosexuel. » Bien sûr, la logique de la corrélation entre être de gauche et être homosexuel m’a échappé, mais je n’ai rien ajouté d’autre.

Immédiatement après, le Pape m’a demandé d’une manière trompeuse: «Comment est le cardinal McCarrick?» Je lui ai répondu avec une franchise totale et, si vous voulez, avec une grande naïveté: «Saint Père, je ne sais pas si vous connaissez le cardinal McCarrick, mais si vous demandez à la Congrégation pour les évêques, il existe un dossier épais comme ça sur lui. Il a corrompu des générations de séminaristes et de prêtres et le pape Benoît lui a ordonné de se retirer dans une vie de prière et de pénitence. » Le Pape n’a pas fait le moindre commentaire sur ces paroles très graves et son visage n’a manifesté aucune surprise, comme s’il connaissait déjà l’affaire depuis quelque temps, et il a immédiatement changé de sujet. Mais alors, quel était le but du pape en me posant cette question: « Comment est le cardinal McCarrick? » Il voulait clairement savoir si j’étais un allié de McCarrick ou non.

De retour à Washington, tout est devenu clair pour moi, grâce aussi à un nouvel événement survenu quelques jours seulement après ma rencontre avec le pape François. Lorsque le nouvel évêque Mark Seitz a pris possession du diocèse d’El Paso le 9 juillet 2013, j’ai envoyé le premier conseiller, Mgr Jean-François Lantheaume, alors que je me rendais à Dallas le même jour pour une réunion internationale sur la bioéthique. En rentrant, Monseigneur Lantheaume m’a dit qu’à El Paso, il avait rencontré le cardinal McCarrick qui, le prenant à part, lui avait dit presque les mêmes mots que le Pape m’avait dit à Rome: «Les évêques aux États-Unis ne doivent pas être idéologisés, ils ne doivent pas être de droite, ils doivent être des pasteurs… » J’étais stupéfait! Il était donc clair que les paroles de reproche que le pape François m’avait adressées le 21 juin 2013 lui avaient été mises dans la bouche la veille par le cardinal McCarrick. La mention du Pape « pas comme l’archevêque de Philadelphie » pouvait être attribuée à McCarrick, car il y avait eu un fort désaccord entre eux sur l’admission à la communion des politiciens en faveur de l’avortement. Dans sa communication aux évêques, McCarrick avait manipulé une lettre du cardinal Ratzinger qui interdisait de leur donner la communion. En effet, je savais aussi que certains cardinaux tels que Mahony, Levada et Wuerl étaient étroitement liés à McCarrick; ils s’étaient opposés aux nominations les plus récentes faites par le pape Benoît XVI pour des postes importants tels que Philadelphie, Baltimore, Denver et San Francisco.

Pas satisfait du piège qu’il m’avait tendu le 23 juin 2013, quand il m’avait interrogé sur McCarrick, le Pape François m’en tendit un second, quelques mois plus tard seulement, lors d’une audience qu’il m’accorda le 10 octobre 2013, cette fois concernant un autre de ses protégés, le cardinal Donald Wuerl. Il m’a demandé: «Comment est le cardinal Wuerl, est-il bon ou mauvais?» J’ai répondu: «Saint-Père, je ne vous dirai pas s’il est bon ou mauvais, mais je vous dirai deux faits. » Ce sont les deux faits que j’ai déjà mentionnés ci-dessus, concernant la négligence pastorale de Wuerl à propos des déviations aberrantes à l’Université de Georgetown et concernant l’invitation de l’archidiocèse de Washington aux jeunes aspirants à la prêtrise pour une réunion avec McCarrick! Une fois de plus, le Pape n’a montré aucune réaction.

Il était également clair que, depuis l’élection du pape François, McCarrick, désormais libre de toute contrainte, s’était senti libre de voyager continuellement pour donner des conférences et des interviews. Dans un effort conjoint avec le cardinal Rodriguez Maradiaga, il était devenu le faiseur de roi pour les nominations à la Curie et aux États-Unis, et le conseiller le plus écouté au Vatican pour les relations avec l’administration Obama. C’est ainsi que l’on explique qu’en tant que membres de la Congrégation pour les évêques, le pape a remplacé le cardinal Burke par Wuerl et a nommé Cupich, juste après l’avoir créé cardinal. Avec ces nominations, la nonciature à Washington était maintenant hors de vue dans la nomination des évêques. En outre, il a nommé le Brésilien Ilson de Jesus Montanari – le grand ami de son secrétaire privé argentin Fabian Pedacchio – comme secrétaire de la même Congrégation pour les évêques et secrétaire du Collège des cardinaux, le promouvant d’un seul coup de simple fonctionnaire de ce département à archevêque secrétaire. Une chose inouïe pour une position aussi importante!

Les nominations de Blase Cupich à Chicago et de Joseph W. Tobin à Newark ont été orchestrées par McCarrick, Maradiaga et Wuerl, unis par un pacte à propôs des abus pour le premier et et au moins par la dissimulation des abus pour les deux autres. Leurs noms ne figuraient pas parmi ceux présentés par la Nonciature pour Chicago et Newark.

En ce qui concerne Cupich, on ne peut que constater son arrogance ostentatoire et l’insolence avec laquelle il nie les preuves désormais évidentes: 80% des abus constatés ont été commis contre des jeunes adultes par des homosexuels en situation d’autorité sur leurs victimes.

Lors du discours qu’il a prononcé lors de sa prise de possession du siège de Chicago, où j’étais présent en tant que représentant du Pape, Cupich a plaisanté sur le fait qu’il ne fallait certainement pas s’attendre à ce que le nouvel archevêque marche sur l’eau. Il suffirait peut-être de lui permettre de rester les pieds sur terre et de ne pas essayer de renverser la réalité, aveuglé par son idéologie pro-gay, comme il l’a déclaré dans une récente interview dans America Magazine. Faisant valoir son expertise particulière en la matière, après avoir été président du Comité pour la protection des enfants et des jeunes de l’USCCB, il a affirmé que le principal problème de la crise des abus sexuels commis par le clergé n’est pas l’homosexualité et que l’affirmer est simplement un moyen de détourner l’attention du problème réel qu’est le cléricalisme. À l’appui de cette thèse, Cupich a «étrangement» fait référence aux résultats de recherches menées au plus fort de la crise des abus sexuels des mineurs au début des années 2000, alors qu’il a « candidement» ignoré que les résultats de cette enquête les rapports indépendants ultérieurs du John Jay College of Criminal Justiceen 2004 et 2011, qui ont conclu que, dans les cas d’abus sexuels, 81% des victimes étaient des hommes. En fait, le père Hans Zollner, SJ, vice-recteur de l’Université pontificale grégorienne, président du Centre pour la protection de l’enfance et membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, a récemment déclaré au journal La Stampaque, « dans la plupart des cas, c’est une question de violence homosexuelle ».

La nomination de McElroy à San Diego a également été orchestrée par le cardinal Parolin, avec un ordre impératif chiffré qui m’était adressé en tant que nonce: «Réservez le siège de McElroy à San Diego. » McElroys était aussi bien conscient des abus de McCarrick, comme on peut le voir dans d’une lettre qui lui a été envoyée par Richard Sipe le 28 juillet 2016.

Ces personnages sont étroitement associés à des individus appartenant en particulier à l’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire, ce qui préoccupait déjà Paul VI et les pontifes ultérieurs. Nous n’avons qu’à considérer le père Robert Drinan, S.J., qui a été élu quatre fois à la Chambre des représentants et qui était un fervent partisan de l’avortement; ou le père Vincent O’Keefe, S.J., l’un des principaux promoteurs de la déclarationThe Land O’Lakesde 1967, qui compromet gravement l’identité catholique des universités et des collegesdes États-Unis. Il convient de noter que McCarrick, alors président de l’Université catholique de Porto Rico, participait également à cette entreprise néfaste qui nuisait tant à la formation des consciences de la jeunesse américaine, étroitement associée à l’aile déviante des jésuites.

Le Père James Martin, SJ, acclamé par les personnes mentionnées ci-dessus, notamment Cupich, Tobin, Farrell et McElroy, nommé consulteur du Secrétariat aux Communications, activiste bien connu qui promeut l’agenda LGBT, choisi pour corrompre les jeunes qui vont prochainement se réunir à Dublin pour la Rencontre mondiale des familles, n’est qu’un triste exemple récent de cette aile déviée de la Compagnie de Jésus.

Le Pape François a demandé à plusieurs reprises une transparence totale dans l’Église et que les évêques et les fidèles agissent avec parrhesia(avec franchise). Les fidèles du monde entier l’exigent également de lui de manière exemplaire. Il doit honnêtement affirmer quand il a appris pour la première fois les crimes commis par McCarrick, qui a abusé de son autorité avec les séminaristes et les prêtres.

En tout cas, le Pape l’a appris de moi le 23 juin 2013 et a continué de couvrir McCarrick. Il n’a pas tenu compte des sanctions que le Pape Benoît lui avait infligées et a fait de lui un conseiller de confiance avec Maradiaga.

Ce dernier [Maradiaga] est tellement convaincu de la protection du pape qu’il se permet de rejeter comme «bavardage» les appels sincères de dizaines de ses séminaristes, qui ont eu le courage de lui écrire après que l’un d’eux ait tenté de se suicider à cause d’abus sexuels au séminaire.

Les fidèles ont maintenant bien compris la stratégie de Maradiaga: insulter les victimes pour se sauver, mentir jusqu’au bout pour couvrir un gouffre d’abus de pouvoir, de mauvaise gestion dans l’administration des biens de l’Église, et de catastrophes financières même contre des amis proches, comme dans le cas de l’ambassadeur du Honduras, Alejandro Valladares, ancien doyen du corps diplomatique près le Saint-Siège.

Dans l’affaire de l’ancien évêque auxiliaire Juan José Pineda, après l’article publié dans l’hebdomadaire italien Espressoen février dernier, Maradiaga a déclaré dans le journal Avvenire: «C’est mon évêque auxiliaire Pineda qui a demandé la visite, pour “laver” son nom après avoir été soumis à beaucoup de calomnie.

« Maintenant, en ce qui concerne Pineda, la seule chose qui a été rendue publique est que sa démission a simplement été acceptée, faisant disparaître toute responsabilité de Maradiaga.

Au nom de la transparence que le Pape a saluée, le rapport selon lequel le visiteur, l’évêque argentin Alcides Casaretto, a rendu il y a plus d’un an, seulement et directement au Pape, doit être rendu public.

Enfin, la récente nomination comme Substitut de l’archevêque Edgar Peña Parra est également liée au Honduras, c’est-à-dire à Maradiaga. De 2003 à 2007, Peña Parra a travaillé comme conseiller à la nonciature de Tegucigalpa. En tant que délégué aux représentations pontificales, j’ai reçu des informations inquiétantes à son sujet.

Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Église chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.

Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout; en effet, il a fait siens les conseils de McCarrick, ce qui n’était certainement pas inspiré par de bonnes intentions ni par l’amour de l’Église. Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours sur la base de l’attention des médias, qu’il a agi [à propos de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.

Maintenant, aux États-Unis, un chœur de voix se lève surtout de la part des fidèles laïcs et a récemment été rejoint par plusieurs évêques et prêtres, demandant que tous ceux qui, par leur silence, ont dissimulé le comportement criminel de McCarrick, ou qui l’ont utilisé pour avancer dans leur carrière ou promouvoir leurs intentions, leurs ambitions et leur pouvoir dans l’Église, démissionnent.

Mais cela ne suffira pas à guérir la situation extrêmement immorale du clergé: évêques et prêtres. Un temps de conversion et de pénitence doit être proclamé. La vertu de chasteté doit être retrouvée dans le clergé et dans les séminaires. La corruption dans l’utilisation abusive des ressources de l’Église et des offrandes des fidèles doit être combattue. La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués, comme l’a récemment écrit Janet Smith, professeur de théologie morale au grand séminaire du Sacré-Cœur de Detroit. « Le problème des abus du clergé, a-t-elle écrit, ne peut pas être résolu simplement par la démission de certains évêques, et encore moins par des directives bureaucratiques. Le problème le plus profond réside dans les réseaux homosexuels au sein du clergé qui doivent être éradiqués. » Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Église tout entière.

J’implore tout le monde, en particulier les évêques, de prendre la parole pour faire échec à cette conspiration du silence si répandue et de signaler aux médias et aux autorités civiles les cas de violence dont ils ont connaissance.

Écoutons le message le plus puissant que saint Jean-Paul II nous ait laissé en héritage: N’ayez pas peur! N’ayez pas peur!

Dans son homélie de la fête de l’Épiphanie en 2008, le Pape Benoît nous a rappelé que le plan du salut du Père avait été pleinement révélé et réalisé dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, mais qu’il doit être accueilli dans l’histoire humaine, qui est toujours une histoire de fidélité de la part de Dieu et malheureusement aussi d’infidélité de la part des hommes. L’Église, dépositaire de la bénédiction de la Nouvelle Alliance, signée dans le sang de l’Agneau, est sainte mais composée de pécheurs, comme l’écrivait saint Ambroise: l’Église est « immaculata ex maculatis ». Même si elle est sainte et sans tache, dans son voyage terrestre, elle est composée d’hommes souillés par le péché.

Je veux rappeler cette vérité indéfectible de la sainteté de l’Église aux nombreuses personnes qui ont été si profondément scandalisées par le comportement abominable et sacrilège de l’ancien archevêque de Washington, Theodore McCarrick; par la conduite grave, déconcertante et peccamineuse du Pape François et par la conspiration du silence de tant de pasteurs, et qui sont tentées d’abandonner l’Église, défigurée par tant d’ignominies. A l’Angelus du dimanche 12 août 2018, le Pape François a dit ces mots: « Tout le monde est coupable du bien qu’il aurait pu faire et n’a pas fait… Si nous ne nous opposons pas au mal, nous le nourrissons tacitement. Nous devons intervenir là où le mal se répand; car le mal se répand là où il manque des chrétiens audacieux pour s’opposer au mal par le bien. » Si cela doit être considéré à juste titre comme une responsabilité morale sérieuse pour chaque croyant, combien plus pour le pasteur suprême de l’Église qui, dans le cas de McCarrick, ne s’est pas opposé au mal, mais s’est associé pour faire le mal avec quelqu’un qu’il savait être profondément corrompu. Il a suivi les conseils de quelqu’un qu’il connaissait bien pour être un pervers, multipliant ainsi de manière exponentielle par son autorité suprême le mal fait par McCarrick. Et combien d’autres pasteurs diaboliques, François continue-t-il à soutenir dans leur destruction active de l’Église!

François abdique le mandat que Christ a donné à saint Pierre pour confirmer les frères. En effet, par son action, il les a divisés, les a amenés à l’erreur et a encouragé les loups à continuer de déchirer les brebis du troupeau du Christ.

En ce moment extrêmement dramatique pour l’Église universelle, il doit reconnaître ses erreurs et, conformément au principe proclamé de tolérance zéro, le Pape François doit être le premier à donner l’exemple aux cardinaux et aux évêques qui ont dissimulé les abus de McCarrick, et démissionner avec eux.
Même dans la consternation et la tristesse face à l’énormité de ce qui se passe, ne perdons pas espoir! Nous savons bien que la grande majorité de nos pasteurs vivent leur vocation sacerdotale avec fidélité et dévouement.

C’est dans les moments de grande épreuve que la grâce du Seigneur est révélée en abondance et rend sa miséricorde sans limite accessible à tous; mais cela n’est accordé qu’à ceux qui se repentent sincèrement et proposent sincèrement de modifier leur vie. C’est un moment favorable pour que l’Église confesse ses péchés, se convertisse et fasse pénitence.

Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui!

Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère: « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique! »

Le Christ n’abandonnera jamais son Église! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit!

Marie, Mère de l’Église, priez pour nous!

Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous!

Rome, le 22 août 2018, en la fête du couronnement de la Très Sainte Vierge Marie.

Mgr Carlo Maria Viganò


[1] Toutes les notes, lettres et autres documents auxquels je me réfère ici sont disponibles à la Secrétairerie d’État du Saint-Siège ou à la nonciature apostolique à Washington, DC.

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Notes de La Porte Latine

(1) Version intégrale en anglais du témoignage de Mgr Vigano : http://laportelatine.org/vatican/sancti ... nglais.pdf
(2)Version intégrale en espagnol du témoignage de Mgr Vigano : http://laportelatine.org/vatican/sancti ... pagnol.pdf
(3) Version intégrale en italien du témoignage de Mgr Vigano : http://laportelatine.org/vatican/sancti ... talien.pdf
(4) Mgr Carlo Maria Viganò, Archevêque titulaire d'Ulpiana, Nonce apostolique : https://www.riposte-catholique.fr/ripos ... -mccarrick

Sources : https://www.riposte-catholique.fr/ripos ... -mccarrick
& http://laportelatine.org/vatican/sancti ... ancois.php

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : jeu. 06 sept. 2018 14:23
par chartreux
Extraits du billet hebdomadaire de Rivarol de cette semaine :
Jérôme Bourbon a écrit : François s’enhardit jusqu’à défendre un “évêque” ayant étouffé des scandales pédophiles au Chili. Le 22 janvier dernier, il déclara, cynique, aux journalistes : « Vous, avec bonne volonté, vous me dites qu’il y a des victimes, mais moi je ne les ai pas vues, parce qu’elles ne se sont pas présentées. »

Nouvelle erreur. Les victimes, de nos jours, ont une fâcheuse tendance à refuser de se taire. Au Chili, c’est une lettre d’une victime d’un “prêtre” pédophile qui accuse François : ce dernier savait depuis 2015. Il savait que l’“évêque” qu’il défend, Juan Barros, avait été témoin à plusieurs reprises des agressions sexuelles du “Père” Fernando Karadima. Juan Barros a bien couvert le “prêtre” pédophile, et François a couvert l’“évêque”. « Je suis convaincu qu’il est innocent », avait dit François, sinon la main sur le cœur, du moins avec son air bonasse habituel. Alors même qu’il savait depuis trois ans.
Jérôme Bourbon a écrit : Il faut dire que McCarrick et Bergoglio sont des amis de longue date. En 2014, McCarrick fait un malaise en célébrant la “messe” et est admis à l’hôpital. Aussitôt, le téléphone sonne : c’est Bergoglio qui vient aux nouvelles. On plaisante, McCarrick va s’en tirer. « Votre logement chez le diable n’est pas encore prêt », croit bon de lui dire François. Une boutade qui prend une coloration particulièrement sinistre. En mai 2018, Bergoglio persiste et signe. L’homme en blanc fait un voyage en Terre Sainte. McCarrick est de la partie. Bergoglio l’aperçoit, et, affectueusement, le salue d’un : « Les méchants ne meurent jamais ». Ce ne sont pas là des anecdotes tirées d’une quelconque source hostile aux modernistes du Vatican, mais des propos rapportés par McCarrick lui-même aux journalistes complaisants et rédigeant un article dithyrambique au sujet du “cardinal” en 2014 pour le National Catholic Reporter (<https://www.ncronline.org/news/people/g ... arder-ever>).
Jérôme Bourbon a écrit : Les révélations de l’ancien nonce n’ont qu’un seul but : la chute de François, pour des raisons qui sont propres à Vigano et à son camp. Il faudrait être bien naïf pour croire que l’amour de la vérité guide un représentant de la secte conciliaire. Comment donc le principal intéressé réagit-il aux accusations ? Au moment de repartir de sa visite démagogique en Irlande, dans l’avion qui le ramenait au pays des orgies homosexuelles et de l’usage de stupéfiants, les journalistes ont interrogé l’homme en blanc au sujet du scandale Vigano. La réponse fut stupéfiante : « Lisez attentivement le document et faites-vous votre propre jugement. Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le document parle de lui-même. […] Quand un peu de temps aura passé et que vous aurez vos conclusions, peut-être je parlerai ».

Bergoglio espère-t-il que dans notre civilisation de l’instantané, d’autres scandales effaceront celui-là et qu’il échappera ainsi au jugement ? On retrouve le dédain et le mépris qu’il avait exprimé en revenant du Chili.
Jérôme Bourbon a écrit : Ces affaires retentissantes et écœurantes au dernier degré peuvent au moins permettre de dessiller les yeux des fidèles sur le fait que, comme la Sainte Vierge l’avait annoncé à La Salette, « Rome a perdu la Foi et est devenu le Siège de l’Antéchrist. » Il n’est pas étonnant que ceux qui ont détruit la messe, le missel, le bréviaire, la foi, les constitutions religieuses, la doctrine et la morale catholiques, qui ont jeté aux orties l’habit sacerdotal, qui ont choisi le monde et non le Christ, qui combattent la vérité connue, un des péchés contre le Saint-Esprit, qui promeuvent, de manière, tantôt larvée, tantôt ouverte, les crimes contre-nature dont le catéchisme de saint Pie X enseigne qu’ils crient vengeance devant Dieu, se laissent aller aux pires abjections. Leur sort est déjà scellé : « Celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui suspende une meule à âne autour du cou et qu’on le précipite au fond de la mer » (Matthieu, XVIII, 6).

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : jeu. 06 sept. 2018 17:34
par Gilbert Chevalier

2- Valli rencontre Viganò : témoignage émouvant

Les confidences de Mgr Vigano à AM Valli


("Benoît-et-moi", le 27/8/2018, version corrigée le 28/8)

Il était parmi les blogueurs auxquels l'ex-nonce au Vatican a confié le texte du rapport qui ébranle le monde catholique. Le vaticaniste raconte leur rencontre, les circonstances de la remise du document, ses réserves, ses hésitations, et finalement son adhésion. Un document exceptionnel

Précision importante : Ce que je n'avais pas compris, lorsque j'ai traduit l'article de Marco Tosatti ( http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... debut.html ) et celui d'Aldo Maria Valli ( http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... onner.html ), c'est que le mémoire avait été remis à plusieurs personnes: en Italie, à Marco Tosatti et à Aldo Maria Valli - et il a été publié en avant-première par La Verità (les sept premières pages de l'édition d'hier, avec le titre d'ouverture "Le Pape connaissait les abus sexuels du cardinal gay mais il les a couverts"); dans la sphère anglophone, il a été publié dans le National Catholic Register, dans Life Site News et sur le réseau Ewtn. Dans la zone hispanique, il a été publié par Infocatolica, dans la zone francophone par L'homme nouveau et Riposte Catholique. ( https://www.rossoporpora.org/rubriche/v ... dizio.html ).

En plus de son intérêt "historique", le témoignage d'Aldo Maria Valli est une réponse, au moins partielle, à ceux qui, pour contester les révélations du rapport, faute d'arguments, discréditent son auteur. Valli se dit prêt à donner la parole dans son blogue à d'éventuels contradicteurs. Nous verrons bien s'ils se manifestent.

Les caractères gras sont de moi.


Comment Mgr Vigano m'a donné son mémoire

Aldo Maria Valli
https://www.aldomariavalli.it/2018/08/2 ... bblicarlo/
27 août 2018
Ma traduction


* * *

"Dottore, j'aurais besoin de vous voir".

Le ton de la voix est tranquille, mais je perçois une note d'appréhension. Au téléphone, il y a Mgr Carlo Maria Viganò, l'ex-nonce aux États-Unis.

Je ne cache pas ma surprise. Nous nous sommes rencontrés quelques fois, lors de congrès publiques, mais nous ne pouvons pas dire que nous nous connaissons.

Il m'explique qu'il est un lecteur assidu de mon blogue, appréciant mon courage et ma clarté, parfois combinés à l'ironie. Je le remercie et je lui demande: mais pourquoi nous voir?

La réponse est qu'il ne peut pas le dire au téléphone.

D'accord, alors voyons-nous, mais où?

Naïvement, je propose ma rédaction, ou le petit bar à quelques mètres, qui est ma rédaction bis.

"Non, non, au nom du ciel. Aussi loin que possible du Vatican, loin des regards indiscrets".

Par nature je ne suis pas complotiste, mais je perçois que le monsignore est sérieusement inquiet.

"Alors, chez moi? Pour dîner? Je vous préviens qu'il y aura ma femme et certaines de mes filles".

"C'est très bien, chez vous".

"Dois-je venir vous chercher?"

"Non, non, je viens avec ma voiture".

Et il est venu.

Quand l'archevêque arrive, par une tiède soirée d'été, je vois un homme plus âgé que dans mon souvenir. Il sourit, mais on comprend immédiatement que quelque chose l'oppresse. Il a un poids sur le cœur.

Pour apaiser la tension, après les présentations de ma femme et de mes filles, et après qu'il ait béni la table, nous plaisantons sur nos racines lombardes communes (il est de Varèse, nous de Rho). Le monsignore est arrivé à l'heure prévue, à la minute près: à Rome, c'est très rare.

Puis Viganò entre immédiatement dans le vif du sujet. Il s'inquiète pour l’Église, il craint qu'à son sommet il y ait des gens qui travaillent non pas pour apporter l’Évangile de Jésus aux hommes et aux femmes de notre temps, mais pour apporter la confusion et céder à la logique du monde. Puis il commence à raconter sa longue expérience à la Secrétairerie d’État, à la tête du Gouvernorat de la Cité du Vatican et en tant que nonce, au Nigéria et aux États-Unis. Il cite de nombreux noms et mentionne de nombreuses circonstances. Pour ma femme et mes filles, il n'est pas facile de le suivre. Moi-même, bien que je sois vaticaniste depuis plus de vingt ans, j'ai parfois du mal à m'y retrouver. Mais nous ne l'interrompons pas parce que nous comprenons qu'il a besoin de parler. Il donne l'impression d'être un homme solitaire et triste à cause de ce qu'il voit autour de lui, mais pas aigri. Dans ses paroles, il n'y a jamais un mot méchant sur les nombreuses personnes qu'il mentionne. Les faits sont éloquents. Parfois, il sourit et me regarde, comme pour dire : "Que devrions-nous faire? Peut-on en sortir?"

Il me dit qu'il m'a appelé parce que, bien que ne me connaissant pas personnellement, il m'estime, surtout pour le courage et la liberté dont j'ai fait preuve. Il ajoute que mon blogue est aussi lu et apprécié dans les "palais sacrés", bien que tout le monde ne puisse pas le dire ouvertement.

Je lui demande de me parler de son expérience au Gouvernorat et il nous raconte comment il a réussi à faire économiser beaucoup d'argent aux coffres du Vatican en appliquant les règles et en mettant de l'ordre dans les comptes.

Je commente: "Eh bien, Monseigneur, après ce ménage, vous ne vous serez certainement pas fait des amis!" Il sourit de nouveau et dit : "Je le sais! Mais si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas de respect pour moi-même".

C'est un homme qui a un sens profond du devoir. C'est du moins ce qui nous semble. En quelques minutes, le courant passe entre nous.

Ma femme, catéchiste dans la paroisse, et mes filles sont littéralement sans voix devant certaines histoires. Je dis toujours, en plaisantant, mais pas vraiment, que les bons catholiques ne devraient pas savoir comment les choses fonctionnent dans la haute hiérarchie, et ce soir, j'en ai la confirmation. Cependant, je ne regrette pas d'avoir invité l'archevêque à la maison. Je crois que le témoignage douloureux de cet homme, de ce vieux serviteur de l'Église, nous dit quelque chose d'important. Quelque chose qui, malgré la douleur et l'égarement, peut aider notre vie de foi.

Le monsignore dit : "J'ai soixante-dix-sept ans, je suis à la fin de ma vie. Le jugement des hommes ne m'intéresse pas. Le seul jugement qui compte est celui du bon Dieu. Lui me demandera ce que j'ai fait pour l'Église du Christ et je veux pouvoir lui répondre que je l'ai défendu et servi jusqu'au bout".

La soirée se passe ainsi. Nous avons le sentiment que son excellence n'a même pas réalisé ce qu'il avait dans son assiette. Entre une bouchée et une autre, il n'a jamais cessé de parler.

Quand je le raccompagne à sa voiture, je me demande: mais, à la fin, pourquoi voulait-il me voir? Par respect et par manque de confiance, je ne lui pose pas la question, mais, avant de partir, il me dit : "Merci, nous nous reverrons. Ne m'appelez pas. Je vous contacterai". Et il monte dans la voiture.

Je suis journaliste et donc, dans ces cas, la première impulsion est de me mettre sur l'ordinateur et d'écrire tout ce qu'il m'a dit, mais je me retiens. Le monsignore ne m'a pas interdit d'écrire. Et même, il ne m'a rien dit à ce sujet. Cependant, il est indubitable qu'il m'a fait quelques révélations.

Je comprends donc que la rencontre était une sorte de test. L'archevêque voulait voir s'il pouvait me faire confiance.

Plus d'un mois passe et il me rappelle. La requête est la même que l'autre fois: "Pouvons-nous nous voir?"

"Bien sûr. On se voit de nouveau chez moi?. Mais je vous préviens qu'il y aura une fille de plus, l'aînée, et il y aura aussi ses deux enfants, nos petits-enfants".

"Ça n'a pas d'importance", dit Viganò. "L'important, c'est qu'à un moment donné, nous ayons tous les deux un espace pour parler.

C'est ainsi que son excellence l'ex-nonce aux États-Unis revient nous rendre visite. Et cette fois, c'est un peu moins tendu. Il est heureux d'être avec cette grande famille un peu bruyante. A un moment donné, son téléphone portable sonne. Un appel vidéo en provenance des États-Unis. C'est sa nièce: "Oh pardon mon oncle, je ne voulais pas déranger!" Viganò sourit amusé et avec son téléphone portable, il lui montre toute l'assemblée, y compris les petits-enfants. "Quelle bonne compagnie", dit sa nièce. Puis, s'adressant à moi: "Je profite de cette occasion pour vous dire que je vous tiens en haute estime".

La tension retombe. Notre petit-fils de trois ans tourne autour du monsignore et l'appelle Carlo Maria. Viganò est amusé et il semble que pendant quelques instants il ait oublié ses soucis.

Mais de nouveau, après la bénédiction de la table, l'archevêque est une rivière en pleine crue. Beaucoup d'histoires, beaucoup de circonstances, beaucoup de noms. Mais cette fois, il se concentre davantage sur les années américaines. Il cite l'affaire McCarrick, l'ancien cardinal reconnu coupable d'abus très graves, et indique clairement que tout le monde savait, aux États-Unis et au Vatican, depuis longtemps, depuis des années. Pourtant, ils ont tous couvert.

Je demande: "Vraiment tous?"

Avec un signe de la tête, l'archevêque répond "oui: vraiment tous".


J'aimerais poser d'autres questions, mais il n'est pas facile de s'insérer dans le flux ininterrompu des dates, des nouvelles, des rencontres, des noms.

Le pire, c'est que le Pape François, selon Viganò, savait aussi. Et pourtant, il a laissé McCarrick se déplacer en toute tranquillité, faisant fi des interdictions qui lui avaient été imposées par Benoît XVI. François savait au moins à partir de mars 2013, quand Viganò lui-même, répondant à une question du pape lors d'une rencontre en tête-à-tête, lui a dit qu'il y avait un dossier substantiel sur McCarrick au Vatican et qu'il n'y avait qu'à le lire.

Par rapport à notre précédente rencontre, il y a la nouveauté dans les résultats de l'enquête du Grand Jury de Pennsylvanie, et Viganò confirme que le tableau est correct. Les abus sexuels constituent un phénomène plus répandu qu'on ne peut l'imaginer, et il n'est pas juste de parler de pédophilie, parce que dans la grande majorité des cas, il s'agit de clercs homosexuels qui traquent les adolescents de sexe masculin. Il est plus correct, dit le monsignore, de parler le cas échéant d'éphébophilie. Mais le fait est que le réseau de complicité, de silence, de dissimulation et de faveurs mutuelles s'étend au-delà des mots et implique tous les dirigeants, tant en Amérique qu'à Rome.

Une fois de plus, nous restons abasourdis. A cause de mon travail, nous avions eu l'intuitition de quelque chose, mais pour des catholiques comme nous, nés et élevés dans le sein de la Mère Église, il est vraiment difficile d'avaler un tel morceau.

Ma question est donc la plus naïve possible: pourquoi ?

Et la réponse du monsignore nous glace le sang: "Parce que ces fissures dont parlait Paul VI, par lesquelles la fumée de Satan se serait glissée dans la maison de Dieu, sont devenues des goufres. Le diable travaille en grand. Et ne pas l'admettre, ou détourner le regard, serait notre plus grand péché".

Je me rends compte qu'il n'y a pas eu ce moment en tête-tête, auquel le monsignore tenait tant. Il a parlé devant tout le monde. Je lui demande s'il veut que lui et moi allions dans une autre pièce, sans femme, filles et petits-enfants, mais il dit non, c'est bien comme ça. On comprend qu'il se sent bien. Pour nous, c'est un peu comme écouter un grand-père qui nous raconte des histoires sur des mondes lointains, et nous aimerions qu'il dise à un moment donné que ce n'est que de la fiction. Au lieu de cela, le monde dont il parle est le nôtre. C'est notre Église. Ce sont nos pasteurs suprêmes.

Reste la question de fond: pourquoi le monsignore nous raconte-t-il tout cela? Qu'est-ce qu'il veut de moi?

Cette fois, je le lui demande et la réponse est qu'il a écrit un mémoire dans lequel il y a toutes les circonstances dont il nous a parlé. Y compris la rencontre du 23 juin 2013 avec le pape, quand lui, Viganò, informe François du dossier sur McCarrick.
Et donc?

"Donc - me dit-il - si vous me le permettez, je vous ferai parvenir mon mémoire, qui montre que le pape savait et n'a pas agi. Et puis, après l'avoir évalué, vous déciderez de le publier ou non dans votre blogue, qui est tellement suivi. Je veux qu'on sache. Je ne le fais pas d'un cœur léger, mais je pense que c'est le seul moyen qui reste de tenter un tournant, une conversion authentique".

"Je comprends. Le donnerez-vous seulement à moi ?"

"Non. Je le donnerai à un autre blogueur italien, un Anglais, un Américain et un Canadien. Il y aura des traductions en anglais et en espagnol.

Cette fois encore, le monsignore ne me demande pas la confidentialité. Je comprends qu'il a confiance.

Nous convenons donc qu'à sa demande, nous nous reverrons et il me donnera le mémoire.

Quelques jours plus tard, en effet, il me rappelle et nous nous mettons d'accord. Je ne peux pas dire où nous nous sommes vus parce que j'ai donné ma parole.

Le monsignore se présente avec des lunettes de soleil et une casquette de baseball.

Il demande que ma première lecture du document se fasse devant lui, et il dit : "si quelque chose ne vous convainc pas, nous pouvons en discuter immédiatement".

Je lis tout. Il s'agit d'un document de onze pages. Il s'étonne de ma rapidité et me regarde : "Alors ?"

Je dis : "C'est fort. Circonstancié. Bien écrit. Un tableau dramatique".

Il demande : "Allez-vous le publier?"

"Monseigneur, vous réalisez que c'est une bombe? Que devons-nous faire?"

"Je vous le confie. Réfléchissez-y".

"Monseigneur, vous savez ce qu'ils diront? Que vous voulez vous venger. Que vous êtes rongé par la rancœur d'avoir été éloigné du gouvernorat, et d'autres histoires. Que c'est vous le corbeau qui avez fait sortir les documents des Vatileaks. Ils diront que vous êtes un instable, en plus d'être un conservateur de la pire espèce".

"Je sais, je sais. Mais peu m'importe. La seule chose qui m'importe est d'amener la vérité à la surface pour que puisse commencer une purification. Au point où nous en sommes, il n'y a pas d'autre solution".

Je ne suis pas anxieux. Au fond de moi, j'ai déjà pris la décision de publier, parce que je sens que je peux faire confiance à cet homme. Mais je me demande : "Quel effet cela aura-t-il sur les âmes les plus simples? Sur les bons catholiques? Ne risque-t-on pas de faire plus de mal que de bien?"

Je me rends compte que j'ai formulé la question à haute voix et le monsignore répond : "Réfléchissez-y. Évaluez calmement".

Nous nous serrons la main. Il enlève ses lunettes noires et nous nous regardons droit dans les yeux.

Le fait qu'il ne me force pas, qu'il ne semble pas impatient de me voir tout publier, me pousse à lui faire encore plus confiance. Est-ce une manœuvre de sa part? Est-il en train de me manipuler?

A la maison, j'en parle avec Serena et les filles. Pour moi, leurs conseils sont toujours très importants. Que faire?

Ce sont des jours d'interrogations. J'ai relu le mémoire. Il est détaillé, mais c'est évidemment la version de Viganò. Je pense que les lecteurs le comprendront. Je proposerai la version de l'archevêque, après quoi, si quelqu'un a des arguments contraires, il proposera d'autres versions.

Ma femme me dit : "Mais si tu le publies, ils penseront que, par le fait même de le publier, tu es de son côté. Ça te convient?"

Oui, ça me convient. Me jugeront-ils partial? Du calme. Du reste, je SUIS partial. Quand je suis journaliste, je suis journaliste et c'est tout, essayant d'être aussi aseptique que possible, mais dans mon blog, j'ai déjà amplement pris parti, et les lecteurs savent bien ce que je pense d'un certain tournant que l'Église a pris ces dernières années. Si quelqu'un me propose des documents qui prouvent que Vigano ment, ou que sa version des faits est incomplète ou incorrecte, je serai heureux de les publier également.

J'ai le monsignore au téléphone. Je l'informe de ma décision. Nous sommes d'accord sur le jour et l'heure de publication. Il dit que le même jour et à la même heure, les autres publieront. Il a décidé pour le dimanche 26 août parce que le pape, de retour de Dublin, aura l'occasion de répliquer en répondant aux questions des journalistes dans les airs [cf. Rapport Vigano: le pape doit démissionner : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... onner.html ]. Il m'avertit qu'à ceux qui publieront, s'est ajouté le journal "La Verità". Il me dit qu'il a déjà acheté un billet d'avion. Il part à l'étranger. Il ne peut pas me dire où. Je ne devrai pas le chercher. L'ancien numéro de téléphone mobile ne fonctionnera plus. Nous nous saluons pour la dernière fois.

C'est comme cela que ça s'est passé. Non pas que les doutes en moi soient levés. Est-ce que j'ai bien fait? Est-ce que j'ai mal fait? Je continue à me le demander. Mais je suis serein. Et je relis les mots que Mg Vigano a écrits à la fin de son mémoire :

« Prions tous pour l’Église et pour le Pape. Rappelons-nous combien de fois il nous a demandé de prier pour lui! Renouvelons notre foi dans l’Église notre Mère: «Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique!». Le Christ n’abandonnera jamais son Église! Il l’a engendrée par Son Sang et la ranime continuellement par Son Esprit! Marie, Mère de l’Église, priez pour nous! Marie, Vierge et Reine, Mère du Roi de gloire, priez pour nous! »


Source : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... valli.html

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : jeu. 06 sept. 2018 17:42
par Gilbert Chevalier

3- Témoignage poignant qui fait frissonner

L’abbé Jean-François Lantheaume
soutient fortement Mgr Carlo Maria Viganò sur Facebook :
« L’homme le plus intègre du Vatican »


par Jeanne Smits, Réinformation.TV, le 29 août 2018

L’abbé Jean-François Lantheaume (Don Grégoire Lantheaume de la Communauté Saint-Martin), conseiller à la nonciature de Washington avant l’arrivée de Mgr Viganò en 2011, a apporté son soutien public à Mgr Viganò en mettant l’image de ce dernier en bandeau de sa page Facebook et en le qualifiant d’« homme le plus intègre du Vatican ».

Dans son fil de publication, l’abbé Lantheaume précise : « Il doit y en avoir d’autres, mais c’est le seul avec qui j’ai travaillé qui le fût authentiquement et véritablement… j’ai été son conseiller à Washington, je l’ai vu réfléchir et agir dans des situations très délicates, et c’est un homme de Dieu, qui prie et qui jeûne, un homme authentiquement donné à Dieu ; un homme de prière sans ambages, un homme intègre et tout donné au Service du Saint Siège dont il n’a reçu qu’ingratitude et médisances ! »


Jean-François Lantheaume qualifie Carlo Maria Viganò d’« homme intègre »

Le 26 août, jour où la lettre de Mgr Viganò sur l’occultation des prédations homosexuelles du cardinal McCarrick ( https://www.breitbart.com/big-governmen ... sex-abuse/ ) était publiée, il réagissait (en anglais) à propos de Viganò : « Il est le meilleur chef que j’ai jamais eu. Oui, je le soutiens. Oui, il dit la vérité… » Et il réitérait en français : « Il dit toute la Vérité. Je suis témoin. Le nonce Vigano est le Prélat le plus intègre que je connaisse au Vatican. »

L’échange se poursuit ainsi :

— Terrible alors, prions l’orage va être terrible

— (J.-F. L.) : Pire que ce tu penses (…). Prépare-toi…

— Vous nous rassurez pas cher père !

— (J.-F. L.) Mon but n’est pas de vous rassurer, mais de dire la vérité ! Les évêques ne sont pas indemnes ni intouchables : ils sont tout autant pécheurs que les autres !!! Qu’on se le dise une fois pour toutes… Ils ne jouissent pas de l’infaillibilité pontificale… ! Mais bien évidemment dès qu’on essaie de dire la vérité, on se fait couper la tête ou bien l’on fait du “mauvais esprit” : ça fait plus de vingt ans que j’ai dit ce que j’avais à dire…. maintenant vous croyez qui vous voulez, mais je puis vous dire pour en avoir été le témoin direct que Vigano dit la vérité : j’en ai été le témoin direct ! ce sont peut-être les dernières lignes que j’écris… si l’on me retrouve découpé à la tronçonneuse et mon corps coulé dans le béton, la police et les journaleux diront que l’on doit envisager l’hypothèse du suicide !!!

Jean-François Lantheaume ne donne pas d’entretien mais a exprimé son soutien sur Facebook

Avec cette référence au célèbre sketch des inconnus, le P. Lantheaume explique aussi pourquoi il a quitté la voie diplomatique et vaticane où il s’était trouvé être « le plus proche collaborateur de Viganò » mais où il a aussi pu constater de lui-même que les signalements qu’il faisait à Rome étaient accueillis d’un « ferme-là, tu ne peux pas comprendre, tu n’es pas italien ».

Sollicité, le P. Lantheaume m’a indiqué qu’il n’est pas en mesure de donner des entretiens à propos de cette affaire.


Source : https://reinformation.tv/jean-francois- ... s-87407-2/

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : ven. 14 sept. 2018 11:49
par Gilbert Chevalier

4- À propos de Viganò, le brave Tosatti rétablit la vérité

Rapport Vigano : Tosatti mis en cause
Mais il sait comment se défendre, et fait une mise au point


("Benoît-et-moi", le 29/8/2018)

Nicole Winfield, correspondante à Rome d'Associated Press, a interrogé Marco Tosatti sur la genèse du document-témoignage de Mgr Vigano, et en a tiré un article ( https://www.apnews.com/351a31e0144845afb58ff2ed345ceda9 ) relativement équilibré (bien que le parti-pris de la dame - on se doute de quel côté elle penche! - ne fasse aucun doute), forcément très lu étant donné l'influence énorme du média pour lequel elle travaille. Et qui dit "très lu" dit aussi "très copié", avec les interprétations et inévitables distorsions inhérentes à la copie.
Voici ma traduction de son article, dont j'ai laissé tomber la partie concernant le contenu du rapport proprement dit, qui n'apporte rien de nouveau.


Rome (AP)

Un journaliste italien qui dit avoir aidé un ancien diplomate du Vatican à écrire son accusation explosive contre le pape François pour avoir couvert des abus sexuels, affirme qu'il a persuadé [!!!] l'archevêque de s'exprimer publiquement après le bouleversement de l'église américaine provoqué par les révélations du rapport du grand jury de Pennsylvanie.

Marco Tosatti explique qu'il a aidé l'archevêque Carlo Maria Vigano à écrire, réécrire et éditer son témoignage de 11 pages, expliquant que tous deux se sont assis côte à côte pendant trois heures le 22 août à une table en bois dans le salon de Tosatti. Tosatti, un critique italien majeur de François, a déclaré à Associated Press que Vigano l'avait appelé à l'improviste il y a quelques semaines pour lui demander de le rencontrer, et qu'il lui a ensuite communiqué les informations qui sont devenues la base du témoignage.

Le document de Vigano affirme que François connaissait l'inconduite sexuelle de l'ex-Cardinal Theodore McCarrick depuis 2013, mais qu'il l'a réhabilité des sanctions imposées par le Pape Benoît XVI. Des affirmations qui ont ébranlé les cinq ans de pontificat de François.(...)

Vigano est resté en grande partie silencieux depuis le témoignage explosif de dimanche, et on ne sait pas où il se trouve. La reconstruction de Tosatti fournit donc le seul aperçu de la genèse du document.

Tosatti, correspondant de longue date du quotidien italien La Stampa, mais qui écrit désormais essentiellement pour des blogs et des journaux plus conservateurs, a déclaré qu'après leur première rencontre il y a quelques semaines, Vigano n'était pas prêt à s'exposer publiquement. Ils étaient des connaissances, pas des amis, et Vigano a expliqué qu'il avait besoin de régler certaines questions personnelles avant de se décider.

Mais Tosatti affirme qu'il l'a appelé après la publication du rapport du grand jury de Pennsylvanie, le 15 août, et qu'il lui a dit: "Je pense que si vous voulez dire quelque chose, c'est le moment, parce que tout est sens dessus dessous aux États-Unis". Vigano a répondu "OK." Ils se sont ensuite rencontrés à l'appartement de Tosatti à Rome. Au début, Tosatti pensait que Vigano lui accorderait une interview, mais Vigano a décidé de mettre ses pensées sur papier.

"Il avait préparé une sorte d'ébauche d'un document et il s'est assis ici à mes côtés", déclare Tosatti à AP, assis derrière son bureau, montrant du doigt la chaise en bois à sa droite. "Je lui ai dit que nous devions travailler dessus parce que ce n'était pas écrit dans un style journalistique."

Tosatti affirme qu'il a persuadé Vigano de couper les allégations qui ne pouvaient pas être justifiées ou documentées "parce qu'elles devaient être absolument inattaquables". Il dit aussi que Vigano était "mortellement sérieux" tout le temps, et que tous deux deux ont émergé physiquement et émotionnellement épuisés.

Tosatti ajoute que Vigano était bien conscient des implications du document, et de ce qu'il fallait pour qu'un diplomate du Saint-Siège révèle des secrets qu'il avait gardés pendant des années. "Ils sont élevés pour mourir en silence", explique-t-il à propos des diplomates du Saint-Siège. "Alors ce qu'il faisait, ce qu'il allait faire, était absolument contre sa nature."

Mais il affirme que Vigano se sentait obligé de publier le document par sens du devoir envers l'Église catholique et pour avoir une conscience pure. "Il jouit d'une bonne santé, mais 77 ans, c'est l'âge où l'on commence à se préparer... il n'aurait pas la conscience tranquille s'il ne parlait pas", explique le journaliste.

Document en main, Tosatti s'est alors mis à la recherche de publications prêtes à publier le document dans son intégralité: le petit quotidien italien La Verita, le National Catholic Register et LifeSiteNews pour l'anglais, et le site en ligne espagnol InfoVaticana. Tous sont des médias conservateurs ou ultraconservateurs [!!!] qui ont été très critiques à l'égard de la miséricorde du pontificat de François sur les questions morales.

Les publications anglaises et espagnole ont traduit le document italien et tous se sont mis d'accord pour un embargo jusqu'au dimanche matin, coïncidant avec le deuxième et dernier jour du voyage de François en Irlande, dominé par les abus sexuels de l'église catholique et le scandale du camouflage.

Selon Tosatti, Vigano ne lui a pas dit où il allait après la publication de l'article, sachant que les médias du monde entier le réclameraient à grands cris pour lui parler.
Alors qu'il accompagnait Vigano à sa porte, il s'est penché pour baiser la bague de Vigano - un signe de respect pour les évêques catholiques. "Il a essayé de dire 'non'. Je lui ai dit: 'Ce n'est pas pour vous, c'est pour le rôle que vous (jouez) que je le fais". Il [Vigano] n'a rien dit. Il est parti, mais il pleurait."

- - -

Cet article a bien entendu été récupéré par la garde rapprochée de François, et certains sites, en Italie et ailleurs (en particulier un blog francophone auquel je ne souhaite pas faire de pub) ont insinué que le rapport Vigano avait en réalité été suscité, voire écrit, par le journaliste lui-même, présenté comme "ultra-conservateur" (lire: un réac de la pire espèce), grand spécialiste du "François bashing", et qu'il aurait réussi à "convaincre" l'ex-nonce d'y mettre sa signature. De là à imaginer un complot de l'"ultra-droite"...
Marco Tosatti, sur son blog ( http://www.marcotosatti.com/2018/08/28/ ... izzazioni/ ), a tenu à mettre les choses au point, d'autant plus qu'une "collègue" du Corriere della Sera a vraiment écrit n'importe quoi en brodant autour de l'article de Nicole Winfield. Je lui laisse la parole (j'ai laissé tomber la partie qui évoque l'article du Corriere, qui ne nous concerne pas directement):


« Je n'ai convaincu personne de faire quoi que ce soit. Mgr Viganò m'a contacté parce qu'il voulait faire connaître les choses au public, et il voulait le faire - dans un premier temps - avec une interview. Après le premier contact, je me suis limité à lui faire remarquer que la publication du rapport du Grand Jury de Pennsylvanie allait aborder les questions dont il voulait parler, et que c'était peut-être le bon moment pour son initiative.

Je ne l'ai pas non plus persuadé de rendre le document public. Et ma contribution a été celle d'une révision professionnelle, c'est-à-dire que nous avons travaillé sur le projet, dont le matériel était intégralement du Nonce, pour vérifier qu'il était fluide et utilisable sur le plan journalistique.

Je crains de devoir démentir que ma participation ait quelque chose de sensationnel. Il est probable que si nous avions décidé de faire une interview, ma contribution aurait été encore plus grande, parce que j'aurais posé des questions, ce qui ne pouvait évidemment pas se produire dans un document-témoignage.

Le choix de l'heure de diffusion a été influencé par le fait que Mgr Viganò voulait que le document soit publié non seulement en italien, mais aussi en espagnol et en anglais. Cela a nécessité quelques jours d'attente pour les traductions; et depuis mercredi - date à laquelle le texte italien de base a été terminé - jusqu'au dimanche matin, seuls trois jours se sont écoulés.

Il est extraordinaire que cette circonstance - le fait que la personne qui devait faire l'interview ait contribué à l'édition du témoignage - soit instrumentalisée par certains pour tenter de discréditer cette opération de clarté et de courage menée par Mgr Viganò. Je dirais que cela peut être interprété comme un signe de désespoir de la part de ceux qui essaient de détourner l'attention d'un silence et d'un refus de donner des réponses, qui deviennent très lourds pour beaucoup de catholiques. »


Source : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... cause.html

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : ven. 14 sept. 2018 12:00
par Gilbert Chevalier

5- Interview Viganò-Valli où Benoît n'est pas indemne

Viganò, séquestré, parle :
« Je ne suis pas le corbeau. Je ne veux que la vérité. »


One Peter Five
(https://onepeterfive.com/vigano-crow-truth/)

Note de la rédaction de "One Peter Five" : L’entrevue suivante est entre l’archevêque Carlo Maria Viganò, aujourd’hui célèbre pour son témoignage explosif ( https://onepeterfive.com/former-papal-n ... itter-end/ ), et Aldo Maria Valli, le journaliste avec qui Viganò avait initialement prévu la publication de ses allégations contre le pape François et plusieurs cardinaux du Vatican. Pour l’aventure du rapport de l’archevêque Viganò, cliquez ici : https://onepeterfive.com/the-amazing-st ... ame-to-be/.
Cette interview a été traduite en anglais par Giuseppe Pellegrino. L'italien original se trouve sur le site web d'Aldo Maria Valli ( https://www.aldomariavalli.it/2018/08/2 ... ta-emerga/ ) en date du 28 août 2018.


Monseigneur, comment allez-vous ?

Merci à Dieu, je vais très bien, avec beaucoup de sérénité et de paix dans ma conscience – c’est la récompense de la vérité. La lumière conquiert toujours les ténèbres. Elle ne peut pas être supprimée, en particulier pour celui qui a la foi. Par conséquent, j’ai beaucoup de foi et d’espoir pour l’Église.

Comment jugez-vous les différentes réactions à la publication de vos mémoires ?

Comme vous le savez, les réactions sont contradictoires. Il y a ceux qui ne peuvent pas cesser de chercher des endroits où puiser du poison pour détruire ma crédibilité. Quelqu’un a même écrit que j’avais été hospitalisé deux fois avec un traitement obligatoire (TSO) pour usage de drogue. Il y a ceux qui imaginent des complots, des complots politiques, des complots de toutes sortes, etc., mais il y a aussi beaucoup d’articles d’appréciation et j’ai eu la chance de voir des messages de prêtres et de fidèles qui me remercient, car mon témoignage a été pour eux une lueur d’espoir pour l’Église.

Quelle est votre réponse à ceux qui, dans ces heures-ci, objectent que vous devez avoir des motifs de rancune personnelle contre le pape et que c’est pour cette raison que vous avez décidé d’écrire et de faire circuler vos mémoires ?

Peut-être parce que je suis naïf et habitué à toujours penser bien des gens – mais surtout je reconnais que c’est en fait un cadeau que le Seigneur m’a donné – je n’ai jamais eu de vengeance ou de rancœur durant toutes ces années d’épreuve par tant de calomnies et de mensonges prononcés contre moi.

Comme je l’ai écrit au début de mon témoignage, j’ai toujours pensé que la hiérarchie de l’Église aurait dû trouver en elle-même les ressources nécessaires pour guérir toute la corruption. Je l’ai également écrit dans ma lettre aux trois cardinaux désignés par le pape Benoît pour enquêter sur l’affaire Vatileaks, une lettre accompagnant le rapport que je leur ai remis. « Beaucoup d’entre vous » – ai-je écrit – « savaient, mais vous êtes restés silencieux. Au moins, maintenant que Benoît vous a confié cette mission, vous aurez peut-être le courage de rapporter avec précision ce qui vous a été révélé à propos de tant de situations de corruption. »

Pourquoi avez-vous décidé de publier et de diffuser votre témoignage ?

J’ai parlé parce que plus que jamais, la corruption s’est étendue aux plus hauts niveaux de la hiérarchie de l’Église. Je demande aux journalistes : pourquoi ne demandent-ils pas ce qui est arrivé à la caisse de documents qui, comme nous l’avons tous vu, ont été livrés à Castel Gandolfo au pape François par le pape Benoît XVI ? Était-ce tout inutile ? Il aurait suffi de lire mon rapport et la transcription de ma déposition devant les trois cardinaux chargés d’enquêter sur l’affaire Vatileaks (Julian Herranz, Jozef Tomko et Salvatore De Giorgi) afin de commencer à nettoyer la curie. Mais savez-vous ce que le cardinal Herranz m’a dit quand je l’ai appelé de Washington, craignant que tant de temps s’était écoulé depuis que la commission d’enquête avait été nommée par le pape Benoît et que personne ne me contacte encore ? Nous parlions ensemble et je lui ai dit : « Ne pensez-vous pas que moi aussi j'ai peut-être quelque chose à dire sur mes lettres, qui ont été publiées à mon insu ? » Il m'a répondu : « Ah, si vous le voulez vraiment. »

Comment répondriez-vous à ceux qui disent que vous êtes le corbeau ou un des corbeaux à l’origine de l’affaire Vatileaks ?

Je suis un corbeau ? Comme vous l’avez vu avec mon témoignage, je fais habituellement les choses à la lumière du jour ! À l’époque, j’étais à Washington et j’avais certainement d’autres choses à réfléchir. D’autre part, j’ai toujours eu l’habitude de me plonger complètement dans ma nouvelle mission. C’est ce que j’ai fait quand j’ai été envoyé au Nigeria : je ne lis plus les nouvelles italiennes – au point que six ans plus tard, quand on me rappela pour travailler à la Secrétairerie d’État par saint Jean-Paul II, cela me prit plusieurs mois pour me réorienter, même si j'avais travaillé déjà depuis onze ans à la Secrétairerie d’État de 1978 à 1989.

Comment répondriez-vous à ceux qui affirment que vous avez été chassé du Gouvernorat et que, pour cette raison, vous auriez des sentiments de rancœur et de vengeance ?

Comme je l’ai déjà dit, la rancœur et la vengeance ne sont pas des sentiments que je ressens. Ma résistance à quitter mon poste au Gouvernorat était motivée par le profond sentiment d’injustice d’une décision que je savais ne pas correspondre à la volonté du pape Benoît, dont il m’avait lui-même parlé. Afin de me jeter à la porte, le cardinal Bertone avait commis une série de graves violations de son autorité : il avait dissout la première commission de trois cardinaux que le pape Benoît avait nommée pour enquêter sur les graves accusations portées par moi en tant que secrétaire général et le vice-secrétaire général, Mgr Giorgio Corbellini, concernant les exactions commises par Mgr Paolo Nicolini ; à la place de cette commission cardinalice, il avait créé une commission disciplinaire, modifiant dans sa constitution la commission institutionnelle du Gouvernorat ; avant même de créer cette commission, il m’avait convoqué pour me dire que le Saint-Père m’avait nommé nonce à Washington. Bien que la commission disciplinaire ait décidé le 16 juillet 2011 de licencier Mgr Paolo Nicolini, il a annulé cette décision de manière abusive et l’a empêché de paraître. Ce faisant, il m’a empêché de poursuivre le travail de guérison de la corruption présente dans la gestion du Gouvernorat.

Comment répondriez-vous à ceux qui parlent de votre «fixation» à devenir cardinal et qui soutiennent que vous attaquez maintenant le pape parce que vous n’avez pas reçu cet honneur ?

Je peux affirmer avec sincérité devant Dieu que j’ai rejeté l’opportunité de devenir cardinal. Après ma première lettre au cardinal Bertone, que j’ai envoyée au pape Benoît pour qu’il puisse faire ce qu’il pensait le mieux, le pape Benoît m’a convoqué et reçu en audience le 4 avril 2011 et il m’a immédiatement dit ces mots : « Je crois que la mission dans laquelle vous pouvez le mieux servir le Saint-Siège est en tant que Président de la Préfecture des Affaires économiques à la place du cardinal Velasio De Paolis. » J’ai remercié le pape pour la confiance qu’il m’a montrée. « Saint-Père, pourquoi n’attendez-vous pas six mois ou un an ? Parce que si vous me faites la promotion en ce moment, l’équipe qui a eu confiance en moi et qui a travaillé pour remédier à la situation dans le Gouvernorat sera immédiatement dispersée et persécutée. » (comme cela s’est en effet produit)

J’ai aussi ajouté un autre argument. Étant donné que le cardinal de Paolis n’avait été nommé que récemment pour traiter de la situation délicate des Légionnaires du Christ (le cardinal de Paolis m’avait consulté avant d’accepter cette mission), j’ai dit au pape qu’il serait préférable qu’il continue à avoir une position institutionnelle qui lui donnerait une plus grande autorité en tant que personne et donc à son action avec les Légionnaires. À la fin de l’audience, le pape Benoît m’a dit une fois de plus : « Je reste cependant d’avis que la position dans laquelle vous pouvez servir le Saint-Siège est celle de Président de la Préfecture des Affaires économiques. » Le Cardinal Re peut confirmer cette histoire. Ainsi, j’ai renoncé à être fait cardinal pour le bien de l’Église.

Comment répondriez-vous à ceux qui attireraient votre famille dans cette affaire en parlant de la «saga» sous le signe d’intérêts économiques énormes ?

Le 20 mars 2013, mes frères et sœurs avaient préparé une déclaration pour la presse, à laquelle je m’opposais pour éviter d’impliquer toute la famille. Parce que l’accusation de mon frère Lorenzo se répète maintenant, à savoir que j’ai menti au pape Benoît en lui écrivant pour demander un congé pour prendre soin de mon frère malade, j’ai décidé de rendre ce communiqué public. En le lisant, il devient évident que j’ai ressenti une grave responsabilité morale de prendre soin de mon frère et de le protéger.

(Quiconque est intéressé à approfondir ce dernier point peut lire ici : https://www.aldomariavalli.it/wp-conten ... Vigano.pdf le texte du communiqué, qui a été rédigé en mars 2013 par plusieurs frères et sœurs de Viganò pour sa défense.)


Source : http://www.abbatah.com/?p=5279

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : mar. 09 oct. 2018 14:25
par Gilbert Chevalier

6- Viganò rétablit la vérité une fois de plus

Rencontre entre le pape François et Kim Davis à Washington :
Mgr Carlo Maria Viganò révèle ce qui s’est vraiment passé


par Jeanne Smits, Réinformation.TV, le 3 septembre 2018

Mgr Carlo Maria Viganò n’a visiblement pas l’intention de se terrer sans rien dire après avoir lâché sa bombe sur la protection du cardinal McCarrick, prédateur homosexuel avéré : il s’est certes caché mais répond, coup par coup, aux attaques de ses détracteurs. Il a également ouvert un nouveau front en donnant sa version – de première main – de l’affaire qui a éclaté après la visite du pape François aux Etats-Unis, alors qu’il était en poste à Washington et qu’il était l’organisateur de ce séjour américain. Mgr Viganò raconte comment s’est vraiment passée la rencontre entre Kim Davis, cette femme américaine incarcérée pendant cinq jours en 2015 pour avoir refusé d’enregistrer en tant qu’officier d’état civil du Kentucky des « mariages » de couples homosexuels. Lorsque la rencontre a été rendue publique, après le retour du pape François à Rome, divers porte-paroles du Vatican ont insisté pour dire que cette information était une sorte d’affabulation. Mgr Viganò explique qu’il n’en est rien, dans un document accompagné de pièces justificatives, traduit officiellement par Diane Montagna pour LifeSiteNews.

Mgr Viganò a choisi de réagir ainsi un article du New York Times daté du 28 août 2018 où Juan Carlos Cruz, l’une des victimes des cas d’agression sexuelle au Chili ayant rencontré le pape, affirme que ce dernier lui a dit « récemment que Mgr Viganò a failli saboter la visite en invitant (…) Kim Davis, officier d’état civil du Kentucky, devenue “cause célèbre” pour les conservateurs lorsqu’elle refusa d’accorder des licences de mariage à des couples de même sexe ». Cruz affirme que le pape lui a déclaré : « Je ne savais pas qui était cette femme, et (Mgr Viganò) a fait subrepticement entrer cette femme pour me dire bonjour – et évidemment, ils en ont profité pour faire tout un tas de publicité. J’étais horrifié et j’ai renvoyé ce nonce. »

La rencontre entre le pape François et Kim Davis a bien eu lieu

Quoi qu’il en soit de la véracité de ce témoignage, il vient ajouter à une confusion à propos de cette affaire que le pape n’a rien fait pour lever. Précisons que Mgr Viganò est resté en poste à Washington jusqu’en 2015.

Ladite rencontre avec Mme Davis, d’une durée de 15 minutes, n’a été connue du grand public qu’après que l’avocat de cette dernière en a parlé à la presse, le 29 septembre 2015, cinq jours après qu’elle eut lieu, étant donné, comme l’explique l’ancien nonce, qu’on avait demandé aux intéressés de ne pas en parler avant le retour du pape François à Rome. Un tollé médiatique s’ensuivit, qui aboutit, le 30 septembre, à un démenti partiel de la part de la salle de presse du Vatican : le P. Federico Lombardi expliqua qu’une « brève rencontre » avait bien eu lieu mais qu’« elle ne devait pas être considérée comme une forme de soutien à la prise de position de Davis dans tous ses aspects particuliers et complexes ». C’est alors qu’on apprit, photos à l’appui, que la seule « véritable audience » accordée par le pape François à la nonciature de Washington l’avait été à l’un de ses anciens étudiants, l’Argentin Yayo Grassi, homosexuel revendiqué, et à son compagnon Iwan Bagus et plusieurs autres amis.

De son côté, le père Thomas Rosica, l’attaché de presse des deux synodes sur la famille – connu pour en avoir fait une présentation biaisée, insistant sur des prises de position marginales en faveur des LGBT – déclarait au Los Angeles Times qu’il y avait eu tout au plus une « très brève poignée de mains » lorsque le pape François avait rencontré un groupe de personnes. Le père Rosica ajoutait ne pouvoir imaginer qu’une plage de 15 minutés ait pu être trouvée pour organiser une rencontre privée, et suggérait que toute question à propos de l’invitation de Kim Davis à la nonciature soit posée directement à celle-ci, le pape n’en ayant probablement rien su à l’avance.

Mgr Viganò, nonce à Washington en 2015, fait un rapport détaillé

Mgr Viganò raconte une toute autre histoire. Il explique avoir personnellement discuté avec le pape François, le 23 septembre 2015 au soir, de la possibilité d’organiser une rencontre privée et discrète avec Kim Davis, héroïne de l’objection de conscience par rapport au mariage « gay », dont il ne serait publiquement question qu’après le retour du pape à Rome. Le pape François, affirme-t-il, était d’emblée d’accord, demandant toutefois au nonce d’obtenir l’avis du cardinal Parolin dans la mesure où lui-même ne savait pas quelles seraient les implications politiques d’une telle rencontre.

Mgr Viganò, accompagné de deux conseillers de la nonciature, l’un italien, l’autre lituanien, s’est aussitôt rendu à l’hôtel où logeait la délégation vaticane : Mgr Becciu (aujourd’hui cardinal) et Mgr Paul Gallagher, secrétaire aux relations avec les Etats, prévenus de leur arrivée, les attendaient. C’est avec eux que les discussions ont lieu, le cardinal Parolin s’étant déjà retiré pour la nuit.

Mgr Viganò leur a remis le mémorandum qu’il avait déjà présenté plus tôt dans la soirée au pape François (et dont il fournit aujourd’hui copie), détaillant succinctement « l’affaire » Kim Davis et soulignant les motifs religieux de son objection de conscience et le lourd prix qu’elle avait dû payer. Mgr Becciu s’est aussitôt montré favorable à la rencontre, tandis que Mgr Gallagher, tout en approuvant le principe, demandait que l’on vérifiât les aspects juridiques avant de donner une réponse définitive, afin de savoir notamment si au regard du droit américain, elle pouvait causer des ennuis. On appela le canoniste de la nonciature, ancien juge des cours militaires américaines, qui rassura l’archevêque à ce sujet. Mgr Gallagher approuva à son tour l’organisation de la rencontre.

Le pape François savait tout de l’affaire Kim Davis

Le lendemain, le cardinal Parolin ayant été averti à son tour, Mgr Viganò informa le pape François de l’opinion favorable de Becciu et Gallagher, et Kim Davis – qui se trouvait déjà à Washington pour d’autres raisons – fut invitée. Les personnes présentes à la rencontre qui se tint dans un petit salon privé s’engagèrent à n’en pas parler avant le retour du pape à Rome, engagement que Mme Davis et son mari ont scrupuleusement respecté. Le photographe officiel du Vatican se voyait intimer l’ordre de ne pas publier image de l’événement sans accord de ses supérieurs. Mgr Viganò souligne qu’elles doivent toujours être classées dans les archives de l’Osservatore Romano.

Il raconte que la rencontre fut chaleureuse. Ayant affectueusement embrassé Kim Davis, le pape François la remercia son courage et l’invita à persévérer. » Mme Davis, très émue, commença à pleurer. On la ramena alors à son hôtel dans une voiture conduite par un gendarme pontifical, accompagné d’un monsignor américain et d’un collaborateur de la nonciature », précise Mgr Viganò.

Démentis romains autour de Kim Davis, héroïne de l’objection de conscience face au « mariage » gay

Après le retour du pape à Rome, la nouvelle de la rencontre fut diffusée et suscita aussitôt « une avalanche de coups de téléphone, fax et de courriels » à la nonciature et à la salle de presse du Vatican. Une partie était extrêmement hostile, multipliant les insultes et les protestations, mais d’autres étaient très favorables.

C’est alors qu’a été mis en place la campagne de démentis de la part de la salle de presse et du P. Rosica, au moyen de nombreux « mensonges » que dénonce aujourd’hui Mgr Viganò, notamment sur le fait qu’il aurait pris le pape François en traître en ne l’avertissant pas de la teneur de l’affaire Kim Davis. Dès le 2 octobre 2015, on pouvait lire dans le New York Times que la rencontre s’était bornée à une brève salutation parmi d’autres alors qu’un groupe était présenté au pape, qui n’aurait été au courant de rien.

Dès le lendemain matin – le 3 octobre à six heures –, Mgr Viganò recevait un coup de fil agité du cardinal Parolin lui intimant l’ordre de revenir « immédiatement » à Rome parce que le pape était « furieux à son égard ». Le nonce parvint à Rome le 9 octobre suivant, en plein synode sur la famille ; le pape François le reçut pendant près d’une heure, « de manière très affectueuse et paternelle », à la Casa Santa Marta, s’excusant de l’avoir dérangé et multipliant les éloges sur la manière dont il avait organisé le voyage aux Etats-Unis où « il ne s’était pas attendu à un accueil aussi chaleureux ». Pas un mot de l’affaire Davis !

Le pape François et ses déclarations contradictoires

A la fin de l’audience, Viganò téléphona immédiatement au cardinal Parolin, pour lui dire : « Le pape a été si bon avec moi. Pas un mot de reproche, uniquement des éloges après le succès de sa visite aux États-Unis. » « A ce moment-là le cardinal a répondu : “Ce n’est pas possible, car avec moi il s’est montré furieux à votre égard.” »

Mgr Viganò ne peut donner d’autre commentaire que celui-ci : soit Juan Carlos Cruz – la victime chilienne d’abus sexuels qui a affirmé dans le New York Times que le pape lui aurait déclaré que Mgr Viganò a failli saboter sa visite aux États-Unis en invitant Kim Davis – a menti à propos de ce que lui aurait dit le pape François, ou bien c’est celui-ci qui lui a menti. « Il est clair cependant que le pape François voulait occulter l’audience privée qu’il avait eue avec le premier citoyen américain condamné et emprisonné pour objection de conscience », conclut-il.

En tout cas, cette forme de duplicité ne serait pas une nouveauté chez le pape François. Qu’on se souvienne du soutien qu’il a apporté au cardinal Burke lors d’audiences précédant l’éclatement de l’affaire Boeselager à l’Ordre de Malte, avant de le « lâcher » au point de le priver de toute autorité effective en tant que cardinal patron de l’Ordre et de justifier le Grand Chancelier accusé d’avoir couvert la distribution de préservatifs… Les lecteurs du Pape dictateur d’Henry Sire reconnaîtront également cette propension à dire une chose ou son contraire selon que la situation le rend plus intéressant, largement constatée déjà chez Jorge Bergoglio en Argentine avant son élection à la chaire de Pierre…


Source : https://reinformation.tv/rencontre-pape ... s-87497-2/

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : mar. 09 oct. 2018 14:41
par Gilbert Chevalier

7- Viganò raconte lui-même l'affaire Kim Davis,
où apparaît la fourberie de Bergoglio


Le pape François a rencontré Kim Davis en privé :
voici ce qui s’est réellement passé
par Son Excellence Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire de di Ulpiana
Nonce apostolique


(Suivant la Traduction anglaise officielle par Diane Montagna de LifeSiteNews, le 31 août 2018)

Le 28 août 2018, le New York Times a rapporté ( https://www.nytimes.com/2018/08/28/worl ... ancis.html ) une partie d’une conversation que Juan Carlos Cruz, la victime chilienne la plus connue d’abus sexuels du père Karadima et de l’évêque Barros, aurait eu avec le pape François. Inexplicablement, dans sa conversation avec Cruz, le Pape aurait parlé de sa rencontre avec Kim Davis lors de sa visite à Washington le 24 septembre 2015, et aurait dit qu’il ne savait rien du cas avant la rencontre.

Face à la déclaration rapportée par le Pape, je me sens obligé de raconter les événements tels qu’ils se sont réellement déroulés.

A la fin du dîner, à la Nonciature de Washington, dans la soirée du 23 septembre 2015, j’ai dit au Pape que j’avais besoin qu’il m’accorde une demi-heure, parce que je voulais porter à son attention, et peut-être pour qu’il l’approuver, une initiative délicate et facilement réalisable, à savoir rencontrer personnellement et en toute confidentialité, hors des feux des médias, Kim Davis, une employée du Rowan County, Kentucky, première américaine condamnée et détenue une semaine pour avoir exercé son droit à une objection de conscience.

Au début de notre rencontre, dans la soirée du 23 septembre, j’ai remis au Pape une note d’une page résumant l’affaire Davis (ci-jointe en italien : https://s3.amazonaws.com/lifesite/Kim_D ... ncesco.JPG et en anglais : https://s3.amazonaws.com/lifesite/Kim_D ... rancis.pdf ). Le Pape s’est immédiatement montré favorable à une telle initiative, mais a ajouté que la rencontre aurait des implications politiques, et a dit : « Je ne comprends pas ces choses, il serait donc bon pour vous d’entendre l’opinion du Cardinal Parolin. »

Il était déjà 21h30 du soir, alors je suis allé en personne avec deux des conseillers de la Nonciature (un Italien et un Lituanien) à l’hôtel non loin de là, où se trouvait l’entourage du Pape. Comme j’avais appelé à l’avance pour annoncer mon arrivée, Son Excellence Mgr Angelo Becciu (suppléant du Secrétaire d’État) et Son Excellence Mgr Paul Gallagher (Secrétaire aux relations avec les États et Chef de la Section politique de la Secrétairerie d’État) m’attendaient dans le vestibule de l’hôtel. Ils m’ont immédiatement informé que le cardinal Parolin s’était déjà retiré dans sa chambre, et ils n’ont pas jugé bon de le déranger, car ils pouvaient facilement le mettre au courant de notre rencontre le lendemain matin.

Nous nous sommes ensuite rencontrés dans un petit salon de l’hôtel. Comme je l’ai dit, nous étions cinq. Je leur ai donné le même mémo que celui que j’avais donné au Pape, exposant son contenu et expliquant la raison de ma visite, qui avait été demandée par le Pape. Après avoir examiné l’affaire, l’archevêque Becciu s’est immédiatement prononcé en faveur d’une réception privée de Davis par le pape avant qu’il ne quitte Washington pour New York.

L’archevêque Gallagher, tout en soutenant l’idée étant donné l’importance de défendre le droit à l’objection de conscience, a déclaré qu’il convenait de vérifier du point de vue de la common law s’il existait des raisons qui rendraient la réunion inopportune, à savoir si la procédure judiciaire engagée contre Davis était terminée ou était encore ouverte. Je l’ai donc fait parler par téléphone avec le canoniste de la Nonciature, qui avant de devenir prêtre avait été juge dans les tribunaux militaires américains et professeur de droit canon. Après la conversation avec le canoniste pour clarifier les choses - il dit qu’il n’y avait pas d’obstacles procéduraux - Mgr Gallagher a donné une opinion inconditionnellement favorable que le Pape devrait recevoir Davis.

Le lendemain matin, après la messe que le Pape a concélébrée avec nous à la Nonciature, j’ai informé le Pape de l’avis positif de ses deux principaux collaborateurs, qui avaient alors informé le Cardinal Parolin de notre rencontre. Le Pape donna alors son consentement, et je m’organisai pour que Davis vienne à la Nonciature sans que personne ne s’en aperçoive, en la faisant asseoir dans une pièce séparée. Tout a été rendu beaucoup plus facile par le fait que Davis était déjà à Washington, où elle a été invitée à recevoir un prix Cost of Discipleship Award du Family Research Council.

Avant la réunion, j’ai averti le photographe de L’Osservatore Romano qu’il ne devait pas publier les photos de la réunion sans l’autorisation de ses supérieurs. Il a bien sûr observé les ordres, mais il a pris de nombreuses photos, qui n’ont jamais été publiées, et qui sont actuellement conservées dans les archives photographiques de L’Osservatore Romano. J’ai aussi demandé à Davis de me promettre à l’avance qu’elle ne donnerait aucune nouvelle aux médias avant le retour du Pape à Rome, à la fin de sa visite pastorale aux États-Unis. Davis a fidèlement tenu sa promesse.

En début d’après-midi du 24 septembre, avant de partir pour New York, le Pape entra comme prévu dans le salon où Davis et son mari l’attendaient. Il l’a embrassée affectueusement, l’a remerciée pour son courage et l’a invitée à persévérer. Davis était très ému et s’est mise à pleurer. Elle a ensuite été ramenée à son hôtel dans une voiture conduite par un gendarme pontifical, accompagnée d’un Monseigneur américain et d’un membre du personnel de la Nonciature.

Lorsque le Pape revint de Philadelphie à Rome après la Rencontre Mondiale avec les Familles, la nouvelle de sa rencontre avec Davis éclata dans les médias. Une avalanche d’appels téléphoniques, de fax et de courriels sont arrivés à la Nonciature de Washington et au Bureau de presse du Vatican, beaucoup avec des insultes et des protestations, mais aussi beaucoup en faveur de la rencontre du Pape avec Davis. Dans un article du 30 septembre 2015, le New York Times rapportait que « les responsables du Vatican ne confirmeraient pas initialement que la réunion a eu lieu, le faisant finalement mercredi après-midi, tout en refusant de discuter des détails ». Le Bureau de presse du Vatican a alors publié une déclaration - sans que leurs supérieurs de la Secrétairerie d’État ne m’aient jamais consulté - affirmant que le Pape n’avait jamais reçu Davis en audience privée, et qu’il l’avait peut-être saluée parmi beaucoup d’autres personnes avant son départ pour New York. Les Pères Rosica et Lombardi ont ajouté des mensonges à ces mensonges et ont été cités comme suit dans l’édition du 2 octobre 2015 ( https://www.nytimes.com/2015/10/03/worl ... eting.html ) du New York Times ( https://www.nytimes.com/2015/10/03/worl ... davis.html ) : « Mais le pasteur Thomas Rosica ( https://www.nytimes.com/video/world/eur ... davis.html ), porte-parole du Vatican, a déclaré vendredi que le bureau de l’archevêque Viganò avait adressé l’invitation à Mme Davis et que le Pape n’était probablement pas informé de son cas. Et le Révérend Federico Lombardi, le porte-parole en chef du Vatican, a décrit la réunion comme une rencontre parmi tant d’autres. » C’est la transparence du Saint-Siège sous le pape François !

Le lendemain matin, vers 6 heures du matin à Washington - je m’en souviens bien parce que je venais d’entrer dans la chapelle de la Nonciature - j’ai reçu un appel téléphonique frénétique du cardinal Parolin, qui m’a dit : « Vous devez venir immédiatement à Rome parce que le Pape est furieux contre vous ! » Je suis parti le plus tôt possible et j’ai été reçu par le Pape à la Domus Sanctae Marthae, vers 19 heures du soir du 9 octobre, à l’issue d’une des sessions de l’après-midi du deuxième Synode sur la famille.

Le Pape m’a reçu pendant près d’une heure, et a été très affectueux et paternel. Il s’est immédiatement excusé auprès de moi pour m’avoir troublé en venant à Rome, et il m’a loué sans cesse pour la façon dont j’avais organisé sa visite aux États-Unis et pour l’accueil incroyable qu’il avait reçu en Amérique. Il ne s’attendait pas à un tel accueil.

À ma grande surprise, au cours de cette longue rencontre, le Pape n’a même pas mentionné une seule fois l’audience avec Davis !

Dès que mon audience avec le Pape fut terminée, j’ai immédiatement téléphoné au cardinal Parolin et lui ai dit : « Le Pape était si bon avec moi. Pas un mot de reproche, seulement des éloges pour le succès de sa visite aux USA. » Le cardinal Parolin répondit : « Ce n’est pas possible, parce qu’il était furieux contre vous. »

Voici un résumé des événements.

Comme mentionné au début, le 28 août 2018, le New York Times a rapporté une entrevue avec Juan Carlos Cruz, dans laquelle Cruz a rapporté que lors de sa rencontre avec le Pape, en avril 2018, le Pape lui a parlé du cas Davis. Selon Cruz, le Pape a dit : « Je ne savais pas qui était cette femme et il [Mgr Viganò] l’a fait entrer pour me dire bonjour - et bien sûr, ils en ont fait toute une publicité. Et j’étais horrifié et j’ai viré ce Nonce. »

L’un d’eux ment : Cruz ou le Pape ? Ce qui est certain, c’est que le Pape savait très bien qui était Davis, et lui et ses proches collaborateurs avaient approuvé l’audience privée. Les journalistes peuvent toujours vérifier, en s’adressant aux prélats Becciu, Gallagher et Parolin, ainsi qu’au Pape lui-même.

Il est clair, cependant, que le pape François a voulu cacher l’audience privée avec le premier citoyen américain condamné et emprisonné pour objection de conscience.

Carlo Maria Viganò
Archevêque titulaire di Ulpiana
Nonce apostolique
Le 30 août 2018
Fête de sainte Jeanne Jugan et du bienheureux Alfredo Ildefonso Schuster

Vous trouverez ci-dessous le texte de la note de service d’une page résumant l’affaire Davis que Mgr Viganò a remise au pape François au début de leur rencontre du 23 septembre 2015. (Télécharger l’original italien ici : https://s3.amazonaws.com/lifesite/Kim_D ... ncesco.JPG , et un PDF de la traduction anglaise ici : https://s3.amazonaws.com/lifesite/Kim_D ... rancis.pdf ).

« 9. Mme Kim Davis,

Comme nous l’avons vu, la Cour suprême des États-Unis a récemment décidé que le "mariage" entre personnes de même sexe est un droit reconnu par la loi dans tous les États des États-Unis, ce qui a radicalement modifié le concept du mariage, ainsi que sa définition même.

Mme Kim Davis, qui a été élue représentante de son comté au Kentucky, a refusé de signer des licences de mariage pour les couples de même sexe, déclarant que sa conscience ne lui permet pas de participer à cette nouvelle façon de comprendre le mariage. Mme Davis, qui appartient à une église chrétienne charismatique, s’est convertie personnellement il y a plusieurs années et veut être fidèle à sa conscience, en suivant « la loi de Dieu plutôt que la loi de l’homme ». Elle a pris soin de ne pas imposer ses croyances religieuses aux autres, alors qu’ils ont cherché à lui imposer ces nouvelles "croyances" sur le mariage. Pour cela, elle a été injustement arrêtée et mise en prison.

C’est la première fois qu’un citoyen américain est emprisonné pour des raisons de liberté de conscience et de liberté religieuse alors que ces droits sont garantis par le Premier amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique.

Mme Davis est une personne humble qui n’a pas cherché à faire connaître son cas, mais elle est devenue un témoin exemplaire de la liberté de conscience et de religion dans tout le pays.

La nouvelle de la rencontre de Mme Davis avec le Saint-Père est restée secrète jusqu’à présent. »


Source : https://www.lifesitenews.com/news/exclu ... et-private

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : mar. 09 oct. 2018 15:25
par Gilbert Chevalier

8- La double personnalité narcissique de Bergoglio

François qui dit une chose et puis son contraire


Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (12/09/2018)

À quelques jours de distance, la polémique déclenché par l’acte d’accusation de l’ancien nonce aux États-Unis, Carlo Maria Viganò, contre le Pape François à propos du cause du scandale de l’ex-cardinal Theodore McCarrick n’a fait qu’enfler. Et elle a connu un récent rebondissement avec les révélations autour de l’affaire Kim Davis, du nom de cette fonctionnaire chrétienne d’un comté du Kentucky emprisonnée une semaine pendant l’été 2015 pour avoir refusé – au nom de la liberté de religion et de conscience – d’octroyer la licence de mariage à un couple d’homosexuels et que François avait reçu en audience le 24 septembre de la même année à la nonciature de Washington.

À propos de l’affaire Kim Davis, deux éléments supplémentaires ignorés par les polémistes jusqu’à présent méritent d’être mis en évidence parce qu’ils éclairent tous les deux le « mystère » de la personnalité de François.

*

Le premier, c’est la réponse donnée par le Pape à Terry Morgan d’ABC News sur le vol de retour des États-Unis à Rome, alors que la rencontre qu’il avait eue quelques jours plus tôt avec Kim Davis n’était pas encore connue du grand public.

Le journaliste ne cite pas le nom de Mme Davis mais il fait allusion à elle de façon indubitable. Et c’est bien elle que François a en tête dans sa réponse.

Voici la transcription officielle du dialogue entre le journaliste et le Pape :

« – Saint-Père, est-ce que vous apportez votre soutien aux individus – y compris les fonctionnaires gouvernementaux – qui affirment qu’ils ne peuvent pas, en raison de leur conscience personnelle, adhérer à certaines lois déterminées ou accomplir leurs tâches de fonctionnaires gouvernementaux, par exemple en délivrant des certificats de mariage à des couples de même sexe ?

– Je ne peux pas avoir présents à l’esprit tous les cas possibles d’objection de conscience. Mais oui, je peux dire que l’objection de conscience est un droit et qu’elle fait partie de tous les droits. C’est un droit et, si on ne permet pas à quelqu’un d’exercer l’objection de conscience, on lui dénie un droit. L’objection de conscience doit être présente dans toute organisation judiciaire, parce que c’est un droit, un droit de l’homme. Autrement, on finit par faire un tri des droits : tel droit est un droit de qualité, tel autre est un droit de non qualité… Il s’agit d’un droit de l’homme. J’ai toujours été ému – en disant ceci je parle contre moi-même ! – quand, étant enfant, je lisais – je l’ai fait plusieurs fois – la “Chanson de Roland” : il y avait le moment où tous les mahométans étaient alignés ; devant eux, il y avait les fonts baptismaux et l’épée et ils devaient choisir entre les deux. Pour eux, pas d’objection de conscience. Non, l’objection de conscience est un droit. Et nous, si nous voulons faire régner la paix, nous devons respecter tous les droits.

– Et cela comprend aussi les fonctionnaires gouvernementaux ?

– C’est un droit de l’homme. Si le fonctionnaire gouvernemental est un être humain, il possède ce droit. C’est un droit de l’homme. »


L’information de la rencontre entre François et Kim Davis n’a été divulguée qu’après le retour du pape à Rome.

« Le Pape m’a parlé en anglais – a ensuite raconté Mme Davis -, il n’y avait pas d’interprètes. Il m’a dit : ‘Merci pour votre courage’. Et j’ai répondu : ‘Merci à vous, Saint-Père’. C’était un moment extraordinaire. ‘Restez forte’, m’a-t-il dit. J’ai fondu en larmes, j’étais vraiment sous le coup de l’émotion ».

Pourtant, quelques jours plus tard, le 2 octobre 2015, face à l’ampleur de la polémique, le directeur de l’époque de la salle de presse du Vatican, Federico Lombardi, publiait un communiqué ( http://press.vatican.va/content/salasta ... 01616.html ) dans lequel il soutient :

- que la rencontre avec Kim Davis n’était que l’une des « plusieurs dizaines » de salutations de courtoisie que le Pape François avait adressées le même jour à un grand nombre de personnes ;

- que la rencontre « ne devait pas être considérée comme un soutien à sa position dans tous ses aspects particuliers et complexes » ;

- que « la seule ‘audience’ accordée par le Pape à la nonciature [de Washington] concernait un de ses anciens élèves et sa famille ».

A part le fait que la « famille » en question reçue en audience était formée d’un vieil ami argentin de Bergoglio, Yayo Grassi, et de son compagnon indonésien Iwan Bagus, ce qui est le plus frappant dans ce communiqué – certainement approuvé par le Pape – c’est qu’il contredit ou à tout le moins qu’il affaiblit ce que le même François avait dit dans l’avion pour défendre Kim Davis et le droit à l’objection de conscience.

Mais ça ne s’arrête pas là. Le 28 août dernier, trois ans plus tard, le « New York Times » publiait un entretien entre François et Juan Carlos Cruz, la plus célèbre victime des abus sexuels au Chili, selon qui le Pape lui aurait dit, à propos de la rencontre avec Kim Davis :

“I did not know who the woman was and he [Msgr. Viganò] snuck her in to say hello to me – and of course they made a whole publicity out of it. And I was horrified and I fired that nuncio”.
« Je ne savais pas qui était cette femme et il [Mgr Viganò] l'a fait entrer pour me dire bonjour - et bien sûr, ils en ont fait toute une publicité. Et j'étais horrifié et j'ai viré ce nonce. »

Le 30 août, Viganò a répliqué à ces déclarations attribuées au Pape par une reconstruction détaillée des coulisses de cette rencontre, afin de démontrer que François « était parfaitement au courant de qui était Mme Davis » et que « lui et ses proches collaborateurs avaient approuvé cette audience ».

Dans son mémorandum, Viganò ne cite pas les déclarations faites par François à bord de l’avion que nous citons ci-dessus. Mais elles suffisent à elles seules pour démontrer combien le Pape était pleinement au courant de l’affaire, au point de citer mot à mot, dans la réponse qu’il fait au journaliste d’ABC News, certains passages de la note informative que Viganò lui avait remise à la veille de sa rencontre avec Mme Davis qui a depuis été divulguée.

Au terme de son mémorandum, Viganò en vient à poser cette alternative : « L’un des deux ment : est-ce Cruz ou bien le Pape ? ».

Mais il est vraisemblable que les choses ne soient pas aussi tranchées. Et c’est ici qu’intervient le second élément à prendre en compte, un élément qui touche de plus près à la personnalité de Jorge Mario Bergoglio.

*

Jorge Mario Bergoglio est un Pape qui incarne la contradiction. L’affaire Kim Davis en est un exemple mais ce n’est pas le seul.

Nous avons déjà fait allusion aux contradictions entre ce que François a dit dans l’avion le 28 septembre 2015 et ce qu’il a fait dire au P. Lombardi le 2 octobre suivant.

Et puis il y a cette contradiction – toujours en ce qui concerne le mémorandum de Viganò – entre les propos alarmistes du Secrétaire d’État Pietro Parolin qui a convoqué en urgence à Rome le nonce des États-Unis de l’époque le 3 octobre en lui disant : « Il faut que tu viennes tout de suite à Rome parce que le pape est furieux contre toi » et le traitement « affectueux et paternel », plein d’ « éloges continus » avec lequel François a discuté avec Viganò quand il l’a reçu en audience le 9 octobre.

Il y a aussi cette contradiction entre ce que François aurait dit à Juan Carlos Cruz : qu’il avait été piégé par Viganò et qu’il l’avait licencié sur-le-champ.

Le 2 septembre dernier, le P. Lombardi a mollement répondu ( https://s3.amazonaws.com/lifesite/Rosic ... tement.pdf ) – avec le P. Thomas Rosica qui était le porte-parole anglophone de l’époque pour la salle de presse du Vatican – au mémorandum de Viganò en s’efforçant de défendre son communiqué de trois ans plus tôt.

Mais l’explication la plus simple et la plus vraisemblable, c’est que le Pape François ait tranquillement joué tous rôles du drame, même si l’un contredisait l’autre : les déclarations dans l’avion, le communiqué du 2 octobre, sa colère contre Viganò auprès du cardinal Parolin, l’audience bienveillante qui s’en suivi avec ce même Viganò, la nouvelle charge contre Viganò avec le chilien Cruz…

Le Pape Bergoglio est ainsi fait. Ou plutôt, il dit à chacun ce qu’il pense opportun de lui dire sur le moment, selon des calculs qu’il est le seul à connaître.

Le Pape se comporte très souvent ainsi, surtout sur les questions les plus controversées. Nous en avons eu un autre exemple flagrant avec ce qui s’est passé l’hiver dernier concernant la Chine. Alors que d’un côté, en recevant en audience le cardinal Joseph Zen Zekium et le secrétaire de l’époque « De Propagana Fide » Savio Hon Taifai, il disait à tous les deux, faisant mine d’être surpris, de n’avoir pas été informé de ce que les diplomates du Vatican étaient en train de faire en faveur du régime chinois aux dépense de l’Église soi-disant « clandestine », et qu’il leur promettait d’agir pour soutenir leurs protestations, quelques jours plus tard, un communiqué officiel du Vatican confirmait en revanche qu’il n’y avait « aucune divergence de pensée et d’action entre le Saint-Père et ses collaborateurs de la Curie romaine sur les questions chinoises » et que la Secrétairerie d’État tenait le Pape en permanence informé « de manière fidèle et détaillée » et qu’au contraire, les affirmations du cardinal Zen étaient « surprenantes et regrettables ».

Il suffit de voir encore comment François s’est comporté avec le cardinal Robert Sarah, le Préfet de la Congrégation pour le culte divin. Le 11 juillet 2016, un communiqué officiel du Vatican attaquait le cardinal de manière humiliante en contredisant ses recommandations en faveur d’une orientation de la prière liturgique vers l’Orient et sa volonté de procéder à une » réforme de la réforme », c’est-à-dire à une rectification des déviations des nouveautés liturgiques postconciliaires.

Sauf que François avait reçu le cardinal Sarah en audience deux jours plus tôt. En le remerciant et en le félicitant pour ce qu’il faisait, sans la moindre allusion au coup de poignard qu’il était sur le point de lui donner. Et le mois d’avril précédent, au cours d’une autre audience, François avait justement recommandé au cardinal Sarah de mettre en œuvre cette « réforme de la réforme » qu’il s’apprêtait à condamner publiquement par la suite.

Mais l’exemple le plus flagrant des contradictions incarnées par François, c’est sa réponse à cette dame luthérienne qui lui avait demandé si elle pouvait communier avec son mari catholique. Il ne s’agissait pas d’audiences séparées s’adressant à des personnes différentes mais d’une seule et même intervention de quelques minutes avec la même personne au cours de laquelle le Pape Bergoglio a dit tout et son contraire. Il lui a d’abord dit oui, et puis non, et puis je ne sais pas, avant de lui dire de faire comme elle voulait. La vidéo de cette intervention (en italien sous-titrée en anglais) est un extraordinaire « condensé » pour comprendre la personnalité du Pape actuel :

> « Mi chiamo Anke de Bernardini… » : https://www.youtube.com/watch?v=W8Dlt6gzB-4

Une personnalité qu’il s’est lui-même forgée à travers plusieurs périodes obscures qu’il a lui-même rappelées ( http://www.diakonos.be/settimo-cielo/co ... esolation/ ) récemment et qui l’ont mené à se confier pendant plusieurs mois à un psychothérapeute non sans avoir laissé en lui une inquiétude intérieure encore non résolue.

C’est pour la vaincre cette dernière qu’il a lui-même avoué par exemple fait le choix de Sainte-Marthe comme résidence, « pour des raisons psychiatriques » et qu’il refuse de lire les articles en ligne de ses opposants pour préserver sa propre « santé mentale ».


Source : http://www.diakonos.be/settimo-cielo/fr ... contraire/

Re: L'AFFAIRE VIGANO

Publié : sam. 20 oct. 2018 14:29
par Gilbert Chevalier

9- Où Ratzinger joue double-jeu, comme ses copains conciliaires

Sanctions contre McCarrick : Vigano persiste


("Benoît-et-moi", le 2/9/2018)

Interview de l'ex nonce aux États-Unis sur le site LifeSiteNews. Il répond à ses détracteurs.
Et explique pourquoi les sanctions prises par Benoît XVI étaient "privées"


Viganó persiste et signe :
sous Benoît, McCarrick s'est vu imposer des restrictions, mais « il n'a pas obéi »


1er septembre 2018
https://www.lifesitenews.com/news/vigan ... e-didnt-ob
Ma traduction


* * *



Le ci-devant cardinal Theodore McCarrick a continué à faire des apparitions publiques après que le Pape Benoît XVI lui ait imposé des sanctions car «il n'a pas obéi» au Saint-Père, a dit l'archevêque Carlo Maria Viganó à LifeSiteNews dans une interview exclusive.
L'ex-nonce apostolique aux États-Unis a répondu aux tentatives des médias de remettre en question son témoignage selon lequel le pape François a couvert McCarrick tout en connaissant sa réputation d'abuseur sexuel de séminaristes et de prêtres. Viganó a répété dans l'interview qu'il avait parlé avec McCarrick des restrictions que Benoît lui avait imposées, mais qu'en tant que nonce, il n'avait pas le pouvoir de les faire respecter.


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«Je n'étais pas en position d'imposer», a expliqué Viganó à LifeSiteNews, «avant tout parce que les sanctions imposées à McCarrick ont été prises de manière privée. C'était la décision du Pape Benoît XVI».

Selon Viganó, le Pape Benoît a rendu les sanctions de McCarrick privées, peut-être «parce qu'il (McCarrick) était déjà à la retraite, peut-être parce qu'il (Benoît) pensait qu'il était prêt à obéir».
Mais, McCarrick, «n'a manifestement pas obéi», a dit Viganó à LifeSiteNews.

Différents médias ont publié des articles tentant de jeter le doute sur Viganó et son témoignage détaillé publié le 25 août, impliquant le pape François et d'autres hauts prélats dans la couverture de McCarrick tout en sachant qu'il était un serial abuseur sexuel de séminaristes et de prêtres.

L'un des éléments du témoignage de Viganó en cause est de savoir si Benoît avait imposé des restrictions à McCarrick après avoir pris connaissance des allégations contre l'ancien archevêque de Washington.

Une vidéo du 29 août produite par Catholic News Service (CNS) [l'agence des évêques US, ndt] jette une incertitude sur la question de savoir si Benoît a imposé des sanctions à McCarrick entre 2009 et 2010, comme Viganó l'a dit dans son témoignage.

https://youtu.be/_SeTlVE3toY

La vidéo compile différents clips: McCarrick témoignant devant le Congrès en mars 2011 au nom de l'USCCB [la conférence des évêques US], une visite ad limina au Vatican en janvier 2012 au cours de laquelle McCarrick a concélébré la messe et rencontré deux fois Benoît, et un autre événement de mai 2012, parrainé par les Sociétés pontificales missionnaires, en l'honneur McCarrick, auquel Viganó avait pris la parole.

Viganó a dit à LifeSiteNews qu'il avait déjà parlé à McCarrick à l'époque de ce dernier clip vidéo, lui répétant les mesures qui avaient été prises à son encontre par le pape Benoît XVI, ce que son prédécesseur, feu l'archevêque Pietro Sambi, avait également fait.

Viganó, nonce d'octobre 2011 à avril 2016, a expliqué qu'il commençait à peine son rôle de représentant du Pape à l'époque des événements des différents clips vidéo rassemblés par CNS, et qu'il apprenait la culture et la hiérarchie de sa nouvelle mission aux États-Unis.

A part le fait qu'il ne faisait que commencer dans sa mission, le nonce n'est pas quelqu'un qui peut directement faire respecter les restrictions, surtout avec un cardinal, qui est considéré comme son supérieur. Une telle attitude serait du ressort de quelqu'un dans la position du cardinal Donald Wuerl, Archevêque de Washington, et successeur de McCarrick, a dit Viganó.

Un autre extrait de la vidéo de CNS montrant McCarrick assistant à une visite ad limina à Rome et rencontrant le Pape Benoît XVI, semble suggérer que le cardinal n'a pas été sanctionné. Viganó a expliqué qu'une fois de plus, McCarrick n'obéissait pas aux restrictions qui lui étaient imposées mais qu'il était inconcevable pour Benoît d'aborder la question avec le cardinal à ce moment-là, en présence de tous les autres évêques.

«Pouvez-vous imaginer le Pape Benoît XVI, quelqu'un d'aussi doux qu'il l'était, disant: "Que faites-vous ici?" devant les autres évêques»
, a dit Viganó.

Un autre extrait de la vidéo du CNS montrant Viganó assistant au gala des Sociétés Pontificales de la Mission avec McCarrick, semble suggérer que McCarrick n'avait pas subi de sanctions et que Viganó ne s'était pas inquiété de la présence du cardinal. Viganó a déclaré à LifeSiteNews qu'il ne pouvait pas renoncer à assister à l'événement et que pendant l'événement, il n'a pas non plus eu l'occasion de rappeler au cardinal les sanctions.

«Je ne pouvais pas dire: "Que faites-vous ici?"» dit-il. «Pouvez-vous l'imaginer? Personne n'était au courant (au sujet des sanctions), c'était une rencontre privée (quand elles ont été prises par Benoît). Donc cette vidéo ne prouve rien.»


La preuve des sanctions imposées à McCarrick pendant la papauté de Benoît XVI ne se limite pas au témoignage de Viganó.

Un article du Washington Post de juin 2014 intitulé «Le cardinal Theodore McCarrick, qui voyage dans le monde entier, a presque 84 ans et travaille plus dur que jamais», souligne à quel point McCarrick était omniprésent après l'élection de François. Le récit confirmait qu'il avait été mis à l'écart par Benoît, pour ensuite refaire surface sous François.

«McCarrick fait partie d'un certain nombre d'ecclésiastiques de haut rang qui ont été plus ou moins mis sur la touche pendant les huit années de pontificat de Benoît XVI», affirme le Post. «Mais maintenant François est pape, et des prélats comme le cardinal Walter Kasper (un autre vieil ami de McCarrick) et McCarrick lui-même sont de retour dans la mêlée, et plus occupés que jamais».

L'article du WP inclut également l'échange entre François et McCarrick dans lequel François aurait dit en plaisantant que le diable n'était pas prêt pour accueillir McCarrick en enfer [nous en avons parlé ici: Rapport Vigano: le pape doit démissionner : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... 94b0723f03 ].

L'anecdote du WP utilise l'échange comme une introduction à «l'improbable renaissance dont McCarrick (était) en train de profiter» sous François.

"«Je suppose que le Seigneur n'en a pas encore fini avec moi», a-t-il dit au pape.
«Ou alors ton logement chez le diable n'est pas encore prêt», rétorqua François en riant.

McCarrick aime raconter cette histoire, parce qu'il aime raconter de bonnes histoires et parce qu'il a un sens de l'humour aussi vif que celui du pape. Mais l'échange en dit aussi long sur l'improbable renaissance dont jouit McCarrick alors qu'il se prépare à célébrer son 84e anniversaire en juillet (2014)."

Détaillant plusieurs visites internationales de McCarrick après l'élection de François en mars 2013, l'article du Washington Post précise:

«Parfois, les voyages de McCarrick à l'étranger sont à la demande du Vatican, parfois au nom de Catholic Relief Services [la branche américaine de la Caritas]. Occasionnellemnt, c'est le Département d'Etat américain qui lui demande de faire un voyage».
«Mais François, qui a remis le Vatican sur la scène géopolitique, sait que lorsqu'il a besoin d'un opérateur averti, il peut se tourner vers McCarrick, comme il l'a fait pour le voyage en Arménie»

McCarrick, nommé cardinal en 2001, a pris sa retraite en 2006, rapporte l'article du WP, «et sous Benoît, il faisait des efforts en vain. Puis François a été élu, et tout a changé»

Plus loin dans l'article, McCarrick fait l'éloge de Benoît, et suggère que si on lui avait demandé, il aurait fait ce que Benoît voulait «pour ramener l'église là où il pensait qu'elle devrait être»:

«Le pape Benoît XVI est un homme merveilleux, et c'était un bon ami à moi avant qu'il ne devienne pap», a dit McCarrick. «Mais il était anxieux de ramener l'église là où il pensait qu'elle devrait être, et je suppose que je ne faisais pas partie de ceux qui, selon lui, l'aideraient dans ce domaine. J'aurais évidemment fait ce qu'il demandait».


Source : http://benoit-et-moi.fr/2018/actualite/ ... rsiste.php